De Valera et les États-Unis
p. 77-94
Résumés
Chef reconnu du nationalisme irlandais, De Valera s'embarque pour les Etats-Unis en 1919 alors que s'engagent les luttes décisives pour l'indépendance. Il importe de comprendre pourquoi les Etats-Unis étaient considérés comme un enjeu stratégique : pour des raisons financières, de propagande (mobilisation de l'opinion publique américaine), et surtout diplomatique : obtenir la reconnaissance du nouvel Etat. La mission sera finalement un échec diplomatique, en raison principalement des conflits internes à la communauté irlando-américaine. Mais elle mérite d'être étudiée, d'abord parce que les conflits que De Valera dut affronter esquissaient la guerre civile irlandaise, ensuite parce que cette mission contribuera à forger la personnalité du futur chef de l'Etat irlandais.
De Valera sailed to the U.S.A. in 1919 as the acknowledged leader of Irish nationalism. In order to understand why the U.S.A. could be considered as a vital stake on the eve of the Anglo-Irish war, one should consider three points: financeraising, propaganda (gaining the support of American public opinion) and diplomacy (the aim was to secure the recognition of the new Irish State). De Valera's mission was eventually a diplomatic failure, due to internai quarrels among Irish-Americans. But its study is rewarding first because the conflicts de Valera had to face outlined the features of the civil war to corne and secondly because the mission shaped the personality of the futur leader of the Irish State.
Texte intégral
INTRODUCTION
1A l'ordre de cette intervention, permettez-moi de faire deux précisions liminaires :
Première précision
2Le sujet qui m'a été attribué porte sur "De Valera et les U.S.A.". Vaste sujet. En prison, aux affaires ou dans l'opposition, De Valera a dominé - d'aucuns diront écrasé - la politique irlandaise pendant près d'un demi-siècle. Au cours de cette carrière, exceptionnellement longue, les relations irlando-américaines ont connu deux temps forts : la guerre d'indépendance de 1919-1921, et la seconde guerre mondiale avec toutes les répercussions et tensions provoquées par la neutralité de l'Eire. Entre l'avènement de l'Etat Libre et l'offensive d'Hitler, puis de la défaite nazie à l'explosion de la poudrière nord-irlandaise à partir de 1969, les relations américano-irlandaises traversent au contraire une période de basses eaux : la fièvre est retombée dans les milieux irlando-américains ; quant aux gouvernements qui se succèdent à Dublin, ils sont davantage occupés à précipiter, par la négociation plus que par la pression internationale, la mutation de l'Empire en Commonwealth afin de mieux s'affranchir des liens et sujétions imposés par le Traité de 1921. C'est ainsi que Nicholas Mansergh, le grand historien des relations internationales, a pu rédiger un article sur les relations extérieures de l'Irlande de 1926 à 1939 sans mentionner une seule fois le nom des Etats-Unis1.
3Il n'entre pas dans mon propos d'évoquer les relations irlando-américaines au cours de la deuxième guerre mondiale puiqu'aussi bien nous devons entendre un exposé sur la neutralité de l'Eire qui ne manquera pas assurément d'y faire allusion. Je me bornerai donc à scruter les relations irlando-américaines au cours de la phase de la guerre d'indépendance, en me servant du fil d'Ariane de la mission effectuée par De Valera aux U.S.A. de 3uin 1919 à décembre 1920.
Deuxième précision
4Je ne pense pas que le présent colloque soit uniquement destiné à retracer par le menu les étapes d'un destin, si exceptionnel soit-il. 3e crois que nous sommes réunis, d'abord et surtout, pour prendre la mesure d'une action, évaluer son impact, apprécier ses conséquences. Après avoir brossé à larges traits l'historique de la mission De Valera, je m'attacherai par conséquent à dégager les leçons essentielles de cette phase de réactivation des rapports irlando-américains dont nous verrons qu'elle ne fut pas sans conséquence sur les événements ultérieurs.
1. LE DEROULEMENT DE LA MISSION
5Le 11 Juin 1919, Eamon De Valera descend l'échelle de coupée de "S.S. Lapland" en provenance de Liverpool et pose le pied sur le quai de New-York. Pour lui, d'une certaine manière, c'est un retour aux sources : trente sept ans plus tôt, il voyait le jour dans la modeste chambre d'un hôpital de Lexington Avenue, entre la 51ème et la 52ème rue. Toutefois, il n'avait pas eu le temps de se confectionner une âme de new-yorkais. A l'âge de deux ans, orphelin de père, il avait été renvoyé au pays de sa mère - l'Irlande - et confié aux soins attentifs d'un oncle établi dans le comté de Limerick.
6En Juin 1919, il n'est plus un inconnu. Il s'est forgé un nom qui est déjà un symbole.
7Il est le dernier Commandant de l'insurrection de Pâques 1916 à avoir déposé les armes et, condamné à mort, le seul à n'avoir pas été fusillé par les Anglais grâce, dit-on, aux représentations énergiques du Consul des Etats-Unis à Dublin, Edward L. Adams2.
