Les relations interraciales entre Hispaniques et Afro-Américains à Chicago : le cas de Lawndale
p. 81-107
Résumés
La question des relations raciales aux États-Unis a souvent été abordée sans se pencher sur le problème de la concentration dans l’espace. À Chicago, Hispaniques et Afro-Américains sont particulièrement touchés par la ségrégation, pour des raisons parfois similaires, souvent très différentes. Alors que ce phénomène a tendance à s’accentuer et que le nombre d’Hispaniques augmente, il semble inéluctable que ces deux communautés soient amenées à entrer en contact de plus en plus souvent.
Deux constatations s’imposent au vu des études effectuées ces dix dernières années : si les Afro-Américains souffrent un peu moins de la ségrégation qu’il y a dix ans, les Hispaniques suivent une tendance inverse. Comment réagissent deux communautés culturellement si différentes mises en présence par la ségrégation résidentielle ? C’est le cas dans les districts de South et North Lawndale, où Afro-Américains et Hispaniques sont exposés à une interaction grandissante : chaque groupe y perçoit l’autre comme une menace potentielle.
Ongoing and past debates about the importance of race in the United States have often overlooked the problem of residential segregation. In Chicago Afro-Americans and Hispanics are the victims of a sustained high level of segregation, but they are segregated against for similar as well as for very different reasons.
While segregation seems to worsen, and because the greatest growth of population during the 1980’s was concentrated in the Latino community, the two communities are likely to interact more in the future. Several studies in the last decade show two major patterns: while blacks experienced a significant drop in segregation, Latinos were moving the opposite direction. It is time to examine the impact of residential segregation on two communities destined to live in greater proximity to one another. This is particularly true for North and South Lawndale where Afro-Americans and Hispanics have to share space and institutions and where each group views each other as a potential threat.
Texte intégral
1Lorsque la Commission Kerner, réunie par Johnson après les émeutes raciales des années 1960, rendait son rapport en mars 19681, ses conclusions étaient que les États Unis allaient vers une société à deux vitesses, une société double, l’une noire, l’autre blanche, séparées et inégales (separate and unequal).
2L’une des raisons majeures à cet état de fait, identifiée par la Commission, était la ségrégation résidentielle. Le Rapport Kerner estimait que si rien n’était tenté en vue de favoriser l’intégration, la division en deux sociétés, l’une noire et pauvre concentrée dans les centres-villes, l’autre en majorité blanche et riche, habitant la zone suburbaine, deviendrait permanente. Il rejetait une approche qui se contenterait de traiter le problème du ghetto de l’extérieur.
3C’est pourtant ainsi que se soldèrent les discussions sur le sujet, avec le passage du Fair Housing Act en 1968, qui mettait un terme au débat sur la ségrégation résidentielle. De fait, par un curieux procédé d’anamorphose, la question des relations raciales a été abordée dans les années 1970 sous une multitude d’angles, sans quasiment jamais se pencher sur le problème de la concentration dans l’espace et ses conséquences sur la socialisation et l’intégration des minorités. Que persistence de la pauvreté et ségrégation raciale aillent de pair fut successivement analysé comme un processus culturel par le sociologue Oscar Lewis2, une conséquence des lois discriminatoires des années 1960 par les héritiers du mouvement des Droits Civiques, ou encore un processus économique par des libéraux tel W.J. Wilson3. C’est ce que Douglas Massey4 appelle « le chaînon manquant ».
4Toujours est-il qu’aujourd’hui un élément nouveau est venu se greffer à la question des relations raciales aux États-Unis : l’apparition d’une communauté presqu’aussi isolée de la communauté blanche que le sont les Afro-Américains dans une grande métropole telle que Chicago : la communauté hispanique.
5L’accumulation complexe de facteurs aux conséquences discriminantes, a abouti à la ghettoïsation et à la concentration dans des zones géographiques délimitées de Chicago, d’une partie de la communauté noire atteinte d’une pauvreté qui perdure.
6Les raisons de la ségrégation qui frappe la population hispanique de Chicago sont parfois similaires, souvent très différentes. Cependant les conséquences de cette forte isolation et concentration des deux « minorités » de la ville à la fois les plus nombreuses et les plus pauvres, en ont redessiné le paysage ethnique. Alors que la ségrégation raciale s’accentue, que le nombre d’Hispaniques augmente et que la concentration de la pauvreté devient de plus en plus forte dans un espace de plus en plus réduit, il semble inéluctable que ces deux communautés soient amenées à entrer en contact de plus en plus fréquemment, au propre comme au figuré quand il s’agit de partager des ressources et un pouvoir réduits.
7Je traiterai dans une première partie du paysage ethnique de Chicago et de la construction de la ségrégation dans cette ville des années 1950 à nos jours ainsi que des conséquences de cette ségrégation sur le paysage urbain actuel. Dans une deuxième partie, j’étudierai comment un tel paysage en mouvement contient des forces endogènes et exogènes qui tendent à faire vivre dans une proximité nouvelle des groupes jusqu’ici séparés.
8Que peut-il ressortir de ce nouvel aspect des relations inter-raciales aux États-Unis ? C’est la question que je me suis posée en m’appuyant notamment sur l’exemple des districts (community areas) de Lawndale nord et sud à Chicago, limitrophes l’un de l’autre, et abritant respectivement une forte concentration d’Afro-Américains et d’Hispaniques.
