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    Plan détaillé Texte intégral Actualités et perspectives Réponses politiques et publiques à l’émigration L’émigration et l’exil : différentes perspectives Définir les sous-groupes de l’émigration actuelle L’émigration forcée, l’émigration choisie Découvrir les vraies raisons de l’émigration Destinations choisies par les récents émigrés irlandais Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    L'Irlande, l'Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92

    Ce livre est recensé par

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    La migration contemporaine irlandaise : quelques perspectives

    Piaras Mac Éinri

    p. 105-115

    Résumés

    La conception d'une émigration forcée par le destin d’un peuple conquis et malmené par l’occupation étrangère continue de faire des ravages et empêche toute réflexion sérieuse sur les réalités contemporaines de ce phénomène social. A partir d'une critique des conceptions actuelles de l'émigration, l'auteur demande qu'on engage enfin une étude systématique des raisons fort diverses qui poussent les Irlandais et les Irlandaises à vivre et à travailler à l'étranger afin que les responsables politiques disposent d’une connaissance réelle des motivations et des comportements.

    The disastrous notion of an emigration made compulsory by the fate of an unfortunate people conquered by foreign occupation is still widespread and precludes any serious analysis of this social phenomenon. After a critical survey of the prevailing views on emigration, the author suggests a systematic study of the varied reasons for working and living abroad. Political leaders could then base their political decisions on a real knowledge of motivations and behaviours.

    Texte intégral Actualités et perspectives Réponses politiques et publiques à l’émigration L’émigration et l’exil : différentes perspectives Définir les sous-groupes de l’émigration actuelle L’émigration forcée, l’émigration choisie Découvrir les vraies raisons de l’émigration Destinations choisies par les récents émigrés irlandais Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Texte intégral

    1En 1988, dans un travail de recherche sur l’émigration irlandaise, nous avons évoqué l’existence d’une véritable « culture de l’émigration »1 Aujourd’hui, l’émigration est redevenue un phénomène social important, d’ampleur impressionnante, avec des différences importantes entre l’émigré moderne et son homologue du passé. L’émigré-type n’est plus le ressortissant des milieux sociaux les plus défavorisés, pauvre et rural, doté d’une éducation insuffisante pour lui permettre de faire face au monde extérieur. Il existe toujours beaucoup d’émigrés qui appartiennent à un tel milieu, mais ce n’est plus le cas typique, voire unique, comme dans le passé.

    2Pour analyser ces « nouveaux émigrés », nous avons choisi le cas des Irlandais récemment arrivés à Paris, c’est-à-dire depuis quinze ans, dont le nombre croît rapidement. Contrairement à ceux qui choisissent classiquement les États-Unis ou l’Angleterre, la destination dépend moins de la familiarité avec la culture d’accueil que de l’existence de réseaux sociaux informels d’Irlandais auxquels il pourra s’accrocher.

    3L’hypothèse ainsi développée fut mise à l’épreuve lors d’un sondage à Paris en mars-avril 1988. Cent trente-deux personnes répondirent à une liste de quarante-neuf questions. Leurs origines sociales, régionales et culturelles furent examinées, de même que les raisons qui les avaient amenées à quitter l’Irlande, et leur niveau d’intégration, voire d’assimilation, depuis qu’elles s’étaient installées en France. Les résultats du sondage furent analysés sur ordinateur et confirmèrent dans leurs grandes lignes l’hypothèse de base, mais avec certaines réserves. Ainsi pouvait-on noter que les Irlandais de Paris ne sont pas des émigrés irlandais typiques ; leur niveau social et leur éducation sont en général au-dessus de la moyenne. Le sondage confirma néanmoins que la communauté irlandaise à Paris évoluait vers une forme plus classique. Cette constatation, et la probabilité que Paris continuerait à offrir des possibilités intéressantes sur le plan de l’emploi, nous permet de postuler, compte tenu du rôle dominant joué par le phénomène de la formation des réseaux sociaux informels, que la communauté irlandaise de Paris n’était plus un cas exceptionnel et pouvait même connaître une période de croissance importante.