8Au fil des mois, il en est venu à incarner l'esprit de résistance, sinon de rébellion, à la British Rule en Irlande. Successivement élu Président du Sinn Fein et des Irish Volunteers et, quoique sous les verrous, député de cette représentation irlandaise nationaliste et séparatiste qui se constitue en Dail Eireann, en Assemblée Nationale, à Dublin, le 21 janvier 1919.
9Evadé peu après de la prison de Lincoln en Angleterre, De Valera est élu par le Dail PriomhAire, traduisez Président du Ministère ou si vous préférez Premier Ministre, le 1er Avril 19193.
10Il est incontestablement la figure de proue du nationalisme irlandais. Et c'est en tant que tel, conscient des responsabilités de sa charge et de l'importance de son rôle de chef du mouvement de libération nationale irlandais, qu'il décide de s'embarquer pour les Etats-Unis contre l'avis de certains de ses collègues qui eussent préféré le voir demeurer en Irlande et rester au milieu de son peuple à l'heure du plus grand danger.
11Pourquoi cette décision, mûrement réfléchie et promptement mise à éxécution envers et contre toutes les critiques ?
12Il faut bien voir qu'elle s'inscrit dans une stratégie traditionnelle, décrite tout récemment encore par le Dr Conor Cruise O'Brien :
"En appeler aux Américains descendants d'Irlandais à l'effet de redresser la situation dans les Iles Britanniques, a été, en substance, le but principal de l'activité internationale des nationalistes irlandais depuis la fin de la guerre de Sécession"4.
13Ces Américains de souche irlandaise représentent en 1920 une population d'environ 20 millions d'âmes soit dix-neuf pour cent de la population totale des Etats-Unis5. Ils sont influents, actifs, organisés.
14Ils n'ont pas oublié l'ile d'infortune dont ils sont originaires :
"Aux States, écrit Louis Tréguiz, quand l'humble poursuite du pain quotidien ou la furieuse chasse aux dollars leur laisse un instant de repos, les champs héréditaires où pait le bétail de l'étranger, la chaumière déserte croulant auprès du bog, leur apparaissent dans un brouillard fait des pleurs de leurs yeux et de la brume du ciel d'Irlande - du ciel sous lequel la loi des Saxons ne leur a pas permis de vivre. Alors montent à leur lèvres les ballades tristes qui content le martyre d'Erin. Leurs jours de fête, ce sont les anniversaires douloureux de la partie lointaine. Pour les enfants nés dans l'exil, l'Irlande reste la patrie mystique, la Sion adorable et infortunée que ses fils doivent un jour délivrer"6.
15Ces émigrés, de Valera croit l'heure venue de les mobiliser. Pour deux raisons. En premier lieu, il ne fait pas de doute pour lui que, au lendemain de la première guerre mondiale, les Etats-Unis sont devenus la première puissance sur la scène internationale. Si l'Irlande était en mesure d'obtenir le parrainage de ce déjà "Super Grand", ce pourrait être un avantage décisif. En deuxième lieu, les Américains doivent élire un nouveau Président au cours de l'année 1920 : le moment est donc bien choisi pour ériger la "Question d'Irlande" en problème de politique intérieure américaine, obligeant les candidats à la Maison Blanche à s'engager et, par la suite, à honorer leurs promesses.
16Concrètement, de Valera poursuit un triple but :
un but financier consistant à lancer et soutenir un emprunt extérieur destiné à assurer le fonctionnement de l'administration et du gouvernement mis en place par le Dail Eireann ;
un but de propagande visant à mobiliser l'opinion américaine en faveur de la cause indépendantiste en Irlande ;
un but diplomatique enfin, consistant d'une part à obtenir du gouvernement américain la reconnaissance de l'Irlande en tant que République indépendante, et d'autre part à réformer le Pacte de la Société des Nations, spécialement l'article X par lequel les nations contractantes se garantissaient mutuellement leur intégrité territoriale et leur absolue souveraineté sur toutes les portions de leur territoire dans les limites des frontières de 1919.
17Que l'on ne s'y trompe pas : de ces trois objectifs c'est l'objectif diplomatique qui prime tous les autres. L'agitation et la propagande y sont étroitement subordonnées. Quand au but financier, il n'aurait pas nécessité, à soi seul, que l'on donnât la grosse artillerie en faisant traverser l'Atlantique à un homme de la trempe et de la stature de de Valera.
18D'ailleurs, rien d'étonnant à cela. Pour les protagonistes les plus lucides du soulèvement de Pâques 1916, il ne s'agissait pas en recourant aux armes d'infliger une défaite militaire à l'Angleterre - impossible tâche - mais bien plutôt en se faisant reconnaître comme belligérant d'obtenir un siège à la Conférence de la Paix à qui reviendrait le soin d'organiser le monde d'après guerre.
19En Juillet 1917, à Maryborough, Arthur Griffith déclare que "le but actuel du Sinn Fein est de faire de la question irlandaise une question internationale". Et d'insister : "l'objectif immédiat est la Conférence de la Paix"7.
