Le sport, terrain d’apprentissage interculturel
L’OFAJ et les programmes de rencontres franco-allemandes
p. 307-327
Texte intégral
1Depuis plus de quarante ans, les rencontres franco-allemandes consacrées au sport sont une partie intégrante des échanges extrascolaires subventionnés par l’OFAJ dans le cadre de son travail au service du rapprochement franco-allemand1. Elles concernent en moyenne 10 000 jeunes par an, participant à environ 300 programmes de rencontres sportives2. Dans ce domaine, les principaux partenaires de l’OFAJ sont les deux organisations nationales centrales en France et en Allemagne : le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et, du côté allemand, le Deutscher Olympischer Sportbund – DOSB3, et surtout son organisation de jeunesse, la Deutsche Sportjugend – DSJ. Une caractéristique commune aux deux organismes centraux est leur nombre d’adhérents. Ce sont, dans leurs pays respectifs, les organisations qui comptent le plus grand nombre d’adhérents. En France, le « mouvement sportif » a plus de 14 millions de membres (licenciés), adhérents volontaires de quelque 170 000 associations. En République fédérale d’Allemagne plus de 27 millions de personnes font partie actuellement des associations de gymnastique et de sport dont le nombre dépasse largement 80 0004. Comparés aux grandes organisations politiques comme les partis et les syndicats, les mouvements sportifs français comme allemand peuvent se prévaloir d’un taux d’adhésion nettement plus élevé5. Ce sont surtout les jeunes qui, en Allemagne comme en France, sont attirés par la pratique du sport en général et en particulier au sein des associations et fédérations sportives. C’est ainsi, par exemple, qu’en République fédérale, selon les chiffres communiqués par les fédérations sportives régionales, environ 62 % de la population masculine et 41 % de la population féminine dans les classes d’âge de 15 à 18 ans font partie d’organisations sportives6. Et cela n’inclut pas les jeunes qui pratiquent le sport en dehors de toute association.
2Ces chiffres montrent que le sport organisé regroupe dans les deux pays plus de personnes, surtout plus de jeunes, que toutes les autres organisations sociales. De ce fait, le sport dispose, en France comme en Allemagne, d’une large assise sociale et peut mobiliser pour la cause du rapprochement franco-allemand des structures très prometteuses dans le domaine extrascolaire. « Ainsi, les échanges sportifs […] occupent une place importante au sein du secteur extrascolaire de l’OFAJ. »7
3Mais il existe aussi d’importantes différences structurelles entre la France et l’Allemagne en ce qui concerne la place du sport dans la société. D’une part, la popularité de certains sports n’est pas la même dans les deux pays pour des raisons liées à des traditions culturelles différentes. Par exemple, le jeu de boules et le rugby connaissent en France une tout autre popularité qu’en Allemagne. D’autre part, l’organisation du sport présente des différences structurelles selon le pays, et il en résulte, pour les acteurs, des logiques d’action différentes8. En France, le mouvement sportif est regroupé au sommet en une fédération nationale centralisée ; en revanche, du côté allemand, l’organisme central a une structure fédérale. De ce fait, les organisations membres ont, aux différents niveaux, un tout autre poids dans les processus de délibération et de décision internes. On constate aussi que les modèles d’interaction entre les représentants de l’état et ceux de la société civile ou des fédérations fonctionnent différemment selon le cadre politique et institutionnel. En France, une loi régit les relations entre l’état et les acteurs qui représentent la société dans le domaine du sport. Il existe ici un ministère compétent pour le sport, relayé par des « directions » à tous les niveaux administratifs et exerçant une fonction de contrôle et de surveillance à l’égard des fédérations sportives. En Allemagne, en revanche, ces relations sont régies par le principe de subsidiarité, qui donne aux fédérations une large autonomie au service de l’intérêt public. Le sport appartient ici au domaine de compétence des Länder au même titre que l’éducation. Ces différences nationales s’avèrent très importantes surtout pour les relations transnationales parce qu’elles déterminent la manière dont se constituent chez les acteurs impliqués dans le domaine du sport les motivations, les attentes et les structures mentales. Cela concerne aussi bien ceux qui participent aux rencontres sportives franco-allemandes que les responsables de ces programmes au sein des organisations partenaires dans les deux pays.
4Dans la première partie, nous allons présenter la conception du sport propre à l’OFAJ. Elle découle de la nature particulière d’une organisation binationale au service du rapprochement et se distingue fondamentalement de la conception du sport qu’on rencontre dans les fédérations sportives françaises et allemandes, dont la mission essentielle est de promouvoir le sport dans leur propre pays. Leurs objectifs sont différents et les échanges sportifs franco-allemands ne constituent qu’un aspect secondaire dans leur travail. Dans la deuxième partie, nous présenterons les différents types d’échanges sportifs soutenus par l’OFAJ, ainsi que les mesures et les programmes destinés à améliorer la qualité de leurs contenus. La question porte essentiellement sur ce que les différents programmes sportifs peuvent apporter à la connaissance de la langue et à la pédagogie de l’apprentissage interculturel. Une troisième et dernière partie traitera des principales étapes qui ont marqué l’évolution des programmes d’échanges sportifs franco-allemands. Nous mettrons l’accent sur les lignes de continuité, sur les principaux changements et sur les problématiques essentielles qui caractérisent les programmes sportifs et nous montrerons, par quelques exemples pris dans différents secteurs d’intervention, la manière dont l’Office franco-allemand collabore avec ses organisations partenaires dans le domaine du sport organisé.
Le sport comme terrain d’apprentissage interculturel
5La création de l’OFAJ en 1963 était assortie d’un mandat politique très clair inscrit dans le traité franco-allemand de 1963 et dans l’accord créant l’Office franco-allemand pour la Jeunesse. Il stipulait que l’Office avait pour mission de veiller à ce que ses différents programmes, réalisés en collaboration avec les organisations partenaires, contribuent toujours au rapprochement des jeunesses des deux pays ainsi qu’à l’approfondissement de la compréhension mutuelle. Cette dimension politique au service de l’entente doit aussi être prise en compte par l’Office pour subventionner des programmes de rencontres sportives franco-allemandes. C’est seulement dans la mesure où les contenus des programmes sportifs réalisent cette exigence politique que le sport devient légitimement un domaine d’intervention particulier pour l’OFAJ. N’étant pas une institution chargée de promouvoir le sport en général9, l’Office estime que sa mission dans le domaine du sport consiste à subventionner exclusivement des rencontres sportives de jeunes Allemands et Français dont le programme poursuit le but pédagogique de l’apprentissage interculturel, ce qui implique aussi qu’une attention particulière soit portée à l’amélioration des compétences linguistiques10. C’est précisément dans le domaine de l’apprentissage de la langue que le sport peut inciter à communiquer et aider à surmonter la barrière des langues existante. Le sport n’est pas conçu alors comme une fin en soi, mais comme un moyen d’apprentissage interculturel. Pour accéder à l’apprentissage interculturel, le sport doit donc offrir des conditions de communication permettant de prendre conscience des spécificités et des différences culturelles afin de déclencher un processus de compréhension et d’apprentissage qui conduit à relativiser ses propres références culturelles et ethniques. Or le sport n’offre pas automatiquement, de lui-même, cette possibilité. Tout au contraire. Il suffit de jeter un regard sur l’histoire pour constater que le sport a également un certain nombre de potentialités qui vont dans le sens opposé. Au milieu du xixe siècle, il a ainsi joué un rôle non négligeable dans la montée des nationalismes en France et en Allemagne11. Et même de nos jours, les schémas de perception de l’autre qui ont cours dans le sport et à propos du sport continuent à perpétuer et à propager des clichés préjudiciables à une communication interculturelle. Il suffit, par exemple, de voir de quelle manière les médias nationaux rendent compte de compétitions internationales et, plus particulièrement, de quelle manière ils présentent les sportifs de leur pays et les sportifs étrangers et les « attributs nationaux » qu’ils leur prêtent (par exemple, les « vertus allemandes » souvent évoquées : combativité et discipline). En élaborant le concept d’une pédagogie des rencontres sportives franco-allemandes, il faut tenir compte de ce retournement possible : une rencontre destinée à permettre une relativisation culturelle et ethnique peut se transformer en une confrontation qui accentue et renforce les stéréotypes dans l’image de soi et de l’autre. Une brochure d’information réalisée en collaboration avec les principales organisations partenaires et destinée à être utilisée dans la pratique des rencontres sportives franco-allemandes relève que certains responsables des fédérations sportives croient encore que le fait de pratiquer en commun une activité physique et sportive suffit à lui seul pour réaliser l’entente. Mais il ne suffit pas de se mesurer dans une compétition sportive obéissant à un ensemble de règles strictes pour que naisse l’incertitude nécessaire à une prise de conscience des différentes identités culturelles12. C’est seulement quand le sport lui-même est considéré comme étant par essence un « phénomène culturel » et thématisé comme tel dans les rencontres sportives internationales qu’il peut constituer une base suffisante pour un apprentissage interculturel. Dans le rapport d’orientation de 1992, on peut lire :
Il existe suffisamment de points d’ancrage, en commençant par les questions qui touchent l’organisation du sport, la constatation du succès rencontré par différentes disciplines sportives, jusqu’à l’analyse de techniques diverses, pour discuter du sport lui-même en tant que phénomène culturel et élément de la culture d’un peuple, dans le cadre global de la culture environnante13.
