La social-démocratie et la condition féminine entre 1870 et 1914
p. 157-168
Texte intégral
1En Allemagne, les premières associations féministes se créèrent vers le milieu du xixe siècle, parallèlement au début de l’industrialisation.
2Il s’agit de la réalisation d’un mouvement de pensée dont un certain nombre de féministes françaises ont posé les bases, depuis Christine de Pisan au xve siècle, en passant par Marie de Gournay, fille spirituelle de Montaigne, jusqu’à Olympe de Gouges, qui a activement participé à la Révolution française en créant des clubs politiques, et qui est l’auteur de la « Déclaration des droits de la femme ».
3C’est donc d’abord en France que des féministes ont réclamé le droit à l’égalité des sexes, à l’égalité sociale de la femme et de l’homme devant la loi et dans la vie pratique. Pourtant, alors que les Françaises n’ont reçu le droit de vote qu’en 1945, les Allemandes, quant à elles, l’ont obtenu dès 1919. Leur engagement politique dans le parti social‑démocrate y fut sans doute pour beaucoup, mais le chemin qui mena à ce résultat fut long et semé d’embûches.
4Depuis des siècles, l’image traditionnelle de la femme a été celle de l’épouse et de la mère idéales, altruistes, dociles, tenues dans un état de dépendance étroite. En vertu de quoi, on – c’est‑à‑dire les hommes – ne lui accordait pas le droit à l’engagement politique. Le paragraphe 8 de la loi prussienne sur les associations (Preussisches Vereinsgesetz) de 1850 corres-pondait à cet état des choses, en interdisant aux femmes de faire partie d’associations de caractère politique ou de participer à des réunions politiques :
« Les associations qui ont pour but de débattre de sujets politiques au cours de leurs réunions sont soumises aux restrictions suivantes : a) elles n’ont pas le droit d’admettre des femmes, des écoliers et des apprentis parmi leurs membres »1
5Cette loi demeura en vigueur pendant plus d’un demi-siècle, de 1850 à 1908, bien conçue par une autorité masculine soucieuse de sauvegarder le foyer familial où la femme se charge des travaux ménagers, de l’éducation des enfants, sans oublier de « menus travaux » comme le tissage, le filage, etc., afin de préserver une présence permanente au domicile.
6Or cette image traditionnelle de la femme n’existant qu’à l’ombre de l’homme devait subir de rudes transformations avec la révolution industrielle : si l’agriculture était le domaine d’activité le plus important pour les femmes au début du xixe siècle, à partir de 1850, le travail à l’extérieur s’imposa progressivement et permit aux femmes d’accéder également à un travail rémunéré, mais dans des conditions infiniment plus difficiles que celles des hommes. Elles n’avaient aucune formation préalable en entrant dans les usines, notamment dans l’industrie du textile. En conséquence, on les chargeait de basses besognes : nettoyer les machines et les ateliers, surveiller les machines, transporter des charges trop lourdes pour elles, etc. Ce handicap professionnel féminin se manifestait aussitôt par une nette infériorité de salaire par rapport aux hommes, à temps de travail égal. Autrement dit, les femmes rencontraient de massives résistances pour accéder au travail et elles n’étaient encore soutenues ou encouragées par aucun parti politique.
7Tout au contraire, le mouvement précurseur du parti social‑démocrate, l’ADAV (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein), fondé en 1863 par Ferdinand Lassalle, chercha à obtenir l’interdiction du travail des femmes en usine, sous des prétextes humanitaires. En vérité, il s’agissait de ramener la femme au foyer pour supprimer la concurrence féminine sur les lieux de travail. Le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei) demanda encore lors du congrès de Gotha en 1875 :
« interdiction de tout travail féminin préjudiciable à la santé et à la moralité »2.
8Un autre type de travail rémunéré connut au cours du xixe siècle un grand développement et devint un emploi féminin par excellence : le travail domestique. Il s’adressait avant tout aux filles célibataires, d’origine campagnarde, ou aux filles d’ouvriers et d’artisans. Les conditions de travail étaient souvent catastrophiques : le règlement pour les domestiques en vigueur jusqu’à la fin de la première guerre mondiale et incluant jusqu’en 1900 le droit de châtiment corporel, faisait de ces femmes des esclaves domestiques, aux horaires de travail fluctuants (en fait, corvéables vingt‑quatre heures sur vingt‑quatre) sans aucune autonomie. Pourtant ce travail était recherché, en dépit de l’extrême modestie des gages, de la médiocre qualité du logement et de la nourriture. Sans doute les filles préféraient‑elles ces emplois où s’établissaient des relations personnelles avec les employeurs, où le maintien dans un cadre familial et ménager donnait une certaine sécurité, à l’anonymat des usines.