20Le Manifeste électoral du Sinn Fein, adopté le 12 Octobre 1918, se fixe pour but "l'établissement de la République d'Irlande" et expose que ce but sera notamment atteint "en faisant appel à la Conférence de la Paix pour la reconnaissance définitive de l'Irlande comme nation indépendante"8.
21A peine constitué, le Dail Eireann adopte trois déclarations, le 21 janvier 1919 :
une Déclaration d'indépendance ratifiant la République proclamée à Dublin, le Lundi de Pâques 1916, demandant que l'indépendance nationale de l'Irlande "soit reconnue et appuyée par toutes les nations libres du monde" et affirmant que "cette indépendance est dorénavant une condition préalable et essentielle de la paix internationale"9 ;
un Appel aux Nations afin que l'Irlande soit reconnue comme République indépendante et admise à faire valoir ses droits, en séance publique, au Congrès des Nations, "afin que le monde civilisé, ayant jugé entre la mauvaise foi anglaise et le bon droit du peuple irlandais, engage son appui permanent pour assurer l'indépendance de l'Irlande"10 ;
et un Programme Démocratique exprimant la philosophie sociale des députés Sinn Feiners.
22De ces trois documents, c'est l'Appel aux Nations du Monde qui est, de très loin, le plus important. En effet, pas de programme démocratique sans République, et pas de République sans reconnaisance et garantie internationales.
23Aussi bien, l'une des premières décisions de l'Assemblée irlandaise est-elle de nommer une délégation de trois membres - de Valera, Plunkett et Griffith - pour aller plaider la cause de l'Irlande à la Conférence de la Paix. Sean T. O'Kelly est envoyé à Paris, en tant que représentant accrédité de la République d'Irlande, afin de préparer le terrain11.
24Mais il est clair, d'emblée, que ce n'est pas à Paris ou à Versailles, où elle ne dispose quasiment d'aucun appui, que l'Irlande nationaliste pourra faire entendre sa voix. Dès avant l'échec prévisible de la mission confiée à Sean T. O'Kelly, les yeux se tournent vers les U.S.A.
25Woodrow Wilson n'a-t-il point engagé son pays dans la guerre pour que soit reconnu aux petites nations le droit à disposer d'elles-mêmes ? Et, serait-il tenté de l'oublier, l'Irlande ne dispose-t-elle pas d'un puissant levier politique - la communauté de souche irlandaise et ses nombreux groupes de pression - pour le forcer à s'en souvenir ?
26Ce levier a commencé à se mettre en branle. La First Irish Race Convention mise sur pied par le Clan-na-Gael du vieux Fenian 3ohn Devoy se réunit dans les salons de l'Hôtel Astor à New-York les 4 et 5 mars 1916. On y décide la création d'une nouvelle association, The Friends of Irish Freedom, qui s'assigne pour mission d'encourager et assister tout mouvement tendant à promouvoir l'indépendance nationale de l'Irlande"12.
27Des "meetings" sont organisés dans la plupart des grandes villes américaines. Les électeurs américano-irlandais font pression sur leurs représentants. En 1918 le Congrès est saisi de huit résolutions, dont cinq émanant de républicains, en faveur de l'Irlande. Les législatures d'Etats votent de semblables voeux pendant la lutte contre la conscription.
28La troisième Irish Race Convention réunie à Philadelphie le 22 et le 23 Février 1919 rassemble plus de cinq mille délégués. Elle désigne une American Commission for Irish Independance chargée de se rendre à Paris pour soutenir la cause irlandaise à la Conférence de la Paix.
29Le 4 Mars de la même année, par 216 voix contre 45, la Chambre des Représentants vote une résolution demandant que la Conférence de la Paix envisage favorablement une reconnaissance du droit de l'Irlande à l'autodétermination. Le 6 juin, à une écrasante majorité de soixante voix contre une et 35 abstentions, le Sénat vote une résolution encore plus "musclée" exigeant la reconnaissance du droit de l'Irlande à l'auto-détermination et demandant instamment aux plénipotentiaires américains de faire en sorte que les "représentants de la République d'Irlande" soient entendus à la Conférence de la Paix13.
30Si le législatif américain, pour des raisons diverses et souvent contradictoires, fait sienne la cause de l'autodétermination irlandaise, en revanche l'exécutif reste de marbre. Réalisant un peu tardivement que le droit à l'autodétermination des petites nations est un principe déstabilisateur qui ne laisse à l'abri du démembrement aucune grande nation contemporaine, jusques et y compris dans le camp allié, le Président Wilson s'efforce de refermer cette boite de Pandore qu'il a imprudemment contribué à entr'ouvrir par la proclamation de ses fameux Quatorze Points. Il a toujours quelque bonne raison pour ne pas recevoir les délégués du Dail Eireann ou de l'American Commission for Irish independance à qui il fait prodiguer par ses secrétaires des encouragements aussi vagues que sybillins. Il veut se garder à tout prix d'intervenir dans la séculaire querelle anglo-irlandaise. C'est qu'il ne peut se passer de l'allié britannique et se soucie infiniment moins de l'Irlande que de la ratification du Traité de Versailles et du Pacte de la Société des Nations à quoi s'oppose un puissant lobby isolationniste qui se sert de la Verte Erin pour faire éclater au grand jour les contradictions du système wilsonien.
