Recherches archéologiques récentes à l’Héraion d’Argos1
p. 11-56
Note de l’auteur
Note portant sur l’auteur2
Texte intégral
1Les recherches “récentes” sur l’Héraion d’Argos1 couvrent en réalité plus d’un demi-siècle. Depuis que C. W. Blegen2 en 1937 et 1939, puis P. Amandry et J. Caskey3 en 1952 ont publié des fouilles aux résultats trop nouveaux et trop décisifs pour ne pas réveiller ou susciter des intérêts scientifiques très variés, le rythme des publications est resté très soutenu. De nouvelles études des édifices et du matériel mis au jour par la première expédition américaine4 contribuent à fonder les réflexions de ces dernières années sur les origines, le développement, la fréquentation et le rôle du sanctuaire, sur les cultes funéraires dits “héroïques”, et sur la production argienne, céramique, métallurgie et petite plastique.
2Le bilan critique5 que je tente de dresser ici se limite à trois domaines6 : le sanctuaire, son mobilier et ses aménagements, donc son histoire ; les représentations d’Héra ; les institutions, notamment les concours7.
3Fouilles et prospections effacent très vite l’image trompeuse d’un sanctuaire spendidement isolé sur sa hauteur en bord de plaine8. Certes, et surtout vu d’Argos9, le paysage fait illusion, masquant de ses contrastes les passages à travers une montagne pourtant faiblement escarpée, très praticable et très fréquentée. La tentation subsiste d’oublier qu’un arrière-pays géographique s’étend au-delà, au Nord et à l’Est de l’Héraion. Or l’arrière-pays archéologique s’imposait déjà sur la carte de la région de Mycènes dressée par le Capitaine Steffen en 1884 ; le commentaire qu’en a donné H. Lolling reste une mine de renseignements sur les sites et les routes antiques des vallées intérieures10. Les recensements et synthèses dressés, pour l’Age du Bronze11, par R. Hope Simpson en 1965, J. L. Bintliff en 1977, R. Hope Simpson et Ο. T. P. K. Dickinson en 1979, et pour les viiie et viie siècles12 par A. Foley en 1988 sont déjà éloquents. Les prospections de l’Institut Suédois d’Athènes dirigées par B. Wells de 1988 à 1990 à l’Est de Mycènes et au Nord de l’Héraion, dans la vallée de Berbati et de Limnes13, révèlent une occupation dense de ces territoires fertiles ; des routes antiques empruntent les traversées naturelles vers la plaine par Mycènes et par le défilé de la Klissoura, notamment la Kontoporéia, grande voie d’intérêt commercial et stratégique qui reliait la Corinthie à l’Argolide14 et débouchait sur la plaine à 1,5 km environ à l’Est/Sud-Est du sanctuaire. Des prospections sont actuellement en cours sur les versants corinthien et argien de son tracé et de ses variantes15.
4Au cours des quelque douze siècles de fonctionnement du sanctuaire, ses environs retrouvent la fréquentation qu’ils avaient connue à l’époque mycénienne ; en particulier, les sépultures de toutes époques y sont nombreuses16. A Chonika, à 1 km environ du site, au lieu-dit Kokkinia, dans la propriété de G. Meletis, un important habitat du ive siècle et de l’époque hellénistique était desservi par une me empierrée17. Dans le même village, sur la propriété de V. Gamvroulas, un très long édifice d’époque classique, doté d’un toichobate de 78 m, de soubassements pour des arcs-boutants, peut-être de colonnes, et de sols imperméabilisés par des couches d’argile et de gravier, paraît se situer à proximité d’une route conduisant d’Argos à l’Héraion, non loin du site probable de l’hippodrome, et devoir son importance au voisinage du sanctuaire18. Ainsi s’ouvre un nouveau thème d’investigations, le rôle du sanctuaire dans l’aménagement et la vie de ses environs.
5Enfin, C. W. Blegen a mis au jour, à 750 m au N-O du sanctuaire, en bordure de la route mycénienne, une terrasse de 12,50 m x 8,50 m, construite en gros blocs et où furent célébrés depuis le milieu du viiie siècle un ou plusieurs cultes, en tout cas, attesté par des graffitis, celui d’Héra19. Y était-elle divinité première et principale, unique ? Etait-ce une filiale du grand sanctuaire ? Il reste difficile d’en décider.
I. Les époques géométrique et archaïque
6I.1. Entre la fin de l’établissement mycénien et la fondation du sanctuaire, l’état des lieux est désormais plus clair. La chronologie mycénienne s’est affinée. Une partie du matériel des époques ultérieures est publié : deux ouvrages sont ici de première importance, CGA, et Kilian-Dirlmeier 1984. Ils éclairent et précisent plusieurs synthèses antérieures, de V. R. d’A. Desborough20 sur les “Siècles Obscurs” parues en 1964 et 1972, d’A. M. Snodgrass sur la même période21, en 1971, et de J. N. Coldstream22 sur la céramique grecque et la Grèce à l’époque géométrique, en 1968 et 1977.
7Quatre études récentes concernent les premiers siècles du sanctuaire, en 1988 et 1995 deux articles d’I. Strøm sur les débuts de l’Héraion et ses relations extérieures du viiie au début du vie siècle23, et en 1992, dans Polydipsion Argos, les contributions de R. Hägg sur les sanctuaires d’Argolide à l’époque géométrique, et de Cl. Rolley24 sur la métallurgie du bronze à Argos, Corinthe et Athènes à même époque.
8I.1.1. D’après la céramique recueillie par Ch. Waldstein, mais surtout par C. W. Blegen, J. Caskey et R Amandry25, le site mycénien de Prosymna – habitat et tombes – est abandonné à l’HR III Β 2, comme l’ont récemment précisé Kl. Kilian, M. J. Alden, J. H. Crouwel, P. A. Mountjoy et K. S. Shelton26, soit aux environs de 1200 av. J.-C., en même temps que les palais de Mycènes et de Tirynthe subissent leurs plus graves destructions. Mais alors que les palais sont en partie réparés et encore habités durant le siècle et demi de l’HR III C, cette période n’est représentée à l’Héraion que par un seul vase lié à une ultime déposition dans la tombe n° 20 et susceptible d’être daté du début de l’HR III C. C’est sur ce seul document, désormais, que repose l’affirmation d’I. Strøm27 selon qui les derniers vases mycéniens des tombes et de l’habitat dateraient de cette époque.
9I.1.2. L’époque protogéométrique – au minimum un siècle et demi en Argolide, de la seconde moitié du xie jusque dans la première moitié du ixe siècle28 – est représentée par un tesson, peut-être laconien29, et par deux épingles, l’une submycénienne ou protogéométrique, l’autre du protogéométrique récent30. D’après les descriptions de J. C. Hoppin dans la publication de 1905, et d’après ses références31, I. Strøm tente aussi d’identifier quelques vases PG et GA, sans grande certitude32 : V. R. D’A. Desborough en 1952 n’en recense pas, et A. Snodgrass affirme en 1971 qu’il n’y en a pas trace sur le site33. En attendant la réouverture des nombreuses caisses de matériel de l’ancienne fouille qui restent encore inaccessibles au Musée National d’Athènes, il faut se fier à l’avis provisoire de P. Courbin et de J. N. Coldstream34 : la première céramique connue à l’Héraion n’est pas antérieure au GM II. Quant aux deux épingles, Cl. Rolley, rappelant que 12 sur 13 des épingles de type PG recensées en Argolide35 ont été trouvées dans des tombes d’époque géométrique, estime qu’elles doivent « décourager de tirer des conclusions » chronologiques pour l’Héraion, « où, visiblement, les offrandes commencent au Géométrique Moyen II »36. Ajoutons qu’en bordure d’une route tracée à flanc de coteau, équipée de ponts depuis l’époque mycénienne, et qui n’a jamais cessé d’être parcourue durant toute l’antiquité, le site, même déserté, mais agréable, pouvait être fréquenté au PG, et quelques objets y être abandonnés ; il n’est donc même pas nécessaire d’imaginer que ces deux épingles ont été expressément déposées sous forme d’offrandes bien après avoir été fabriquées et portées. En tout cas, attestée au plus par trois documents, la fréquentation du site au PG ne signifie pas qu’un sanctuaire y ait alors fonctionné. A cette époque, les épingles, toutes de taille normale, ne sont que des pièces courantes du vêtement masculin et féminin : on les dépose, avec le vêtement ou en surnombre, dans la tombe du défunt, mais l’habitude n’est pas de les offrir dans un sanctuaire. I. Kilian y insiste à plusieurs reprises : nous ne connaissons pas d’offrande d’épingles dans un sanctuaire avant l’époque géométrique37.
10I.1.3. Le Géométrique Ancien est représenté par 4 épingles dont le type (I B)38 ne dure pas au-delà du GA II. Elles sont accompagnées de 227 épingles dont les types (I A et I D)39 pourraient remonter au GA mais durent aussi jusqu’au GR II. Peut-être faut-il associer aux quelques exemplaires du ixe siècle une figurine masculine de trépied, dont H.-V. Herrmann, Fr. Croissant et Cl. Rolley40 pensent qu’elle peut remonter à la fin du siècle.
11I.1.4. Vient ensuite, mais seulement au deuxième quart du viiie siècle, la première céramique géométrique, du GM II, très peu nombreuse41.
12I.1.5. Après avoir collecté une grande partie de ces données, I. Strøm conclut en 1988 dans les termes suivants : « Although the published material does not prove an unbroken cult function at the site of the Argive Heraion from the Late Mycenaean times onwards, there seems no reason for questioning the existence of a sanctuary in the Protogeometric Period. The Greek sanctuary may have developed gradually out of an ordinary Late Mycenaean house cult, but until the early vases from these almost 100 year old excavations are published, we have no conclusive evidence for the theory »42.
13Malgré sa prudence, cette conclusion – que l’auteur eût souhaité mieux fondée – trahit quelque déception de ne pouvoir fournir la preuve décisive d’une continuité du culte depuis l’HR III. Or aucun culte n’est attesté pour l’époque mycénienne43, et l’HR III C n’étant pratiquement pas représenté à Prosymna, le site était, qu’on le veuille ou non, quasi désert entre l’HR III B 2 et, au plus tôt, l’époque PG, où il n’a pas non plus été occupé, mais probablement un peu fréquenté44.
14De même, l’arrière-pays de l’Héraion (Berbati, Limnes), la vallée de Némée et l’Argolide méridionale paraissent quasi déserts jusqu’au milieu du viiie siècle : une trace de passage au sud de la Klissoura au PG, deux tombes du GA II et du GM I à Berbati45.
15Il serait tout aussi imprudent d’affirmer l’existence d’un sanctuaire du GA très tôt dans le ixe siècle, sur la seule base de 4 épingles du GA I ou II, fussent-elles accompagnées de quelques autres susceptibles d’être ou contemporaines, ou beaucoup plus récentes. En effet, cette époque non plus ne paraît pas avoir laissé de céramique. De même que des épingles du PG ont été déposées dans des tombes géométriques, l’hypothèse d’épingles du GA I/II offertes seulement au GM pourrait être formulée. En 1988, Cl. Rolley écrivait qu’il n’y avait pas d’offrandes, à l’Héraion, avant le GM II46 ; sans doute veut-il tenir compte de la figurine masculine de trépied lorsqu’il écrit en 1992 que l’Héraion a été fondé à la fin du ixe siècle47. Mais il fait aussi remarquer que les premières épingles de fabrication sûrement argiennes (groupe I D), qui élèvent soudain le nombre des offrandes, ne sont pas antérieures au GM II. Non sans éluder l’éventualité d’un début du culte au tournant du ixe au viiie siècle, R. Hägg, qui ne cite lui aussi que les épingles et la céramique, préfère, selon ses propres termes, la date plus précise et plus assurée que donne la céramique du GM II48.
16Toutefois, la figurine de trépied paraît signaler trop explicitement un sanctuaire pour être négligée. Si vraiment elle remonte à la fin du ixe siècle, et si elle n’a pas été déposée à Prosymna bien après avoir été fabriquée ailleurs ou détachée ailleurs du trépied d’origine, il est vraisemblable que le culte commence aux alentours de 800 av. J.-C. C’est vraiment l’époque la plus ancienne que l’on puisse proposer. Si elle se confirmait, la “fondation” de l’Héraion serait postérieure de deux siècles environ à celle du sanctuaire d’Olympie, et d’une ou deux générations à celle des sanctuaires de Delphes et de Délos49.
17I.1.6. Le nombre des épingles s’élève très rapidement à partir du GM et surtout du GR. Sur un total de 3 000 environ, 68 % sont antérieures au milieu du viie siècle50. Parmi elles, désormais, beaucoup de pièces très longues (40 à 70 cm, parfois plus), strictement votives, dont le total, à l’Héraion, s’élève à plus de 2 200. La céramique argienne, en très grande majorité du GR II (725-700 av. J.-C. selon P. Courbin51, 730-690 et contemporain du Protocorinthien Ancien selon N. Coldstream52), souligne aussi l’essor du sanctuaire dans le dernier tiers ou quart du viiie siècle.
181.1.7. Enfin, d’autres catégories d’objets (voir ci-dessous) n’apparaissent pas avant le milieu du viiie siècle, les sceaux, pour la plupart de fabrication locale, les fibules, dont Kl. Kilian ne date les plus anciennes que de la deuxième moitié du siècle, les pendentifs, tous du GR, sept pieds de chaudrons, 14 petits chevaux en bronze du GR et quelques importations orientales recensées par I. Strøm53, toutes datées entre la fin du viiie et le vie siècle.
19Bref, les documents disponibles indiquent que le site n’a pas été occupé quatre siècles durant, de 1 200 environ jusqu’aux alentours de 800 av. J.-C., qu’il n’est guère fréquenté avant le deuxième quart du viiie siècle, et qu’il gagne en importance à partir du dernier tiers du même siècle54.
20I.2. Quel est alors l'aspect du sanctuaire? (fig. 1)
21I.2.1. Sur la date de la puissante plate-forme pseudocyclopéenne, le débat n’est pas clos. Construite en gros blocs de conglomérat local, mais dans un appareil très différent de celui des murs de Mycènes et de Tirynthe55, elle est pour partie dallée sur deux et, par endroits, trois couches d’épaisses plaques de calcaire également local, sur lesquelles se dresse encore le stylobate Sud d’un temple archaïque56.
22Dès 1894, Ch. Waldstein avait essayé de dater la plate-forme par le matériel découvert au pied de et sous le mur de soutènement Est : « Below and partly underneath this Cyclopean wall, there were large masses of pottery, iron, bronze, and smaller objects, the majority belonging to the “Dipylon” and Mycenaean period »57.
23En 1910, A. Frickenhaus et W. Müller avaient trouvé, entre les blocs, des tessons de GR et quelques-uns de Protocorinthien Ancien58. C. Weickert en concluait dès 1929 que la terrasse avait été construite au début du viie siècle59. En 1927, C. W. Blegen effectue des sondages contre les murs Ouest et Est de la plate-forme, sur la plate-forme elle-même, au Nord-Ouest, à un endroit où il n’y a pas de dallage, et surtout à l’intérieur du mur Sud et au-dessous de lui, assez profondément, précise-t-il, pour que le matériel recueilli ne puisse s’être tardivement introduit. Il date ainsi la construction de l’époque géométrique60, confirmant Ch. Waldstein, A. Frickenhaus, W. Müller et C. Weickert, mais sans excessive précision. Après quoi, chacun chiffre son appréciation personnelle, un peu avant 70061, au tournant du siècle62, au début du viie63. Toutefois, H. Drerup64 estime qu’il est impossible qu’une plate-forme si puissante et orthogonale ait été construite dans cette région à l’époque géométrique, considère que les tessons mycéniens et géométriques qui y ont été trouvés appartiennent à des remblais d’origine plus ancienne, et en abaisse la date sans la préciser, le motif secondaire se révélant que manifestement construite pour porter le temple archaïque, la plate-forme ne peut être beau coup plus ancienne qu’un temple périptère qu’il ne conçoit pas de dater au viie siècle. Tout au contraire, H. Plommer considère que les tessons géométriques sont des intrusions récentes et défend jusqu’à sa mort, en 1984, la vieille interprétation mycénienne de E. L. Tilton65 ; mais il finit par accepter l’éventualité que le dallage puisse être postérieur aux murs et contemporain du temple : à l’occasion de la pose du dallage pour la construction du temple, on aurait constitué ou complété la plateforme avec des remblais contenant de la céramique mycénienne et géométrique. Il répond ainsi à l’importante étude conjointe des techniques de construction de la plate-forme et du temple archaïque publiée en 1982 par J. C. Wright66. Celui-ci démontre très clairement que la comparaison des stéréotomies et des appareils de conglomérat de Mycènes et de l’Héraion67 interdit d’attribuer les murs de la plate-forme à l’époque mycénienne, et qu’il faut donc s’en remettre à la céramique, d’une part celle qui fut trouvée dans les sondages effectués à l’intérieur de la construction et qui indique, écrit-il, la fin de l’époque géométrique, la fin du viiie siècle68, d’autre part la céramique géométrique et protocorinthienne recueillie en abondance, selon J. C. Hoppin69, sur la plate-forme, dans la couche d’occupation et de destruction accumulée sur le dallage. A. Kalpaxis dès 1976, I. Strøm en 1988 précisent judicieusement qu’une grande pyxide du PCA, manifestement une offrande70, confirme la date de la construction – murs et dallage – par celle de l’entrée en fonction de la terrasse aux alentours de 700 av. J.-C. ou peu après71.
24C. M. Antonaccio72 vient de remettre en cause ce qui semblait finalement acquis, après avoir découvert les carnets de fouille d’un assistant de C. W. Blegen, R. S. Darbishire : en 1927, il avait participé aux sondages de la plate-forme, et pris des notes plus détaillées que celles de C. W. Blegen. Dans aucun des deux sondages effectués contre les murs Ouest et Est, la céramique n’était stratifiée. A tous les niveaux, dans toutes les couches, elle était mêlée, sauf au fond des sondages, sur le rocher, où l’on a recueilli de l’Helladique. Tout au long de son carnet, R. S. Darbishire ne mentionne pas de céramique plus récente que le GR, mais dans ses inventaires, il note des tessons protocorinthiens, corinthiens et “grecs”. En outre, trois structures de pierre sont apparues à des profondeurs diverses ; l’une (A), dans le sondage Ouest, n’a livré que de la céramique géométrique ; une autre, collée contre le mur Est, de la céramique majoritairement géométrique, comme presque toutes les couches adjacentes de ce sondage Est. C. M. Antonaccio n’exclut pas que ces structures soient plus anciennes que la plate-forme, et considère qu’en tout état de cause, la présence de céramique corinthienne et “grecque” porte un coup fatal à la date proposée par C. W. Blegen : le GR recueilli par C. W. Blegen et R. S. Darbishire dans ces sondages à l’Est et à l’Ouest et dans le mur Sud de la plate-forme ne la date pas, mais constitue un terminus post quem.
25En l’absence d’une localisation et d’une description ou définition précises des tessons que R. S. Darbishire dit “grecs”, le raisonnement ne convainc pas tout à fait. A l’Est et à l’Ouest, le terrain a été remblayé dès la construction de la plate-forme : les murs de soutènement sont fondés plus profondément, et une rampe a été aménagée au moins à l’Est ; le mélange de céramiques à tous les niveaux et la présence de céramique plus récente s’expliquent donc aisément ; du reste, C. M. Antonaccio admet qu’elle a pu tomber de la terrasse. A l’Ouest, aucune hypsométrie, aucune stratigraphie n’explicite la situation relative de la plate-forme et du mur de pierre (A) dont les interstices n’ont livré que de la céramique géométrique. Quant à la structure collée contre le mur Est et fondée plus haut que lui, elle ne peut que lui être postérieure ; elle se présente – du moins dans le texte de R. S. Darbishire et sur le dessin d’interprétation que C. M. Antonaccio en propose – comme un parement de ce mur de soutènement, tout à fait compréhensible en bordure de la rampe qui gagne la plate-forme et le temple par l’Est ; qu’elle contienne, ainsi que toutes les couches adjacentes de ce sondage, de la céramique surtout géométrique militerait plutôt en faveur d’une construction de la plate-forme elle-même à l’époque géométrique, fût-ce vers la fin.
26Dans l’espoir que des fouilles mieux documentées sont encore possibles, on retiendra donc les années 710-680 comme les plus étayées.
27I.2.2. Le temple : sa restitution n’est pas acquise, sa date reste incertaine.
28I.2.2.a Les éléments encore visibles de toute restitution sont le stylobate Sud, immédiatement posé sur le dallage et auquel il faut restituer à l’Ouest au moins un bloc et un emplacement de colonne, un soubassement carré, supposé avoir porté, directement ou par l’intermédiaire d’assises supérieures, la statue de culte ou un autel (E. L. Tilton), un “bothros” ( ?) tout proche73, mais dont la date reste inconnue, et divers blocs et groupes de pierres plus ou moins complètement cotés sur le plan “pierre-à-pierre” de la terrasse74 dont, à l’Est, un bloc isolé marqué d’une croix et considéré in situ. E. L. Tilton l’attribuait au stylobate du pronaos, y plaçait la colonne Nord in antis, et restituait dans une péristasis en bois de 6 x 14 colonnes, une cella de 36,30 m x 8,50 m, axée sur le soubassement carré, et dotée d’un pronaos et d’un opisthodome à deux colonnes in antis75.
29P. Amandry76 examine minutieusement le stylobate dont il donne un relevé détaillé, et pose en termes clairs l’alternative de la péristasis : ou des colonnes de pierre, ou des colonnes de bois posées sur une base de pierre légèrement enfoncée dans le stylobate77 ; l’entablement, sur des entraxes de 3,50 m, est nécessairement en bois.
30Après d’autres restitutions moins étayées par les vestiges en place78, A. Petronotis79 dresse en 1968 l’inventaire des incisions gravées sur le stylobate et sur le bloc isolé ; ayant, pense-t-il, guidé la construction du temple à partir de la péristasis80, elles peuvent guider une restitution. Tout en acceptant celle de E. L. Tilton pour la péristasis, il propose, plutôt qu’un opisthodome, un adyton séparé de la cella par un mur à l’aplomb du 5e entrecolonnement81 ; cet adyton aurait accueilli la statue de culte, devant laquelle le soubassement carré aurait porté une eschara.
31En 1976, A. E. Kalpaxis82 prend aussi en compte d’autres données de la fouille et revient à l’interprétation que C. L. Brownson83 en avait proposée en 1893 dans un précieux rapport préliminaire sur les fouilles de 1892. On avait alors trouvé et enlevé à 0,60 m sous la surface naturelle84 une bande Est-Ouest de terre compacte et brûlée, large d’un peu moins de 4 m, épaisse de 0,30-0,35 m, débutant à 8 m du mur Est de la plate-forme85, et longue de 33 m ; sous une strate de 5 cm au plus (1 à 2 pouces) de terre noire mêlée de cendres et de charbons de bois86, une couche de terre rouge sombre brûlée, épaisse de 0,30 m environ (1 pied anglais), reposait sur le sol vierge ; une bande identique, parallèle, courait 7 m plus au Sud. Ces vestiges des murs en briques crues de la cella et de la superstructure en bois dont était peut-être faite aussi la colonnade (d’où peut-être la largeur des bandes, voir ci-dessous) permettent de situer approximativement la cella. Ch. Waldstein mentionne aussi des débris de blocs de poros éclatés par la chaleur, et E. L. Tilton une croûte de chaux scellant en divers endroits la strate de terre noire cendreuse87. Entre les bandes de terre cendreuse et brûlée et tout autour du temple, une épaisseur variable de terre, remplie de céramique et d’objets jusqu’au dallage ou au sol vierge, constituait la couche d’occupation de la terrasse au moins jusqu’à l’incendie88. Les zones de destruction paraissent avoir aussi contenu, outre du bois calciné et des fragments de fer fondu par la chaleur de l’incendie, une certaine quantité de matériel.