9En se basant sur le recensement de 1990 et les études menées par Pierre DeVise5 en 1991 et 1993, on s’aperçoit d’une part que l’index de ségrégation résidentielle a peu baissé depuis les années 1960 (86 aujourd’hui contre 90 alors), c’est-à-dire que 86 % des Afro-Américains et des blancs non hispaniques de la population de Chicago auraient à changer de quartier afin d’atteindre une hypothétique hétérogénéité raciale, si l’on voulait que chacun des 820 quartiers de la région métropolitaine de Chicago ait une proportion identique de 39 % d’Afro-Américains. De plus si l’on tient compte du fait que 3/4 des Afro-Américains de Chicago région métropolitaine vivent dans Chicago ville centrale, comme 65 % des Hispaniques contre 41 % seulement des blancs, on a une idée du degré de ségrégation qui frappe les deux premières communautés.
10D’autre part, en prenant pour référence la régionalisation des districts de Chicago en sept zones de mixage ethnique, chronologiquement distribuées, établie par Pierre DeVise en 19676 on se rend compte que la zone A (« 1960 ghetto zone ») a perdu 54 % de sa population depuis 1960 et que la population pauvre constitue 85 % de la population totale de la zone (contre 65 % en 1980).
11La différence de revenus entre Afro-Américains et blancs et entre Hispaniques et blancs a continué de se creuser tout au long des années 1980. Le revenu par tête des blancs à Chicago a augmenté de 16 % pendant la décennie (compte tenu de l’inflation), alors qu’il n’augmentait que d’1 % pour les Afro-Américains et baissait de 5 % pour les Hispaniques. Ces disparités s’accentuent lorsque l’on s’intéresse à la différence de revenus entre les zones les plus riches, en grande partie habitées par la communauté blanche non-hispanique (bordure nord du Lac) dont le revenu a augmenté de 53 %, et les zones les plus pauvres, afro-américaines et hispaniques en général, dont le revenu a baissé de 30 % dans le même temps.
12Que Chicago soit une ville de contrastes n’en fait pas un cas unique aux États-Unis mais Chicago a toujours poussé ses contrastes à l’extrême, et pour comprendre ceux qui forment le paysage urbain et ethnique du Chicago d’aujourd’hui, il faut se pencher à la fois sur l’histoire de la ville et son développement économique.
13Les périodes de croissance économique et de déclin ainsi que la législation au niveau national ont déterminé les périodes de forte immigration d’Afro-Américains, d’Européens et d’Hispaniques. Durant la première guerre mondiale, puis dans les années 1950, le boom économique de diverses industries entraînait le recrutement massif de Mexicains, d’Européens et d’Afro-Américains, qui s’établirent près de leur lieu de travail. Quand, vers le milieu des années 1950, le nombre d’emplois manufacturiers commença à décliner et les industries à se déplacer vers les banlieues, une grande partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanche suivit les emplois. Cependant que les plus pauvres et parmi eux une forte proportion d’Hispaniques et d’Afro-Américains restaient concentrés dans le centre ville faute de moyens.
14Alors que la population blanche de Chicago déclinait après 1950, les « minorités » augmentaient en valeur absolue et en proportion (de 13,6 % de la population totale en 1950 pour les Afro-Américains à 39 % en 1990 ; et de 3 % à 20 % entre 1960 et 1990 pour les Hispaniques). Du même coup pendant les années 1960 de nombreux quartiers blancs vécurent une complète transformation pour devenir des quartiers afro-américains, alors que la population blanche essaimait vers les banlieues.
15Les différentes périodes de croissance de la population noire à Chicago dues aux besoins en main-d’œuvre, alliées aux mesures de ségrégation posèrent souvent un problème de logement. Ainsi dans les années qui précédèrent la Grande Dépression, puis de 1930 à 1937, année de la création de la CHA (Chicago Housing Authority) en réponse au National Housing Act, les grands ensembles construits à cette période, ainsi que ceux construits après la Seconde Guerre Mondiale (dont Lawndale Gardens) adhéraient tous à la « règle de composition des quartiers » (Neighborhood Composition Rule) qui avait pour but avoué d’empêcher tout changement dans la composition raciale d’un quartier. C’est de cette façon que certains logements publics furent réservés aux blancs et d’autres aux noirs.
16Les décisions qui présidèrent au choix des emplacements des logements publics à Chicago, contribuèrent à isoler la population pauvre de la ville. Les membres du Conseil Municipal empêchèrent clairement la CHA de construire dans les quartiers blancs, et ce, malgré les Housing Acts de 1949 et 1954 dont les fonds fédéraux destinés à revaloriser les zones en déclin et à aider les populations les plus pauvres et les minorités ethniques, allèrent majoritairement au développement de projets non résidentiels. Ce qui fut appelé « projets de renouvellement urbain » eut pour effet de déplacer ces populations, forcées de quitter des habitations bon marché, sans prévoir leur relogement.
17Les minorités les plus pauvres se retrouvèrent concentrées dans des zones géographiques où la municipalité avait bien voulu laisser construire des logements à portée de leur bourse.