    Actualités et perspectives

    4Nous avons, dans le mémoire cité ci-dessus, estimé que l’émigration allait continuer à un rythme de 15.000 à 35.000 par an au moins pour les dix ans à venir. En effet, l’évolution récente de la situation dépasse les prévisions les plus pessimistes. Selon le Central Statistics Office de Dublin (C.S.O.), 46.000 personnes quittèrent le pays dans les douze mois Avril 1988-Avril 1989, le chiffre le plus élevé depuis les années cinquante2. Pendant la même période, la population du pays, estimée à 3,515 millions en avril 1989, a baissé de 23.000. Depuis 1982,177.000 personnes ont émigré, dont plus d’un quart pendant l’année qui vient de s’écouler. Autrement dit, pendant la période 1982-1989 une personne sur vingt a quitté le pays, soit 12 % de la population active. Il est probable que la majorité écrasante de ceux qui sont partis auraient été demandeurs d’emploi s’ils étaient restés chez eux. Ces chiffres sont d’autant plus étonnants que 11.000 nouveaux postes furent créés sur le marché de l’emploi pendant la seule année avril 1988-avril 19893. Le Central Statistics Office avait prévu un taux d’émigration d’environ 36.000 personnes par an, suivi d’une baisse progressive jusqu’à 11.000 en 19944. Il va de soi que de telles prévisions doivent maintenant être révisées à la hausse.

    Réponses politiques et publiques à l’émigration

    5Le débat sur l’émigration trouve toujours peu d’échos sur le plan politique. Les nombreuses et riches interventions sur ce sujet de Madame Robinson depuis son élection à la présidence en 1990 finiront, peut-être, par l'adoption par le gouvernement d'un véritable programme en ce domaine malgré le caractère toujours sensible de la question. En effet, il faut dire que l'émigration et ses conséquences politiques, sociales et économiques n’ont pas été sérieusement analysées. Le premier forum public sur ce sujet fut la Patrick MacGill Summer School de l’été 1988 ; mais son approche se concentrait de façon excessive sur l’émigration vers l’Amérique5. Les actes de ce colloque comprennent un avant-propos du Sénateur Kennedy dont le titre est « America and contemporary Irish emigration - the gate re-open »6. Des huit articles sur l’émigration figurant dans les actes, deux se préoccupent essentiellement de la situation américaine ; deux sont des analyses techniques, les travaux respectivement d’un démographe et d’un économiste ; deux sont écrits sur un registre nettement polémique ; l’un est issu d’un évêque de l’église catholique et porte sur la réponse donnée à l’émigration par son église ; le dernier vient du présent auteur et traite de la situation des émigrés irlandais en France. Il n’est pas sans signification que ce dernier article ait été ajouté lors de la publication des actes quand les organisateurs de la MacGill Summer School se sont aperçus que la question des Irlandais récemment arrivés en Europe continentale n’avait pas été traitée du tout7.

    L’émigration et l’exil : différentes perspectives

    6Mis à part la communication de l’économiste Brendan Walsh, ces articles restent bien en deça d’une réponse raisonnée au problème de l’émigration. En suggérant que l’émigration peut être enrayée par une politique nationale de création de l’emploi, ils perpétuent le mythe selon lequel l’émigration est une décision forcée et non voulue, le résultat des mauvaises actions de l’oppresseur britannique, du propriétaire terrien, du capitaliste gombeen et ainsi de suite8. Pour reprendre la terminologie du Professeur Kerby Miller, la vue irlandaise du monde parait fondamentalement fataliste ; les Irlandais subissent l’émigration comme un malheur non souhaité mais inévitable9. La distinction faite par Miller entre émigré et exilé garde son utilité si par émigration l’on entend le fait de quitter son pays pour aller vivre ailleurs volontairement et définitivement, et par exil, le départ involontaire du pays natal et l’espoir du retour. Peut-être pouvons-nous y voir les vestiges d’un complexe d’infériorité nationale. Si le destin s’acharne sur l’individu, comment peut-on lui en vouloir ? Paradoxalement, les Irlandais s’intègrent bien, quoique de façon variable, selon le pays d’accueil. La vie à l’étranger n’a donc rien d’effrayant10. Le mythe de l’émigration, comme le suggère Miller, est peut-être une réponse au sentiment de culpabilité pour avoir trahi le pays natal en le quittant. Pour Triona Ni Ghiolla Choille :

