Église et société : l'ordination des femmes à la prêtrise
p. 119-145
Texte intégral
1L'Église d'Angleterre - parce qu'elle est établie - jouit d'une situation tout à fait particulière au sein de la société britannique. Tout changement important la concernant - même s'il a été adopté par son organe représentatif, le Synode général, - doit nécessairement être entériné par le Parlement. Le dernier rapport du Groupe des Archevêques sur l'Épiscopat souligne ainsi :
... grâce à une relation très étroite avec la Couronne et le Parlement ainsi qu'avec les leaders de la vie nationale ; grâce à des liens juridiques et historiques, publics et personnels, spécifiques et sentimentaux, l'Église d'Angleterre continue d'avoir une relation privilégiée avec le peuple d'Angleterre.1
2L’étroitesse des liens entre Église et État ne va pas sans créer quelques difficultés pour l'Église d'Angleterre qui a du mal à résister aux pressions séculières. Ainsi en va-t-il du mouvement pour l'égalité des sexes. Depuis que les femmes accèdent aux échelons les plus élevés de la société (professions libérales, vie politique...), et que l'État a changé la législation en leur faveur, l'Église d'Angleterre a subi des pressions pour leur ouvrir plus largement ses portes.
3Cette dynamique féminine a provoqué de profonds changements dans la vie politique, sociale et économique du pays. Les femmes ont depuis 1928 le droit de vote au même titre que les hommes. Dans le domaine social et économique, l'État a pris le parti, dans les années 1970, de mener une politique d'égalité des sexes notamment avec les lois sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act 1970) et sur la discrimination sexuelle (Sex Discrimination Act 1975, puis 1984). Pourtant, bien que la loi de 1975 ait pour but de promouvoir "l'égalité des chances entre hommes et femmes", on trouve dans sa deuxième partie sur "La discrimination dans le domaine de l'emploi" que "rien dans cette partie ne s'applique à l'emploi dans une association religieuse où l'emploi est limité à un seul sexe afin d'être en accord avec les doctrines de la religion et d'éviter d'offenser les susceptibilités religieuses de ses fidèles2 ". Bien qu'il soit clair que l'État n'entende pas entrer dans un débat qui secoue l'Église d'Angleterre plus particulièrement depuis les années soixante, le mouvement féministe séculier semble bien avoir eu un impact dans le domaine religieux. Brian Heeney a d'ailleurs montré que le premier mouvement en faveur de l'ordination des femmes à la prêtrise s'est développé parallèlement aux mouvements des suffragettes et d'une plus grande participation des laïcs au gouvernement de l'Église d’Angleterre3.
4La neutralité État-Société dans le domaine des femmes reste de plus toute relative puisque certains chefs politiques soutiennent ouvertement l'action en faveur de l'ordination des femmes. Margaret Thatcher déclarait ainsi en 1988 : "Je pense qu'il y aura des femmes à la prêtrise et je ne crois pas du tout que cela soit en contradiction avec la doctrine chrétienne, bien que je comprenne très bien que certains le pensent4".
5L'action de l'État a indubitablement ravivé les mouvements pour l'ordination des femmes et l'on peut lire sur certains T-shirts de partisans l'inscription humoristique : "Dieu est un employeur qui croit dans l'égalité des sexes - dommage pour l'Église" (God is an equal opportunities employer - pity about the Church).
6La difficulté essentielle pour l'Église vient du fait que l'ordination des femmes à la prêtrise soulève des débats de deux types - séculier et religieux. Dans la perspective du séculier, les femmes comprennent mal qu'on leur ait peu à peu ouvert certaines fonctions mais refusé d'autres qui se trouvent au sommet de la hiérarchie anglicane. Dans la perspective du religieux, il n'est plus question de droits mais d'interdits. Les femmes, par exemple, peuvent-elles, si l'on s'en réfère aux Écritures, représenter le Christ au même titre que les hommes ? Enfin, le débat repose essentiellement sur une exégèse plus ou moins libérale de la Bible.
7Trois fonctions seulement font l'objet d'une ordination avec imposition des mains au sein de l'Église d'Angleterre. Il s'agit de ce que l'on appelle couramment la "trinité ministérielle" (Threefold Ministry) à savoir, le diaconat, la prêtrise et l'épiscopat. Ceux-ci constituent les trois ordres majeurs par opposition aux ordres mineurs où étaient jusque là cantonnées les femmes (comme lecteurs ou diaconesses par exemple). En juillet 1985, l'Église d'Angleterre a voté l'admission des femmes au diaconat, vote ratifié par le Parlement en 1986. Les premières femmes diacres ont été ordonnées en 1987 et l'on en comptait 999 à la fin 19905. Le diaconat est le plus souvent une étape vers la prêtrise, mais les femmes diacres, bien qu'ayant suivi la même formation que leurs collègues masculins, ne peuvent accéder aux fonctions supérieures de prêtre et d’évêque. Il faut rappeler ici que seuls la prêtrise et l'épiscopat constituent des sacerdoces - de premier rang pour les évêques, de second rang pour les prêtres. Ce sacerdoce est conféré aux intéressés par la consécration et permet ensuite aux "consacrés" de présider à l'Eucharistie, de bénir et de donner l'absolution, ce que n'est pas habilité à faire un diacre. Les évêques peuvent en sus consacrer les prêtres.
8C'est dans ce contexte que le projet de Mesure pour l'ordination des femmes à la prêtrise a été proposé par le Synode général le 26 février 1987 et publié le 28 juin 1989 (Draft Priests (Ordination of Women) Measure). En 1991 il a été soumis au vote des 44 synodes diocésains de Grande-Bretagne, et adopté par 38 diocèses contre 66. Afin d'éclairer la controverse autour de cet enjeu, nous étudierons la façon dont il s’est construit, le débat qui l’entoure ainsi que les conflits qu'il suscite. Son importance et sa signification sont attestées par l’intérêt que lui portent la presse féminine (Woman and Home, Good Housekeeping, Woman's Journal, New Woman, etc.) et la presse en général7.
LA CONSTRUCTION D'UN ENJEU
Vers une ouverture de l'Église d'Angleterre aux femmes
9Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour que les femmes soient réellement admises dans un ordre mineur de l'Église d'Angleterre, celui des diaconesses (deaconess). L'ordre existait bien dans l'église primitive mais était tombé en désuétude, les hommes craignant que leurs collègues féminines n'aspirent à d'autres fonctions... C'est en 1836 qu'un Allemand, Theodor Fliedner, fonde une communauté protestante de diaconesses (Diakonissenanstalt) à Kaiserswerth près de Dusseldorf. Le mouvement s'étend à travers l'Europe et l'Église d'Angleterre le suit en 1861-62. Les diaconesses ont essentiellement deux tâches : s'occuper des malades et des pauvres (elles assistaient autrefois le diacre dans les baptêmes de femmes). Leur fonction est pastorale et non liturgique. L’ordre est mineur puisque les diaconesses ne reçoivent pas l'imposition des mains et il ne s'agit donc pas d'un ministère. Les diaconesses ressemblent plus aux "dames des bonnes œuvres" et sont d'ailleurs considérées comme des "sœurs laïques" par l'Église d'Angleterre. En 1862, les femmes n'ont toujours pas le droit de prêche et seules les confessions protestantes non conformistes (méthodistes, congrégationalistes...) les y autorisent sans pour autant les ordonner. Lorsque la Conférence de Lambeth (qui réunit tous les évêques anglicans) a lieu en 1920, la Commission (E) est nommée, en son sein, afin d'examiner la "position des femmes dans les conseils et les ministères de l'Église". Elle aboutit à la conclusion suivante : "Lorsque nous faisons le point... de l'histoire récente de certaines, sinon de toutes, les parties de la Communion anglicane, force est de constater que l'Église a manqué de générosité et de justice envers les femmes qui y travaillent8 La commission va jusqu'à recommander que l'ordre des diaconesses soit reconnu comme un ministère.
Nous sommes convaincus que... le temps est arrivé où dans l'intérêt de l'ensemble de l'Église et, en particulier, du Ministère des femmes, le diaconat (dont la renaissance a été saluée avec gratitude par la Conférence de Lambeth en 1897) devrait être canoniquement et formellement reconnu dans les différentes provinces... A notre avis l'ordination d'une diaconesse lui confère un caractère sacré 9.
10L'Évêque Hensley Henson est farouchement opposé à ces idées progressistes qui visent à ouvrir l'état clérical aux femmes et accuse l'Archevêque de Cantorbéry (Cosmo Lang) d'être dans le camp des progressistes. Le mouvement féministe en faveur du droit de vote a bien été porteur d'une plus grande ouverture de l’Église d'Angleterre aux femmes. Il a également bénéficié de la vigueur de certaines femmes comme Hatty Baker, Maude Royden ou Constance Coltman, toutes militantes du droit de vote et du progressisme religieux10. Mais une fois le droit de vote accordé aux femmes en 1928, le militantisme féminin décroît ainsi que le mouvement pour l'ordination des femmes.
