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    Plan détaillé Texte intégral Croissance générale de la population Une forte poussée démographique Un accroissement des disparités régionales Pays industriel ou rural ? L’économie et la population Augmentation de la population active évolution par grands secteurs d’activité évolution selon les régions Urbanisation et régions industrielles La nouvelle répartition de la population Les modalités de l’urbanisation La croissance des régions industrielles La Ruhr Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    La Social-Démocratie dans l'Allemagne impériale

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’Allemagne impériale : croissance démographique, population industrielle et urbanisation

    Michel Hubert

    p. 29-56

    Texte intégral Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1La période 1871-1914 est pour l’Allemagne une époque d’exceptionnelle expansion, d’essor industriel ainsi que de transformation des structures sociales, des modes de vie et des relations entre salariés et patrons. Mais elle représente aussi un moment décisif dans l’évolution de la population du pays et négliger ce dernier aspect serait vraisemblablement se priver d’un précieux élément d’explication.

    Tableau 1 : Population et accroissement démographique des divers états et provinces composant le Reich (1871-1910)

    Image 10000000000001B8000002545E745D39.jpg

    Source : W. Koellmann, Bevölkerungsploetz, Würzburg, 1965, p. 85-86

    Croissance générale de la population

    2La vigueur de la poussée démographique enregistrée par le Reich durant ces quelque cinquante années est, sans nul doute, un phénomène capital qui contraste fort avec l’engourdissement dont fait preuve la France voisine, et c’est seulement vers la fin de la période envisagée que l’on perçoit un renversement de tendance annonçant un régime nouveau dans l’histoire de la population allemande.

    3Faut‑il voir dans ce processus d’expansion la conséquence d’un « mé­lange d’archaïsme et de modernisme »1 propre à cette Allemagne saisie par l’industrialisation ; ce mouvement est‑il caractéristique d’une population et d’une société qui abordent l’ère industrielle avec un « retard relatif »2, quitte à la combler ultérieurement ?

    4L’examen de cette poussée démographique et des effets de l’industria­lisation sur la population allemande devrait apporter quelques éléments de réponse.

    Graphique 1 : Accroissement général de la population allemande

    Image 100000000000049D0000049C6E1E9241.jpg

    5C’est en effet durant ces années que l’Allemagne accomplit l’essentiel de sa révolution démographique. On assiste à une intensification de l’accrois­sement de la population qui, amorcé dès le début du xixe siècle, avait pris vers 1855-1860 un rythme nouveau : ainsi, à partir de 1871, l’Allemagne parvient-elle en moins d’un demi-siècle à augmenter de 60% le nombre de ses habitants. En même temps des disparités se font jour dans un peuplement de plus en plus dense ; les mouvements de migration s’accélèrent, tant à l’intérieur que par‑delà les frontières ; le rythme de l’exode rural, de l’urba­nisation, de l’émigration et de l’immigration est désormais dicté par l’ampleur de la croissance industrielle.

    Graphique 2a : évolution du mouvement naturel en Allemagne 1816-1980

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    Source : P. Marschalck, Bevölkerungsgeschichte Deutschlands im 19. und 20. Jahrhundert, Suhrkamp, Frankfurt/M, 1984, p. 183

    Graphique 2b : évolution du mouvement naturel dans le Reich 1871-1910

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    Source : M.H. d’après Statistik des deutschen Reichs, vol. 250 (2)

    Une forte poussée démographique

    6On est frappé, tout d’abord, par une forte hausse de la population envisagée à l’échelle de l’Allemagne toute entière.

    7En 1870, l’Allemagne considérée dans les limites du Reich futur (Alsace‑Lorraine non comprise) compte 39,5 millions d’habitants.

    8Dans le Reich de 1871 on dénombre, lors du recensement effectué le 1er décembre, un peu plus de 41 millions d’habitants : les pertes de la guerre se trouvent largement compensées par l’excédent naturel auquel vient s’ajouter l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, soit un apport de 1 550 000 personnes.

    9Or, entre 1871 (41 millions d’habitants) et 1914 (67,8 millions d’habi­tants), cette population connaît une augmentation à la fois régulière et massive qui contraste fort avec l’évolution antérieure.

    10Plusieurs variations avaient en effet caractérisé la période 1815‑1870 : ainsi, après 1815, une brève explosion démographique ; entre 1825 et 1835 un ralentissement suivi d’une reprise, puis un palier particulièrement net entre 1845 et 1855 et enfin une nouvelle expansion de 1855 à 1870. Après 1871, ces fluctuations dans le mouvement d’accroissement disparaissent quasiment pour faire place à une croissance régulière à peine altérée par un léger tassement entre 1880 et 1885. À partir de cette date, le mouvement ascendant prend une ampleur jusqu’alors inégalée, la Première Guerre mondiale semblant briser net une expansion démographique apparemment irrésistible.

    11C’est un fait que le processus de croissance enregistré par l’Allemagne depuis 1870 place bientôt le pays en tête du mouvement démographique européen. Il s’agit là d’un phénomène d’autant plus important que durant la majeure partie de la période considérée l’émigration s’est poursuivie à un rythme parfois très élevé. L’origine de cet accroissement considérable réside donc dans une forte poussée du mouvement naturel provoquée principale­ment par un recul de la mortalité.

    12Comparée à l’évolution que connaissent la France et la Grande‑Bretagne, l’accroissement démographique de l’Allemagne fait ainsi preuve d’une indéniable spécificité.

    Graphique3 : Evolution comparée de la population en Allemagne, en France et dans les îles britanniques

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    (1) Allemagne dans les frontières de 1871 (2) Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande

    Source : M.H. établi d’après R.v. Ungern-Sternberg/H. Schubnell, Bevölkerungswissen­schaft, Stuttgart, 1950 et W. Koellmann, op. cit.

    13Par rapport à la France, les différences observées au niveau de l’accrois­sement global comme au niveau des taux de natalité et de reproduction sont évidentes ; elles ne font que souligner la singularité du phénomène français au xixe siècle, à savoir un ralentissement considérable de la croissance géné­rale accompagne d’un vieillissement de la population au moment où le pays s’industrialise. Cette évolution démographique débouchera au lendemain de la Première Guerre mondiale sur un type de population stationnaire tel qu’en 1940 la France possédera une population inférieure de 50% environ à celle de l’Allemagne (42 millions face à 80 millions)3, alors qu’en 1800 elle comptait 3 millions d’habitants de plus (27,5 millions contre 24,5).

    14Par ailleurs, la comparaison du Reich avec la Grande‑Bretagne, si elle permet de relever entre 1850 et 1914 un certain parallélisme dans l’évolu­tion, met également en lumière des différences dues aux effets de l’industria­lisation et aux conséquences des mouvements migratoires.

    15Si l’on examine seulement la courbe de l’Angleterre et du Pays de Galles, il apparaît que, dans la première moitié du xixe siècle, l’augmentation de la population est plus rapide qu’en Allemagne : ce « décollage » démogra­phique qui, au reste, remonte aux années 1780‑1790 explique l’accroisse­ment très considérable enregistré par le Royaume‑Uni entre 1800 et 1914, puisque, durant cette période, la population passe de 15,9 millions d’habi­tants à 45,2 millions, et ce en dépit d’une forte émigration. Le processus est encore plus frappant si l’on fait abstraction de l’Irlande et de l’écosse : en 1800 l’Angleterre et le Pays de Galles comptaient 9,2 millions d’habitants, en 1914 plus de 36 millions, soit un taux de croissance de 92% pour la période 1800‑1850, de 78% entre 1850 et 1900 et de 23% en 1900‑19204.

    16Ces trois courbes mettent également en relief le phénomène de première phase de la révolution démographique liée à l’industrialisation progressive. Même si, sur ce point, différentes thèses s’opposent, on note que la Grande-Bretagne connaît en matière démographique la même avance qu’en matière industrielle : jusqu’en 1830‑1835 environ son rythme d’accroissement demeure plus rapide que celui de l’Allemagne, sans que l’on puisse dire de façon irréfutable si cela procède d’un recul de la mortalité plus précoce qu’en Europe continentale ou bien d’une expansion de la natalité. Quoi qu’il en soit, les progrès des techniques, de l’hygiène et de la nutrition ne peuvent, dans les deux cas, être étrangers au phénomène.

    17En revanche, à partir de 1880 et surtout de 1900, la Grande‑Bretagne connaît un ralentissement dans la croissance de sa population qui correspond à un « deuxième temps » de la révolution démographique ; ce fléchissement, surtout sensible au niveau de la natalité, n’apparaît pas dans toute son ampleur sur une courbe rendant compte comme ici des chiffres bruts de la population, dès lors que la mortalité, elle aussi, régresse de façon importante. Toutefois à partir de 1880 la différence avec l’Allemagne devient manifeste, et ce malgré l’accroissement démographique légèrement plus rapide que connaît l’écosse.