    « L’émigration n’est pas un simple accident. Ce n’est pas seulement un problème individuel. L’émigration existe et augmente en conséquence directe de l’échec des politiques sociales et économiques des gouvernements successifs de cette tle. Les échecs des récentes décennies se sont aggravés par suite de leur manque d’honnêteté et d’énergie pour faire face au problème dans les années 80. Malgré le débat sur l’émigration lors des législatives de 1987, malgré les prises de position politiques, malgré les déclarations faites depuis lors, les partis politiques n’ont pas su confronter de façon sérieuse l’idée que l’émigration exige des réponses politiques. L’idée trop répandue que l’émigration est inévitable et inéluctable à long terme nous est inacceptable, à nous qui travaillons à l'Emigrant Advice, et constitue une insulte à ceux qui se sentent obligés d'émigrer »11.

    7Ceci est en contraste marqué avec le point de vue exprimé par Brian Lenihan T.D., alors Ministre des Affaires étrangères, en octobre 1987.

    « Je ne vois pas l’émigration que nous vivons aujourd’hui comme étant du même type que celle, désastreuse, du siècle dernier. Nous avons affaire maintenant à un émigré à bon niveau d’éducation, qui ne fait pas une montagne d’aller aux États-Unis, de retourner en Irlande, puis peutêtre d’aller en Allemagne et de retourner à nouveau en Irlande. La jeune génération en Irlande aujourd’hui est tout à fait dans cet état d’esprit. [L’émigration] n’est pas une défaite si les Irlandais améliorent leurs compétences et leurs talents dans un autre milieu : plus ils se forgent une éthique de travail dans un pays comme l’Allemagne ou les ÉtatsUnis, plus ils pourront la mettre en application lors de leur retour. Après tout, tout le monde ne peut pas vivre sur une petit île. »12

    8Ces deux citations-là reflètent une différence fondamentale de perception de l’émigration. D’un coté, un phénomène qui n’est pas voulu et qui résulte d’une mauvaise gestion économique et sociale poussant les émigrants à partir. Si ce n’était le chomâge et l’état critique de l’économie, les émigrés seraient restés chez eux. Il n’y a pas de doute que cela est vrai de bon nombre d’émigrants, peut-être même de la majorité, mais la définition reste insuffisante. Le point de vue du Ministre Mr. Lenihan est tout aussi simpliste : pour lui l’émigration est uniquement une décision positive prise par l’émigré individuel, sans référence aux paramètres familiaux, sociaux et économiques qui ont pu l’y amener.

    Définir les sous-groupes de l’émigration actuelle

    9Les définitions de Ni Ghiolla Choille et Lenihan ne tiennent pas compte du rôle joué par une certaine « culture de l’émigration » ou le choix de l’individu peut en fait être fortement influencé par le simple fait que l’émigration est la norme dans sa famille et chez ses pairs - est en quelque sorte la « norme nationale », et en tout cas la norme dans plusieurs régions du pays13. Aucune des deux définitions ne tient compte de la structure complexe de l’émigration actuelle, qui comporte beaucoup de sous-groupes : l’émigration traditionnelle entre la côte ouest et les USA, aujourd’hui manifestée dans l’émigration clandestine ; l’émigration de masse de personnes relativement défavorisées de milieu urbain, souvent peu éduquées et ne possédant pas les mêmes aptitudes à accéder à un réseau de relations et à survivre que leurs homologues de la campagne ; l’émigration récente d’un nombre important d’émigrés à haut niveau d’éducation et de qualification, qui veulent partir, qui sont motivés et qui partent pour l’étranger pour des raisons purement personnelles et professionnelles.