11Ce n'est qu'avec la deuxième guerre mondiale qu'il reprend, en partie suscité par l'Évêque de Hong Kong (Ronald Hall) qui avait, le 25 janvier 1944, sous occupation japonaise, ordonné une femme prêtre (la première dans l'Église anglicane) à Macao. Les conditions étaient exceptionnelles puisqu'aucun prêtre n'était alors disponible pour célébrer l'Eucharistie et Florence Li Tim Oi, ordonnée diacre en 1941, avait été autorisée par l'Évêque Mok à le faire. L’Évêque Hall se contentait de reconnaître officiellement un état de fait, mais faisait date dans l'histoire de la Communion anglicane en ordonnant la première femme prêtre. Informé le 27 janvier, l'Archevêque Temple n'avait réagi que sous les pressions scandalisées de fidèles anglicans. Interrogé par le rédacteur en chef du Church Times, le révérend Leonard Prestige, il lui répondait :
Ce qui est clair c'est que la question de l'ordination des femmes à la prêtrise - à laquelle je suis personnellement fermement opposé, et que les provinces de la communion anglicane ont, selon moi, la ferme intention de rejeter en bloc - ne doit en aucune façon être éludée ou réglée à la hâte pour faire face à une situation d'urgence, même grave.
12Il ajoutait cependant :
Si nous pouvions trouver la moindre trace d'une raison théologique pour la non-ordination des femmes, je serais infiniment réconforté, mais les arguments que j'ai jusqu'ici entendus me semblent tout à fait légers.
13L'incident de Hong Kong allait alors rapidement se régler. La Chambre des Évêques de Chine votait, lors de sa première réunion depuis la guerre, en mars 1946, la répudiation de l'ordination. Deux ans plus tard, en 1948, le synode diocésain de Hong Kong faisait part à la Conférence de Lambeth d'une motion visant à ordonner des diaconesses prêtres pendant une durée expérimentale de vingt ans. La motion étant rejetée par la Conférence, l’Évêque de Hong Kong fut sommé de démissionner ou d’ôter à Florence Li Tim Oi la permission d’officier comme prêtre. Cette dernière préféra démissionner11.
14Pendant ce temps en Angleterre, en 1945, l’Assemblée ecclésiale (ancêtre du Synode général), sans doute influencée par ces événements, recommandait que soit créé pour les femmes un collège de théologie. Deux ans plus tard, en 1947, la question d’autoriser les femmes à participer à l’office religieux et à y prêcher était débattue par les Assemblées (Convocations) d’York et de Cantorbéry, sans résultat. La Conférence de Lambeth fermait le débat en condamnant l’action de l’Évêque Hall.
15Dans les années soixante, le débat repart avec, notamment, la décision des Baptistes en 1957 de conférer aux femmes le titre de "ministres du culte" et un rapport sur Sexe et Ministère (Gender and Ministry), présenté en 1962 à l’Assemblée ecclésiale, recommande l’examen des raisons faisant obstacle à l’ordination des femmes à la prêtrise. Une commission est alors nommée. Son rapport, Les Femmes et les ordres (Women and Holy Orders), publié en 1966, fait le point de l’argumentation du pour et du contre et l’enjeu est, pour la première fois, examiné avec sérieux. En 1968, un autre rapport sur Les Femmes dans le Ministère (Women in Ministry) va plus loin et affirme qu'"avant que l’Église n’ait tranché, il est pratiquement impossible de donner une définition précise de ce qui constitue la participation des femmes au ministère12 ". L'Assemblée ecclésiale décide alors de recommander un statut égal pour les hommes et femmes laïcs. La Conférence de Lambeth de 1968 marque en ce sens un tournant décisif dans le débat car elle déclare pour la première fois qu'"à l’heure actuelle, les arguments théologiques présentés pour et contre l’ordination des femmes à la prêtrise ne sont pas concluants" (Résolution 34). Si l’Archevêque de Cantorbéry (Michael Ramsey) regrette que la Conférence n’ait pas voté une résolution plus vigoureuse, il est cependant significatif qu’une partie de son ordre du jour ait été consacrée à cette question (Section II b 21 - Les Femmes et la prêtrise). La Résolution 35 recommande ainsi que toutes les Églises ou Provinces l’examinent et rendent leurs rapports au Comité consultatif anglican (Anglican Consultative Council)13. Enfin la Résolution 38 accepte les recommandations du rapport de 1968. Les femmes dûment qualifiées doivent "participer à la conduite liturgique de la prière, prêcher, baptiser, lire les Épîtres et l’Évangile lors de la Communion, et aider à la distribution des espèces [le pain et le vin]". Ces diverses recommandations signifiaient en réalité l’ouverture de l’ordre des lecteurs (reader) aux femmes, ce qui fut adopté en 1969. Le pas franchi, s’il était encore modeste, n’en était pas moins important. La fonction de lecteur fait en effet partie du "Ministère laïc accrédité" (Accredited Lay Ministry) contrairement à celle de diaconesse14. Le 22 juin 1991, le Duc d’Edimbourg et le très révérend Michael Baughen célébraient ensemble le 125e anniversaire de la restauration de la fonction de lecteur. L’Église d’Angleterre en compte presque 8 000 à ce jour.
16Des événements extérieurs vont accroître la pression exercée sur l'Église d'Angleterre pour l'ordination des femmes. Depuis 1966, l'Évêque de Hong Kong (Gilbert Baker) réitère au Comité consultatif anglican sa demande de l'autoriser à ordonner des femmes prêtres en sa Province puisque son Synode a en principe approuvé la mesure. Le Comité réuni à Limuru (Kenya) en 1971 ne peut ignorer cette requête et se voit contraint d'adopter une résolution à ce sujet. La Résolution 28 comporte trois points.
- Il est urgent que les Églises de la Communion [anglicane] étudient l'ordination des femmes et remettent un rapport au Comité consultatif anglican pour sa prochaine réunion prévue en 1973.
- Il est clairement dit que si l'Évêque de Hong Kong se décide à ordonner des femmes à la prêtrise, son action sera recevable par le Comité qui s'efforcera de maintenir alors toutes les Provinces en communion. Cette résolution ne fut adoptée qu’à deux voix de majorité (24 contre 22) et l'Archevêque Michael Ramsey s'y opposa.
- Enfin il est demandé aux Églises de procéder à de nombreuses consultations locales.
17La réaction de Hong Kong est immédiate. Le dimanche de l'Avent 1971, l'Évêque Gilbert Baker ordonne deux femmes à la prêtrise : Jane Hwang et Joyce Bennett. 1971 marque donc le début de l'ordination des femmes à la prêtrise dans la Communion anglicane. La dynamique est lancée et en novembre 1972 la Chambre des Évêques américaine vote l'ordination des femmes à la prêtrise et à l'épiscopat (74 voix contre 61) et recommande que la Convention générale qui doit se réunir l’année suivante introduise les canons nécessaires. Cette dernière s'y refusera.
18La réunion du Comité consultatif anglican à Dublin en juillet 1973 se fait donc dans un climat difficile et force est de constater le changement : "Aucune Église ou Province n'a cessé d'être en communion avec le diocèse de Hong Kong. Ce qui ne veut pas dire que toutes approuvent l'action prise". La substance de la Résolution 28 de Limuru est réitérée15. De 1973 à 1975 la question de l'ordination des femmes est débattue au niveau paroissial et diocésain. Entre temps, des évêques américains dissidents (et en retraite) ont ordonné illégalement onze femmes à la prêtrise à Philadelphie. Quatre autres ordinations ont lieu en septembre 1975 malgré la condamnation de la majorité des évêques américains. Pourtant, en 1976, la Convention générale de l'Église épiscopalienne d'Amérique (ECUSA), vote l'ordination des femmes à 95 voix contre 61. La première femme évêque sera élue en 1988 et consacrée en février 198916. La Communion anglicane se divise de plus en plus sur la question.
19Les choses vont beaucoup plus lentement du côté de l'Église d'Angleterre. En juillet 1975, le Synode général adopte la motion suivante : "Notre Synode considère qu'il n'existe aucune objection fondamentale à l'ordination des femmes à la prêtrise". La question est mise à l'ordre du jour mais aucune action n'est encore envisagée, hormis la consultation des Églises catholique et orthodoxe. La première action concrète vient en 1978 lorsqu'une motion destinée à préparer un projet de mesure "afin d'ôter les barrières à l'ordination des femmes à la prêtrise et à leur consécration à l'épiscopat" est présentée au Synode général [qui se compose de trois collèges : la Chambre des Évêques, la Chambre des Laïcs et la Chambre du Clergé et compte 566 membres]. La motion échoue à la Chambre du Clergé17. La Conférence de Lambeth de la même année réaffirme le principe du respect des convictions des autres membres de la Communion (Résolution 21). En 1979, la Chambre du Clergé rejette l'étude d'un projet de mesure afin d'autoriser des femmes ordonnées prêtres à l'étranger à officier en Angleterre. Enfin, en 1984, le Synode vote une motion visant à introduire un projet pour l'ordination des femmes à la prêtrise. Le Synode de février 1987 examine un rapport à ce sujet soumis par la Chambre des Évêques18 et l'approuve. Divers documents seront par la suite proposés à l'étude du Synode et de ses fidèles19, notamment un projet de mesure supplémentaire pour l'indemnisation de ceux qui se sentiraient obligés de démissionner de l'Église d'Angleterre20. Une première fois révisés les projets de mesures sont soumis au Synode qui les adopte le 5 juillet 1988. La première résolution de la Conférence de Lambeth de 1988 prend acte :
Chaque Province respecte la décision et les attitudes des autres Provinces en ce qui concerne l'ordination ou la consécration des femmes à l'épiscopat, sans que ce respect implique nécessairement l'acceptation du principe considéré, maintenant de cette façon le plus haut degré de communion avec les Provinces qui diffèrent 21.
