“’Tis the Longest Purse Conquers the Longest Sword” : guerre, paix et commerce dans quelques pamphlets de Daniel Defoe, 1698-1713
p. 225-242
Texte intégral
1Daniel Defoe a souvent été dépeint comme le chantre de la suprématie commerciale de son pays.1 Moins connue, mais tout aussi fondatrice de sa personnalité, son attirance pour la chose militaire fut chez lui une constante. Enrôlé sous la bannière de Monmouth (juin 1685), il offrit en outre de lever un peloton de cavalerie pour se racheter d’avoir offensé la reine en publiant The Shortest Way with the Dissenters (1702).2 Les questions touchant à l’armée étaient de celles que Defoe évoquait avec autant de sérieux que de délectation. Ses écrits de fiction prenant la guerre pour thème principal (The Memoirs of Major Alexander Ramkins [1719], Memoirs of a Cavalier [1720]) semblent tellement refléter le goût de leur auteur que les batailles d’experts n’ont cessé de faire rage à propos de l’inclusion dans le canon de The Memoirs of an English Officer (1728), connu aussi sous le titre de The Military Memoirs of Captain George3 ainsi qu’au sujet de The History of the Wars of His Present Majesty Charles XII, King of Sweden (1715) et de The History of the Wars of His Late Majesty Charles XII, King of Sweden (1720).4
2Journaliste, il traitait volontiers, dans sa Review (19 février 1704-11 juin 1711)5 d’événements se déroulant hors de l'Angleterre, et ce de façon à la fois plus polémique et plus vivante que la London Gazette, publication officielle dont les articles étaient fondés sur des rapports d’ambassade. Dans Mercator : Or Commerce Retrieved (26 mai 1713-20 juillet 1714), dans lequel l’écrivain défendait (notamment contre Steele) ses idées sur le commerce du vin et des tissus, les articles pro-Utrecht se multipliaient. Après les traités de Ryswick (1697), ses très nombreux écrits politiques, publiés à partir de 1698, attirèrent sur lui l’attention du public. Après 1713 et surtout 1715, sa production se concentra presque exclusivement sur les problèmes ayant trait au commerce, à la société et à la religion.
3Entre ces deux dates, une quarantaine de pamphlets permirent à l’auteur d’aborder le contexte guerrier de son époque, tantôt en va-t-en guerre, tantôt en apôtre de la paix, toujours en zélateur des échanges commerciaux.6 Deux séries d’écrits parurent, l’une concernant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1689-1697), l’autre la guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714). Leur qualité est, il faut bien l’avouer, inégale, ce qui n’a rien de surprenant lorsque l’on songe aux circonstances de leur publication. Celle-ci se faisait le plus souvent dans la plus grande hâte. Un délai de trois semaines entre écriture et mise sous presse était un maximum. Pour réussir ce tour de force, l'auteur s’installait souvent dans le quartier du Temple où il était plus près de son imprimeur. Ce dernier n’hésitait pas de son côté, si Defoe choisissait de rester dans sa maison de Stoke Newington, à lui envoyer l’un de ses apprentis devant qui l’écrivain relisait ses textes afin de ne pas perdre de temps (Backscheider 371). L’auteur était lié par un contrat permanent avec John Baker qui lui garantissait la somme de deux guinées chaque fois que cinq cents exemplaires à six pence étaient vendus. Lorsqu’il choisissait un autre éditeur, Defoe s’entendait avec lui pour lui fournir, sous quelques jours, de la copie sur un sujet donné. En outre, la rédaction, pendant la période la plus fructueuse sous le règne d’Anne, ne fut sans doute pas le fait d'un seul Defoe, mais de trois, le père se faisant assister par ses deux fils, Daniel et Benjamin. Enfin, la prudence et la diplomatie exigeaient de brouiller les pistes. La publication se faisait souvent de manière anonyme (surtout à partir de 1711), ou bien l’éditeur se servait de périphrases quelque peu racoleuses (By the Author of The True-Born Englishman, By the Author of the Review, By the Author of Reasons for Putting an End to This Expensive War). La revendication pouvait aussi venir de façon ultérieure mais irréfutable de Defoe lui-même, quand il décidait de reproduire tel ou tel pamphlet dans l’édition de ses œuvres.
4D’où la dernière hypothèque méthodologique qui doit être levée avant de commencer l’analyse et qui est celle de l’attribution des pamphlets. Le choix fut de ne tirer de conclusions définitives que de ceux que l’auteur a inclus dans A True Collection (1703) et dans A Second Volume of the Writings (1705)7 ou de ceux pour lesquels les preuves externes existent. Il a paru toutefois réducteur de laisser entièrement de côté les écrits autour desquels s’affrontent avec vigueur les spécialistes de Defoe. C’est pour cette raison qu’un titre tel que A Defence of the Allies (1711) par exemple a été retenu.8 D’autres, trop contradictoires par rapport à certaines oeuvres dont la source est certaine ou fort probable, ont été écartés. C’est le cas par exemple de A Short Narrative of the Life and Actions of Marlborough ; By an Old Officer in the Army (1711) attribué à Defoe par Lee et contenant un panégyrique du duc qui aurait été écrit au moment même où les partisans de Harley demandaient sa mise en accusation. En revanche un pamphlet publié fort en dehors des dates retenues a été choisi pour servir à la mise en perspective du triple thème de la guerre, de la paix et du commerce, présent dans le corpus élu mais plus nettement théorisé dans ce dernier (The Advantages of Peace and Commerce, 1729).9 Enfin, les a priori de Defoe étant tout aussi indéniables que sa volonté de modération et de tolérance, il a été jugé bon de faire appel à d’autres textes militaires primaires de la période, notamment français, et ce afin de faire mieux ressortir tant la participation de l’auteur aux idées qui étaient dans l'air du temps que son originalité.
5Il s’agit donc de présenter les pamphlets dans leur ordre chronologique mais en les regroupant, tout en les reliant au contexte historique qui les fit naître. Une évolution indubitable dans les positions de leur auteur se fait en effet jour en fonction de l’actualité. En conclusion, leurs caractéristiques communes pourront être cernées, ainsi que les liens qui, aux yeux de Defoe, unissent la guerre, la paix et le commerce sur un mode non plus diachronique mais synchronique.
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6Le premier groupe de pamphlets publiés par l’auteur sur ce sujet représente sa contribution à la bataille de libelles qui suivit les traités de Ryswick, conclus l’un dans la nuit du 20 au 21 septembre 1697 entre les Provinces-Unies, l’Espagne, l’Angleterre et la France, l’autre le 30 octobre entre l’empereur d’Allemagne et Louis XIV. En Angleterre, comme en France, la guerre avait coûté cher en vies humaines et en deniers. Dans les deux pays le poids financier de telles campagnes se retrouva au centre du débat. A Paris, certains cercles proches de Louvois, ministre de la guerre allèrent même jusqu’à souhaiter que le pays ne conservât pas une marine trop chère à entretenir. Il fallait attaquer le commerce des ennemis pour mieux les affaiblir et renflouer les finances publiques. Cette attitude n’était pas vraiment neuve, ainsi qu’en témoignent les nombreux rapports d’officiers. L'un d’eux par exemple dit avoir rendu visite à un “capitaine de flibustiers,” rentré la veille “avec deux vaisseaux anglais qu’il avait pris au vent de la Barbade, l’un de douze canons et l’autre de dix-huit, venant à droiture d'Angleterre très richement chargés” (Prise de deux vaisseaux anglais 275). Si le traité avait consacré la perte par Louis XIV de presque toutes ses conquêtes et la reconnaissance de Guillaume III, il contenait aussi la cession aux Français de la partie occidentale d'Haïti et la promesse de l’Angleterre de s’abstenir de piratage aux Antilles.