32A. E. Kalpaxis estime que la largeur totale des vestiges (15 m env.) autorise 5 colonnes sur les petits côtés, et il considère que le bloc marqué d’une croix est un soubassement d’ante. Mais il ne semble pas prendre en compte la longueur des vestiges, 33 m89. Il maintient 14 colonnes en longueur, et ne discute pas l’éventualité d’un opisthodome90. Le plan ainsi restitué (5 x 14 colonnes ; 46,53/46,68 m x 15,05/15,09 m)91 se mesure aussi bien en pieds de 0,326 m ou de 0,350 m qu’en coudées égyptiennes-“samiennes” de 0,521 m92. Le “bothros” est à peu près axé, le “soubassement” carré ne l’est pas et serait le dernier vestige du remplissage qui portait le sol de la cella93, peut-être, néanmoins, sous la statue de culte ; mais C. L. Brownson ne mentionne aucun remplissage de ce genre au-dessus du pavement de la plate-forme, à l’emplacement de la cella94. A. E. Kalpaxis propose aussi une autre restitution, à 6 x 14 colonnes, qui offre, comme celle de E. L. Tilton, l’intérêt que le soubassement carré soit à peu près axé – ce que l’on attend s’il supportait la statue de culte – mais porte la largeur du temple à 18,55 m, ce qui lui paraît excessif au regard de la largeur indiquée pour les vestiges (15 m) ; en outre, le stylobate Nord serait presque à la limite de la plate-forme, ce qui n’est pourtant pas rédhibitoire95. Dans les deux cas, la restitution de 14 colonnes sur les longs côtés place les petits côtés à distances courtes mais sensiblement égales des parements Est et Ouest de la terrasse ; en d’autres termes, l’esplanade n’est pas plus large à l’Est qu’à l’Ouest, l’espace Sud restant de toute manière le plus large. Enfin, A. E. Kalpaxis propose de considérer comme bases ou tambours inférieurs de colonne trois pièces cylindriques, et illustre une pièce demi-cylindrique, pourvue d’un canal de bardage en U, que E. L. Tilton avait écartée et dont P. Amandry estimait, peut-être à raison, qu’elle ne donnait pas d’« indication valable »96, probablement en termes d’architecture et de chronologie du temple.
33En 1982, dans l’étude citée plus haut à propos de la date de la terrasse, J. Wright, aux fins de dater le temple, attire ou réattire l’attention sur plusieurs particularités de la construction97, notamment sur cette demi-base ou demi-tambour. Nous y reviendrons.
34I. Strøm présente en 1988 une nouvelle restitution, qui tient un autre compte des vestiges visibles ou notés. Selon C. L. Brownson, la bande Nord de terre cendreuse et brûlée commence « at a distance of 8 m. inside the east terrace-wall ». A. E. Kalpaxis mesure les 8 m vers l’intérieur à partir du parement extérieur du mur (« 8 m hinter der östlichen Terrassengrenze ») ou de son prolongement théorique ; I. Strøm les mesure à partir du parement intérieur (« the inside of the eastern Terrace wall »), ou plus probablement de son prolongement virtuel car, malaisé à discerner98, il ne peut se restituer que d’après l’épaisseur moyenne des murs (environ 3 m) ; ainsi longues de 33 m, débutant à 11 m du parement extérieur Est de la terrasse, elle-même longue de 55,80 m, les bandes de vestiges d’incendie y auraient été à peu près symétriquement disposées (33 m + 22 m = 55 m). Le bloc incisé d’une croix est approximativement aussi à 11 m du parement Est. S’il supportait l’extrémité de l’ante Nord-Est, les antes Ouest étaient à l’aplomb de la première trace de colonne conservée à l’Ouest. Il n’y aurait pas de pronaos. Le mur de refend restitué par A. Petronotis entre cella et “adyton” séparerait en fait le naos d’un profond opisthodome abritant “bothros” et base carrée (un adyton est ici exclu, car son mur Ouest passerait sur le “bothros”). I. Strøm restitue donc une péristasis de 15,05 m x 43,05 m et 5 x 13 colonnes ; la largeur intérieure de la cella serait de 7 m, sa longueur extérieure de 33 m soit 100 pieds ; le ptéron serait large d’un entrecolonnement au Nord, à l’Ouest et au Sud, d’un entrecolonnement et demi à l’Est. Les colonnes de bois reposaient sur des bases de pierre composées de deux demi-cylindres, pourvus de canaux de bardage en U99.
35Cette restitution ne convainc pas non plus absolument. L’implantation “centrée” des murs de la cella sur la plate-forme à égale distance des murs Est et Ouest de soutènement paraît d’un intérêt limité si la péristasis elle-même n’est pas centrée, avec, de surcroît, ce résultat paradoxal d’une esplanade occidentale plus large que l’esplanade orientale par où se fait l’accès principal au temple. En outre, I. Strøm s’interroge elle même sur l’interprétation de la présence conjointe de la base carrée et du “bothros” dans le profond opisthodome ainsi restitué : « probably, both had a cultic significance, the exact purpose of which it is difficult to determine today ». Il n’y a effectivement guère de parallèle à une activité cultuelle dans un opisthodome. Mais si “bothros” et base carrée ont eu une fonction cultuelle, peut-être serait-il alors préférable de restituer à l’Ouest un entrecolonnement supplémentaire en longueur (5 x 14 colonnes)100, de prolonger un peu les murs de la cella de sorte qu’elle soit symétriquement disposée au sein de la péristasis101, et de la fermer (cella avec adyton102, ou cella à une seule pièce comme sur les restitutions de A. E. Kalpaxis).
36Par ailleurs, la pierre isolée, marquée d’une croix, élément du stylobate du pronaos pour E. L. Tilton, mais du soubassement de l’ante Nord-Est pour A. E. Kalpaxis, n’est peut-être pas mieux interprétée comme extrémité de l’ante par I. Strøm. Dans son texte103, Tilton situe à 24,90 m du soubassement carré cette pierre incisée ou la croix qui y est marquée (« I (...) found that one of the columns of the pronaos (A, fig. 50) coincided exactly with a mason’s centring mark on a stone 24.90 m. east of the base of the statue »), ce qui ne correspond pas à son plan où A. Petronotis104 mesure environ 27,90 m, dimensions retenue par A. E. Kalpaxis et I. Strøm105. Aucun ne semble avoir vérifié, ni sur le plan ni sur le site, cette nouvelle cote, apparemment elle aussi inexacte. On peut concevoir que Tilton, qui n’a pas pris la précaution de coter complètement cette pierre sur son plan, ait commis dans ses notes ou son texte une erreur de chiffres. Toutefois, nous verrons (Annexe) qu’il n’a sans doute pas eu tort d’assigner ce bloc à la façade du pronaos, mais à proximité d’une colonne in antis106.
37Autre motif de réticences : ni A. E. Kalpaxis, ni I. Strøm ne “lisent” de la même manière les deux dimensions, largeur et longueur, des vestiges de l’incendie, terre noire cendreuse et, au-dessous, terre rouge brûlée des briques crues. Pour tous deux, la largeur totale, env. 15 m [(4 m x 2) + 7 m], se déduit du rapport de C. L. Brownson ; mais les 33 m de longueur, donnés par le rapport et, semble-t-il, négligés par A. E. Kalpaxis, se rapporteraient aux vestiges d’argile rouge selon I. Strøm qui propose donc d’estimer la longueur originelle des murs de brique crue à ca 32 m (antes de pierre non comprises). Cette inconséquence se comprend d’autant moins que toutes les dimensions, prises en 1892, sont indiquées à propos de la couche supérieure de terre noire mêlée de charbon de bois, et que C. L. Brownson ne précise pas si la terre rouge foncé s’étendait sous tout ou partie seulement de cette (ces) surface(s) ou bande(s) de terre noire que les fouilleurs étaient convenus d’appeler “platform” ; des « flat bricks showing plainly the action of fire », il ne donne aucune dimension. I. Strøm rappelle les dimensions usuelles indiquées par les manuels d’architecture, 0,45 à 0,50 m de côté107. Mais à Kalapodi, au viie siècle, les murs de la cella du temple Nord, épais de 1 m, sont construits en briques longues de 0,33 m et hautes de 7-10 cm ; l’épaisseur des murs en brique crue du temple Sud est de 0,75 m108 ; au vie siècle, les briques crues du Temple Nord mesurent 0,25 m x 0,27 m au moins x 0,10 m109. Nous ne savons pas combien de briques, de une à trois, pouvaient occuper l’épaisseur inconnue des murs de cella de l’Héraion d’Argos. Par ailleurs, le stylobate Sud n’est pas mentionné par C. L. Brownson car il n’a été découvert qu’en 1893, lors du dégagement extensif de la terrasse110. Nous ignorons tout de sa situation relative par rapport aux deux bandes de terre noire cendreuse et au rectangle de 15 m x 33 m qu’elles dessinent : au-dessous de la bande méridionale ? en dehors du rectangle donc plus au Sud ? Dans ce deuxième cas, la largeur du temple serait nettement supérieure à 15 m.
38Tout aussi gênante pour l’interprétation, une erreur ou imprécision manifeste, et jusqu’ici non remarquée : le texte du rapport et le plan des fouilles qui l’accompagne111 ne concordent pas. D’après le plan, la tranchée Est-Ouest, pratiquée la première et qui a permis, d’après le texte, la découverte de la bande Nord de vestiges d’incendie (puisque l’autre a été trouvée ensuite, parallèle, à 7 m au Sud), a été ouverte approximativement à partir de l’extrémité Nord du mur de soutènement Est de la terrasse, soit au plus à 19,50 m du parement extérieur Sud. Toujours d’après le texte, cette tranchée a rencontré (sur son passage ? dans ses parois ?) les vestiges du mur Nord de la cella. Si elle a été reportée correctement sur le plan des fouilles, les vestiges du mur Sud de la cella, trouvés à 7 m au Sud dans la tranchée perpendiculaire Sud (selon le texte) se trouveraient en réalité au Sud (19,50 m - 7 m = 12,50 m) du stylobate Sud qui se dresse lui-même à environ 13,60 m du parement Sud de la terrasse. Par conséquent, ou bien la distance de 7 m a été mesurée de manière très imprécise, ou bien le plan des fouilles est erroné qui place la tranchée Est-Ouest trop au Sud. Dès lors, on peut aussi s’interroger sur la fiabilité des dimensions données pour une bande de vestiges d’incendie débutant à 8 ou 11 m du parement extérieur Est de la terrasse, et dite tout à la fois longue de 33 m et « reaching nearly to the western end of the terrace », alors qu’il s’en faut soit de 14,80 m (55,80 m - 33 m - 8 m), soit de 11,80 m (55,80 m - 33 m - 11 m). Seul le stylobate Sud, découvert l’année suivante, reste un repère fiable.
39Enfin, à lire les rapports de C. L. Brownson et de Ch. Waldstein, on est frappé de la régularité de ces deux “bandes” (“platforms”) de destruction par incendie, larges d’environ 4 m (un entraxe + la demi-largeur du stylobate ?), distantes de 7 m (deux entraxes ?) : un incendie et des murs de brique crue, même temporairement solidifiés par la chaleur, ne laissent pas, vingt-quatre siècles après, en un lieu aussi découvert, une ruine si rectiligne, si régulière. Et la charpente effondrée sur l’espace de la cella n’a-t-elle donc laissé aucune autre trace que des fragments de fer fondu sur la couche d’occupation remplie d’objets et découverte de part et d’autre des bandes de sol rouge ? C. L. Brownson mentionne du charbon de bois à propos des bandes de terre cendreuse, semble-t-il ; Ch. Waldstein écrit sans plus de précision : « We also came upon a continuous thick layer of charred wood, an interesting material confirmation of the burning of this temple »112. A moins que les tranchées de la fouille n’aient abusivement "rectifié" les vestiges (on s’étonne que rien, par exemple, n’ait été observé des côtés Est et Ouest du temple, ni du stylobate Nord, ni d’éventuelles traces du pillage des blocs à ces endroits), tout se présente comme si la ruine avait été, dès l’antiquité, nettoyée et régularisée suivant les grandes lignes du plan de l’édifice aux fins d’être conservée et présentée : effectivement, près de six siècles après l’incendie, elle était encore visitée et commentée (Pausanias II 17, 7) ; le personnel du sanctuaire a donc pu en aménager la présentation. Il n’est pas non plus exclu qu’au cours des siècles ultérieurs, le pillage, suivant leurs alignements, des blocs de stylobate et de soubassement des murs ait contribué à “régulariser” et rétrécir les vestiges argileux et cendreux d’une ruine qui aurait été d’abord religieusement préservée, telle qu’au lendemain de l’incendie, au moins jusqu’au iie siècle ap. J.-C. (Cf. Annexe, II.5.2.a).
40Quoi qu’il en soit, le rapport de C. L. Brownson suggère au moins d’admettre que les deux bandes parallèles de vestiges d’incendie constituaient un rectangle d’environ 15 m x 33 m dont on ne saurait privilégier une dimension plutôt que l’autre, restant aux archéologues à interpréter, en fonction de tous les autres vestiges, si ces dimensions s’approchent plutôt de celles de la cella ou plutôt de celles de la péristasis113.
41Dans l’hypothèse maintenue jusqu’à ce jour d’un entraxe sensiblement égal sur petits et longs côtés, un temple périptère de 5 x 10 colonnes (ca 15,05 m x ca 32,56 m, soit une proportion de 1/2,16) s’inscrirait assez bien dans le rectangle des vestiges (15 m x 33 m)114. Nous verrons cependant (Annexe, I) que ce dispositif est exclu en raison de la situation relative du “bothros” et du soubassement carré par rapport au stylobate Sud.
42Car s’il est désespéré de proposer une restitution assurée dans les moindres détails, certaines hypothèses doivent être définitivement écartées, tandis que d’autres peuvent être explorées plus avant et affinées, comme on le lira en annexe. Notons dès maintenant que les éléments encore visibles sur le site imposent une péristasis de 14 x 6 colonnes, soit 46,55 m x 18,26 m, et suggèrent une cella divisée en 3 nefs, en d’autres termes un plan comparable à ceux de l’Héraion d’Olympie et du temple archaïque d’Athéna Aléa à Tégée (Cf. Annexe).
43I.2.2.b Si proche soit-elle de la vérité, aucune restitution ne nous rendra la date du temple, pour trois raisons au moins : malgré des circonstances évidemment favorables, les fouilles n’ont pas été conduites avec la rigueur que nous attendrions aujourd’hui ; la construction du temple sur le dallage de la plate-forme nous prive des contextes archéologiques habituels, tranchées de fondation vérifiables, déchets de taille etc. ; les vestiges sont délabrés.
44Il est presque unanimement admis que la plateforme n’a pu être construite que pour porter un temple. Qu’il s’agisse du périptère visible, et qu’il ait été construit immédiatement ou peu après elle ne semblent faire aucun doute pour C. Weickert (« Anfang des 7. Jahrhunderts »), K. Schefold115, W. B. Dinsmoor116, P. Amandry (« Même si la construction du temple n’a pas suivi immédiatement celle des murs de soutènement, il est vraisemblable de la placer dans la première moitié du viie siècle »), A. E. Kalpaxis, E. Østby117, Al. Mazarakis-Ainian118 ou I. Strøm (première moitié du viie siècle119).
45Mais l’hésitation devant une possible nouveauté, un temple périptère du premier tiers ou de la première moitié du viie siècle, s’exprime aussi : l’idée gêne assez H. Drerup pour qu’il préfère abaisser la date de la plate-forme à une date acceptable pour le temple. D’autres annoncent un écart chronologique sans le justifier120. D’autres encore s’efforcent de combler l’écart supposé entre la date de la plate-forme et celle qu’ils admettent pour le temple périptère. Ainsi, B. Bergquist121 propose un premier aménagement complet de la plate-forme, avec petit temple et autel : J. L. Caskey et P. Amandry ont dégagé, au pied des gradins situés à l’Est de la terrasse, un dépôt que les objets les plus récents datent du milieu du vie siècle122, interprété comme provenant d’un nettoyage de la terrasse ; B. Bergquist lie ce nettoyage à la reconstruction du temple à même époque ; R. Tomlinson123 et A. Mallwitz124 envisagent qu’elle ait porté d’abord un temple sans péristasis.
46Impressionnée par les arguments stratigraphiques de Ch. Waldstein et de J. Wright (ci-dessous), j’ai moi-même défendu l’idée qu’un premier temple ait pu occuper la zone non dallée qui s’étend en partie au Sud de l’actuel stylobate, un édifice qui aurait été construit immédiatement après la plate-forme ou même pendant que l’on en achevait le dallage125, en tout cas antérieur au temple périptère. De nouvelles visites à l’Héraion m’ont convaincue que l’état actuel du site et des investigations ne permet pas d’argumenter dans un sens ou dans l’autre, et que la “ligne” droite puis incurvée qui sépare le dallage du sol de terre peut être un leurre. De deux choses l’une : ou bien l’on a fait l’économie du dallage là où le sol naturel et le rocher aplanis offraient une assise assez ferme, et le contact “rectiligne” puis courbe entre la zone dallée et la zone non dallée, vers le Sud et l’Ouest de la plate-forme, résulte de l’état du terrain naturel et des travaux de nivellement mais ne représente nullement la trace d’un édifice disparu ; dans cette hypothèse, on s’étonne pourtant qu’un aménagement et une présentation uniformes des abords du temple périptère actuellement visible n’aient pas été prévus au terme de la construction de la terrasse ; ou bien un premier édifice a bien été construit, peut-être en bordure de cette ligne de contact, en tout cas sans que la sécurité ni l’esthétique n’imposent de daller toute la terrasse. La célèbre maquette de terre cuite a longtemps passé pour “reproduire” ou tout au moins symboliser le temple primitif supposé précéder le temple périptère126, mais nous verrons qu’un usage votif différent exclut ces deux significations.
47Il reste que Ch. Waldstein, et tout récemment J. C. Wright établissent une relation entre la partie inférieure du stylobate non ravalée sur une hauteur de 0,25 à 0,30 m, et la couche d’occupation accumulée sur le dallage de la plate-forme, avant l’incendie du temple, sur une hauteur presque identique, ou du moins la partie la plus profonde et la plus ancienne de cette couche127. Selon J. C. Hoppin, on a recueilli sur la plate-forme beaucoup de céramique géométrique et protocorinthienne, mais il ne précise pas à quelle profondeur128 ni dans quel environnement. Ch. Waldstein affirme qu’une partie des objets les plus anciens ont été trouvés sous les murs, alors que d’après C. L. Brownson, la terre rouge des briques atteignait le dallage et le sol vierge. J. C. Wright interprète la croûte de chaux signalée par E. L. Tilton à divers endroits sur la strate noire cendreuse et charbonneuse129 comme un vestige du dallage du temple ; il en conclut, dans les mêmes termes que Ch. Waldstein, que la terre accumulée sous ce niveau constitue la couche d’occupation antérieure à la construction, couche que l’on aurait creusée pour établir le stylobate et les murs, de sorte qu’il n’était pas nécessaire de ravaler le stylobate jusqu’au lit de pose, mais seulement jusqu’au niveau d’occupation environnant. L’argumentation doit retenir l’attention. Mais aurait-on laissé le dallage disparaître sous la terre venue des pentes voisines ? Aurait-on fondé les stylobates à même ce dallage, si l’on n’en avait pas connu l’existence et l’extension, autrement dit s’il avait été occulté par une couche d’occupation ? En admettant que la pose des stylobates ait permis de le redécouvrir, n’aurait-on pas alors été tenté d’utiliser toute la surface originelle, donc de la nettoyer ? Il est vrai que, sauf à l’extrémité Ouest du temple, c’est la surface naturelle du terrain qui s’offrait aux constructeurs et que, dans ces conditions, un nettoyage de toute la surface ne s’imposait pas nécessairement. Et comment expliquer la présence de cendres et de charbon sous la croûte de chaux ? Par l’incendie d’un premier temple130 ? Toutefois, si vraiment la cella et/ou la péristasis ont été elles aussi dallées, on peut évidemment s’interroger sur l’origine des terres accumulées sous ce deuxième dallage : couche d’occupation antérieure au temple, ou remblai contemporain du temple, plus récent que la plate-forme mais importé de zones anciennement occupées ? Malheureusement aucune de ces questions ne peut plus recevoir de réponse, aucune hypothèse d’interprétation se vérifier. Qu’il nous soit permis de souligner trois remarques : 1) il est peu probable que l’on ait laissé disparaître et que l’on ait oublié le dallage de la terrasse en un siècle et demi tout au plus ; 2) en 17 siècles, la terre accumulée sur la terrasse avait atteint 1 m au plus d’épaisseur, et 0,65 / 0,70 m à partir de la surface du stylobate : aurait-elle atteint 0,25 / 0,30 m entre la construction du dallage de la terrasse et celle du temple ? 3) l’éventuel aménagement des sols intérieurs du temple par remblais et dallage(s) supplémentaire(s) pouvait être indépendant de l’état et du niveau du sol extérieur.
48Deux autres approches chronologiques restent très approximatives et de toute manière suspendues aux découvertes futures, par les proportions de la péristasis et de la cella, et par les techniques de construction, l’une et l’autre sur comparaison avec les temples périptères du viie et de la première moitié du vie siècle puisque l’usage du bois est encore attesté à cette époque à Kalapodi.
49Le temple d’Isthmia vient d’être assez précisément daté du deuxième quart du viie siècle, en même temps que l’existence de sa péristasis se confirme : complète nouveauté pour l’époque, ce grand périptère en pierre de 7 x 18 colonnes et de 14,10/14,40 m x 39,25 m, doté d’un profond pronaos et d’un embryon d’opisthodome, rend au moins possible que les vestiges de l’Héraion d’Argos remontent bien à la première moitié du viie siècle131. Réexaminé et d’abord provisoirement daté de la première moitié du vie siècle, mais tout récemment à nouveau doté des célèbres reliefs qui remontent aux environs de 630 av. J.-C., le temple de Mycènes pourrait offrir un nouveau terme de comparaison, bien qu’il n’ait probablement pas comporté de péristasis132. Entreraient aussi en ligne de comparaison le temple de Kallion-Kallipolis s’il date du haut archaïsme comme le croit E. Østby et non du ive siècle comme l’affirme son inventeur (ci-dessus n. 114), ceux de Kalapodi et peut-être celui de Thermos, mais sa péristasis, au moins, est en majeure partie hellénistique archaïsante133.