18Les secteurs publics et privés de l’immobilier sont responsables de la perduration d’un marché du logement à deux vitesses à Chicago. Et c’est précisément cette restriction d’une population noire à forte croissance démographique dans les années 1950 à un ghetto étroit qui produisit les tensions raciales des années 1960. Les petites annonces immobilières furent séparées jusqu’en 1951. Cette séparation fut remplacée à la fin des années 1960 par la mention « Sud », facilement identifiable avec le quartier noir. L’existence d’un marché immobilier à deux vitesses fut renforcée par le parti-pris de beaucoup d’urbanistes et de constructeurs immobiliers que le quartier idéal était un quartier racialement homogène7. Et ces mêmes constructeurs ne désiraient pas perdre une clientèle blanche potentielle en attirant une clientèle non-blanche dans un quartier donné.
19Les frontières de la communauté noire furent ainsi inévitablement repoussées plus à l’ouest et plus au sud, dans des quartiers adjacents selon un processus de resegrégation classique, alors que les blancs puis les Hispaniques fuyaient progressivement les zones réinvesties par les Afro-Américains, non sans passer par des périodes d’émeutes raciales et de guerilla comme à Lawndale en 1968.
20Bien entendu, et sur ce point je me référerai à Wilson8, il ne faut pas sous-estimer les effets du développement et de la discrimination économiques sur la dislocation sociale du ghetto urbain, en particulier à Chicago. Nous admettrons ici qu’un débat uniquement axé sur la déréliction économique des quartiers est réducteur. Malheureusement le lien entre ségrégation par les revenus et ségrégation d’une population plus ou moins ouvertement jugée comme « indésirable » n’est pas nouveau. Wilson fait la différence entre une discrimination historique — c’est-à-dire avant la première moitié du XXe siècle, et celle qui suivit cette période, essentiellement économique, due à l’arrivée en masse après les années 1950 de travailleurs noirs et hispaniques, issus d’un contexte rural, dans une économie urbaine et sur un marché du travail protégé.
21Wilson fait aussi la différence entre la discrimination et la ségrégation qui touchent les Afro-Américains, et celle qui touche les autres groupes ethniques, comme les Asiatiques et la nouvelle immigration européenne. Selon lui, l’une des raisons qui expliquent le retard économique et la ségrégation de la communauté noire, plus élevées que chez les autres groupes ethniques, est que la politique d’immigration américaine a souvent réduit par le biais de quotas le nombre de ses immigrants. Le résultat fut de provoquer une immigration discontinue et facilement assimilable, alors qu’aucune loi ne vint s’opposer à la migration en grand nombre pendant des décennies des Noirs dans les grandes villes du Nord. Ces derniers présentaient ainsi l’avantage d’être une alternative à la discrimination contre Européens ou Asiatiques.
22Les Hispaniques ont ceci de commun avec les Afro-Américains qu’ils immigrèrent en nombre élevé vers les zones urbaines à partir des années 1950. Ceci allié à un fort taux de fécondité leur permit d’être rapidement et largement représentés dans les grandes villes.
23Dans les années 1970, — bien que la population hispanique soit très diverse dans sa composition et ses statuts économiques — elle fut souvent assimilée à un seul groupe ethnique du fait de sa langue commune. Ainsi, la croissance rapide de la population urbaine hispanique, alliée à une tendance inverse pendant la même période chez les Afro-Américains, contribua à une sorte de report de discrimination d’un groupe sur l’autre. Alors que le taux de chômage, la criminalité, les grossesses hors mariage et chez les adolescentes, les foyers à autorité parentale unique et la dépendance vis-à-vis de l’aide sociale baissaient chez les Afro-Américains, ils augmentaient chez les Hispaniques. Parallèlement, devenant plus visibles, ces derniers devenaient les victimes d’une plus grande hostilité.
24Pourtant il faut noter que les Hispaniques ne sont pas le seul groupe ethnique à forte croissance démographique pendant cette période. Selon le Bureau du Recensement, les Asiatiques étaient alors le groupe à plus forte croissance.
25Outre le nombre, un autre élément rapproche les communautés noire et hispanique : leur âge. Dans les années 1970 ce sont deux communautés relativement jeunes. La migration des Afro-Américains vers les grands centres urbains, le flot continu de nouveaux arrivants pauvres a contribué à conserver une moyenne d’âge peu élevée chez les Afro-Américains. Or plus la moyenne d’âge d’un groupe est élevée, plus l’est également sa représentation sur l’échelle sociale. Il semble alors logique qu’Afro-Américains et Hispaniques, plus jeunes en moyenne que les blancs, aient aussi tendance à avoir un taux de chômage et de criminalité plus élevés (1977 : moyenne d’âge des blancs 30,3 /Afro-Américains : 23,9 /Hispaniques : 21,8). Et selon les statistiques du Bureau de Recensement, la jeunesse n’est pas seulement facteur de criminalité, elle est aussi associée aux naissances hors mariage, aux foyers à autorité parentale unique et à la dépendance vis-à-vis de l’aide sociale.
26Enfin, cette explosion démographique est survenue, comme le fait remarquer Wilson, à une période de changements économiques importants qui devaient mettre en difficulté les individus les moins qualifiés. (On rappellera le passage d’une industrie manufacturière à une industrie de services, les innovations technologiques, la redistribution des industries hors des centres-villes).
27Le marché immobilier à deux vitesses persiste aussi dans les années 1970 grâce à la pratique du « redlining », c’est-à-dire le refus systématique de prêts immobiliers à certaines communautés de la part des banques et organismes de crédit, qui contraint à acheter comptant, ou grâce à des programmes de prêt garantis par le gouvernement (FHA).