    18D’autre part la troisième courbe qui retrace l’évolution de la Grande-Bretagne et de l’Irlande permet de mesurer les transformations affectant la partie la plus rurale de l’archipel. Jusqu’en 1840 l’Irlande, sous les effets conjugués de l’abaissement de l’âge du mariage, des transformations dans les structures agraires et des progrès de l’alimentation par l’introduction de la pomme de terre, enregistre une croissance encore plus forte que l’Angle­terre : elle semble s’acheminer, « tous freins démographiques rompus » vers la catastrophe, fournissant ainsi une illustration tardive mais tragique à la théorie de Malthus : cette catastrophe intervint au milieu des années 40, les répercussions des famines et de l’émigration outre‑Atlantique provoquant d’abord un tassement de l’expansion démographique, puis un recul du chiffre global de la population5.

    19On retrouve à l’examen de la courbe retraçant l’augmentation de la population allemande les remarques que l’on vient de faire sur les îles britanniques, tout en vérifiant la spécificité du phénomène allemand.

    20Ainsi, en Allemagne, le décollage démographique intervient‑il plus tard qu’Outre‑Manche. Certes, entre 1816 et 1825, l’Allemagne connaît une forte poussée de sa population qui, compte tenu du caractère essentiellement rural de la plupart des régions prend vite l’allure d’une croissance « à l’irlan­daise ». Cependant le mouvement n’est pas régulier et, tandis que le pays aborde peu à peu l’ère industrielle, famines et crises provoquent encore des ruptures graves dans la croissance de la population6.

    21Il faut attendre 1855‑1860 pour que le rythme d’expansion démogra­phique commence vraiment à progresser de façon régulière alors que se transforment les phénomènes migratoires : à la migration vers l’extérieur rendue inévitable par le surpeuplement ou les difficultés accidentelles s’ajoute désormais la migration vers les centres industriels et urbains qui se développent dans le pays : durant la période impériale ces phénomènes se manifesteront avec toute leur ampleur.

    22C’est ainsi qu’avant 1870 les taux d’accroissement annuels pour 1000 habitants de population moyenne sont les suivants : 1841‑1850 : +7,5 ; 1851‑1860 : + 6,5 ; 1864‑1870 : + 8,1. En revanche, à partir de 1870 le mouvement s’accélère : + 10 entre 1871 et 1880, un léger tassement de 1881 à 1890, soit + 9 ; mais + 13 de 1891 à 1900 et enfin + 14,9 entre 1901 et 19107. Durant les deux décennies qui précèdent la guerre de 1914-1918, l’augmentation de la population allemande est donc deux fois plus rapide qu’au milieu du xixe siècle. Il est clair alors qu’au début du xxe siècle l’Allemagne, tout en rattrapant puis en dépassant le niveau de dévelop­pement industriel de la Grande‑Bretagne, n’a pas encore entièrement achevé son passage au dernier stade de la révolution démographique, même si le mouvement naturel témoigne déjà d’un certain fléchissement (cf. graphique 2a et b)

    23On comprend alors qu’une telle pression démographique ait pu susciter les appétits de puissance et la volonté d’expansion qui caractérisent la poli­tique wilhelminienne. Si le lien entre l’évolution démographique globale et l’idéologie dominante, voire la politique étrangère, semble aisé à démontrer, il ne fait guère de doute que les disparités affectant la croissance selon les régions reflètent également les transformations économiques du pays, tout particulièrement la poussée industrielle et la montée du secteur tertiaire.

    Un accroissement des disparités régionales

    24La croissance démographique des différentes régions d’Allemagne peut être mesurée à la lumière des recensements intervenus entre 1871 et 19108 et l’examen des taux de densité enregistrés dans chaque état ou province souligne l’ampleur de cette redistribution des hommes et des foyers de production.

    25Carte 1

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    Source : P. Guillen, L’Empire allemand, Paris 1970, p. 5.

    26Dans l’Allemagne de 1871 à 1914 on peut ainsi distinguer quatre caté­gories de régions, en sachant que l’augmentation générale de la population atteint 58,2% entre 1871 et 1910.

    27La première catégorie correspond aux provinces orientales à caractère essentiellement rural : en 40 ans la croissance de leur population demeure toujours très inférieure à la moyenne du Reich. C’est le cas des deux grands‑duchés de Mecklembourg (+9,3% et +14%), des provinces de Prusse orientale (+13,2%) et de Prusse occidentale (+29,5%), de la Poméranie (+20,2%) et de la Posnanie (+32,6%). Pour cette dernière province du royaume de Prusse, l’accroissement plus notable résulte pour une part de l’immigration de paysans polonais originaires des régions polonaises que la Russie administre depuis le Congrès de Vienne et pour l’autre de la politique de « innere Kolonisation » menée par les pangermanistes afin de consolider la présence allemande dans cette marche de l’Empire.

    28Cependant, malgré la persistance d’une natalité particulièrement élevée, la population de ces régions augmente moins que dans le reste du Reich, et ce en raison d’une forte émigration tant intérieure qu’extérieure.

    29Les deux provinces orientales qui font exception sont le Brandebourg et la Silésie : le Brandebourg (+103,6%) profite de l’attraction qu’exerce désor­mais la ceinture industrielle de Berlin, tandis que la Silésie (+41%) continue à affirmer sa vocation mi‑industrielle mi‑rurale en dépit d’un déclin évident par rapport aux régions du Centre et de l’Ouest.

    Graphique 4 : évolution de la densité dans quelques états et provinces composant le Reich 1871-1910

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    Source : M.H. d’après Statistik des deutschen Reichs, vol. 150, p. 64 et vol. 240 (1), p. 48.

    30Le second type de croissance démographique est celui des régions méri­dionales à prédominance rurale : elles enregistrent certes une augmentation inférieure à la moyenne du Reich (+58,2%) ; toutefois la croissance dépasse toujours 30%, et ce en raison du développement des activités industrielles et tertiaires de quelques noyaux urbains.

    31C’est le cas du Wurtemberg (+34,6%), de la Bavière (+41,8%) et du grand‑duché de Bade (+46,6%). Malgré son caractère industrialisé, l’Alsace-Lorraine – avec seulement + 20,9% – constitue une exception qui s’explique à la fois par une natalité « à la française » et par la persistance jusqu’en 1900 d’un solde migratoire négatif.

    32Le troisième type de croissance est celui qui s’apparente à la moyenne du Reich, c’est‑à‑dire celui des états ou provinces connaissant un taux d’ac­croissement proche de 50% ou 60%.

    33Il s’agit là des régions du Nord‑Ouest et de celles de l’Allemagne moyenne : ainsi le Schleswig‑Holstein (+56%), le Hanovre (+50%), le grand-duché d’Oldenbourg (+52,2%), le Brunswick (+58,4%), la Hesse (+50,3%) et les états de Thuringe (+48,7%).

    34Enfin, dans une quatrième catégorie qui témoigne d’une expansion démographique nettement supérieure à la moyenne, l’on trouve les régions à prédominance urbaine et industrielle – ainsi les trois villes hanséatiques, Lubeck (+125%), Brême (+145,9%) et Hambourg (+199,3%), la ville même de Berlin (+150,8%) avec ses environs, le Brandebourg (+103,6%), les deux grandes régions industrielles étant le royaume de Saxe (+88,2%) ainsi que le Ruhr avec la Rhénanie (+99,2%) et la Westphalie (+131,9%).

    Pays industriel ou rural ? L’économie et la population

    35Les guerres napoléoniennes avaient donné à l’Allemagne un choc salu­taire qui allait lui permettre de prendre conscience d’elle‑même et de se tour­ner vers l’âge industriel dont ses voisins occidentaux lui offraient l’exemple. Dans les cinquante années qui suivirent, le pays ayant progressivement assimilé la leçon et l’appliquant selon son génie et ses facultés propres, avait entrepris un décollage industriel tel que l’avantage militaire de la Prusse sur la France lors de la Guerre de 70 avait pu apparaître comme l’expression d’une supériorité industrielle et technique récemment acquise.

    36Or c’est justement cette victoire de 1870‑71 qui constitue l’étape décisive dans l’histoire de l’Allemagne et de son peuple. Désormais tout apparaît pos­sible aux Allemands, jusqu’alors fascinés par le prestige politique et culturel de la France ou par l’impérialisme industriel de la Grande‑Bretagne. Au moment où l’annexion de l’Alsace‑Lorraine accroît encore le potentiel du nouveau Reich, une vague d’optimisme saisit le pays que la Prusse achève de rassembler : l’Allemagne accède au rang de puissance mondiale.