9Pour compléter ce survol, il convient de mentionner la situation de la femme dans la bourgeoisie. Même si, à l’inverse de la femme prolétarienne, elle ignore généralement les difficultés matérielles, sa situation n’est pas enviable non plus : sa dépendance étroite vis‑à‑vis du mari et tuteur, ses droits limités envers ses enfants, l’absence de droits juridiques, politiques et sociaux, tout cela contribue à renforcer son indifférence à l’égard des événements extérieurs au foyer. À cela s’ajoute le vide affectif et intellectuel. Sa formation scolaire est rudimentaire, l’accès aux études supérieures lui reste interdit jusqu’en 1910 ; quant aux enfants, elle les confie aux soins d’une gouvernante. Ainsi repliée sur elle‑même, elle compense le vide de son existence en gouvernant la domesticité d’une part, en jouant son rôle d’épouse‑mère d’autre part, chargée d’une représentation sociale superficielle destinée à soutenir la carrière de son mari. Si jamais elle veut fuir cette vie de captive, ce qui ne lui est possible qu’à l’aide d’un autre homme, elle se heurtera aux lois qui – en cas d’adultère par exemple – peuvent l’expédier en prison, non dorée cette fois‑ci.
10Le terrain était donc prêt : d’une part, la prolétaire harassée sous la triple charge d’épouse, de mère de famille et de travailleuse exploitée, de l’autre, la bourgeoise insatisfaite de son vide intérieur, sans espoir de le combler intelligemment grâce à l’accès aux valeurs culturelles, scientifiques et politiques. Par quel moyen atteindre cette moitié de la population ? Comment lui faire prendre conscience des problèmes féminins, comment la mobiliser ?
11Certaines d’entre elles ont probablement lu, ou tout au moins entendu parler de La femme dans le passé, le présent et l’avenir publié en 1878 par August Bebel, connu depuis 1879 sous le titre La femme et le socialisme. Peut‑être même l’une ou l’autre a‑t‑elle eu accès aux écrits polémiques et persifleurs de Hedwig Dohm (1831‑1919) sur les femmes de la bourgeoisie.
12Tous deux, quoique de bord différent, plaident avec véhémence pour l’émancipation de la femme sur le plan social, juridique et politique, et pour le suffrage universel. Mais alors que le livre de Bebel est devenu rapidement la bible des féministes, les œuvres de Hedwig Dohm comme Emanzipation (1874) ou Der Frauen Natur und Recht (1876) sont rapidement tombées dans l’oubli. Est‑ce parce que leur auteur n’appartenait à aucun parti politique ou est‑ce parce que c’était une femme ? Aujourd’hui encore, on cite Hedwig Dohm moins pour sa propre œuvre que comme épouse du rédacteur en chef du journal satirique Kladderadatsch ou comme aïeule de Katia Pringsheim, épouse de Thomas Mann.
13Dès le début de la constitution du mouvement des femmes, on constate une convergence des revendications en vue de l’émancipation de la femme exprimée par des auteurs même politiquement opposés.
« J’espère pouvoir démontrer que la division du travail entre l’homme et la femme repose sur deux principes de base clairs et nets : le travail intellectuel et le travail rémunérateur aux hommes, le travail mécanique et mal payé pour les femmes ; je crois pouvoir démontrer que la division du travail n’a pas tenu compte du droit de la femme mais exclusivement de l’avantage qu’en retire l’homme et que la lutte contre le travail professionnel des femmes commence seulement à partir du moment où son salaire quotidien cesse d’être calculé en groschen »3.
14Bebel défend le même point de vue que Hedwig Dohm, mais il se propose de combattre les préjugés qui s’opposent à l’obtention de l’égalité des sexes grâce à la lutte des classes, au combat contre le capitalisme :
« La femme dans la société nouvelle jouira d’une indépendance sociale et économique complète ; elle ne sera plus soumise à la moindre domination ou exploitation ; elle sera placée vis‑à‑vis de l’homme sur un pied de liberté et d’égalité absolues »4.
15Ces deux citations illustrent l’ambiance intellectuelle qui influence les premiers pas des femmes vers l’émancipation.
16Le cadre extérieur propre à favoriser la constitution d’un mouvement de femmes d’inspiration socialiste est donné en 1875 par la fusion de l’ADAV (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein) et du SDAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei) en un parti unique, le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei), qui deviendra en 1890 le SPD, Sozialdemokratische Partei Deutschlands). Dans son programme de Gotha en 1875, le parti réclame pour la première fois l’égalité du droit de vote pour « tous les citoyens » (Staatsbürger) et non plus seulement pour « tous les hommes » comme en 1869. En outre il exige clairement « l’interdiction du travail des enfants » et non pas sa « limitation » comme auparavant5
17La lutte contre le travail des enfants est capitale, car l’exploitation des enfants dès l’âge de dix ans avait pris un essor criminel avec la révolution industrielle. Cette situation touchait toutes les mères, en augmentant leur sentiment de culpabilité face à une situation matérielle insuffisante, qui les poussait à mettre leurs enfants au travail. Rosa Luxemburg (1870‑1919), une des rares femmes de ce temps à avoir terminé ses études supérieures avec un doctorat à Zurich, ne s’est jamais engagée dans le mouvement des femmes. En revanche elle a dénoncé avec véhémence les crimes et les sévices contre les enfants des prolétaires et montré l’insuffisance de la législation en vigueur, qui permet notamment aux parents d’exploiter davantage et plus tôt leurs propres enfants. Citant Friedrich Engels, elle dit :
« J’accuse positivement la bourgeoisie de perpétrer un meurtre social »
18et plus loin :
« alors qu’on n’a le droit de confier un travail professionnel aux enfants des autres qu’à partir de douze ans, il est permis d’exploiter ses propres enfants déjà à partir de dix ans. Alors que pour les enfants des autres la durée du travail est fixée par la loi, on peut faire travailler ses propres enfants sans limitation […] Alors que les enfants des autres ont au moins droit au repos du dimanche, les propres enfants n’y ont droit qu’occasionnellement »6.