6Dans ce contexte, le rôle des responsables des programmes est particulièrement important, à la fois du point de vue pédagogique et pour l’aspect linguistique. Il appartient donc à l’OFAJ de veiller, dans un dialogue permanent avec les organisations sportives françaises et allemandes, à garantir la qualité des contenus des programmes de rencontres sportives dans le sens de la pédagogie interculturelle14. Étant donné que l’OFAJ accorde à l’apprentissage interculturel une importance particulière dans sa façon d’envisager le sport, ses conceptions dans ce domaine et celles de ses organisations partenaires présentent des divergences non négligeables. Certes, les représentants des organisations sportives ne manquent aucune occasion officielle pour insister sur la valeur du sport pour l’entente internationale et pour souligner ainsi son importance comme facteur d’union et de paix entre les peuples. Malgré cela, les échanges sportifs internationaux ne font pas vraiment partie des priorités des organisations sportives. Les échanges sportifs franco-allemands ont été institutionnalisés d’une certaine manière à travers la présence des permanents pédagogiques de l’OFAJ au sein des fédérations centrales, mais leur travail ne reçoit pas toujours de la part de ces dernières les soutiens nécessaires en matériel et en personnel15. Pour ce qui est de leurs programmes d’action précis dans les différents secteurs du sport, les fédérations dépendent des directives des organisations centrales et – surtout du côté français – des consignes données par les instances compétentes de l’état quant à l’utilisation des moyens matériels et humains mis à leur disposition. Dans ces conditions, liées au cadre structurel, les échanges sportifs franco-allemands n’occupent pas toujours, dans les activités des fédérations sportives, la place qu’ils devraient y avoir selon l’Office pour la Jeunesse. Il en résulte inévitablement aussi des problèmes de coopération, principalement pour organiser les programmes de rencontres sportives franco-allemandes. C’est ainsi que, dans un rapport de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès de la DSJ, on peut lire :
Souvent ces difficultés [i.e. de communication et de coordination entre les fédérations sportives françaises et allemandes, A.K.] apparaissent lorsqu’il y a dans une fédération des changements de structure et/ou de répartition des compétences. Du coup, il peut arriver que les activités franco-allemandes semblent moins prioritaires. Les fédérations sportives ont pour le moment « d’autres problèmes » telle est la réponse que l’on entend alors tant du côté allemand que du côté français. Les nouveaux critères appliqués par le DSB […] dans le domaine du sport de haut niveau privilégient le nombre de médailles obtenues à Atlanta pour déterminer le montant des subventions accordées aux fédérations. Cet exemple montre à quel point les fédérations doivent mettre l’accent sur les performances pour pouvoir survivre. Malheureusement, à cause de cela, elles n’ont souvent ni l’argent, ni le personnel ni le temps pour s’occuper de la coopération interculturelle franco-allemande considérée comme un « luxe »16.
Typologie des programmes sportifs
7Les activités sportives sont une des composantes de beaucoup de programmes de rencontres réalisés avec le soutien de l’OFAJ. Mais les programmes sportifs proprement dits se distinguent par une double caractéristique : d’une part, le sport lui-même tient la place la plus importante dans ces programmes en tant que moyen d’apprentissage interculturel, d’autre part, les programmes sportifs s’adressent principalement à des jeunes qui sont membres d’organisations sportives. Dans les programmes sportifs subventionnés par l’OFAJ, on peut distinguer trois catégories. D’abord, l’Office soutient des initiatives et des programmes de rencontres de groupes, ensuite il subventionne des initiatives et des programmes destinés à accroître la qualité pédagogique et linguistique des rencontres sportives franco-allemandes, enfin, depuis 2005, l’OFAJ, de concert avec ses organisations partenaires dans le domaine du sport, propose aussi des bourses individuelles pour jeunes sportifs.
8L’OFAJ subventionne plusieurs types de rencontres associatives : les rencontres entre clubs français et allemands, les séminaires sportifs franco-allemands, les stages de formation pour jeunes sportifs français et allemands de haut niveau, ainsi que les programmes « out-door » à recrutement ouvert. Par ailleurs, l’OFAJ soutient aussi dans ce domaine des rencontres sportives trilatérales. Les programmes des rencontres associatives franco-allemandes soutenues par l’OFAJ s’adressent à différents groupes cibles. La majeure partie vise des jeunes membres d’organisations sportives : notamment les rencontres de clubs et les stages pour jeunes sportifs de haut niveau. Parmi les mesures et programmes pour l’amélioration qualitative des rencontres associatives, on peut mentionner les sessions périodiques d’évaluation, ainsi que les programmes de formation et de perfectionnement pédagogique et linguistique à l’intention des collaborateurs chargés, au sein des associations et fédérations sportives, de la mise en œuvre des programmes de rencontres sportives. Le type de programme le plus récent, celui des bourses individuelles, concerne des échanges individuels de jeunes sportifs en complément des programmes de rencontres de groupes classiques. Ce qui a été déterminant pour la création de ces bourses individuelles17, c’étaient les expériences positives faites avec ce type de programmes dans le domaine des jumelages de villes et dans celui des programmes d’échanges de jeunes en général18. Mais, pour le moment, on ne peut pas encore dire si, dans le domaine des rencontres sportives subventionnés par l’OFAJ, les bourses individuelles connaîtront le même succès que dans les domaines mentionnés ci-dessus et s’ils y deviendront une institution permanente19. Pour cette raison, les développements ci-dessous se limiteront aux programmes de rencontres de groupes ainsi qu’aux mesures et programmes visant à améliorer la qualité des programmes de rencontres sportives soutenues par l’OFAJ.
Programmes franco-allemands de rencontres de groupes
9Les programmes de rencontres entre les jeunes Français et Allemands membres d’associations constituent la part la plus importante des activités sportives subventionnées par l’OFAJ depuis sa création. Du côté allemand, la plupart des rencontres de clubs se font par l’entremise de la Deutsche Sportjugend (DSJ). Il faut aussi mentionner une autre organisation centrale, la fédération sportive régionale du Land Rhénanie-Palatinat qui a été particulièrement active, depuis que l’Office existe, dans tous les types de programmes sportifs soutenus par celui-ci ; enfin on doit citer la Deutsche Jugendkraft, une fédération à vocation spécifique au sein du DSOB. Du côté français, c’est le CNOSF qui constitue depuis 1972 l’organisme central compétent à cet égard : il réceptionne toutes les demandes et les sélectionne. Les participants sont pris en charge par des collaborateurs bénévoles des clubs. Les rencontres associatives sont en général de courte durée : de cinq à sept jours, la durée minimale ne pouvant être inférieure à cinq jours, selon les directives de l’OFAJ. Il existe deux types de rencontres associatives : d’une part les rencontres dans la localité de résidence du partenaire et d’autre part les rencontres en un lieu tiers. La rencontre dans la localité du partenaire est le cas le plus fréquent pour les rencontres de clubs, les participants étant logés le plus souvent dans des familles d’accueil20. Le sport pratiqué en commun occupe une très grande place dans les programmes de ces rencontres de clubs. Cette activité est généralement encadrée par un programme culturel destiné à faire connaître le cadre de vie du partenaire. Un rapport de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès de la DSJ décrit la manière dont se déroulent concrètement ces rencontres de clubs :
Les programmes n’ont pas beaucoup changé par rapport aux années passées. Les activités favorites sont toujours le sport pratiqué en commun, des rallyes pour découvrir les environs, des excursions dans la région, des visites, des réceptions, des soirées récréatives, etc.21
10Depuis la fin des années 1980 surtout, ces activités sont complétées par des initiations aux méthodes d’animation et des séquences d’animation linguistique. Cette forme de rencontres présente des conditions particulièrement propices à la pédagogie de l’apprentissage interculturel, du fait qu’elle donne aux participants, logés dans des familles, la possibilité d’observer directement les modes de vie spécifiques du pays d’accueil et qu’elle crée ainsi dans le lieu de résidence du partenaire un espace au sein duquel le jeune peut collecter des expériences sur la vie quotidienne de l’autre pays. De surcroît, elle donne aux participants l’occasion d’une « pratique ludique » de la langue du partenaire.