31Telle est, tissée de succès et d'échecs, la toile de fond des rapports américano-irlandais lorsque de Valera entre en scène le 11 Juin 1919. Il va se trouver confronté à une complication de taille qui va empoisonner tout son séjour aux U.S.A.
32Le puissant Clan-na-Gael est en effet écartelé en deux courants irréconciliables : le courant des "Philadelphiens" représenté par Joe Mc Garrity, et le courant des "New-Yorkais" dirigé par John Devoy et le juge Daniel Cohalan14.
33Les "Philadelphiens" sont des émigrés de fraîche date restés très proches du pays natal : Joe Mc Garrity natif du Co. Tyrone est arrivé aux U.S.A. en 1892. Les "New-Yorkais" au contraire se sentent plus américains qu'irlandais, soit qu'ils aient quitté l'Irlande depuis plusieurs décennies - c'est le cas de John Devoy qui a émigré en 1871-soit qu’ils aient vu le jour sur le sol américain - comme Daniel Cohalan né à Middletown, New-York, en 1865.
34Des querelles de personne les opposent les uns aux autres : John Devoy sacré "le plus grand des Fenians" par P.H. Pearse a régné sans partage sur le milieu nationaliste irlando-américain, soutenant la politique du "New Departure" de Davitt et Parnell, finançant la campagne d'agitation agraire de la fin du siècle, contribuant à développer les nouveaux réseaux de l'I.R.B. à la veille du premier conflit mondial. A soixante-dix sept ans, frappé de surdité, mais toujours aussi actif et autoritaire, il ne supporte pas de se voir contesté. Pilier du Parti Démocrate. Juge à la Cour Suprême, Daniel Cohalan n'est pas moins jaloux des pouvoirs et de l'influence qu'il exerce sur la communauté américano-irlandaise.
35Mais au-delà des conflits de personnalité, il y a des divergences plus profondes. Les "Philadelphiens" sont internationalistes. Sous réserve qu'une place soit faite à l'Irlande dans le concert des nations, ils sont prêts à avaliser le système wilsonien et la Société des Nations. Les "New-Yorkais", à l'inverse sont résolement isolationnistes. Ils s'en tiennent à la doctrine Monroe et s'opposent à toute alliance avec les nations du Vieux Monde15.
36Autre sujet de discorde : les "Philadelphiens" sont de farouches républicains. Ils font campagne pour que l'opinion américaine et l'Establishment politique de Washington reconnaissent la République d'Irlande proclamée à Dublin le Lundi de Pâques 1916. Plus prudents, les "New-Yorkais" qui n'en sont pas moins républicains de coeur, s'efforcent de "ratisser large" en ne demandant à l'opinion et aux responsables politiques que de reconnaître à l'Irlande le droit à l'autodétermination promis par Wilson dans ses Quatorze Points.
37Dernier sujet de friction : l'emploi des fonds collectés en Amérique. Il ne s'agit pas d'une querelle abstraite. Le 14 Janvier 1919 les Friends of Irish Freedom ont lancé une souscription nationale - l'Irish Victory Fund - qui a rapporté en sept mois et demi un peu plus d'un million de dollars. Les "Philadelphiens" - Rather Hurton et Joseph O'Neill notamment - insistaient pour que 75 % de cet argent soit envoyé en Irlande. Les "New-Yorkais" s'y opposèrent : l'argent devait être, pour l'essentiel, selon eux, dépensé en Amérique afin de soutenir la cause de l'Irlande, contrer la propagande britannique et lutter contre l'adhésion des Etats-Unis à la Société des Nations. De fait, une très maigre part du butin sera versée aux "frères" d'Irlande. L'essentiel sera dépensé sur place. L'emploi des fonds, est-il besoin de le préciser, donnera lieu à d'abondantes récriminations et accusations de détournement.
38Aussitôt débarqué à New-York, Eamon de Valera gagne Philadelphie et s'intrègre au clan Mc Garrity.
39Toutefois, de Juin à Septembre 1919, les deux clans rivaux font taire leurs divergences et réservent à de Valera un accueil enthousiaste. Un léger nuage est vite dissipé. De Valera voulait en effet lancer aux Etats-Unis l'emprunt extérieur voté par l'Assemblée nationale irlandaise pour subvenir à ses besoins. Les "New-Yorkais" traînèrent les pieds. Non par opposition systématique au principe d'un tel emprunt, mais ils craignaient, non sans raison, que des titres émis au profit d'un Etat non reconnu officiellement par les Etats-Unis soient frappés d'illégalité sous l'empire des lois américaines. Après consultation d'un avocat de la firme Emmet, Marvin and Martin, du nom de Franklin Roosevelt, un biais est trouvé. Les souscripteurs n'achèteront pas des certificats d'emprunt mais les droits de souscription échangeables contre des certificats d'emprunt de même valeur aussitôt que la République d'Irlande aura été officiellement reconnue par le gouvernement des Etats-Unis. De Valera se rallie, de plus ou moins bonne grâce, à ce stratagème juridique, mais il ne peut s'empêcher d'éprouver quelque ressentiment vis à vis du clan Devoy-Cohalan.
