La construction avec aun si : définition et sélection modale
p. 91-100
Résumé
Un acercamiento semasiológico de los signos aun y si permite no solo dar cuenta del mecanismo a través del cual la construcción con aun si expresa la concesión, sino también explicar por qué aun si es incompatible con ciertas formas verbales. La lectura de la materialidad de estos dos signos lleva a afirmar que aun si « dice » la unificación de dos relaciones forzosamente diferentes, en este caso, diametralmente opuestas, siendo una de ellas la relación implicativa significada por si (si A > B), la otra la relación implicativa subyacente a la construcción con aun si (B > −A). Lo que el locutor concede a su interlocutor cuando emplea una construcción con aun si es esta relación implicativa subyacente, pues considera que esta implicación constituye una objeción posible a la posición que él defiende. En lo que concierne a las formas verbales empleadas en esta construcción, la representación en lengua del signo si, según la cual el soporte introducido por este signo se sitúa en una anterioridad nocional, explica la incompatibilidad de aun si con formas verbales prospectivas, esto es, aquellas que la tradición llama « futuro », « condicional » y « presente de subjuntivo ».
Texte intégral
1Lorsqu’elle commente la construction avec aun si, la Nueva gramática de la lengua española1 se contente de dire que cette construction alterne avec la construction avec aunque, car au même titre que celle-ci, elle exprime une relation concessive, et cela, font remarquer les académiciens, en dépit du fait qu’elle ne comporte pas de conjonction à proprement parler concessive. L’objectif du présent travail est d’expliquer, à partir d’une lecture de la matérialité des signes aun et si, le mécanisme à travers lequel la construction avec aun si exprime la concession. La lecture du signifiant si permettra aussi d’expliquer pourquoi cette construction ne permet pas l’emploi de certaines formes verbales, à savoir celles que la tradition appelle le « futur », le « conditionnel », et le « présent du subjonctif ».
Les signes aun et si
2Le point de départ des considérations qui suivent est la lecture que Jean-Claude Chevalier, Michel Launay et Maurice Molho font du signe aun dans l’article « De la concession en espagnol »2. Les auteurs y soutiennent :
[…] le propre du signifiant aun est de marquer une opération d’unification dont un effet est la levée d’une incompatibilité. Par aun l’espagnol réduit à l’unité ce qui se présentait sous l’espèce d’une dualité3.
3De fait, toute construction avec aun implique deux éléments. L’un d’eux est explicite ; l’autre, en revanche, n’est pas verbalisé, il est implicite ou présupposé. Cela amène à affirmer que toute construction introduite par cet adverbe est une construction présuppositionnelle, la présupposition étant comprise comme une « inférence conventionnelle » due au signifié d’un élément linguistique, en l’occurrence aun. De ce fait, une construction avec aun si implique, à son tour, deux éléments : l’élément explicite étant la construction avec aun si, l’élément pré-supposé la relation implicative sous-jacente à cette construction. Dans l’exemple suivant, tiré de la Nueva Gramática de la lengua española,
Aun si no me otorgan el crédito, ampliaré la casa4.
le présupposé est la relation implicative sous-jacente à cette construction : la déclaration /agrandir/ implique l’absence de la déclaration /ne pas accorder/, autrement dit, la déclaration exprimant que j’agrandirai la maison implique l’absence d’une déclaration exprimant qu’on ne m’accorde pas le crédit. La relation implicative sous-jacente à la construction avec aun si est donc la contradiction de la construction qui la présuppose, contradiction qui en vertu de aun sera neutralisée. Il faut préciser que la nature de cette relation implicative ne relève pas de la logique, mais de la pragmatique, car loin de se baser sur les valeurs de vérité du connecteur logique d’implication, elle se fonde sur les connaissances extralinguistiques appartenant au savoir implicite partagé par l’émetteur et le récepteur. Autrement dit, la relation implicative sous-jacente à une construction avec aun si ne répond pas forcément à un accord collectif, comme l’illustre l’exemple suivant, dont la relation implicative sous-jacente n’est nullement une croyance communément admise :
Me hubiera gustado verlo, conversar, pero ya sabes cómo era: nunca sabías exactamente cómo iba a reaccionar: lo complicaba todo hasta lo indecible. No, él no me vio. Probablemente sabía que estaba en París pero no dónde. Pero aun si lo hubiera sabido, no me habría buscado. Lo conozco 5.