19Malgré la législation antisocialiste qui vint s’ajouter, entre 1878 et 1890, aux limitations du droit d’association frappant spécialement les femmes (en Prusse en particulier), on vit se constituer des associations de femmes à travers tout l’Empire entre 1870 et 1890. Dans la très grande majorité des cas, l’initiative fut prise par des femmes de la bourgeoisie. Elles avaient le privilège d’une meilleure instruction ; une prise de conscience de leur responsabilité sociale les poussait à rejoindre les rangs des mouvements de prolétaires qu’elles cherchaient à organiser politiquement selon les concepts du parti socialiste.
20Au nombre des obstacles rencontrés, on peut mesurer combien d’engagement, d’énergie et d’efforts furent nécessaires pour ne pas abandonner la lutte pour l’égalité des femmes : presque toutes les associations seront dissoutes par la police pour cause d’activités politiques prohibées ; souvent leurs organisatrices se retrouvèrent en prison. Le fait que ces associations se fussent constituées sous des noms anodins destinés à cacher leur activité politique comme, par exemple, le Fachverein der Berliner Mantelnäherinnen, n’y changeait pas grand chose.
21Si jamais elles avaient espéré être soutenues par les hommes, c’est‑à‑dire par leurs maris ou par les collègues du même parti, elles durent déchanter, car force est de constater qu’elles se sont heurtées le plus souvent à leur incompréhension, si ce n’est à leur opposition déclarée. Comme le constate en 1976 Marie‑Louise Jannsen‑Jurreit :
« Le désespoir des femmes devant l’oppression et l’incompréhension des hommes de leur propre organisation accompagne l’histoire des partis socialistes tel un bruit de fond monotone sur le chemin qui mène vers l’avenir meilleur qu’on leur promet »7.
22Les femmes socialistes n’étaient pas seules à lutter pour les droits de la femme : il existait un mouvement assez fort aussi au sein de la bourgeoisie. Louise Otto‑Peters, fondatrice en 1865 de l’ADF (Allgemeiner Deutscher Frauenverein) associé par la suite au BDF (Bund Deutscher Frauenvereine) constata en 1869 :
« L’injustice à l’égard des femmes vient des lois ; faites par des hommes, celles‑ci ne tiennent aucun compte des intérêts des femmes »8.
23Mais si l’objectif final des deux mouvements, l’égalité des droits pour la femme, est le même, ils diffèrent au sujet des moyens qu’il convient d’utiliser pour y parvenir. Le mouvement bourgeois des femmes donne la priorité absolue à l’amélioration de l’éducation des femmes et à leur accès aux études supérieures. En revanche le mouvement prolétaire des femmes se place sous l’égide de Marx, Engels et Bebel. Pour eux, les rapports entre l’homme et la femme – celle‑ci ayant été une esclave avant même que l’esclavage ait existé – se modifient au fur et à mesure qu’évoluent les formes de production et de distribution.
24Le SPD fut le seul parti en Allemagne à inscrire dans son programme la revendication du droit de vote pour les femmes et l’égalité des sexes. À l’occasion du congrès d’Erfurt en 1891, il formula les exigences suivantes qui constitueront des points essentiels de son programme :
« Suffrage universel, égalitaire, direct, avec vote secret, pour tous les citoyens du Reich âgés de plus de 20 ans, sans distinction de sexe, pour toutes les élections et tous les scrutins […] Abolition de toutes les lois qui défavorisent la femme par rapport à l’homme dans tous les domaines du droit public ou civil »9.
25C’est ainsi que la question des droits de la femme est devenue un thème central pour les sociaux‑démocrates. Elle sera notamment défendue et soutenue par Bebel.
26Parallèlement, on peut observer des initiatives de la « base ». Des femmes, engagées politiquement, se consacrent à la mobilisation et à l’organisation des adhérents. De la sorte, le mouvement prolétaire des femmes prend progressivement de l’ampleur. Cet engagement réclamait un effort d’autant plus considérable que l’adhésion aux partis et aux associations politiques restait interdite aux femmes jusqu’en 1908. Elles devaient user de nombreux subterfuges pour ne pas tomber sous le coup de la loi.
27Malgré tout, à partir de 1890, date de l’abolition de la loi antisocialiste, un véritable mouvement socialiste des femmes se développe. À partir de 1891 paraît le premier journal socialiste féministe Die Arbeiterin. Il est publié à Berlin par Emma Ihrer (1857‑1911)10, d’origine bourgeoise, dont le mari, pharmacien de son état, subvient aux frais d’impression. Au reste, Emma Ihrer fait partie de celles qui ont été jugées en 1886 en vertu de la loi antisocialiste, pour avoir participé à l’organisation de Verein zur Vertretung der Interessen der Arbeiterinnen, où, entre autres, on discutait de thèmes politiques.