50Toutefois, les chronologies fondées sur les classements de rapports numériques, eux-mêmes supposés, qu’on l’avoue ou non, traduire une évolution elle-même supposée linéaire, suscitent le doute. Non qu’il faille dénier toute valeur à ces rapports chiffrés, indispensables à l’étude géométrique et métrologique de chaque temple, et souvent très opérationnels dans un cadre chronologique, géographique et technique bien défini. Mais ce cadre ne paraît pas exister à cette époque ancienne : chaque édifice est une nouvelle expérience, aucune région n’a encore constitué ses traditions. A. E. Kalpaxis a fortement souligné le risque des comparaisons séparées, péristasis entre elles, cellas entre elles, quand la péristasis et, comme on le voit très bien à Isthmia, les contraintes techniques de la toiture déterminent si fortement l’implantation et les proportions de la cella. Telles que nous les avons proposées (voir l’Annexe), les proportions de la péristasis d’Argos (1/2,55) approchent celles d’Isthmia (1/2,725 à 1/2,783) et d’Olympie (1/2,7), mais le nombre, la taille, l’écartement et le matériau des colonnes sont très différents d’un temple à l’autre ; les proportions de la cella (1/3 à 1/3,54), qui vont de pair avec sa très probable division en trois nefs, sont proches de celles d’Olympie (1/3,5) et de Tégée (1/3,637).
51J. Wright et I. Strøm ont noté que plusieurs techniques mises en œuvre à l’Héraion le sont aussi à Corinthe et Isthmia. Peut-être est-ce par elles que l’on peut espérer approcher une date plus assurée, non sans oublier qu’une fois acquises, elles sont longtemps pratiquées. Ils signalent notamment la partie inférieure du stylobate non ravalée134, ses bossages de préhension en forme de U135, la “demi-base” (ou “demi-tambour”) à canaux de bardage, dont un en U136 et des rainures latérales destinées aux cordes de levage, comme sur les blocs des temples protoarchaïques de Corinthe et d’Isthmia, des stries périphériques qui indiqueraient que ce fragment a été travaillé au tour, et un légère inclinaison qui contribuerait peut-être à celle de toute la colonne137. Toutes ces techniques indiqueraient, selon J. Wright, le dernier quart ou la fin du viie siècle. Mais nous savons désormais que les plus anciennes ne sont pas forcément rudimentaires, et que les raffinements ne sont pas forcément récents. F. P. Hemans vient de montrer138 que le temple d’Isthmia révèle au deuxième quart du viie siècle des techniques de taille, de levage (identiques à celles de l’Héraion) et de pose que l’on croyait réservées à des époques plus récentes. Un siècle après, les stylobates des temples archaïques de Kalapodi (570-560) ne sont fondés, pour partie, que sur une euthyntéria ; leurs colonnes, qui utilisent simultanément le bois et la pierre, certaines “torses”, portent des chapiteaux très élaborés de profils assez variés139.
52Enfin, Ch. Pfaff a publié deux séries d’antéfixes hexagonales à côtés inférieurs et supérieurs concaves, fermant des couvre-joints triangulaires140, susceptibles de se répartir entre le Temple et le Portique Nord. Leur place dans l’évolution typologique des antéfixes pentagonales et hexagonales et l’époque à laquelle peuvent être assignées leurs congénères les situe dans une période qui commence avant 600 av. J.-C. et dure jusque dans le premier quart du vie siècle141. C’est aussi l’époque que suggèrent les rapprochements, dès longtemps étudiés, de la péristasis (largeur du stylobate, rapports du diamètre des colonnes à la largeur du stylobate, entraxes importants) avec celle de l’Héraion d’Olympie et, dans les propositions de restitution présentées ci-dessus et en annexe, les similitudes de proportions et d’aménagement de la cella avec l’Héraion d’Olympie et le temple de Tégée. Le temple périptère de l’Héraion pourrait donc très bien avoir été construit, comme eux142, vers la fin du viie siècle. Il reste que l’ambiance de vive création architecturale que connaissent le Nord-Est du Péloponnèse et Olympie143 dès la première moitié du viie siècle pourrait aussi plaider pour une date plus ancienne. Dans l’un et l’autre cas, un prédécesseur est possible, sans plus.
53I.2.3. Phidon bâtisseur du temple archaïque de l’Héraion ?
54K. Schefold met au crédit de Phidon la construction du temple archaïque de l’Héraion d’Argos144, dans le cadre d’une chronologie haute de l’édifice et du règne du plus illustre des Téménides, situés dans la première moitié du viie siècle ; avec beaucoup d’autres, il lui attribue la victoire qu’Argos aurait remportée sur Sparte à Hysiae en 669 av. J.- C. (Pausanias II 24, 7). Il considère de même que l’Héraion d’Olympie relève d’une initiative de Phidon, quand il reconquit les villes autrefois au pouvoir d’Héraclès et des Héraclides, notamment Olympie d’où il chassa les agonothètes éléens pour prendre en main l’organisation des concours (Hérodote VI, 127 ; Pausanias VI 22, 2 ; cf. Ephore, FGrH 70 F 115 apud Strabon VIII 3, 33)145. Pour les deux temples, les termes du raisonnement, dits et non-dits, sont identiques et peuvent être indifféremment ordonnés : la possibilité que l’Héraion d’Argos soit daté, très peu de temps après la plateforme, dans la première moitié du viie siècle146 ; les similitudes architecturales des deux premiers temples périptères alors connus, tous deux construits de bois et de pierre, et leur dédicace à la même divinité (ce qui est désormais douteux pour celui d’Olympie147) ; l’idée qu’ils n’ont pu être entrepris que par une volonté exceptionnelle dans une période de pouvoir, de prospérité et de prestige ; la reconquête par Phidon des villes naguère tenues par Héraclès et les Héraclides et son corollaire, la mainmise sur Olympie ; la dédicace par Phidon des obeloi à l’Héraion d’Argos (Héraclide du Pont apud Orion, s.v. ὀβολός ; Et. Mag. s.v. ὀβελίσκος).
55Phidon est plutôt mieux documenté que beaucoup de personnages anciens que les historiens antiques et modernes ne situent plus très bien dans le temps. Même si l’historiographie antique procède d’un aura légendaire et/ou contribue à l’amplifier, surtout dans l’Argos conquérante du ve siècle148, il n’y a pas, semble-t-il, de motif sérieux d’écarter l’historicité du personnage ni la totalité de l’œuvre qui lui est attribuée149. Dépouillé à juste titre de l’honneur abusif d’avoir frappé les premières monnaies d’argent à Egine150 (Ephore FGrH 70 F 115 apud Strabon VIII 3, 33 complété par F 176 apud Strabon VIII 6, 16 ; Héraclide du Pont apud Orion s.v. ὀβολός ; Marmor Parium, FGrH 239, 30), Phidon peut, sans invraisemblance, conserver le mérite d’avoir établi un système des poids et mesures. Le faisceau d’obeloi découvert à l’Héraion (voir ci-dessous) rend aussi sa dédicace vraisemblable151, quelles que soient pas ailleurs l’utilité, la signification et la valeur, toujours très débattues, de ces objets, seuls ou groupés, dont les trouvailles se multiplient, surtout dans les sanctuaires et les tombes (ci-dessous 1.3.1.). Vraisemblable aussi un appétit de conquêtes (l’hybris de Phidon), soigneusement orchestré par l’historiographie argienne, qui les a certainement fait croire, avec le temps, plus importantes qu’elles n’ont été, en les présentant comme la reconquête des royaumes héraclides du Péloponnèse ; premier objectif, celle du lot des Téménides (sans doute, dans la réalité, une hégémonie momentanée sur les cités d’Argolide) pouvait justifier les conquêtes et “synœcismes” d’Argos au ve siècle, l’anéantissement des cités voisines et son hégémonie sur la plaine, donc satisfaire la propagande locale des ve et ive siècles. Dans ce contexte général, une expédition sur Olympie, ou tout au moins la direction temporaire des concours ne sont pas absolument impossibles. Mais on ne saurait attribuer à Phidon ce que les textes ne lui accordent pas, ni la victoire d’Argos à Hysiae, anonyme et sur la réalité de laquelle tous les historiens ne s’accordent pas, ni la construction des deux temples, ignorée des historiens antiques ; et ce, quelles que soient les dates de son règne. En s’appuyant sur Hérodote, Th. Kelly, R. Drews et P. Carlier ont récemment défendu la chronologie basse (d’un peu avant 625 à 583 peut-être) avec quelque succès152. C’est justement l’époque à laquelle on penserait pouvoir situer la construction des deux temples (voir ci-dessus), mais tant d’incertitudes entachent encore leurs dates et la politique péloponnésienne de Phidon qu’il n’y a pas là le moindre nouveau motif d’en faire l’illustre bâtisseur153 !
56I.2.4. L'effigie cultuelle à l'époque archaïque
57Dans le naos du temple classique, Pausanias (II 17, 5) voit trois effigies cultuelles d’Héra : la statue chryséléphantine de la divinité trônante, œuvre de Polyclète (cf. Strabon VIII 6, 10), flanquée de la statue également chryséléphantine d’Hèbè réalisée par Naucydès ; le xoanon d’Héra en poirier sauvage dédié par Pirasos à Tirynthe154 et rapporté à l’Héraion par les Argiens quand ils eurent détruit Tirynthe, une divinité assise de petite dimension ; enfin, sur une colonne, un antique agalma155 d’Héra. Un bloc octogonal, sommairement taillé en forme de pilier, a été découvert à l’Ouest du temple classique dans des couches qui semblent avoir contenu du matériel provenant de la terrasse supérieure (notamment des bases de colonnes du temple archaïque156) ; il est conservé au Musée national d’Athènes (inv. n° 2702). I. Strøm pense pouvoir l’identifier au trône de la statue de culte qui se dressait dans le temple archaïque157, et trouve confirmation de son interprétation dans les nombreuses figurines féminines trônantes mises au jour dans le sanctuaire158. Toutefois, des figurines féminines assises d’époque géométrique et archaïque se rencontrent dans tous les sanctuaires de divinités féminines d’Argolide, qu’ils soient d’Héra (Héraion d’Argos, peut-être Tirynthe159), d’Athéna (Larissa d’Argos, peut-être Tirynthe), de Déméter (si le sanctuaire de Kourtaki160 lui est bien dédié), d’Aphrodite (Argos), ainsi que dans les tombes, et même dans un sanctuaire supposé “masculin” comme l’“Agamemnonéion” de Mycènes161. Pausanias ne dit rien de l’apparence de l’agalma, sinon son ancienneté ; mais de la précision qu’il donne sur le xoanon de Tirynthe, on peut déduire, avec prudence, que contrairement à ce dernier, l’agalma – qui peut être toute forme de représentation – n’était pas assis. Si donc l’identification d’I. Strøm venait à se confirmer, nous aurions dans ce “pilier” octogonal à face supérieure pentue, recreusée, bref aménagée en siège, le trône du xoanon de Tirynthe et non un hypothétique trône de l’antique agalma d’Héra. Ce dernier était incontestablement l’effigie cultuelle juchée sur une colonne dans le temple archaïque ; mais hormis la similitude d’installation qu’il présente avec les types monétaires de Chalcis (infra), nous sommes incapables de préciser son apparence.
58Il reste que la pierre octogonale avait suscité au moment de sa découverte l’idée d’un culte rendu à une représentation aniconique162 d’Héra, que S. Karousou a rejetée163.
59E. Simon reprend cette idée sur de tout autres bases, convaincue que la continuité avec le monde mycénien – dont nous avons vu qu’elle n’est nullement attestée à Prosymna désertée quatre siècles durant – se manifeste dans les représentations d’Héra sous forme d’un pilier ou d’une colonne dont témoignerait la convergence séduisante de plusieurs documents164 :
trois vers de la Phoronis, sauvés par Clément d’Alexandrie165, décrivent la prêtresse d’Héra Argeia, Callithoé, comme « la première à avoir orné de bandelettes (στέμμασι) et de touffes de laine (θυσάνοισι) la haute colonne de la Maîtresse (ἀνάσσης) ». Puisqu’à Argos le comput s’exprimait en années de fonction des prêtresses d’Héra (Hellanicos de Lesbos FGrH 4 F 74-84 ; Thucydide II 2, 1, cf. IV 133, 1 ; Polybe XII 11, 1), le geste de Callithoé daterait en fait l’instauration d’un rite ancien, peut-être du rite originel à une époque où Héra était représentée sous la forme d’une colonne. Il semble que la Phoronis remonte au vie siècle166.
Sur la métope n° 25 du Thésauros du Silaris, Egisthe étreint une colonne pour tenter d’échapper au meurtre dont Oreste le menace.
A Mycènes, sur plusieurs châtons de bagues en or du xive siècle et sceaux d’argile du xiiie siècle, une colonne – que l’on dirait parfois surmontée d’une sorte de vaste récipient – est flanquée de bovidés et d’oiseaux, ou de griffons, ou de chiens, ou de monstres carnassiers dans une composition que l’on retrouve à la Porte des lionnes167.
Pausanias (II 17, 5) a vu à l’Héraion un antique agalma posé sur une colonne.
60E. Simon, L.H. Jeffery et plus récemment A. Bernabé Pajares ont pensé que Pausanias avait mal décrit ou mal interprété ce qui devait être en fait une antique colonne-effigie ou un pilier-statue168, en tout cas aniconique.
61Mais de l’agalma placé sur une colonne, D. Knoepfler a judicieusement rapproché les monnaies de Chalcis au buste de la déesse placé sur un chapiteau ionique, rapprochement d’autant plus convaincant que le monnayage de Chalcis illustre de manière cohérente et complète l’ensemble des mythes argivo-eubéens relatifs à Héra, de sorte que la similitude des effigies cultuelles, à tout le moins de leur présentation sur une colonne, ne peut surprendre169, et que les monnaies de Chalcis apportent la précision que nous regrettions de ne pas trouver chez Pausanias : l’antique agalma170 placé sur une colonne, qu’il ait pris à Argos la forme d’une statue complète ou seulement d’un buste, est en fait l’effigie cultuelle (ou sa reproduction plus ou moins fidèle) qui se dressait dans le temple archaïque (probablement sur le soubassement carré).
62Pour ma part, je rapprocherais de la description de Pausanias le troisième vers du fragment de la Phoronis dont la construction grammaticale n’exclut nullement, bien au contraire, qu’une effigie ait été posée sur la colonne : Callithoé orne cette colonne comme on orne une stèle, un autel ou un pilier hermaïque de bandelettes ou de guirlandes ; du reste, la colonne est peut-être assez haute pour que Callithoé ne puisse atteindre la tête de la statue171.
63Sur la métope du Thesauros de Paestum, dont on a proposé d’autres identifications (Oreste tuant Néoptolème dans le sanctuaire d’Apollon à Delphes, ou Achille tuant Troïlos sur les marches du temple d’Apollon à Thymbra172), le geste de l’agressé peut signifier simplement qu’il cherche refuge, non pas dans le palais de Mycènes comme le pensaient P. Zancani Montuoro et U. Zanotti Bianco, ni auprès d’une Héra-colonne comme le croit E. Simon, mais dans n’importe quel sanctuaire représenté, comme bien souvent toutes sortes d’édifices sur les vases, par une colonne dressée sur une crépis à degrés : s’il s’agit vraiment d’Egisthe – ce qui reste à prouver – pourquoi pas, à Mycènes même, l’un des deux sanctuaires effectivement connus, celui d’Héra ou celui d’Athéna, ou tout autre temple ? L’Egisthe d’Euripide est une homme inquiet et pieux : c’est au cours d’un sacrifice aux Nymphes qu’il est tué par Oreste173. Rien ne le lie particulièrement à Héra.
64En outre, les représentations mycéniennes des xive et xiiie siècles constitueraient une “tête de série” plus convaincante si la coupure chronologique n’était si longue et surtout si les bovidés, traditionnellement voués à Héra qui veille à leurs troupeaux, n’étaient remplacés à plusieurs reprises par griffons, monstres canins ou léonins, lionnes, tous fauves qui n’apparaissent guère, sinon très indirectement, dans l’entourage d’Héra174. Des colonnes représentées sur les documents mycéniens au support de l’effigie cultuelle archaïque de l’Héraion, la continuité ne me paraît donc pas assurée.
65En revanche, le geste rituel de Callithoé rappelle très explicitement les offrandes de laine à Héra, connues à Thèbes de Béotie par une tablette en linéaire B175. Seule une tablette de Pylos atteste aussi le nom d’Héra pour l’époque mycénienne. Je précise toutefois que le témoignage thébain sur l’ancienneté des offrandes de laine à Héra ne peut plaider ni pour l’ancienneté ni pour la continuité du culte d’Héra à Prosymna ni en Argolide176.
66I.2.5. L’autel d’époque géométrique et archaïque n’est toujours pas définitivement identifié, bien que très présent dans les réflexions de ces dernières années. L’impossibilité pratique de placer un autel sur la plate-forme “cyclopéenne”, du moins à l’Est du temple archaïque177, impose, me semble-t-il, de prêter la plus grande attention aux rapports de fouille.
67Dès 1892, Ch. Waldstein avait noté dans la partie occidentale de la terrasse médiane, celle du temple classique, en particulier immédiatement à l’Est du mur de soutènement N-S qui retient cette terrasse et la sépare de l’Edifice Ouest, et sous le temple d’épaisses couches de cendre mêlées d’os et d’objets allant de l’époque géométrique jusqu’au début du ve siècle ; il supposait donc que l’autel archaïque se trouvait dans ce secteur, ou que ces restes évidents de sacrifices avaient été jetés du haut de la plate-forme archaïque, ou qu’ils provenaient d’ailleurs et qu’il avaient été accumulés lors des terrassements préliminaires à la construction du temple classique178. En 1893, C. L. Brownson estimait qu’il ne pouvait s’agir que de déblais provenant d’autels archaïques situés ailleurs que dans ce secteur Ouest, accumulés en guise de remblais sous et autour du temple durant sa construction, les déchets de taille alternant avec la terre cendreuse bourrée d’objets votifs, notamment des figurines179. Par la suite, Ch. Waldstein devait trouver quantité d’offrandes de toutes époques et des restes de cendres également dans les pentes Sud et Sud-Est de la terrasse, et à l’Est du temple classique, insister tout particulièrement sur les offrandes de fer et de bronze (épingles), les bijoux d’or et d’argent, les perles d’ambre et de verre, les ivoires et les sceaux, et ne pas cesser d’affirmer, au cours de la progression des fouilles, sa conviction qu’à l’époque archaïque, on sacrifiait sur un replat qui allait devenir la terrasse du temple classique et qu’avait d’abord occupé l’établissement de l’Age du Bronze dont les murs se laissaient découvrir jusqu’au pied de la plate-forme cyclopéenne archaïque180. D’après les divers rapports, les objets votifs – où la proportion de céramique et d’objets classiques est faible – ont été trouvés en très grand nombre sur toute l’étendue de la terrasse médiane, dans plusieurs types de contextes, couches de terres cendreuses naturellement déposées, couches de terres cendreuses artificielles car remaniées par les terrassements effectués autour et dans le temple lors de sa construction, et “poches”181. C’est dans la partie orientale que les fouilleurs ont découvert le faisceau d’obeloi et la barre de fer182.
68Et c’est dans ce secteur que C. W. Blegen, fouillant l’établissement de l’Age du Bronze, a dégagé une structure rectangulaire, d’environ 21,50 m x 2,40 m, oblique par rapport à la façade du temple classique, l’extrémité Sud en étant distante de 16,40 m, l’extrémité Nord de 19,80 m. Les fondations étaient établies sur le roc et les couches adjacentes ne comprenaient que de la céramique géométrique et protocorinthienne183. Blegen, qui dans le même temps mettait au jour l’autel de Némée (seule la partie Nord, incomplète, est archaïque)184, reconnut sans peine l’un de ces autels archaïques très longs et très étroits dont Isthmia nous a depuis livré un parallèle sensiblement contemporain du temple, c’est-à-dire du deuxième quart ou du milieu du viie siècle (partie Sud archaïque de 31,65 m x 1,76 m)185, et le sanctuaire d’Apollon à Halieis un autre exemplaire archaïque mais en partie reconstruit (17,50 m x 3 m)186. Cette catégorie d’autels, dont le mode de construction et les proportions connaissent de nombreuses variantes, perdure jusqu’à l’époque hellénistique187.
69L’identification de l’autel archaïque de l’Héraion n’est formellement refusée que par B. Bergquist qui pense qu’il ne s’agit que d’une section du mur de soutènement-péribole188. Mais elle est explicitement acceptée dès 1952 par P. Amandry189. En 1961, G. Roux pense que cette structure a pu servir de fondation à l’autel à triglyphes bas du iiie siècle dont il a réuni les éléments d’architecture190. G. Kuhn estime en 1985 qu’il s’agit bien d’un autel, centre de l’organisation architecturale du sanctuaire archaïque191 au vie siècle. I. Strøm se montre plus réservée : elle considère que les fouilles ont été trop limitées, que les carnets de notes de C. W. Blegen ne sont pas assez explicites, et que la partie orientale de cette terrasse du temple classique mériterait des fouilles complémentaires. De même Ch. Pfaff dans sa thèse sur le temple classique192 parue en 1992.
70Certes, mais c’est pourtant près de cette fondation qu’ont été trouvées beaucoup d’offrandes anciennes et importantes, dont la figurine masculine de trépied, et le faisceau d’obeloi. Or cet emplacement s’avère, comme G. Kuhn l’avait pressenti, le centre de toute l’organisation spatiale du sanctuaire, la clé de son développement architectural.
71I.2.6. En effet, chaque nouvelle analyse des fouilles de Ch. Waldstein et de C. W. Blegen, chaque nouvelle publication de matériel devrait, me semble-t-il, attirer plus nettement l’attention sur l’importance de la terrasse médiane, qui portera le temple classique193, dans la topographie du sanctuaire géométrique et archaïque et dans toute son histoire.
72Car ce que nous connaissons du sanctuaire de la fin du ixe au début du viie, ce sont surtout les offrandes ; elles ont été trouvées en grande majorité sur cette terrasse médiane, quelques-unes pouvant provenir des pentes situées au-dessus et à côté de la plate-forme pseudo-cyclopéenne194 : adossée à du rocher très pentu, celle-ci n’a probablement pas occulté ni détruit de dépôts importants. Les pièces les plus anciennes ont été trouvées sur la terrasse médiane. Dès l’instant que la plate-forme cyclopéenne était construite, les offrandes se sont au contraire réparties entre les deux niveaux. Sauf nivellements légers exigés par l’entretien du site, la terrasse médiane fut probablement laissée à l’état naturel durant toute l’époque archaïque.
73Elle a toujours conservé sa fonction initiale, accueillir les sacrifices et les pèlerins sur une esplanade convenable, devant un autel. Si, comme l’écrit C. W. Blegen, les couches adjacentes aux fondations de l’autel contiennent de la céramique géométrique et protocorinthienne, l’autel est sensiblement contemporain de la plate-forme pseudo-cyclopéenne, et participe du même programme architectural.
74En d’autres termes, des débuts du sanctuaire à la fin de l’époque archaïque, l’histoire de la topographie et de l’architecture du sanctuaire paraît se jouer en quatre phases principales.
75I.2.6.1. De la fin du ixe à celle du viiie siècle, fréquentation cultuelle du site, en particulier de la terrasse médiane alors à l’état quasi naturel, où les vestiges de l’établissement de l’Age du Bronze sont peut-être encore visibles et où l’on commence à célébrer des sacrifices et à déposer des offrandes. Nous ne savons pas si le(s) premier(s) autel(s) n’étai(en)t que de cendre ou construit(s) en pierre. Mais la crémation se faisait probablement dans la partie orientale de l’esplanade.