20Les projets de mesures sont publiés le 28 juin 1989 et la première clause du projet de mesure pour l'ordination des femmes à la prêtrise adoptée par le Synode le 9 novembre 1989. En février 1990, les projets sont finalement soumis au vote des 44 diocèses. Chaque diocèse devra voter sans aucun amendement possible la motion suivante :
Ce Synode approuve les propositions décrites dans les projets de la Mesure pour l'ordination des femmes, du canon C4B (des femmes prêtres) et de l'amendement au canon n° 13.
21Les votes devront avoir eu lieu au plus tard avant le 30 novembre 1991.
22Au terme de cette lente évolution, les femmes ont obtenu deux grandes victoires : la reconnaissance, avec leur accession au diaconat en 1985-86, et la prise en compte de leurs aspirations à la prêtrise depuis 1989. Mais pourquoi la prêtrise mobilise-t-elle autant les femmes dans l'Église d'Angleterre ?
Une revendication organisée
23Selon l'ordinal considéré, le prêtre est tantôt défini comme le "messager", le "gardien" et "capitaine" du Seigneur ayant pour tâche de diffuser la parole de Dieu et d'administrer ses sacrements (Book of Common P rayer, 1662) ou comme le "serviteur" et le "berger" du Seigneur. Ses tâches sont alors plus explicites : proclamer la parole du Seigneur, absoudre et déclarer la rémission des péchés au nom du Christ, baptiser et confirmer, présider à l’Eucharistie, bénir au nom du Seigneur et veiller sur son troupeau (Alternative Service Book, 1980). Il ressort de ces définitions que seul le prêtre peut officier à l'Eucharistie, absoudre et bénir. Or présider, entre autres, à l'Eucharistie c’est représenter le Christ dans son sacrifice suprême. Le prêtre est vu comme l'intermédiaire entre Dieu et les hommes et son caractère sacré lui est conféré par son ordination au cours de laquelle il aura proclamé haut et fort sa vocation : "Je crois que Dieu m'a appelé à lui".
24Clifford Longley, dans un long article sur le sujet, argumente que "Ceux qui célèbrent l'Eucharistie se trouvent jouir d'un pouvoir et d'un statut particuliers, car ce sont les professionnels au milieu des amateurs, et que c'est cela, et non l'accès aux mystères des sacrements, qui dicte la façon dont l’enjeu est perçu, aussi bien au sein de l'Église qu'à l'extérieur22 ". S'il est évident que la prêtrise jouit d'un statut particulier, c'est faire un mauvais procès d'intention aux femmes que d'insinuer qu'elles souhaitent y accéder par esprit d'ambition. Pour les femmes déjà diacres, les sentiments sont divers et parfois mélangés comme en témoignent ces quelques citations.
Je ne sais pas comment je réagirai quand je verrai les hommes avec qui j'étais au collège devenir prêtres. Nous avons tous suivi la même formation, et je ressens l'appel à la prêtrise aussi fortement qu'eux. Pourtant ils peuvent aller au bout de leur vocation, alors que je suis laissée derrière, empêchée de le faire... Je dois m'effacer quand le pain est rompu. C'est comme si l'on formait un chirurgien et qu'on lui disait de ne pas s'approcher du bloc opératoire.
(Rév. Ulla Monberg, diacre depuis 1990, 38 ans).
Pour moi, comme pour tant d'autres femmes qui avons la vocation de prêtre, le fait de ne pas pouvoir célébrer l'Eucharistie représente une énorme angoisse... Cela m'est pénible, chaque dimanche, d'avoir à m’effacer pour laisser un collègue masculin dire la prière eucharistique. Je ne crois pas que je m'y habituerai jamais.
(Rév. Frances Hancock, diacre depuis 1987, 56 ans)23.
25Depuis le regain d'intérêt pour l'ordination des femmes dans les années soixante-dix de nouvelles associations se sont constituées pour soutenir ou au contraire combattre le projet de mesure. A la suite de l'échec de 1978, les partisans de l'ordination des femmes à la prêtrise ont fondé une association qui n'a cessé de grandir depuis 1979 - le Mouvement pour l'ordination des femmes (Movement for the Ordination of Women, MOW). L'association comptait en 1989 plus de 5 000 membres. Elle a pour but "de promouvoir l'ordination des femmes à la prêtrise... en tant que partie intégrante du ministère des hommes et des femmes" (dépliant intitulé - The Time Is Now - Join Us Now ; C'est maintenant qu'il faut agir - adhérez aujourd'hui). Extrêmement active et efficace, cette association diffuse de nombreux tracts et prises de position sur le sujet. Ses adhérents sont tenus au courant des manifestations organisées par le mouvement au niveau national et local, car l'association est bien implantée régionalement. Outre ses veillées de prières comme celle du 5 novembre 1989 aux portes de la résidence londonienne de l'Archevêque de Cantorbéry (Lambeth Palace), elle organise des offices religieux, invite des personnalités et réunit des congrès. Elle entretient également l'intérêt pour son groupe par l'intermédiaire de campagnes de publicité dans la presse spécialisée (Church Times, Church of England Newspaper...). En septembre 1990, le Mouvement pour l'ordination des femmes publiait quatre pleines pages de publicité sous forme de placards24. Chaque page est frappée du logo du mouvement, un poisson comme en dessinaient les premiers Chrétiens, avec les initiales du mouvement à l'intérieur (MOW). On trouve d'autre part dans les deux pages centrales un encart pour s'affilier au mouvement. Les campagnes de publicité sont très percutantes et le Mouvement pour l'ordination des femmes est le seul groupe véritablement organisé bien qu'il existe d'autres groupes, plus modestes, en faveur de l'ordination des femmes. Du côté du clergé, s'est constituée en 1984 l'Association des prêtres pour l'ordination des femmes (Priests for Women's Ordination, PWO). En janvier 1992, l'association regroupait quelque 3 200 membres, dont 70 évêques. Elle cherche à recruter des prêtres, à encourager les adhésions au Mouvement pour l'ordination des femmes et à faire signer par un aussi grand nombre de prêtres possible une déclaration qui stipule : "En tant que prêtre ordonné et serviteur de l'Église d'Angleterre, j'affirme publiquement que les femmes doivent être ordonnées à la prêtrise le plus vite possible dans les Provinces de Cantorbéry et d'York". L'association organise également des offices religieux et des activités de loisirs, par exemple pique-nique ou visite de cathédrale.
26Le Forum oecuménique des femmes chrétiennes d'Europe (EUROPA), réuni en assemblée générale en 1982, le Réseau des femmes catholiques (Catholic Women's Network) le Groupe pour un synode libéral (Open Synod Group) participent plus modestement à ces efforts. La campagne pour l'ordination des femmes est donc pour l'essentiel coordonnée par le Mouvement pour l'ordination des femmes.
27L'opposition est plus diversifiée. Le mouvement qui fait pendant à celui pro-ordination (MOW) s'est constitué beaucoup plus tard, en 1986. Il s'agit du Mouvement des femmes contre l'ordination des femmes (Women Against the Ordination of Women, WAOW) qui a pour but "de combattre le féminisme mal placé dans la théologie et la prière et de s'opposer à l'admission des femmes à la prêtrise dans l'Église d’Angleterre" (article 2 de sa constitution). Le mouvement compte lui aussi plus de 5 000 membres et est aussi actif au niveau national et régional que son adversaire (MOW). Mais contrairement au groupe adverse, ses encarts publicitaires constituent de véritables mini-journaux et non des placards (Cf. sa campagne de juillet 1988), le tout assorti d'un bulletin d'adhésion pour les sympathisants éventuels. L'une des constantes du mouvement anti-ordination (WAOW) est d'adopter une attitude offensive vis-à-vis de son adversaire (MOW) et de nombreux articles ou lettres de militants se livrent à des attaques virulentes. Son slogan peut se résumer à "OUI au ministère des femmes, NON aux femmes prêtres" (effectivement utilisé par le Mouvement des femmes contre l'ordination des femmes dans ses tracts).
28On trouve au sein de l’opposition d'autres groupes tels que l’Association pour le ministère apostolique (The Association for the Apostolic Ministry, AAM), qui distribue des tracts comme "7 raisons pour dire non aux femmes prêtres". Ce groupe s'abrite en fait sous l'aile du Mouvement des femmes contre l'ordination des femmes et compte environ 5 000 adhérents tout comme l'Union ecclésiale (Church Union) qui rassemble plutôt l'aile anglo-catholique. Ces derniers voient l'ouverture de la prêtrise aux femmes en termes de catastrophisme. "Si vous regardez l'expérience des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande et dans une moindre mesure du Canada, vous voyez très clairement que l'ordination des femmes à la prêtrise est liée à des phénomènes comme l'acceptation de l'homosexualité et un changement de langage25".
29Un autre groupe plus en vue est celui du Coût de la Conscience (Cost of Conscience Faith and Order Trust, CoC). Fondé en 1988 à la suite d'un colloque organisé à Keble College, Oxford, il regroupe essentiellement des anglo-catholiques et revendique 3 500 prêtres dans ses rangs en Angleterre et ailleurs. Son comité directeur (11 personnes) coordonne les activités du mouvement, bien relayées par la presse spécialisée. Ses partisans s'expriment régulièrement par le biais du courrier des lecteurs des quotidiens nationaux. Le Mouvement du coût de la conscience a fait parler de lui, en novembre 1991, à l'occasion de la publication d'un véritable manifeste de scission en 22 points : Pour une direction épiscopale alternative (Alternative Épiscopal Oversight). Un plan d'urgence en trois étapes serait ainsi mis en œuvre pour le cas où le projet de mesure pour l'ordination des femmes serait adopté. Tout d'abord une déclaration officielle et immédiate des évêques s'y opposant ; puis la division du pays en régions dirigées par les évêques dissidents ; enfin une déclaration publique de communion entre évêques et prêtres les soutenant dans leur action. L'article 21 précise que les prêtres ne pourraient "accepter que la direction sacramentelle et pastorale d'un évêque ayant refusé d'ordonner des femmes et non celle de l'évêque ayant la charge du diocèse". Le groupe mettrait en place deux nouvelles institutions : un Conseil national (National Council) en remplacement du Synode général, et un Conseil général (General Council) où chaque diocèse serait représenté par un membre du clergé et deux laïcs. Le mouvement a organisé en collaboration avec le Mouvement des femmes contre l'ordination des femmes et le Mouvement du coût de la conscience une grande manifestation au Stade de Wembley, à Londres, le 13 juin 1992, afin de célébrer l'Eucharistie.