7Le traité fut bien accueilli en Angleterre, car il signifiait que la France reconnaissait enfin la révolution de 1688. Il prévoyait en outre une paix perpétuelle entre Louis, Guillaume et leurs successeurs. Le roi d’Angleterre, plus au fait des réalités de l’équilibre des puissances en Europe que ses sujets, fit alors part à la nation de son désir de maintenir en temps de paix une armée de métier qui resterait sous contrôle du Parlement. Cette proposition éveilla sur-le-champ les craintes de ses sujets qui redoutaient la menace d’un pouvoir absolutiste et guerrier de type Cromwell. Sir J. Trenchard, ex-partisan de Guillaume, et Walter Moyle tirèrent les premiers et firent paraître en octobre 1697 An Argument Shewing That a Standing Army Is Inconsistent with a Free Government. John Somers, ministre de la justice fut alors chargé d’orchestrer la riposte. Son propre pamphlet Letter, Ballancing the Necessity of Keeping a Land-Force in Times of Peace, with the Dangers, paru en novembre 1697, adopte le ton de la propagande.10
8Defoe, quant à lui, écrivit Some Reflections on a Pamphlet Lately Publish’d, Entituled, an Argument Shewing That a Standing Army Is Inconsistent with a Free Government (1697), An Argument Shewing That a Standing Army with Consent of Parliament Is Not Inconsistent with a Free Government (1698) et A Brief Reply to the History of Standing Armies in England (1698).11 Le deuxième de ces pamphlets a été réimprimé par Defoe dans le premier volume de ses œuvres. Que l’auteur ait été commissionné par les ministres whigs en faveur de la politique de Guillaume III ne fait aucun doute. Ce libelle témoigne donc de la logique implacable dont sait faire preuve l’auteur lorsque le sujet n’est pas de ceux qui le passionnent spontanément. Son tempérament le portant plutôt à la recherche de solutions raisonnables, il commence cet écrit par un rappel des arguments divers qui le conduit à demander aux factions en présence de savoir raison garder. Ce qu’il cherche, lui, c'est la voie moyenne (“safe medium” [203]), celle qui contentera tout le monde. Un retour dans le passé lui paraît nécessaire afin de prouver que c’est lors des périodes où l’Angleterre n’avait pas d’armée de métier qu’elle a été presque constamment envahie. Sous Elisabeth Ire, l’invasion par l’invincible Armada n’a pu être évitée que grâce à une intervention proprement divine (204). Depuis, une armée de métier ou du moins une organisation qui y ressemble fort, a toujours existé dans le pays. L’Angleterre doit prendre sa part dans le concert des nations afin de faire échec aux volontés expansionnistes de la France (205).
9Si les Anglais ne souhaitent pas se battre chez eux, alors ils doivent accepter la mise sur pied d'une armée de métier qui livrera bataille en Europe, et plus spécialement contre le roi de France (207). De même ces milices dont les opposants à ce projet se gargarisent tant, ne peuvent pas être envoyées par le roi à l’étranger. Et ici Defoe interrompt brusquement la poursuite de son argumentation pour faire une nouvelle fois vibrer la corde patriotique de ses compatriotes. Leur pays n'a-t-il pas toujours été un sujet d’admiration pour l’Europe quand son armée était puissante ? L’auteur n’hésite pas alors à nommer Olivier Cromwell, suivant sans doute l’idée qu’il vaut mieux parler du loup que de laisser ce soin à d’autres. Adroitement il établit une filiation entre Elisabeth Ire et Guillaume III : leur gloire n'est-elle pas due en grande partie aux armées qu’ils ont pu lever ? Ici Defoe n’a pas de mal soutenir une idée fort répandue en Angleterre comme en France.12
10Le fil du raisonnement proprement dit est repris par le passage, réel mais non-dit, d’arguments qualitatifs à d’autres de type quantitatif. En effet, soutient Defoe, il n’est pas question de défendre ici l’idée d’une grande armée comme aurait pourtant pu le faire croire la citation biblique placée en épigraphe du pamphlet et qui rappelle au lecteur que la cavalerie du roi Salomon comptait, elle, 12 000 soldats. (II Chroniques 9. 25.). L’armée anglaise ne serait forte que de 6 000 hommes en tout, chiffre qui ne peut pas plus faire peur aux citoyens que celui des milices existantes. Donc, conclut-il : “a small army can never hurt us” (212). Le raisonnement perd quelque peu de sa force pourtant, quand on songe que les milices n’étaient pas vraiment prises au sérieux par la plupart des gens.
11Le Parlement ne suivit pas les recommandations de Defoe et de ses amis puisqu’il vota en 1698, avant même la dissolution de la garde hollandaise de Guillaume III en 1699, une nouvelle réduction à 7 000 soldats des forces armées, dont il avait déjà fait passer le nombre à 10 000 en 1697. Les temps avaient changé et les oppositions étaient devenues autant politiques que financières comme le fait remarquer le Mémoire pour servir d’instruction au comte de Tallard. Les “Parlements anglais ont bien paru soumis depuis que le Prince d'Orange est monté sur le trône et empressés à lui donner tous les subsides qu’il a demandés” (82). Il fallait donc s’attendre à ce “qu’ils fourniroient aux dépenses d’une guerre qu’ils avaient désirée avec trop de passion pour ne pas y contribuer de tout leur pouvoir” (82). Aujourd’hui cependant : “Les Anglais ne souhaitent plus la guerre, les dépenses immenses qu’ils ont faites pour soutenir la dernière sont pour eux de fortes raisons de désirer la paix” (84).
12Les mêmes belligérants devaient pourtant se retrouver sur le champ de bataille au cours de la guerre de Succession d’Espagne. La deuxième série de pamphlets concernant cette période est beaucoup plus volumineuse et variée. Les écrits s’attachent tour à tour à justifier le recours à la défense armée, à glorifier les héros des victoires alliées, à défendre la succession protestante, à rejeter la solution d’une paix séparée avec la France, puis à la défendre, pour enfin relier les enjeux de la paix avec ceux du commerce, et notamment avec la défense de la Compagnie des Mers du Sud. La guerre de Succession d’Espagne en effet déboucha vite sur des questions de prééminence économique. Le roi d'Espagne était un homme malade, sans héritiers, dont l’Europe attendit la mort pendant trente-cinq ans. Afin de faire pièce aux volontés hégémoniques de la France, l’Angleterre, les Provinces-Unies et l’Empereur signèrent le Traité de la Grande Alliance le 7 septembre 1701. Jacques II mourut avant que ce traité ne soit rendu public et son fils fut reconnu comme Jacques III, roi d’Angleterre, d'Ecosse et d’Irlande par Louis XIV, malgré ses engagements antérieurs vis-à-vis de Guillaume III à Ryswick. En Angleterre cette décision fut ressentie comme une provocation. Le danger que faisaient courir à l’Europe les ambitions françaises fut accentué par la mort du Roi d’Espagne, événement dont les conséquences apparaissaient à tous comme incalculables. Saint-Simon note par exemple dans ses Mémoires que “dès que le roi d’Espagne fut expiré,” la curiosité de tous fut telle “qu’on s’étouffoit dans les pièces voisines de celle où les grands et le Conseil ouvroient le testament. Tous les ministres étrangers en assiégeoient la porte” (Mémoires I : 788).
13Pendant cette période troublée, Defoe publia huit pamphlets dont la double conclusion était chaque fois la même : il ne faut pas admettre la possibilité qu’un roi dont la foi protestante n’est pas avérée puisse coiffer la couronne anglaise et il faut accepter que le pays doive entrer en guerre pour défendre cette idée et l’indépendance du pays. Quatre libelles se succédèrent donc qui prirent pour thème la succession anglaise. The Two Great Questions Consider’d (15 novembre 1700), The Two Great Questions Further Consider’d (2 décembre 1700), The Succession to the Crown of England Considered (1701) et The Present State of Jacobitism Considered in Two Queries (1701).13 Le second répète, en les approfondissant, les arguments du premier et les deux sont reproduits par l’auteur dans le premier volume de ses œuvres. Le sous-titre de The Two Great Questions Consider’d est éclairant: I. What the French King Will Do, with Respect to the Spanish Monarchy, II. What Measures the English Oughtto Take. Dans sa préface, Defoe prévient son lecteur qu’il n’avait pas encore connaissance du testament espagnol avant de rédiger ce pamphlet, mais que ce dernier garde pourtant toute sa pertinence. Les questions dont il traite sont en effet d’ordre structurel et non purement conjoncturel. L’isolationisme prêché par beaucoup et les divisions internes de la nation ont affaibli l’image du pays à l’étranger. Le congédiement de nombreux corps d’armée a eu la même conséquence, soutient-il dans une première partie (Works : I. 356). Dans un deuxième temps, il souligne que ses compatriotes doivent se rendre compte de la valeur de ce roi dont ils sont les seuls à se plaindre et que l’Europe respecte. Heureusement pour eux qu’ils ne vivent pas sous le règne d’un Jacques II dont les penchants catholiques le feraient se rapprocher du roi de France (363). En outre si ce dernier et le roi d'Espagne deviennent trop proches, il faudra alors craindre leur puissance coalisée et notamment celle de l’armada espagnole et de la marine française devant lesquelles même la flotte anglaise si puissante fera piètre figure (364). L'insistance sur la dimension maritime de la menace amène enfin Defoe à la lier à la perte de la maîtrise des mers et donc au déclin du commerce anglais, qui à son tour ferait le lit d’un affaiblissement militaire, puisque l’argent est bien le nerf de la guerre : “for this I presume to lay down as a fundamental axiom, at least as the wars go of late,’tis not the longest sword, but the longest purse that conquers” (364).