76I.2.6.2. Vers 700-680, premier grand aménagement architectural :
construction de la plate-forme pseudo-cyclopéenne et de l’autel, puis du temple périptère, leur écart chronologique restant à préciser ;
aménagement de rampes d’accès de la terrasse médiane à la plate-forme, notamment au pied des murs pseudo-cyclopéens Sud et Est195 ;
la terrasse médiane continue à accueillir les sacrifices et les assemblées de pèlerins.
77La place et l’orientation de l’autel construit, peut-être pré-définies par des autels de cendre, donc avant celles de la terrasse supérieure et du temple archaïque, tirent le meilleur parti du site et sont déjà canoniques : l’autel est disposé sensiblement Nord-Sud, dans la plus grande longueur possible à l’endroit où la terrasse se rétrécit, vers l’Est ; la plus grande partie de l’esplanade, à l’Ouest, reste ainsi réservée aux pèlerins pour qui le sacrifice se déroule à l’Est.
78I.2.6.3. Aux alentours de 600 et dans la première moitié du vie siècle intervient le deuxième aménagement architectural, celui du côté Nord de la terrasse médiane. G. Kuhn y reconnaît un exemple remarquable d’une alliance privilégiée entre autel et portiques dont il étudie plusieurs cas196. J’en conviens volontiers, à condition de rappeler que la présence de l’autel construit est bien antérieure à celle des portiques, sur une terrasse peut-être dédiée au culte et aux sacrifices avant la construction d’un autel de pierre au début du viie siècle. G. Kuhn ne prend évidemment en compte que l’Édifice Nord-Est et le Portique Nord, d’où rien n’échappe au regard de tout ce qui se passe sur et autour de l’autel. Les recherches récentes sur la chronologie des édifices Est et Nord-Ouest lui donnent raison : l’Édifice Est paraît être un peu antérieur au milieu du ve siècle (ci-dessous II.1.3.), l’Édifice Nord-Ouest vient d’être daté du ive siècle par Ch. Pfaff197 (ci-dessous II.2.).
79Le Portique Nord est peut-être le plus ancien. Il a été daté aux alentours de 600 av. J.-C. ou au début du vie siècle, plutôt que dans le courant du viie siècle198, en particulier d’après le profil du chapiteau C qui s’y trouve et semble lui appartenir. Cette appartenance vient d’être confirmée par Ch. Pfaff ; mais il annonce en même temps que C est archaïsant et relève, ainsi que le chapiteau H (perdu) et un tambour de colonne non cannelé199, d’une réfection du portique à l’époque impériale200. Il faut donc le dater par d’autres indices : après P. Amandry, J. J. Coulton et E. Østby ont récemment interprété les entailles trapézoïdales allongées pratiquées sur un côté de plusieurs “dalles” de stylobate des colonnes intérieures et de certains blocs du stylobate extérieur : elles servaient, comme à Olympie, Tégée et Kalapodi, à dresser des fûts de colonne en bois201 alternant avec des fûts de pierre et peut-être ultérieurement remplacés, au moins à l’extérieur, par de la pierre ; ainsi s’expliqueraient, comme à l’Héraion d’Olympie, les variations de diamètres relevées par P. Amandry aux lits d’attentes des stylobates tant intérieur qu’extérieur et la diversité des chapiteaux doriques attribués à l’édifice. Lui revient peut-être aussi l’une des séries d’antéfixes à “cornes” découvertes sur le site202. H. Lauter a observé que le mur Est du Portique ne s’achevait pas par une ante à proprement parler mais faisait retour sur la façade Sud, de même que, symétriquement, un tronçon de mur perpendiculaire à l’aile saillante de l’édifice fermait la colonnade de façade à l’Ouest203. Il reste à vérifier que cette disposition de l’angle Sud-Est de l’édifice n’est pas plus récente, car l’ante Est a été aussi reconstruite à l’époque impériale204. Enfin, H. Lauter a remarqué que la crépis Sud initiale se réduit à une seule assise, le stylobate, comme au temple de la terrasse supérieure, à l’Héraion d’Olympie, au temple d’Orchomène et à celui d’Artémis Knakéatis à Tégée. Les deux degrés inférieurs, en calcaire différent, sont une adjonction ultérieure, consécutive à un abaissement général et voulu du niveau de la terrasse médiane (voir ci-dessous). L’égalité des entraxes entre les deux colonnades est plutôt signe d’ancienneté. S’il ne fait guère de doute que le portique a été construit au vie siècle, sa date exacte reste encore incertaine205.
80L’Edifice Nord-Est, daté par P. Amandry du viie ou de la première moitié du vie siècle, n’aurait connu, selon R. Mason, qu’une seule phase de construction dans le ve siècle. Après E. L. Tilton et P. Amandry, H. Lauter, J. J. Coulton et G. Kuhn s’accordent à en reconnaître deux (au moins), la seconde faisant, du reste, l’objet d’évaluations différentes206. En tout cas, l’édifice a été, à un moment donné, raccourci à l’Est, sa colonnade supprimée, sa façade fermée et son espace intérieur divisé par des cloisons. D’après le seul chapiteau d’ante conservé, H. Lauter restituait un retour des murs sur la façade Sud. G. Kuhn a montré que ce chapiteau se place à l’extrémité Sud du mur Est, le portique recouvrant, avec une date mieux assurée (deuxième quart du vie siècle), la forme originelle à colonnade extérieure in antis et à colonnade intérieure207 que la première publication lui avait déjà attribuée. Son étroitesse et le fût mince et monolithe de la colonne intérieure invitent à imaginer un toit à un seul versant, en appentis. Ajoutons deux remarques liées à une interrogation : le Portique Nord-Est a été raccourci après la construction des gradins qui régularisent le côté Nord de l’esplanade médiane (ci-dessous II. 1.6.), c’est-à-dire au plus tôt aux environs de 400 av. J.-C. ; son actuel mur Est, construit à l’occasion de ce remaniement, n’est pas liaisonné au mur de fond ; mais la largeur du chapiteau d’ante archaïque montre qu’il convient à l’épaisseur du mur ; il est donc probable que le mur Est originel a été démonté pour être reconstruit plus à l’Ouest. Dans son deuxième état, l’édifice raccourci présentait donc aussi une colonnade en façade, comme ce même chapiteau d’ante Sud-Est l’indique. La colonnade occupait-elle alors toute la façade, ou l’édifice était-il déjà partiellement fermé au Sud ? Il est très probable que dans un troisième état, l’édifice ait été fermé et, alors seulement, divisé en trois pièces.
81Ces acquis nouveaux sur l’implantation et l’architecture des portiques suscitent quelques remarques :
relativement étroits et repoussés aux limites extrêmes de la terrasse médiane (on n’a pas cherché à aligner le Portique Nord-Est sur le Portique Nord), ils sont adossés à d’indispensables murs de soutènement, certains sûrement plus anciens, contruits dans des appareils rustiques, et ayant porté la rampe d’accès dans son premier état208 : la pente qui supporte la plate-forme pseudo-cyclopéenne a été entaillée et l’esplanade médiane ainsi élargie vers le Nord, ce qui confirme son importance et sa fréquentation ; entre les portiques et le mur pseudo-cyclopéen Sud, la rampe d’accès au temple, aménagée par et sur ces mêmes murs de soutènement, est désormais plus stable, peut-être plus large.
Cette rampe descend d’Est en Ouest tout le long et en contrebas de la plate-forme et se prolonge au moins jusqu’à l’extrémité occidentale du Portique Nord209 qu’elle contourne probablement avant de descendre vers le Sud. Mais, comme H. Lauter l’a noté, elle dispose surtout d’un accès assez majestueux entre les deux portiques. Cet accès part ou débouche devant la façade occidentale de l’autel, presque au milieu, entre l’autel et l’assistance. Une rampe secondaire, plus raide, aménagée au flanc Est du Portique Nord-Est à une époque moins assurée210, relie directement la partie orientale de la terrasse, à l’Est de l’autel, à la plate-forme pseudo-cyclopéenne et à la façade du temple (fig. 1 et 2).
Indépendamment de leur utilité, ces portiques offrent un premier front de colonnades, au-dessus duquel s’étagent le mur pseudo-cyclopéen Sud de la plate-forme puis la péristasis Sud du temple. La branche principale de la rampe d’accès passe entre deux façades de portiques. Au ve siècle, le portique Sud viendra compléter cette superposition de colonnades et accroître la profondeur de champ. Mais tel qu’il se présente vers le milieu du vie siècle211, l’Héraion annonce, modestement certes, mais bien plus tôt qu’on ne l’aurait cru, les architectures de Lindos, de Cos et de Pergame. Faut-il reconnaître dans ce paysage architecturé une relation avec les aménagements de Delphes ?
82I.2.6.4. La construction de l’Hestiatorion vers la fin du vie siècle constitue la quatrième et dernière phase des aménagements archaïques. P. Amandry avait confirmé cette date à l’issue d’une publication aussi détaillée que possible212. Mais St. Miller proposa en 1973 la fin du ve siècle, que P. Amandry ne refusait pas a priori, à condition que l’élévation en apportât la preuve213. Ch. Pfaff vient de reprendre l’étude de l’édifice qu’il date214 des années 540-520, soulignant l’originalité du premier hestiatorion et premier édifice à péristyle intérieur connu, son importance pour la typologie des hestiatoria215 et son rôle majeur dans les fêtes de l’Héraion : on sait les fonctions multiples du banquet dans la société et dans les cultes216.
83Notons aussi la place de l’Hestiatorion dans l’ensemble du vie siècle : depuis sa façade Nord, les pèlerins pouvaient accéder, vers l’Est, directement à la terrasse médiane, dont l’importance est ainsi confirmée, ou monter au temple par la rampe en contournant le Portique Nord.
84Enfin, il y a lieu de s’interroger sur le rang et la fonction des convives admis à l’Hestiatorion. Chacune des trois salles en accueillait douze. A l’époque où l’édifice fut construit, les cités d’Argolide, Argos en tout cas, ne comprenaient probablement que les trois tribus doriennes traditionnelles, Dymanes, Hylleis et Pamphyloi. Peut-être chacune était-elle, à Argos du moins, déjà divisée en 12 phratries. l’Hestiatorion accueillait-il, cité après cité, les représentants de toutes les phratries à raison d’un par phratrie ? Ou bien, toutes cités confondues, mais à raison d’une tribu par salle, 12 représentants des différentes cités d’Argolide ? Ces hypothèses ne sont évidemment pas les seules possibles.
85I.2.7. Eléments d’architecture archaïque
86Les quatre édifices archaïques que nous avons évoqués ont dû subir des réparations ; d’autres, éventuellement, ont pu exister, peut-être plus légers, et supprimés à la faveur des remaniements ultérieurs. Tous ont laissé plus d’éléments qu’il n’est aisé ou possible d’attribuer aux quatre ruines encore visibles sur le site217. Au cours du demi-siècle écoulé, les chapiteaux doriques ont “alimenté” plusieurs études et classements entrepris à des fins de chronologie et d’identification des styles régionaux ; à côté d’évidentes difficultés à atteindre l’un et l’autre objectifs, faute de contextes précis, on observe une tendance générale à abaisser la chronologie218. Les terres cuites architecturales, simas, gargouilles, antéfixes, tuiles, acrotères, sont également, par nature, erratiques ; de surcroît, les séries sont dispersées entre les musées d’Argos, de Nauplie, de Corinthe et le Musée National d’Athènes. Certaines sont publiées219, d’autres en cours d’étude, dont la séquence chronologique atteint l’époque hellénistique220.
87En 494, Cléomène “célèbre” à l’Héraion sa victoire à Sépéia et l’écrasement d’Argos par un sacrifice (Hérodote VI 81) qui clôt presque la période géométrique et archaïque du sanctuaire, un peu plus de trois siècles durant lesquels sa topographie et son histoire ne se sont pas constituées de haut en bas, mais dans le sens de la visite des pèlerins, de bas en haut, de la terrasse naturelle où se déroulaient les sacrifices à la plate-forme pseudo-cyclopéenne où se dressait le temple, avec, pour finir, un retour à l’esplanade de l’autel.
88I.3. Le matériel du sanctuaire géométrique et archaïque ne prend toute sa valeur que par les études globales des séries d’objets sur la région ou sur l’ensemble du monde grec. Décisives, nous l’avons vu, pour la chronologie du sanctuaire et pour la définition des types d’offrandes, elles révèlent l’intensité et le rythme de sa fréquentation et discernent les productions locales des importations. Celles-ci ne permettent pas seulement d’évaluer la renommée du sanctuaire, elles contribuent à signaler les “trafics”.
89I.3.1. Dans plusieurs études qui ne concernent que les productions argiennes, le matériel de l’Héraion est évidemment d’une importance capitale, ne serait-ce que numérique.
Nous avons vu combien le livre de P. Courbin sur la céramique géométrique de l’Argolide éclaire la naissance du sanctuaire. Ses conclusions relatives à l’Héraion et à la céramique géométrique argienne ne paraissent pas devoir être modifiées par la publication ultérieure de deux lots de tessons recueillis à l’Héraion en diverses circonstances et conservés l’un à l’Institut Allemand d’Athènes221, l’autre à Heidelberg222. Du reste, depuis la parution de AH II (1905), l’ensemble de la céramique223, sauf les pièces exposées au Musée National, semble n’avoir plus été directement examiné.
De même, pour les figurines de terre cuite224, c’est encore l’ancienne publication qui sert de référence, grâce à ses catalogues type par type, ses dénombrements et ses illustrations. La connaissance du matériel dessiné ou photographié ne s’est renouvelée qu’indirectement à l’occasion
d’analyses stylistiques, dues à R. J. H. Jenkins, G. Kaulen225 et Fr. Croissant (voir ci-dessous),
d’études de figurines provenant d’autres sites d’Argolide – longtemps après les travaux d’A. Frickenhaus sur les figurines d’Argolide en général et de Tirynthe en particulier226, l’article que M. Guggisberg à consacré en 1988 au contenu d’un “bothros” découvert près de la parodos Nord du Théâtre d’Argos227 – et parfois conservées dans les musées228,
de recherches iconographiques – la thèse de H. Jung sur les divinités trônantes en 1982, l’article “Héra” rédigé par A. Kossatz-Deissmann pour le LIMC en 1988, le livre déjà cité de B. Alroth sur les Dieux grecs et les figurines229, paru en 1989 -,
enfin, de recherches sur la personnalité d’Héra et sur ses cultes, perspective constante des études iconographiques auxquelles il faut ajouter le livre de T. Hadzisteliou Price sur la courotrophie230 et un récent article de M. Voyatzis sur les figurines de cavaliers montés en amazone, qui se rencontrent notamment dans les sanctuaires de divinités féminines liées au cheval, Artémis, Athéna et Héra231.
Fr. Croissant vient de donner dans Polydipsion Argos une étude majeure sur “les débuts de la plastique argienne”232. Elle reconsidère à nouveaux frais et conjointement, suivant une méthode très féconde, les figurines de bronze et de terre cuite, la grande plastique et la céramique.
Le Musée J. Paul Getty s’est enrichi d’un anneau de bronze plaqué d’or (inv. 85.AM.264), dédié vers 550 av. J.-C. à Héra Leukolenos, Héra aux bras blancs, par un certain Wriknidas : l’épiclèse est attestée à Pérachora, l’alphabet et la langue de la dédicace sont argiens233, de sorte que l’objet peut provenir soit de Pérachora, où il aura été dédié par un argien, soit d’Argolide, mais alors, pas nécessairement de l’Héraion d’Argos, car Tirynthe, Mycènes, Argos (Héra Akraia, Héra Antheia) et Nauplie (source Canathos) ont possédé chacune un ou plusieurs sanctuaires d’Héra, pour ne citer que les plus connus et les plus proches de l’Héraion. Ce dernier n’a livré que très peu de bijoux précieux.
La collection de G. Ortiz comprend un kèrukeion explicitement dédié à Héra Argeia dans la première moitié du ve siècle, et qui ne peut provenir que de l’Héraion d’Argos : offrande d’un héraut peut-être argien, ou peut-être vainqueur au concours d’Argos234.
Les obeloi : leur utilisation, leur valeur et leur signification, de la plus matériellement utilitaire (broche à rôti) à la plus symbolique (objet signalant l’appartenance de son propriétaire à l’aristocratie foncière et politique, à travers banquet et rites funéraires) en passant par une valeur prémonétaire et monétaire, sont autant de questions non résolues qui resurgissent à chaque découverte d’obeloi dans tombes ou sanctuaires. Ceux des tombes géométriques d’Argos ont ouvert de nouvelles perspectives de réflexion ; depuis, l’archéologie et sa bibliographie ne cessent de s’enrichir. Pour faire arbitrairement bref, nous ne citerons ici que les recherches qui prennent très largement en compte le faisceau d’obeloi et la barre de fer trouvés près de l’autel du début du viie siècle, ainsi que les obeloi des tombes d’Argos, c’est-à-dire les travaux de P. Courbin, U. Kron, B. d’Agostino, A. Furtwängler, I. Strøm et H.- G. Buchholz235 : on y trouvera une riche documentation complémentaire sur ces objets répandus dans tout le monde méditerranéen, de Pontecagnano et Paestum à Salamine de Chypre, et sur les interprétations qu’on en a proposées. En réalité, leur signification, qui, dans chaque cas, peut n’être pas unique, varie vraisemblablement d’un site ou d’un contexte archéologique et politique à l’autre.
90I.3.2. Par ailleurs, plusieurs monographies traitant une catégorie d’objets à travers le monde grec incluent nécessairement ceux de l’Héraion.
Dans ses Island Gems de 1963, J. Boardman consacre un long chapitre aux sceaux de pierre des époques géométriques et surtout archaïques236. L’Argolide y tient une place de premier rang, par l’intermédiaire de l’Héraion. Il y distingue les importations insulaires, les imitations locales de sceaux insulaires ou proche-orientaux, et les productions authentiquement argiennes ; pour ces deux catégories, les sceaux de l’Héraion et de l’Argolide constituent la quasi totalité des lots de référence. Les exportations vers Sparte, Olympie, Pérachora, Egine, l’Attique ne sont chaque fois représentées que par un ou deux exemplaires. Mais depuis, I. Pini a publié ou republié, entre autres sceaux trouvés à Egine, 9 sceaux argiens qu’il date du viiie siècle237. Dès la fouille, quelques vestiges de matériaux, stéatite surtout, prêts à être taillés avaient signalé l’existence d’ateliers à l’Héraion238.
Les objets de bronze, également conservés au Musée National où certains seulement sont exposés ou accessibles, ont été plus amplement traités que la céramique et les figurines. Ils ont autorisé les premières réflexions synthétiques de A. M. Snodgrass, J. N. Coldstream et Cl. Rolley sur l’Argolide, l’Héraion, la Grèce et la formation des grands sanctuaires des siècles obscurs à l’époque archaïque239.
91Depuis, quatre volumes de la collection des Prähistorische Bronzefunde ont fait considérablement progresser notre connaissance des objets votifs, des débuts et de la fréquentation du sanctuaire.
Kl. Kilian, Fibeln in Thessalien von der mykenischen bis zur archaischen Zeit (PBF, XIV, 2), 1975. Après avoir évoqué, tout au long de son livre, les termes de comparaisons apparus sur d’autres sites, dont l’Héraion d’Argos (surtout d’après l’illustration de AH II), l’auteur complète son ouvrage par un bilan des fibules sanctuaire par sanctuaire : relativement peu nombreuses à l’Héraion (110 environ) en regard des milliers d’épingles, et rarement de fabrication locale, elles ne signalent pas de changement majeur dans le port du vêtement240. En outre, il traite, dans deux annexes, deux fabrications péloponnésiennes, les bracelets de bronze massif à section losangée ou triangulaire datés de la fin de l’époque géométrique et du protocorinthien241, et les perles de bronze242.
E. Sapouna-Sakellarakis, Die Fibeln der griechischen Inseln (PBF XIV, 4), 1978, recense, surtout à partir de AH II, une dizaine de fibules de types insulaires ou d’imitations, dont deux peut-être originaires d’Italie243.
Kilian-Dirlmeier, Anhànger in Griechenland von der mykenischen bis zur spätgeometrischen Zeit (PBF XI, 2), 1979, recense et illustre une quinzaine de pendentifs (en roue, en sceau, à oiseau, à quadrupède, en pyxide, en hache), la plupart du GR ou de types apparus au GR, majoritairement originaires du Péloponnèse, quelques-uns de Grèce centrale ou de Thessalie, un de la région de Skopje-Titov Veles244.
Kilian-Dirlmeier, Nadeln der frühhelladischen bis archaischen Zeit von der Peloponnes (PBF XIII, 8), 1984, éclaire d’une vive lumière, en raison du grand nombre de ces objets, du caractère spécifiquement votif qu’ils finissent pas prendre et de leur fabrication souvent locale, les débuts du culte et le développement du sanctuaire jusqu’à l’époque archaïque (ci-dessus I.1.2. à I.1.6.)
92Deux importantes synthèses de Kl. Kilian complètent ces monographies, l’une en 1973 sur la production et la dispersion des fibules italiques et grecques aux viiie et viie siècles245, l’autre en 1975 sur les accessoires métalliques du vêtement à l’Age du Fer entre l’Egée et l’Adriatique246, où sont cartographiées et commentées les aires de dispersion des objets étudiés dans les monographies précédentes, type par type, époque par époque.
93Ces travaux montrent qu’à l’Héraion d’Argos, la majorité des importations vient de Grèce continentale, du Péloponnèse, notamment les pendentifs, de Grèce du Nord, quelques-unes des Balkans. Selon Kl. Kilian, sur 110 fibules, 4 seulement sont sûrement insulaires, 5 sûrement italiques, une “phrygienne”, une “chryprolevantine”. Ces deux dernières rejoignent les objets orientaux dont I. Strøm vient de dresser la liste247 : 3 chaudrons nord-syriens avec des attaches de sirènes ou des poignées en forme d’animal, 2 phiales à godrons et fond plat nord-syriennes/assyriennes, 2 bols phrygiens et plusieurs fibules phrygiennes. Le désaccord entre Kl. Kilian et I. Strøm sur quelques fibules authentiquement phrygiennes ou seulement de type phrygien ne modifie guère la proportion extraordinairement réduite d’objets orientaux (Th. Kelly notait naguère la rareté des objets d’ivoire248 et des objets égyptiens249), alors qu’ils constitueraient, selon I. Kilian-Dirlmeir, 74 % du matériel de Pérachora250. Quant aux cinq fibules italiques, M. Gras indique à juste titre qu’elles ne signalent ni une « mode italique » (Kl. Kilian), ni « une présence économique suivie mais des actions individuelles » et seulement « l’extraordinaire fréquentation du monde grec par les aristocrates d’Italie centrale au cours des viiie, viie et vie siècles »251 pour les besoins du commerce (qui peut prendre l’aspect de la piraterie). La même interprétation vaudrait pour chacun des objets “exotiques” que l’Héraion a livrés, quels que soient leur provenance et leur nombre : ce sont des offrandes isolées, déposées (peut-être après avoir été acquises en Grèce même) par des individus (qui, pour venir de loin, n’étaient pas nécessairement tous aristocrates ni pirates...).