    37Alors, non seulement le rythme de croissance industrielle du pays devient le plus rapide d’Europe, mais l’évolution qui affecte l’ensemble des struc­tures économiques confère au Reich un dynamisme lui permettant, au tournant du siècle, d’égaler puis de dépasser la puissance britannique.

    38Ces termes relevant de la compétition peuvent surprendre quand il s’agit de mesurer le degré d’industrialisation atteint par un pays ; pourtant, ils demeurent sans cesse présents dans le débat révélateur qui s’instaure en Allemagne au lendemain des succès de 1870‑71. Le nouveau Reich, unifié, agrandi, plus riche en capitaux et en matières premières doit‑il être un état industriel ou demeurer une puissance agricole ? « Industriestaat oder Agrarstaat ? ».

    39Il ne s’agit pas tout à fait d’une querelle entre les Anciens et les Modernes, entre le passé et le futur, mais, pendant des années, cette interrogation nourrit les controverses parmi les économistes et les politiques.

    40L’atout décisif pour l’Allemagne est que, sur le plan des structures éco­nomiques, un choix exclusif, une orientation unilatérale et définitive n’aient pas été adoptés : le Reich n’a pas sacrifié son agriculture à l’industrie comme la Grande‑Bretagne, ni retardé son industrialisation en refusant de trans­former son agriculture comme le fit la France. Certes, l’industrie a progres­sivement affirmé sa prépondérance dans l’économie nationale, mais jamais au prix d’un affaiblissement irréversible des capacités agricoles ; dans cet équilibre qu’il a su préserver réside, sans nul doute, l’une des sources fondamentales de la puissance économique du Reich.

    41Dès lors la notion d’« Allemagne à l’ère industrielle » prend toute sa valeur. Dans une structure politique enfin unifiée l’on assiste à un phéno­mène fascinant sur le plan historique : « le bouleversement des genres de vie du peuple allemand passé brutalement à l’état de peuple industriel »9.

    42En effet, l’Allemand du début du xxe siècle est radicalement différent de ce qu’il était cinquante ans auparavant : durant l’époque impériale une trans­formation, une mutation même, s’est produite, que l’évolution économique envisagée selon les différents secteurs, dans les multiples branches de pro­duction, illustre sans nul doute de façon frappante ; néanmoins, pour l’appréhender vraiment, il convient d’examiner en même temps les change­ments démographiques qui sont intervenus.

    43Pour l’Allemagne qui entre définitivement dans l’ère industrielle la portée de cette mutation socioprofessionnelle s’illustre aisément par l’exemple du secteur agricole.

    44Si l’on se penche sur le destin de ce Junker de l’Est qu’est Otto von Bismarck, il apparaît ainsi qu’à chaque étape de sa vie correspond un affai­blissement du poids de l’agriculture dans l’économie et la société alle­mandes.

    45En 1815, à sa naissance, les 4/5 de la population résident en milieu rural et au moins autant, sinon plus, vivent de la terre ; en 1860, alors qu’il est ambassadeur à St Petersbourg, cette proportion est encore de 3/5, mais en 1882, au moment où il met en place la législation sociale du Reich, ce rapport n’est plus que de 2/5 et il devient inférieur à 1/3 au moment de sa mort en 1898.

    46Une telle mutation socio‑professionnelle provoquée par l’industrialisation bouleverse d’autant plus les structures démographiques du pays que la transformation se trouve amplifiée par la croissance du potentiel humain.

    Augmentation de la population active

    47Sachant l’ampleur de la croissance démographique intervenue depuis 1871, il convient tout d’abord d’évaluer la croissance de la population active.

    Tableau 2 : Population totale et population active en Allemagne 1882-1907

    Recensement

    Population totale

    Population active

    Augmentation par rapport au recensement précédent

    en chiffres absolus

    en %

    pop. totale

    pop. active

    1882

    45 222 000

    18 957 000

    41,9

    1895

    51 770 000

    22 110 000

    42,7

    14,5

    16,6

    1907

    61 721 000

    28 092 000

    45,5

    19,2

    27,1

    Source : Wirtschaft und Statistik, 1941, p.8

    48Il est frappant de constater à quel point l’Allemagne, surtout dans la période wilhelminienne, connaît une augmentation des actifs très supérieure à l’accroissement général. Alors que, durant la période 1850‑1880, la part de population active dans la population totale était demeurée stable sans jamais dépasser 43%10, cette proportion passe entre 1882 et 1907 de 41,9 (ou 42,4% selon les modes de comptabilisation) à 45,7%. Le phénomène procède de deux causes principales.

    49La première réside dans une modification de la structure par âge de la population : l’allongement de l’espérance de vie (en 1871, 35 ans 1/2 pour les hommes et 38 ans 1/2 pour les femmes contre 45 ans pour les hommes et 49 ans pour les femmes en 1914) et l’amorce du vieillissement qui s’observe après 1900 contribuent à augmenter le nombre des personnes ayant plus de 14 ans et moins de 65 ans. Le second facteur se trouve sans nul doute en relation avec la mutation socio‑économique du pays : l’industrialisation per­met de généraliser l’exercice d’une activité professionnelle, ceci étant parti­culièrement sensible pour les femmes : ainsi, sur une plus longue période, soit entre 1882 et 1939, le nombre des femmes parmi les actifs sera multiplié par trois alors que pour les hommes il l’est seulement par deux11 durant l’époque impériale ; la proportion de femmes exerçant une activité est, en 1882, de 24,4% par rapport à la population féminine totale  en 1907 le pourcentage s’élève à 30,5% – soit une augmentation de 25%. Pour les hommes, le rapport qui se situait à 61,2% en 1882 n’atteint que 61,5% en 190712.

    évolution par grands secteurs d’activité

    50Compte tenu de cette croissance de la population active on peut alors examiner l’évolution selon les différents secteurs d’activité.

    51Le tableau 3 (ci-dessous) souligne bien l’intérêt de la distinction entre population totale et population active, ce qui évite des erreurs assez cou­rantes dans l’appréciation du phénomène de mutation socio-professionnelle.

    52Pour l’agriculture, il ressort que le nombre de personnes vivant en milieu rural a diminué de près de 1 600 000 entre 1882 et 1907 ; or le nombre de personnes travaillant dans ce secteur a cependant augmenté de plus de 1 600 000 durant la même période ; ceci s’explique de deux façons. D’abord, il ne fait guère de doute que, durant la période impériale, l’Allemagne tout en poursuivant très fortement son industrialisation n’a pas sacrifié son agri­culture : le maintien d’une agriculture puissante, moderne et de fort rende­ment demeure un objectif constant des gouvernants ; par ailleurs sur le plan statistique on sait13 que, par rapport à 1882, les recensements suivants ont permis en 1895 et en 1907 une meilleure prise en compte du travail féminin à la campagne.

    Tableau 3 :

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    53En revanche, dans le secteur secondaire, l’évolution de la population totale et celle de la population active employée sont parallèles : la population totale relevant du secteur secondaire passe de 15 millions en 1882 à 20 millions en 1895, puis à 26 millions en 1907 ; quant au chiffre des personnes actives, il double quasiment, passant de 6 à 11 millions. à l’intérieur de ce secteur, les transformations les plus notables sont la nette diminution du travail à domi­cile, la légère croissance du nombre des personnes employées dans l’artisa­nat et surtout une augmentation de 300% au moins pour la main d’œuvre des mines et des usines14.

    54Pour le secteur tertiaire (correspondant aux catégories C, D et E du tableau 3) l’évolution est également parallèle entre le population totale relevant de ce secteur d’activité et la population effectivement employée. La population totale du secteur, ou plutôt des principales branches le compo­sant – commerce, transport, administration, professions indépendantes et personnel de service, passe de 7,8 millions en 1882 à 9,7 millions en 1895 et 12,5 millions en 1907, tandis que les personnes employées qui, en 1882 étaient d’environ 2,9 millions, atteignent 3,8 millions en 1895 et enfin 5,7 millions en 1907.

    Graphique 5 : évolution de la population active selon les grands secteur professionnels 1882-1939

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    55En dehors des chiffres absolus, il est certain que l’intérêt de ces statis­tiques réside également dans les divers pourcentages d’emploi enregistrés selon les secteurs. Malgré quelques divergences au niveau des sources – les écarts ne dépassent jamais 2 à 3 points – de grandes lignes d’évolution se dégagent qui permettent de vérifier l’importance de la mutation socio-professionnelle provoquée par l’industrialisation. Ainsi, au niveau de la population totale et de sa répartition par grands secteurs d’activité écono­mique, on constate tout d’abord la diminution du pourcentage des personnes vivant dans le secteur agricole (‑13 points environ) : si l’on tient compte de l’évolution naturelle du mouvement démographique dans le pays, cela repré­sente pour le secteur primaire une « perte » d’environ 10 millions de per­sonnes (dont 7 millions en Prusse). Sur ces 10 millions un peu plus de 7 millions ont été « recueillis » par les secteurs secondaire et tertiaire qui, grâce à cet apport venant s’ajouter à leur augmentation naturelle, gagnent respectivement 5,2 points pour l’industrie et l’artisanat et 5,1 points pour les activités de services.