14Le deuxième pamphlet The Two Great Questions Further Consider’d. With Some Reply to the Remarks fut écrit en réponse à une satire anonyme intitulée Remarks, issue de milieux hostiles à la politique royale. Cela explique sans doute le ton très polémique adopté par l’auteur et qui ne correspond pas à ses habitudes. La cible préférée de Defoe y est l’esprit borné d’une grande partie des sujets britanniques, et notamment des tories pour lesquels tout ce qui ne menace pas directement leurs terres n'a aucune réalité tangible (378). Il fustige aussi l’indifférence avec laquelle la plupart des gens ont accueilli la nouvelle du testament espagnol (380). A ses yeux en effet, le sort d’une nation ne peut être dissocié de celui des autres. “But to say’ tis nothing to us who is King of Spain is as ridiculous as to say ’tis no matter to us who has the kingdom of Ireland’’(383).
15Les deux autres pamphlets de ce groupe, publiés avant la déclaration de guerre touchent la même corde. Dans The Present State of Jacobitism Considered in Two Queries, la première partie s’interroge sur l’attitude du roi de France à l’égard de la personne et du titre du Prince de Galles, tandis que la deuxième est présentée comme une conséquence de la seconde et concerne la conduite des jacobites en Angleterre même. Defoe va même jusqu'à revenir à ses anciennes amours en écrivant un panégyrique de la famille du duc de Monmouth dans The Succession to the Crown of England, Considered (1701).
16En alternance avec ces quatre libelles plus spécialement centrés sur la succession protestante et sur les menaces que faisait peser sur elle l’arrogance du roi de France, quatre autres parurent à la même époque traitant du même sujet mais préparant peu à peu les esprits à la guerre. The Danger of the Protestant Religion Consider’d, from the Present Prospect of a Religious War in Europe date du 9 janvier 1701 et précède de peu The Apparent Danger of an Invasion (février 1701). Quant à Legion’s Memorial to the House of Commons, il fut présenté à la Chambre le 14 mai 1701 d’une manière que certains critiques s'accordent à qualifier de rocambolesque.14 Cette pétition demandait au Parlement d’approuver le vote de crédits militaires nouveaux face à la menace française. Defoe la prenait si peu à la légère qu’il résolut de composer un pamphlet au titre et au contenu ironique Reasons against the War with France (octobre 1701) sous-titré Or an Argument Shewing that the French King’s Owning the Prince of Wales King of England, Scotland and Ireland Is No Sufficient Ground ofa War. Il s’agissait pour lui de s’élever contre ceux qui soutenaient qu’il valait mieux combattre l'Espagne que la France : les conséquences commerciales bénéfiques en seraient plus directes. L’avenir lui donna raison. En effet, c’est aux Français que l’Espagne accorda en 1702 le contrat “asiento” à la Compagnie de Guinée. A celle-ci, rebaptisée pour l’occasion Compagnie de l’Asiento, il permettait d’introduire, dans les colonies espagnoles, entre 38 000 noirs en temps de guerre et beaucoup plus en temps de paix.
17Du début de la guerre à 1706, Defoe fit preuve dans ses pamphlets d’une fascination certaine pour la gloire militaire que conféraient les batailles gagnées de haute lutte. De cette époque datent de très nombreux écrits dont The Spanish Descent (novembre 1702), A Hymn to Victory (août 1704) et The Double Welcome (9 janvier 1705) dans lesquels Marlborough apparaît comme un grand stratège tandis que Rooke est présenté comme un incompétent.15 Pour la seule année 1704, l’auteur n’écrivit pas moins de 400 000 mots, d’après Backscheider (141) et vécut exclusivement de sa plume. Désireux de prouver sa reconnaissance à Harley après sa première banqueroute et son séjour à Newgate, il se lança à corps perdu dans son activité de pamphlétaire. The Spanish Descent, poème de 388 vers, réimprimé dans le premier volume des œuvres est signé de l’auteur du True-Born Englishman à sa publication. C’est un texte enthousiaste sur la victoire de Vigo en Galice et qui adopte la même forme que Reformation of Manners publié la même année, l’essai en vers. Lorsque Defoe en vient à évoquer les actions militaires de Rooke en revanche, il n’a pas de mots assez durs. Le 12 août 1702, l’amiral commandant la flotte anglo-hollandaise forte d’une trentaine de vaisseaux et de 160 000 hommes, se lança à l’attaque de Cadix. Non content de ne pas réussir à s’approcher de la ville, il ne put que se livrer au pillage de villages sans défense. Et Defoe de souligner avec cynisme : “The Unattempted Town Sings Victory” (10).
18Les seules personnes qui se souviendront du passage des marins anglais sont les prostituées andalouses, insiste-t-il (10). Rooke décida le retrait des troupes sans avoir vraiment livré bataille (16). Pourtant sa bonne étoile fit qu’il eut connaissance de la présence de la flotte espagnole en baie de Vigo. L’attaque se conclut par la capture de sept galions richement chargés. Defoe n’était-il pas très partial dans ses critiques de ce tory qu’il détestait au point même que ses amis eurent des démêlés avec les siens ? En effet, une erreur d’interprétation est toujours possible pour un stratège. Le récit donné par Saint-Simon du combat naval de Velez-Malaga (24 août 1704) rejette ainsi la responsabilité de la prise de Gibraltar par les Anglais sur le mentor de la flotte. Le comte de Toulouse “avait défense de rien faire” sans l’avis de ce dernier (Mémoires 280) et accepta donc, à contre-cœur, sa décision de ne pas attaquer Rooke à nouveau. “Ils ne tardèrent pas à apprendre avec certitude que c’en était fait de la flotte ennemie s’ils l’eussent attaquée ; et tout de suite de Gibraltar, qu’ils auraient trouvé dans le même état qu'il avait été abandonné” (281).
19La même partialité, mais en sens inverse, se lit dans le portrait du duc de Marlborough brossé dans A Hymn to Victory (1704) et dans The Double Welcome (1705). Le premier de ces pamphlets eut un grand succès puisque la deuxième édition (9 septembre) suivit de onze jours la première (août). Il faut dire que le sujet était de ceux qui permettent de flatter le patriotisme anglais. Defoe composa son poème à la hâte et produisit quelque cinquante-sept pages en deux semaines. La nouvelle de la victoire de Marlborough était arrivée en Angleterre le 29 janvier et seize jours après le poème était publié. Il ne fut pas l’écrivain officiellement commissionné pour célébrer cette victoire comme le fut Joseph Addison (The Campaign 14 décembre 1704) et ne fit même pas partie de ceux que le gouvernement encouragea par des arguments sonnants et trébuchants comme Prior ou John Dennis qui reçut cent guinées pour Britannia Triumphans (Backscheider 150). En dépit de cela, la ferveur patriotique de Defoe est profonde, comme en témoigne son portrait du duc, forçant les lignes ennemies plutôt que s’épuisant dans de longs sièges (10). Pourtant, comme souvent, il mêle des remarques critiques aux louanges de circonstance. Les Anglais feraient bien de se souvenir de leurs hésitations lorsqu’il s’agissait de donner des crédits à l’armée du roi Guillaume :
Parties decide the Nation’s Doom
Fighting abroad’s a Jest, the War’s a Throne.