28Ces deux approches (discrimination et impact des changements économiques), sans doute complémentaires, contribuent donc à expliquer la concentration des deux communautés noire et hispanique dans l’espace urbain. L’accumulation des discriminations, l’auto-ségrégation en ce qui concerne le Hispaniques dans une certaine mesure et pour des raisons évidentes de culture et de langue (et parfois d’illégalité de leur statut), la jeunesse et le nombre ainsi que les changements économiques et l’impossibilité d’accéder aux emplois les mieux rémunérés, la fuite de la classe moyenne hors du ghetto ont contribué à forger puis à concentrer la pauvreté chez ces deux communautés.
29Or c’est un phénomène qui persiste dans les années 1980 et dont la durée ajoute des effets pervers à ses effets désocialisants. À la fin des années 1970 se dessine un certain archétype de la minorité pauvre. Emprisonnée dans un cycle fait de chômage, d’illétrisme, de dépendance et de comportement décalé, il ne restait plus qu’à lui donner un nom pour la stigmatiser définitivement et la diaboliser : celui de « sous-classe urbaine » (« urban underclass »)9. Institutionnalisée de la sorte, enfermée dans une ségrégation dont le schéma se répète sans fin et bientôt expliquée par les conservateurs10 par le concept de culture de la pauvreté, la minorité pauvre de Chicago avait effectivement peu de chances de voir sa situation s’améliorer dans les années qui suivirent.
30Deux constatations s’imposent au vu du recensement de 1990 et des études menées sur la ségrégation et le paysage ethnique de Chicago dans les années 1980 à 1990 :
- Les Afro-Américains souffrent toujours d’une très forte ségrégation dans la ville et il y a eu peu de changement à ce niveau depuis 1980.
- Les Hispaniques de Chicago région métropolitaine sont fortement séparés des blancs et il n’y a eu aucun progrès depuis 1980.
31Les études11 sur le recensement de 1980 avaient déjà montré que Chicago était l’une des quelques grandes métropoles américaines à souffrir d’« hyperségrégation ». La première mesure statistique à comparer les 50 plus grandes métropoles en 199012, mesurait la proportion d’Afro-Américains vivant dans des zones à forte ségrégation (90 % à 100 % de résidents noirs). A Chicago, 71 % de la population noire vit dans de telles zones. Même si cela constitue un progrès par rapport à 1980 (80 %), cela place encore Chicago au premier rang des 50 autres grandes métropoles étudiées13.
32L’outil statistique le plus communément utilisé pour mesurer la ségrégation est l’index de dissimilarité (« dissimilarity index »). Il devrait être de 100 si la ségrégation était absolue, et de 0 si les 39 % d’Afro-Américains ou les 20 % d’Hispaniques de Chicago étaient répartis régulièrement dans la ville. En 1980 il était de 93,1 entre noirs et blancs ; il est encore de 90,6 en 199014.
33La plus forte croissance démographique durant les années 1980 fut celle des Hispaniques. Chicago région métropolitaine est passée de 8,3 % d’Hispaniques à 11,5 % en 1990 et Chicago ville centrale à 19,6 %. En 1980 l’index de dissimilarité entre Hispaniques et blancs était de 70,2 pour Chicago Metropolitain. Et s’il a baissé pour les Afro-Américains au cours de la décennie, il a légèrement augmenté pour les Hispaniques : 70,7 en 199015.
34Une autre mesure statistique, l’index d’exposition (« exposure ») permet d’identifier le pourcentage de blancs vivant dans des groupes d’immeubles (blocs) occupés par des Afro-Américains. En 1980 l’Afro-Américain type habite un groupe d’immeubles à 8,7 % blanc. Dix ans plus tard ce pourcentage a modestement augmenté pour atteindre 12,0 %.
35À cause du plus grand nombre d’Afro-Américains, l’isolement n’a pas de retombées aussi marquées sur cet index pour les Hispaniques. L’Hispanique citadin type vivait en 1980 dans un groupe d’immeubles à 36 % blanc, mais seulement à 30 % en 1990. Ce qui tend à montrer que si les Afro-Américains de Chicago région métropolitaine souffrent un peu moins de la ségrégation qu’il y a dix ans, les Hispaniques suivent une tendance inverse16. À noter également que l’index de dissimilarité Afro-Américains/Hispaniques pour Chicago ville centrale était de 88,49 en 199017.
36La ségrégation résidentielle n’est pas un facteur neutre. Elle coïncide singulièrement avec la concentration de la pauvreté. Pour les Afro-Américains, la ségrégation résidentielle est synonyme d’un environnement social où pauvreté et chômage sont la norme, où une majorité d’enfants naissent hors mariage, où la plupart des familles sont dépendantes de l’aide sociale (par ailleurs fortement réduite depuis les années 1970, puisque 50 % seulement des ayant-droits reçoivent cette aide), où l’échec scolaire prévaut.