94Relèvent au contraire d’une fabrication locale des perles de bronze, quelques pendentifs, 6 fibules dont des imitations de types mieux connus en Thessalie ou en Italie, la plupart des petits chevaux votifs (ci-dessous) et très probablement une grande majorité des épingles, notamment des épingles géantes (“spits”), toutes votives.
95Depuis 1989, le livre de J.-L. Zimmermann sur Les chevaux de bronze dans l’Art géométrique grec fait aussi autorité pour les petits chevaux votifs de l’Héraion : tous datés du GR, 11 sont argiens, 3 laconiens dont deux influencés par le type argien252. Nombreux et majoritairement de fabrication locale, ils confirment textes et figurines qui révèlent une Héra protectrice des chevaux et des cavaliers.
96Dans Polydipsion Argos, Cl. Rolley dresse la brève liste des 7 pieds de trépieds trouvés à l’Héraion, trois corinthiens (nos 2220, 2221 et 2222), peut-être un quatrième (n° 2219), éventuellement un cinquième (n° 2218), mais deux (nos 2223 et 2224) sûrement argiens et plutôt récents, de sorte que les trépieds argiens sont, en ancienneté et en nombre, bien mieux représentés à Olympie et même à Delphes qu’à Argos, ce qui n’est pas le moindre paradoxe de la production bronzière d’Argos253.
97Des quelques miroirs trouvés à l’Héraion, un seul a véritablement retenu l’attention, une caryatide-pied de miroir vraisemblablement argienne254.
La maquette d’édifice ne devrait plus soutenir les spéculations sur un éventuel prédécesseur du temple périptère. I. Trianti a montré, dès 1984, que beaucoup de ces maquettes proviennent de sanctuaires, très souvent dédiés à Héra255. Au terme d’une enquête plus étendue, Th. G. Schattner parvient à la même conclusion, et précise que Héra (surtout) et Athéna se partagent la plupart de ces offrandes, non pas dans tous leurs sanctuaires, mais très souvent là où sont célébrées leurs fonctions de “Poliouchos” et de “Cleidouchos”, la seconde épiclèse revenant plutôt à Héra, maîtresse de la maison256. La clé est un attribut fréquent d’Héra ; or I. Strøm a opportunément rappelé qu’une grande clé de bronze (celle du temple archaïque ?) et d’autres plus petites (votives ?) avaient été trouvées à l’Héraion d’Argos257. Au ive siècle, des monnaies d’Argos portent au droit la tête d’Héra couronnée vers la droite, et au revers une clé258. Le ou la “Cleidouchos” qui détient la clé d’un temple est souvent le prêtre ou la prêtresse principal(e). Or, si Hellanicos de Lesbos, dans son Histoire des prêtresses d’Héra Argienne qui fait aussi connaître le comput argien par leurs années de prêtrises (FGrH 4 F 74-84), les désigne du plus banal hiéreia, ainsi que Thucydide (II 2, 1, cf. IV 133, 1) évoquant et datant la maladresse de Chryséis qui provoqua l’incendie du temple en 423/2, et Pausanias à propos du même événement (II 17, 6), la première prêtresse d’Héra, Callithoé dans la Phoronis (fr. 4 G. Kinkel, A. Bernabé = fr. 3 M. Davies ; cf. ci-dessus), Iô dans les Suppliantes d’Eschyle (v. 291), est “Cleidouchos” pour des raisons qui ne sont sans doute pas exclusivement poétiques et métriques259 (infra V.3.1. et V.3.4. ).
Lors des fouilles anciennes, trois fragments ont été retrouvés d’une coré dont H. Walter-Karydi vient de proposer une restitution (attitude et vêtement) et qu’elle date du vie siècle avancé260. Se pose aussi l’insoluble question de l’identification de ce genre de statues : effigies de la divinité ? et/ou de fidèles (riches et/ou illustres) ? et/ou de prêtresses dont Pausanias (II 17, 3 et 7) a justement vu les statues, et parmi elles celle de Chryséis ?
Une recension des études conduites durant le demi-siècle écoulé sur les inscriptions archaïques de l’Héraion d’Argos261 ne présenterait ici et comme telle aucun intérêt. Elles ont été réunies et commentées dans l’ouvrage de L. S. Jeffery262, révisé et complété en 1990 par A. W. Johnston263. Elles contribuent à fonder, après le recueil d’E. Schwyzer et les travaux d’A. Thumb et de C. D. Buck264, les ouvrages d’A. Bartonek et de Ma P. Fernandez Alvarez265 sur le dialecte argien. Elles documentent aussi la prosopographie argienne dressée par M. Mitsos266, ainsi que les institutions du sanctuaire et de l’Argolide (ci-dessous).
II. Le sanctuaire à l’époque classique (fig. 1 et 2)
98Le sanctuaire connaît à l’époque classique deux nouvelles phases de construction, l’une entre 460 environ et la fin du ve ou le début du ive siècle, l’autre en plein ive siècle. Argos règne en maître sur le sanctuaire qui devient propriété exclusive de la cité au fur et à mesure qu’elle élimine les voisines par destruction ou “synœcisme”. Il semblerait que le territoire de Mycènes devienne propriété d’Héra267 (cf. ci-dessous III.). Attestant l’importance politique de la déesse dans ce nouveau contexte, le traité entre Argos, Cnossos et Tylissos prévoit, vers le milieu du ve siècle, que Cnossiens et Tylissiens sacrifieront à Héra dans un Héraion qui semble bien être celui d’Argolide268. Plus tard, les décrets d’Argos seront affichés l’Héraion269.
99II.1. Sur la première phase édilitaire (env. 460 – env. 390 av. J.-C.), P. Amandry270 a publié trois études complémentaires et décisives en 1952, 1957 et 1980. Manifestation tangible d’une prospérité retrouvée, puis d’une tranquillité assurée par la trève de 30 ans conclue avec Sparte en 451, un nouveau programme de constructions prévoit d’emblée la construction d’un nouveau temple et s’organise en fonction de ce projet majeur. Il s’agit de manifester aux yeux de tous l’hégémonie d’Argos après la destruction de Mycènes et de Tirynthe. Citons et résumons P. Amandry : « Le Portique Sud a été construit, ainsi que les murs de soutènement de la terrasse, au milieu et dans le troisième quart du ve siècle ; la construction de la nouvelle terrasse impliquant la décision de construire un nouveau temple, cette décision a été prise au moment où a été arrêté le programme d’ensemble, c’est à dire probablement dès avant le milieu du siècle ; l’incendie du temple en 423 n’est qu’un incident qui n’a joué aucun rôle déterminant »271. Toutefois l’incendie a réactivé la réalisation d’une partie du programme que la guerre du Péloponnèse avait ralentie, la construction du temple, l’objectif même de toute l’opération selon P. Amandry.
100R. Mason note que le temple archaïque étant, selon toute apparence, en bon état jusqu’à son incendie en 423/2, il peut y avoir, à la construction d’un nouveau temple, un autre motif (non pas contradictoire, mais complémentaire) que le seul prestige politique : Tirynthe détruite, Argos doit récupérer à son avantage et abriter dignement le xoanon en bois de poirier sauvage sculpté par Piren/Pirasos qui passe pour la plus ancienne effigie d’Héra en Argolide (Pausanias II 17, 5 ; cf. ci-dessus I.2.4. et n. 154)272. Argos entend donc assurer toutes les continuités et simultanément, sous un régime et dans un environnement politiques profondément modifiés, refonder le sanctuaire sur des bases idéologiques – politiques et religieuses – nouvelles.
101Ch. Pfaff propose une autre lecture du projet élaboré vers 460 : l’agrandissement et l’aménagement de la terrasse médiane – sur laquelle il doute, pourtant, que se soit élevé l’autel archaïque – constituaient à eux seuls l’unique objectif qui suffisait à embellir le sanctuaire et à accroître ses capacités d’accueil ; la terrasse se trouva offrir l’espace adéquat à la construction du nouveau temple lorsque l’incendie de 423/2 imposa cette entreprise273 et que l’on fit le choix délibéré de laisser la ruine visible, autrement dit de ne pas reconstruire sur le site de l’ancien temple, pour des raisons religieuses et/ou techniques qui nous échappent, mais dont il fait l’hypothèse274.
102En théorie, la “lecture” de P. Amandry et celle de Ch. Pfaff sont également possibles. Celle de P. Amandry ne se vérifierait de manière décisive que si la stratigraphie permettait de dater les fondations du temple avant 423/2. Celles-ci seraient-elles postérieures à l’incendie, les deux interprétations resteraient en concurrence275, la mise à exécution récente du projet n’infirmant pas son ancienneté. Malheureusement, les fouilles profondes effectuées de 1892 à 1894 à l’intérieur et autour des fondations laissent peu d’espoir d’éclaircir la question.
103II.1.1. Quoi qu’il en soit, l’aménagement de la terrasse médiane (de pair avec la construction du Portique Sud) est bien le premier des travaux du ve siècle, ce qui, me semble-t-il, confirme rétrospectivement, et contre l’avis de Ch. Pfaff, que là se trouve bien le centre du culte depuis les origines, donc l’autel. Qu’un nouveau temple ait été ou non prévu dès 460, on a voulu conférer à cette terrasse sur face, solidité et monumentalité, grâce à de généreux soutènements et aux gradins érigés à l’Ouest, au Sud et à l’Est. Le temple a trouvé sa place naturelle à l’Ouest de l’autel pré-existant.
104II.1.2. Le Portique Sud est donc une pièce maîtresse et première de cet aménagement, car construit en même temps que le mur de soutènement Sud et Ouest.
105Etudié par E. L. Tilton puis par P. Amandry qui le date de 460-450 (ou 450-440), il a fait l’objet en 1973 d’une publication complémentaire par J. J. Coulton qui, sur le fond, en apprécie l’architecture dans les mêmes termes que P. Amandry, mais en abaisserait volontiers la date vers celle de l’incendie (423/2) qui devait entraîner, de toute façon, la réalisation du temple classique276. P. Amandry souligne que méthode et cohérence obligent à retenir la date qu’imposent les proportions architecturales et le style du portique, les années 460-450 av. J.-C.277. J. des Courtils vient de montrer que dans le même temps, Argos démocratique se dote d’un Bouleutérion, la salle hypostyle construite en bordure de l’agora avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques. L’ambitieuse Argos entreprend donc, en ville et à l’Héraion, deux programmes parallèles dans le même contexte politique, pour une même manifestation de puissance278.
106Assez bien connue pour être restituée dans presque tous ses détails, la Stoa Sud possède aussi une partie de sa toiture d’origine : une particularité de la fixation des tuiles d’égout, dotées en sous-face d’un bourrelet qui s’engageait dans un saignée taillée au lit d’attente des larmiers, permet de les identifier et de préciser la chronologie du “style sévère” des simas et antéfixes corinthiennes279.
107Nous évoquions, pour l’époque archaïque, l’échelonnement des façades dans un paysage très tôt architecturé. Dans le projet de 460 tel que l’interprète P. Amandry, l’orientation du mur de soutènement Ouest de la terrasse médiane, construit aux extrêmes limites possibles, parallèlement au mur Est de l’Hestiatorion, et la forme trapézoïdale de la terrasse n’assurent pas seulement une esplanade confortable à l’Ouest du temple, elles dégagent, encadrent et mettent en valeur la façade Sud des Portiques Nord et Nord-Est. En 423/2, l’incendie du temple archaïque décapite la séquence initialement prévue où les colonnades devaient tenir les premiers plans280 : Portique Sud et gradins, Temple classique à péristasis relayée à l’arrière-plan par les Portiques Nord et Nord-Est, mur Sud de la plateforme pseudo-cyclopéenne et, au sommet, Temple archaïque à péristasis. Encore très imposants aujourd’hui, les murs de terrasse à gradins et de la plate-forme protoarchaïque ne donnent plus qu’une image tronquée du projet d’époque sévère. Précisons que dans l’interprétation que Ch. Pfaff propose du même projet, la séquence prévue ne comportait pas le temple classique.
108II.1.3 L’Edifice Est, curieuse salle hypostyle encombrée de 15 piliers et dont il faut rapprocher celle d’Argos, serait, selon P. Amandry, sensiblement contemporain du Portique Sud et antérieur au tronçon Est du mur de soutènement à gradins, soit antérieur à 450-440, ce qui paraît acccepté281. Dans la thèse inédite qu’il lui consacre en partie, R. Mason en révise l’architecture et la chronologie relative, mais sans fixer, semble-t-il, de date précise282. G. Kuhn fait remarquer que, bien que le temple ait occulté une partie de la vue que l’on pouvait avoir depuis le Portique Nord vers l’autel, le porche de l’Edifice Est offrait aux pèlerins et spectateurs, dès avant le milieu du siècle, un nouvel espace surélevé et couvert.
109II.1.4. Le temple classique. Les travaux de P. Amandry et de G. Roux283 ont été couronnés de résultats substantiels et définitifs auxquels Ch. Pfaff se plaît à rendre hommage284 avant de reprendre l’étude de l’édifice dans le cadre d’une thèse soutenue en 1992 à l’Université de New York. Véritable pré-publication, remarquable de minutie, elle ne modifie ni la date désormais admise d’un achèvement vers 400-390, ni les acquis sur le style du temple et sa situation dans l’histoire de l’architecture classique, mais elle offre une analyse de l’édifice et de ses matériaux bien plus détaillée, précise, complète que les mines le laissaient espérer285. En particulier, elle révèle un trait méconnu, identifié en 1952 par R. C. Wood à l’occasion d’un inventaire inédit des sculptures286 : il n’y avait pas une mais deux séries de métopes sculptées, les plus grandes réservées aux façades extérieures, peut-être seulement à l’Est et à l’Ouest, les plus petites aux façades intérieures du pronaos et de l’opisthodome. Ch. Pfaff reconnaît dans cet hapax la confluence des traditions péloponnésienne et attique287, déjà soulignée par G. Roux pour bien d’autres traits. Le sujet des petites métopes nous échappe ; mais une figure d’Amazone invite à reconsidérer l’interprétation du témoignage de Pausanias (II 17, 3) sur la répartition des thèmes, naissance de Zeus et gigantomachie d’une part, guerre de Troie et Ilioupersis d’autre part, entre métopes et frontons, façade Est et façade Ouest288.
110A. Delivorrias a dressé en 1974 l’état des recherches sur la sculpture du temple289. C. Lawton en reprend actuellement l’étude sur ces bases nouvelles. A la suite d’un recollage effectué par St. et I. Triantis290 en 1984, une pièce majeure, le torse dit de Chônika, jusqu’alors souvent considéré comme figure d’acrotère291, doit définitivement réintégrer l’un des frontons. Ce qui oblige à corriger tout ce que l’on vient d’écrire sur les acrotères végétaux et/ou figurés du temple et sur leur répartition292. Actuellement, on ne connaît plus, comme acrotères, que des fragments de compositions végétales.
111II.1.5. La statue de culte et son auteur. Tôt évoquées, confirmées par l’achèvement du temple dans les années 400-390 av. J.-C., les apories que soulève l’attribution de la statue chryséléphantine à l’auteur du Doryphore et la nécessité de l’attribuer “au plus tôt” à Polyclète II, le fils de Patroclès ( ?), ou mieux à Polyclète III, petit-fils du grand Polyclète, restent insolubles, telles que P. Amandry les avait présentées en 1957 à l’issue d’un exposé très clair de ces questions particulièrement complexes293.
112Pausanias (II 17, 5) dit ἀρxαῖον l’agalma posé sur une colonne, mais τὸ ἀρxαιότατον le xoanon assis de Tirynthe, ce qui non seulement concorde avec le mythe d’un Peiras/Peiren/Peirasos, très tôt placé dans les généalogies d’Argolide, sculptant le premier xoanon de la déesse, mais encore exprime la conviction des Tirynthiens (et peut-être de toute l’Argolide) que leur culte et leur sanctuaire d’Héra étaient antérieurs à tous autres en Argolide, sinon dans le monde grec. Aussi, quand l’Héraion célèbre au ve siècle la suprématie d’Argos sur toute l’Argolide après la destruction ou la soumission par “synœcisme” des cités environnantes294, il n’est pas fortuit, à mon sens, que la statue chryséléphantine ne reproduise pas l’effigie cultuelle archaïque de l’Héraion, l’agalma posé ou dressé sur une colonne, mais reprenne le type de l’Héra trônante de Tirynthe, captant ainsi à son profit exclusif l’héritage de la tradition alors considérée comme la plus ancienne.
113II.1.6. Prolongeant les observations de P. Amandry295, H. Lauter a étudié en 1973 la régularisation de la face Nord de la terrasse, qui complète le projet de 460 (fig. 2). Le nivellement de la terrasse semble avoir exigé le recreusement du terrain en façade du Portique Nord, recreusement compensé par l’installation des deux degrés inférieurs de crépis qui, du même coup, modernisaient l’édifice.
114La divergence des deux portiques fut partiellement masquée par d’autres degrés disposés presque selon la direction de la façade du Portique Nord au débouché du passage entre les deux édifices et devant le Portique Nord-Est. Ils faisaient aussi pendant à l’aile saillante (paraskènion) de l’extrémité Ouest du Portique Nord. Entre ces degrés et la façade de l’Edifice Nord-Est, un large soubassement (SF), sensiblement aligné sur le stylobate du Portique Nord, plus profondément fondé que les degrés, indépendant d’eux, et coupant l’angle qu’ils forment avec la façade du Portique Nord-Est, était destiné à porter, selon H. Lauter, une colonnade qui aurait prolongé celle du Portique Nord et masqué la façade de l’Edifice Nord-Est296. En raison de la guerre du Péloponnèse, cette colonnade ne fut probablement pas réalisée, sinon, dit-il, on en aurait des vestiges297.
115A l’exception de cette dernière hypothèse, l’entreprise peut paraître, dans ses grandes lignes, vraisemblable. En tout cas, les limites extrêmes auxquelles les degrés ont été construits à l’Est, ne laissant qu’un étroit passage près de l’angle Nord-Ouest de l’édifice hypostyle, permettent de restituer à peu près la longueur originelle du Portique Nord-Est, qui semble bien n’avoir été raccourci qu’après la construction des degrés298.
116Mais peut-on croire au projet de colonnade supposé par H. Lauter ? Le temple masque largement la façade de la Stoa Nord, donc la divergence des deux portiques. Dès qu’il fut projeté, au plus tard lorsqu’il fut commencé, la colonnade imaginée par H. Lauter devant l’Edifice Nord-Est perdait la plus grande partie de son intérêt, même si elle alignait le côté Nord de l’esplanade sur une direction parfaitement parallèle au côté Sud et au temple. Les degrés pouvaient assurer à moindre frais un effet similaire. Cela suffirait à expliquer que cette colonnade n’ait jamais été construite.
117Si toutefois elle fut jamais prévue. Car ce pur décor, ce trompe-l’œil aurait étonné au ve siècle et même bien plus tard. Son ancrage à la façade Sud du Portique Nord-Est eût déjà posé des problèmes considérables si celle-ci avait été fermée, comme H. Lauter le croyait. Ils sont insolubles puisque la façade était en réalité composée d’une colonnade : on imagine mal que de deux colonnades malgré tout très divergentes, la première ait pu masquer la deuxième. Le soubassement SF, sur le prolongement du stylobate du Portique Nord, n’est-il pas, plus simplement, le vestige d’une première tentative de régularisation de la face Nord de l’esplanade, ensuite masquée par les degrés ? Du reste, H. Lauter rappelle lui-même que le court tronçon Ouest de SF est décalé de 18 cm par rapport au tronçon Est qui longe la plus grande partie du Portique Nord-Est299 : ce décalage n’est pas favorable à l’implantation d’une colonnade.
118Le mur Est du Portique Nord, l’extrémité occidentale des degrés et la façade Est du temple sont à peu près alignés. Le temple cache juste le Portique Nord et sa façade se détache sur le volume ouvert, le passage entre les deux portiques ; la Stoa Nord n’encombre donc pas l’espace visuel réservé au temple ; de toute manière, celui-ci ne pouvait être implanté ni beaucoup plus vers l’Ouest, où la limite de terrain stable eût été vite atteinte, ni plus loin vers l’Est au risque d’être trop proche de l’autel. Entre les deux portiques, les degrés ne semblent pas être montés très haut vers la rampe d’accès au vieux temple300 : il n’était manifestement pas prévu d’en équiper complètement ce passage, mais seulement de régulariser son débouché en l’alignant sur la limite voulue pour le côté Nord de l’esplanade. Par ailleurs, G. Kuhn note que ces degrés, comme le porche de la salle hypostyle, offraient un peu de place et de hauteur aux fidèles en bordure d’un espace sacrificiel désormais réduit et presque invisible depuis le Portique Nord. Qu’entre les deux portiques le passage vers la plate-forme pseudocyclopéenne ait été encore utilisé quand le temple classique fut implanté ou qu’il ne l’ait déjà plus été parce que le temple archaïque avait brûlé, il y avait là, outre la plus ancienne avenue du sanctuaire ou son souvenir, un espace à ne pas perdre. On a donc avancé les degrés vers le Sud aussi loin que le permettaient l’espace et l’esthétique. Dès lors, la conception des degrés paraît prioritairement liée à la situation du temple classique sur la terrasse médiane, surtout relativement au Portique Nord, et à la fréquentation de l’esplanade Est lors des sacrifices. Loin de procéder d’une régularisation préliminaire de tout le côté Nord de la terrasse par référence exclusive à la façade du Portique Nord301, leur direction se déduit de l’orientation générale des édifices et de la séquence des principales phases de construction : le mur de soutènement de la terrasse médiane, le Portique Sud et les gradins Sud ont été construits d’abord et parallèlement au Portique Nord, puis le temple sur la même orientation à laquelle il était logique de soumettre à peu près les degrés Nord. Seule leur ligne inférieure, qui prolonge approximativement la façade du paraskènion, constitue, pour finir, une référence directe au Portique Nord : il fallait assurer une certaine régularité à la perspective du passage entre temple et portique, et, de toute manière, on ne pouvait avancer les degrés plus loin vers le Sud sans obstruer le passage près de la Salle hypostyle. Loin de constituer un aménagement “protoclassique” (“frühklassisch”) de la terrasse médiane, les degrés ont dû être construits en même temps que le temple ou après lui : le terminus ante quem nous est donné par le plus ancien des petits monuments érigés entre les deux portiques.
119En d’autres termes, la séquence des travaux me paraît avoir été la suivante :
aménagement de la terrasse médiane, de ses soutènements, du Portique Sud et des murs à gradins Sud et Sud-Est ;
abaissement du niveau de la terrasse médiane, du moins en façade du Portique Nord ; installation des deux degrés inférieurs du Portique Nord ;
construction du mur SF dans le prolongement du stylobate du Portique Nord, pour régulariser la bordure Nord de l’esplanade médiane ; il paraît avoir été prévu que SF soutiendrait un palier devant le passage et une terrasse devant le Portique Nord-Est ;
incendie du temple archaïque ;
construction du temple classique (qu’il ait été ou non projeté avant l’incendie) ;
construction des degrés entre les deux portiques et devant le Portique Nord-Est. A peu près parallèles au Portique Sud, au mur à gradins Sud et au temple, ils concilient nécessités pratiques et régularisation du côté Nord de l’esplanade, sans respecter exactement la direction donnée par le stylobate du Portique Nord, ce qui, visuellement, n’est plus nécessaire ; en revanche leur profondeur équilibre à peu près celle du paraskènion.