(A Hymn to Victory 16)
20 The Double Welcome, sous-titré A Poem to the Duke of Marlbro, réimprimé par Defoe dans le deuxième volume de ses œuvres, parut le 9 janvier 1705, peu après le poème d’Addison, The Campaign. Defoe, dépité, ne s’y montre pas sous son meilleur jour et attaque clairement son rival qui, selon lui, n'écrit pas une ligne avant de savoir combien il sera payé (Works II : 174). La requête adressée en conclusion à Marlborough de ramener la concorde en Angleterre (“calm our wild debates” [II : 178]) semble avoir des implications plus personnelles que nationales. Pourtant les accents de triomphe du premier écrit n’en sont pas absents. Le duc est un général de toute première envergure et il est doublement bienvenu chez lui en tant que combattant victorieux et en tant que modérateur de la vie publique anglaise (II : 180).
21Si Defoe a souvent, jusqu’en 1705, des accents de va-t-en guerre, il a pourtant toujours eu conscience que la paix était un état éminemment désirable. Déjà en 1703 et en 1706, deux pamphlets témoignaient de cet état d’esprit, A Challenge of Peace, Address’d to the Whole Nation, with an Enquiry into Ways and Means for Bringing It to Pass (23 novembre 1703) et A Hymn to Peace, Occasion’d by the Two Houses Joining in One Address to the Queen (8 janvier 1706).16 Du groupe de libelles suivants, aucun ne paraît avant 1711 et tous préconisent des négociations en vue de préparer la fin de la guerre. La situation politique intérieure et extérieure avait, il est vrai, beaucoup changé. Le ministère de Godolphin était tombé en août 1710 à la suite notamment des concessions faites par les whigs aux Hollandais dans le traité de succession et de barrière de La Haye (29 octobre 1709) que Marlborough avait, lui, refusé de signer. L’article 15 en particulier affaiblissait la position commerciale anglaise puisqu’il stipulait que F Angleterre s’engageait à partager avec les Provinces-Unies tous les avantages qu’elle pourrait obtenir, ce qui supposait l’abandon de l’Asiento et de Minorque obtenus de Charles III. La dissolution du Parlement ouvrit la voie à une victoire tory et à la fin de la guerre à outrance. Harley en effet donna une orientation radicalement différente à la diplomatie anglaise et Defoe fut bien forcé de s’y adapter.
22Il n’épousait toutefois pas entièrement les idées de ce dernier et, tout en écrivant selon la ligne prescrite dans la Review, il publia anonymement un pamphlet intitulé An Essay on the South-Sea Trade with an Enquiry into the Grounds and Reasons of the Present Dislike and Complaint against the Seulement of a South-Sea Company (13 septembre 1711).17 Il allait à l’encontre des opinions de Harley qui souhaitait une paix signée avec la France au détriment des Alliés. Il partagea en effet longtemps l’idée que le Parlement avait exprimée après l’échec des négociations de paix de 1709 sous la forme d’une résolution “no peace without Spain.” Des tractations secrètes avaient toutefois eu lieu et, dès décembre 1710, le comte de Jersey, l’un des envoyés de Harley, avait accepté l’idée que Philippe garderait l’Espagne contre l’engagement que l’Angleterre pourrait commercer librement avec les Amériques. Defoe lui ne croyait pas à la bonne volonté commerciale des Espagnols et des Français et ne pensait pas qu’il fallait se hâter vers ce qu’il considérait comme une paix trop rapide et peu fructueuse pour son pays (An Essay 6). De plus cette Compagnie des Mers du Sud que Harley voulait mettre sur pied à la fois pour financer l’effort de guerre et pour créer un gisement d’argent concurrent de la Banque d’Angleterre, trop whig à son goût, paraissait à l'auteur un projet trop timide par rapport à celui d’une colonisation véritable.
23Pourquoi les Anglais ne réussiraient-ils pas aussi bien que la France (6) ? Le commerce avec les mers du Sud devrait avoir trois volets : le négoce proprement dit avec les ports d’Amérique comme l’Angleterre le fait déjà aux Antilles (36), une installation dans les possessions espagnoles (37) et une conquête de terres “to settle, plant and inhabit the same as a Colony” comme le sixième article de la Grande Alliance le permet (37). C’est dans ce sens que le gouvernement se propose d’aller et, sur ce point, l'auteur du pamphlet est tout à fait d’accord (37). Un événement imprévu changea alors le cours des choses. Matthew Prior, envoyé secrètement en France, porteur d’un billet de la reine Anne et lui donnant pouvoir de négocier avec les Français, fut arrêté à la douane en compagnie du diplomate français Nicolas Mesnager. Inquiets à l’idée de la colère de leurs alliés hollandais, les Anglais signèrent en toute hâte le double accord du 27 septembre 1711.18
24Il fallait donc s’acheminer vers la paix et Defoe, en fin connaisseur des opinions de ses compatriotes, savait que la nation était lasse de cette guerre, et ce surtout depuis la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709) que tout le monde s’accordait à qualifier de victoire à la Pyrrhus. Avant la fin de 1711 (d’octobre à décembre) il fit paraître une dizaine de libelles sur le sujet. Le plus connu, bien qu'il soit anonyme, est sans doute Reasons Why This Nation Ought to Put a Speedy End to This Expensive War publié en octobre 1711.19 Tous les critiques sont d’accord pour l’attribuer à l’auteur, malgré les références à “The Review, or his party” (39) qu’il faut entendre sur le mode ironique. Prenant le contre-pied de la position qu’il avait naguère (septembre) ridiculisée dans la Review, il dresse un tableau de l’Angleterre, amoindrie par vingt ans de guerre, et de ses habitants, écrasés d’impôts levés à cet effet (3). Le ton est hyperbolique: “Now we see our treasures lost, our funds exhausted, all our public revenues sold, mortgaged and anticipated” (5). Dans un deuxième temps, plaide Defoe, nos victoires ont été trop chèrement payées par nombre de blessés et de morts (6). Par exemple celle de Malplaquet a vu la mort de 22 000 hommes et l’enjeu territorial était vraiment très mince (6). Outre les enjeux économiques, une raison politique majeure fait que l’heure des négociations de paix, même sans l’Espagne, a sonné. La mort de l'Empereur change entièrement les données du problème puisque c’est sans doute l’Archiduc Charles que les Alliés ont déjà reconnu comme roi d’Espagne qui règnerait alors sur les deux couronnes, mettant en danger l’équilibre européen, au moins autant que la solution française (29). Les Alliés, en demandant trop de la France, ont compromis les chances de paix. Or cette dernière n’est pas à genoux comme cela a pu être dit et l’Angleterre ne peut continuer longtemps de se ruiner pour l’effort de guerre. Toutes les parties ont donc intérêt à l’arrêt des combats et l’heure des compromis a sonné (35). Et Defoe de reprendre son tableau apocalyptique. Le commerce de l’Angleterre stagne comme jamais. “Si la guerre doit durer, des impôts viendront immanquablement peser sur les vêtements et même sur les denrées alimentaires” (42).