30Une quatrième association mène une action plus discrète. Elle est cependant loin d'être négligeable. Fondée en 1988, l’association Église en danger (Church In Danger, CID) est menée pour l'essentiel par des députés et des lords. Son action vise à mobiliser des forces pour l'après-Synode, au niveau parlementaire. L’Église d'Angleterre étant une Église d'État, c'est le Parlement qui devra en dernier ressort accepter ou rejeter le projet de mesure, sans pouvoir l'amender. L'objet de l'Église en danger consiste à "promouvoir la foi chrétienne en accord avec les traditions et enseignements de l'Église d'Angleterre à l'intérieur du Royaume Uni". L'association regroupe à ce jour 50 à 60 membres des deux chambres qui se réunissent à la Chambre des Lords26. Elle a rencontré l'Archevêque de Cantorbéry le 25 juin 1991 afin de discuter l'avenir de l'Église et lui a envoyé, le 26 février 1992, une "Lettre ouverte" signée par Bill Benyon, député conservateur, ainsi que 36 autres parlementaires des deux chambres dont 13 autres députés.
31La missive insiste sur la dégradation morale de la société et déplore l'influence pernicieuse du séculier sur le religieux (ordination de divorcés, homosexualité). Elle recommande un moratoire sur l'ordination des femmes en insistant sur la division qui en est résultée à l'étranger ainsi que sur le besoin de redéfinir le ministère laïc des hommes et des femmes. La réponse de l'Archevêque, connue le même jour, repoussait sans ambiguïté "le ton grave et catastrophé" de la lettre qu'il jugeait non représentatif de l'Église d'Angleterre dans son ensemble. Sur l'ordination des femmes il ne mâchait pas ses mots :
Je me joins chaleureusement à l'accueil que vous réservez à l'émancipation des femmes dans le domaine séculier, puisque chaque être humain est fait à l'image de Dieu et a une égale valeur. Il existe en effet des difficultés ecclésiastiques à l'ordination des femmes mais de nombreux Anglicans croient fortement qu'il serait contradictoire et dommageable pour l'Église de favoriser l’émancipation des femmes dans le monde séculier et par ailleurs de leur refuser l'ordination en des termes égaux aux hommes. Mettre cette question en touche pour dix ans, comme vous le suggérez, contribuerait peu à "construire sur ce qui peut tous nous unir" (...) L'Église ne peut éviter de débattre et de voter sur cette question comme prévu cette année, confiante que dans l'aide du Seigneur, quelle qu'en soit l'issue, l'amour de chacun pour tous dans le Christ prévaudra contre le mal et la douleu 27.
32Suite à cet échange de correspondance, un groupe parlementaire inter-partis a déposé une motion à la Chambre pour soutenir l'Archevêque dans sa réponse28. Depuis la création de l’Église en danger ayant comme nous l'avons vu une base essentiellement parlementaire, l'opposition s'est également développée au sein du Parlement sous la houlette d'Emma Nicholson, député conservateur du West Devon and Torridge. S'étant faite élire Vice-modérateur du Mouvement pour l'ordination des femmes à l'automne 1991, elle déclarait dans sa profession de foi envoyée à tous les votants : "Je m'assurerai que la voix des femmes à qui l'on a refusé le droit d'exercer leur vocation au ministère de la prêtrise soit entendue, surtout lorsque la Chambre des Communes votera sur cet enjeu vital29 ". Elle organise actuellement la constitution d'un groupe inter-partis au Parlement et a pour projet, si la mesure échoue, de déposer une proposition de loi (Private Member's Bill).
33La ratification par l'État des décisions de l'Église n'est pas acquise d’avance, ce qui ne va pas sans débats et controverses. Le Synode général, par exemple, avait décidé en novembre 1989 de soumettre à nouveau au Parlement une mesure permettant aux divorcés remariés, ou aux hommes mariés à des divorcées, de devenir prêtres (dans certains cas) ; la Chambre des Communes a rejeté à une majorité de 6 voix la mesure en juillet 1990. Ironie de cette décision : un prêtre qui divorce et se remarie reste prêtre à vie. L'intervention de l'État en l'occurrence introduit deux poids et deux mesures pour le clergé et les laïcs.
État de l'opinion publique et de la hiérarchie anglicane
34Mais que pense le public de toute cette affaire ? Dès 1978, les instituts de sondages commencent à s'intéresser à la question de l’ordination des femmes à la prêtrise. Mais ce n'est véritablement qu'à la suite du Synode de 1984 que les enquêtes s'accélèrent. En août 1988, Gallup réalise un sondage pour le Daily Telegraph dans la foulée de la Conférence de Lambeth30. Le Times, de son côté, commande une enquête plus complète à MORI qui interroge en octobre 1988 414 membres pratiquants de l'Église d'Angleterre. Les résultats sont publiés en deux volets, les 14 et 15 novembre 1988. Puis c'est au tour de News of the World de s'adresser à MORI en novembre 1989 (684 fidèles, tous âgés de plus de 18 ans). Il n'est pas toujours facile de comparer ces différentes enquêtes. Certaines d'entre elles prennent en compte toute l'opinion publique alors que d'autres concentrent leurs efforts sur les fidèles de l'Église d'Angleterre. La difficulté tient alors au faible échantillonnage obtenu. Il va de 414 individus chez MORI en 1988 à 1 170 chez Gallup en 1985. Enfin, la formulation des questions n'est pas toujours identique et entraîne quelques distorsions au niveau des résultats. C'est pourquoi nous nous contenterons d’analyser les tendances générales de ces enquêtes.
35On observe trois grandes tendances. Tout d'abord, si l'on considère l'ensemble de l’opinion publique depuis 1978, il ne fait aucun doute qu'elle soutient l'ordination des femmes à la prêtrise. Même si l'on tient compte des fluctuations entre les années et les instituts, on observe une constante de plus de 70 % sur toute la période (1978-1989), le dernier chiffre étant de 79 % pour Gallup. Aucune enquête postérieure à 1989 n'a été réalisée et il est vraisemblable que les instituts s’intéresseront de nouveau à cet enjeu lorsque les votes diocésains auront tous eu lieu et que la mesure devra être finalement approuvée par le Synode général. Parallèlement à un soutien constant, les opposants perdent du terrain. Ils sont 16 % en 1984, 13 % en 198931.
36Les tendances pour les fidèles de l'Église d'Angleterre32 sont plus difficiles à dégager. Nous ne possédons que trois enquêtes, la première réalisée par Gallup en 1985 et les deux autres par MORI en 1988 et 1989. Alors que Gallup trouve 82 % de fidèles (contre 10 %) pour soutenir l'ordination des femmes à la prêtrise en 1985, il n'en reste plus que 58 % chez MORI en 1988 (contre 27 %), puis 78 % en 1989 (contre 15 %)33. Il est possible que cette remontée spectaculaire soit imputable à l'inévitabilité de l'adoption du projet de mesure, la première clause ayant été adoptée par le Synode général la semaine où l'enquête avait été réalisée34. Les fidèles de l'Église d'Angleterre semblent donc s'être finalement ralliés à l'opinion générale.
37Le plus difficile reste cependant à faire puisque si l'on en croit l’enquête publiée le 8 novembre 1991 par le Church of England Newspaper (de tendance évangélique), les membres du Synode général n'obtiendraient pas la majorité des deux tiers nécessaire qu'il leur faut pour adopter la mesure35.
38Fait intéressant, on note que ce sont les femmes qui freinent le plus le mouvement. NOP a publié les ventilations par sexe pour ses enquêtes de 1978, 1981 et 1984. Elles font apparaître clairement que les femmes sont légèrement en-dessous de la moyenne et les hommes légèrement au-dessus. En 1978, il existe un écart de 10 points entre hommes et femmes (87 % contre 77 %), en 1984, de 9 points (84 % contre 75 %). Pour l'Église d'Angleterre seule l'enquête de MORI de 1988 nous donne les mêmes précisions. Cette fois, les femmes se polarisent des deux côtés. Elles sont plus favorables que la moyenne des fidèles (61 % pour les femmes, 53 % pour les hommes) mais aussi plus hostiles (28 % contre 25 %).