    56Au niveau de la population active, le recul du secteur primaire est statistiquement parlant moins accentué, du fait de la comptabilisation des personnes dépendantes sans profession (Angehörige ohne Hauptberuf) qui sont, pour la majorité des cas, des femmes travaillant dans l’agriculture15. Néanmoins, la part des actifs dans l’agriculture diminue de presque 11 points, passant de 43,4% du total des actifs à 32,7%. La part du secondaire augmente de 3,5 points passant de 33,7% en 1882 à 37,2% en 1907 et la part du tertiaire croît de 33,7%, soit 15,8% en 1882 contre 18,8% en 1907 ; l’ensemble de ces données comporte forcément une marge d’imprécision en raison de la comptabilisation de tout le personnel domestique dans le tertiaire et, par ailleurs, de la mise à l’écart des indépendants et des inactifs.

    évolution selon les régions

    57Comme pour le mouvement naturel et pour la croissance générale de la population, la mutation socioprofessionnelle liée à l’industrialisation s’est effectuée avec plus ou moins d’ampleur selon les régions.

    58Il suffit pour s’en convaincre d’examiner à l’échelle de la Prusse (soit plus de 60% de la population totale du Reich) l’évolution respective en pourcentages des trois principaux secteurs d’activité entre 1882 et 1907.

    59Il ressort que les régions à prédominance rurale ont vu, au cours de ces 25 années, l’importance relative de l’agriculture diminuer légèrement : ‑7 points en moyenne, pour les 4 provinces orientales. Néanmoins, le secteur primaire continue à employer la moitié, sinon davantage, de la population. Partout le secteur secondaire progresse, mais il ne dépasse jamais 30% de la popula­tion ; on note une quasi stagnation du secteur tertiaire, sauf en Prusse orien­tale où, en revanche, la progression de l’industrie demeure limitée.

    60Dans les régions du Centre et de l’Est, qui, en 1882, témoignent d’un caractère rural moins prononcé, Schleswig‑Holstein, Hanovre, Hesse et Silé­sie, le pourcentage des personnes vivant dans l’agriculture recule de façon très importante, ‑10 à ‑13 points ; cette modification intervient au profit de l’industrie qui gagne 7 à 11 points, mais aussi des services qui progressent notablement : +3 à +6 points partout, sauf en Silésie où l’évolution du secteur tertiaire se rapproche de celle de la Westphalie.

    61Dans les régions industrielles de l’Ouest, où la part de la population rurale avoisine encore en 1882 le tiers de la population totale, c’est un effondrement : ‑13 points pour la Rhénanie et ‑16 points pour la Westphalie ; dans le même temps, le secteur industriel se développe de façon consi­dérable : +10 points dans une Rhénanie déjà très fortement industrialisée et +15 points en Westphalie, les activités de services ne connaissant toutefois qu’une augmentation relativement modeste.

    62Enfin, à Berlin et dans le Brandebourg, aucun bouleversement notable ne se produit : les rapports entre les 3 secteurs demeurent les mêmes à Berlin, ce qui, compte tenu du fort accroissement de la population ne signifie aucunement une absence de mouvements sur les plans socio‑professionnel et géographique. De son côté, le Brandebourg qui perd 4% de sa population de 1882 dans le secteur primaire les retrouve en 1907 dans le secteur secondaire.

    Tableau 4 : Répartition de la population* en Prusse selon les grands secteurs économiques (1882-1907)

    Province

    Agriculture et forêts

    Artisanat et industrie

    Commerce, transports et services **

    1882

    1907

    1882

    1907

    1882

    1907

    Prusse orientale

    65,5

    58,2

    17,2

    22,3

    17,3

    19,5

    Prusse occidentale

    61,5

    54,0

    19,8

    26,1

    18,7

    19,9

    Poznanie

    65,5

    57,9

    17,4

    24,9

    17,1

    17,2

    Poméranie

    55,5

    48,5

    23,3

    29,9

    21,2

    21,6

    Silésie

    46,0

    33,0

    36,3

    47,4

    17,7

    19,6

    Berlin

    0,8

    0,4

    56,2

    56,7

    43,0

    42,9

    Brandebourg

    30,4

    26,2

    41,3

    46,1

    28,3

    27,7

    Saxe

    38,1

    29,1

    41,5

    49,2

    20,4

    21,7

    Schleswig-Holstein

    44,0

    31,5

    30,6

    37,3

    25,4

    31,2

    Hanovre

    50,7

    38,8

    30,0

    39,1

    19,3

    22,1

    Hesse-Nassau

    41,7

    28,7

    36,3

    45,1

    22,0

    26,2

    Westphalie

    35,1

    19,2

    47,7

    62,8

    17,2

    18,0

    Rhénanie

    31,8

    19,0

    48,7

    58,5

    19,5

    22,5

    Hohenzollern

    62,9

    63,8

    24,3

    23,7

    12,8

    12,5

    Prusse

    42,6

    30,8

    36,2

    46,1

    21,2

    23,1

    *) Il s’agit des personnes actives et des membres de leur famille

    **) Y compris le personnel domestiques

    Source : Koellmann, Bevölkerung in der industriellen Revolution, op. cit. p. 53.

    63De l’ensemble de ces statistiques se dégagent trois conclusions.

    64On vérifie, tout d’abord, la poursuite de l’industrialisation qui se révèle ainsi dans toute son ampleur en entraînant, avec l’urbanisation croissante, de vastes migrations démographiques.

    65Le deuxième phénomène est vraisemblablement tout aussi fondamental pour l’avenir du pays. Il apparaît en effet que, malgré le maintien de certaines constantes (un Nord‑Est encore très rural et des provinces occiden­tales de plus en plus industrialisées), une forme de rééquilibrage s’amorce entre les régions de la Prusse : l’implantation d’activités de services (trans­ports, administration civile et militaire) développe le tertiaire en Prusse orientale et au Schleswig‑Holstein, la croissance des secteurs secondaire et tertiaire s’effectue de façon parallèle et équilibrée à Berlin ; enfin, dans les provinces du Centre, qu’elles aient été auparavant rurales comme le Hanovre ou déjà industrielles comme la Saxe, une sorte de rattrapage s’effectue : tantôt l’industrie, tantôt les services connaissent une progression plus forte par rapport à leur niveau d’origine. On peut ainsi discerner qu’au début du xxe siècle une certaine forme d’« aménagement du territoire » s’est amorcée, en dehors de toute politique officielle globale ; à l’exception de l’agglomé­ration berlinoise et de la Ruhr où l’industrie occupe environ 60% de la population totale, l’industrialisation, en s’étendant, commence à recréer en Allemagne une nouvelle répartition de la population, telle qu’aucune région n’échappe à ces nouvelles formes d’activité productrice, mais qu’aucune région non plus ne renonce résolument au maintien d’une population rurale importante, la part du secteur primaire dans la population totale descendant rarement en‑dessous de 30%.

    66Enfin, ces données statistiques se replacent dans un contexte démo­graphique plus vaste : celui constitué par l’extraordinaire redistribution de la population allemande qui intervient durant la période impériale. La mutation socio‑professionnelle s’accompagne en effet d’un vaste et complexe mouve­ment de migration et d’urbanisation : celui‑ci se développe à l’intérieur de chaque province et de chaque état, quelle qu’en soit l’expansion démo­graphique, mais il déplace également d’une région à l’autre des masses considérables de populations, souvent sur des distances très importantes, parfois même par‑delà les frontières du pays.

    Urbanisation et régions industrielles

    67La grande mutation socio‑professionnelle qui, entre 1871 et 1914, s’amplifie avec l’industrialisation, entraîne pour des millions d’Allemands un changement d’existence, généralement accompagné d’un changement de domicile16.

    68Ainsi, le mouvement amorcé avec le décollage industriel, accentué vers 1850‑1860, se poursuit‑il après 1871, mais cette fois à l’échelle de l’excep­tionnelle expansion, tant économique que démographique, qui caractérise l’histoire du second Reich.

    69L’ampleur de l’urbanisation dans le Reich de 1871 à 1914 est vraisem­blablement l’un des phénomènes permettant le mieux de mesurer le fossé qui désormais se creuse entre l’évolution démographique de la France et celle de l’Allemagne.