28Dès 1892, Die Arbeiterin est repris par Clara Zetkin sous le nom de Die Gleichheit (L’Égalité). Avec Clara Zetkin (1857‑1933)11 le mouvement socialiste des femmes a trouvé une personnalité ayant un poids politique considérable. Elle aussi est d’origine bourgeoise : sa mère a fait partie du mouvement bourgeois des femmes. Social‑démocrate depuis 1878, exilée entre 1882 et 1890, elle devient l’âme du féminisme social‑démocrate tout en jouant un grand rôle dans les instances centrales du parti. Pendant un quart de siècle elle marque le mouvement des femmes par ses conceptions, notamment sa théorie de l’émancipation, de sorte qu’on peut parler de « l’ère Clara Zetkin »12.
29Dès le début elle chercha à s’opposer au mouvement bourgeois des femmes pour qui priorité devait être donnée à la lutte contre l’inégalité de la femme et de l’homme. Pour Clara Zetkin, l’adversaire de la femme était le capitalisme : c’est lui qu’il fallait combattre à tout prix. Conformément aux enseignements de Marx, Engels, Bebel, l’émancipation de la femme n’est pas considérée comme un problème isolé, mais doit s’inscrire dans l’ensemble du problème social. L’émancipation de la femme se fera par la force des choses, grâce à la lutte des classes : libérée du capitalisme, d’un être exploité, elle deviendra une citoyenne aux droits égaux à ceux de l’homme.
30La lutte de Clara Zetkin portait avant tout sur les thèmes suivants : le droit de vote pour les femmes, l’égalité de salaire à travail égal, l’égalité politique des sexes, l’abolition du règlement des domestiques. Tous ces thèmes étaient approuvés et repris par le SPD.
31Occupant la position‑clé du mouvement socialiste des femmes, Clara Zetkin ne rencontrait que peu de résistance lorsqu’elle donnait ainsi le pas à la lutte des classes sur le combat pour l’égalité des sexes, attitude qui lui vaut parfois aujourd’hui d’être qualifiée d’« antiféministe »13. Elle monopolisait le journal Die Gleichheit pour la diffusion de ses idées, formulées généralement de manière trop abstraite pour être comprises par le public prolétaire auquel elle s’adressait. D’origine bourgeoise, elle refusait pourtant toute entente avec le mouvement bourgeois des femmes, même avec l’aile radicale démocrate de ce mouvement, qui réclamait avec force le droit au suffrage universel. Quant à la revendication d’une meilleure éducation des filles et de l’accès des femmes aux études supérieures, Clara Zetkin en parlait comme de « problèmes de dames ».
32Sa propre position peut se résumer ainsi :
« La femme prolétaire n’obtient pas son émancipation comme la femme bourgeoise, et avec elle, en luttant contre l’homme de sa propre classe sociale ; au contraire, elle la conquiert en même temps que l’homme de sa classe sociale en luttant contre la société bourgeoise et même contre le gros des dames de la bourgeoisie »14.
33Si forte que pût être sa position, Clara Zetkin trouva cependant des oppositions : à l’intérieur même de son mouvement, des femmes comme Lily Braun (1865‑1916)15, Emma Ihrer, Henriette Fürth (1861‑1936)16 et Helene Grünberg (1874‑1928)17 étaient désireuses d’établir des contacts avec le mouvement féministe bourgeois. Bebel lui‑même exprima ses réserves quant à l’attitude intransigeante de Clara Zetkin :
« J’ai constamment avec elle de petits conflits à cause de sa stratégie maladroite, de la manière souvent assez haineuse avec laquelle elle combat le mouvement bourgeois des femmes »18.
34D’ailleurs, si Clara Zetkin représentait avant tout l’idéologie du mouvement, d’autres femmes jouaient un rôle déterminant dans les activités effectives du mouvement : Luise Zietz (1865‑1922)19 et Ottilie Baader (1847-1925)20. Toutes deux connaissaient d’expérience le sort des prolétaires et ont accompli un travail d’agitation (de propagande) considérable auprès des femmes du prolétariat. Louise Zietz fut la première femme membre du Parteivorstand et secrétaire générale du parti ; Ottilie Baader fut élue en 1900 Zentralvertrauensperson der Genossinnen Deutschlands.
35Voici comment elle décrit le public auquel elle s’adresse :
« Des milliers de femmes et de filles travaillent dans des usines […] S’y ajoute la masse de celles qui triment dans les carrières, les mines, les chantiers de construction ou qui gagnent leur pain comme garde-barrière, sans parler de la troupe des pauvres marchandes, des esclaves domestiques, démunies de droits et de deux tiers de million d’ouvrières agricoles »21.