37C’est après avoir été longtemps exposés à un tel environnement que les chances de succès économique et social des Afro-Américains ont été sensiblement amputées. Les quartiers hispaniques de Chicago n’ont pour le moment pas encore atteint un tel degré de détérioration physique et sociale. Cependant si la ségrégation — qui semble persister et s’aggraver ces dernières années — concentre effectivement la pauvreté et rassemble les conditions requises pour construire une spirale auto-alimentée conduisant au déclin économique et social comme le démontre Massey ; que va-t-il advenir de cette communauté ethnique à Chicago ? Lorsque la dislocation de l’environnement économique prive un groupe touché par la ségrégation d’opportunités d’emploi et diminue son revenu moyen, la misère économique se concentre inévitablement là où ce groupe réside. Les conséquences sociales dramatiques qui s’ensuivent sont également concentrées au même endroit, créant ainsi des environnements désavantagés qui deviennent progressivement isolés du reste de la société.
38Il devient alors intéressant de se demander comment réagissent deux (et non plus une) communautés touchées par ces deux fléaux que sont ségrégation résidentielle et pauvreté, mais pour des raisons, à des époques et sur des durées différentes lorsque cette concentration de la pauvreté en zones isolées les met en présence. Quels sont les éléments endogènes qui président aux relations bonnes ou mauvaises entre les deux communautés ?
39Les Hispaniques ont d’abord eu tendance à s’établir dans des zones distinctes et dispersées de Chicago plutôt que de rester concentrés dans une large zone comme l’avait fait la population noire, contrainte dans une large mesure par les politiques de logement ségrégationnistes. L’immigration mexicaine a réellement débuté à Chicago au moment de la Première Guerre Mondiale. Dès les années 1950 trois zones distinctes pouvaient être distinguées. La première autour des usines sidérurgiques à la pointe sud-est de Chicago, et dans le nord-ouest de l’Indiana. Cette région est aujourd’hui peuplée à 30 % d’Hispaniques à prédominance mexicaine. La seconde, qui regroupe « Pilsen » et « Little Village » (Lawndale sud), à l’ouest du centre ville ou Loop de Chicago, abrite environ 1/3 de la population mexicaine de la ville. Quant à la zone un peu plus au nord et à l’ouest du Loop, elle englobe une partie des districts (Community areas) de West Town, Humboldt Park et Logan Square, et abrite également un tiers de la population hispanique de la ville, en grande partie des Porto-Ricains et des Mexicains.
40Ajoutons deux zones plus récentes : Back of the Yards (sud-ouest de Chicago) à 31 % hispanique de même que les districts de Lakeview, Uptown et Edgewater, en bordure nord du Lac18. Assez peu de familles hispaniques habitent les logements publics, même si 1/4 de cette population vit sous le seuil de pauvreté. Le géographe Gerald Wiliam Ropka19 a suggéré que les Hispaniques étaient réticents à abandonner une zone où ils contrôlent entrées et sorties, et plus réticents encore à être une minorité au sein de l’immense espace géographiquement délimité du système de logement public. De plus, jusqu’à aujourd’hui, les Hispaniques ont tendance à bouder les zones où s’installent les Afro-Américains. Et on a vu que la politique de logement public à Chicago avait largement contribué à concentrer ces logements dans les quartiers traditionnellement noirs.
41Récemment cependant, les communautés noire et hispanique ont eu tendance à vivre, sinon ensemble, du moins dans une plus grande proximité, ainsi que le suggère Squires20. Les quartiers hispaniques servent de plus en plus de zones « tampon » entre quartiers blancs et quartiers noirs. Parce que Chicago est et a toujours été une ville de « quartiers » dont les frontières sont clairement marquées dans l’inconscient collectif, ces quartiers ont été identifiés avec leurs habitants. La protection des frontières de ces quartiers est l’une des préoccupations majeures de beaucoup de communautés, soit par souci de protection contre une trop grande intégration, soit par auto-ségrégation.
42Les Hispaniques ont été les premiers à s’intégrer à des quartiers entièrement blancs et en même temps les derniers à quitter ces mêmes quartiers lorsque ceux-ci étaient soumis à la re-ségrégation quelques années plus tard et que l’arrivée des Afro-Américains occasionnait la fuite des blancs vers les banlieues. Entre temps les blancs les ont considérés comme des « pseudo-noirs » et les Afro-Américains comme une certaine catégorie de blancs.
43Il existe donc en général aujourd’hui trois grands quartiers hispaniques :
- Near North-West side
- Near South West side
- South West side
44Le near South West side est constitué de huit « community areas » ou districts incluant Pilsen et Little Village, dont 78 % des résidents sont hispaniques et presque tous mexicains. Moins d’un tiers des résidents sont blancs et les Afro-Américains représentent 13 % de la population. Ce quartier jouxte un quartier à plus de 95 % noir : North Lawndale.
45South Lawndale ou Little Village est habité par une classe ouvrière en grande partie vivant dans des habitations vétustes. La valeur immobilière y est d’environ un tiers inférieure à celle du Near North West side, et une différence de 19 % y sépare le revenu moyen par tête des Hispaniques et des blancs21. Mais c’est aussi un quartier fier de sa culture locale, aux nombreux murs peints sur la 26e rue.