11L’autre forme des rencontres entre clubs est la rencontre en un lieu tiers, situé dans le pays d’accueil, mais en dehors de la région d’origine du partenaire. Les participants français et allemands sont logés dans ce cas dans un lieu qui n’est familier à aucun des deux groupes et « peuvent donc faire des découvertes et accumuler des expériences de la même façon »22 ; ils se vivent ainsi comme « un groupe unique ». Dans le cadre de la pédagogie de l’apprentissage interculturel, les processus de dynamique de groupe qui se produisent dans ce cas offrent beaucoup d’occasions de « vivre des conflits et d’en discuter »23. Par rapport aux rencontres dans la localité du partenaire, cette forme de programmes a aussi l’avantage que les deux groupes sont responsables en commun du bon déroulement de la rencontre et que celle-ci est dégagée de toute contrainte familiale. De surcroît, l’encadrement de ces programmes est assuré par une équipe binationale. Du point de vue de la qualité des relations franco-allemandes, les rencontres associatives ont sans aucun doute une valeur et une importance particulières : elles ont, par le passé, permis non seulement d’établir de nombreux nouveaux partenariats franco-allemands, mais aussi de renforcer des partenariats existants. Beaucoup de rencontres entre clubs ont lieu sur la base d’un jumelage de villes ou d’un partenariat ancien entre organisations sportives. Ces partenariats sont cultivés par des rencontres régulières de courte durée, et, de cette manière, les rencontres associatives franco-allemandes constituent un apport important pour la continuité des relations franco-allemandes.
12L’OFAJ demande avec une insistance croissante, surtout depuis le début des années 1990, que les rencontres associatives de jeunes en tiers lieu soient organisées autour de thèmes dominants. Elles devraient se dérouler de préférence sous forme de séminaires combinant les activités sportives pratiques avec des discussions communes sur des problèmes de société en rapport avec le sport, pour offrir ainsi un « programme d’appoint » aux jeunes « qui veulent débattre de questions de société »24. Même si, selon les rapports d’activité de l’OFAJ, le nombre des rencontres thématiques en tiers lieu continue à augmenter, un rapport de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès de la DSJ déplore que « les associations qui organisent les rencontres autour d’un thème » soient une minorité25. Les programmes thématiques en tiers lieu s’adressent principalement à des multiplicateurs comme « les moniteurs, les entraîneurs et d’autres personnes responsables des jeunes dans les associations et les fédérations »26. La motivation des participants à ces programmes varie suivant les classes d’âge. D’une manière générale, on peut dire que les rencontres thématiques, quel que soit le lieu où elles se déroulent, intéressent surtout la classe d’âge des 20-25 ans qui manifestent une certaine sensibilité pour les problématiques concernant la politique du sport et la politique de la société ; en revanche la classe d’âge des 12 à 15 ans s’intéresse d’abord à la participation à des tournois sportifs27. L’éventail des thèmes abordés dans ces programmes est très large. On y traite par exemple les problèmes comme « Sport et protection de l’environnement », « Violence et fair-play », « L’intégration des étrangers dans et par le sport » et « Le rôle des femmes et des jeunes filles dans le sport »28. Pour ce qui est de la formation linguistique, les programmes sportifs thématiques exigent de la part des participants et surtout de l’équipe d’encadrement des compétences particulières. Les débats sur des questions de société supposent de la part des participants une certaine familiarité avec la langue de l’autre et, de la part de l’encadrement, une certaine sûreté dans la maîtrise de la langue. Si ce n’est pas le cas, le risque est grand de devoir recourir à une tierce langue comme l’anglais.
13Étant donné les avantages que les rencontres en tiers lieu présentent pour l’apprentissage interculturel, ce type de programmes est utilisé aussi pour des rencontres sportives trinationales. Celles-ci, auxquelles participent surtout des pays européens, sont souvent conçues sous la forme de séminaires sportifs centrés sur la discussion commune d’un thème précis. C’est ainsi qu’en 1992 a débuté une série de trois séminaires sur le thème « Olympisme et Jeux » ; étalée sur trois ans, elle était organisée en commun par la DSJ, le CNOSF et la Fédération sportive norvégienne (NIF), chaque pays participant étant l’hôte à tour de rôle. Les participants étaient des jeunes membres des clubs et des fédérations29. D’autres rencontres sportives trinationales ont eu lieu avec la participation de la Grande-Bretagne, de la Hongrie, de la Russie et de l’Espagne. C’est surtout la Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat qui joue un rôle important dans ce domaine des rencontres sportives trinationales : elle a depuis des années des partenaires en Espagne (Valencia) et en Hongrie (Tatabanya). Mais les fédérations centrales nationales et leurs fédérations régionales n’ont pas le monopole de ces initiatives. Des rencontres trinationales ont lieu aussi au niveau des clubs30. Les rencontres trinationales sportives exigent des compétences pédagogiques et linguistiques particulières surtout de la part des responsables. Il n’est pas possible de transférer purement et simplement l’expérience acquise dans les rencontres franco-allemandes au cas des groupes trinationaux, car le contexte est tout à fait différent du point de vue social et culturel et en ce qui concerne la communication31. C’est surtout la communication linguistique entre les participants qui pose un problème particulier dans ce cas. La présence de trois langues différentes et la nécessité d’une double traduction nuisent à la spontanéité des interactions au sein du groupe32. D’autres problèmes viennent s’ajouter à ceux que pose la communication linguistique pour l’organisation et le développement de rencontres sportives trinationales : « les différences structurelles dans l’organisation du sport, dans les systèmes éducatifs et la répartition des compétences » au sein des différents pays33.
14Nous avons déjà signalé plus haut un autre type de programmes sportifs subventionnés par l’OFAJ pour de jeunes membres des associations : les stages pour jeunes sportifs de haut niveau. Ils sont préparés en commun au cours des réunions annuelles des fédérations spécialisées françaises et allemandes. Ils se déroulent uniquement en tiers lieu, dans des « centres de formation ou d’entraînement, des installations olympiques, etc. »34 et sont organisés par les fédérations centrales nationales35. Selon les critères de sélection définis en commun par les instances compétentes des fédérations36 pour l’entraînement des espoirs, les participants sont majoritairement des cadres A, B et C des fédérations centrales37. La direction des stages est assurée par des équipes binationales composées principalement d’« entraîneurs nationaux ou de responsables élus chargés des jeunes dans les fédérations »38. À côté des « permanents » issus des fédérations, les équipes d’encadrement comprennent parfois aussi des bénévoles venant des associations (entraîneurs et animateurs)39. Les contenus des programmes pour sportifs de haut niveau sont déterminés en étroite coopération entre d’une part l’OFAJ et d’autre part les fédérations spécialisées française et allemande concernées et les deux fédérations sportives centrales, le CNOSF et le DSOB. Participent aussi à ces décisions, à côté des acteurs représentant les fédérations sportives, les instances gouvernementales compétentes pour le sport de haut niveau : en Allemagne le ministère fédéral de l’Intérieur et en France le ministère de la jeunesse et du sport. Les contenus des programmes sont décrits comme suit :
L’élément central de ces programmes est naturellement l’entraînement en commun, organisé selon les règles adaptées au sport de haut niveau […]. Viennent s’y ajouter des comparaisons de méthodes d’entraînement, des analyses d’enchaînements de mouvements et de tactiques de jeu, de techniques de planification sportive, de formes d’organisation du sport et de politiques sportives ainsi que du rôle social du sport. Un programme d’accompagnement, souvent consacré à la connaissance de la civilisation du pays, complète le programme40.
15Ainsi les programmes de ces stages vont bien au-delà de la simple activité sportive et de l’étude purement théorique de la pratique d’un sport donné. Le sport lui-même devient objet de discussions communes dans ses dimensions politiques et sociales. En outre, les stages permettent aux jeunes sportifs de haut niveau de s’informer sur les différences des structures d’organisation du sport dans les deux pays. En résumé, ces stages sont conçus de manière à ce que les sportifs de haut niveau, français et allemands, puissent prendre conscience des différences liées au cadre national et parvenir à s’entendre les uns les autres sur ces sujets.