4En effet, la relation implicative selon laquelle la déclaration /ne pas chercher quelqu’un/ implique l’absence de la déclaration /savoir où cette personne se trouve/ n’est recevable que dans un cadre approprié.
5Pour ce qui est du signe si, l’article « De l’hypothèse en espagnol » de Jean-Claude Chevalier, Michel Launay et Maurice Molho6 constitue une référence indispensable pour essayer de trouver la définition que ce signe apporte en langue. Selon les auteurs :
Une première analyse fait apparaître que toute phrase du type Si A, B comporte nécessairement l’affirmation qu’entre A et B existe une relation R glosable à première vue par : A /entraîne/ B. L’une des propriétés du morphème si (qu’en langue il partage avec d’autres morphèmes) serait donc de poser cette relation7.
6Il semble, effectivement, que si signifie une relation de dépendance dans laquelle un dire A implique un dire B. Les auteurs tiennent à préciser que cette relation de dépendance est la seule déclarée par une construction avec si, car, bien qu’elle puisse se doubler d’une relation causale entre les phénomènes évoqués, si ne « dit » aucun lien causal, cette relation de cause à effet entre deux phénomènes n’étant que l’une des multiples raisons qui peuvent conduire un locuteur à déclarer qu’un dire B est dans la dépendance d’un dire A.
À cette première propriété de si les auteurs en ajoutent une seconde :
[…] la relation de dépendance dont il vient d’être question implique également, lorsqu’elle se signifie sous si, que le premier terme A de la relation se présente comme problématique, comme pouvant être ou ne pas être ; c’est-à-dire qu’il y a mise en débat du propos A8.
7Cette mise en débat explique, comme le suggèrent les auteurs, que si soit considéré comme un élément fondamental dans l’expression de l’hypothèse : « C’est vraisemblablement ce privilège qui a valu à si d’être érigé en facteur archétypique de l’hypothèse »9. Si signifie certes la mise en débat du propos qu’il introduit, mais cela ne veut pas dire que ce propos soit toujours hypothétique, car il y a des propositions introduites par si qui n’expriment pas une hypothèse. Dans son ouvrage Pragmática y gramática. Condicionales concesivas en español (2008) Susana Rodríguez Rosique, fournit des exemples qui permettent de le montrer :
8En concreto, hay muchas estructuras con si que no dan lugar a una lectura hipotética. Por ejemplo, de:
(16) | Si te ha dicho eso es porque quiere cenar contigo, |
no se infiere que puede que te haya dicho eso y puede que no. Es más, incluso algunas construcciones con si que en determinados contextos pueden desarrollar una lectura hipotética, en otros pueden cancelarla. Por ejemplo:
(17) | Si llueve nos quedaremos en casa |
se interpreta de manera hipotética; es decir, se infiere que puede que llueva y puede que no y, por tanto, que puede que nos quedemos en casa y puede que no. Sin embargo, en el contexto de (18), la misma construcción ve anulado su carácter hipotético:
(18) | A: Llueve muchísimo. |
B: Si llueve nos quedaremos en casa10. |
9Quelques pages plus loin, l’auteur établit une typologie des constructions conditionnelles qui seraient mises à l’écart si l’on accepte le caractère hypothétique comme critère définitoire.
10Les conditionnelles épistémiques, dans lesquelles la protase constitue une prémisse pour conclure à l’apodose :
Si te ha dicho eso, es porque te quiere11.
11Les conditionnelles de l’énonciation ou les conditionnelles dites « métalinguistiques », dans lesquelles la protase oriente l’échange communicatif :
Si tienes hambre hay galletas en el armario12.
Mi marido, si aún lo puedo llamar así, viene esta noche13.
12Et les conditionnelles dites « génériques », celles qui reçoivent une interpré-tation habituelle :
Si tiras una piedra al agua, se hunde14.
13En somme, le caractère hypothétique ne semble pas faire partie de la définition que si apporte en langue, car ce caractère n’est pas une valeur commune à toutes les constructions introduites par ce relateur. Il est donc permis de défendre, comme le fait Susana Rodríguez Rosique, que
[…] la hipoteticidad de las condicionales no es un valor común a todas las estructuras; dicho de otra forma, no es un valor convencionalizado, sino un significado pragmático (en concreto, es una implicatura conversacional generalizada), susceptible, por ello, de ser cancelado15.
14On soutiendra, par conséquent, que ce qui est « dit » par si dans une construction du type Si A, B est uniquement une relation d’implication entre deux dires, dont le premier terme A est mis en débat. Le caractère hypothétique n’est donc qu’une valeur de modalité épistémique établie contextuellement.