39L'enquête de MORI d'octobre 1988 a inclus une question sur l'ordination des femmes prêtres à l'épiscopat alors que le projet de mesure lui-même précise bien dans sa première clause au paragraphe 2 que "Rien dans cette Mesure n'autorise légalement une femme à être consacrée évêque36 ". A la question : "Seriez-vous pour ou contre la consécration de femmes prêtres à l'épiscopat ?", 76 % se déclarent favorables. Le résultat est d'autant plus surprenant que 58 % seulement s'étaient, dans la même enquête, déclarés pour l'ordination des femmes à la prêtrise. Gallup avait deux mois plus tôt aboutit à des résultats similaires mais la question mettait sur le même plan l'ordination des femmes à la prêtrise et à l'épiscopat. "Pensez-vous que l'Église d’Angleterre doive accepter ou refuser les femmes prêtres et les femmes évêques ?". 70 % se déclaraient alors favorables, 18 % défavorables. Les tendances se renforçaient dans le sous-échantillon anglican de l'enquête, avec 75 % contre 16 % ! Il semblerait donc qu'une fois l'étape vers la prêtrise franchie, les fidèles soient plus à même d'accepter la "promotion" des femmes au sacerdoce supérieur.
40Les instituts n'ont pas interrogé spécifiquement les catholiques ou autres groupes religieux37. La seule enquête catholique réalisée l'a été par le Bureau national des femmes catholiques (National Board of Catholic Women), l’organe consultatif auprès de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre. Il s'agit en fait d'une enquête qualitative, le rapport publié ne comportant aucune statistique et se contentant de donner des ordres de grandeur assez flous38. L'enquête est utile pour l'analyse des différentes attitudes des femmes catholiques, mais ne nous permet aucune comparaison avec les résultats d'autres enquêtes. Nous n'avons d'ailleurs pas le point de vue des hommes catholiques.
41Du côté de la hiérarchie anglicane, ce sont les évêques qui mènent, surtout au départ, la réforme. Certes on trouve quelques réfractaires comme l'ancien Évêque de Londres, Graham Leonard39. L'Archevêque de Cantorbéry (Robert Runcie), d'abord opposé à la mesure en 1984, s'y est rallié en 1987 et a depuis lors appuyé le mouvement pour l'ordination des femmes. Lors du Synode de novembre 1989 il déclarait : "Je reste convaincu que l'ordination des femmes à la prêtrise doit être envisagée comme un élargissement et une extension du ministère historique chrétien". L’Archevêque d'York (John Habgood), quant à lui, s'est très tôt prononcé en faveur du mouvement et adressait ainsi le congrès du Mouvement pour l'ordination des femmes en 1988 : "Je crois que les femmes doivent être ordonnées à la prêtrise. Je crois que la raison fondamentale réside dans l’idée que le Christ incarne l'humanité. Je crois que des vérités qui faisaient partie de la foi chrétienne dès le début peuvent rester en sommeil jusqu'à ce que les conditions sociales et psychologiques nécessaires permettent leur éclosion." Plus récemment, il a tancé publiquement son Archidiacre, George Austin, qui, dans un sermon prononcé de la chaire de York Minster, le 8 septembre 1991, avait accusé la "minorité puissante et influente" de libéraux anglicans d'annexer la doctrine de l'Église et avait appelé à une division formelle de l'Église entre libéraux et traditionalistes. Le conflit ne pouvait qu'éclater entre deux hommes aussi différents politiquement. Alors que l'Archevêque est connu pour ses positions libérales, son Archidiacre soutient le mouvement Coût de la conscience et siège au comité directeur de l'Association pour le ministère apostolique, deux mouvements opposés à l'ordination des femmes.
42Quant au nouvel Archevêque de Cantorbéry, George Carey, son enthousiasme pour l'enjeu l'a amené à faire des déclarations bien imprudentes qu'il a dû par la suite rétracter. Dans une interview au Reader's Digest il répondait à la question "Pourquoi croyez-vous si fortement que les femmes doivent être ordonnées prêtres ?" : "L'idée que seul un homme puisse représenter le Christ à l'autel constitue une hérésie très grave. Les implications qui en découlent sont dévastatrices et destructrices parce que cela veut dire que les femmes se sentent totalement exclues40".
43La hiérarchie anglicane encourage donc activement le mouvement pour l'ordination des femmes. Ceci est confirmé par le rôle qu'a joué la Chambre des Évêques (l'une des trois chambres du Synode général) dans l'évolution du débat. Adoptant une attitude libérale dès le départ, la Chambre des Évêques soutient le projet de mesure dès 1978 alors qu'elle échoue à la Chambre du Clergé (à 65,3 % en 1978 ; à 80 % en 1987). Encore aujourd'hui, lors de sa réunion les 28 et 29 janvier 1992, elle s'est prononcée le second jour pour une mise au vote rapide du projet afin de clore le débat. A partir de 1988, c'est la Chambre des Laïcs qui est la plus favorable au projet de mesure. Dans tous les cas, la Chambre du Clergé freine le mouvement comme par exemple dans les votes diocésains qui se sont déroulés au cours de l'année 1991. D'après les chiffres publiés dans le Church Times du 6 décembre 1991, 76 % des Évêques, 68 % des Laïcs et 67 % du Clergé se sont déclarés favorables au projet de mesure. Le résultat cependant est à nuancer si l'on regarde le détail des votes des trois chambres par diocèse. La motion a en effet été rejetée par 13 Chambres d'Évêques mais d'après l'article 8, ceci ne peut invalider le vote des deux autres chambres. Finalement, sur les 44 diocèses, 42 Chambres des Laïcs, 38 Chambres du Clergé et 31 Chambres des Évêques ont voté le projet de mesure. Pour les 6 diocèses ayant rejeté la motion, la Chambre du Clergé a joué un rôle de véto dans 4 cas (Chichester, Portsmouth, Truro, et Europe). Elle a également rejeté le projet au sein du synode des forces armées, qui jouit d'un statut particulier. Dans le cas de Blackburn et de Londres, la motion a été rejetée par les trois Chambres.
44Des listes de soutien sont publiées ici et là comme celle des 11 évêques anglo-catholiques venant contrecarrer les efforts de groupes comme le Mouvement pour la Continuité de l'Église d'Angleterre qui a déjà réuni 1 000 signatures et entend s'organiser en église concurrente si l'ordination des femmes est approuvée. On retrouve ici des accents communs avec le groupe Coût de la Conscience. Se préparant au pire et afin d'éviter le schisme la Société d'aide aux convertis encourage un groupe de prêtres anglicans à se convertir au catholicisme romain...
UN DÉBAT SÉCULIER ET RELIGIEUX
45Si l'on examine les deux seules enquêtes ayant analysé les raisons pour et contre l'ordination des femmes, on constate que plus de la moitié des réponses est d'ordre séculier et non religieux (Cf. Tableau 1).
Tableau 1. Raisons avancées dans le débat de l'ordination des femmes (Plusieurs réponses possibles)
Raisons favorables |
Raisons défavorables |
(tous favorables : 100 %) |
(tous défavorables : 100 %) |
(Gallup, 11-16 avril 1984, Gallup Political Index no 285, mai 1984)
Partisans
|
Adversaires
|
Croit à l'égalité des droits/sexes 36 |
Ce n'est pas dans la Bible |
(MORI, British Public Opinion vol. X, no 9, novembre 1988)
46Dans l'opinion publique en général il ne fait aucun doute que l'enjeu, du côté des partisans, est lié à la lutte contre la discrimination sexuelle et pour l'égalité des sexes. 4 raisons sur les 5 explicitées dans l'enquête Gallup s’y rapportent (les 4 premières). Chez les adversaires, 4 raisons seulement sont avancées, dont deux liées à la discrimination (c'est un travail d'homme, n'est pas convenable). On trouve une seule raison religieuse pour les partisans (la Bible), et deux pour les adversaires (la Bible et la Foi). C'est dire si l'influence séculière est grande. Clifford Longley a donc raison de dire à propos de l'opinion publique : "Les femmes exigent maintenant le droit d'être admises au rang des chrétiens de première catégorie. Il s'agit en effet d'un argument concernant l'égalité des droits et des chances, et la perception séculière est tout à fait correcte41 ".
47On pourrait s'attendre à un tableau sensiblement différent chez MORI qui n'a interrogé que des fidèles anglicans. Chez les partisans de l'ordination des femmes, ce sont encore les raisons égalitaristes qui viennent en tête (égalité des sexes, même compétence). Plus militants, ces partisans sont même prêts à déclarer que les femmes sont meilleures que les hommes et ont plus à offrir, faisant eux-mêmes preuve de discrimination sexuelle. Quant aux deux arguments religieux (Dieu motive aussi bien les femmes, Dieu nous traite tous également), ils mêlent étrangement Dieu et le droit à l'égalité. Chez les adversaires, on retrouve les trois points classiques avancés contre la prêtrise des femmes du point de vue religieux (Bible, tradition, apostolat masculin) assortis de deux arguments séculiers (croyance personnelle, c'est un travail d'homme). Il est tout de même intéressant que le débat sur l'égalité des sexes prenne une telle importance.
48Dans l'enquête MORI, un quart des fidèles pense que certaines fonctions de la prêtrise ne peuvent être assumées par des femmes. Avec en tête la célébration de l'Eucharistie (17 %) puis la célébration du mariage (12 %) bien que les femmes diacres y soient habilitées depuis 1987 ! Mais 57 % pensent qu'aucune de ces fonctions n'est inadéquate (contre 14 %). Il s'avère d'ailleurs que dans leur choix, 69 % se déclarent n'être en aucun cas influencés sur la question par leur pasteur (un quart à différents degrés). De toute façon, 52 % n'ont aucune idée de ce que leur vicaire peut bien penser à ce sujet.
49Le véritable débat d'ordre religieux se limite donc aux milieux militants bien que la dimension séculière n'en soit pas absente. Ainsi le Révérend Margaret Cooling écrit dans une lettre au Church Times, le 17 mai 1991 :
L'exclusion des femmes de la prêtrise encourage les sentiments d'infériorité et de manque d'estime de soi que beaucoup de femmes, surtout dans une paroisse comme celle-ci (Newport) qui connaît son lot de misère sociale, sont conditionnées à avoir.