36Il n’est pas difficile d’imaginer que ces femmes prolétaires étaient loin d’accorder une priorité aux activités politiques, au détriment de leur métier et de leur famille. C’est en particulier à cause de leurs charges familiales que beaucoup de femmes durent renoncer à s’engager dans le mouvement socialiste des femmes. Même quelqu’un occupant une situation aussi importante que Clara Zetkin devait avouer :
« ... car avec la plus grande envie et la meilleure volonté du monde, j’ai énormément de mal à me mettre au travail. Tant que notre travail ne nous permet pas d’engager quelqu’un pour s’occuper au moins des travaux les plus durs relatifs au ménage et aux enfants, mon temps et mon énergie sont presque exclusivement absorbés par les enfants »22.
37N’étant par ailleurs pas assez soutenue par le parti, la grande masse des femmes observait une attitude attentiste et ne s’engageait pas. Au fond d’elles-mêmes elles n’étaient pas encore convaincues de la possibilité de s’émanciper, tant le rôle traditionnel d’épouse et de mère leur avait été inculqué profondément et depuis des siècles. Se « libérer par le travail » paraissait plus utopique que réaliste aux salariées pliées sous la double ou triple charge du travail, du ménage et de l’éducation des enfants.
38Louise Zietz décrit de façon pittoresque cette situation dans une Agitationsschrift à l’occasion des élections au Reichstag en 1911 :
« Madame Berndt : Je n’ai qu’un seul désir ardent en ce moment : je voudrais que nous ayons, nous les femmes, le droit de vote pour pouvoir participer aux événements, prendre un balai et chasser les « publicains et les usuriers ». Je trouve que c’est à enrager d’être privées de ce droit et vous, vous dites que les élections au Reichstag sont stupides et le mouvement dérisoire. Ne savez‑vous pas ce que signifient le Reichstag et les élections ?
Madame Arndt : Qu’est‑ce que j’en ai à faire du Reichstag et des élections ? Hier encore j’ai arrêté mon mari quand il voulait en parler, de même qu’avant‑hier quand il pensait me traîner à une réunion. Réunions, élections, ce sont des affaires d’hommes et je ne comprends pas que vous réclamiez le droit de vote pour les femmes... »23.
39Cependant, en dépit de cette attitude fondamentale, de nombreuses femmes manifestaient un intérêt certain pour la politique, si l’on en juge par les salles combles devant lesquelles parlaient Clara Zetkin, Louise Zietz, Emma Ihrer et Lily Braun. Cette dernière, fille de général, avait fait partie du mouvement féministe bourgeois avant de passer au mouvement socialiste où elle s’opposera constamment à la ligne intransigeante, voire antiféministe de Clara Zetkin.
40Selon Lily Braun le mouvement socialiste aurait fort bien pu intégrer dans son programme un certain nombre de points défendus par le mouvement bourgeois des femmes, notamment par l’aile gauche démocrate radicale. Et par ailleurs, ou pouvait trouver aussi un certain nombre de revendications analogues d’un côté et de l’autre. Pourtant Clara Zetkin eut gain de cause. C’est en 1896 que se produisit la rupture « spectaculaire »24 : invitées par le BDF (Bund Deutscher Frauen) bourgeois, à assister au Congrès international du mouvement des femmes à Berlin, Clara Zetkin, ainsi que E. Ihrer et O. Baader, refusèrent de s’y rendre. Preuve supplémentaire, s’il en était besoin, du manque de solidarité entre femmes engagées pour la même cause, mais sur un fond d’idéologies politiques différentes.
41Après cette date, Clara Zetkin et ses collègues redoublèrent d’activité et intensifièrent leur propagande pour le mouvement des femmes socialistes. L’instrument le plus efficace de cette Agitation furent les réunions publiques dans lesquelles les personnalités mentionnées cherchaient à former et à informer les masses. Grâce à ces réunions tenues à travers toute l’Allemagne, elles parvenaient également à gagner de nouvelles abonnées au journal Die Gleichheit, autre moyen important d’information et de propagande. Par une méthode patiente de grignotage, elles cherchaient à éveiller progressivement la conscience politique des femmes : au vu des résultats, on peut estimer que le procédé était efficace.
42Au début du xxe siècle de nouveaux moyens seront mis au service de la propagande : affiches, tracts, soirées de lecture et de discussions au cours desquelles sont évoqués les problèmes cruciaux comme les difficultés de logement, la protection des ouvrières, le règlement des domestiques, la politique scolaire, sans oublier le suffrage universel :
« Puisque nous ne pouvons pas voter, nous devons d’autant plus agiter »25.
43C’est ainsi que le mouvement socialiste des femmes se développait progressivement et devenait un mouvement de masse allant du prolétariat jusqu’au milieu petit‑bourgeois, de l’ouvrière à la maîtresse de maison. Les milieux les plus réfractaires furent le milieu rural et les domestiques. C’est seulement à partir de 1906 que les tentatives pour organiser les bonnes furent couronnées de succès et qu’elles comprirent la nécessité de lutter contre des conditions de travail souvent inadmissibles et de faire abolir le « règlement des domestiques ». La femme qui se consacra le plus à cette tâche fut Helene Grünberg, fondatrice, en 1906, de l’Association des bonnes, des lavandières et des femmes de ménage nurembergeoises (Verein der Nürnberger Dienstmädchen, Waschfrauen und Putzfrauen)26.