15On fera ainsi l’hypothèse que le représenté de langue du signe si implique l’existence de trois éléments : un support, un apport, et une relation d’implication qui les relie. Le support est instancié par le segment introduit par si et constitue le terme impliquant mis en débat, l’apport est instancié par le propos sans relateur et représente le terme impliqué. Schématiquement :
SI | Implication | |||
Support mis en débat | ➞ | Apport | ||
La valeur concessive de la construction avec aun si
16Si on prend en considération ce que « disent » ces deux signes, il est permis d’affirmer que aun si « dit » l’unification de deux relations forcément différentes, en l’occurrence diamétralement opposées, l’une d’elles étant la relation implicative signifiée par si, l’autre la relation implicative sous-jacente à la construction avec aun si. De façon schématique :

17En d’autres termes, « Aun si no me otorgan el crédito, ampliaré la casa » signifie que la relation d’implication établie entre /ne pas accorder/ et /agrandir/, est identique à la relation implicative sous-jacente à cette construction, celle selon laquelle la déclaration /agrandir/ implique l’absence de la déclaration /ne pas accorder/. « Aun si no me otorgan el crédito, ampliaré la casa » signifie que je vais agrandir la maison si on m’accorde le crédit, mais aussi si l’on ne me l’accorde pas. La valeur concessive de cette construction résulte ainsi de l’unification de deux relations diamétralement opposées qui deviennent, en vertu de aun, une seule. Il apparaît donc qu’un effet des constructions avec aun si est de déclarer l’existence d’une contradiction et, simultanément, de la lever à travers une procédure d’unification.
18La construction avec aun si constitue de ce fait un énoncé polyphonique, dans le sens où cette construction fait apparaître un discours opposé à celui défendu par le locuteur. En effet, cette construction présente au moins deux points de vue : un point de vue 1 selon lequel une déclaration A implique une déclaration B, assumé par l’énonciateur qui apparaît comme porte-parole du locuteur, et un point de vue 2 selon lequel la déclaration A implique l’absence de la déclaration B, assumé par l’énonciateur qui apparaît comme l’opposant du locuteur. En guise de schéma :
Le locuteur | a une attitude favorable vis à vis de l’énonciateur soutenant que A > B |
a une attitude de refus vis à vis de l’énonciateur soutenant que B > – A |
19La construction avec aun si s’avère ainsi être une forme de prolepse, dans la mesure où elle vise à rejeter par anticipation un contre-argument potentiel. Ce contre-argument potentiel à l’argument défendu par la construction avec aun si est la relation implicative sous-jacente à cette construction qui, en l’occurrence, est intégrée sous la forme d’un présupposé, ce qui permet de le démentir de manière plus efficace, car ce qui est présupposé n’apparaît pas normalement comme une continuation discursive. Ce que le locuteur concède à son interlocuteur lorsqu’il emploie une construction avec aun si, c’est la relation implicative sous-jacente à cette construction, car il considère que cette implication constitue une objection possible à la position qu’il défend.
Les formes verbales employées dans la construction avec aun si
20En ce qui concerne les formes verbales employées dans la proposition introduite par aun si, l’objectif est d’expliquer ce qui, en langue, rend certaines formes verbales plus acceptables que d’autres. Si l’on prend comme cadre la nouvelle théorie des modes de Gilles Luquet16, la tâche est, comme le signale son auteur, plus simple qu’il ne paraît :
L’histoire des phrases conditionnelles du français n’est pas plus compliquée que celle de l’espagnol : elle est même d’une extraordinaire simplicité si on la ramène à la théorie des modes que ces pages invitent à prendre en considération17.
21Dans ce cadre théorique, la proposition introduite par aun si se construit avec une forme actualisante lorsque le locuteur veut et peut mettre en relation directe l’opération verbale qui y est exprimée avec son présent d’expérience. En revanche, lorsque le locuteur ne veut pas, ou ne peut pas, mettre en relation directe cette opération verbale avec son présent d’expérience, la proposition introduite par aun si se construit avec une forme verbale inactualisante. En somme, le mode de la proposition introduite par aun si s’explique par la volonté ou la capacité du locuteur à mettre l’opération verbale qui y est exprimée directement en relation avec son présent d’expérience. S’il est capable de le faire, il emploie une forme actualisante et cette actualisation de la représentation de l’événement qui y est signifié lui permet de déclarer l’existence notionnelle du support introduit par si, existence notionnelle qui sera, toutefois, en vertu de si, mise en débat. Voici deux exemples construits avec des formes verbales actualisantes :
Pero uno pinta, sin querer, como los maestros, aun si no se tiene la saludable intención de imitarlos18.