40Le vieux John Devoy s'en émeut. Il met en garde de Valera contre "l'insignifiante minorité... qui cherche à semer la méfiance et à provoquer des dissenssions". Il rappelle à son hôte que si les Irlandais doivent être maîtres chez eux, il en va de même pour les Américains dès lors qu'il s'agit des U.S.A. "Une campagne politique américaine en faveur de l'indépendance de l'Irlande dirigée d'Irlande par des hommes mal informés des réalités américaines serait vouée à l'échec au même titre qu'une tentative de dicter la politique de l'Irlande à partir de l'Amérique"16. Une entrevue entre Eamon de Valera et John Devoy dissipe temporairement le malentendu. De Valera est "régulier" écrit Devoy au Juge Cohalan. Mais la convocation par les "Philadelphiens" à l'insu des "New-Yorkais" d'une grande manifestation contre la mise hors la loi du Dail Eireann, au Lexington Théâtre de New-York le 14 Septembre 1919, vient démentir le bel optimisme de John Devoy.
41La guerre entre les deux clans éclate le 7 Février 1920. Le prétexte en est l'interview donnée par de Valera au correspondant de la "Westminster Gazette".
"Pourquoi, (suggère-t-il) la Grande Bretagne ne déclarerait-elle pas une sorte de doctrine Monroe pour les Iles Britanniques ; bien plus, pourquoi ne concluerait-elle pas un traité avec l'Irlande analogue au traité de 1901 entre les U.S.A. et Cuba, traité sous l'empire duquel Cuba garantissait qu'elle ne permettrait aucune atteinte à son indépendance résultant de l'octroi à une quelconque puissance étrangère d'un droit de contrôle sur quelque portion que ce soit de son territoire... Le peuple d'Irlande non seulement n'y verrait aucune objection, mais y coopèrerait de tout coeur"17.
42Aussitôt John Devoy prend la mouche. Dans le "Gaelic American", il déclenche une attaque en règle contre "le parallèle cubain". Il accuse de Valera d'avoir délibérément renoncé à promouvoir la République proclamée par Pearse et ratifiée par l'Assemblée irlandaise. Il lui reproche de diviser l'opinion et d'affaiblir la position diplomatique de l'Irlande vis à vis de la Grande Bretagne. Il a beau jeu enfin de souligner que l'amendement Platt ne confère qu'un simulacre d'indépendance à Cuba et qu'un régime analogue ferait virtuellement de l'Irlande un Protectorat Britannique.
43De Valera riposte maladroitement. Il accuse Devoy de caricaturer son propos. Accepter un article de l'amendement Platt ne signifie pas qu'il accepte tous les autres. Tout ce qu'il a voulu dire c'est qu'une Irlande indépendante accepterait de s'engager à ne pas servir de base d'attaque contre la Grande Bretagne.
44La querelle s'envenime à un point tel que de Valera éprouve le besoin d'envoyer un émissaire à Dublin pour répondre de sa bonne foi. Au sein du Cabinet, Plunkett, la comtesse Markievicz et Cathal Brugha ne se laissent pas facilement convaincre et ne dissimulent guère leur hostilité au "parallèle cubain". Griffith et Collins entrainent cependant leurs collègues et expriment leur totale confiance à de Valera.
45Aux Etats-Unis, le malaise est loin d'être dissipé. Le 19 Mars 1920, un meeting au Park Avenue Hôtel de New-York tourne à la foire d'empoigne. On s'invective avec une rare violence. On menace même d'en venir aux mains. Monseigneur Turner, évêque de Buffalo a toutes les peines du monde à rétablir la concorde entre clans rivaux.
46Cette rivalité inexpiable qui s'étale dorénavant au grand jour va réduire à néant les chances, déjà bien minces, de voir l'Irlande figurer aux programmes des Républicains et des Démocrates à l'élection présidentielle de 1920.
47Le 5 Juin 1920, le Juge Cohalan arrive à Chicago où se tient la Convention Républicaine. Il sait pertinemment qu'une résolution demandant la reconnaissance de la République irlandaise n'a aucune chance d'être reconnue ainsi que l'a prouvé le rejet du Mason Bill par le Comité des Affaires Etrangères de la Chambre des Représentants, le 27 Mai 1920. Il choisit donc de rédiger un projet de résolution "minimaliste" portant sur la simple reconnaissance du droit à l'autodétermination de l'Irlande. En dépit de nombreux avertissements, de Valera s'obstine et préconise un projet de résolution. Cohalan est approuvé en sous-comité par sept voix contre six. De Valera refuse de s'incliner, dénonce la formulation vague de la résolution Cohalan et intrigue tant et si bien que le Sénateur Watson, Président du Comité des Résolutions se ravise et change en abstention son vote en faveur de l'autodétermination de l'Irlande. A six voix contre six, la résolution Cohalan est abandonnée. Aucune référence à l'Irlande ne figurera dans le programme du Parti Républicain.