44En fin de compte, la propagande obtint des succès appréciables, surtout à partir de 1908. L’effort de formation et d’information du mouvement des femmes attira des adhérentes, mobilisées par le sentiment de solidarité des femmes, même si elles appartenaient à des couches sociales différentes. En fait, les personnalités les plus importantes du mouvement socialiste des femmes ne sont pas celles dont nous connaissons les noms et les mérites, mais celles qui agissaient dans l’anonymat, adhérant au mouvement socialiste poussées « moins par des considérations scientifiques que par leurs sentiments », comme dit Lily Braun.
45Pour finir, il convient de s’arrêter sur un sujet, toujours d’actualité, cher au mouvement socialiste des femmes : la lutte contre les préjugés établis dans les domaines de la sexualité, de la morale et de la vie familiale.
46En 1880 déjà, Gertrude Guillaume‑Schack27, fondatrice du Deutscher Kulturbund, destiné à lutter contre la prostitution, se heurtera à la résistance massive de l’ensemble des mouvements de femmes en abordant un sujet révolutionnaire, voire tabou : la sexualité. (Il est vrai que Freud n’était que lycéen à cette époque !). Les réunions de Madame Guillaume‑Schack furent d’abord interdites par la police. En 1886, elle se convertit au socialisme, voyant clairement le rapport entre la prostitution et la misère sociale. Elle plaidait ainsi pour l’égalité morale, pour l’abandon de la « double morale » bourgeoise en vertu de laquelle les hommes se permettaient des aventures extra‑conjugales et fréquentaient les maisons closes tout en affichant des attitudes monogames et en exigeant une fidélité sans failles de leurs femmes.
47Dans les articles parus dans Die Gleichheit et Die Sozialistischen Monatshefte, la journaliste Oda Olberg (1872‑1955)28 plaidait dès 1900 pour plus de tolérance et plus d’égalité dans le domaine de la morale sexuelle et conjugale, pour davantage de liberté aux femmes et moins aux hommes :
« Je tiens pour erronée l’affirmation selon laquelle les hommes auraient droit à l’amour libre et que les femmes doivent obligatoirement être fidèles »29.
48De même Adelheid Popp (1869‑1939)30 déclarait
« L’amour est moral, même sans le mariage, mais le mariage n’est pas moral sans amour »31.
49L’opinion bourgeoise était convaincue que la social‑démocratie plaidait pour l’abolition de la structure familiale. Elle fondait cette opinion notamment sur les écrits d’Engels comme L’Origine de la Famille, de la Propriété privée et du Socialisme, ou le livre de Bebel La Femme et le Socialisme, qui décrivent le mariage comme une conséquence de la propriété privée. Mais en réalité la social‑démocratie plaidait avec véhémence pour une famille plus morale que celle de la société bourgeoise, fondée sur des structures plus libres et égalitaires. Louise Zietz déclarait notamment qu’il fallait, surtout dans les régions catholiques, informer les gens du fait que le SPD n’avait nullement l’intention de détruire la famille. La preuve en était son action pour la protection des mères, des enfants et des ouvrières.
50Si Lily Braun et Louise Zietz s’engageaient en faveur de l’union libre, elles ne voulaient que s’opposer au principe bourgeois du « mariage de raison » sans pour autant bouleverser les conceptions morales établies.
51Hélène Stöcker (1869‑1949)32, qui présidait depuis 1905 le Bund für Mutterschutz und Sexualreform (Ligue pour la protection maternelle et la réforme sexuelle) réclamait une amélioration de la situation des mères célibataires et des enfants illégitimes, ainsi que l’abolition du paragraphe 218 du Code Civil, réprimant l’avortement. En dépit de vives réactions et des insultes des conservateurs, cette association se développa.
52On voit donc se cristalliser des intentions, des projets, des réalisations même. Mais dans l’ensemble, la voix du mouvement socialiste des femmes n’arrivait pas à ébranler des préjugés et des traditions si bien établies, ni à modifier l’image traditionnelle de la femme. Pourtant il a posé des jalons pour l’avenir.
53Sa position a été plus divisée en ce qui concerne la lutte pour la paix : d’une part l’on vit Clara Zetkin se prononcer très vivement contre la guerre. Elle fut soutenue entre autres par Luise Zietz et Ottilie Baader, au cours de réunions placées sous le mot d’ordre « Guerre à la guerre ». Cependant il n’y eut pas de véritables actions du mouvement socialiste des femmes contre le militarisme et en particulier contre la guerre de 1914. En Autriche, en revanche, il y avait un fort mouvement des femmes pour la paix. Bertha von Suttner (1843‑1914)33 avait obtenu en 1905 le Premier Prix Nobel de la Paix et lançait de nombreux appels pour la paix, invitant les mères à élever leurs fils dans un esprit pacifiste, notamment par le biais de son journal mensuel Die Waffen Nieder (Bas les armes).