50A quoi l'opposant qu'est le directeur de Coût de la Conscience aurait pu rétorquer : "Il ne s’agit pas d'un enjeu lié aux droits civils mais d'une vérité révélée42 ".
51Pour plus de détails sur les considérations théologiques, on pourra se reporter aux deux rapports publiés par l'Église d'Irlande et l'Église d'Angleterre qui ont pour but d'exposer les arguments pour et contre43.
52L'opposition théologique est largement fondée sur les déclarations de Saint Paul qui, selon l'interprétation, la traduction ou le passage, donnent lieu à des débats sans fin.
53On note essentiellement quatre arguments :
541) Le premier repose sur le fait qu'il existe une Tradition de plus de 2000 ans que rien ne peut briser car, selon la célèbre définition de la foi catholique par Vincent de Lérin, il s'agit de "ce qui a été cru en tous lieux, en tout temps, et par tous44". L'Évêque de Sheffield se fait l'écho de cette croyance :
Je trouve bizarre (et invraisemblable, comme si l'évidence n'était pas là sous nos yeux) qu'une doctrine et une pratique qui a été inconnue de l'Église pendant près de 2000 ans, qui n'a aucun fondement dans les Écritures ou la tradition et se trouve encore inacceptable pour la grande majorité des chrétiens dans le monde aujourd'hui, puisse s'imposer aux dignitaires de l'Église après un débat de seulement quelques années 45 .
55Ce à quoi le Révérend Catherine Milford, Modérateur du Mouvement pour l'ordination des femmes, répondait sans doute :
Le contrôle de l'écrit, donc le contrôle de la tradition écrite et de la structure juridique, s'est trouvé dans les mains des hommes jusqu'à ce siècle. Les hommes contrôlaient alors la tradition de l'Église donc la prêtrise 46 .
56C'est cet argument que le Pape reprendra dans sa "déclaration" de 1976 (Inter Insigniores) pour rejeter l'ordination des femmes. "Il s'agit là d’une tradition ininterrompue à travers l'histoire de l'Église, tant à l’Est qu'à l'Ouest".
572) Le second argument invoque le fait que le Christ a choisi un apostolat entièrement masculin.
... Les vocations (au ministère apostolique de l'épiscopat et de la prêtrise) sont influencées par l'appel de Jésus Christ aux douze et son institution de l'Eucharistie en leur compagnie lors de la cène. Délibérément, et au moment décisif, il a décidé de ne pas choisir de femmes disciples 47 .
58A quoi certains rétorquent que :
Arguer du fait que la vocation à la prêtrise des hommes a été influencée par Jésus lors de la cène... n'a aucune validité, car sur ces douze, l'un l'a trahi et l'autre Ta renié... [Si ce qui a été dit était vrai] aucun gentil ne devrait devenir prêtre (puisqu'il n'y avait personne d'autre que les disciples) et aucune femme ne devrait assister à l'Eucharistie 48 .
593) Le troisième argument est intimement lié au second. Du fait même d'un apostolat masculin, il est impossible aux femmes de représenter le Christ à l'Eucharistie. Le Pape utilisera cet argument dans deux documents :
Le prêtre... agit... in persona christi, prenant le rôle du Christ, au point de devenir sa propre image, lorsqu'il prononce les paroles de la consécration49. Dans sa participation à la vie et à la mission de l'Église, une femme ne peut recevoir le sacrement de l'ordre et donc, ne peut remplir correctement les fonctions de la prêtrise50.
60Une grande partie du débat, notamment entre catholiques et anglicans, repose sur la signification du rôle du prêtre durant l'Eucharistie. Parce que le Christ s'était incarné en homme, le prêtre doit-il l'être ? Les partisans affirment que le prêtre est le représentant du Christ et non sa représentation et que la Genèse a d'ailleurs déclaré que l'homme et la femme avaient été créés à l'image de Dieu. Le problème théologique disparaît s'il est établi que la Bible parle de l'humanité du Christ et non de sa masculinité. Alors le prêtre peut être homme ou femme. Il y a toujours débat aujourd'hui sur le rôle du prêtre comme icône, à savoir représentant symbolique ou représentation du Christ.
614) Enfin le quatrième argument met en cause l'Autorité des femmes à conduire les fidèles51. On en revient ici au rôle traditionnellement masculin du prêtre et ceci constitue un obstacle sérieux à œcuménisme. Les partisans arguent du fait que nombreuses étaient les femmes qui dans l'Ancien comme le Nouveau Testament exerçaient leur autorité.
LES CONFLITS ACTUELS
62Le problème essentiel pour l'Église d'Angleterre est d'arriver à unir son Église, sans céder pour autant du terrain aux opposants de l'ordination des femmes, et de maintenir le mouvement vers l'œcuménisme.
Risque de schisme anglican ?
63Contrairement à ce qui a pu être envisagé, il est peu vraisemblable qu'un véritable schisme se produise à la suite de l'adoption de la mesure pour l'ordination des femmes. D'après l'enquête de MORI52 53 % des opposants à l'ordination des femmes resteraient au sein de l'Église d'Angleterre alors que 35 % partiraient. Mais 23 % ne partiraient que vers une autre paroisse plus à même de leur convenir, 7 % envisageraient de rejoindre une autre église et 5 % s'abstiendraient d'en chercher une autre. Il est vrai que la Mesure comporte de nombreuses clauses de sauvegarde concernant les paroisses qui s'opposeraient à son application53. Une fois encore, l'Église se protège contre la loi sur la discrimination sexuelle de 1975 (clause 6) afin d'assurer à ses membres réticents un véritable choix. Hormis la première clause, toutes les autres s’attachent en fait à protéger les consciences des objecteurs.
64A la question de MORI, "S’il y avait des femmes prêtres dans l'Église d'Angleterre, pensez-vous que les non-pratiquants d'aujourd'hui seraient plus ou moins susceptibles de pratiquer ?" 26 % pensent qu'ils pratiqueraient davantage, 56 % que cela ne changerait rien et 13 % qu'ils le seraient moins.
65L'Église d'Angleterre a agi avec beaucoup de précautions et s'est ainsi vraisemblablement protégée d'un schisme potentiel important. L'un des arguments de la campagne du Mouvement des femmes contre l'ordination des femmes est qu'en un an, en 1986, l'Église épiscopalienne d'Amérique (ECUSA) a perdu près de 235.000 fidèles. Il est suggéré qu'il s'agit bien là d'une conséquence directe de l'ordination des femmes. Le seul risque véritable de schisme est à trouver auprès des anglo-catholiques. Or comme nous l'avons vu, certains groupes organisent déjà leurs forces pour faire face à cette éventualité et, peut-être, se convertir au catholicisme.
Un œcuménisme, mais quel œcuménisme ?
66Le plus grand problème auquel l'Église d'Angleterre a à faire face aujourd'hui est sa relation avec l'Église Catholique. Dès 1975, l'Archevêque de Cantorbéry (Donald Coggan) entretient une correspondance régulière avec le Pape Paul VI sur les développements que provoque l'ordination des femmes dans la Communion anglicane. En novembre, le Pape lui répond qu'"il n’est pas admissible d'ordonner des femmes prêtres pour des raisons véritablement fondamentales" (apostolat masculin, tradition, autorité). Au même moment, un dialogue s'engage entre le Secrétariat du Vatican pour la promotion de l'unité chrétienne et les représentants anglicans. Il ressort de ces conversations qu'une commission doit être nommée afin d'étudier dans quelle mesure les Églises qui ordonnent les femmes à la prêtrise peuvent rester en relation sacramentelle avec celles qui ne le font pas. En octobre 1976, le Vatican publie un texte officiel - Inter Isigniores - ne laissant plus aucun doute sur sa condamnation de l’ordination des femmes à la prêtrise. La position de l'Église d'Angleterre est alors très délicate puisqu'en tant que chef de file de la Communion anglicane elle la représente à l’extérieur. Tant qu'elle n'ordonnait pas les femmes à la prêtrise, le dialogue s'avérait plus aisé. Malgré les pourparlers de Versailles en 1978 et les efforts des deux commissions internationales anglicane et catholique (ARCIC-I et ARCIC-II) nommées en 1979 et 1982, on en est toujours au même point. L'Archevêque Robert Runcie a continué d'informer le Pape de l'évolution en Angleterre. Mais le désaccord est d'ordre théologique, l'Église Catholique insistant notamment sur la dimension in persona christi du prêtre. En 1988, le Pape écrivait à Robert Runcie :
L'ordination des femmes à la prêtrise dans certaines Provinces de la Communion anglicane, avec la reconnaissance du droit à certaines Provinces de procéder à l'ordination des femmes à l'épiscopat, paraît... être un obstacle majeur sur le chemin qui nous mène à une reconnaissance mutuelle de nos ministères 54.
67La réponse officielle du Vatican à ARCIC-I, publiée le 5 décembre 1991, semble bien aller vers un durcissement des relations entre Rome et Lambeth et la Chambre des Évêques s'est déclarée "déçue" par certains aspects du rapport. Celui-ci affirme en effet que les différences entre les deux églises "font gravement obstacle à la restauration d'une communion totale dans la foi et la vie sacramentelle".
68Dans l’échantillon MORI des 414 fidèles anglicans, 70 % se déclaraient pour le développement par l’Église d’Angleterre de liens plus étroits avec l’Église Catholique Romaine (contre 14 %).