    70Tandis que la France étire sur plus d’un siècle son passage d’un type d’économie pré-industrielle à un type d’économie moderne, le Reich, suivant l’exemple britannique tout en surpassant son modèle, s’industrialise de façon brutale et profonde ; cela engendre ces « grands rassemblement humains autour des mines de charbon et des centres textiles »17, ces Metropolis avant la lettre qu’un Français habitué à l’Allemagne de Nerval ou de Madame de Staël ne pouvait découvrir qu’avec un étonnement mêlé d’appréhension.

    La nouvelle répartition de la population

    71Si l’on examine la population du Reich répartie selon la taille des communes, il ressort que l’importance de la population rurale prise au sens strict du terme, c’est‑à‑dire le nombre de personnes habitant des communes inférieures à 2 000 habitants a diminué de plus d’un tiers par rapport à l’ensemble de la population : elle est passée de 63,99% du total en 1871 à 58,6% en 1880 ; puis elle est de 53% en 1890, 45,6% en 1900 et 38,5% seulement en 1910 ; en 1919, elle se situe même au-dessous de 37%.

    72En volume, la population se trouvant dans des communes inférieures à 2 000 habitants à stagné, sinon légèrement régressé, puisque, en 1871, 26 219 000 personnes y étaient recensées contre seulement 25 954 000 en 1910.

    73Or, dans le même temps, le Reich connaît un accroissement démo­graphique dont on a souligné l’ampleur. Il s’est donc effectué un transfert de populations vers les communes de plus grande importance.

    Tableau 5 : La population du Reich répartie selon la taille des communes

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    Graphique 6 : La population du Reich répartie selon la taille des communes (1871-1910)

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    Source : M.H. d’après Statistik des deutschen Reichs, vol. 240.

    74Si l’on adopte la terminologie des statisticiens allemands qui appliquent le terme de « ville » à toutes les agglomérations comptant plus de 2 000 habitants, Landstädte (bourgs) 2 000 à 5 000 habitants, Kleinstädte (petites villes) 5 000 à 20 000 habitants, Mittelstädte (villes de moyenne importance) 20 000 à 100 000 habitants, Großstädte (grandes villes) plus de 100 000 habitants, il apparaît que 35,4% de la population habitait dans les « villes » en 1871 ; ce chiffre passe à 61,5% en 1910.

    75Comme le montre le graphique 6, la prédominance des communes rurales cesse vers l’année 1895. Cependant, on l’a souligné précédemment, il importe d’examiner de façon plus précise l’évolution des diverses catégories d’agglomérations comptant plus de 2 000 habitants.

    76La population urbaine, au sens strict du terme, ne représentait en 1871 que 1/4, voire 1/8 de la population totale ; or, exception faite de Berlin, on avait noté entre 1815 et 1871 un accroissement surtout sensible au niveau des agglomérations de moyenne importance.

    77En revanche, à partir de 1871 et à mesure que s’amplifie l’industria­lisation, l’évolution devient différente et, cette fois, ce sont surtout les villes importantes qui grandissent : il est frappant de voir dans le graphique 7 à quel rythme croissent les villes de plus de 100 000 habitants, et, dans une moindre mesure, celles comptant 20 000 à 100 000 habitants ; par contre, la croissance en chiffres absolus des petites villes (5 000 à 20 000 hb) et des bourgs (2 000 à 5 000 hb) reste très modeste.

    78Cette observation se vérifie si l’on examine, outre les chiffres absolus, la part respective de ces différentes catégories de villes dans la population totale, ainsi que l’indice de croissance des villes entre 1871 et 1914.

    79Il ressort des statistiques que le déplacement de population s’est relati­vement peu effectué au profit des communes de 2 000 à 5 000 habitants : elles comptaient 4,6 millions de personnes en 1871 et 6,4 en 1910.

    80Leur croissance reste inférieure à celle de l’ensemble du Reich. Par contre, pour les communes de plus de 5 000 habitants, l’augmentation dépasse celle enregistrée dans le Reich : elle est modérée pour les agglo­mérations de 5 000 à 20 000 habitants (indice 190 en 1910 par rapport à 100 en 1871), assez forte pour celles de 50 000 à 100 000 habitants (indice 239). La croissance des villes de 20 000 à 50 000 habitants peut être considérée comme très forte puisque l’on passe de l’indice 100 à 1871 à l’indice 347 en 1910. Enfin, l’on peut parler de véritable explosion pour celles de plus de 100 000 habitants : elles étaient huit en 1871, en 1910 on en compte 48 et leur population totale passe de 1 968 000 hb. en 1871 (indice 100) à 13 823 000 en 1910 (indice 702) ; à cette date 21,3% de la population allemande réside dans des villes de plus de 100 000 habitants.

    81L’évolution de la population des grandes villes dans l’ensemble du Reich se présente comme suit.

    Graphique 7 : évolution de la population domiciliée en Allemagne dans les différentes catégories d’agglomérations (1871 – 1914 – 1939)

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    Source : H. Schulze-Manutius, Bevölkerungsstatistik Deutschlands und des Auslandes im Bild, Heidelberg, 1943.

    82L’examen du tableau 6 b fait apparaître que, selon les villes, la « poussée » de croissance s’est effectuée plus ou moins tôt. On vérifie cependant ce qui avait été observé pour la période antérieure à 1871 : les grandes villes existant dès 1850 augmentent, certes, de façon considérable entre 1850 et 1870, mais ce sont les villes de moyenne importance qui traduisent le mieux les effets de l’expansion démographique et industrielle des années 1850/1860 : Düsseldorf, Hanovre, Chemnitz voient leur popula­tion multipliée par 2,5 ou par 3 en vingt ans ; l’exemple de Essen passant de 9 000 à 51 000 habitants est une illustration particulièrement frappante de ce début des migrations intérieures et d’urbanisation des zones industrielles intervenu vers le milieu du siècle.

    83Après 1871, toutes les grandes villes sont touchées par le phénomène ; ainsi, en 1871, un Allemand sur 20 résidait dans une grande ville, en 1914 près d’un Allemand sur 4 est domicilié dans une commune comptant plus de 100 000 habitants.

    Tableau 6 :

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    Les modalités de l’urbanisation

    84Cependant, il ne suffit pas d’évoquer la « grande ville » et l’urbanisation pour rendre compte des nouvelles formes d’habitat qui se développent avec l’industrialisation ; dans le contexte des grandes transformations que connaît la population allemande, le terme de « ville » devient, en effet, trop imprécis et il importe de l’expliciter.

    85Si l’on peut affirmer que « la première floraison de la civilisation allemande, c’est la floraison ‘bourgeoise’ des villes allemandes du Moyen-Age »18, il est manifeste qu’avec le xixe siècle et l’ère industrielle on assiste à une deuxième floraison, mais combien différente. Les villes‑résidences qui s’étaient édifiées autour des petites cours du Saint Empire et les villes commerçantes qui, très tôt, avaient affirmé leur puissance et leur indé­pendance subsistent, mais c’est au prix d’une transformation radicale : une augmentation de leur volume, un changement de physionomie qui parfois prend l’aspect d’un bouleversement « haussmannien », mais bien plus encore une transformation dans le rythme et l’orientation de leur vie économique.

    86Il est alors possible de distinguer d’une façon schématique quatre types de villes.

    87C’est, tout d’abord, la « ville de consommation »19 : la population qui y réside tire son revenu d’une activité exercée à l’extérieur ; Max Weber a noté que cette agglomération comporte très souvent une forte proportion de rentiers et de retraités (Rentnerstadt) et qu’elle s’affirme ainsi, sur le plan économique, comme l’héritière de la ville princière.

    88On remarque cependant que cette forme de ville, lorsqu’elle conserve intacte sa caractéristique principale et ne devient pas un simple quartier dans une métropole, grandit moins que les autres : le seul exemple de croissance démographique importante est celui de Wiesbaden et, dans une certaine mesure, de Göttingen.

    89La deuxième catégorie de ville serait alors la ville marchande, la Händlerstadt, située à un carrefour de communication, à un point de rupture de charge, ainsi Francfort‑sur‑le‑Main ou Hambourg ; ce type de ville s’est également modifié : l’activité de répartition des marchandises s’est élargie et tend à la transformer en un centre d’affaires, en une métropole admi­nistrative et bancaire, ce que Max Weber appelle une City‑Stadt.

    90Le troisième type est celui de la « ville de production » (Produktions­stadt) que W. Sombart a analysée de façon particulièrement saisissante : elle tire son pouvoir d’achat de l’industrie ; les ouvriers, les artisans et parfois les chefs d’entreprises y résident ; elle est l’exemple même de la ville industrielle nouvelle, telle qu’on peut la rencontrer en Silésie, en Saxe et surtout dans la Ruhr.