48Le 29 Juin, même scénario à San-Francisco pour la Convention du Parti Démocrate, à ceci près que le Juge Cohalan et ses amis, dégoûtés par le croc en jambe de Chicago, ont laissé le champ libre à de Valera. Comme il fallait s'y attendre, le parti Républicain s'étant lavé les mains de la Question d'Irlande, le Parti Démocrate en fait tout autant : la proposition de résolution "républicaine" proposée par de Valera est repoussée par 31 voix contre 17. La rivalité entre "Philadelphiens" et "New-Yorkais" a eu raison de l'initiative diplomatique qui était la principale raison d'être de la mission de de Valera aux U.S.A. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, que les divisions du mouvement nationaliste irlandais se soldent par un échec cuisant.
49Loin d'en tirer la leçon, les deux factions poussent à l'extrême leur querelle intestine. Les "Philadelphiens", soutenus par de Valera, essayent de susciter un rival au Clan-na-Gael de John Devoy. Peine perdue. Ils tentent alors de s'emparer des rênes de l'Association des Friends of Irish Freedom, mais le Juge Daniel Cohalan parvient à déjouer leur manoeuvre. Le 16 Novembre 1920, ils lancent enfin une nouvelle organisation, baptisée The American Association For The Recognition of The Irish Republic. Elle voit affluer les inscriptions et compte bientôt un demi-million de membres tandis que les Friends of Irish Freedom, minés par les défections, tombent à 20.000 membres.
50Lorsque de Valera se rembarque pour l'Irlande à la mi-Décembre 1920, il laisse le mouvement nationaliste américano-irlandais plus divisé et, propagande et collecte mises à part, plus impuissant que jamais.
51Il est temps de tirer les leçons de cette mission mouvementée.
2. LES LEÇONS DE LA MISSION
52Tentons d'abord de dresser le bilan.
1) Bilan
53Sur le plan financier, elle est un succès éclatant : le premier emprunt extérieur lancé sur le Dail Eireann en Janvier 1920 est suivi par 276.000 souscripteurs américains et rapporte 5.123.640 dollars. Le mérite en revient, pour une grande part, à l'action entreprise par de Valera et aux meetings présidés par lui aux quatre coins du continent nord-américain. Relevons cependant que la moitié seulement de cette somme parviendra en Irlande.
54Sur le plan de la propagande, le succès est là aussi indéniable. Liam Mellows faisait certes partie du clan des "Philadelphiens" mais on peut souscrire à ce jugement qu'il exprime dans une lettre du 29 Août 1922 écrite de la prison de Mountjoy :
"Aux U.S.A., de Valera a changé un peuple ignorant tantôt apathique et tantôt hostile en sympathisants sincères, et ce en moins de deux ans. Il a fait tant et si bien que le nom de l'Irlande est respecté là où il était méprisé, et que la cause irlandaise fait figure d'idéal alors même qu'elle était tenue pour charlatanisme politique"18.
55Ce capital de sympathie finira par peser d'un grand poids dans la décision de la Grande Bretagne de mettre fin à une campagne de répression impopulaire et du même coup préjudiciable au resserrement de ses relations diplomatiques avec la grande république anglo-saxonne d'outre-atlantique.
56Au passif, il convient d'imputer l'éclatement du mouvement nationaliste américano-irlandaise. Certes, ce mouvement était déjà divisé bien avant que de Valera n'apparaisse sur le devant de la scène. Une rupture était probable sinon certaine. Toujours est-il que les interventions du Président du Dail furent d'un apprenti sorcier plus que d'un pompier !
57Enfin, sur le plan diplomatique, force nous est de constater que l'échec de la mission est total. Sans doute la tâche était-elle ingrate, difficile, pour ne pas dire impossible. En 1918, à la suite de missions identiques, Thomas Masaryk et Igance Paderewski avaient obtenu du gouvernement américain la reconnaissance officielle de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, mais il s'agissait là de nations ayant appartenu à l'Empire Austro-Hongrois auquel l'Amérique venait de faire la guerre. L'Irlande, quant à elle, gravitait dans le giron d'une puissance alliée que Woodrow Wilson entendait ménager. Certes, mais en 1919 et 1920 c'est à peine si l'Angleterre est considérée comme une alliée. L'opinion américaine est devenue brusquement anglophobe et isolationniste. Elle ne veut pas entendre parler de Société des Nations. Aux élections présidentielles de 1920, les Démocrates Wilsoniens mordent la poussière. Un faux-pas de la Grande-Bretagne, un front uni des américano-irlandais, une formulation plus souple de la demande de reconnaissance, auraient peut-être permis d'aboutir à un meilleur résultat sur le plan diplomatique. Mais les Anglais adoptèrent dans toute cette affaire un "profil bas" qui servit admirablement leurs desseins. Quant aux Irlandais, en s'abandonnant à leurs démons familiers, ils offrirent le spectacle d'une communauté divisée, incertaine, immature. La politique du "Tout ou Rien" suivie par De Valera après l'échec de son fâcheux intermède cubain fut pour beaucoup dans la perte de crédibilité du lobby pro-irlandais aux U.S.A.