69L’Église orthodoxe, quant à elle, a adopté dès novembre 1988 une position très claire55. Elle s'oppose à l’ordination des femmes pour quatre raisons : l’apostolat masculin, la Vierge Marie n’ayant pas exercé une fonction de prêtre, la tradition et les enseignements de Saint Paul56. Elle n’a pas changé d’avis depuis et recommande que la fonction de diaconesse renaisse dans l’Église orthodoxe.
70Du côté de la Communion anglicane, les problèmes sont moindres. Nous avons vu que la Conférence de Lambeth (réunie régulièrement depuis 1867) rassemble les évêques de tous les pays appartenant à la Communion et se tient au courant des développements de l’Église protestante. Au début des années 1990, la Communion anglicane compte déjà 1 342 femmes prêtres dans huit Provinces (sans compter les provinces dont certains diocèses ont agi de leur propre chef) et deux femmes évêques (USA et Nouvelle-Zélande). On se rappelle de la première résolution de la Conférence de Lambeth 1988 visant à encourager une grande tolérance vis-à-vis des Provinces qui ordonneraient des femmes. En septembre 1988, l’Archevêque de Cantorbéry a d’ailleurs nommé une commission d’enquête (présidée par le Primat d’Irlande, Robert Eames) afin d’étudier "comment les Anglicans peuvent vivre dans le plus haut degré de communion possible compte tenu des différences de principe et de pratique qu’entraîne l’ordination des femmes à l’épiscopat57 ". Le rapport sera rendu en mai 1989 et un second rapport à la suite des réactions qu’il a entraînées sera publié en 199058. La Communion anglicane a donc essayé de maintenir le principe de koinonia (la participation à la vie du Seigneur et à la Sainte Trinité).
CONCLUSION
71Le 11 novembre 1992, le Synode général a adopté la proposition d’ordonner les femmes à la prêtrise. Les statuts requièrent une majorité des deux tiers dans chaque chambre. La mesure a été adoptée à deux voix près dans la Chambre des Laïcs (169 voix contre 82, soit 67,3 %). Mais les Chambres du Clergé et des Évêques ont largement voté en faveur de la proposition (176 contre 74 pour le clergé, soit 70,4 % ; 39 contre 13 pour les Évêques, soit 75 %). Le Parlement a entériné cette décision qui a reçu l’assentiment royal le 5 novembre 199359. La Chambre des Communes avait voté pour son adoption (215 voix contre 21) mais relativement peu de députés s’étaient donnés la peine de venir. Les députés avaient accordé aux opposants le droit d’être indemnisés en cas de désaccord (195 voix contre 19). La Chambre des Lords, quant à elle, n'avait pas eu besoin de mettre aux voix l'acceptation des deux mesures60. La décision parlementaire intervenait à un moment où une action en justice pour vice de procédure à l'encontre des mesures venait d’être rejetée par la Haute cour de Justice (28 octobre). Il ne restait plus que l'ultime étape de ratification par le Synode. Ce fut chose faite le 22 février 1994, sans débat, par un vote à main levée. La veille, une nouvelle action en justice contre les mesures avait échoué. La promulgation des canons (4b et 13) ouvrait la voie à l'ordination des femmes à la prêtrise dans l'Église d'Angleterre. Le samedi 12 mars 1994, l'Évêque de Bristol, Barry Rogerson, ordonnait 32 femmes prêtres en sa cathédrale.
Annexe
ANNEXE
Votes des diocèses anglicans sur le projet de mesure pour l’ordination des femmes (1991)

* V= Projet voté - R= Projet rejeté
Source: General Synod, Ordination of Women to the Priesthood, Reference of the Legislation to the Dioceses: Voting Figures. Londres, 1992, GS 996.
Notes de bas de page
1 The Report of the Archbishops'Group on the Episcopate. Episcopal Ministry. Londres, Church House Publishing, 1990, para. 498.
2 Sex Discrimination Bill, Partie II, p. 13, para. 19, in: Public Bills, Pp Eng. 1974-75/V.
3 HEENEY (Brian). The Woman's Movement in the Church of England 1850-1930. Oxford, 1988, p. 127.
4 Citée dans "Holy Orders", Karen Armstrong, Woman's Journal, décembre 1990, p. 120. Paddy Ashdown, le leader des Libéraux-démocrates et John Smith, le leader du Parti travailliste sont également favorables à l'ordination des femmes à la prêtrise.
5 Church Times, 8 février 1991. D'après le Rapport Rose publié en février 1991, Deacons Now, deux diocèses comptaient plus de 50 femmes diacres (St Albans, Southwark) et deux plus de 40 (Oxford, Chelmsford).
6 Cf. en annexe le tableau sur le résultat des Votes des diocèses anglicans sur le projet de mesure pour l'ordination des femmes à la prêtrise.
7 Cf. les articles de Woman and Home ("Women at the Altar", décembre 1988, qui présente le pour et le contre; “The Invisible Church", janvier 1990), Woman's Journal ("Holy Orders", décembre 1990), Good Housekeeping ("Why the Church Needs a Woman's Touch", décembre 1990), Options ("Those Who Practise What They Preach", juin 1989), New Woman ("Knocking on Heaven's Door", octobre 1992) notamment. Sauf à présenter les deux points de vue, les articles sont tous extrêmement favorables à l'ordination des femmes à la prêtrise. Du côté de la presse de qualité quotidienne le Times et le Daily Telegraph suivent de très près le cheminement du projet de mesure.
8 STEPHENSON (Alan M.G.). Anglicanism and the Lambeth Conferences. Londres, SPCK, 1978, p. 143.
9 Ibidem. L'idée est intéressante puisque la diaconesse fait partie des ordres mineurs (pas d'imposition des mains donc pas de caractère sacré) contrairement au diacre qui fait partie des ordres majeurs et fait donc l'objet d'une ordination. Le terme "diaconat" est ambigu car il recouvre l'ordre des diaconesses et celui des diacres. Il faut veiller à ne pas confondre les deux fonctions qui n'ont ni les mêmes attributions ni le même statut au sein de l'Église. Il est d'ailleurs significatif que la fonction de diaconesse soit uniquement féminine alors qu'on trouve aujourd’hui plus d'hommes diacres que de femmes.
10 Voir à ce propos la contribution de KAYE (Elaine), "A Turning-Point in the Ministry of Women: the Ordination of the First Woman to the Christian Ministry in England in September 1917", in: SHEILS (W.J.), WOOD (Diana), dir. Women in the Church. Oxford, Blackwell (Studies in Church History, vol. 27), 1990, pp. 505-12.
11 En 1984, Florence Li Tint Oi fêtait le quarantième anniversaire de sa prêtrise à l'Abbaye de Westminster, à l'instigation du Mouvement pour l'ordination des femmes. Elle s'est éteinte à Toronto, à 84 ans, le 6 mars 1992. Avant la Conférence de Lambeth de 1988, l'Archevêque Runcie avait demandé au Comité consultatif anglican de produire un film-vidéo sur sa vie, intitulé "Retour à Hepu".
12 Cité par WELSBY (Paul A.). A History of the Church of England 1945-1980. Oxford, O.U.P., 1984, p. 256.
13 Il s'agit du Comité consultatif anglican de la Conférence de Lambeth (association internationale des évêques anglicans). Il a remplacé l'Organe consultatif de Lambeth à la suite de la Conférence de 1968 et s'est réuni pour la première fois en 1971 à Limuru (Kenya). Il a trois fonctions principales :
- Une fonction de représentation. Il sert de lien de communication entre les différentes églises de la communion anglicane.
- Une fonction évangélisatrice. Il développe les politiques missionnaires approuvées par la commission.
- Une fonction œcuménique. Il guide les autres membres de la communion vers une plus grande œcuménisation.
14 Cf. la définition qu'en donne la brochure éditée par l’Advisory Council for the Church's Ministry: Professional Ministry - A Guide to Selection and Training for Priesthood, Diaconate and Accredited Lay Ministry in the Church of England. Londres, Church House Publishing, sp.
"Les lecteurs sont des hommes et femmes laïcs, bénévoles, qui sont habilités par l'évêque à exercer dans une paroisse particulière ou un ministère spécialisé. Ils prêchent et enseignent, conduisent l'office (y compris les funérailles) et aident généralement à la prière et aux fonctions pastorales sous la surveillance du vicaire". Leur formation dure trois ans et ils portent une soutane bleue. On compte en Angleterre 1939 lectrices et 5659 lecteurs ("Knocking on Heaven's Door", Jane Bartlett, New Woman, octobre 1992).
15 STEPHENSON, op. cit., p. 269.
16 Il s'agit de Barbara Harris, Evêque suffragan du Massachussetts, U.S.A.
17 Les trois chambres ont voté comme suit :
Chambre des Evêques | 32 | OUI | 17 | NON |
Chambre des Laïcs | 120 | OUI | 106 | NON |
Chambre du Clergé | 94 | OUI | 149 | NON |
18 The Ordination of Women to the Priesthood. Londres, Church House Publishing, 1987 (GS 764).
19 En mai 1989, la Chambre des Evêques publie un second rapport sur The Ordination of Women to the Priesthood (GS 829) suivi en juillet 1989 du Draft Code of Practice (GS Misc. 321). En 1990 un résumé du second rapport de la Chambre des Evêques est publié à l'attention des discussions paroissiales (GS Misc. 337).