25L’année 1711 fut donc celle de la publication successive de pamphlets répétant à l’envi les mêmes raisons de faire la paix. Reasons for a Peace : Or, the War at an End (1711) reprend presque terme à terme les arguments de Reasons Why, la ligne conductrice de la démonstration étant la charge financière insupportable que la guerre fait peser sur l’Angleterre. Tous les moyens sont bons, les références directes comme celles plus obliques. Armaggedon représente une variante bien venue en raison de son titre et de son ton ironique. Le sous-titre en est en effet : Or, the Necessity of Carrying on the War If Such a Peace Cannot Be Obtained, As May Render Europe Safe and Trade Secure. Les tendances didactiques de Defoe se font jour au contraire dans An Essay at a Plain Exposition of That Difficult Phrase A Good Peace (novembre 1711). A cette série de libelles mettant l’accent sur les enjeux économiques de la guerre, s’ajoute un groupe d'écrits plus particulièrement tournés vers les éléments de politique étrangère du débat, ce qui ne veut pas dire que les considérations commerciales en sont absentes, bien au contraire. Dans The Ballance of Europe (1er novembre 1711), Reasons Why a Party among Us, and Also among the Confederates Are Obstinately Bent against a Treaty of Peace (29 novembre 1711) et The Felonious Treaty (décembre 1711), Defoe insiste que l’Angleterre est maintenant en position de force pour négocier des concessions territoriales notamment outre-mer. Si elle ne le fait pas, la poursuite des engagements militaires signera l’arrêt de mort de son commerce international.20
26Comme le soulignait Reasons Why, “The case is alter’d now” (6), et l'année 1712 s’ouvrit sur la disgrâce de Marlborough (le 4 janvier), symbole avec les whigs d’une guerre terrestre au service des intérêts des Habsbourg, au détriment de ceux de l’Angleterre. Defoe n'eut sans doute pas trop de mal à se faire l’écho des préoccupations des tories qui avaient décidé de ne pas privilégier les problèmes d’équilibre entre les Bourbons et les Habsbourg pour mieux se consacrer, sur mer, aux enjeux coloniaux en Méditerranée et aux Amériques. Le 29 janvier les tractactions commencèrent à Utrecht et le 10 mai Bolingbroke fit parvenir au Duc d'Ormonde l’ordre d’éviter de se battre contre les Français, sans en aviser les Alliés (“the infamous restraining orders”). Un certain nombre de libelles de cette année reprirent, en les modifiant légèrement, des arguments déjà présents dans ceux de 1711. C’est le cas de The Conduct of Parties (24 janvier 1712) qui stigmatise l’opposition whig au traité de paix, de Peace or Poverty et de An Enquiry into the Danger of a War with the Dutch qui lient prospérité économique et succession protestante.21
27En revanche, trois pamphlets datant de cette année-là valurent à leur auteur une réputation d’apostat. Deux concernent Marlborough, Reasons against Fighting (7 juin 1712) et No Queen, or, No General (1712).22 Defoe y critique ce haut personnage aussi nettement qu’il a naguère vanté ses mérites. Dans le premier, des allusions à Malplaquet ont pour but de montrer l’inanité d’une telle victoire et donc de dévaloriser l’action du duc (3). Le deuxième défend la décision de renvoi prise par la reine. Tous deux pourtant n’attaquent pas l’homme, mais le rôle que les événements l’ont amené à jouer. En fait Defoe n’a sans doute jamais cessé d’admirer le vainqueur de Blenheim, ce personnage couvert de gloire (“most glorious"), victime d’un malheureux concours de circonstances [Atalantis Major (7)]. A propos de A Further Search into the Conduct of the Allies (1712), le problème se pose en des termes différents. Defoe y attaque Swift et son Conduct of the Allies23 dont les six éditions entre le 27 novembre 1711 et la fin janvier de la même année l’ont sans doute rendu jaloux. Il avait pourtant fait l’éloge du même écrit dans A Defence of the Allies (1711). La question peut être résolue si l’on adopte le point de vue de Furbank et d’Owens qui contestent l'attribution de ce dernier écrit à Defoe (“Defoe and the Dutch Alliance” 176-77)24 Il est vrai que A Defence semble en outre défendre une position inverse de celle contenue dans Reasons Why a Party among Us... Are Obstinately Bent against a Treaty of Peace (1711).
28Lorsque Anne annonce la signature du traité d’Utrecht au Parlement le 9 avril 1713, cela fait plus d’un an que Defoe écrit essentiellement au sujet des négociations et du danger jacobite que leur échec ferait courir au pays. Pas moins d’une vingtaine de libelles sont consacrés durant cette periode aux tractations proprement dites. Deux concernent plus particulièrement les dispositions commerciales du futur traité. An Essay on the Treaty of Commerce with France (mai 1713) et Considerations upon the 8th and 9th Articles of the Treaty of Commerce and Navigation (2 juin 1713).24 Il est difficile de se prononcer sur l’opinion personnelle de l’auteur. Sa gêne paraît perceptible quand il admet par exemple que les Anglais qui travaillent dans les manufactures de soie souffriront sans doute des dispositions du traité: “I do acknowledge it is a hard and melancholly Circumstance when any publick Transaction so clashes the parts of the Body, I mean the Body of the Nation, that one can hardly live without the Destruction of the other” (42). Mais, explique-t-il, la production lainière est tellement plus importante que toutes les autres et puis, que les soyeux se rassurent, même leur activité se trouvera bien du traité (42). Le Parlement ne devait tenir aucun compte de ses arguments et le traité de commerce et de navigation fut repoussé le 18 juin 1713.
29Ce qui est sûr en revanche c’est que, loin d’adopter l’attitude revancharde de la plupart de ses compatriotes, Defoe choisit de raisonner en fonction de la France, et ce notamment dans trois pamphlets anti-jacobites mais non anti-français parus la même année. Dans Reasons against the Succession of the House of Hanover (février 1713), l’imbrication étroite des questions de politique intérieure et extérieure est au centre du libelle. Si les maîtres écoutaient ce qui se dit en cuisine, voilà ce qu’ils entendraient : “High Church, No Dutch Kings, No Hanover,” et en face “No French Peace, No Pretender, No Popery” (506). And What If the Pretender Should Come ? affirme que l’Angleterre doit être le plus proche possible du souverain et du peuple français pour des raisons tant politiques que commerciales :
Every one knows how vast an advantage we reaped by the French trade in former times, and how many hundred thousand pounds a year we gained by it, when the balance of trade between us and France ran so many millions of livres annually against the French by the vast exportation of our goods to them. (536)
30Les ambitions du roi de France ne doivent pourtant pas être sous-estimées, souligne-t-il dans An Answer to a Question That Nobody Thinks of What If the Queen Should Die? (avril 1713).25 Bien sûr, celui-ci a reconnu que la paix voulue par l’Angleterre lui a permis de sortir d’une guerre qui, si elle avait continué, aurait mené son pays à une “éclipse” (485) financière totale. Toutefois, le Prétendant, qui ne fera sans doute rien tant que la Reine est en vie, trouvera en lui un appui le moment venu (487).
31Ces quelque quarante pamphlets parus à l’occasion d’événements historiques précis partagent un certain nombre de caractéristiques, certaines qui leur sont propres, d'autres communes à tous les libelles de la même plume. La tendance politique, le ton, la démarche, la voix, les thèmes de ces écrits dessinent un tableau cohérent, sinon homogène. Ils sont, plus que les autres écrits concernant la religion et les mœurs, critiquables quant à la stabilité des opinions exprimées. Le Conduct of the Allies de Swift est tantôt un travail remarquable (A Further Search), tantôt un tract dont le style déshonore son auteur (A Defence of the Allies). Les Hollandais sont soit des alliés loyaux (A Defence of the Allies 6), soit des partenaires ne respectant pas leurs engagements (A Justification of the Dutch). Les idées whig paraissent bien souvent alterner avec les prises de position typiquement tory, faisant de Defoe l’écrivain du parti au pouvoir. Pourtant, outre les questions d’attribution qui, résolues, rétabliraient peut-être une harmonie, les constantes l’emportent de loin sur les variantes. L’admiration sans bornes pour Guillaume III, le respect vis-à-vis de Marlborough, l’anti-papisme systématique (“popish agents” [An Answer 492], “your bloody papists” [Reasons Why 508], le chauvinisme (“it was never heard that the French ever went about to make a Piece of Bays in this World, no, nor are they able to do it” [An Essay on the Treaty of Commerce 40]) reviennent sans cesse. Plus particulièrement tous les libelles de l’année 1712 préparent l’opinion à la perte de l’Espagne (Sutherland 25).26
32Le ton utilisé est extrêmement varié. Moins enthousiaste et moins hyperbolique que dans les écrits vantant les bienfaits du commerce, il peut aller du didactisme à l’ironie en passant par la modération ou l’exagération. Lorsque Defoe veut expliquer des décisions politiques complexes et souvent fluctuantes à ses contemporains, il choisit l’attitude moralisatrice du parent envers l’enfant (Reasons against the Succession 513), enfermant son lecteur dans ses propres contradictions “People ! People! If ye cannot resist the French king, ye must submit to a French pretender” (Reasons against 512). Comme l’illustre cette dernière affirmation, l’ironie n’est jamais bien loin. Dans le même pamphlet n’affirme-t-il pas : “The pretender will no doubt bring us good medicines, and cure us all of our hypochondriac vapours that now make us so giddy” (515) ? Cependant même ce parti pris est fluctuant. En conclusion Defoe affirme clairement en effet : “it is inconsistent with the constitution of this protestant kingdom to be governed by a popish prince” (526). La modération dont il fait presque toujours preuve n’a d’égale que sa délectation à noircir le trait lorsqu’il le faut. Il a alors des accents très swiftiens : “What if this popery, like the vomit made of poison, be the only physic that can cure you ? If this vomit make you spew out your filth, your tory filth, your idolatrous filth, your tyrannic filth, and restore you to your health, shall it not be good for you ?” (Reasons against 515-16).