    10Beaucoup d’Irlandais ayant participé à l’enquête que nous avons menée à Paris en 1988 appartenaient à ce troisième groupe, quoique la situation soit complexe à l’intérieur même des catégories. Ainsi, certaines personnes à haut niveau de qualification, membres par exemple du corps enseignant, ont émigré sans l’avoir voulu du fait des changements dans l’éducation en Irlande14. De plus, et ceci est vrai d’autres personnes hautement qualifiées, ils ne font pas nécessairement le même travail ni pour un salaire équivalent ou meilleur, que ce qu’ils auraient pu espérer en Irlande.

    L’émigration forcée, l’émigration choisie

    11La distinction « forcée » ou « choisie » est tout à fait rudimentaire quoiqu’elle puisse servir de point de départ commode. Ainsi certains émigrés choisissent de partir pour des raisons autres qu’économiques : à titre d’exemple, le climat religieux ou moral du pays. Certains émigrés « forcés », en revanche, ne le sont guère en ce sens qu’ils ont fait un choix individuel raisonné, mais le sont tout de même parce que sortant d’un milieu ou la « culture de l’émigration » les a prédisposés à y voir un choix naturel et inévitable.

    12Une classification précise des différents types d’émigrés présenterait le plus grand intérêt, s’il s’agit de déterminer les réponses appropriées du côté irlandais aux multiples problèmes posés par l’émigration. La question de savoir si les taux élevés d’imposition individuelle encouragent à partir, perd de son importance s’il peut, par exemple, être démontré que les hauts salariés potentiels ont de toutes façons tendance à partir, du moins pour une certaine période. La question des coûts sociaux est également très importante : quelle doit être l’attitude de l’État vis-à-vis de l’émigré à haut salaire potentiel qui, dans de nombreux cas, a poursuivi des études et a atteint son niveau de salaire en coûtant cher à l’État, comparé à l’émigré « forcé » à bas salaire dont l’éducation et la formation ont absorbé beaucoup moins de fonds publics.

    13Un rapport sur les émigrés irlandais actuellement à Londres décrit ainsi la situation :

    « Il y a quatre catégories de jeunes Irlandais qui viennent dans ce pays. Trois d’entre eux réussissent très bien mais la quatrième ne devrait pas venir du tout. Ils seraient bien mieux chez eux. »

    14La première catégorie d’émigré est celle du diplômé. « Ceux-ci se font arracher par les meilleurs entreprises et réussissent très bien ».

    15Dans la deuxième se trouve le garçon et la fille avec le Leaving Certificate (Baccalauréat) et une certaine formation professionnelle.

    « Ces gens-là sont très demandés parce qu’ils travaillent bien. Ils apprécient le travail parce qu’ils savent ce que c’est que d’être sans emploi et ils n’ont pas le regard fixé sur l’horloge. De plus, il y a un manque de jeunes ici du fait de la baisse du taux de naissance voici vingt ans. »

    16La troisième catégorie pourrait inclure le garçon qui a fait partie de son équipe locale G.A.A*, et qui trouve un emploi peut-être dans la construction, à travers les contacts pris dans un club G.A.A. d’Angleterre. « C’est ce que l’on peut appeler la voie traditionnelle ».

    17Et la quatrième catégorie ?

    « Eh bien, tout comme il y a des personnes qui ne devraient pas quitter les Highlands écossais pour vivre à Aberdeen, il y a des gens qui ne sont simplement pas capables de partir de chez eux. Ce sont parfois des gens très naïfs sortant d’un milieu rural, parfois des jeunes non qualifiés venant de la ville. Ils ne se rendent pas compte de l’importance des qualifications et ne trouvent que des emplois de misère... »
    ... Dans l’ensemble, cependant les Irlandais réussissent bien en GrandeBretagne. Les réussites dépassent, et de loin, les échecs. On ne peut manquer d’être impressionné par la débrouillardise des gosses qui arrivent ici »15.