Moyens et programmes de valorisation pédagogique et linguistique
16À côté des initiatives et programmes décrits ci-dessus (rencontres de groupes pour apprendre à connaître et découvrir le domaine du sport dans le pays partenaire), il existe un autre point fort dans les activités soutenues par l’OFAJ : les programmes destinés à améliorer la qualité des contenus des différents types de rencontres sportives. Les initiatives et les programmes de cette nature s’adressent, nous l’avons déjà signalé, aux acteurs qui dans les associations et fédérations sportives sont responsables de la mise en œuvre des programmes et qui y participent directement. Les efforts incessants que fait l’OFAJ, en étroite coopération avec les organisations partenaires, pour améliorer les programmes qu’il subventionne dans tous les secteurs d’intervention, afin de satisfaire aux conceptions et exigences actuelles d’une pédagogie de l’apprentissage interculturel, prouvent l’importance exceptionnelle qu’il accorde à cet objectif. C’est pourquoi nous donnons ci-dessous un bref aperçu des efforts d’amélioration qualitative des rencontres sportives franco-allemandes, en particulier des rencontres entre clubs. Ce qui paraît particulièrement important dans ce contexte, ce sont les sessions d’évaluation. Réalisées en commun par le DSJ et le CNOSF et destinées aux équipes d’encadrement des rencontres entre clubs, elles permettent d’une part une remontée d’informations en offrant aux responsables des programmes une plateforme pour échanger leurs expériences, non seulement au sujet des motivations et des intérêts des participants français et allemands, mais aussi à propos des problèmes les plus importants dans le domaine des rencontres sportives franco-allemandes. Cela donne aux responsables des indications pour adapter les programmes aux besoins des jeunes et concevoir leurs contenus en conséquence ; ils peuvent ainsi éviter de proposer dans le cadre des rencontres sportives franco-allemandes des activités qui n’intéressent pas les jeunes et qui feraient perdre à ces rencontres une part de leur attractivité et de leur portée sociale. D’autre part, les sessions d’évaluation offrent une occasion de valorisation pédagogique et linguistique en proposant des séminaires méthodologiques pour sensibiliser les équipes d’encadrement aux principaux problèmes de l’apprentissage interculturel et en les faisant participer à des séminaires sur l’animation linguistique où elles peuvent acquérir des compétences essentielles.
17Les problèmes les plus importants, constamment évoqués par les responsables des programmes au cours de ces sessions d’évaluation, concernent d’une part les questions d’organisation : par exemple les dates de vacances différentes en France et en Allemagne, qui rendent très difficile d’établir le calendrier des rencontres. On critique souvent aussi la règle des cinq jours qui figure dans les directives de l’OFAJ. On lui reproche d’être une difficulté supplémentaire pour la réalisation des rencontres associatives franco-allemandes et on demande qu’elle soit assouplie, compte tenu de l’importance que ces rencontres ont pour la continuité des relations franco-allemandes. Un autre problème souvent évoqué est de nature plus fondamentale : il s’agit de la difficulté croissante de trouver des jeunes prêts à collaborer bénévolement au travail des associations. Étant donné l’importance primordiale de l’engagement personnel de certains pour la réussite et la pérennité des rencontres associatives franco-allemandes, ce phénomène est particulièrement préoccupant pour l’avenir de ces échanges. Un autre problème se pose aussi en relation avec le bénévolat de l’équipe d’encadrement des rencontres associatives. Les fédérations sportives proposent certes des séminaires d’une durée de deux semaines pour assurer la valorisation pédagogique et linguistique des responsables des rencontres associatives, mais beaucoup d’entre eux ont des difficultés pour se libérer pour les séminaires de formation et de perfectionnement, si bien que ceux-ci ne peuvent toucher qu’un faible nombre de ceux auxquels ils sont destinés en principe. De ce fait, l’efficacité de ces efforts de valorisation est d’emblée très limitée.
Valorisation pédagogique et linguistique des programmes de rencontres sportives franco-allemandes. Étapes de l’évolution
18Lorsqu’on observe l’évolution des programmes de rencontres sportives subventionnés par l’OFAJ depuis sa création en 1963, on voit se dessiner ici, comme dans tous les autres domaines d’intervention, un changement quantitatif et qualitatif dû aux efforts croissants de l’institution pour faire évoluer ses programmes, en concertation avec les organisations sportives, dans le sens d’une pédagogie de l’apprentissage interculturel, afin de pouvoir continuer à assurer efficacement sa mission au service d’une meilleure compréhension franco-allemande, même si les moyens financiers diminuent. L’évolution des contenus des programmes et le dialogue de l’OFAJ avec les fédérations sportives françaises et allemandes, qui est à la base de ces progrès, sont esquissées ci-après dans leurs grandes lignes. Nous nous arrêterons particulièrement sur la description des programmes sportifs subventionnés dans les premières années pour saisir ainsi les continuités et les innovations dans les programmes sportifs de l’OFAJ. Notre survol évoquera aussi l’intégration des nouveaux Länder et la création de partenariats régionaux dans le domaine du sport, traits marquants de l’évolution récente dans ce secteur. Le dialogue poursuivi avec les organisations partenaires à propos des contenus des programmes de rencontres sportives franco-allemandes est particulièrement intéressant du fait que les deux parties, parce que leurs positions initiales s’opposaient, ont dû constamment prouver leur capacité à dialoguer, pour aboutir finalement à une position commune. Cela explique aussi – nous y reviendrons – pour une grande part l’étonnante constance que l’on constate au niveau des types de programmes subventionnés, de leur nombre et du nombre des participants ainsi qu’au niveau des moyens dépensés dans le secteur du sport.
19Si le sport est devenu un domaine d’intervention à part entière dans les activités de l’Office franco-allemand, cela remonte à l’accord du 5 juillet 1963 créant l’OFAJ. Dans l’article 2 de l’accord qui énumère les domaines d’action de l’institution qui venait d’être créée, le sport figure explicitement41. De surcroît, on trouve dans le même article des indications concrètes sur les types de programmes à soutenir. L’accord énumère ici des « manifestations sportives et de jeunesse », les « échanges et stages en vue de la formation de cadres sportifs et de jeunesse », ainsi qu’un « entraînement commun pour les jeunes athlètes. » Ainsi les principaux points des activités de l’OFAJ dans le domaine du sport sont mentionnés dès le début. La liste des mesures dans le secteur du sport fait apparaître que l’activité de l’OFAJ dans ce domaine au cours des deux premières années de son existence a été marquée par les efforts pour donner aux programmes de rencontres sportives franco-allemandes une plus large assise dans la société, en doublant presque le nombre des programmes et celui des participants. En 1963-1964, 21 812 participants ont pris part à 687 programmes sportifs. L’année suivante, on dénombre déjà 41 890 participants et 1140 programmes42. Jusqu’en 1968, le nombre de programmes et celui des participants sont restés relativement constants au même niveau, tandis que la part des crédits d’intervention affectés au secteur du sport par rapport au budget total n’a cessé d’augmenter durant cette période. En 1963-1964 la part dans le budget d’intervention se chiffrait à 10,87 %, c’est-à-dire, en chiffres absolus, à 3 254 750 DM. En 1965, la part dans les crédits d’intervention dépassait déjà 12 % (4 943 842 DM) et atteignit en 1968 plus de 15 % (6 262 122 DM). Mais pour l’exercice 1969, on constate déjà une nette régression du nombre total des programmes subventionnés (798) ainsi que du nombre de participants (30 812) ; la même tendance se manifeste en ce qui concerne la part dans le budget d’intervention (12,88 %). La tendance se poursuivit également au cours des années suivantes, jusqu’à ce que, vers le milieu des années 1970, tous ces chiffres atteignent un niveau qui ne variera plus que faiblement jusqu’à ce jour. En 1975, 13 009 jeunes ont participé à 379 programmes subventionnés et les dépenses affectées au secteur du sport représentaient 9,19 % du budget d’intervention ; en 1990, 12 765 personnes ont pris part à 452 programmes et la part des moyens financiers affectés au sport représentait 8,5 % du budget d’intervention43 ; en 2004, environ 10 000 participants ont pris part à environ 300 programmes subventionnés et la part des dépenses pour le sport représentait 6,76 % du budget d’intervention44. Ces chiffres font certes apparaître que le nombre des programmes et des participants ainsi que le budget d’intervention dépensé pour le secteur du sport ont légèrement régressé dans ce long intervalle de trente ans ; mais si on tient compte de la durée de cette période et si on met cette évolution en rapport avec les évolutions dans d’autres domaines d’intervention de l’OFAJ, cette régression quantitative peut être relativisée et les chiffres prouvent plutôt la stabilité et de la continuité du travail de l’OFAJ dans ce secteur de ses activités.