La modificación al tratado permite que, de acuerdo con los principios jurídicos y constitucionales de cada país, puedan tramitarse casos específicos de extradición, aun si el delito perseguido se cometió con anterioridad a la fecha de vigencia19.
22Dans ces exemples les formes « tiene » et « cometió » ne se justifient pas par les « possibilités de réalisation » des propos qui y sont exprimés, car la contingence de leur réalisation n’est qu’un effet de sens discursif. Elles s’expliquent par la volonté du locuteur de mettre l’opération verbale qu’elles expriment directement en relation avec son présent d’expérience, concrètement, en les incluant dans son présent ou dans son passé. Les propos qui y sont exprimés acquièrent ainsi une réalité notionnelle. Ceci explique que la grammaire traditionnelle les appelle « condicionales reales ».
23En revanche, une proposition en aun si se construit avec une forme inactualisante lorsque le locuteur ne veut pas ou ne peut pas mettre l’opération signifiée en relation directe avec son présent d’expérience. À travers l’emploi de ces formes le locuteur « dit » que le support introduit par si n’est pas ou n’est plus actuel au moment de l’énonciation. C’est ce qu’illustrent les exemples suivants :
Aun si no me otorgaran el crédito, ampliaría la casa.
No puedo dejarla y aun si pudiera no lo haría, no tengo ningún motivo. (Contreras, G., Nadador)
Yo castigaba con todo rigor esas bribonadas, aun si las cometían mis propios hombres. (Serna, Seductor)20
24La distance épistémique, en l’occurrence l’improbabilité exprimée par « otorgaran » dans le premier exemple, ou l’irréalité de « pudiera » dans le deuxième, de même que l’expression de l’habitude dans le passé exprimée par « cometían » dans le troisième ne sont que des effets de sens discursifs. Présenter ces effets de sens comme des valeurs proprement linguistiques, comme le fait la grammaire traditionnelle, ne semble pas très adapté, car ceux-ci − dépendant des cotextes et des contextes – peuvent être infinis. Pour justifier l’usage d’une forme verbale dans une construction précise, il semble plus adapté de partir de sa valeur en langue, valeur qui devra rendre compte de tous ses effets de sens possibles. Dans la théorie de modes de Gilles Luquet, l’explication de ces formes verbales est non seulement plus objective, elle est aussi plus simple et générale, car dans les trois cas, le -locuteur « dit » que le support introduit par si n’est pas actuel au moment de l’énonciation, soit parce que le propos qui y est exprimé a peu de chances de se réaliser, – dans le premier exemple – ne se réalise pas du tout – dans le deuxième –, soit parce qu’il appartient au passé – dans le troisième exemple. Dans cette perspective, la distinction faite par la grammaire traditionnelle entre « condicionales potenciales » et « condicionales irreales » s’avère purement discursive.
25La démarche suivie ici répond à la conviction qu’une explication des modes de l’espagnol doit tenir compte du système de la langue. Maurice Molho, en 1975 l’exprimait déjà sans ambiguïté : « Una gramática que sólo describiera la expresión sin informarnos sobre el sistema lingüístico subyacente que la engendra sería una gramática radicalmente incompleta »21. Cette conviction est à l’origine du choix d’une théorie dans laquelle chaque signe linguistique est décrit de la façon la plus précise possible, en l’occurrence à partir de son signifiant. L’application de cette théorie modale se veut donc complémentaire de celles qui, dans la tradition grammaticale espagnole, ont essayé d’expliquer le choix modal à partir de critères pragmatiques. Cette proposition prétend ainsi compléter celles qui s’attachent à répertorier les effets de sens de ce type de constructions ou à décrire les stratégies mises en œuvre par le locuteur lorsqu’il emploie une proposition introduite par si.