    91Enfin, on trouve la Großstadt20, qui n’est pas seulement une ville moyenne ayant grandi, de même qu’une ville industrielle n’est pas seulement un village qui s’est mis à pousser.

    92La grande ville conjugue les activités de production et de consommation ; or, malgré sa taille, on remarque que souvent un noyau central lui fait défaut. Elle est une conurbation plutôt qu’une « ville », ainsi ces immenses agglo­mérations de la Ruhr que l’on traverse sans pouvoir distinguer un centre d’une périphérie ; ou bien encore, la Großstadt se sera formée autour d’un centre historique devenu city et l’on aura une ville géante, « tentaculaire », dont le meilleur exemple est le Groß‑Berlin.

    93La question qui se pose alors est de savoir, face à cette croissance urbaine, quelle est la part d’immigration et celle d’augmentation naturelle. Pour la période considérée la réponse n’est guère facile : selon la localisation géographique des grandes villes, selon leur structure par âge et selon l’importance ou l’ancienneté de l’industrialisation, mortalité, natalité et solde migratoire diffèrent.

    94On observe très tôt (dès 1880) à Berlin une baisse de la fécondité largement masquée par une forte immigration. En général, les villes de l’Est (Prusse orientale, Silésie, Poméranie) et quelques villes d’Allemagne cen­trale (Dresde) ont un excédent naturel manifestement plus faible que celui des villes industrielles de Rhénanie et de Westphalie.

    95Globalement, il apparaît qu’en 1900, pour les 33 villes comptant plus de 100 000 habitants, le nombre des jeunes de moins de 16 ans est nettement inférieur à la moyenne du Reich, ce qui laisse supposer une natalité moins forte qu’ailleurs ; en outre, le nombre des personnes de 50 ans et au‑delà (retraités, par exemple) y est plus faible, ce qui ne manque pas d’influer sur la mortalité et de fausser ainsi l’analyse du mouvement naturel ; enfin, les classes d’âge correspondant à la période de vie active et de fécondité (16 à 50 ans) sont sur‑représentées.

    96Carl Ballod21 a conclu sur ce point qu’en général, entre 1880 et 1900, les taux d’accroissement naturel ne sont guère plus faibles dans les villes qu’à la campagne et que, dans l’ensemble, on relève un important excédent des naissances sur les décès ; toutefois, dès lors que l’on prend pour hypothèse une population fermée dans les villes, certaines agglomérations en Alle­magne accusent déjà un déficit en 1900 – c’est particulièrement le cas pour Berlin – tandis que d’autres, Cologne par exemple, demeurent largement excédentaires.

    97L’évaluation de cette croissance des villes est également liée à un autre facteur – il est parfois difficile d’apprécier les résultats des recensements relatifs aux populations urbaines lorsque les statistiques ne rendent pas également compte des changements intervenus dans la superficie des agglomérations.

    98Certes, dans l’ensemble, les « villes » ont suivi sur le plan territorial l’évolution que leur dictait l’augmentation démographique, cependant il est intéressant de voir combien entre 1871 et 1914 les ajustements administratifs par absorption de communes et extension des limites urbaines ont différé selon les villes.

    99Ainsi, Berlin n’a pratiquement pas élargi ses limites territoriales, quatre de ses faubourgs (Schöneberg, Wilmersdorf, Neukölln et Charlottenburg) parvenant alors à la dimension d’une grande ville ; en revanche Gelsenkirchen a multiplié sa superficie par 11, Cologne et Karlsruhe par 15, Mülheim par 19 et Mayence par 25.

    100En outre, que la ville se soit notablement étendue ou non, ses limites territoriales n’englobent pas, en général, la totalité de la population urbaine qui s’y rattache.

    101Si l’on étudie l’évolution de la population résidant dans un rayon de 10 km à partir du centre de la « ville », on constate qu’en moyenne 67% des habitants sont domiciliés à l’intérieur des limites de la ville, ce pourcentage étant supérieur pour les grandes métropoles (Berlin) et pour les villes bénéficiant d’une structure administrative ancienne (Cologne, Hambourg, Brême, Munich). Toutefois la plupart des centres urbains qui, avec l’indus­trialisation connaissent une expansion rapide (Dortmund, Duisbourg, Essen, Mannheim, Sarrebruck etc.) ne regroupent dans la ville proprement dite que 40%, voire 30% de la population se trouvant dans un rayon de 10 km, soit parce que l’absorption des anciennes communes rurales désormais peuplées de citadins n’est pas encore intervenue, soit parce que des conurbations se sont constituées ; c’est de plus en plus le cas dans la Ruhr, par exemple. On est donc en présence d’un processus d’urbanisation certes général, mais néanmoins différencié selon les villes et les régions.

    102L’exemple de la Prusse entre 1867 et 1900 souligne la complexité du phénomène.

    103Entre ces deux dates, la population totale de la Prusse passe de 23,97 millions à 34,47 millions d’habitants, soit l’indice 143,81 par rapport à l’indice 100 en 1867. Dans les arrondissements ruraux, cette population passe de 16,53 millions à 19,62, soit l’indice 118,74, alors que dans les arrondissements urbains, le nombre d’habitants double : en 1867, 7,44 millions et en 1900, 14,85 millions, soit l’indice 199,48 par rapport à l’indice 100 pour 1867.

    104Une comparaison des deux derniers indices permet de mesurer à quel point l’évolution démographique est, pour cette période, différente selon qu’il s’agisse des villes ou des campagnes :

    Tableau 7 : Croissance de la population en Prusse dans les villes et les campagnes entre 1867 et 1900 (1867 = indice 100)

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    105On constate qu’en moyenne la population double dans les villes, surtout là où se manifeste un essor de l’industrie, du commerce et des transports : Berlin, Brandebourg et provinces de l’Ouest. Dans les campagnes où existe une activité essentiellement agricole, l’augmentation est, faible (Prusse orientale, Posnanie)  dans certaines s’amorce même un recul de la population (Poméranie). Par contre, quelques campagnes enregistrent des gains substan­tiels : ce sont celles où existe une activité économique notable appuyée sur une industrialisation croissante : le Brandebourg, la Rhénanie et surtout la Westphalie.

    La croissance des régions industrielles

    106Les migrations intérieures que connaît le Reich n’entraînent donc pas seulement un phénomène d’urbanisation au sens strict du terme : elles correspondent à un processus de transformation économique qui provoque la croissance, voire la constitution de vastes régions industrielles dont les villes ne forment que l’armature.

    107Si l’on examine, selon la taille des communes, l’évolution par état ou par province des diverses entités administratives composant le Reich, ces régions industrielles et urbaines se dessinent assez clairement à la fin de la période 1871‑1910.

    108La population vivant dans des communes de plus de 2 000 hb. correspond à 53,1% du total en Silésie, mais elle atteint 73% dans le Royaume de Saxe. Le Brandebourg, avec Berlin, regroupe dans les communes « urbaines » 78,7% de sa population totale  des pourcentages encore plus importants sont enregistrés, il est vrai, par les villes hanséatiques, mais c’est la Rhénanie et la Westphalie avec 79,2 et 80,2% qui constituent l’exemple le plus intéressant.

    Tableau 8 : évolution de la population en Rhénanie-Westphalie industrielle (1871-1910)

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    109On observe, dans la région industrielle de Rhénanie-Westphalie, une augmentation de la population qui est, en moyenne, trois ou quatre fois plus rapide que dans l’ensemble du Reich. Cette croissance mesurée tous les cinq ans se situe autour de 20% jusqu’en 1895, puis culmine à 34,2% en 1900 pour revenir ensuite à 20% en 1910.

    110On remarque seulement, vers 1880‑1885, un ralentissement passager de cet accroissement, phénomène qui s’explique essentiellement par un tasse­ment conjoncturel. L’expansion démographique de la Ruhr reflète ainsi de façon fidèle l’essor industriel du pays et tout particulièrement le potentiel économique qu’il mobilise à la fin du xixe siècle.

    111En outre, dans le tableau 8, la comparaison en pourcentage du nombre d’hommes recenses par rapport au nombre de femmes constitue un indice particulièrement intéressant, car il témoigne du caractère de « pays neuf » propre à ces régions.

    112De l’étude des différents arrondissements composant cette région indus­trielle type qu’est la Rhénanie‑Westphalie se dégage alors la constatation suivante : ce ne sont pas les villes qui suscitent le plus généralement l’afflux de populations, mais bien plutôt l’industrie. Suivant le degré d’industria­lisation, les villes gagnent ou perdent de l’importance. C’est ainsi que les statistiques portant sur les populations enregistrées dans chaque arrondis­sement de la Ruhr22 reflètent assez fidèlement l’orientation prise par l’expansion économique en Rhénanie‑Westphalie.