46North Lawndale, plus communément appelé Lawndale, est séparé de South Lawndale, Little Village, par Cermak Road. C’est l’archétype du ghetto noir urbain. Autrefois quartier juif, les Afro-Américains commencèrent de s’y installer dans les années 1940-1950. Au même moment, les grandes compagnies situées dans le quartier ou tout près22 fermèrent leurs portes ou réduisirent leur embauche. Les entreprises plus petites furent chassées par la pratique du « redlining ». Tout reste de stabilité économique disparut après 1968. Les émeutes qui suivirent l’assassinat de Martin Luther King ravagèrent le West side, y compris Lawndale ; et les cicatrices sont encore visibles. Des terrains vagues (« Prairies » dans le vernaculaire local) bordent des rues entières. Les immeubles qui restent sont souvent insalubres (8 % seulement du parc immobilier est salubre). Les seuls commerces sont des débits de boissons, des fast-foods, et des points de vente de la loterie, qui offrent une gratification immédiate à une communauté privée de tout espoir de gratification à long terme. Le 24e district est également un quartier humainement détruit par le chômage, l’alcoolisme, le trafic de drogue et la criminalité en tous genres. La partie délimitée par l’ouest de Pulaski et le sud de Roosevelt est appelée « K Town », l’un des centres de rassemblement de gangs de la ville.
47Il est difficile en comparant ces deux enclaves de pauvreté si différentes et cependant souffrant toutes deux d’un fort taux de ségrégation, d’adhérer à l’explication culturelle23 qui insiste sur l’instabilité familiale, la sexualité précoce, l’union libre et l’abandon des enfants par leurs mères, ne serait-ce qu’en considérant l’importance de la structure familiale au sein de la communauté hispanique. De plus les Hispaniques ont moins tendance à dépendre de l’aide de l’État.
48Les confrontations directes entre les deux communautés sont rares. Pourtant c’est le cas dans le domaine de l’éducation. En 1989 un membre hispanique du Chicago’s Board of Education accusait ses cinq collègues noirs d’imposer un « apartheid » aux enfants hispaniques en votant des mesures qui favorisaient l’accueil d’un plus grand nombre d’enfants noirs dans les écoles publiques. D’autre part certains leaders de la communauté noire reprochent aux Hispaniques de bénéficier d’un traitement de faveur de la part de la municipalité et d’une part disproportionnée des fonds publics. Il est tristement ironique de constater la dérisoire importance de la part du rêve américain pour laquelle se battent ces deux communautés.
49Un espoir de coalition entre les deux groupes les plus démunis est apparu en 1983 avec l’élection du premier maire noir de Chicago, Harold Washington. Les Hispaniques représentaient et représentent toujours un électorat à courtiser. Jusque là ignorés de la Machine politique blanche de la ville, Mexicains et Hispaniques se joignirent aux Afro-Américains pour former la « coalition brune et noir »24 et élire Washington. Malheureusement la récolte des fruits du pouvoir politique n’est pas venue assez tôt pour satisfaire les attentes grandissantes des Hispaniques. La ségrégation résidentielle élevée entre les Afro-Américains et les Hispaniques malgré une certaine proximité, et des intérêts souvent communs, empêchèrent les ressources allouées aux districts noirs d’avoir des retombées pour les Mexicains-Américains ou les Porto-Ricains. Ainsi, à la mort de Washington, les Hispaniques s’éloignèrent des politiciens noirs pour former une nouvelle coalition avec les politiciens blancs devenus plus réceptifs depuis leur échec.
50Latinos et blancs d’origine européenne constituèrent la majorité nécessaire pour élire un nouveau maire blanc, Richard M. Daley, fils du Daley qui avait régné sur la ville pendant plus de vingt ans.
51Durant le mandat de Washington, leaders noirs et hispaniques avaient tenté de rassembler leurs deux communautés en mettant intentionnellement de côté les sujets qui pouvaient diviser les deux groupes, et en mettant l’accent sur la prise de pouvoir politique (quatre districts obtinrent de cette façon un « alderman » hispanique). Ceci illustre tristement la double tendance actuelle vis-à-vis de l’exclusion : d’une part la politisation du problème (évidente dans les revendications et l’accès à la représentation politique et des Hispaniques), d’autre part l’abandon institutionnel de ces quartiers où l’exclusion n’est plus alors considérée que comme un problème annexe, inhérent à la pauvreté et difficilement réductible.
52Mais aujourd’hui le Viaduc qui sépare le West side noir du West side mexicain est plus que jamais un symbole de division. Même si la géographie les met chaque jour en contact, Afro-Américains et Hispaniques de ces districts vivent dans deux mondes séparés. A Lawndale et Little Village, c’est dans les établissement scolaires que se résume le mieux l’échec des relations entre Hispaniques et Afro-Américains. À preuve l’explosion de violence à Farragut High School en novembre 1991, au cours de laquelle 13 élèves et un enseignant furent blessés après une émeute entre gangs noirs et hispaniques. Quatre gangs différents25 sont représentés dans l’établissement. De plus la tension est grande dans cette école entre les 70 % d’Hispaniques et les 30 % d’Afro-Américains qui en constituent toute la population étudiante. La police a depuis lors installé des détecteurs de métal et des tournées d’inspection, en vain. Les murs sont recouverts de graffitis, symboles des gangs hispaniques qui font la loi à Little Village, et Farragut est située en bordure de Lawndale où les gangs noirs sont maîtres. Les étudiants noirs doivent traverser quotidiennement Cermak Road pour se rendre à Farragut. Élèves et parents d’élèves vont parfois jusqu’à regretter une complète ségrégation des établissements scolaires afin d’éviter les conflits raciaux. Le simple fait que le Principal de l’école soit noir pose problème au sein des conseils d’établissements essentiellement hispaniques du quartier ainsi que parmi le corps enseignant.