20Le travail de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse dans le domaine sportif a pu prendre appui sur des structures existant avant sa création dans le domaine des échanges sportifs franco-allemands. « En ce qui concerne les partenaires, comme en ce qui concerne l’organisation […], il existait déjà avant la création de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse de nombreux liens solides entre les deux pays ». Ces rencontres avaient le plus souvent le caractère de « rencontres de courte durée entre participants du même âge et du même sexe pratiquant ensemble un sport déterminé »45. Les participants étaient principalement hébergés dans des familles d’accueil. Dès cette époque, les relations franco-allemandes dans le domaine du sport étaient caractérisées par une certaine continuité, dont l’Office franco-allemand a pu profiter à ses débuts46. Poursuivant cette tradition, il a subventionné au début des rencontres sportives de nature semblable. Les rencontres sportives sur le lieu de résidence du partenaire étaient toujours encadrées par un programme culturel qui avait principalement pour objet d’apprendre à connaître les spécificités locales et culturelles du cadre de vie de l’hôte. Une forme caractéristique de l’activité de l’OFAJ dans le domaine du sport au cours des cinq premières années était celle de manifestations sportives de jeunes réunissant de grands nombres de participants. C’est ainsi, par exemple, qu’à la Pentecôte de 1964 une grande manifestation sportive a eu lieu à Saint-Maur, organisée par l’OFAJ en commun avec l’association sportive Vie au grand air et la ville de Saint-Maur. Comme le déroulement de cette manifestation est typique de la forme prise dans les premiers temps par les rencontres de courte durée dans la ville du partenaire, nous citons un rapport qui permet de saisir sur le vif l’organisation de ce genre de rencontres :
250 jeunes sportifs français ont rencontré 250 jeunes Allemands originaires de Pforzheim (un jumelage est à l’étude entre les villes de Saint-Maur et de Pforzheim). Devant environ 13 000 spectateurs, les sportifs se sont mesurés dans presque toutes les disciplines (athlétisme, escrime, poids, natation, handball, football, basket-ball etc.). – En fin d’après-midi du dimanche de Pentecôte, M. Vendroux, chef de cabinet de M. le secrétaire d’état à la Jeunesse et au Sport, a remis aux équipes victorieuses les coupes bien méritées. Au cours d’un dîner offert par la ville de Saint-Maur, M. Noël, maire de Saint-Maur et M. le Dr. Brandenburg, maire de Pforzheim ont chaleureusement félicité les équipes sportives et ont remercié les familles qui ont accueilli pendant ces trois jours les jeunes hôtes allemands. – L’année prochaine, l’association sportive « Vie au grand air » de Saint-Maur sera reçue à Pforzheim ; par ailleurs il a été décidé d’organiser à l’avenir régulièrement des rencontres47.
21De même, durant l’été 1964, un grand camp organisé à Berlin a rassemblé au total 500 participants français et allemands. Les participants français et allemands étaient hébergés ensemble dans des groupes de tentes et pour les compétitions sportives c’étaient les groupes de tentes franco-allemands qui s’affrontaient et non pas, comme cela se faisait d’habitude, les Français d’un côté, les Allemands de l’autre. Il a fallu un certain temps, pendant les premiers jours du camp, pour s’habituer à cette situation nouvelle48. Ces manifestations de masses ont été « sensiblement réduites » en 1970 comme l’écrit le rapport d’activité provisoire du secrétaire général pour l’année budgétaire 1970, sans préciser les raisons de cette décision49. On peut certainement avoir des doutes quant à la valeur des manifestations de masse pour l’entente franco-allemande. Mais ce genre de manifestations avait une énorme efficacité en termes de publicité et il a certainement contribué à mieux faire connaître l’OFAJ et son travail dans le domaine du sport dans les milieux des organisations sportives françaises et allemandes50.
22Un autre point essentiel du travail dans le cadre des rencontres de groupes a consisté durant les premières années de l’OFAJ dans le soutien accordé aux « programmes de plein air ». La notion de « plein air » n’a pas d’équivalent en allemand : elle signifie, dans l’acception la plus simple du terme, « sport en plein air sans compétition »51. L’absence d’esprit de compétition est aussi ce qui distingue le concept de plein air de la conception traditionnelle du sport ; c’est pourquoi il semble particulièrement adapté pour les échanges internationaux de jeunes52. Les « programme de « plein air » étaient organisés dans le cadre de rencontres en tiers lieu et faisaient l’objet d’appels publics à candidatures. De ce fait, ils s’adressaient principalement aux « jeunes de 18 à 25 ans non membres d’une organisation ». Dans un rapport de 1977 sur les programmes de « plein air », on peut lire que, de cette manière, on « s’adressait prioritairement à de jeunes professionnels ». « Il a été possible ainsi d’accroître la proportion de jeunes professionnels dans ces programmes jusqu’à environ 50 % »53. La plupart des programmes de « plein air » avaient lieu en France, car ici le principal organisateur de ces rencontres, l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA), disposait des infrastructures nécessaires. En Allemagne, dès 1964, la Deutsche Luftsportjugend, la Naturfreundejugend et la Gesellschaft für Internationalen Jugendaustausch ont commencé, à l’initiative de l’OFAJ, à proposer une offre comparable, « mais sans atteindre, et de loin, les dimensions du programme français »54. étant donné que du côté allemand les structures nécessaires n’existaient pas et que l’implémentation de ces programmes ne progressait que très lentement, l’OFAJ a organisé pendant un certain temps les programmes « plein air » en régie directe, ce qui lui a valu au début des années 1980 d’être de plus en plus critiqué par certains membres du conseil d’administration. On reprochait à ces programmes de faire une trop grande place aux activités sportives et on mettait en doute le fait qu’ils « correspondaient aux objectifs de l’OFAJ ». De plus, on affirmait qu’ils étaient trop chers et qu’il existait, pour ce genre de manifestations, suffisamment d’offres commerciales55. À la suite de cela, les programmes de « plein air » ont été effectivement arrêtés à la fin des années 1980, début des années 1990, pour des raisons financières et à cause de l’absence des structures adéquates en Allemagne.
23Tout comme les programmes de « plein air », les programmes pour sportifs de haut niveau ont été de plus en plus critiqués dès le début des années 1970 par quelques membres du conseil d’administration56. La vague de critiques atteignit provisoirement un point culminant dans les années 1986 et 198757. Le principal reproche était que les considérations sportives occultaient toutes les autres et qu’à cause de cela la communication interculturelle était beaucoup trop négligée dans ces programmes. Cette critique à l’égard des programmes franco-allemands de sport de haut niveau, considérés comme impropres à la communication interculturelle, a déclenché un processus de réflexion mené en commun par l’OFAJ et les fédérations sportives franco-allemandes. Cette réflexion tournait autour de la question centrale pour la légitimation des programmes sportifs franco-allemands : voir « si les programmes réalisés répondent aux attentes de l’OFAJ, s’ils contribuent à l’apprentissage interculturel des participants et sous quelles conditions cet impératif est compatible avec celui du sport [c’est-à-dire des fédérations sportives ; A.K.] qui veut rester au centre des rencontres de jeunes »58. Lors du congrès annuel des fédérations sportives franco-allemandes à Scheidberg en 1990, où cette question se trouvait au centre des débats, un groupe de travail « sport de haut niveau » a été créé. Il a été chargé de définir un cadre conceptuel général pour les programmes destinés au sport de haut niveau, permettant à ces derniers d’être considérés comme un terrain suffisant pour l’apprentissage interculturel. Le groupe de travail se composait de représentants des fédérations spécialisées françaises et allemandes et de représentants de l’OFAJ. Les résultats ont été résumés dans un document de travail qui sert depuis de base pour la conception de programmes de rencontres franco-allemandes dans le domaine du sport de haut niveau59. Ce document réaffirme que le sport de haut niveau offre bien un terrain suffisant pour un apprentissage interculturel. De par ses caractéristiques structurelles, le sport et surtout le sport de haut niveau constitue « un des rares terrains de consensus international et interculturel » et offre par conséquent « une base pour la coopération et l’entente ». Compte tenu de cette particularité du sport en général, et surtout du sport de haut niveau, d’être un milieu approprié pour vivre des expériences communes, on poursuit :
Il importe de souligner aussi que le sport permet un « faire ensemble » immédiat échappant presque totalement à l’obstacle linguistique. Peu d’activités possèdent une réglementation internationale aussi précise et aussi universellement admise et respectée que les sports. Il est possible pour les ressortissants de pays différents et ne parlant pas la même langue, de s’engager, sans tractations et sans longues mises au point préalables, dans une action commune : l’action sportive. Cette coordination des actions, permise par une réglementation commune, se trouve encore facilitée par la réduction des différences au plan technique et tactique60.