58Voilà pour ce qui est du bilan de la mission. Au chapitre des conséquences, j'en voudrais souligner trois, en sachant bien qu'on pourrait en dégager d'autres19.
2) Conséquences
59. Première conséquence et non des moindres : son périple américain contribue à forger le caractère du futur maître de l'Irlande. La journaliste française Simone Téry qui ne nourrissait guère de sentiments amènes à son endroit a bien vu que de Valera avait entre New-York et San-Francisco, mené à terme son apprentissage de la vie politique :
"Le voyage d'Amérique, qui peut être considéré comme le sommet de la carrière de de Valera, marqua sans doute profondément sur lui. Là il acheva son éducation politique, car il eût à évoluer entre les mille obstacles d'une nation aussi complexe que les Etats-Unis ; il apprit à devenir maître de sa parole comme de sa pensée, et à entraîner les foules. Mais aussi, lui qui pendant tant d'années avait travaillé et combattu au pays, et résolu là des problèmes pratiques, pendant un an et demi n'eût plus qu'à parler ; on peut croire qu'il perdit alors le sens des réalités, qu'il apprit à se nourrir de mots, à s'exalter d'un idéalisme sonore et vide, d'un mysticisme nébuleux, de ces généralités faciles et brillantes qui ont tant d'écho dans les âmes simples des foules, mais qui sont difficiles à réaliser dans les faits, à faire descendre des nuages sur la terre. Enfin peut-être M. de Valera adulé, adoré, accueilli partout en triomphateur, en héros, en apôtre, en martyr, célébré, loué, étourdi, acclamé comme seuls les exubérants Américains savent le faire, peut-être M. de Valera arriva-t-il à se considérer comme infaillible, à croire que seul il était digne de conduire une nation, à ne pas admettre les contradictions, à vouloir que tout plie devant sa volonté"20.
60• Deuxième conséquence. La tournée de De Valera annonce et préfigure la guerre civile. Le parallèle cubain, c'est déjà, d'une certaine manière, le compromis du Document No2 proposé comme alternative au Traité signé à Londres par Collins et Griffith. Le retrait sur des positions dures après que l'on eût de part et d'autre souligné les faiblesses de ces solutions de compromis, on l'observe déjà dans la conduite adoptée par de Valera à Chicago et San-Francisco lors des Conventions du Parti Républicain et du Parti Démocrate.
61La guerre civile, elle est aussi inscrite en filigrane dans le "split", la rupture en deux clans irréductibles de l'opinion nationaliste irlando-américaine.
62Alors qu'au pays, le Sinn Fein reste uni face à la campagne de terreur des Black and Tans, la querelle entre Américains de souche irlandaise dessine très exactement la ligne de fracture qui sera celle du nationalisme irlandais à la fin de 1921 et au début de 1922. L'approche progressive de Cohalan et Devoy annonce la "stepping stone policy" de Griffith et Collins ; le refus des républicains doctrinaires est déjà exprimé par Joe Mc Garrity, et, faute de mieux, par de Valera lui-même. Le grand débat irlandais de 1922 "The Republic versus the Free State", n'est que la grande première d'une pièce soigneuse répétée deux ans plus tôt sur le sol américain.
63En veut-on une preuve supplémentaire ? Lorsque la guerre civile éclate, les "Philadelphiens" passent comme un seul homme dans le camp de la République. Joe Mc Garrity soutiendra la cause de l'I.R.A. jusqu'à sa mort pendant la deuxième guerre mondiale. Harry Boland et LIam Mellows tomberont sous les balles des soldats de l'Etat Libre. A l'inverse, les "New Yorkais", Devoy et Cohalan en tête, rallieront le camp de l'Etat Libre. En 1924, le gouvernement Cosgrave réservera un accueil triomphal au vieux Fenian John Devoy.
64• Troisième conséquence ou plutôt dernière observation, et j'en ferai, si vous le permettez, ma conclusion. En 1984, comme en 1919, il y a une dimension "américaine" du problème irlandais. En soixante cinq ans elle a considérablement évolué, cela va sans dire. Il y a un gouvernement indépendant à Dublin. Les Etats-Unis sont signataires de la Charte des Nations Unies et siègent à l'O.N.U. Depuis la seconde guerre mondiale, l'Angleterre est la meilleure alliée de Washington. Mais on constate aussi certaines convergences. Il y a encore un problème irlandais qui mobilise la communauté irlando-américaine, forte aujourd'hui d'environ quarante millions d'âges. Elle est toujours aussi divisée. Héritière de l'intransigeance du clan des "Philadelphiens", l'association Noraid a été contrainte, au mois de Juillet 1981, de se faire enregister comme "agent de l'I.R.A.". Infiniment plus modéré et plus respectable, bien dans la tradition établie par le Juge Daniel Cohalan, le groupe des "Four Horsemen" - Edward Kennedy, David Moynihan, Hugh Carey, T.P. O'Neill - et les "Friends of Ireland Society" ne sont pas sans rappeler les Friends of Irish Freedom des années vingt.