    Découvrir les vraies raisons de l’émigration

    18Pour la plupart des observateurs, le taux de l’émigration risque de rester élevé pendant un nombre d’années. Les raisons en sont données par l’économiste Brendan Walshe :

    19La pression démographique. Au moment où dans les grandes économies européennes, moins de jeunes arrivent sur le marché du travail, de sorte qu’à la poussée démographique s’ajoutera une force d’attraction vers l’étranger.

    20Réseaux migratoires. Le nombre des résidents irlandais à l’étranger a augmenté de 100.000 personnes dans les années 80. Ils seront en mesure de fournir informations et soutien à d’autres émigrés venant de l’Irlande. De plus, le départ d’une grande partie d’une génération fait que les autres sont moins attirés par l’idée de rester chez eux.

    21Une croissance économique peu propice à l’augmentation de l’emploi. Meme si notre taux de croissance augmente, l’offre de nouveaux emplois sera inférieure à la demande.

    22Revenus nets d’impôts peu élevés. Même si nos résultats économiques s’améliorent par rapport à ceux du reste de l’OCDE, il est peu probable que les revenus nets d’impôts en Irlande se trouvent à la hauteur, dans un futur prévisible, de ceux ouverts à l’étranger aux gens qualifiés. Même si la situation de l’emploi s’améliore, ce retard continuera à encourager les gens qualifiés à émigrer.16

    23Le problème de l’émigration ne peut se résumer, ni dans des formules sur « le terrible fléau du départ forcé », ni dans l’optimisme souriant du Ministre Mr. Brian Lenihan. Il est urgent de répondre à des questions précises : Qui sont ceux qui ne souhaitent pas émigrer mais s’y sentent obligés ? Où vont les gens de cette catégorie et pourquoi ? Qui sont ceux qui souhaiteraient émigrer, quelles que soient les circonstances, et pourquoi ? Où vont les gens de cette catégorie et pourquoi ? Quels sont, de façon précise, les paramètres qui influencent la catégorie intermédiaire, celle des personnes n’appartenant à aucun groupe cité ci-dessus ? Quelles pourraient être les réponses appropriées, dans le cadre d’une politique socio-économique nationale, aux différentes situations définies ci-dessus ?

    24Voici un exemple de l’influence que de telles données pourraient avoir sur la formulation d’une politique. S’il s’avère possible d’identifier un groupe dont le profil indique qu’il est susceptible d’émigrer dans presque tous les cas, et si ce groupe se trouve dans la catégorie des hauts salariés potentiels, le financement de leur éducation devrait-il être entrepris sur d’autres bases ? Une possibilité serait une formule de financement des études en partie par emprunt bancaire, avec dégrèvement du remboursement pour chaque année d’emploi en Irlande.

    Destinations choisies par les récents émigrés irlandais

    25Il y a un problème statistique évident : il existe peu de données vraiment fiables permettant de tracer les très récents flux d’émigrants dans toute leur complexité, bien que des travaux intéressants aient été faits par des spécialistes, par exemple Terry Corcoran, sur la structure d’âge des migrants17 Ce qui peut se chiffrer assez précisément, c’est le taux de migration net entre un recensement de la population et l’autre. La méthode statistique de base est simple : le taux d’émigration net est la différence entre d’une part l’addition du total du recensement et de l’augmentation naturelle de la population, et d’autre part le total de la population chiffré dans le recensement suivant. Le taux peut bien évidemment être positif ou négatif. Une telle méthode de mesure nous permet déjà de contredire quelques-unes des affirmations les plus fantaisistes du lobby hiberno-américains, qui voudrait qu’il y ait plus de 135.000 « illégaux » irlandais aux États-Unis depuis 1980. Comme le souligne Terry Corcoran :