54En Allemagne, on a vu en 1914 des femmes socialistes, comme Lily Braun et Wally Zeppler34, glorifier l’idée de la guerre et s’opposer ainsi à la ligne pacifiste de la majorité de la direction du mouvement. Ce clivage,qui reflète les luttes de tendance à l’intérieur du parti social‑démocrate, mènera bientôt à la décomposition. À l’image du parti, le mouvement des femmes socialiste se divise. Parmi ses dirigeantes, les unes, comme Clara Zetkin, se rallient à l’aile gauche (USPD, puis parti communiste), d’autres restent fidèles au SPD (Ottilie Baader, par exemple).
55Mais l’engagement et le dévouement des femmes du mouvement socialiste n’ont pas été vains. La Constitution de Weimar inscrira dans ses dispositions le droit de vote pour les femmes, ainsi que l’égalité sociale, politique et juridique des hommes et des femmes. Cet acquis indéniable n’a certes pas réglé tous les problèmes. Mais la voie était tracée pour les luttes ultérieures qui se poursuivent encore afin que des « droits de l’homme » soient véritablement les droits des hommes et des femmes.
Bibliographie
Albistur Maïté et Armogathe Daniel, Histoire du féminisme français, Paris, éd. des Femmes, 1977.
Bäumer Gertrud, Die Frau in der Kulturbewegung der Gegenwart, Wiesbaden, J.F Bergmann, 1904.
Frauen heute. eine Bestandsaufnahme, hrsg. von Willy Brandt, Hamburg, Rowohlt, 1981.
Der sozialistische Akademiker, 1895/96, Archiv der F. Ebert‑Stiftung, Bonn.
Sozialistische Monatshefte, 1897‑1914, Archiv der Friedrich-Ebert‑Stiftung, Bonn.
Notes de bas de page
1 Niggemann Heinz (Hrsg.) Frauenemanzipation und Sozialismus, Frankfurt/M, Fischer. 1981, p.57.
2 D. Dowe, K. Klotzbach (Hrsg) Programmatische Dokumente der deutschen Sozialdemokratie, Berlin/Bonn, J,W.H. Dietz Verlag, 1984.
3 Dohm Hedwig, Emanzipation, Zürich, Ala Verlag, 1982, p.11.
4 Bebel August, Die Frau und der Sozialismus, Berlin/Bonn J.W.H. Dietz Verlag, 1979, p.474.
5 Cf. Dowe, Klotzbach, op.cit.
6 R. Luxemburg, Das eigene Kind !, in : G.W. Bd.1, Berlin, Dietz Verlag, 1972, p. 220 sqq.
7 Janssen‑Jurreit Marie‑Luise, Sexismus, München, Carl Hanser, 1976, p. 22.
8 Otto‑Peters Louise. herausgegeben von Ruth E. Boetcher Joeres, Frankfurt/M., Fischer, 1983.
9 Dowe, Klotzbach, op.cit.
10 Emma Ihrer (1857‑1911). Originaire d’une famille de petite bourgeoisie catholique, elle milite d’abord dans le mouvement féministe bourgeois, avant de rejoindre le mouvement socialiste des femmes : elle représente en 1889 les femmes socialistes au premier congrès de l’Internationale (Gründungskongress) à Paris et fonde en 1891 le journal Die Arbeiterin. Jusqu’à sa mort, elle occupe des positions importantes dans le mouvement des femmes socialistes, ainsi que dans le mouvement syndical.
11 Clara Zetkin (1857‑1933). Son père était instituteur, sa mère militante féministe bourgeoise ; elle‑même fit ses études d’institutrice dans une école normale dirigée par Augusta Schmidt (1833‑1902) cofondatrice du ADF. Devenue socialiste, elle s’installa à Paris avec le révolutionnaire russe Ossip Zetkin, dont elle adopta le nom, sans cependant l’épouser. Après la mort d’Ossip Zetkin, elle quitta Paris avec ses deux fils et devint rapidement une figure de premier plan du mouvement socialiste allemand et du mouvement des femmes. Elle dirigea Die Gleichheit (anciennement : Die Arbeiterin) de 1892 à 1917, fut élue à la Kontrollkommission du SPD en 1895 et devint secrétaire internationale des femmes socialistes en 1907. Pacifiste, elle combattit la guerre dans son journal jusqu’en 1917, date à laquelle on lui en retira la direction. Inscrite en 1917 à l’USPD, elle adhéra en 1917 au KPD, siégea au Reichstag de 1920 à 1933 et mourut en 1933 près de Moscou.
12 Dowe, Klotzbach, op.cit.
13 Janssen‑Jurreit, op.cit. p.252.
14 Clara Zetkin, Sozialistische und bürgerliche Frauenbewegung, 1899, cité d’après Niggemann, op.cit. p.109.
15 Lily Braun (1865‑1916). Sa famille, noble, était reçue à la cour de 1’Empereur. Se détournant progressivement de son milieu d’origine, elle finit par adhérer au mouvement socialiste des femmes où elle devint une des principales adversaires de Clara Zetkin, en cherchant à garder le contact avec le mouvement bourgeois des femmes. En 1914 elle prendra des positions bellicistes .