33La démarche adoptée vise à faire oublier ces excès, à les banaliser. Elle est en effet presque toujours logique et vise à l’exhaustivité. Defoe a l’habitude de numéroter ses arguments. Dans An Essay on the Treaty of Commerce with France par exemple, il reprend le traité incriminé article par article (16-25). Dans An Answer to the Question, les articulations du raisonnement apparaissent très nettement : “From toleration in England, come we to the constitution of religious affairs in Scotland” (491), “From religious matters, come we next to consider civil interest” (493), "From this piece of civil right, come we to those things we call liberties” (495). Defoe cherche à être complet, à faire le tour du problème, en se servant notamment d’incursions fréquentes dans le passé. Celles-ci peuvent même constituer un titre comme dans The Felonious Treaty : Or, an Enquiry in the Reasons Which Moved His Late Majesty King William of Glorious Memory to Enter into a Treaty at Two Several Times, with the King of France, for the Partition of the Spanish Monarchy (1711). Ces rappels historiques sont bien sûr plus nombreux dans les tracts proprement politiques. A propos du traité dont il est question en 1713, Defoe rappelle ceux de Breda (1667), de Nimègue (1678) et de Ryswick (1697) (An Essay on the Treaty of Commerce 5-11).
34Cette méthode possède quelques autres aspects moins avouables, mais tout aussi efficaces. Elle est en effet également répétitive, imagée (quelquefois à outrance), réductrice, procède du raisonnement par l’absurde et enrôle le lecteur, souvent à son corps défendant. Les listes chères à Robinson ne sont pas absentes des libelles, souvent introduites de façon assez cavalière. Parlant des garanties offertes aux Anglais par leurs lois et par leur souverain, Defoe écrit par exemple : “In like manner for our properties, our estates, inheritance, lands, goods, lives, liberties, etc.” (An Answer 496). Il faut convaincre par accumulation. Les images sont essentiellement médicales et animales quand il s’agit de décrire l’esprit de faction, les prétentions du roi de France, la menace papiste. Elles font plutôt appel aux métaux précieux ou au grand large lorsque c’est de paix civile et internationale ou de commerce qu’il est question. L’irrationnel fait ainsi son entrée dans ce monde en apparence si ordonné. De même, les affirmations à l’emporte-pièce dont Defoe n’est pas avare visent à susciter une réaction plus émotionnelle qu’intellectuelle. Dans The Ballance of Europe par exemple, il affirme: “If any Man enquired what we fought for in this War, the Answer was short, we fought for Spain” (4). Ce dispositif est complété par celui qui consiste à prendre le lecteur à partie, parfois violemment (Reasons against the Succession 506).
35La dérobade de l’auteur n’est en effet pas moins indéniable dans ses pamphlets que dans ses œuvres de fiction. Les titres, très travaillés, trahissent le soin mis à instituer une distance entre son lecteur et lui-même, ou plutôt entre l’image que ce dernier s’en fait et celle que ce pamphlet en particulier va modeler. Reasons against a War with France et Armaggedon : Or the Necessity of Carrying on the War en sont les meilleurs exemples. Chacun veut dire l’inverse de ce que son titre indique. La publication anonyme est un autre élément de la voix. Elle permet de maintenir l’ambiguïté du locuteur choisi. Sutherland remarque que, de celui des Reasons against, il est difficile de dire s’il est satiriste, jacobite ou simple observateur (60).
36L'incohérence ne préside pourtant pas au traitement des thèmes de la guerre, de la paix et du commerce, malgré tous ces détours d’écriture. L’une des illustrations principales en est l’utilisation de vocabulaire financier pour parler de la guerre (Reasons Why 5) et du lexique guerrier pour débattre du commerce (The Trade with France 6). Les relations étroites entretenues par ces trois activités sont magistralement exprimées dans un pamphlet extérieur à la période retenue, mais cristallisant parfaitement leur imbrication. The Advantages of Peace and Commerce, publié en 1729,27 part d’un postulat simple: “Peace and Trade have so far got the Start of War and the S word, that the Trading Nations of the World are now become infinitely superior in Wealth and Power, to those who might properly be call’d the Fighting Nations” (3). Bien sûr la paix et le commerce font bon ménage : “Peace is certainly the Right Hand of Trade ; it is its Support and Defence” (20), de même que la ruine économique est la compagne de la guerre. Ces idées qui soustendaient la plupart des pamphlets de la période considérée sont toujours valables, mais doivent être remises en perspective. En effet la paix et le commerce ne sont pas des fins mais des moyens : “But generally speaking, the longest Purse, not the longest Sword, gets the Day in the End; and as nothing can furnish Money like Commerce, so the Trading Countries have manifestly the Advantage in a War” (23). Ce qui fait la force des nations commerçantes est aussi pourtant leur talon d’Achille : “And tho our Trade, being the greatest without Dispute in the World is therefore best able to support us in a War; yet our Trade too would suffer most by a War, even for this very Reason, because it is the greatest” (24). Commercer est donc pour un pays une question non seulement de survie, mais aussi de puissance. Si les temps de paix y sont plus favorables que les temps de guerre, l’éventualité d’un engagement militaire ne doit pourtant pas faire peur à une contrée de négociants qui savent, quand il le faut devenir, des belligérants. Même si la vie militaire possède un attrait indiscutable, les vraies batailles à mener sont celles qui se livrent contre les puissances économiques rivales. Tel est le message ultime des pamphlets considérés.
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Bibliographie
LISTE DES PAMPHLETS SUR GUERRE, PAIX ET COMMERCE DE DANIEL DEFOE
ordre chronologique et indication d’attribution
- Some Reflections on a Pamphlet Lately Published, Entitled, An Argument Shewing that a Standing Army Is Inconsistent with a Free Government, and Absolutely Destructive to the Constitution of the English Monarchy. London: E. Whitlock, 1697.28 pages. Dans Dottin, Backscheider. Rien dans Furbank et Owens.
- An Argument Shewing That a Standing Army, with Consent of Parliament, Is Not Inconsistent with a Free Government. London: E. Whitlock, 1698. Réimprimé par Defoe dans Works (1705) I. 26 pages.
- A Brief Reply to the History of Standing Armies in England with Some Account of the Authors. London, 1698. 25 pages.
- The Two Great Questions Consider’d: I. What the French King Will Do, with Respect to the Spanish Monarchy. II. What Measures the English Ought to Take. London, November 15, 1700. Réimprimé par Defoe dans Works (1705) I. 28 pages.
- The Two Great Questions Further Consider’d. With Some Reply to the Remarks. London, December 2, 1700. Réimprimé dans Works (1705) I. 28 pages.
- The Danger of the Protestant Religion Consider’d, from the Present Prospect of a Religious War in Europe. London, January 1. 1701. Réimprimé dans Works (1705) I. 32 pages.
- The Apparent Danger of an Invasion. London, 1701. Pas dans Dottin. Dans Backscheider.
- The Succession to the Crown of England Considered. London, 1701. 38 pages.
- Legion’s Memorial to the House of Commons. Présenté le 14 mai 1701.
- The Present State of Jacobitism Considered in Two Queries: I. What Measures the French King Will Take with Respect to the Person and Title of the P.P. of Wales? II. What the Jacobites in England Ought to Do on the Saine Account. London: A. Baldwin, 1701.22 pages.
- Reasons against a War with France; or an Argument Shewing that the French King’s Owning the Prince of Wales King of England, Scotland and Ireland Is No Sufficient Ground of a War. London : October 1701. Réimprimé dans le volume I de A True Collection (1703). 30 pages.
- The Spanish Descent. A Poem. By the Author of The True-Born Englishman. London : November, 1702. Réimprimé dans le volume I de A True Collection (1703). 27 pages.
- A Challenge of Peace, Addressed to the Whole Nation, with an Enquiry into Ways and Means for Bringing It to Pass. Londres, 23 novembre 1703. Réimprimé dans le volume II de A True Collection. 24 pages.
- A Hymn to Victory By the Author of The True-Born Englishman. Londres : J. Nutt, août 1704. Deuxième édition en septembre 1704. Réimprimé dans le volume II de A True Collection. 52 pages.