24Pour pouvoir tirer profit de ces potentialités, le document mentionne quelques conditions à observer dans la conception de programmes pour le sport de haut niveau. Ces programmes doivent se situer bien en dehors des temps forts de la saison sportive et ne doivent pas servir à préparer directement la compétition. Il s’agit de garantir ainsi que « l’engagement pour une communication interculturelle » n’est pas éclipsé par le « motif de l’amélioration des performances personnelles »61. Il est recommandé aussi d’organiser des compétitions et des groupes d’entraînement mixtes. Par ailleurs les activités sportives doivent être intégrées dans un programme cadre organisé autour de certains thèmes et complétées de surcroît par des possibilités de formation linguistique. Il est essentiel surtout que les programmes accordent à ces deux derniers points la même importance qu’aux activités sportives. Pour vérifier si les conditions arrêtées dans le document sont effectivement respectées, les membres du groupe de travail « sport de haut niveau » effectueront régulièrement des visites de contrôle dans les stages.
25Un des problèmes les plus difficiles et les plus persistants dans le cadre des rencontres de clubs a été la participation inégale des associations sportives françaises et allemandes. Ce déséquilibre est apparu dès le début des rencontres de clubs. Un rapport du secrétaire général de 1980 attire l’attention sur le fait qu’en 1978 le nombre de rencontres organisées en France était presque le double de celles qui avaient eu lieu en Allemagne cette même année62. Ce déséquilibre quantitatif se reflète aussi dans les nombres de participants et le montant des moyens financiers utilisés durant la même période : en face de 5911 participants allemands il n’y avait que 3508 Français ; les participants allemands représentaient donc 62,7 % du nombre total de participants en 1978. Les associations françaises ont reçu cette année-là des subventions à hauteur de 994 637 F, contre 708 076 DM pour les associations allemandes63. D’après le rapport cité, ce déséquilibre serait imputable aux difficultés rencontrées surtout par les associations françaises : d’une part, elles n’étaient pas suffisamment informées des possibilités d’obtenir des subventions de la part de l’OFAJ, d’autre part, à cause de particularités structurelles (moins de cotisations de leurs membres et autres modes de financement public) elles disposeraient de moins de possibilités de financement que leurs équivalents allemands64. Mais en étroite collaboration avec les organisations partenaires, ces déséquilibres criants ont pu être atténués au cours des dix années suivantes. En 1998, le déséquilibre entre les manifestations subventionnées a été réduit (126 rencontres en France contre 100 en Allemagne). Les nombres des participants français et allemands se sont également rapprochés un peu par rapport aux chiffres de 1978-1979. En 1995, 3000 jeunes Français environ ont participé aux rencontres de clubs, contre environ 4000 Allemands65.
26Dans le domaine du sport aussi, l’intégration des nouveaux Länder au début des années 1990 a été pour l’OFAJ un grand défi. Avant que les nouveaux Länder puissent être intégrés dans le système des subventions de l’OFAJ, il a fallu que les structures des organisations sportives ouest-allemandes soient complètement mises en place à l’Est. L’OFAJ y a contribué par exemple en organisant en 1990, en commun avec la DSJ et le CNOSF, une première réunion d’information pour des responsables des ligues, fédérations et associations sportives des nouveaux Länder66. La fédération sportive régionale de Rhénanie-Palatinat s’est distinguée une fois de plus par son engagement particulièrement actif dans ces efforts d’intégration en établissant très tôt un partenariat régional avec la fédération sportive du Land de Thuringe67. Mais, d’une manière générale, l’intégration des nouveaux Länder a progressé très lentement au cours des années suivantes. Une vue d’ensemble résumant en 1997 les principaux domaines d’échanges des différents Länder montre que seulement 10 % des clubs qui ont participé à des rencontres chez le partenaire venaient des nouveaux Länder. D’autres problèmes, plus fondamentaux, se sont posés en ce qui concerne la formation pédagogique des équipes d’encadrement est-allemandes, surtout dans le domaine des programmes de sport de haut niveau. On s’est heurté là à des difficultés pour faire comprendre la pédagogie de l’apprentissage interculturel et les aspects d’intégration sociale inhérents au sport68.
27En 1995 l’OFAJ a recommandé la création de partenariats régionaux entre les fédérations sportives des Länder allemands et les comités régionaux du CNOSF (Comités régionaux olympiques et sportifs – CROS). L’objectif était « une intensification et une meilleure qualité » des échanges sportifs franco-allemands69. De nombreux partenariats se sont constitués à la suite de cela dans les années suivantes, par exemple les partenariats régionaux entre la Fédération sportive du Land Brandebourg et le CROS de Lorraine, entre la Jeunesse sportive de Saxe et le CROS de Picardie, entre la Jeunesse sportive du Schleswig-Holstein et le CROS de Poitou-Charente, ainsi qu’entre la Jeunesse sportive de Bavière et le CROS de Provence. Ces nouveaux partenariats régionaux venaient s’ajouter à ceux qui existaient déjà en 1995 entre la Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat et l’Amicale bourguignonne et entre la Fédération sportive du Land de Thuringe et le CROS de Franche-Comté.
28Citons, pour terminer, le postulat de base adoptée par l’OFAJ et les organisations sportives avec lesquelles il travaille. Il dit de manière synthétique dans quelle mesure et dans quelles conditions le sport peut continuer d’être un terrain favorable au travail de l’OFAJ pour réaliser l’apprentissage interculturel :
Le sport est un phénomène culturel et un élément constitutif de la culture d’un peuple. Il est marqué par cette culture et, en retour, exerce une influence notoire sur elle. Pratiquer le sport et s’occuper du sport permet de découvrir des indices précieux sur la culture générale qui l’englobe. Cela vaut tout particulièrement lorsque des sportifs issus de cultures différentes se retrouvent et découvrent, au niveau du vécu et de la réflexion, les différences de leur expérience du sport sur les plans de la pratique, de l’organisation et des structures. Le sport pratiqué et pensé en commun entre Français et Allemands constitue par conséquent un terrain potentiel suffisant pour l’apprentissage interculturel70.
Notes de bas de page
1 Cf. Rapport d’activité 1992, p. 32. L’auteur remercie tout particulièrement Regine Dittmar (responsable du secteur échanges extrascolaires de jeunes au sein du bureau II de l’OFAJ) pour son obligeante aide.
2 Chiffres moyens de participants selon le groupe de travail « sport » (AG Sport), in : procès-verbal de sa réunion du 14 décembre 2004 à Berlin ; ibid., rapport interne OFAJ Berlin, p. 1.
3 Le DOSB est né le 20 mai 2006 de la fusion du Deutscher Sportbund (DSB) et du Comité olympique national d’Allemagne (Nationales Olympisches Komitee für Deutschland - NOK).
4 Pour les chiffres concernant la France, cf. http://www.comite-olympique.asso.fr/ et pour la République fédérale d’Allemagne http://www.dosb.de/fileadmin/fm-dosb/downloads/ bestandserhebung/ DOSB_Bestandserhebung_2006.pdf (consultation du 6 mars 2007).
5 En Allemagne les associations sportives comptent 27 millions de membres, tandis que, par exemple, les partis politiques n’en totalisent qu’environ 1,6 million, et les syndicats (DGB, DBB et CGB) environ 8,5 millions. Cf. Statistisches Bundesamt (éd.), Datenreport 2006. Zahlen und Fakten über die Bundesrepublik Deutschland, Bonn 2006, p. 165 et p. 168.
6 Cf. à ce propos les chiffres du DOSB pour 2006 in : http://www.dosb.de/fileadmin/fm-dosb/ downloads/bestandserhebung/DOSB_Bestandserhebung_2006.pdf (dernière consultation le 6 mars 2007). Nous n’avons malheureusement pas les chiffres correspondants pour la France.
7 Cf. Activités de l’OFAJ en 2002, p. 11.
8 Pour les différences de structures entre les systèmes sportifs français et allemands cf. Ilse Hartmann-Tews, Sport für alle !? Strukturwandel europäischer Sportsysteme im Vergleich: Bundesrepublik Deutschland, Frankreich, Großbritannien, Cologne, 1996. Mais depuis 2006 et la fusion, en Allemagne, du NOK et du DSB pour former le DOSB, les structures des deux organisations nationales centrales du sport se sont rapprochées quelque peu (en France, une mesure semblable avait été prise dès 1972 conduisant à la création du CNOSF).
9 Cf. sur ce sujet le Rapport d’orientation de 1992, annexe au point 5 de l’ordre du jour de la 69e session du CA (14 juin 1991 à Erfurt), p. 30.