65Il y a toujours autant de politiciens irlandais sur les rives du Potomac. De Valera n'était pas le premier. Il n'aura pas été le dernier. Ses successeurs ont toujours le même succès d'estime. La presse et l'opinion leur sont favorables. Mais du côté de la Maison Blanche, la prudence et la circonspection sont toujours de rigueur. En 1977, le Président Carter forme des voeux pieux pour qu'une "juste solution répondant aux aspirations des deux communautés nord-irlandaises" voit le jour rapidement, ; et dans l'éventualité d'un tel règlement, il laisse entendre qu'une aide financière massive pourrait être octroyée par les Etats-Unis. Cela ne va pas très loin. Même son de cloche en 1981, puis en 1983, du Président Ronald Reagan.
66James Downey a fort bien mis en relief les limites de l'action irlandaise sur le sol américain :
"La Grande Bretagne écrit-il, est la plus fidèle alliée des Etats-Unis en Europe (certains iraient même jusqu'à dire son plus dévoué satellite). Les dirigeants américains déplorent tout ce qui menace d'affecter cette alliance privilégiée ; la question irlandaise est une de ces sources d'irritation et l'Irlande a suffisamment d'amis en haut lieu pour que l'irritation soit constante. Mais si d'aventure Washington devait un jour choisir entre Londres et Dublin, les ministres et les fonctionnaires irlandais savent bien que la Grande Bretagne passerait la première"21.
67Michael Collins l'avait fort bien compris. Tandis que de Valera recevait, dans les cités du Nouveau Monde, un accueil délirant, il écrivait à Austin Stack, le 20 Juillet 1919 :
"Notre espoir est ici et doit le rester. Nous devons faire en sorte que les yeux ne se tournent pas vers Paris ou New-York comme substitut à Londres"22. L'histoire lui a donné raison. En 1919 la solution du problème ne pouvait venir de Paris ou New-York. En 1984, le règlement de la crise ulstérienne ne viendra pas de Washington, de New-York, de Moscou, de Bruxelles ou de Strasbourg, elle viendra de Dublin, de Londres et de Belfast.
Notes de bas de page
1 N. Mansergh: "Ireland: External Relations 1926-1939" in "The Years of the Great Test" edited by Francis Mac Manus, Cork, The Mercier Press, 1967, pp. 127-137.
2 Longford and O'Neill: "Eamon de Valera", London, Hutchinson, 1970, p. 48; O.D. Edwards and F. Pyle (Editors) "1916. The Easter Rising", London, MacGibbon and Kee, 1969, p. 162.
3 On traduit Priomh Aire tantôt par Président (Cf. Longford and O'Neill, opus cit. p. 91), tantôt par Premier Ministre (T. Ryle Dwyer "Eamon de Valera", Dublin, Gill and Macmillan, 1980, p. 20). Si l'on s'en tient aux fonctions exercées, et non au titre, c'est la deuxième version qui semble être la bonne. Le recueil officiel des débats du Dail Eireann parle d'ailleurs du "Président of the Ministry" à propos de la révision de l'article 2 (b) de la Constitution : cf. Dail Eireann "Minutes of Proceedings of the First Parliament of the Republic of Ireland 1919-1921", Dublin, Stationery Office, s.d., p. 34.
4 Conor Cruise O'Brien : "Neighbours", London, Faber, 1980, p. 58.
5 Francis M. Carroll : "American Opinion and the Irish Question 1910-1923", Dublin, Gill and Macmillan, 1978, p. 3.
6 Y.M. Goblet (Louis Tréguiz) "L'Irlande dans la Crise Universelle", Alcan, Paris, 1921, p. 123.
7 Ibid., p. 229.
8 Ibid., p. 320-321.
9 Texte français officiel reproduit intégralement dans Y.M.
10 Ibid., pp. 457-458.
11 Dermot Keagh "The Origins of the Irish Foreign Service in Europe, 1919-1922" in "Etudes irlandaises" No7, 1982, pp. 145-164.
12 Charles Callan Tansill : "America and the Fight For Irish Freedom 1866-1922", The Devin Adair, New-York, 1957, p. 189.
13 Ibid., p. 329.
14 Donal Mac Cartney : "De Valera's Mission To The United States 1919-1920" in "Studies in Irish History presented to R. Dudley Edwards edited by Art Cosgrove and Donal Mac Cartney, U.C.C., Dublin, 1979, pp. 304-323.
15 Charles Callan Tansill, op.cit., p. 333.
16 Donal Mac Cartney, op.cit., p. 311.
17 Charles Callan Tansill, opus cit., p. 359-361.
18 Cité par Dorothy Macardie "The Irish Republic", Dublin, Irish Press, 1951, p. 411.
19 Donal Mac Cartney en a développé plusieurs, du plus grand intérêt.
20 Simone Téry : "En Irlande. De la Guerre d'indépendance à la Guerre Civile (1914-1923)", Paris, Flammarion, 1923, p. 137.
21 James Downey, "Them and Us. Britain-Ireland and the Northern Question 1969-1982", Dublin, Ward River Press, 1983, p. 169.
22 Donal Mac Cartney, opus.cit., p. 320.
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