120Mais il est une variante possible de cette séquence : le soubassement SF peut très bien avoir été construit au début du processus, ou même avant l’élaboration du projet de 460, dans le but principal de masquer la divergence des façades des portiques en prolongeant le stylobate du Portique Nord par une terrasse ; celle-ci soulignait aussi d’un palier le début de la montée entre les deux stoas et, passant devant le Portique Nord-Est, y formait une “tribune” dominant la petite esplanade située à l’Est de l’autel.
121II.2. Deuxième phase édilitaire au ive siècle
122Ch. Pfaff vient de mettre en évidence une deuxième phase de construction au ive siècle, en rétablissant l’architecture, dans ses grandes lignes, et la date approximative de deux édifices302.
123II.2.1. Le Portique en L : galerie fermée d’après E. L. Tilton303, il s’ouvrait en réalité sur une colonnade extérieure dorique, portait un entablement à trois métopes par entrecolonnement et sa colonnade intérieure était ionique ; ces éléments ainsi que la modénature du geison le datent dans la première moitié du ive siècle.
124II.2.2. L’Édifice Nord-Ouest : autrefois décrit fermé avec une porte au Sud et supporté par 6 colonnes intérieures, l’Édifice Nord-Ouest oscillait de l’époque archaïque à la fin du ve siècle304. En réalité, ce hall à colonnade intérieure s’ouvrait à l’Est. Un bloc de geison ionique inédit et un chapiteau d’ante déjà connu305 lui reviennent, qui le datent du ive siècle.
125Le bénéfice des quatre études architecturales de Ch. Pfaff est considérable pour notre connaissance de l’aménagement du sanctuaire, de l’architecture de l’Argolide aux ve et ive siècle, et de la typologie des édifices. Mais aucune trace encore ne paraît avoir été retrouvée d’un autel de même âge que le temple.
126Rappelons enfin qu’à une époque encore indéterminée, le Portique Nord-Est fut raccourci, sa façade Sud tout ou partiellement fermée et son aménagement intérieur profondément remanié, en une ou plusieurs phases.
III. Le sanctuaire à l’époque hellénistique
127Au iiie siècle, on construit le grand autel à triglyphes bas publié par G. Roux306 en 1961.
128Le groupe des Charites (Pausanias II 17, 3) dédié par le vainqueur Sosibios est célébré par Callimaque (Aitia fr. 384, 44-46 R. Pfeiffer)307.
129D’après une inscription hellénistique tardive inédite, présentée par Ch. B. Kritzas, Héra possède à cette époque un domaine sacré apparemment très étendu dont les loyers reviennent à l’Etat, ἱερὰ καὶ δαμοσία xώρα308. Ce texte est à rapprocher de l’Argument des Néméennes (c, A. B. Drachmann309) évoquant les troupeaux sacrés de la déesse paissant jusque dans la plaine de Némée, autrement dit au Nord et au Nord-Ouest de l’Héraion, sur et bien au-delà de l’ancien territoire de Mycènes conquis par Argos dans les années 460 av. J.-C. : peut-être le scholiaste décrit-il une situation qui prévalut durant toute la période où Cléônai, ayant perdu son autonomie, fut une kôma d’Argos (surtout au iiie siècle av. J.-C.). Précisons toutefois que, même si les besoins sacrificiels du sanctuaire étaient considérables, la métaphore des troupeaux n’implique pas que tout ce territoire était terre sacrée, mais seulement qu’il était au pouvoir d’Argos (voir aussi ci-dessus II. et n. 267).
130Mais vers la fin du iiie, après le transfert définitif des Néméia à Argos, les concours de l’Héraion sont aussi transférés à Argos, et quittent le nom d’Hécatomboua pour celui d’Héraia. Dès lors, l’Héraion perd beaucoup sinon de son éclat, du moins de sa fréquentation. Quelques inscriptions hellénistiques y sont encore affichées, mais P. Amandry note que les bases de monuments votifs demeurées en place jusqu’à aujourd’hui remontent à l’époque classique310.
131Au cours de la période troublée des années 80 à 63 av. J.-C., les pirates dévastent de nombreux grands sanctuaires, dont en Argolide l’Asclépiéion d’Epidaure, le sanctuaire de Dèmèter Chtonia à Hermionè et l’Héraion qui jouissait non seulement de l’inviolabilité de tout sanctuaire, mais de l’asylie proprement dite, liée à l’institution des concours (Plutarque, Pompée 24, 6)311. L’importance des dégâts n’apparaîtrait qu’à l’examen détaillé de tous les édifices, à moins qu’il se soit agi surtout du pillage des trésors du sanctuaire et des matériaux précieux des monuments votifs. Sans doute la reconnaissance des Italiens d’Argos, des négociants, qui élèvent une statue à Q. Caecilius Metellus, peu après sa victoire de 68 sur les pirates et sur la Crète312, et celle des Argiens qui en élèvent une au Grand Pompée, « imperator pour la quatrième fois » (après sa victoire sur Mithridate), « sauveur et bienfaiteur de tous », sur l’agora d’Argos en 63 av. J.-C. ou peu après313, tiennent-elles en partie à ce douloureux souvenir.
IV. Le sanctuaire à l’époque impériale
132« L’Héraion demeurait, pour les Argiens, un sanctuaire vénérable par l’ancienneté des liens qui le rattachaient à leur ville. S’il ne s’est ni enrichi, ni renouvelé, du moins était-il entretenu. Du temps de Pausanias, le temple était encore en bon état et les statues chryséléphantines d’Héra et d’Hèbè en place, ainsi que les deux statues anciennes d’Héra, dont une en bois, d’autres statues devant le temple et dans le pronaos, et divers ex-voto. Mais à part cela, Pausanias n’a mentionné que les restes de l’ancien temple, pour raconter l’historiette de la prêtresse Chryséis »314.
133La réalité était peut-être moins terne. L’ancienne fouille a mis au jour un grand bâtiment romain doté de thermes, peut-être un gymnase315. Ch. Pfaff vient de montrer que deux édifices importants ont subi des réfections : le toit du temple a été réparé, des tuiles de marbre neuves posées316 ; au Portique Nord, l’ante Est et une partie des colonnades ont été reconstruites, et des réservoirs aménagés à l’extrémité occidentale de l’édifice317.
134Les libéralités impériales pour Argos, dont témoignent les autres concours de cette époque, ont certainement aussi maintenu le prestige sinon l’éclat du sanctuaire. Devant le temple d’Héra se dressait une statue d’Auguste que les Argiens disaient d’Oreste (Pausanias II 17, 3)318 ; or Agrippa avait restauré, dans les années 16-15 av. J.-C., les prérogatives de la Gérousie d’Argos et les privilèges de ses membres319, et Argos avait fondé des Sebasteia pentétériques en l’honneur d’Auguste (ci-dessous VI.3.). Néron320 offrit une couronne d’or et un péplos de pourpre (II 17, 6)321, Hadrien un paon322 d’or et de pierres précieuses (II 17, 6). Une statue d’Hadrien323 fut érigée dès 123 : son évergétisme pour Argos324 où il séjourna lors de son premier voyage en Grèce, à l’automne 124, et surtout la fondation du Panhellénion325 en 131/2 ne purent que profiter au sanctuaire. C’est probablement lors de son troisième voyage en Grèce, en 131/2, après la mort d’Antinoos (en 130) qu’Hadrien décida la reconstruction du bâtiment de scène du Théâtre d’Argos où avaient lieu une partie des épreuves de l’Aspis326, et que les Antinoeia furent fondés. Sous Hadrien et Gordien III, le paon servit de type monétaire327. D’Antonin-le-Pieux à Caracalla, le monnayage d’Argos reproduisit la statue cultuelle d’Héra trônant, seule ou avec la statue d’Hèbè par Naucydès ; entre elles, sur les monnaies d’Antonin-le-Pieux, le paon offert par Hadrien328. Les monnaies célébraient aussi l’antique splendeur du sanctuaire : sous Septime Sévère, elles reproduisaient les Charites de Sosibios (Callimaque Aitia fr. 384, 44-46 R. Pfeiffer ; Pausanias II 17, 3 ; supra III.)329.
135La dernière mention connue des Nemeia et de l’Aspis apparaît ca 253-257 dans la longue liste des victoires du héraut Valerius Eclectus (IG II-III2 3169-3170)330. Peut-être le concours disparut-il peu après, entraînant parallèlement le véritable déclin du sanctuaire. Toutefois, la prêtrise d’Archélaos, Cléidouque d’Héra Basileis, indiquerait – mais il faudrait un document plus explicite pour l’affirmer – que le culte survivait encore dans la deuxième moitié du ive siècle (ci-dessous V.3.4.).
V. Personnalité d’Héra, cultes, personnel du sanctuaire et affranchissements
V.1. Personnalité d’Héra
136Conformément aux limites fixées d’entrée, je n’évoquerai ici que quelques aspects de la divinité récemment mis en évidence, au détriment d’autres, plus connus. Je remets à une autre étude le rôle politique du sanctuaire.
137Implicitement divinité du mariage, Héra se révèle surtout, au travers des figurines, courotrophe et Hippia (ci-dessus I.3.1.).
138Contrairement à une affirmation trop fréquente, elle n’est très probablement pas Hoplosmia, Héra des armes : notons provisoirement331 et pour faire bref qu’il n’en a pas été trouvé parmi les offrandes.
139I. Weiler a mis en évidence une intéressante composante agonistique du conflit entre Héra et les Proïtides qui, selon le Commentaire de Servius à Virgile, Bucolique VI 48, auraient osé comparer leur beauté à celle de la déesse332.
V.2. Cultes
140V.2.1. Le secret qui entourait le rituel de l’Héraion (Pausanias II 17, 1) n’a pas été trahi. Mais l’Eleuthérion Hydôr qui courait le long de la route conduisant de Mycènes à l’Héraion et auquel, nous dit Pausanias, le clergé puisait pour les purifications et les besoins du culte secret (II 17, 1), l’importance du torrent oriental, l’Astérion, dont les filles étaient les nourrices d’Héra (II 17, 1) et près duquel poussait la plante du même nom dont les fidèles tressaient des guirlandes offertes à la déesse (II 17, 2), les aménagements du lit du torrent occidental, enfin les centaines d’hydries-miniatures découvertes par Ch. Waldstein, J. L. Caskey et P. Amandry333, disent assez l’importance de l’eau dans le culte d’Héra334. Elle est confirmée en Argolide même par le bain d’Héra à la source Canathos de Nauplie (Pausanias II 38, 2)335 et par un aspect peu connu du culte d’Héra Akraia à Argos, le bain de sa statue, pour lequel les prêtresses nommées Ἡρεσίδες ou Ἀρυσίτιδες puisaient l’eau au puits ou à la fontaine qui portait le nom de la Danaïde Ἵππη, sous cette forme ou sous la forme Ἵππειον336. Le rôle de l’eau dans certains cultes d’Héra a été souligné dans plusieurs études récentes, dont une de S. Guettel Cole, et une autre de R. A. Tomlinson sur Pérachora337.
141V.2.2. B. Alroth a montré que les figurines d’un sanctuaire révèlent souvent les cultes secondaires de ceux qu’elle appelle les « visiting gods »338, à l’Héraion, Artémis339, Aphrodite, Pan et Silène.
V.3. Le personnel du sanctuaire
142V.3.1 Un clergé féminin est bien attesté à l’Héraion.
Les prêtresses principales portaient peut-être, nous l’avons vu, le nom de Κλειδοῦxος. Sur elles, les chronographes Hellanicos de Lesbos et Timée s’étaient soigneusement documentés. Elles exerçaient leur fonction seules et à vie, si l’on en juge par ces chronologies et par la longue carrière de Chrys(é)is : elle était dans la 48ème année de son sacerdoce lorsque les Thébains occupèrent Platée en 429 (Thucydide II 2, 1), donc dans la 54ème année lorsqu’elle mit involontairement le feu au temple en 423 (Thucydide IV 133, 2-3 ; Pausanias II 17, 7 et III 5, 6). Après sa fuite, elle fut remplacée par une certaine Phanéis, elle aussi seule dans sa fonction. Les statues qui représentaient ces prêtresses, et dont Chryséis n’est pas absente (Pausanias II 17, 3 et 7), sont une autre indication de l’exercice durable et solitaire de la fonction : on n’imagine guère les Argiens élevant des statues à des collèges entiers de prêtresses. Le Périégète raconte qu’en dépit du malheur que fut, pour eux, l’incendie du temple, ils ne détruisirent pas celle de Chryséis qu’il a encore vue dressée devant la ruine (II 17, 7). Faut-il en déduire, avec F. Zevi340, que ces statues étaient en quelque sorte des portraits réalisés du vivant des prêtresses ? Pausanias, en homme de son temps, constate pour s’en étonner qu’il n’y a pas eu damnatio memoriae ; il ne faut, en réalité, préjuger ni de l’époque à laquelle la statue a été exécutée, ni des intentions précises des Argiens lorsqu’ils la firent sculpter : voulaient-ils ne pas faire d’exception pour Chryséis ? Que sont devenues les statues de toutes celles qui l’ont précédée ? Ont-elles été descendues devant le temple classique où elles se dressaient en compagnie de statues plus récentes (II 17,3) ? Celle de Chryséis, isolée devant la ruine du temple archaïque, attestait sa culpabilité au moins autant qu’elle était censée reproduire ses traits.
A propos de l’utilisation de l’Eleuthérion Hydôr pour le culte, Pausanias mentionne un collège féminin par la périphrase αἱ περὶ τὸ ἱερόν (II 17, l)341.
143V.3.2. Les hiéromnamons342, au nombre de quatre dans les documents qui donnent leurs noms, paraissent avoir été plutôt administrateurs et gestionnaires d’après les inscriptions qui les mentionnent. L. H. Jeffery a daté par la graphie les plus anciennes d’entre elles : leur activité est attestée depuis le premier quart du ve siècle, mais leur représentativité avant la main-mise d’Argos sur l’Héraion n’est pas tout à fait éclaircie343. L’inscription IG IV 517, datée de 460-450, où chacun des quatre hiéromnamons appartient à une tribu différente suffit-elle à indiquer qu’il y en avait un par tribu à partir du moment où Argos, qui s’est probablement dotée de la quatrième tribu des Hyrnathioi en même temps qu’elle adoptait une constitution démocratique, prit le contrôle exclusif de l’Héraion à partir de la destruction de Mycènes (après 468 av. J.-C.)344 ? Une inscription contemporaine donne quatre noms, probablement d’hiéromnamons, sans phylétiques, de sorte que la vérification est impossible345. Et ils sont déjà quatre, sans phylétique, dans l’inscription la plus ancienne datée par la graphie aux environs de 480-475 av. J.-C. Dès les années 460-450, le président de ce collège était désigné par l’emploi du verbe ἀƑρήτευε346.
144Deux inscriptions hellénistiques indiquent que les hiéromnamons présidaient aux affranchissements347, ou du moins les préparaient.
145D’après les décrets en l’honneur d’Aspendos348 et de Sériphos349, les Nemeia une fois passés sous la présidence d’Argos, le même collège, peut-être, assura l’organisation du culte et des fêtes d’Héra d’Argos et de Zeus de Némée350.
146V.3.3. Selon Hérodote VI 81, c’est un prêtre qui tente d’interdire à Cléomène de sacrifier à l’Héraion après sa victoire à Sépéia.
147V.3.4. Deux textes relativement tardifs mentionnent deux autres fonctions religieuses remplies par des hommes, mais dont l’ancienneté nous échappe, ainsi que la réalité même de leur exercice à l’Héraion.
Nonnos fait d’Inachos le néopolos d’Héra. Erudition puisant au fonds légendaire d’Argos ? Dans les institutions contemporaines du sanctuaire ? Ou bien choix métrique de poète351 pour une simple évocation du culte d’Héra ? Il serait heureux qu’un document plus fiable vienne le préciser.
Au ive siècle, un certain Archélaos, athénien habitant Argos, où il est Cleidouque d’Héra Basileis, initié aux mystères de Lerne et Dadouque de Corè, dédie un autel à Rhéa et Attis à Phlya à l’occasion du “premier” (en Attique ? à Phlya ?) taurobolion qui ait été accompli, et semble fixer les règles secrètes de cet autre culte (IG II2 4841 = Athènes Musée National inv. 1746)352. Ce notable cumule donc les prêtrises à Argos et à Athènes.
148A moins d’être purement honorifiques, les fonctions de néopole et de cleidouque peuvent être plus administratives que proprement cultuelles.
149Si la fonction de cléidouque se rapporte bien à l’Héraion, elle semblerait donc passée d’une femme à un homme, à moins qu’à l’époque impériale, elle ait été exercée conjointement par plusieurs personnes, homme(s) et femme(s). Toutefois, l’épiclèse Basileis n’apparaît que dans cette inscription tardive ; elle peut se rapporter à Héra de l’Héraion, qui généralement ne porte pas d’épiclèse, ou à Héra Antheia ou à Héra Acraia qui ont leur sanctuaire en ville, ou encore aux trois à la fois, de sorte qu’Archélaos serait Cléidouque “général” d’Héra, dans tous ses sanctuaires d’Argos353, ou enfin à une quatrième Héra seulement, Héra Basileis : à Myloi, l’ancienne Lerne, une dédicace d’époque impériale à Zeus et à Héra peut ou bien provenir du sanctuaire de Déméter et Coré ou de celui de Dionysos, ou bien signaler l’existence d’un sanctuaire d’Héra354. D’un culte de Cos à Héra Argeia Heleia Basileia (ci-dessous VII.3.3.), même attesté dès la fin du ive siècle av. J.-C., il serait imprudent de déduire que les épiclèses Argeia et Basileia étaient associées à l’Héraion d’Argos.
V.4. Les affranchissements
150V.4.1. Ils nous sont connus par quatre listes355 d’époque hellénistique. Hormis la participation des hiéromnamons (ci-dessus V.3.2.), la procédure nous échappe. Les noms des affranchis ont été recensés par L. C. Reilly356 dans la prosopographie qu’elle a publiée en 1978. Affranchis et garants figurent aussi dans la prosopographie argienne dressée par M. Mitsos.
151V.4.2. L’Eleutherion Hydôr que buvaient les esclaves sur le point d’être affranchis ou les nouveaux affranchis (Athénée III 123 c ; Eustathe, Ad Od. XIII 408 ; Hésychius s.v. Ἐλευθέριον ὕδωρ), qui servait aussi aux rites secrets (Pausanias II 17, 1) et qui, selon Eusthate et Hésychius, jaillissait de la fontaine Kynadra, n’a pas été identifié, non plus que la fontaine.
152V.4.3. Même s’il paraît naturel que les affranchissements soient prononcés dans le grand sanctuaire régional d’Argolide, il me semble qu’il faut surtout y reconnaître la compétence commune d’Héra et d’Hébè357, dont la statue, due à Naucydès, se dressait à côté de la statue cultuelle de sa mère (Pausanias II 17, 5)358 et dont le mariage mythique avec Héraclès était représenté, en relief, sur un autel d’argent placé dans le temple (II 17, 6). Sur l’acropole de Phlionte – où, d’après Thucydide (IV 133, 3), la prêtresse Chrys(é)is aurait trouvé refuge après l’incendie du temple archaïque de l’Héraion – Hébè-Ganyméda-Dia accordait refuge aux suppliants dans son sanctuaire ; par ailleurs, les prisonniers libérés y dédiaient leurs chaînes qu’ils suspendaient aux arbres du bois sacré ; à la sortie de ce sanctuaire se trouvait un temple d’Héra (Strabon VIII 6, 24, p. 382 ; Pausanias II 13, 3-4). Dans son sanctuaire fondé à Sicyone par Adraste (Pausanias II 11, 1), Héra, sous l’épiclèse d’Aléa, était accueillante aux fugitifs et aux bannis (scholie à Pindare, Ném. IX, 30 a A.B. Drachmann359) ; Strabon nous dit qu’à Sicyone, Hèbè était vénérée sous le nom de Dia comme à Phlionte (Strabon VIII 6, 24, p. 382). Rappelons aussi les dédicaces d’affranchis à Héra Eleutheria dans le sanctuaire du Cap Lacinien360, et les chaînes de prisonniers consacrées, probablement à Héra, au sanctuaire de Vigna Nuova de Crotone361 (voir ici même la communication de R. Spadea). L’alliance de la mère et de la fille dans les cultes de cités voisines ou proches, Mantinée, Phlionte, Sicyone, atteste sinon le rayonnement du culte argien (il faudrait, pour le prouver, savoir dans quel ordre chronologique ces cultes conjoints ont été fondés), du moins un fonds de croyances et de cultes communs au Nord-Est du Péloponnèse362.
VI. Le concours et ses institutions
153Du nom du concours aux prix et aux monuments honorifiques, nos connaissances se sont considérablement renouvelées et enrichies en quelque quarante ans, grâce aux travaux de P. Amandry, P. Charneux, L. Moretti et P. Perlman.
VI.1. Noms du concours
154Probablement anonyme jusqu’en plein ive siècle, le concours a sans doute commencé à s’appeler Ήκατόμβουα, comme le sacrifice, dès le ve siècle ; il a porté ce nom jusque dans la seconde moitié du iiie siècle ; puis il a pris, probablement à l’occasion de son transfert de l’Héraion à la ville d’Argos, celui d’Ἡραῖα (parfois précisé par τὰ ἐν Ἄργει) qu’il a gardé jusque dans le courant du iie siècle ap. J.-C. bien qu’une troisième dénomination soit apparue au Ier siècle ap. J.-C., Ἡ ἐξ (ou ἀπὸ) Ἄργους ἀσπίς ou Ἡ ἀσπίς, d’après le seul prix que l’on y remettait depuis longtemps et qui représentait l’une des plus célèbres productions bronzières d’Argos363. L. Moretti a précisé vers 80 ap. J.-C. la date où le concours prit le nom d’Aspis364. Il n’est pas attesté après 257 et cesse d’exister peut-être dès la deuxième moitié du iiie siècle (ci-dessus IV.).
VI. 2. Statut du concours
155A l’époque impériale, comptait-il en permanence au nombre élargi des concours de la “période” comme le n° 231 des Inschriften von Olympia365 paraît bien l’indiquer, ou n’en fut-il qu’un équivalent occasionnel, notamment pour les musiciens auxquels ne s’adressait aucune épreuve du concours d’Olympie366 ? La première thèse semble devoir prévaloir367.
VI.3. Périodicité et calendrier
156VI.3.1. Une inscription sur plaque de bronze de 450 av. J.-C. environ mentionne une pentétéris où Ch. B. Kritzas reconnaît le concours d’Héra368. A l’époque hellénistique, tous les deux ans, Heraia et Nemeia se succèdent à un bref intervalle de temps, presque indissolublement liés dans les formulations mais non par leurs programmmes qui resteront toujours distincts369.