20 Quatre textes sont soumis à l'attention des diocèses dont trois feront l'objet d’un vote (les trois premiers). Ils sont publiés dans Reference of Draft Legislation to the Diocesan Synods 1990 - Memorandum by the Standing Committee and Background Papers (GS Misc. 336). Londres, Church House Publishing, 1990. Il s'agit de :
Draft Priests (Ordination of Women) Measure autorisant les femmes à devenir prêtres ; accompagnée de deux amendements au droit canon ;
- Draft Canon C4B (of Women Priests) ;
- Draft Amending Canon no 13.
Le premier vise à amender en particulier l'ordinal qui n'adopte que le genre masculin et précise la nature des personnes qui peuvent prétendre à la prêtrise. Le second spécifie qu'une femme ne peut être consacrée évêque mais peut devenir prêtre.
- Ordination of Women (Financial Provisions) Measure qui précise les conditions dans lesquelles une indemnisation peut se faire en cas de démission.
21 Anglican Consultative Council. The Truth Shall Make You Free. The Lambeth Conference 1988. Londres, Church House Publishing, p. 201, para. 1. "The Ordination or Consecration of Women to the Episcopate".
22 Clifford Longley est le correspondant régulier du Times sur les affaires religieuses. Cf. The Times, 2 juin 1990.
23 "Would You Take Communion from these Women?", Joanna Moorhead, The Observer, 9 septembre 1990.
24 On pouvait lire sur le premier : "Notre Église sera-t-elle en de bonnes mains ?" (on voit une femme tenir le calice au moment de la consécration du vin) ; sur le second (qui s'étale sur une double page centrale) : "Rendons-le officiel" (une femme bénit un jeune couple lors de leur mariage) ; sur le troisième : "Notre Église a absolument besoin d'une touche féminine" (une femme baptise un bébé).
25 The Sunday Telegraph, 15 septembre 1991.
26 On y trouve Lord Holderness, Lord Williams of Elvel, le comte de Lauderdale, et le député de Suffolk Coastal, John Selwyn Gummer, également membre du Synode général et Ministre de l'Agriculture. John Gummer avait déjà déclaré à la BBC en 1987 qu'il envisageait la possibilité de se convertir au catholicisme si la mesure pour l'ordination des femmes venait à être votée. Cf. "Gummer Threat to Quit C of E", Robert Porter, The Sunday Telegraph, 22 février 1987.
27 Church Times, 28 février 1992.
28 Early Day Motion no 755, 26 février 1992. La motion, déposée à l'initiative de Denis Howell, rassemblait 38 signatures. Elle déclarait : "Cette Chambre déplore l'initiative prise par les 37 parlementaires des deux chambres qui, dans leur lettre à l'Archevêque de Cantorbéry, semblent vouloir abandonner les procédures habituelles démocratiques de l'Église d'Angleterre ; et soutient chaleureusement la réponse positive et réaliste que leur a faite l’Archevêque". La motion ne fut en fait jamais soumise au vote, la dissolution de la Chambre étant intervenue entre temps pour les élections générales d'avril 1992.
29 Election Address from Those Standing for Moderator and Vice-Moderator, Movement for the Ordination of Women (MOW), juillet 1991. Les électeurs devaient choisir 1 modérateur et 2 Vice-Modérateurs.
30 "3 out of 4 Anglicans Back Women Priests", Jonathan Petre, The Daily Telegraph, 19 août 1988. L’article est dans l'ensemble confus et ne donne que quelques résultats incomplets. L'enquête porte sur 1021 adultes mais prend également en compte certains sous-échantillons : anglicans et catholiques notamment.
31 Gallup Political Index, no 285, mai 1984 ; Gallup Political Index, no 352, décembre 1989.
32 Les échantillons de MORI ont été réalisés par quota à partir du profil connu des fidèles de l’Église d’Angleterre. D'après son enquête de novembre 1989, on comptait 54 % de fidèles anglicans dans la population (51 % d'hommes, 56 % de femmes).
33 Gallup Political Index, no 296, avril 1985 ; British Public Opinion, vol. X, no 9, novembre 1988 ; British Public Opinion, vol. XI, no 10.
34 La question exacte posée par MORI était : "Êtes-vous d'accord ou non avec la décision de principe prise par le Synode général de l'Église d'Angleterre cette semaine d'autoriser l'ordination des femmes à la prêtrise au sein de l'Église d'Angleterre ?".
35 L'enquête, il est vrai, ne prend en compte qu'un échantillon aléatoire de 15 % du synode (soit 86 membres) et a été réalisée par téléphone le 4 novembre 1991. Selon cette enquête, 57 % soutiennent la mesure, 35 % s'y opposent, 6 % sont indécis, et 2 % ne se déclarent pas.
36 The Ordination of Women to the Priesthood - Reference of Draft Legislation to the Diocesan Synods 1990. Londres, Church House Publishing, 1990, p. 6 (GS Misc. 336).
37 Seule l'enquête de Gallup d'août 1988 indiquait que 49 % des Catholiques soutenaient l'ordination des femmes à la prêtrise dans l'Église d’Angleterre. Cf. The Daily Telegraph, 19 août 1988.
38 Le rapport cite 2884 réponses y compris "un contingent inconnu de réponses dans 78 groupes". Cf. Do Not Be Afraid - A Report on the Responses of Catholic Women to the Discussion Paper, Women - Status and Role, Life and Mission, prepared and collated by the National Board of Catholic Women. Londres, NBCW, 1991, 40p.
39 D'après le Times du 26 juin 1989, celui-ci avait décidé en 1988 de diriger une liste d'objecteurs. Elle comptait 2125 signatures en 1989. Son successeur, Dr David Hope, bien qu'opposé à la mesure dans son précédent diocèse, Wakefield, s'est abstenu dans le vote diocésain. Londres, le dernier des 44 synodes diocésains à se prononcer sur la mesure, s'est déclaré contre dans les trois chambres.
40 "There'll Be a Big Party Going On", Reader's Digest, mars 1991, vol. 138, no 827, p. 42. C'est le mot "hérésie" que l'Archevêque a dû rétracter.
41 The Times, 2 juin 1990.
42 Church Times, 4 janvier 1991.
43 Cf. A Digest of the Second Report by the House of Bishops (GS 829), Londres, Church House Publishing, 1990, GS Misc. 337; Church of Ireland, Report of the Select Committee on the Ordination of Women to the Priesthood and the Episcopale, Dublin, Dublin University Press, mai 1989. Pour un point de vue catholique, cf. Do Not Be Afraid, op. cit., chapitre 6 - "Women and Ministry".
44 "Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est". EDWARDS (Ruth B.). The Case for Women's Ministry. Londres, SPCK, 1989 (Biblical Foundations in Theology), p. 181.
45 Church Times, 4 janvier 1991.
46 Church Times, 11 janvier 1991. Elle répondait en fait à une autre lettre publiée le 4 janvier 1991.
47 Révérend J.G. Bishop, Chichester, Church Times, 4 janvier 1991.
48 Church Times, 11 janvier 1991. De nombreuses lettres citent Saint Paul, Galatians 3-28: "There is neither Jew nor Greek, there is neither bond nor free, there is neither male nor female: for ye are all one in Christ Jesus".
49 Congrégation sacrée pour la doctrine de la foi. Déclaration sur la question de l'admission des femmes à la prêtrise. (Inter Insigniores). Londres, CTS, 1976, para. 5.
50 Apostolic exhortation. The Vocation and the Mission of the Lay Faithful in the Church and in the World. (Christi Fideles Laici), 1989, para. 51.
51 Cf. I Timothy 2-12: "Let the woman learn in silence with all subjection. But I suffer not a woman to teach, nor to usurp authority over the man, but to be in silence". I Corinthians 14-34: "Let your women keep silence in the churches: for it is not permitted unto them to speak".
52 The Times, 15 novembre 1988.
53 D'après la seconde clause de la mesure, les évêques diocésains pourront refuser d'ordonner des femmes prêtres. Mais lors de leurs départs, la déclaration expirera après six mois.
54
Report of the Archbishop of Canterbury's Commission on Communion and Women in the Episcopate (Eames Report). Londres, Church House Publishing, 1989, 42p., pp. 37-9.
En 1986, le Cardinal Willebrands écrivait à l'Archevêque Runcie : "... il faut dire franchement qu'un développement comme celui de l'ordination des femmes n'ajoute rien à l'approfondissement de la communion entre nous et affaiblit la communion qui existe déjà".
55 The Place of the Woman in the Orthodox Church and the Question of Ordination of Women. Inter-Orthodox consultation, novembre 1988.
56 Idem, paras. 6, 7, 29.
57 Eames Report, op. cit., p. 7.
58 Report of the Archbishop of Canterbury's Commission on Communion and Women, Part II. Londres, Church House Publishing, 1990, 26p. Octobre 1989, mars 1990.
59 Priests (Ordination of Women) Measure 1993, 5 novembre 1993, Elizabeth II 1993 no 2. Londres, HMSO, 1993, 10p.; Ordination of Women (Financial Provisions) Measure 1993, 5 novembre 1993, Elizabeth II 1993 no 3. Londres, HMSO, 1993, 8p.
60 Lord Holderness, membre de l’association Église en danger, avait introduit un amendement visant à retarder l’adoption de la mesure de deux ans. Après 5 h 30 de débat, l'amendement fut mis aux voix et rejeté (à 135 voix contre 25). Cf. House of Lords Weekly Hansard, no 1579, 2 nov.-5 nov. 1993, vol. 549, Col. 1078-1080.
Auteur
Maître de conférences à l’Université de Paris III
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