53Farragut High School, fondée en 1894, a d’abord été fréquentée uniquement par des blancs avant que les Afro-Américains ne s’installent dans le quartier au début des années 1970. Elle est devenue essentiellement hispanique lorsqu’un lycée voisin a fermé ses portes en 1980.
54À chaque « bloc » sur la 18e rue, correspond un gang différent, selon le témoignage de Rich Mancha, officier de police détaché durant cinq ans auprès d’une unité spécialisée dans les gangs. Ces gangs recrutent très tôt, dès l’école primaire26. Les conflits entre gangs noirs et hispaniques ont pour origine le trafic de drogue (la « Raza » = héroïne), ou tout autre pratique du « Hustling »27, ou la simple vengeance (dont ils ont souvent oublié le motif depuis très longtemps) ; mais surtout les zones d’influence, dont le meilleur exemple est sans doute le Viaduc entre les deux West sides. Il est quasiment impossible pour un élève qui doit traverser ces zones d’influence afin de se rendre à son établissement scolaire, de le faire sans la protection des gangs, dont ils finissent un jour ou l’autre par faire partie.
55Le problème de la violence et des gangs dans de tels quartiers ne peut qu’hypothéquer les relations interraciales. Face à sa persistance, les habitants d’un même quartier en viennent à se méfier de leurs voisins et à les regarder comme une menace plutôt que comme une assistance potentielle. Ils modifient leur comportement et restent chez eux réduisant le temps passé dans les rues et les contacts hors contexte familial. Ce retrait ne fait que permettre une plus grande désorganisation sociale en diminuant la capacité d’une communauté à agir collectivement, et les processus de contrôle informels de la stabilité sociale d’un quartier.
56Parce que la pauvreté des minorités est associée à Chicago à un système éducatif en déclin, la ségrégation dont souffrent Hispaniques et Afro-Américains, concentre également les risques d’échec scolaire. En d’autres termes, la concentration d’écoles publiques, dans des zones de ségrégation raciale renforce et exacerbe les effets de l’isolation sociale dans les quartiers. En isolant des enfants en situation d’échec scolaire dans certaines écoles on crée un contexte social au sein duquel les performances scolaires médiocres prédominent.
57Pour conclure sur quelques faits frappants, j’aimerais revenir sur la réalité des districts de Lawndale sud et nord qui forment un des quartiers de Chicago où Afro-Américains et Hispaniques sont exposés à une interaction grandissante. Les membres de ces deux communautés doivent y partager un espace de vie, des aires de loisir et des commerces, des lieux de culte, des écoles et d’autres institutions. Cela ne va pas sans tensions, la plupart des membres de chaque groupe ne semblent pas être prêts à faire face à la réalité du changement que subit le paysage ethnique de leur quartier. Chaque groupe perçoit l’autre comme une menace potentielle, un concurrent dans la course à l’acquisition de ressources et de services déjà rares. Dans un tel scénario le potentiel de conflits est grand. Chaque communauté prend le risque de voir s’accroître son isolation car la résistance au changement est toujours là. La compétition pour le contrôle des institutions de la communauté devient la norme, diminuant les chances de chaque groupe d’obtenir des services collectifs de base plus efficaces, dans un environnement où il est impossible de compter sur l’aide extérieure des politiques et de la ville qui décident pourtant du sort de ces quartiers sans chercher à en comprendre le fonctionnement et les besoins. Ces tensions entre Hispaniques et Afro-Américains à Lawndale sont le symptôme de cet abandon ou de cette stigmatisation en même temps que de l’affranchissement politique et économique de la communauté hispanique. Afro-Américains et Hispaniques sont deux communautés qui ont souffert de ségrégation et d’exclusion à Chicago et qui doivent aujourd’hui partager d’une part cette ségrégation et d’autre part des ressources et un marché de l’emploi réduits par l’isolement et la récession économique. Si la communauté hispanique continue à croître au rythme qui est le sien actuellement et à souffrir de ségrégation, le besoin de partage des institutions et des services avec la communauté afro-américaine, ira grandissant. De la coalition, ou du conflit entre ces deux groupes, mais également de leur intégration dépendent aujourd’hui l’avenir des relations interraciales à Chicago, son avenir économique, ainsi que le renouveau et la réhabilitation/réintégration du paysage urbain et des quartiers ghéttoïsés de la ville.
Annexe

Carte 1 : “Chicago Community Areas”

Carte 2 : “Chicago Wards”

Carte 3 : “Chicago Seven Racial Zones”.
Source : Pierre De Vise, “Chicago Widening Color Gap”, Chicago Regional Inventory Working Paper, Chicago, Roosevelt University, 1967.

Carte 4 : “Chicago’s 50 Wealthiest Neighborhoods”

Carte 5 : “Chicago’s 15 Poorest Neighborhoods”

Carte 6 : “Chicago’s Mexican Settlements (1945)”

Carte 7 : “Chicago’s growth of Afro-American Population”

Carte 8 : “Chicago Areas with more lhan 50 % Afro-American or Hispanic Populations”
Notes de bas de page
1 U.S. National Advisory Commission on Civil Disorders, The Kerner Report (New York: Pantheon Books, 1988), p. 1.
2 Oscar Lewis, La Vida: A Puerto Rican Family in the Culture of Poverty-San Juan and New York (New York: Random House, 1965); «The Culture of Poverty», Scientific American 215 (1966): 19-25; «The Culture of Poverty» in Daniel P. Moynihan, ed., On Understanding Poverty: Perspectives from the Social Sciences (New York: Basic Books, 1968), pp. 187-220.