157En effet, Argos prend en main l’organisation des Nemeia et en supporte les frais à partir du dernier tiers du ive siècle, semble-t-il370, bien avant leur transfert quasi définitif371 à Argos vers 270-260 selon St. G. Miller372 ou seulement vers 225 av. J.-C. selon P. Amandry373. Plus tard s’ajoutent les concours, peu documentés, des Titeia, fondés peu après 195 av. J.-C.374, mais dont nous ne savons pas s’ils se célèbrent encore à l’époque impériale, des Sebasteia, pentétériques375, des Trajaneia376 et des Antinoeia377. D’après les mentions d’un agonothète et d’hellanodices communs aux Heraia et aux Nemeia dès l’époque hellénistique378 (voir ci-dessous VI.5.), d’un secrétaire commun à l’époque impériale379 (mais peut-être plus tôt), et d’un agonothète commun pour les Nemeia et les Sebasteia380, « l’hypothèse généralement admise est que, tous les deux ans, on célébrait en même temps une fois les Némeia et les Héraia et la fois suivante les Némeia et les Sébasteia »381 : à l’époque impériale, le concours d’Héra était donc pentétérique (Cf. Hygin, Fabulae, CLXX).
158VI.3.2. Les concours d’Héra et de Zeus se succédaient-ils à la mi-juin et au début de juillet, comme il paraissait établi382 ? Ou bien les Nemeia étaient-ils plutôt célébrés à la nouvelle lune du mois de Panamos que P. Perlman situe en août-septembre au terme d’une étude consacrée au calendrier des concours néméens à l’époque hellénistique383 ?
VI. 4. Les théarodoques
159Aux deux listes de théarodoques, l’une trouvée à Argos, datée ca 330 av. J.-C. et publiée par P. Charneux384, l’autre, un peu plus récente, peut-être de 323/2, trouvée à Némée et publiée par P. Perlman puis St. G. Miller385, s’ajoutent les nombreux décrets honorifiques d’époque hellénistique (surtout du iiie siècle) où, entre autres titres et privilèges, Argos dispense théarodoquie et proédrie386. Ils fondent pour une très grande partie la thèse de P. Perlman sur la théarodoquie dans le Péloponnèse, dont on ne peut séparer les substantiels commentaires qu’en a donnés P. Charneux387. Sauf un décret accordant la théarodoquie de la seule Héra d’Argos388, tous accordent celle d’Héra d’Argos et de Zeus de Némée ; mais les institutions de l’épangélie et de la théarodoquie sont certainement très antérieures au deux listes, aux décrets honorifiques et à la présidence argienne des Nemeia389. La transcription sur pierre des deux listes, qui ne sont probablement ni les premières ni les dernières du genre et portent trace de mises à jour, « n’a pas été motivée par l’institution de l’épangélie mais par le fait que, à partir d’Alexandre, le rayon des théories s’est élargi et que de nouvelles cités ont été visitées. Le fait qu’Argos ait remplacé Cléonai à la présidence des concours a certainement joué aussi un rôle en l’occurrence (...) » (P. Charneux).
160Ces listes, même incomplètes, et ces décrets disent assez la renommée des concours d’Héra et de Zeus, dont on apprécie mieux encore l’étendue si l’on considère aussi les origines lointaines et variées des vainqueurs. La proxénie étant le plus souvent octroyée en même temps que la théarodoquie, ces documents témoignent aussi des relations politiques de la cité d’Argos390.
VI.5. Les magistrats agonistiques
161Leur connaissance s’est également accrue au fil de la découverte des textes. A l’époque où ils nous apparaissent, ils sont, pour la plupart, communs aux concours d’Héra et de Zeus. Je renvoie ici aux études ou synthèses principales.
L’agonothète : Amandry 1980, 223-224 ; Stroud 1984, 204. En 303 av. J.-C., Démétrios Poliorcète est agnonothète des Heraia (Plutarque, Démétrios, 25, 2), mais en 207 Philippe V est agonothète des Heraia et des Nemeia (Tite-Live XXVII 30, 9).
Les hellanodices, à l’origine propres aux Nemeia : Robert 1948b, 60 ; Robert 1950, 80. Charneux 1956, 608-609. Stroud 1984, 204. P. Charneux, dans Bull, ép., 1987, n° 603, p. 404. A l’époque hellénistique, la proclamation des honneurs est assurée par l’agonothète ou les hellanodices : Charneux 1990, 411-413.
Le secrétaire, γροϕεύς, attesté par la liste de magistrats agonistiques Musée d’Argos inv. E 26, du iie-iiie siècle ap. J.-C. : Charneux 1956, 605, li. 17, et 609-610.
Un collège de secrétaires, γραμματείς : ibid.
L’εἰσαγωγεύς : IG IV 594 (Zôpyros εἰσαγωγεύς). Musée d’Argos inv. E 28 : Charneux 1956, 610-614, n° VII (Diodotos, Cléosthénès et Kalléas, fils de Cn. Pompéius Cléosthénès, lui-même agonothète, εἰσαγωγείς ; iie siècle, époque des Antonins). Musée d’Argos inv. E 30 (C. Claudius Tychicus, εἰσαγωγεύς des Heraia) : Piérart 1985, 355-356 ; d’où P. Charneux, dans Bull. ép. 1987, n° 611, avec renvoi à l’interprétation exacte de cette “fonction de parade” (plutôt que magistrature) dévolue à des jeunes gens, par Robert 1929, 140-142 (= Opera Minora II, 1106-1108) ; Robert 1966, 738-739 ; Robert 1982, 273-275. A moins que la mention des Nemeia n’ait été omise de l’inscription inv. E 30, il y eut un eisagôgeus pour chacun des concours soit avant soit après391 qu’il n’y en ait eu qu’un pour les deux concours ; cette inscription pourrait donner l’une des dernières attestations du concours sous le nom d’Heraia. L’eisagôgeus, les eisagôgeis « introduisaient solennellement les concurrents », selon les termes de L. Robert.
le xystarque, attesté par la liste de magistrats agonistiques Musée d’Argos inv. E 26 : sCharneux 1956, 605, li. 15-16, et 609. C’est, en l’occurrence, un étranger.
VI.6. Programmes et vainqueurs
162Les textes littéraires et les inscriptions qui célèbrent les vainqueurs font aussi connaître les épreuves du concours et, par suite, les programmes à une époque donnée, ou du moins sous l’un des noms du concours d’Héra. C’est ainsi que P. Amandry, réunissant le plus grand nombre de documents, a restitué l’essentiel des programmes392. Il est exclu de citer ici tous les documents, leurs publications et leurs commentaires. Il n’existe pas encore de listes systématiques des vainqueurs au concours d’Héra, analogues à celles des Olympioniques dressées par L. Moretti393. Ses prosopographies, son recueil d’inscriptions agonistiques394 et l’ensemble de ses travaux, ainsi que les épigrammes395 et les inscriptions sont évidemment autant de points de départ d’un recensement, de même que la prosopographie des technites dionysiaques établie par I. E. Stephanis396 en 1988 et ses index.
VI.7. Prix
163VI.7.1. P. Amandry a récemment dressé la liste de cinq objets de bronze reçus en prix397 παρ hζέρας Άργείας, entre 470-460 et 420, et retrouvés en divers endroits du monde grec, trois hydries, dont une provient d’une tombe de Sinope, un lébès provenant d’une tombe d’Athènes et un trépied qui faisait partie du mobilier de la tombe de Philippe II mise au jour à Vergina en 1977. Ce dernier a été également publié par son inventeur, M. Andronicos398. Une quatrième hydrie, des années 460-450, a été découverte à Pompéi399. L’exemplaire trouvé à Sinope (conservé au musée d’Ankara) portait une deuxième inscription, un peu plus récente, et qui, déchiffrée par Ch. B. Kritzas, indique qu’après avoir servi de prix aux concours d’Héra, le vase récompensa un autre vainqueur d’un autre concours célébré à Phénéos en l’honneur des Dioscures et dont elle révèle, du même coup, l’existence400.
164VI.7.2. Ces quatre hydries sont autant de documents incontestables de la plastique argienne du ve siècle401, et illustrent, avec le lébès et le trépied, une partie de la production bronzière d’Argos à même époque402.
165VI.7.3. Toutefois, les objets effectivement retrouvés n’épuisent pas la liste des prix possibles : la scholie à Pindare Ol. VII 152 a A. B. Drachmann, énumère trépied, lébès, bouclier (aspis) et cratère. Ou bien cette liste est elle aussi incomplète, et la fusion des deux approcherait la vérité (trépied, lébès, hydrie, bouclier et cratère), ou bien la liste a varié403, avant que le bouclier, l’aspis, devienne, avec la couronne de myrte (scholie à Ol. VII 152 b) le seul prix qui soit remis à toutes les épreuves (voir la scholie à Ol. VII 152 c), et l’image même du concours404 (ci-dessous VI.8.2.). Du moins la scholie à Ol. VII 152 a nous assure-t-elle que les prix sont restés très variés405 jusqu’au iiie ou iie siècle.
VI.8. Monuments honorifiques et funéraires
166VI.8.1. E. McGowan vient d’étudier le symbolisme votif et funéraire de la colonne dorique qui, par ailleurs, sert si souvent de borne sur les pistes de course et les hippodromes406. Deux monuments trouvés à l’Héraion d’Argos et dans son voisinage immédiat fondent parfaitement son propos. D’une part le chapiteau dorique votif dédié par Timoclès et portant une liste de victoires à plusieurs concours dont subsistent les noms de Némée, Tégée, Cleitor et Pellana407 : trouvé dans le sanctuaire, le chapiteau devait porter aussi mention du concours d’Héra, et Timoclès lui-même semble bien être le vainqueur, dédiant à la déesse, en signe de reconnaissance, la belle liste de ses victoires. D’autre part, le chapiteau dorique funéraire, érigé par Kosina à la mémoire de son mari ou son fils Hyssematas mort à la guerre et enterré près de l’hippodrome : il était expert en chevaux et avait remporté des prix408.
167VI.8.2. P. Amandry a réuni divers documents énumérant les victoires d’athlètes et d’acteurs, celles qui ont été remportées aux concours d’Héra étant inscrites dans et symbolisées par des couronnes et des boucliers409.
VII. En guise de conclusion : l’Héraion d’Argos, un modèle ?
168En guise de conclusion, j’évoquerai rapidement d’autres sanctuaires d’Héra de Grèce continentale et insulaire410 supposés avoir entretenu des relations avec l’Héraion d’Argos, et l’état des connaissances sur ces relations.
169VII.1. De l’enquête fort instructive menée par I. Kilian-Dirlmeier sur les offrandes “étrangères” déposées au viiie et au début du viie siècle dans les sanctuaires de Phères en Thessalie, de Pérachora, d’Olympie et de Samos411, le résultat peut surprendre dans les cas de Pérachora et de Samos.
170VII.1.1. Bien qu’une version du mythe fondateur du sanctuaire de Samos en fasse une filiale de celui d’Argos (Pausanias VII 4, 4 ; Dieg. IV 22 de Callimaque, Aitia fr. 100 R. Pfeiffer), Samos n’a pas livré le moindre objet d’origine argienne412. Du reste, Héra y refusait le myrte (Nicandre, Alexipharmaca 618-620 et scholies) dont on tressait, à Argos, les couronnes agonistiques et qu’on lui offrait, ou qu’elle portait, en couronne d’or à Crotone (supra VI.7.3. et n. 404).
171VII.1.2. A Pérachora, où 74 % des objets proviennent du “Levant”, l’Argolide (11,9 %) semblerait de loin la mieux représentée des régions de Grèce propre. L’ancienneté des objets “argiens” fit longtemps croire, H. Payne le premier, que le sanctuaire de Pérachora avait été fondé grâce à une importante contribution argienne et qu’il était à certains égards une filiale de l’Héraion d’Argos, une opinion que I. Kilian ne critique pas mais ne reprend pas non plus à son compte413. En réalité, le bilan est encore moins favorable à l’Argolide qu’I. Kilian pouvait le penser. Certes, elle nous prévient des incertitudes du décompte sur un matériel très largement publié mais incomplètement illustré. Toutefois, le pourcentage qu’elle annonce est certainement surévalué. Sur les 50 objets donnés pour argiens dans la publication de Pérachora et dans quelques ouvrages ultérieurs, et dont elle dresse la liste,
un petit cheval de bronze vient d’être indubitablement attribué à Corinthe par J. L. Zimmermann414 ;
P. Courbin doute fort que les 5 maquettes d’édifices, les 14 petits gâteaux d’argile, et plus d’une vingtaine des 27 tessons ou vases recensés soient d’origine argienne415.
172Ainsi tombés à 1 % environ, les objets susceptibles d’être argiens se réduisent à 4 calathiskoi de terre cuite sur lesquels P. Courbin ne s’est pas prononcé, 4 ou 5 tessons et un vase, ainsi qu’un sceau argien, vestiges d’une très modeste fréquentation de proximité.
173Par ailleurs, le nombre élevé d’objets orientaux s’explique pour une petite partie, selon I. Kilian-Dirlmeier, mais pour la quasi totalité selon R. A. Tomlinson et U. Sinn, non pas par la fréquentation directe du sanctuaire par des Orientaux, mais par le commerce de Corinthe qui pourvoit de ces objets les Corinthiens eux-mêmes, lesquels les offrent dans leur sanctuaire. En particulier, U. Sinn soutient que l’Héraion de Pérachora n’est que d’intérêt local, conçu comme lieu de refuge pour les populations et les troupeaux de la Pérée en cas d’attaque ennemie, ainsi que pour les bannis politiques de la cité, et fréquenté quasi exclusivement par des Corinthiens416.
174L’Argolide n’a jamais été très ouverte à l’outremer, et l’on pourrait défendre la même interprétation des 5 fibules italiques et des quelques objets orientaux, insulaires et balkaniques qui nous ont retenus un instant (supra I.3.2.). Les cas très différents de ces deux sanctuaires disent donc assez la difficulté d’apprécier les offrandes en termes d’échanges et de commerce.
175VII.2. Une fois écartée toute vraisemblance de participation argienne à la fondation du Sanctuaire de Pérachora, d’intérêt essentiellement corinthien, il reste tout de même à souligner, comme vient de le faire Bl. Ménadier, la similitude des objets utilisés et offerts à Pérachora et à l’Héraion d’Argos, surtout à partir du viie siècle, maquettes d’édifices, coulouria, figurines, calathiskoi, vaisselle de banquet, phiales de bronze pour libations, plusieurs, nous l’avons vu, importées du Moyen-Orient tant à Pérachora qu’à Argos, broches, épingles géantes – dont un bon nombre, à Pérachora, de fabrication argienne -, sceaux, ivoires, quelques-uns corinthiens à l’Héraion : elle s’interprète surtout en termes de pratiques cultuelles similaires et de liens d’ordre religieux entre deux grands sanctuaires d’une divinité prédominante dans le Nord-Est du Péloponnèse jusqu’à la fin de l’époque archaïque417. Des trois sanctuaires lacédémoniens d’Héra, celui d’Héra Argeia passait pour avoir été fondé par Eurydice, fille de Lakedaimôn et épouse d’Acrisios, arrière-petit-fils de Danaos (Pausanias III 13, 9) ; dans l’histoire mythique, il amorçait la tradition des liens étroits qui uniraient Ménélas et Agamemnon, Hélène et Clytemnestre, Sparte et Mycènes, et faisait remonter très tôt l’égale affection dont Héra privilégiait Mycènes, Argos et Sparte (Iliade IV, 51-52). Cl. Caíame a rappelé aussi le contexte et les processus mythiques et généalogiques par lesquels ce sanctuaire et cette alliance matrimoniale élargissaient l’espace lacédémonien vers l’Argolide et contribuaient à fonder les prétentions de Sparte sur Argos418. Malheureusement, le sanctuaire ne paraît pas avoir été identifié.
176VII.3. Le bilan ne s’est pas non plus enrichi du côté des apoikiai argiennes, pourtant nombreuses d’après les textes419.
177VII.3.1. A Egine, Pindare nous révèle un concours d’Héra (Pyth. VIII, 79) et d’après une scholie à Pyth. VIII, 113 c A. B. Drachmann, des Heraia s’y déroulaient sur le modèle des Heraia d’Argos « parce que les Eginètes étaient des ἄποικοι Ἀργείων ». Le sanctuaire d’Egine ne paraît pas avoir été découvert.
178VII.3.2. Sur Rhodes fondée par les Argiens selon Pindare (Ol. VII) et Thucydide (VII 57, 6), malgré l’existence, à Lindos, d’une tribu Ἀργεία et d’un dème nommé Ἄργoς420, le culte d’Héra, peu développé421, ne manifestait, semble-t-il, aucune relation explicite avec Argos. A Lindos, un autel a été dédié à Héra Basileia à l’époque flavienne422 : bien que l’épiclèse soit attestée dès la fin du ive siècle av. J.-C. à Cos où elle est associée à Argeia (ci-dessous VII.2.3.), elle n’indique aucun lien assuré avec Argos où elle n’apparaît qu’au ive siècle ap. J.-C. (ci-dessus V.3.3., IG II2 4841, li. 7). D’après les documents disponibles, Hera Basileia serait plutôt une création hellénistique du Dodécanèse.
179VII.3.3. Vers la fin du ive siècle av. J.-C., le calendrier de Cos mentionne une fête d’Héra Argeia Heleia Basileia423 et sous l’empereur Claude, un certain C. Stertinius Xenophon cumule plusieurs prêtrises dont celle d’Héra Heleia Argeia Basileia424.
180VII.3.4. Reste le cas encore plus obscur du sanctuaire d’Héra Pharygaia fondé à Pharygai de Locride sur le modèle de celui d’Héra à Pharygai d’Argolide, car, nous dit Strabon (IX 4, 6), Pharygai de Locride avait été fondée par des ἄποικοι Ἀργείων. Etienne de Byzance, qui paraît tenir ses informations de Strabon, mentionne le même sanctuaire de Locride s.v. Φαρύγαι. Tous deux affirment que Pharygai est l’homérique Tarphè (Iliade II 533) : elle se trouve en altitude, à 20 stades de Thronion, sur la vallée du Boagrios, dans une région d’épaisses forêts, et son territoire est particulièrement fertile et boisé. Le toponyme Pharygai n’est pas autrement attesté ni en Locride ni en Argolide.
181Récemment, W. K. Pritchett a reconnu la cité de Thronion, puis celle de Naryka qu’il situe près du col de Fontana. Il identifie Pharygai à Naryka, estimant qu’un copiste fautif du texte de Strabon a corrigé abusivement Naryka en Pharygai d’après l’épiclèse Pharygaia, qu’il considère comme correcte : en effet, on connaît un Cap Pharygion en Phocide. Ainsi, le sanctuaire d’Héra Pharygaia existerait bien, mais à Naryka, Pharygai n’ayant en revanche jamais existé425.
182Cette hypothèse ne résout pas le problème de la référence toponymique argienne donnée par Strabon : Héra tient-elle son épiclèse d’une authentique Pharygai d’Argolide ? Ou bien le copiste a-t-il aussi corrigé en Pharygai une Naryka d’Argolide ? Dans ce cas, c’est l’origine de l’épiclèse Pharygaia qu’il faudrait expliquer. Du moins le texte de Strabon témoigne-t-il du prestige d’Héra d’Argolide.
183En quels termes apprécier ce prestige ? A l’exception possible mais invérifiée des cas d’Egine et de Sparte, les cultes proprement dits, les pèlerins et les objets d’Argolide ne “s’exportèrent” pas. Mais alliés à l’universalité d’Héra, Ἄργoς et ἀργεῖος, si fréquents dans la géographie et la toponymie426, étaient faciles à interpréter en faveur de ces mythiques syngeneiai que les cités célébraient si volontiers aux époques hellénistique et impériale427. La place de cette communication au début de ce colloque ne saurait donc conforter le rôle parfois prêté à l’Héraion d’Argos : son site remarquable, sa belle architecture, sa longue histoire, son authentique prestige religieux et agonistique n’en firent pas un modèle, mais au plus une utile référence politique et oratoire, au demeurant assez rare et tardive.
184[Novembre 1994]
Notes de bas de page
1 Je remercie sincèrement Madame I. Strøm de nos fructueux échanges épistolaires. Elle a bien voulu m’envoyer en août 1995 son important article mentionné ci-dessous sous la référence “Strøm 1995”. Il n’a plus été possible d’intégrer au manuscrit les conclusions du nouvel et minutieux examen auquel elle a soumis les objets de bronze d’époque géométrique ; le titre en dit clairement les perspectives ; le lecteur en trouvera plusieurs rappels, à la fin des notes. Quelques compléments ont été introduits sur épreuves.
2 Blegen, Prosymna. Blegen 1937 ; Blegen 1939.
3 Caskey / Amandrv 1952 ; Amandry 1952.
4 AH I et II.
5 Qui suppose donc des choix et autorise l’expression de quelques opinions et recherches personnelles. De manière générale, je n’ai pas cherché une utopique exhaustivité. Choix bibliographiques : il était exclu de citer tous les ouvrages sur l’architecture, l’histoire, la plastique, la céramique grecques où l’Héraion est mentionné. Choix thématiques : j’ai volontairement écarté le débat sur les cultes funéraires, la fonction du sanctuaire en Argolide et les mythes (voir les deux notes suivantes) au profit de l’archéologie matérielle et des institutions. Enfin, je me suis permis d’intervenir dans les débats et de présenter quelques recherches et synthèses personnelles sur la restitution et la date du temple archaïque (I.2.2. et annexe), l’autel archaïque (I.2.5.), le rôle de la terrasse médiane dans l’histoire du sanctuaire et son aménagement à l’époque classique (II.1.6.), les effigies cultuelles d’Héra (I.2.4. et II.1.5.), le personnel du sanctuaire (V.3.), Héra et Hèbè protectrices des affranchis (V.4.3.) et le rayonnement de l’Héraion (VII).
6 C’est intentionnellement qu’à propos des cultes funéraires mis en évidence par C. W. Blegen (surtout Blegen 1937) je ne rappellerai ni les diverses interprétations “héroïques” qui en ont été proposées depuis un quart de siècle, ni les éclairages qu’elles ont pu jeter sur la fondation et le rôle du sanctuaire à l’époque archaïque. Cette question très débattue jusqu’à ce jour – et que j’ai moi-même abordée lors de la XIIe journée d’études du CRA de l’Université Ch. de Gaulle-Lille III le 11 décembre 1989 sous le titre “Environnement et utilisation politique d’un sanctuaire ethnique, l’Héraion d’Argos” – concerne bien d’autres sanctuaires et pourrait désormais, à elle-seule, faire l’objet d’une copieuse synthèse. J’indiquais en 1989, et je maintiens 1) que l’Héraion ne peut avoir été un sanctuaire de frontière ; 2) qu’il ne pouvait donc pas non plus signifier, avant le ve siècle, la mainmise de telle ou telle communauté, pas même Argos, sur cette région ; 3) que la découverte des tombes helladiques fut consécutive à la fondation du sanctuaire et non l’inverse ; 4) que le “culte funéraire” n’a duré qu’une génération, le temps des premiers aménagements construits de l’Héraion, et qu’il relève d’un réflexe assez naturel de vénération que l’on constate aussi en d’autres lieux et temps, sans nullement revêtir les caractères d’un “culte héroïque” ou la réminiscence d’un passé prestigieux. Les essais de clarification proposés par Antonaccio 1994a, 90-92 et 93-96 et Antonaccio 1994b et 1995 me paraissent surévaluer encore ces manifestations brèves, modestes et secondaires, et leur part dans la fondation du sanctuaire qui n’est, d’origine, ni mycénien, ni tirynthien, ni argien, mais “ethnique”, intéressant toutes les populations de la région au moins jusqu’aux confins de Cléonai et de Corinthe (cf. les premières offrandes de trépieds).
