Condamnés à prêcher dans le désert ?
p. 72
Texte intégral
1Quelques remarques en complément de celles qui ont déjà été présentées. Sur le principe, je suis d’accord avec mon collègue Thamer On a étalé aujourd’hui devant nous beaucoup d’idées, comme des marchandises sur un marché oriental et chacun a plaidé pour qu’on accorde plus de prix à telle idée et moins à telle autre. Il est difficile de tirer des conséquences d’un tel sujet. Cependant il me semble important de ne pas rester dans le domaine de l’histoire intellectuelle – c’est ce que nous avons fait pour l’essentiel – et de regarder aussi la réalité historique. Bien entendu, je ne vois pas les deux en opposition. Seulement, le progrès matériel qui s’est produit au xixe et au xxe siècle n’a pas provoqué que des guerres mais aussi des transformations politiques et sociales.
2En ce sens – parce que nous avons négligé cet aspect, même nous les historiens et pas seulement ceux qui sont présents ici – je partage le scepticisme qu’ont exprimé certains des participants au débat. Leurs interventions sont le reflet de la vanité des efforts intellectuels des historiens pour influencer la réalité politique. C’est là que se trouve, à mon avis, la lacune qu’il s’agit de combler. Nous avons abordé certes des questions qui s’aventurent dans ce domaine. Nous nous sommes demandés si une époque touche à sa fin, si le siècle des États nationaux était définitivement passé, etc. L’historien se trouve ici dans une situation difficile, car il doit s’aventurer sur un terrain qui lui est étranger, faire un métier qui n’est pas le sien lorsqu’il se présente comme prophète ou voudrait agir comme tel. Mais lorsque nous voulons parler d’Europe et définir ici une conscience européenne commune, nous ne pouvons pas éviter d’aborder et d’étudier l’ensemble de toutes les questions. Cela permettra peut-être de combler le fossé qui nous sépare encore du domaine politique. Je crois qu’il est impossible de laisser de côté certains domaines. Je ne voudrais pas relancer ici une quelconque querelle de méthode, mais seulement demander qu’on intègre dans nos réflexions ce qu’on a appelé les données structurelles de l’histoire européenne des xixe et xxe siècles. Alors nous constaterons peut-être que la politique, que nous avons interpellée ici directement ou indirectement à différentes reprises, entendra aussi l’historien qui prêche dans le désert. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
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