3 William Julius Wilson, The Declining Significance of Race: Blacks and Changing American Institutions (Chicago: University of Chicago Press, 1978). The Truly Disadvantaged: The Inner City, The Underclass and Public Policy (Chicago: University of Chicago Press, 1987) pp. 1-108.
4 Douglas S. Massey & Nancy A. Denton, American Apartheid, Segregation and the Making of the Underclass, (Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, 1993) pp. 1-16.
5 Pierre DeVise « Black Flight and the Wasting of Chicago’s ghettos : Shifts in Black Population and the Spread of Poverty in Chicago and its Suburbs : 1980 to 1990 » Chicago Regional Inventory, Working Paper No II. 99 (Chicago, Roosevelt University, April 1991, 18p.). « Chicago’s Spreading Gold Coast and Shrinking Ghetto : Shifts in the Chicago Area’s Geography of Wealth and Poverty, 1980 to 1990 » Chicago Regional Inventory Working Paper No II. 103 (Chicago, Roosevelt University, janvier 1993, 14p.)
6 Pierre DeVise « Chicago’s Widening Color Gap » Chicago Regional Inventory Working Paper (Chicago, Roosevelt University, 1967).
7 Voir à ce propos, jusqu’en 1950, le Code d’Éthique de l’Association Nationale des Assemblées Immobilières (National Association of Real Estate Boards), qui précisait que les constructeurs ne devaient en aucun cas altérer la composition raciale d’un quartier en y attirant les membres d’une ethnie ou d’une nationalité particulière, dont la présence aurait pu dévaluer le parc immobilier.
8 op. cit.
9 À propos de l’existence d’une « underclass » aux États-Unis, voir Merk A. Hughes, « Concentrated Deviance or Isolated Deprivation ? The “Underclass” Idea Reconsidered », Woodrow Wilson School of Public and International Affairs, Princeton University, 1988 ; Christopher Jencks, « Is the American Underclass Growing ? » in Christopher Jencks et Paul E. Peterson, eds., The Urban Underclass (Washington, DC. : Brookings Institution, 1991), pp. 3-27 ; Frank Levy, « How Big Is the American Underclass ? » Urban Institute Washington DC., 1977 ; Ronald Mincey, « Is There a White Underclass ? » Urban Institute, Washington DC., 1988 ; Robert D.Reischauer, « The Size and Characteristics of the Underclass », article présenté à la Conférence de l’APPAM, Bethesda, Md., 1987 ; Errol R. Ricketts et Isabel V. Sawhill, « Defining and Measuring the Underclass », Journal of Policy Analysis and Management 7 (1988) : 316-25 ; Patricia Ruggles et William P. Marton, « Measuring the Size and Characteristics of the Underclass : How Much Do We Know ? » Urban Institute, Washington DC., 1986 ; Douglas G. Glasgow, The Black Underclass : Poverty, Unemploymenl and the Entrapment of Ghetto Youth (New York Vintage, 1980).
10 Edward C. Banfield, The Unheavenly City (Boston, Little, Brown, 1970).
11 Douglas S. Massey, op. cit.
12 Publiée par le Miami Herald le 9 avril 1991.
13 Saint Louis, Cleveland et Detroit sont les seules autres avec plus de 60 %.
14 Gary Orfield, « Residential Segregation and the 1990 Census » Chicago Urban League, Metropolitan Chicago Census Analysis Project (Chicago, Chicago Urban League, Report No 1, 10 avril 1991, 14 p.).
15 Ibid.
16 Ibid.
17 Ibid.
18 Richard Lindberg, Ethnic Chicago (Chicago, Passport Books, a division of NTC Publishing Group, Illinois USA). Recensements de 1980 et 1990.
19 The Evolving Residential Pattern of the Mexican, Porto Rican and Cuban Populations in the City of Chicago, New York, Arno Press, 1980, pp. 125-126.
20 Race. Class and the Response to Urban Decline, 1987.
21 Le quartier s’étend de Ogden Av. à Cermak Road au nord, jusqu’à Marshall Bd, California et Kedzie à l’est, le Stevenson Expressway au sud et les limites de la ville à l’ouest.
22 Sears Roebuck, International Harvester, Western Electric.
23 La théorie d’une culture de la pauvreté, développée par Oscar Lewis puis reprise en 1965 par le sociologue et assistant au Secrétaire d’Etat Daniel Patrick Moynihan, op. cit.
24 « Black-Brown Coalition ».
25 Traveller Vice Lords, Conservative Vice Lords, Unknown Vice Lords et Disciples.
26 Voir à ce sujet Felix Padilla, Gangs as an American Enterprise (New Brunswick, New Jersey, Rutgers University Press, 1992, 198 p.).
27 Voir Loïc J.D. Wacquant, « The Zone, Le métier de “husler” dans un ghetto noir américain », Actes de la Recherche en Sciences sociales no 93, juin 1992, pp. 39-59 ; B. Valentine, Hustling and Other Hard Work : Lifestyles in the Ghetto, (New York, Free Press, 1978).
Auteur
Doctorante, Centre d’Études Canadiennes de l’Université de Paris III.
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