10 L’accord portant création de l’OFAJ donne à ce dernier mission de promouvoir la « diffusion de la langue de l’un ou l’autre pays » également dans le secteur extrascolaire (art. 2, al. 1, f). Lorsque, vers la fin des années 1980 et surtout au début des années 1990, la politique linguistique fut de nouveau mise au centre de l’action de l’OFAJ (voir dans le présent volume la contribution de Hans Manfred Bock, « Le bilatéralisme à l’épreuve de l’unification… ») cette question devint aussi de plus en plus importante pour les programmes de rencontres sportives. Le procès-verbal de la réunion du groupe de travail sur le sport (AG Sport) à Berlin le 14 décembre 2004 montre qu’à l’heure actuelle l’animation linguistique fait partie des objectifs prioritaires de la coopération de l’OFAJ avec les organisations partenaires responsables de programmes de rencontres sportives ; (cf. sur ce sujet op. cit., p. 3). De surcroît, le CA a adopté en 1999 de nouvelles Directives précisant que, dans le domaine des rencontres extrascolaires de jeunes, aucun programme ne sera subventionné s’il n’inclut pas une animation linguistique ; cf. 85e session du conseil d’administration, 22 juin 1999, Aubervilliers, point 3 de l’ordre du jour, Rapport d’orientation 2000-2002, p. 9.
11 Sur les rapports entre sport et nationalisme en France et en Allemagne, voir Pierre Arnaud, André Gounot, « Mobilisierung der Körper und republikanische Selbst-inszenierung in Frankreich (1879-1889) », in : Étienne François, Hannes Siegrist, Jakob Vogel (éds), Nation und Emotion. Deutschland und Frankreich im Vergleich. 19. und 20. Jahrhundert. Göttingen, 1995, p. 300-320 et aussi ibid. Jean-Michel Faure, « Nationalstaaten und Sport », p. 321-341.
12 Ratgeber Sport. Sport und interkulturelles Lernen. Überlegungen und Anregungen für Verantwortliche von deutsch-französischen Austauschprogrammen im Bereich des Sports, OFAJ, 1993, p. 15.
13 Rapport d’orientation 1992, annexe au point 5 de l’ordre du jour, 69e session du CA le 14 juin 1991 à Erfurt, p. 30.
14 Afin de donner à ce dialogue nécessaire un cadre approprié, le CA a décidé en 1991 de créer un groupe de travail sur le sport (AG Sport) auquel participaient, aux côtés des représentants des fédérations sportives, des représentants des instances gouvernementales concernées et des membres du conseil d’administration de l’OFAJ. Dans ce groupe de travail, qui siégea pour la première fois en 1992, les débats ont porté sur les passages concernant le secteur sportif dans le rapport d’orientation de 1992 et sur les décisions de la dixième conférence commune des ministres allemands du Sport et de l’Éducation au sujet d’une intensification des relations sportives franco-allemandes (cf. le PV de la 1re session du groupe de travail « sport » du 27 mai 1992 à Paris ; annexe 4 au point 3 de l’ordre du jour de la 72e session du CA du 14 et 15 décembre 1992, académie de Créteil, p. 63 sq.). Jusqu’en 1995, l’AG Sport a siégé une fois par an. Après une interruption de plusieurs années, le groupe a été réactivé en 2004 à la demande du ministère fédéral de l’Intérieur (BMI) et du Deutscher Sportbund (DSB aujourd’hui DSOB). Cf. PV de la session de « l’AG Sport » du 14 décembre 2004 à Berlin, l.c., p. 1.
15 Depuis 1990, l’OFAJ dispose de trois permanents pédagogiques en poste dans les principales centrales sportives (CNOSF, DSJ et Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat). Leur tâche consiste à veiller à l’amélioration de la qualité pédagogique et linguistique des programmes sportifs. Dans leurs rapports d’activité, on retrouve régulièrement des plaintes à propos des difficultés auxquelles ils sont confrontés au sein des organismes concernés pour remplir leur mission. La permanente pédagogique de l’OFAJ auprès du CNOSF se plaint par exemple pendant un certain temps de ne pas pouvoir participer aux séances du conseil d’administration du comité national, et de n’être ainsi pas en mesure de faire connaître son point de vue lorsque des décisions importantes sont prises au sein de l’organisation. Cf., par exemple, le rapport des permanents pédagogiques de l’OFAJ. Annexe au point 7 de l’ordre du jour de la 75e session du CA (2 et 3 mai 1994, Bad Honnef), p. 7. Autre exemple : du côté allemand, le poste de permanent pédagogique auprès de la DSJ est resté longtemps vacant ; en attendant c’est le service financier qui s’est chargé des échanges sportifs franco-allemands. Le personnel de ce service, sans doute qualifié pour les questions financières, ne disposait en revanche pas des compétences requises pour améliorer la qualité pédagogique et linguistique des programmes sportifs ; cf. ibid. sans indication de page.
16 Cf. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1996, p. 203.
17 L’initiative émanait du bureau II, compétent dans ce domaine.
18 Cf. PV de la session de l’AG Sport du 16 décembre 2005 à Paris, document interne, OFAJ Berlin. p. 2.
19 Dans le PV de la session de l’AG Sport du 14 décembre 2004 à Berlin, au cours de laquelle est annoncée la création de ces bourses individuelles, il est encore question d’une extension « à titre expérimental » des bourses individuelles au secteur du sport et d’une évaluation en 2006 ; ibid., p. 3. Bien que la demande ait été très grande, seulement 5 programmes ont été subventionnés dans ce secteur en 2005. Cf. Activités de l’OFAJ 2005, p. 28. L’auteur n’a malheureusement pas eu connais-sance des résultats de cette évaluation, mais au cours d’un entretien qu’il a eu en février 2007 avec une responsable du bureau II, il a pu apprendre que les bourses individuelles continuaient à être offertes.
20 La moitié des demandes déposées à la DSJ prévoyaient un hébergement dans les familles d’accueil ; cf. Documents de travail, Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1998, p. 160. Mais on observe au cours des dernières années qu’en France, de plus en plus souvent, la majorité des participants sont hébergés ailleurs que dans des familles. Une évaluation interne des rapports présentés par les équipes d’encadrement au sujet des rencontres associatives de l’Office en 2000 montre que le mode d’hébergement le plus fréquent en France était « entre autres la tente ». En 1996, la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès du CNOSF a déjà constaté que de plus en plus souvent les groupes sont logés dans des -auberges de jeunesse. Cette évolution est surtout due au fait que les familles d’accueil, par suite de leurs activités professionnelles, trouvent de plus en plus difficilement le temps pour s’occuper convenablement de leurs hôtes. Cf. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1996, p. 51.
21 Cf. Documents de travail, Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1998, p. 160.
22 Selon un rapport interne de 1991, p. 1 ; dossier « 96 Sport », archives de l’OFAJ, Berlin.
23 Ibid.
24 Rapport d’activité 1994, p. 27.
25 Documents de travail, Rapport des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1998, p. 160.
26 Rapport d’activité 1990, p. 34.
27 Ce constat à propos des motivations différentes des participants selon les classes d’âge est tiré d’un rapport de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès du CNOSF de 1996. Il se fonde sur l’observation de rencontres associatives dans la ville du partenaire ; cf. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1996, p. 51.
28 Voir Rapport d’activité 1993, p. 21. Comme le montre la liste des thèmes, l’accent était mis particulièrement sur l’intégration sociale par le sport.
29 La composition est tirée du rapport « série de séminaires trinationaux “Olympisme et environnement” du 21 au 29 août 1993 à Waldburg » ; in : Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, annexe au point 7 de la 75e session du CA les 2 et 3 mai 1994 à Bad Honnef.
30 C’est ainsi, par exemple, qu’en 1994 la TG Holzwickede organisait en collaboration avec « le partenaire français de Louvrier » depuis huit ans déjà des rencontres trinationales avec des organisations partenaires anglaises de Weymouth/England ; cf. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, annexe pour la 77e session du CA des 12 et 13 juin 1995 à Dresde, p. 281.
31 Cf. le rapport du permanent pédagogique de l’OFAJ auprès de la Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat en 1997, in : Documents de travail. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1997, p. 231.
32 Ce constat se trouve dans le rapport du permanent pédagogique de l’OFAJ auprès de la Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat en 1998, in : Documents de travail. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1998, p. 231.
33 Cf. PV de la réunion de l’AG Sport le 14 décembre 2004 à Berlin, l.c., p. 2.
34 Cf. Activités de l’OFAJ 2001, p. 10.
35 « Stages franco-allemands pour sportifs de haut niveau », annexe au point 4 de la 38e session du CA les 26 et 27 mai 1975 à Paris, p. 22.
36 Document interne de 1991, p. 2 ; dossier « 96 Sport », archives de l’OFAJ, Berlin.
37 « Stages franco-allemands pour sportifs de haut niveau » l.c., p. 22.
38 Ibid.
39 Document interne de 1991, p. 2 ; dossier « 96 Sport », archives de l’OFAJ, Berlin.
40 « Stages franco-allemands pour sportifs de haut niveau » l.c., p. 22.