- The Double Welcome: A Poem to the Duke of Marlborough. Londres, 9 janvier 1705. Réimprimé dans le volume II de A True Collection. 30 pages.
- A Hymn to Peace. Occasioned by the Two Houses Joining in an Address to the Queen. By the Author of The True-Born Englishman. Londres, 8 janvier 1706. 60 pages.
- An Essay on the South Sea Trade: With an Enquiry into the Grounds and Reasons of the Present Dislike and Complaint against the Seulement of a South-Sea Company. By the Author of the Review. Londres: J. Baker, 6 septembre 1712. 2e édition 29 novembre. 47 pages.
- Reasons Why This Nation Ought to Put an End to This Expensive War. With a Brief Essay at the Probable Conditions on Which the Peace Now Negotiating May Be Founded. Also an Enquiry into the Obligations Britain Lies under to the Allies, and How Far She Is Obliged Not to Make Peace without Them. Londres : J. Baker, 6 octobre 171 1.2e édition le 11 octobre. 3e édition le 13 octobre. 47 pages.
- Armaggedon: Or, the Necessity of Carrying on the War If Such a Peace Cannot Be Obtained, As May Render Europe Safe and Trade Secure. Londres: J. Baker, 1er novembre 1711. 48 pages.
- The Ballance of Europe: Or, an Enquiry into the Respective Dangers of Giving the Spanish Monarchy to the Emperor, As Well As to King Philip, with the Consequences That Might Be Expected from Either. Londres: J. Baker, 1er novembre 1711. 48 pages.
- An Essay at a Plain Exposition of That Difficult Phrase: A Good Peace. By the Author of the Review. Londres: J. Baker, novembre 1711. 52 pages.
- Reasons Why a Party among Us, and Also among the Confederates, Are Obstinately Bent against a Treaty of Peace with the French at This Time. By the Author of Reasons for Putting an End to This Expensive War. Londres: J. Baker, 29 novembre 1711. 2e édition le 8 décembre.
- Reasons for a Peace: Or, the War at an End. Londres, 1711. Non retenu par Dottin. Retenu par Backscheider.
- The Felonious Treaty: Or, an Enquiry into the Reasons Which Moved His Late Majesty King William of Glorious Memory to Enter into a Treaty at Two Several Times, with the King of France, for the Partition of the Spanish Monarchy. With an Essay Proving That It Was Always the Sense of King William, and of All the Confederates, and Even of the Grand Alliance Itself, That the Spanish Monarchy Should Never Be United in the Person of the Emperor. By the Author of the Review. Londres: J. Baker, décembre 1711. 48 pages.
- The Succession of Spain Consider’d. Londres, 1711. Seulement des preuves internes pour l’attribution à Defoe. Accepté par Dottin et par Backscheider.
- A Defence of the Allies and the Late Ministry: Or Remarks on the Tories New Idol. Being a Detection of the Manifest Frauds and Falsifies in a Late Pamphlet Entitled The Conduct of the Allies and of the Late Ministry in the Beginning and Carrying on the War. Londres: J. Baker, 1711. 46 pages.
- The Conduct of Parties in England, More Especially of Those Whigs Who Now Appear against the New Ministry and a Treaty of Peace. Londres, 24 janvier 1712. 42 pages.
- The Present Negotiations of Peace Vindicated. Londres, 1712. Pas dans Dottin. Dans Backscheider.
- A Further Search into the Conduct of the Allies. Londres, 1712. Pas dans Dottin. Dans Backscheider.
- Peace or Poverty: Being a Serious Vindication of Her Majesty and Her Ministers Consenting to a Treaty for a General Peace. Londres, 1712. Pas de preuves externes. Accepté par Dottin et par Backscheider.
- An Enquiry into the Dangers and Consequences of a War with the Dutch. Londres :J. Baker, 1712.40 pages. Pas de preuves externes. Accepté par Dottin et Backscheider.
- Reasons against Fighting: Being an Enquiry into This Debate Whether It Is Safe for Her Majesty, or Her Ministry, to Adventure an Engagement with the French, Considering the Present Behaviour of the Allies. Londres, 7 juin 1712. 38 pages.
- Hannibal at the Gates: Or the Progress of Jacobitism, and the Danger of the Pretender. Londres: J. Baker, 30 décembre 1712. 48 pages.
- No Queen, or No General. Londres, 1712. Pas dans Dottin.
- A Defence of the Allies. Londres, 1712. Pas dans Dottin. Dans Backscheider. Contesté par Furbank et Owens.
- Peace, or Poverty. Londres, 1712. Pas dans Dottin. Dans Backscheider.
- Reasons against the Succession of the House of Hanover, with an Enquiry How Far the Abdication of King James, Supposing It to Be Legal, Ought to Affect the Person of the Pretender. Londres: J. Baker, 21 février 1713. 4 éditions d’ici avril. 45 pages.
- And What If the Pretender Should Come? or Some Considerations of the Advantages and Real Consequences of the Pretender’s Possessing the Crown of Great-Britain. Londres: J. Baker, 26 mars 1713. 2e édition en avril. 44 pages.
- An Answer to a Question That Nobody Thinks of, viz. What If the Queen Should Die? Londres: J. Baker, avril 1713. 44 pages.
- An Essay on the Treaty of Commerce with France: With Necessary Expositions. Londres : J. Baker, avril 1713. 2e édition en mai. 44 pages.
En référence :
- The Advantages of Peace and Commerce, with Some Remarks on the East India Trade. Londres: J. Brotherton, 1729.
Notes de bas de page
1 Essentiellement dans sa publication Manufacturer (13 octobre 1719-17 février 1720), dans The Complete English Tradesman (Londres, 1726), A Plan of the English Commerce (Londres : C. Rivington, 1728) et Augusta Triumphans (Londres, 1728).
2 The Shortest Way with the Dissenters (Oxford: Blackwell, 1974).
3 The Memoirs of Major Alexander Ramkins et The Memoirs of an English Officer dans Memoirs of an English Officer and Two Other Short Novels (Londres: Gollancz, 1970). James Crossley et William Lee qui correspondirent longuement à ce sujet à la fin du dix-neuvième siècle s’accordèrent à trouver que Defoe ne pouvait y avoir pris aucune part. Voir aussi l’étude stylométrique de Stieg Hargevik, The Disputed Assignment of Memoirs of an English Officer (Stockholm : Almquist and Wiskell, 1974) concluant à l’exclusion de ces mémoires.
4 Paula Backscheider analyse ces livres sans aucune des précautions qu’elle utilise d’habitude pour prévenir son lecteur du caractère douteux de telle ou telle attribution dans Daniel Defoe : His Life (Baltimore : The Johns Hopkins UP. 1989) 366-71, tandis que P.N. Furbank et W.R. Owens font porter la totalité de leur deuxième chapitre sur The History of the Wars of His Present Majesty Charles XII afin de prouver que la raison essentielle de sa présence dans le canon est que Lee en a décidé ainsi : The Canonisation of Daniel Defoe (New Haven : Yale UP, 1988) 18.
5 Review, ed. A.W. Secord (New York: Columbia UP, 1938), London Gazette (Londres, 1665-1800), Mercator (Londres, 26 mai-20 juillet 1714).
6 C’est dans ses pamphlets qu’il faut chercher de quoi répondre au reproche que fait à Defoe M. Novak dans “Warfare and Its Discontents in Eighteenth-Century Fiction: Or, Why Eighteenth-Century Fiction Failed to Produce a War and Peace,” Eighteenth-Century Fiction 4 (1992): 185-205: “Defoe, indeed, is excellent on war in Memoirs of a Cavalier (1720) but poor on peace” (196).
7 A True Collection of the Writings of the Author of the True-Born Englishman, Corrected by Himself (Londres, juillet 1703) et A Second Volume of the Writings of the Author of the True-Born Englishman,_Some where of Never before Printed, Corrected, and Enlarged by the Author (Londres, décembre 1705).
8 A Defence of the Allies and the Late Ministry: Or Remarks on the Tories New Idol. Being a Detection of the Manifest Frauds and Falsities in a Lare Pamphlet Entitled The Conduct of the Allies and of the Late Ministry in the Beginning and Carrying on the War (Londres: J. Baker, 1711). 46 pages. Si Furbank et Owens ont des doutes à son sujet, Backscheider se dit, elle, conquise “par les arguments de Downie et de Novak (291). Ce pamphlet porte la date de 1712 sur la page de titre, mais fut en fait publié dans les premiers jours de décembre 1711.