16 Henriette Fürth (1861‑1936). Son père fut marchand de bois. Ayant épousé à l’âge de 19 ans le commerçant W. Fürth, elle eut sept enfants. Elle adhéra au mouvement socialiste des femmes où elle préconisait la collaboration avec le féminisme bourgeois, s’opposant ainsi à Clara Zetkin. Elle écrivait dans Die Gleichheit, mais aussi dans des journaux non socialistes. Sous la République de Weimar elle devint professeur dans une université populaire et siégea de 1819 à 1924 au conseil municipal de Francfort/M.
17 Hélène Grünberg (1874‑1928). Fille de restaurateur, elle fréquente l’école primaire et devient couturière. Ayant adhéré en 1896 au syndicat, elle en devient, en 1905, la première « permanente » femme. En 1906 elle fonde le Verein Nürnberger Dienstmädchen, Waschfrauen und Putzfrauen et s’engage dans le mouvement de jeunesse socialiste. Elle sera député du SPD à l’Assemblée Nationale en 1919.
18 Lily Braun, Ein Abend bei Bebels, cité d’après Niggemann, op.cit. p. 294.
19 Luise Zietz (1865‑1922). Enfant, elle travaille déjà dans l’atelier de tissage paternel et comme bonne d’enfants, plus tard elle devient jardinière d’enfants. Après un mariage raté, elle adhère au mouvement socialiste des femmes, dont elle devient une des propagandistes les plus actives : on l’a appelée « ein weiblicher Bebel ». Entre 1904 et 1908, elle siège au comité directeur du SPD de Hambourg, avant de devenir en 1908 la première femme élue au comité directeur national du parti après qu’Ottilie Baader eut renoncé à être candidate.
20 Ottilie Baader (1847‑1925). Fille d’ouvrier, elle quitte l’école en 1860 et s’installe à Berlin où elle travaille comme couturière. C’est au travers des luttes syndicales qu’elle est amenée au mouvement socialiste, où elle jouera rapidement un rôle important : elle sera élue en 1900 Zentralvertrauensperson der Genossinnen Deutschlands.
21 Ottilie Baader, Aus der Praxis der sozialdemokratischen Frauenagitation, 1909, cité d’après Niggemann, op.cit. p.147.
22 Clara Zetkin dans une lettre à Karl Kautsky (1886) cité dans : Niggemann, op. cit. p. 285.
23 Luise Zietz, Die Frauen und die Reichstagswahlen, 1911, in : Niggemann, op.cit. p.170.
24 Herrad Schenk, Die feministische Herausforderung, München, C.H.Beck, 1980, p.51.
25 Heinz Niggemann, Emanzipation zwischen Sozialismus und Feminismus, Wuppertal, Peter Hammer, 1981, p.109.
26 Ibidem, p.117.
27 Gertrud Schack‑Guillaume (morte en 1903). D’origine aristocratique, elle quitta sa famille pour épouser un artiste et aller vivre à Paris. Après leur séparation, elle revint en Allemagne, fonda le Deutscher Kulturbund pour combattre la prostitution, publia le journal Die Staatsbürgerin et s’engagea dans le mouvement des femmes prolétaires à Berlin.
28 Oda Olberg (1872‑1955). Journaliste du SPD, elle s’occupa surtout des problèmes des femmes. Elle fut correspondante de nombreux journaux, tels que les Sozialistische Monatshefte, Die Gleichheit et Vorwärts. À l’avènement du nazisme, elle émigra d’abord en Autriche, puis en Argentine.
29 Oda Olberg in Sozialistische Monatshefte, 1905.
30 Adelheid Popp (1869‑1939). Après la mort de son père, tisserand pauvre, elle est obligée de travailler dès l’âge de six ans comme couturière. Par la suite, elle occupera différents emplois dans l’industrie. Son mari, Julius Popp, caissier du SPD, décède après neuf ans de mariage. Dès la création du mouvement socialiste des femmes en Autriche, elle y adhère et en devient une des personnalités les plus importantes. Succédant à Clara Zetkin, elle dirigera le comité international des femmes.
31 Cf. Adelheid Popp, Erinnerungen : Aus meinen Kindheits- und Mädchentagen. Aus der Agitation und anderes, Stuttgart, 1915. Cité d’après Niggemann op. cit. p. 40.
32 Hélène Stöcker. Présidente du Bund für Mutterschutz, elle était également très active dans la Weltliga für Sexualreform et dans le mouvement pour la paix. Elle s’est également engagée dans la lutte pour l’abrogation du paragraphe 218.
33 Bertha von Suttner (1843‑1914). Née à Prague. Secrétaire d’Alfred Nobel à Paris en 1876, elle s’engagea très tôt dans le combat pacifiste. Elle publia en 1869 Bas les armes, entièrement repris par le journal du SPD Vorwärts, grâce à Wilhelm Liebknecht. Depuis la fondation de l’Association autrichienne pour la Paix, elle en fut la présidente, de 1891 à 1914.
34 Wally Zepler. épouse d’un médecin, elle mit son talent de journaliste au service du mouvement socialiste des femmes, dirigeant notamment, à partir de 1908, la rubrique féminine des Sozialistische Monatshefte.
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