    « ... puisque le nombre d’émigrants de 20-30 ans pour la période 1981-86 est de moins de 60.000, et que ces émigrants vont essentiellement vers le Royaume-Uni, le total des jeunes émigrés irlandais résidents aux États-Unis au début de 1986 était probablement plus proche de 20.000 que du chiffre fréquemment cité de plus de 100.000 »18

    26L’analyse statistique n’offre pas de données vraiment fiables, il est cependant raisonnable de présumer, comme le fait Corcoran, que la plupart des émigrés continuent à aller vers le Royaume-Uni. Une minorité venant probablement des régions rurales de la côte ouest va vers les États-Unis, mais cet aspect est compliqué par le système de tirage au sort des visas « Berman » et « Donnelly », dont les candidats gagnants viennent dans certains cas de milieux atypiques ; une minorité encore plus restreinte quoiqu’en augmentation, va vers l’Europe continentale19. A ce propos, la réaction de l’Église catholique au taux d’émigration actuel est intéressante. L’évêque Eamon Casey constate qu’environ 70 %, selon les estimations, des émigrants vont vers le RoyaumeUni20. Il constate également que l’Église a entrepris de réagir à la nouvelle situation de fait en nommant de nouveaux aumôniers ; mise à part le réseau déjà important au Royaume-Uni, il existe maintenant des aumôneries à NewYork, Munich, Paris et Bruxelles.

    Notes de bas de page

    1 Voir P. Mac Éinri, Current Irish Emigration to continental European Community States : an examination of recent trends in the Paris region, Paris : Université de Paris III, 1988.

    2 Irish Times, 12/9/89.

    3 Irish Times, 12/9/89

    4 Irish Times, 12/9/89. Voir aussi Population and Labour Force Statistics 1991-2001, Dublin : Central Statistics Office, 1988.

    5 Voir J. Mulholland et D. Keogh (ed.) Emigration, Employment and Enterprise, Cork et Dublin : Hibernian University Press, 1989.

    6 E. Kennedy, « American and contemporary Irish Emigration - the gates reopen », dans Mulholland et Keogh, op. cit., pp. 9-14.

    7 Conversation entre D. Keogh et l’auteur, Décembre 1988.

    8 Terme pejorative : capitaliste avide

    9 Voir K.A. Miller, Emigrants and Exiles : Ireland and the Irish Exodus to North America, New York : Oxford University Press, 1985, notamment chapitre 3, pp 102-131.

    10 Voir par exemple K. O’Connor, The Irish in Britain, Dublin : Gill and Macmillan, 1974. Il existe aussi une vaste littérature aux Etats-Unis, par exemple, les travaux du sociologue A. McGreeley (Chicago).

    11 Voir T. Ni Ghiolla Choile « Emigration is no accident », dans Mulholland et Keogh, op. cit., pp 52-58.

    12 Interview, Newsweek, 13/10/87.

    13 Voir D. Hannan, Rural Exodus: A study of the forces influencing large scale migration of Irish rural youth, London : Chapman, 1970, chapitres 1 et 2.

    14 L’on assiste déjà, suite à une baisse dans le taux de natalité, à une chute dans le nombre d’inscriptions dans le secteur primaire de l’éducation. Source : Départment of Education.

    15 Article paru dans le Sunday Tribune, 17/9/89.

    16 Voir B. Walsh, « Emigration : an Economist’s Perspective » dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp 14-29.

    17 Voir T. Corcoran, « Tracking Emigration Flows », dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp. 29-34

    18 ibid. p. 33.

    19 Berman et Donnelly sont deux membres du Sénat américain qui se sont intéressés au problème des « clandestins ». Parmi les solutions ad hoc adoptées : des visas hors quota, choisis par tirage au sort (dont beaucoup gagnés par des Irlandais).