9 W. Lee, Daniel Defoe: His Life and Hitherto Unknown Writings (Londres: Hotten, 1869) I: 368 et D. Defoe, The Advantages of Peace and Commerce, with Some Remarks on the East India Trade (Londres: J. Brotherton, 1729).
10 Prise de deux vaisseaux anglais par les flibustiers. Leur manière de combattre et le traité qu'ils font pour leur course (Paris, 1694). D’autres écrivains, proches du gouvernement, tels que Matthew Prior et Richard Kingston se prononcèrent en faveur d’une armée de métier (Backscheider 71-72).
11 Some Reflections on a Pamphlet Lately Published, Entituled, An Argument Shewing That a Standing Army Is Inconsistent with a Free Government, and Absolutely Destructive to the Constitution of the English Monarchy (Londres: E. Whitlock, 1697) 28 pages. An Argument Shewing That a Standing Army, with Consent of Parliament, Is Not Inconsistent with a Free Government (Londres: E. Whitlock, 1698) 26 pages, et A Brief Reply to the History of Standing Armies in England with Some Account of the Authors (Londres, 1698) 25 pages. Les citations sont dans Works (voir note 6).
12 Works I : 207. Le Mémoire pour servir d’instruction au comte de Tallard, lieutenant général des armées du Roy et de sa province du Dauphiné (1698) dans Recueil des instructions aux ambassadeurs (Paris : P. Vaucher, X) par exemple développe la même. Le Roi d’Angleterre a bien été “pendant la dernière guerre” “le plus considérable des ennemis” (80) et ce, parce qu’il été “maistre des richesses” de l’Angleterre et de la Hollande (80). “Elles lui fournissaient les moyens d’entretenir les nombreuses armées que l’on a vues tous les ans dans les Pays-Bas” (80).
13 Saint-Simon, Mémoires (1704), tome II (Paris : Gallimard, 1953-1961). The Two Great Questions Consider’d: I. What the French King Will Do, with Respect to the Spanish Monarchy. II. What Measures the English Ought to Take (Londres, 15 novembre 1700). Réimprimé par Defoe dans Works (1705) vol. I. 28 pages. The Two Great Questions Further Consider’d. With Some Reply to the Remarks (Londres, 2 décembre 1700). Réimprimé dans Works (1705) vol. I. 28 pages. The Succession to the Crown of England Considered (Londres, 1701) 38 pages. The Present State of Jacobitism Considered in Two Queries: I. What Measures the French King Will Take with Respect to the Person and Title of the P. P. of Wales? II. What the Jacobites in England Ought to Do on the Saine Account (Londres: A. Baldwin, 1701) 22 pages.
14 The Danger of the Protestant Religion Consider’d, from the Present Prospect of a Religious War in Europe (Londres, 1er janvier 1701). Réimprimé dans Works (1705) vol. I. 32 pages. The Apparent Danger of an Invasion (Londres, 1701). Legion’s Memorial to the House of Commons (Présenté le 14 mai 1701). Reasons against a War with France: Or an Argument Shewing That the French King’s Owning the Prince of Wales King of England, Scotland and Ireland Is No Sufficient Ground of a War (Londres: octobre 1701). Réimprimé dans le volume I de A True Collection (1703) 30 pages.
15 The Spanish Descent: A Poem. By the Author of The True-Born Englishman (Londres: novembre 1702). Réimprimé dans le volume I de A True Collection (1703) 27 pages. A Hymn to Victory. By the Author of The True-Born Englishman (Londres : J. Nutt, août 1704). Réimprimé dans le volume II de A True Collection 52 pages. The Double Welcome: A Poem to the Duke of Marlborough (Londres, 9 janvier 1705). Réimprimé dans le volume II de A True Collection 30 pages.
16 A Challenge of Peace, Address’d to the Whole Nation, with an Enquiry into Ways and Means for Bringing It to Pass (Londres, 23 novembre 1703). Réimprimé dans le volume II de A True Collection 24 pages. A Hymn to Peace. Occasioned by the Two Houses joining in an Address to the Queen. By the Author of The True-Born Englishman (Londres, 8 janvier 1706) 60 pages.
17 An Essay on the South Sea Trade: With an Enquiry into the Grounds and Reasons of the Present Dislike and Complaint against the Seulement of a South-Sea Company. By the Author of the Review (Londres : J. Baker, 6 septembre 1712) 47 pages.
18 L’un pouvait être montré aux alliés et l’autre contenait les concessions faites à l’Angleterre par l’Espagne et par la France.
19 Reasons Why This Nation Ought to Put an End to this Expensive War. With a Brief Essay at the Probable Conditions on Which the Peace Now Negotiating May Be Founded. Also an Enquiry into the Obligations Britain Lies under to the Allies, and How Far She Is Obliged Not to Make Peace without Them (Londres: J. Baker, 6 octobre 1711) 47 pages.
20 Reasons for a Peace: Or, the War at an End (Londres, 1711). Armaggedon: Or, the Necessity of Carrying on the War If Such a Peace Cannot Be Obtained, As May Render Europe Safe and Trade Secure (Londres: J. Baker, 1er novembre 1711) 48 pages. An Essay at a Plain Exposition of That Difficult Phrase: A Good Peace. By the Author of the Review (Londres: J. Baker, novembre 1711) 48 pages. The Ballance of Europe: Or, an Enquiry into the Respective Dangers of Giving the Spanish Monarchy to the Emperor, As Well As to King Philip. With the Consequences That Might Be Expected from Either (Londres: J. Baker, 1er novembre 1711) 48 pages. Reasons Why a Party among Us, and Also among the Confederates, Are Obstinately Bent against a Treaty of Peace with the French at This Time. By the Author of Reasons for Putting an End to This Expensive War (Londres: J. Baker, 29 novembre 1711). The Felonious Treaty: Or, an Enquiry into the Reasons Which Moved His Late Majesty King William of Glorious Memory to Enter into a Treaty at Two Several Times, with the King of France, for the Partition of the Spanish Monarchy. With an Essay Proving That It Was Always the Sense of King William, and of All the Confederates, and Even of the Grand Alliance Itself, That the Spanish Monarchy Should Never Be United in the Person of the Emperor. By the Author of the Review (Londres: J. Baker, décembre 1711) 48 pages.
21 The Conduct of Parties in England, More Especially of Those Whigs Who Now Appear against the New Ministry and a Treaty of Peace (Londres, 24 janvier 1712) 42 pages. Peace or Poverty: Being a Serious Vindication of Her Majesty and Her Ministers Consenting to a Treaty for a General Peace (Londres, 1712). An Enquiry into the Dangers and Consequences of a War with the Dutch (Londres: J. Baker, 1712) 40 pages.
22 No Queen, or No General (Londres, 1712).
23 The Conduct of the Allies. Volume 6 de The Prose Works of Jonathan Swift. Ed. H. Davis. Oxford: Blackwell, 1939-1968.
24 Considerations upon the 8th and 9th Articles of the Treaty of Commerce and Navigation. Now Published with Authority. With Some Enquiries into the Damages That May Accrue to the English Trade from Them (Londres: Baker, 2 juin 1713). An Essay on the Treaty of Commerce with France: With Necessary Expositions (Londres: J. Baker, avril 1713) 44 pages.
25 Reasons against the Succession of the House of Hanover, with an Enquiry How Far the Abdication of King James, Supposing It to Be Legal, Ought to Affect the Person of the Pretender (Londres: J. Baker, 21 février 1713) 45 pages. And What lf the Pretender Should Come? or Some Considerations of the Advantages and Real Consequences of the Pretender's Possessing the Crown of Great Britain (Londres: J. Baker, 26 mars 1713) 44 pages. An Answer to a Question That Nobody Thinks of viz. What If the Queen Should Die? (Londres: J. Baker, avril 1713) 44 pages. Les citations de ces trois pamphlets sont tirées de l’édition Bohn des œuvres de Defoe, The Novels and Miscellaneous Works of Daniel Defoe (Londres : Bell, 1854-1867).
26 James Sutherland, Daniel Defoe: A Critical Study (Cambridge: Harvard UP, 1971).
27 The Advantages of Peace and Commerce, with Some Remarks on the East India Trade (Londres: J. Brotherton, 1729).
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