    La Ruhr

    113L’industrialisation avait commencé au Sud, au bord de la Ruhr et avait entraîné le développement d’arrondissement tels que ceux de Dortmund, Essen et Bochum dont la population était déjà fortement urbanisée au début du Reich ; ainsi, en 1871, 47,5% des habitants du « Kreis Dortmund » résidaient dans la ville, alors que le « Kreis Recklinghausen » ne comptait que 15,3% de population urbaine.

    114Mais peu à peu l’industrialisation s’étend au nord du bassin ; les nouveaux arrondissements industriels voient progressivement leur popula­tion augmenter plus vite que celle des arrondissements plus anciennement industrialisés et plus fortement urbanisés. C’est alors que l’arrondissement de Recklinghausen se classe, en 1880, au 6e rang avec, en 5 ans (1875‑1880), une augmentation de sa population égale à 13,4% ; devant lui se trouve l’arrondissement urbain de Essen (+15,2%), l’arrondissement rural de Bochum (+16,8%), l’arrondissement urbain de Bochum (+17,9%), l’arron­dissement de Mülheim (+25,7%) et celui de Gelsenkirchen (+25,9%).

    115Or, quinze ans plus tard, en 1895, l’arrondissement de Recklinghausen occupe la première place avec la plus forte augmentation de population, soit +33,5% en cinq ans (1890‑1895). Il est suivi par Gelsenkirchen (+33,2%), puis, avec un décalage, par l’arrondissement rural de Bochum (+25,8% et par Dortmund (+24,1%). L’arrondissement urbain de Bochum augmente également de 24,1% et celui de Essen de 22,1%.

    116Quinze années après, en 1910, ce mouvement se confirme : l’arron­dissement de Recklinghausen croit de 45% tous les cinq ans, suivi par Dinslaken‑Duisburg (+40%). Pour Gelsenkirchen, le ralentissement se vérifie : ce district se range à la troisième place avec une augmentation de 39,5% en 1895 et 1900, puis à la sixième (+17,2% entre 1905 et 1910). Le recul de Dortmund et de Bochum se poursuit, tandis que l’arrondissement urbain et l’arrondissement rural de Essen enregistrent une progression assez soutenue de leur population (+20,1% entre 1905 et 1910)23.

    117Les régions industrielles qui se forment ne correspondent donc pas forcément à l’extension d’un noyau urbain central comme cela est le cas autour de Berlin ou de Munich, mais bien plutôt à la prolifération de plusieurs centres d’attraction qui, en général, sont dépourvus de caractère urbain. Il suffit, à cet égard, de rappeler que les agglomérations de Wanne et de Oberhausen sont plus jeunes que leurs gares, implantées vers 1850, en rase campagne.

    Carte 2 : La Ruhr

    Image 10000000000002200000019810774742.jpg

    Source : Nouvel Atlas Larousse, Paris, 1924, p. 188

    118En 1867 Gelsenkirchen, pourtant en voie d’industrialisation, comptait encore 116 propriétaires terriens ; ils seront 22 en 1926. La petite et moyenne propriété couvrait 69,8% de la superficie communale, les grandes exploitations, 13,7% ; en 1920 ces chiffres seront respectivement de 3,7% et de 0,03%.

    119En revanche les terrains utilisés par l’industrie passent, au Sud de l’Emscher, de 0,3% de la superficie totale en 1867 à 57,5% en 1920.

    120On constate donc que l’intérêt lié à l’activité professionnelle – en l’occurrence une activité soumise au rythme de l’industrialisation – est plus déterminant encore que l’attirance exercée par la vie urbaine. Cela explique le caractère composite et changeant d’une région industrielle telle que la Rhénanie‑Westphalie. On y rencontre des campagnes encore vouées aux activités rurales et dans lesquelles l’industrialisation croissante amène des masses de populations nouvelles : çà et là, autour d’agglomérations anciennes ou en partant de noyaux totalement artificiels, se développent des villes qui grandissent au gré de l’expansion économique de leur environ­nement ; peu à peu, elles centralisent le commerce, les transports, ou même l’industrie de transformation, certaines poussant tels des champignons, tandis que d’autres végètent, sinon périclitent.

    121On voit donc que l’urbanisation et le peuplement des régions in­dustrielles, tout comme la croissance démographique dans les divers territoires composant l’Allemagne, n’ont pas suivi un rythme uniforme. Selon les contrées, selon le potentiel humain disponible et selon l’ampleur de l’industrialisation, cette grande mutation du peuple allemand durant l’époque impériale a témoigné d’une diversité qui, sans nul doute, contribué à en rendre l’étude particulièrement intéressante.

    Bibliographie

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    Sombart, Werner. “Der Moderne Kapitalismus”. Der Moderne Kapitalismus, DUNCKER UND HUMBLOT, 1986. Crossref, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.3790/978-3-428-41420-8.

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    Ungern-Sternberg, Roderich von et Schubnell, Hermann. Bevölke­rungswissenschaft, Stuttgart, Piscator, 1950, 602 p.

    Notes de bas de page

    1 C’est le titre choisi par Reinhardt Marcel, Armengaud André et Dupâquier Jacques dans leur Histoire générale de la population mondiale, Paris, Montchrestien, 1958, pour résumer la situation démographique de l’Allemagne au xixe siècle.

    2 Burgelin Henri, La société allemande contemporaine, Paris, Arthaud, 1968. p.38.

    3 Ou plus précisément 70 millions si l’on considère l’Allemagne dans ses frontières de 1937.

    4 Cf. Reinhardt. Armengaud, Dupâquier, ibid., p.358.

    5 La population irlandaise passe de 6,5 millions en 1851 à 5,4 millions en 1871 et 4,3 millions en 1908‑1921 (cf. Koellmann Wolfgang, Bevölkerungsploetz. vol.IV. Wurzbourg, 1965, p.70 ainsi que Conrad Johannes, Bevölkerungsstatistik, Jena, Fischer, 1925, pp.72‑73).

    6 Cf. graphique 2 pour la période précédant 1870.

    7 Keyser Erich, Bevölkerungsgeschichte Deutschlands, Leipzig, Hirzel. 1938, p. 404.

    8 La premier recensement organisé, dans l’Allemagne unifiée a lieu en 1871 ; à partir de 1875 et jusqu’en 1910 les recensements sont organisés tous les cinq ans, alors que depuis la création du Zollverein ils avaient lieu tous les trois ans. Hormis le recensement de 1871 qui comporte une question sur la profession exercée ou sur la branche d’activité, il n’existe pour la période impériale que trois recensements professionnels, ceux de 1882, 1895 et 1910 ; les résultats consignés dans les volumes correspondants de Statistik des deutschen Reichs et de Wirtschaft und Statistik ont été rassemblés dans trois ouvrages facilement accessibles :

    ‑ Koellmann Wolfgang, Bevölkerungsploetz, vol.IV, ibid.

    ‑ Bevölkerung und Wirtschaft 1872‑1972, Stuttgart, Kohlhammer. 1978,

    ‑ Hohorst Gerd, Kocka Jürgen et Ritter Gerhard, Sozialgeschichtliches Arbeitsbuch, vol.II, Munich, Beck.

    9 Bertaux Pierre, La vie quotidienne en Allemagne au temps de Guillaume II. Paris, Hachette, 1962, p.13.

    10 Hoffmann Walter Gustav, Das Wachstum der deutschen Wirtschaft seit der Mitte des 19. Jahrhunderts, Berlin/Heidelberg/New York. Springer, 1955, p.17.

    11 Hesse Albert, Grundriss der politischen Oekonomie, vol.IV, lena, Fischer. 1944, p.140.

    12 Ungern‑Sternberg Roderich von et Schubnell Hermann, Bevölkerungswissenschaft, Stuttgart, Piscator, 1950, p.125.

    13 Quante Peter dans son ouvrage. Die Auswanderung aus der Landwirtschaft, Hambourg, Hoffmann & Campe, 1958, insiste à plusieurs reprises sur ce fait.

    14 Hoffmann W.G., ibid, pp.194-195.

    15 Cette catégorie de personnes qui, en 1682, constituait 54,5% de la population totale – soit 35,6% de la population masculine et 72,5% de la population féminine – ne représente plus en 1907 que 48,7% de la population totale, soit 33,2% de la population masculine et 63,7% de la population féminine.