    20 Bishop Eamonn Casey, « Emigration: the Reality - the Catholic Church’s Response », dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp 34-46.

    Notes de fin

    * Gaelic Athletic Association, association sportive très répandue en Irlande

    Auteur

    Piaras Mac Éinri

    Department of Geography, University College, Cork, Irlande

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    Table des matières

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    2004

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    1748-1771

    Jacqueline Estenne

    1995

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    1 Voir P. Mac Éinri, Current Irish Emigration to continental European Community States : an examination of recent trends in the Paris region, Paris : Université de Paris III, 1988.

    2 Irish Times, 12/9/89.

    3 Irish Times, 12/9/89

    4 Irish Times, 12/9/89. Voir aussi Population and Labour Force Statistics 1991-2001, Dublin : Central Statistics Office, 1988.

    5 Voir J. Mulholland et D. Keogh (ed.) Emigration, Employment and Enterprise, Cork et Dublin : Hibernian University Press, 1989.

    6 E. Kennedy, « American and contemporary Irish Emigration - the gates reopen », dans Mulholland et Keogh, op. cit., pp. 9-14.

    7 Conversation entre D. Keogh et l’auteur, Décembre 1988.

    8 Terme pejorative : capitaliste avide

    9 Voir K.A. Miller, Emigrants and Exiles : Ireland and the Irish Exodus to North America, New York : Oxford University Press, 1985, notamment chapitre 3, pp 102-131.

    10 Voir par exemple K. O’Connor, The Irish in Britain, Dublin : Gill and Macmillan, 1974. Il existe aussi une vaste littérature aux Etats-Unis, par exemple, les travaux du sociologue A. McGreeley (Chicago).

    11 Voir T. Ni Ghiolla Choile « Emigration is no accident », dans Mulholland et Keogh, op. cit., pp 52-58.

    12 Interview, Newsweek, 13/10/87.

    13 Voir D. Hannan, Rural Exodus: A study of the forces influencing large scale migration of Irish rural youth, London : Chapman, 1970, chapitres 1 et 2.

    14 L’on assiste déjà, suite à une baisse dans le taux de natalité, à une chute dans le nombre d’inscriptions dans le secteur primaire de l’éducation. Source : Départment of Education.

    15 Article paru dans le Sunday Tribune, 17/9/89.

    16 Voir B. Walsh, « Emigration : an Economist’s Perspective » dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp 14-29.

    17 Voir T. Corcoran, « Tracking Emigration Flows », dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp. 29-34

    18 ibid. p. 33.

    19 Berman et Donnelly sont deux membres du Sénat américain qui se sont intéressés au problème des « clandestins ». Parmi les solutions ad hoc adoptées : des visas hors quota, choisis par tirage au sort (dont beaucoup gagnés par des Irlandais).

    20 Bishop Eamonn Casey, « Emigration: the Reality - the Catholic Church’s Response », dans Mulholland et Keogh, op.cit., pp 34-46.

    * Gaelic Athletic Association, association sportive très répandue en Irlande

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    Mac Éinri, Piaras. « La migration contemporaine irlandaise : quelques perspectives ». In L’Irlande, l’Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92, édité par Paul Brennan. Paris: Presses Sorbonne Nouvelle, 1992. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psn.5246.
    Mac Éinri, Piaras. « La migration contemporaine irlandaise : quelques perspectives ». L’Irlande, l’Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92, édité par Paul Brennan, Presses Sorbonne Nouvelle, 1992, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psn.5246.

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    Brennan, P. (éd.). (1992). L’Irlande, l’Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92 (1‑). Presses Sorbonne Nouvelle. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psn.5231
    Brennan, Paul, éd. L’Irlande, l’Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92. Paris: Presses Sorbonne Nouvelle, 1992. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psn.5231.
    Brennan, Paul, éditeur. L’Irlande, l’Europe et 1992 / Ireland, Europe and 92. Presses Sorbonne Nouvelle, 1992, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.psn.5231.
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