26L’inacceptabilité des séquences dans lesquelles aun si est suivi d’une forme du futur, du conditionnel ou du présent du subjonctif peut s’expliquer par le fait que le segment introduit par si est conçu comme un support qui permet comprendre le segment sans relateur, et que, de ce fait, le segment introduit par si se situe dans une antériorité notionnelle. Différentes propositions ont essayé d’expliquer cette conception. Susana Rodríguez Rosique en rappelle quelques-unes :
Por ejemplo, desde Haiman (1978) se ha intentado establecer une relación entre la prótasis condicional y los tópicos. Igualmente, para la teoría de los espacios mentales (Fauconnier 1984), la prótasis establece un espacio mental en el que entender la apódosis (cf. Fillmore 1990; Dancygier y Sweetser 1996, 1997; Sweetser 1996ª; Dancygier y Sweetser 2005). Desde una perspectiva psicológica, o cognitivista, en las condicionales, como en otras adverbiales, la prótasis constituye el fondo en el que entender la apódosis o figura (cf. Trives 1982; López García 1994; Langacker 1997; Tabakowska 1997)22.
27Le futur, le conditionnel et le présent du subjonctif s’associent, en revanche, à une postériorité : le futur parce qu’il actualise la représentation d’un événement appelé à devenir effectif, le conditionnel parce qu’il signifie ce qui n’est pas encore actuel, le présent du subjonctif parce qu’il inactualise la représentation d’un événement associé à un espace non révolu. Ce sont, de ce fait, des temps prospectifs, caractère qui explique que leur emploi ne soit pas acceptable dans une protase conditionnelle introduite par si, et par conséquent, dans une proposition introduite par aun si.
28Il serait intéressant, pour finir, de souligner que le si français ne peut pas, à la différence du si espagnol, se construire avec une forme inactualisante du sous-ensemble subjonctif. Pour ce qui est du présent du subjonctif, l’explication est, de même qu’en espagnol, le caractère prospectif de ce temps, incompatible avec l’antériorité notionnelle dans laquelle se situe la protase. En ce qui concerne l’imparfait du subjonctif, l’inacceptabilité de ce temps s’explique, selon Jean-Claude Chevalier, Michel Launay et Maurice Molho, par la capacité du si français à réfuter un contraire. Ce caractère réfutatoire explique que, pour exprimer une hypothèse irréelle, le si français n’ait pas besoin d’être associé à une forme inactualisante du sous-ensemble subjonctif, alors que le si espagnol, n’étant pas habilité à dire la réfutation d’un contraire, doit être associé à la forme la plus inactualisante du système verbal qui lui correspond. En somme, pour exprimer une hypothèse irréelle, l’espagnol et le français se servent du mode inactualisant, mais, en raison des différences de signification de la particule si dans ces deux langues, l’inactualisation opérée n’est pas la même.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Real Academia Española y Asociación de academias de la lengua española, 2009, Nueva Gramática de la lengua española.
2 J.-C. Chevalier, M. Launay, M. Molho, 1983, « De la concession en espagnol. Le signifiant AUN/AUNQUE », p. 3-8.
3 Ibid., p. 7.
4 RAE, Nueva gramática… op. cit., p. 3541.
5 RAE: Banco de datos (CREA).
6 J.-C. Chevalier, M. Launay et M. Molho, 1982, « L’expression de l’hypothèse en espagnol », p. 12-16.
7 Ibid., p. 1.
8 Ibid., p. 2.
9 Ibid., p. 2.
10 Ibid., p. 81.
11 Ibid., p. 104.
12 Ibid., p. 104.
13 Ibid., p. 104.
14 Ibid., p. 104.
15 Ibid., p. 81-82.
16 G. Luquet, 2004, La teoría de los modos en la descripción del verbo español.
17 G. Luquet, 2000, Regards sur le signifiant, études de morphosyntaxe espagnole, p. 134.
18 RAE, Nueva Gramática… op. cit., p. 3542.
19 REA, Banco de datos (CREA).
20 RAE, Nueva Gramática… op. cit., p. 3542.
21 M. Molho, 1975, Sistemática del verbo español (aspectos, modos y tiempos), p. 9.
22 S. Rodríguez Rosique, Pragmática y gramática… op. cit., p. 93.
Auteur
Maître de conférences à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, elle enseigne la grammaire, la traduction et la linguistique. Sa recherche porte essentiellement sur la syntaxe de l’espagnol, notamment sur les constructions concessives. Sa thèse, intitulée La construction avec aunque : définition, sélection modale et traductions françaises, montre les avantages qu’il y a à étudier la syntaxe de l’espagnol dans une perspective qui donne la priorité au signifiant. Dans cette même perspective, elle s’intéresse actuellement aux constructions dites conditionnelles concessives, aux relateurs qui les introduisent et aux formes verbales qui y sont employées.
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