41 En revanche, dans sa dernière version, de 2005, l’accord sur l’Office franco-allemand pour la Jeunesse ne mentionne plus spécifiquement le sport, ce que les représentants des organisations sportives n’ont pas manqué de critiquer lors de la réunion de l’AG Sport à Paris en 2005. (Voir, à ce sujet, le PV de la réunion de l’AG Sport du 16 décembre 2005 à Berlin, l.c. p. 1). Il faut cependant remarquer que le nouvel accord renonce d’une façon générale à détailler des domaines d’action et se contente de définir des objectifs auxquels doit correspondre le travail de l’OFAJ dans tous les secteurs où il intervient.
42 Cf. Rapport d’orientation 1992, annexe 3 « Programmes subventionnés dans le domaine du sport au cours des années 1963-1990 », p. 59 sq.
43 Ibid.
44 Il s’agit, en l’occurrence, des données les plus récentes. On trouvera les chiffres des participants et le nombre de mesures subventionnées supra note 2. Pour la part que les dépenses consacrées aux programmes sportifs constituent dans les dépenses totales, voir : 1re session du conseil d’administration, Berlin, 22 mai 2006, point 3 de l’ordre du jour, compte de gestion 2004, p. 21.
45 Cf. à ce propos Georg Walther Heyer, Das deutsch-französische Jugendwerk. Ziele, Möglichkeiten, Erfahrungen, Freudenstadt, 1969, p. 56 sq.
46 Ibid., p. 57.
47 Service de presse de l’OFAJ, juillet 1964, n° 2, p. 16.
48 Cf. Heyer, Das deutsch-französische Jugendwerk (op. cit., note 45), p. 55 sq.
49 Rapport provisoire sur l’année budgétaire 1970, annexe pour la 25e session du CA les 26 et 27 novembre 1970 à Versailles, p. 5.
50 Mais à l’approche de la coupe du monde de football, qui allait se dérouler en Allemagne en 2006, l’OFAJ a de nouveau abandonné la politique de subventionnement adoptée dans les années 1970, sans doute pour profiter du surcroît de visibilité qu’il pouvait donner à ses activités en participant à une grande manifestation de ce genre. Dans le procès-verbal de la réunion de l’AG Sport à Berlin le 14 décembre 2004, on mentionne la réalisation de projets franco-allemands dans le contexte d’un grand événement sportif comme un objectif prioritaire sui generis dans le travail de l’AG Sport (cf. ibid., p. 3). Avant et pendant le Mondial 2006 de football, l’OFAJ a subventionné de nombreuses initiatives, parmi les-quelles il y avait de nouveau, pour la première fois depuis long-temps, des programmes sportifs dans le cadre d’une grande manifestation sportive (sur les différents programmes pendant le Mondial, voir le point 8 de l’ordre du jour : Rapport sur les activités proposées lors de la coupe de monde de football, 1re session du nouveau conseil d’administration, 22 mai 2006, Berlin).
51 Cf. Rapport d’activité 1963-1973, p. 71.
52 Le mouvement du « plein air » s’est constitué en France et peut être considéré comme une réaction contre l’emprise croissante de la mécanisation et de la technique dans tous les domaines de la vie dans les nations industrielles modernes. Depuis les années 1950, il y eut quelques tentatives pour institutionnaliser ce mouvement. Ces efforts ont atteint leur point culminant provisoire dans les années 1970 avec la création du « Comité pour la technique et la pédagogie dans le domaine du plein air » (1972). Étaient représentées dans ce comité cinq fédérations représentatives du mouvement du plein air : les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives (CEMEA), les éclaireurs, le Touring-Club de France, l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA) et l’Union française des centres de vacances (UFCV) ; pour plus de détails cf. Ratgeber Sport (op. cit., note 12), p. 35 sq.
53 Cf. Les programmes de « plein air » dans le cadre de l’OFAJ, annexe au point 4 de la 43e session du CA les 29 et 30 novembre 1977 à Berlin, p. 2.
54 Ibid., p. 1.
55 Cf. procès-verbal de la 48e session du CA les 16 et 17 juin 1980 à Paris, p. 7 sq.
56 C’est ainsi qu’on a diminué en 1973 les moyens pour les programmes d’entraînement commun de jeunes sportifs de haut niveau parce que leur contenu ne répondait pas aux attentes du conseil d’administration ; cf. Les grandes lignes de la politique budgétaire de l’OFAJ pour l’année 1973, Annexe pour la 29e session du CA les 27 et 28 juin 1972 à Versailles, p. 7.
57 On trouve aux archives de l’OFAJ à Berlin un échange de lettres entre le secrétaire général de l’Office et la vice-présidente du DSB, qui reflète les désaccords à propos des critiques contre les programmes de sport de haut niveau. Cet échange de lettres a été déclenché par une décision de la session du conseil d’administration à Rhöndorf en 1987, demandant que les programmes d’entraînement commun de jeunes sportifs de haut niveau soient contrôlés pour déterminer dans quelle mesure ils correspondent encore aux objectifs de l’OFAJ.
58 Cf. Rapport d’activité 1992, p. 33.
59 Le document de travail Le sport de haut niveau comme terrain d’apprentissage interculturel a été adopté à l’unanimité des présents en 1992 lors de la 27e conférence annuelle des fédérations sportives françaises et allemandes ; cf. Rapport d’activité 1992, p. 33. Il est ainsi le seul texte fondamental dans le secteur du sport adopté en commun par les représentants des fédérations sportives et l’OFAJ.
60 Cf. Le sport de haut niveau comme terrain d’apprentissage interculturel. Document de travail adopté par les participants à la conférence annuelle des fédérations sportives franco-allemandes du 4 au 6 novembre 1992 à Hanovre, p. 6-7 (passages soulignés dans le texte original). Cette citation est extraite de l’exposé de Paul Irlinger, prononcé lors de la conférence annuelle des fédérations sportives franco-allemandes en 1990 à Scheidberg. Irlinger travaille à l’Institut national du Sport et de l’Éducation physique (INSEP), dont les missions sont le développement du sport de haut niveau, la recherche fondamentale dans le domaine du sport et la formation et la recherche dans le domaine de la médecine du sport.
61 Le sport de haut niveau comme terrain d’apprentissage interculturel (op. cit.), p. 7.
62 203 programmes subventionnés ont été réalisés en France contre 105 seulement en Allemagne. Cf. le rapport du secrétaire général sur les rencontres entre associations sportives, annexe au point 4 de la 48e session de CA les 29 et 30 mai 1980 à Paris, p. 2.
63 Ibid..
64 Cf. ibid., p. 3 sq.
65 Chiffres cités d’après les rapports des permanents pédagogiques et d’après les rapports d’activité de l’OFAJ pour les années considérées. Malheureusement les chiffres manquent pour ce qui est du nombre de participants en 1998.
66 Cf. Rapport d’activité 1990, p. 34.
67 Par l’entremise de la Fédération sportive du Land de Rhénanie-Palatinat et de son partenaire français l’Amicale bourguignonne, un accord de partenariat a été conclu en 1992 entre la Fédération sportive du Land de Thuringe et le CROS de Franche-Comté. Cf. Rapport d’activité 1992, p. 32.
68 Cf. le rapport d’activité 1994 de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès de la DSJ, in : Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, annexe pour la 77e session du CA des 12 et 13 juin 1995 à Dresde, p. 280.
69 Cf. Rapport d’activité 1998 de la permanente pédagogique de l’OFAJ auprès de la DSJ, in : Documents de travail. Rapports des permanents pédagogiques de l’OFAJ, 1998, p. 160.
70 Cf. Document de travail. Le sport de haut niveau comme terrain d’apprentissage interculturel, p. 5. Trad. nouvelle.
Auteurs
Né en 1977, diplômé (Magister) de sciences politiques, Université de Kassel.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Médiations ou le métier de germaniste
Hommage à Pierre Bertaux
Gilbert Krebs, Hansgerd Schulte et Gerald Stieg (dir.)
1977
Tendenzen der deutschen Gegenwartssprache
Hans Jürgen Heringer, Gunhild Samson, Michel Kaufmann et al. (dir.)
1994
Volk, Reich und Nation 1806-1918
Texte zur Einheit Deutschlands in Staat, Wirtschaft und Gesellschaft
Gilbert Krebs et Bernard Poloni (dir.)
1994
Échanges culturels et relations diplomatiques
Présences françaises à Berlin au temps de la République de Weimar
Gilbert Krebs et Hans Manfred Bock (dir.)
2005
Si loin, si proche...
Une langue européenne à découvrir : le néerlandais
Laurent Philippe Réguer
2004
France-Allemagne. Les défis de l'euro. Des politiques économiques entre traditions nationales et intégration
Bernd Zielinski et Michel Kauffmann (dir.)
2002