    16 Il n’est guère possible d’étudier ici de façon plus approfondie le phénomène des migrations intérieures. Dans l’ouvrage de Aubin Hermann et Zorn Wolfgang, Handbuch der deut­schen Wirtschaft- und Sozialgeschichte, vol. 2, Stuttgart, 1975, Wolfgang Koellmann a bien résumé l’histoire des migrations intérieures dans l’Allemagne impériale. Avec l’exode de quelque 18 millions de réfugiés et d’expulsés entre 1944 et 1961, il s’agit vraisemblable­ment du plus grand déplacement démographique de l’histoire allemande.

    Ainsi, en 1907, 29 millions d’Allemands (soit 48% de la population totale) vivent dans une autre commune que celle de leur naissance. Parmi eux 9 millions environ ont franchi des frontières de provinces ou d’état à l’intérieur du Reich.

    Considérant l’ensemble de la période 1860-1914, on peut estimer à 15 ou 16 millions le nombre de ceux qui ont effectué cette migration intérieure par delà une frontière de province ou d’état, ce chiffre représentant presque trois fois le nombre des émigrants ayant définitivement quitté l’Allemagne au cours de la même période. Quant au nombre de ceux qui ont effectué une migration intérieure sur une plus courte distance, sans franchir une frontière de province ou d’état, il est vraisemblablement supérieur à 45 millions.

    Durent cette période, un Allemand sur deux a donc effectué une migration intérieure sur une distance plus ou moins importante, proportion confirmée par le résultat du recensement de 1907 pour la génération vivant au tournant du siècle.

    17 Ariès Philippe, Histoire des populations françaises, Paris, Seuil. 1971, p.214.

    18 Bertaux Pierre, La vie quotidienne .... ibid. p. 35, cf. également Bertaux Pierre, La civilisation urbaine en Allemagne, Paris, Colin, 1971, chapitre III.

    19 Sombart Werner dans Der moderne Kapitalismus, Munich/Leipzig, Duncker & Humblot. 1928, vol.III, p.399.

    20 Ipsen Günther, Daseinsformen der Großstadt, Tübingen, Mohr, 1959.

    21 Ballod Carl, « Die mittlere Lebensdauer in Stadt und Land », in : Staats- und Sozial­wissenschaftliche Forschung, vol. 16, Leipzig, Duncker & Humblot, 1899.

    22 Horst Willy, op. cit., pp.60‑67.

    23 Chacune de ces agglomérations offre une image saisissante des transformations de la popu­lation allemande durant la période d’industrialisation. Un exemple particulièrement inté­ressant de monographie est celui de la ville de Barmen étudiée par W. Koellmann, « Die Bevölkerung der Industriegroßstadt Barmen vor und während der Industrialisierungs­periode » in Bevölkerung in der industriellen Revolution, Göttingen, 1974, pp.186-207.

    Auteur

    Michel Hubert

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    1 C’est le titre choisi par Reinhardt Marcel, Armengaud André et Dupâquier Jacques dans leur Histoire générale de la population mondiale, Paris, Montchrestien, 1958, pour résumer la situation démographique de l’Allemagne au xixe siècle.

    2 Burgelin Henri, La société allemande contemporaine, Paris, Arthaud, 1968. p.38.

    3 Ou plus précisément 70 millions si l’on considère l’Allemagne dans ses frontières de 1937.

    4 Cf. Reinhardt. Armengaud, Dupâquier, ibid., p.358.

    5 La population irlandaise passe de 6,5 millions en 1851 à 5,4 millions en 1871 et 4,3 millions en 1908‑1921 (cf. Koellmann Wolfgang, Bevölkerungsploetz. vol.IV. Wurzbourg, 1965, p.70 ainsi que Conrad Johannes, Bevölkerungsstatistik, Jena, Fischer, 1925, pp.72‑73).

    6 Cf. graphique 2 pour la période précédant 1870.

    7 Keyser Erich, Bevölkerungsgeschichte Deutschlands, Leipzig, Hirzel. 1938, p. 404.

    8 La premier recensement organisé, dans l’Allemagne unifiée a lieu en 1871 ; à partir de 1875 et jusqu’en 1910 les recensements sont organisés tous les cinq ans, alors que depuis la création du Zollverein ils avaient lieu tous les trois ans. Hormis le recensement de 1871 qui comporte une question sur la profession exercée ou sur la branche d’activité, il n’existe pour la période impériale que trois recensements professionnels, ceux de 1882, 1895 et 1910 ; les résultats consignés dans les volumes correspondants de Statistik des deutschen Reichs et de Wirtschaft und Statistik ont été rassemblés dans trois ouvrages facilement accessibles :

    ‑ Koellmann Wolfgang, Bevölkerungsploetz, vol.IV, ibid.

    ‑ Bevölkerung und Wirtschaft 1872‑1972, Stuttgart, Kohlhammer. 1978,

    ‑ Hohorst Gerd, Kocka Jürgen et Ritter Gerhard, Sozialgeschichtliches Arbeitsbuch, vol.II, Munich, Beck.

    9 Bertaux Pierre, La vie quotidienne en Allemagne au temps de Guillaume II. Paris, Hachette, 1962, p.13.

    10 Hoffmann Walter Gustav, Das Wachstum der deutschen Wirtschaft seit der Mitte des 19. Jahrhunderts, Berlin/Heidelberg/New York. Springer, 1955, p.17.

    11 Hesse Albert, Grundriss der politischen Oekonomie, vol.IV, lena, Fischer. 1944, p.140.

    12 Ungern‑Sternberg Roderich von et Schubnell Hermann, Bevölkerungswissenschaft, Stuttgart, Piscator, 1950, p.125.

    13 Quante Peter dans son ouvrage. Die Auswanderung aus der Landwirtschaft, Hambourg, Hoffmann & Campe, 1958, insiste à plusieurs reprises sur ce fait.

    14 Hoffmann W.G., ibid, pp.194-195.

    15 Cette catégorie de personnes qui, en 1682, constituait 54,5% de la population totale – soit 35,6% de la population masculine et 72,5% de la population féminine – ne représente plus en 1907 que 48,7% de la population totale, soit 33,2% de la population masculine et 63,7% de la population féminine.

    16 Il n’est guère possible d’étudier ici de façon plus approfondie le phénomène des migrations intérieures. Dans l’ouvrage de Aubin Hermann et Zorn Wolfgang, Handbuch der deut­schen Wirtschaft- und Sozialgeschichte, vol. 2, Stuttgart, 1975, Wolfgang Koellmann a bien résumé l’histoire des migrations intérieures dans l’Allemagne impériale. Avec l’exode de quelque 18 millions de réfugiés et d’expulsés entre 1944 et 1961, il s’agit vraisemblable­ment du plus grand déplacement démographique de l’histoire allemande.

    Ainsi, en 1907, 29 millions d’Allemands (soit 48% de la population totale) vivent dans une autre commune que celle de leur naissance. Parmi eux 9 millions environ ont franchi des frontières de provinces ou d’état à l’intérieur du Reich.

    Considérant l’ensemble de la période 1860-1914, on peut estimer à 15 ou 16 millions le nombre de ceux qui ont effectué cette migration intérieure par delà une frontière de province ou d’état, ce chiffre représentant presque trois fois le nombre des émigrants ayant définitivement quitté l’Allemagne au cours de la même période. Quant au nombre de ceux qui ont effectué une migration intérieure sur une plus courte distance, sans franchir une frontière de province ou d’état, il est vraisemblablement supérieur à 45 millions.

    Durent cette période, un Allemand sur deux a donc effectué une migration intérieure sur une distance plus ou moins importante, proportion confirmée par le résultat du recensement de 1907 pour la génération vivant au tournant du siècle.

    17 Ariès Philippe, Histoire des populations françaises, Paris, Seuil. 1971, p.214.

    18 Bertaux Pierre, La vie quotidienne .... ibid. p. 35, cf. également Bertaux Pierre, La civilisation urbaine en Allemagne, Paris, Colin, 1971, chapitre III.

    19 Sombart Werner dans Der moderne Kapitalismus, Munich/Leipzig, Duncker & Humblot. 1928, vol.III, p.399.

    20 Ipsen Günther, Daseinsformen der Großstadt, Tübingen, Mohr, 1959.

    21 Ballod Carl, « Die mittlere Lebensdauer in Stadt und Land », in : Staats- und Sozial­wissenschaftliche Forschung, vol. 16, Leipzig, Duncker & Humblot, 1899.

    22 Horst Willy, op. cit., pp.60‑67.

    23 Chacune de ces agglomérations offre une image saisissante des transformations de la popu­lation allemande durant la période d’industrialisation. Un exemple particulièrement inté­ressant de monographie est celui de la ville de Barmen étudiée par W. Koellmann, « Die Bevölkerung der Industriegroßstadt Barmen vor und während der Industrialisierungs­periode » in Bevölkerung in der industriellen Revolution, Göttingen, 1974, pp.186-207.

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