7 De même, malgré leurs implications politiques, les mythes liés à l’Héraion – enfances, mariage et souveraineté d’Héra sur l’Argolide, Proïtides, Iô, Argos Panoptas et Hermès Argeiphontès, folie de Dionysos – suscitent trop d’études pour qu’une synthèse puisse leur être ici consacrée.
8 Lire les belles lignes de Amandry 1980, 235 et 250.
9 Vision souvent privilégiée par les historiens, parfois même exclusive, ainsi Polignac 1984. Mais ce dernier vient de la nuancer : Polignac 1994 et 1995. Néanmoins, les réflexions de ces dernières années (Polignac, Antonaccio, Hall) ignorent pratiquement l’arrière-pays qui se révèle pourtant réoccupé et actif au GR : G. Eckroth in Wells/Runnels 1996, 179-227.
10 Steffen / Lolling 1884. En particulier la route mycénienne explorée depuis par Mylonas (1966, 86-87), Hope Simpson (1981, 15-17) et la tout récente campagne de prospection suédoise : Wells et al. 1990, 210 et 223-227, fig. 18 à 23.
11 Hope Simpson 1965, n° 4 ; Bintliff 1977, 285-289 ; Hope Simpson/Dickinson 1979, A 4,38.
12 Foley 1988, 45, 65-66, 73, 135-139.
13 Wells et al. 1990. Sur la même prospection, BCH, 113, 1989, 600 ; 114, 1990, 727 ; 115, 1991, 857. Wells/Runnels 1996.
14 Lolling in Steffen / Lolling 1884, 43-48 ; Spence 1961, 1-5, 11-20, 52-57, 72-76 ; Adshead 1986, 2-4.
15 Voir par ex. Wiseman 1978, 118-121 et 125, fig. 160-174 ; Kardulias 1992 ; Wells et al. 1990. Pour les époques néolithique et mycénienne, Wells 1990, 87-90 et carte fig. 1 ; Wells in Sheedy 1994, 74 ; Wells 1991. De l’époque mycénienne à l’époque hellénistique, Wells in Wells/Runnels 1996, 10 et n. 1 ; Schallin, ibid., 131-133, fig. 1 et 4-10, 166, 172-173 ; Penttinen, ibid., 271 ; Pikoulas 1995, 7, 15, 18, 42-45, 50-53, 164-167, 170-171, 278-283, 341, 440, cartes 1 et 3.
16 Voir la synthèse de Foley 1988 dont les notices incluent souvent les époques antérieures à la période considérée. Fouilles et synthèses des années récentes dans les chroniques annuelles de l’Archaiologikon Deltion, du BCH, des Archaeological Reports etc.
17 R. Proskynitopoulou, ArchDelt, 35, 1980, Β’, I, 123, pl. 41 b ; 36, 1981, Β’, I, 114 ; 37, 1982, Β’, I, fig. 3-4, pl. 46 b ; 38, 1983, Β’, I, 78. BCH, 113, 1989, 600 ; 114, 1990, 727.
18 A. Onasoglou, ArchDelt, 40, 1985, B’, 85-86. BCH, 109, 1985, 776 ; 116, 1992, 855.
19 Blegen, Prosymna, 6 et 263 ; Blegen 1939, 410-427, fig. 1-15 ; Antonaccio 1992, 103-104 ; Ead. 1994a, 90.
20 Desborough 1964, 77-78, 221 et 285. Desborough 1972.
21 Snodgrass 1971, 278-279 et 345-346. Voir aussi Snodgrass 1980, 52-54, 56-57, 62-63.
22 GGP ; GG, 83-84, 145-149, 328 et 332-336.
23 Strøm 1988 ; Strøm 1995.
24 Hägg 1992, 14-16, pl. 7 ; Rolley 1992.
25 AH II, 71-75, pl. 53-55 ; Blegen, Prosymna, 261 ; Caskey/ Amandry 1952, 172-173, pl. 44. Le matériel le plus récent des tombes et de l’habitat de Prosymna est daté par C. Blegen de l’HR III B. Mais quelques tessons appartiendraient à la transition de l’HR III Β à l’HR III C ou au début de l’HR III C (ainsi Caskey/Amandry 1952, 173, nos 52 et 53) : Ålin 1962, 37-38 et Desborough 77-78 et 221, tous deux se référant à Furumark 1941, en particulier n° 69 et forme FS 284. Dès lors, suivant qu’ils tiennent compte ou non de ces rares tessons plus récents, les auteurs ultérieurs datent l’abandon du site de la fin de l’HR III Β (Hope Simpson 1965 ; Bintliff 1977, 287 ; Hope Simpson/ Dickinson 1979, ci-dessus n. 11) ou un peu plus tard (par ex. Antonaccio 1992, 89). Ces fragments sont désormais tous datés de l’HR III Β 2, à l’exception d’un seul vase : voir note suivante.
26 Kilian 1980, 171, n. 35 ; Kilian 1988, 149-150 ; Alden 1981, 200-220, en particulier 204 et 207-210 ; Demakopoulou / Crouwel 1992, 491 n. 1, avec référence à Mountjoy 1986, 121 et 129-131, fig. 161. Cf. Mountjoy 1993, 22 : « Many sites were abandoned after the LH III Β destructions, for example Zygouries, Berbati, Prosymna », la fin de l’HR III Β 2 étant ici datée ca 1190 av. J.-C. (tableau I, p. 4). Shelton 1994 ; Shelton 1996, 47-48, 199-200 et 293. Sur la cause précise des destructions et abandons de sites constatés à cette époque, tremblement(s) de terre comme le pensait Kl. Kilian ou autre cause, il ne semble pas que Prosymna puisse éclairer le débat actuel : on constate seulement l’abandon du site. De même dans toute la région : Schallin in Wells/Runnels 1996, 170.
27 Strøm 1988, 174.
28 Les discussions sur l’éventuelle distinction entre le Submycénien et le Protogéométrique en Argolide et sur leur chronologie n’interviennent pas ici.
29 Caskey / Amandry 1952, 175, n° 69, pl. 50 ; Coulson 1985, 49, n. 72.
30 PBF XIII, 8, n° 202, p. 70 et 75 (type B1b) et n° 226, p. 72 et 76 (type B3). Sur l’ensemble des épingles de l’Héraion, Strøm 1995, 78-81 et 86-88, fig. 27 et 44-46.
31 AH II, 106-107, avec référence à Wide 1897, 240, fig. 8 (GR II rhodien !) et 244, fig. 14 a (PG crétois).
32 Strøm 1988, 175-176, n. 22 et 23. Le motif des cercles concentriques est trop fréquent sur les céramiques protogéométriques et géométriques pour que l’on puisse se fier aux seules descriptions écrites de J. C. Hoppin, et les références de celui-ci sont trop limitées et peu fiables (voir note précédente).
33 Desborough 1952 ; Snodgrass 1971, 276.
34 CGA, 177 et 565 n. 3 ; GGP, 124 n. 5, 143, 146 et 330.
35 Sur 15 au total : PBF XIII, 8, 84-85.
36 Rolley 1988, 346 ; de même Rolley 1992, 38-39.
37 PBF XIII, 8, 80-83, 162-163 et 297-298.
38 PBF XIII, 8, nos 406, 407, 411 et 414, p. 91-92.
39 PBF XIII, 8, type I A nos 370, 372, 380 et 381, p. 88-89 ; types ID1 à ID7, la majeure partie des nos 451 à 678, p. 94-105.
40 Athènes, MN 16551. Trouvé dans un puits ou fosse juste à l’Est de l’autel d’époque géométrique : Blegen 1939, 431-432, fig. 17 ; cf. Blegen, Prosymna, 17. Ci-après l’essentiel de la bibliographie, où l’on trouvera d’autres références : OlForsch III, 64, pl. 43 ; Herrmann 1964, 45, fig. 28-29 ; OlForsch VIII, 98 ; Kunze 1967, 215 et 223-224 ; OlForsch X, 44-45 ; Croissant 1992, 75, pl. 24, fig. 11 ; Rolley 1992, 47 ; Strøm 1995, 42-43, fig. 3.
41 CGA, 565, n. 3, avec référence à AH II, pl. 58, 1 et 2. Ces constats ne sont pas modifiés par la céramique argienne publiée dans CVA Heidelberg 3, 83-85, pl. 130, 16-22 et pl. 131, 1-10, et par Brommer 1975, 167-170, pl. 60 et 61.
42 Strøm 1988, 176.
43 Bien qu’il n’y en eût aucun vestige patent, C. W. Blegen postulait l’existence d’un palais mycénien à l’emplacement de la terrasse du temple archaïque, d’après l’importance des autres vestiges de construction (maisons, rues, routes), celle de la nécropole voisine et surtout la présence d’une tombe à tholos supposée royale (Prosymna, 20-21). Or il n’y a pas de palais, pensait-il, sans culte. L’idée a été amplifiée par Bintliff 1977, 286-289, dans le cadre de sa théorie sur la répartition géographique régulière d’établissements d’importance équilibrée. Depuis, elle ne paraît plus avoir été défendue.
44 Sur ce long abandon du site, voir aussi Foley 1988, 172.
45 Wells in Wells / Runnels 1996, 177.
46 Rolley 1988, 346.
47 Rolley 1992, 49.
48 Hägg 1992, 15.
49 Faisant fond en 1981, avant la publication des PBF XIII, 8, sur Desborough 1972, 278-280, sur GG, 83 et 217-219, et peut-être sur Snodgrass 1980, 52-53, Cl. Rolley estimait l’Héraion de la même “génération” que les sanctuaires de Delphes, de Délos, d’Aphaia à Egine, d’Athéna Aléa à Tégée et de Pérachora (Rolley 1983a, 112) ; il reprend en 1992 la même formule (Rolley 1992, 39) mais pour conclure un développement indiquant qu’il n’y a pas eu de dépôt votif d’épingles à l’Héraion avant le Géométrique.
50 Rolley 1988, 347-349 ; Rolley 1992, 38-39.
51 Jdl, 14, 1899, 85-86, fig. 45 = CGA, pl. 145 (GR II). AH II, 117, fig. 42 = CGA, pl. 8 (GR II c). AH II, pl. 57, 14 = CGA, pl. 146 (GR II). AH II, pl. 57, 15 et 16 = CGA, pl. 145 (GR II). AH II, pl. 57, 17 à 19 = CGA, pl. 147 (GR II b). AH II, pl. 58, 3 = CGA, pl. 90 (GR II). AH II, pl. 58, 12 = CGA, pl. 146 (GR II b). Deux inédits, CGA, pl. 146 et 147 (GR II c).
52 GGP, 116 et 330.
53 Strøm 1988, 192, fig. 132 ; Strøm 1992a, 50-52 et 57-58, fig. 3 (légende sous fig. 4) et 5, pl. V-VII.
54 Cf. Cl. Rolley à propos de la plupart des sanctuaires : « (...) le milieu, ou plutôt la seconde moitié du viiie siècle, marque souvent le véritable début du culte » (Rolley 1983a, 112).
55 Blegen, Prosymna, 20 ; Wright 1982, 191-192.
56 AH I, 109-110, pl. VIII. Wright 1982, 186-188, fig. 1, pl. VII a et b. Antonaccio 1992, 90-98, fig. 1-6, pl. 23.
57 AH I, 77.
58 Frickenhaus/Müller 1911, 26-27, fig. 2 ; Frickenhaus 1912, 114-120.
59 Weickert 1929, 43.
60 Blegen, Prosymna, 19-20, fig. 21-23. Cf. Amandry 1952, 225.
61 GG, 145.
62 Amandry 1952, 225, « fin de l’époque géométrique » ; 273, « fin du viiie ou début du viie siècle ». Bergquist 1967, 19, « end of the Geometric period ».
63 Kalpaxis 1976, 43. Mallwitz 1981a, 634-635.
64 Drerup 1969, 58-59.
65 E.L. Tilton in AH I, 109-110 ; Plommer 1977, à propos de Drerup 1969 ; Plommer 1984.
66 Wright 1982, 186-201. Résumé préliminaire dans “The 81st General Meeting of the American Institute of Archaeology” AJA, 84, 1980, 241-242.
67 Sur l’appareil de la terrasse, déjà Blegen, Prosymna, 20, et Drerup 1969, 59.
68 Wright 1982, 188, n. 2, se refuse à prendre en considération les tessons de PCA que A. Frickenhaus et W. Müller disent avoir trouvés, au motif qu’ils ne repoduisent que des tessons de GR dans Frickenhaus/Müller 1911, 2-27, fig. 2.
69 AH II, 61 avec n. 1.
70 AH II, 137, fig. 69 a-f ; Kalpaxis 1976, 43 ; Strøm 1988, 178, fig. 4.
71 Voir par ex. dans GGP, 116 et 330, la chronologie relative et absolue du GR II argien et du PCA, qui coïncident. L’un et l’autre prennent fin vers 690. A. E. Kalpaxis considère que la pyxide fixe un terminus ante quem vers 675-660 av. J.-C., ce qui, probablement, la date trop tard ; reste toujours l’éventualité d’un écart chronologique entre fabrication et dédicace. Voir aussi Strøm 1988, 178 n. 46.
72 Antonaccio 1992, 85-101, pl. 23-26.
73 E. L. Tilton ne mentionne ce trou qu’en note, AH I, 111 n. 1, dans les termes suivants : « (...) a hole surrounded by irregular stones, which may be the remains of a sacrificial pit (...) ». Il n’apparaît pas dans sa restitution, ibid., fig. 50. Forcément bien informé des données de la fouille, et “contrôlé” par les cosignataires de AH I et II, il n’a donc pas jugé utile d’intégrer ce trou à sa restitution et l’on ne peut que noter la prudence avec laquelle il suggère que ce puisse être un « sacrificial pit ». La structure devient une « “eschara”-artige Anlage » sous la plume de Petronotis 1968, 52 et n. 164, et Str0m 1988 affirme (182, n. 59) : « Tilton identified, AH I, p. 111, note 1, the bothros with a sacrificial pit ». Un bothros et une eschara ont une utilisation et une signification précise. E. L. Tilton n’a écrit aucun des deux mots. Force est de constater que sa prudente hypothèse d’interprétation est devenue affirmation et certitude sous des termes différents. Est-ce par assimilation du trou à la “poche” de matériel mentionnée par Waldstein 1892, 4, et par Brownson 1893, 213, en O sur le plan de la pl. XII ? Le contenu de cette poche est sommairement décrit, mais non interprété. Sur ce trou, voir ci-après n. 88 et Annexe et n. 2).
74 AH II, pl. VIII.
75 AH I, 110-111, fig. 50, pl. IV, V et VIII.
76 Amandry 1952, 223-226, fig. 1, pl. 61.
77 Les dépressions circulaires observées sur le stylobate à l’emplacement des colonnes retiendraient l’eau au dommage du bois. Sur cette question, voir aussi Kalpaxis 1976, 47 et n. 302. A dire vrai, elles sont, aujourd’hui du moins, bien peu profondes, et se présentent comme des surfaces à peine déprimées qui ne s’imposent pas immédiatement au regard. Mais le stylobate a pu s’éroder depuis l’antiquité.
78 Kirsten/Kraiker 1962-1967, 541-544, fig. 96. Kähler 1964, 45, pl. 1. Voir les critiques de Kalpaxis 1976, 42-43.
79 Petronotis 1968, 44-55, pl. I 1.
80 Mais on ne voit pas pourquoi il faudrait imaginer un important écart chronologique et l’intervention d’un autre architecte pour la construction de la cella (Petronotis 1968, 49), ni la relation exacte entre les incisions et l’hypothèse que les colonnes étaient cannelées (ibid., 47-49).
81 L’alignement de ce mur serait indiqué, selon Petronotis 1968, 51-54, par une incision sur le stylobate et une rangée de pierres sur la plate-forme.
82 Kalpaxis 1976, 42-47, fig. 21-30.
83 Brownson 1893 ; ce rapport complète Waldstein 1892 ; voir aussi AH I, 41 et 73 ; résumé des travaux de 1893, le dégagement extensif de la terrasse, dans AH I, 74.
84 Ce qui concïncide à peu près avec l’indication de E. L. Tilton selon laquelle 1 m de terre couvrait la plate-forme avant la fouille (AH I, 110).
85 Sur la mesure de cette distance, voir ci-dessous.
86 Quelques compléments d’information dans AH I, 41, 73, 74 et 110.
87 AH I, 73 et 110.
88 Il est difficile de se faire une idée précise de la localisation, de l’étendue, de la profondeur et du contenu exact de cette strate contenant du matériel d’occupation de la terrasse. Il est aussi question d’une “poche” de matériel : Brownson 1893, 213 (“poche” apparemment en O sur le plan pl. XII) ; Waldstein 1892, 4. Sur une éventuelle identification ultérieure avec le “bothros”, ci-dessus n. 73.
89 Kalpaxis 1976, 45 n. 197 : « Die Angabe “a length of 33 m.” kann aus dem Zusammenhang nur als “ununterbrochene Länge”, nicht als “Gesamtlänge” verstanden werden ». Je ne vois pas ce qui, dans Brownson 1893, peut justifier cette interprétation.
90 Kalpaxis 1976, 46, fig. 26 et 28. Mais il est surprenant que le bloc marqué d’une croix (fig. 26 et non 29 comme il est indiqué par erreur p. 46) soit, sur le plan de la fig. 28, inclus dans le mur d’ante alors qu’il devrait, d’après le texte (p. 46, fig. 26), en marquer l’extrémité. Sans doute est-ce lié à la manière dont les 8 m ont été mesurés, à partir du parement extérieur du mur Est (voir ci-dessous), et au fait que l’auteur ne prenne pas en compte la longueur (33 m) des vestiges.
91 Selon E. L. Tilton (AH I, 110), les entraxes varient entre 3,50 et 3,51 m, mais Amandry 1952, 223 et fig. 1, ne mesure que 3,50 m ; cf. Strøm 1988, 180 et n. 49.
92 Qu’il retrouve avec des variantes à Samos à l’Héraion I (0,3269 m, p. 20), à l’Héraion II (0,326 m, p. 36-37) et à la “Südhalle” (0,3269 m, p. 85-86), au temple d’Apollon à Erétrie (0,3265 m, p. 33), à Isthmia (0,3204 m, p. 40-41), à Thermos C (0,3125 m, p. 50) et à Olympie (0,3125 m, p. 52) ; cf. Dörpfeld/ Schleif 1935, 147-148 (0,326 m) et Mallwitz 1966, 375 et n. 108. Østby 1986, 95-96, identifie le même pied “dorique” de 0,3267 m dans les dimensions intérieures de la cella du temple archaïque de Tégée.
93 Que Kalpaxis 1976, 46 n. 2, place à 0,45 m au moins au-dessus du pavement de la terrasse sans expliciter sa pensée ; notons seulement que c’est, d’après E. L. Tilton, la hauteur du stylobate (I. Strøm indique 0,48 m). La cella était-elle dallée de poros, qui aurait laissé une partie des débris signalés par Ch. Waldstein et la croûte de chaux mentionnée par E. L.Tilton, comme le suppose Wright 1982, 189 ? Mais cette croûte scellait la couche noire de terre à 0,30 m env. du dallage de la plate-forme, c’est à dire plus bas que ne le suppose A. E. Kalpaxis. Rapportant les fouilles de 1892, Ch. Waldstein écrit dans AH I, 73 : « We dug trenches also on the site of the earlier temple, where we came upon its pavement, consisting of flat polygonal stones, and also upon a continuous layer of charred wood (...) » ; mais il semble confondre le dallage du temple avec celui de la plate-forme. On peut, me semble-t-il, opposer à A. E. Kalpaxis qu’un soubassement carré, même sommairement assemblé, ne s’impose pas comme support d’un dallage.
94 Au contraire, entre les deux bandes de débris d’incendie, « native or unworked soil was discovered at a very slight depth », c’est-à-dire le sol vierge, qui est au même niveau, à cet endroit, que le dallage (Waldstein 1892, 3).
95 Kalpaxis 1976, 43 et 46, fig. 29.
96 Brownson 1893, 224-225 ; AH I, 110, n. 4, pl. XXIX, V, voir aussi pl. XII ; Amandry 1952, 225 et n. 14 où sont mentionnés les autres éléments cylindriques, et 226 et n. 20 ; Kalpaxis 1976, 45, n. 202, fig. 21-22 (demi-cylindre replacé sur le stylobate) ; Strøm 1988, 186. Mais la base en deux “moitiés” pouvait-elle résister au poids et aux pressions de la colonne et des superstructures ?
97 Wright 1982, 190-191.
98 Et malaisé à calculer, car le parement Est (extérieur) de la terrasse n’est pas rigoureusement perpendiculaire au parement Sud et, de surcroît, s’infléchit vers l’extérieur dans sa partie Nord.
99 Ci-dessus et n. 96.
100 Strøm 1988, 182 et n. 66, note que le nombre exact de colonnes sur le long côté n’est pas fixé et en envisage 12, 13 ou 14. Mais la longueur qu’elle propose pour la cella, soit celle que C. L. Brownson donne pour les vestiges, 33 m, exige au moins 13 colonnes.
101 Brownson 1893, en donnant la longueur des bandes de terre brûlée, 33 m, ajoute qu’elles atteignaient presque l’extrémité Ouest de la plate-forme. Sur ce point, voir ci-dessous.
102 Østby 1986, 93-95, fig. 29 (dépliant), restitue au temple archaïque de Tégée une cella dont les façades (pronaos et adyton) sont symétriquement disposées au sein d’une péristasis de 6 x 18 colonnes (ca 16 m x 48,50 m - 49 m) ; la largeur des ptérons Nord et Sud est légèrement inférieure à un entrecolonnement, celle des ptérons Est et Ouest un peu supérieure à un entrecolonnement et demi. Hemans 1992a, 23-34, fig. 6-8, vient d’établir que le temple archaïque d’Isthmia, périptère de ca 39,25 m x 14,10 m/14,40 m, à 7 x 18 colonnes, comportait une cella de ca 7,90 x ca 32,28 m, les ptérons étant larges à l’Ouest d’un entrecolonnement, au Nord et Sud d’un peu moins qu’un entrecolonnement et demi, à l’Est de deux entrecolonnements.
103 AH I, 111.
104 Petronotis 1968, 47, n. 144 et p. 248.
105 Kalpaxis 1976, 43, n. 176 et fig. 26. Strøm 1988, 182, n. 63.
106 Aux imprécisions de cotes s’ajoute le risque que ce bloc isolé, comme tous ceux de son espèce, puisse n’être pas en place. En 1892, avant de découvrir la première bande de vestiges brûlés, les fouilleurs, partis du bord oriental de la terrasse, ont rencontré le premier jour (en surface ou plus profondément ? plus loin vers l’Ouest ?) des blocs équarris de poros (« squared fragments of poros stone » : Brownson 1893, 213) ; au même moment ou plus tard, là ou ailleurs, des débris de poros éclaté sous l’effet de la chaleur (AH I, 74). Blocs et fragments n’ont pas été conservés sur place ; appartenaient-ils à un autre édifice (un autel à l’Est du temple ?) ou à la superstructure des murs du temple ? Le bloc de calcaire rougeâtre marqué d’une croix a donc pu être lui aussi déplacé dans les premiers jours du dégagement de la terrasse. De longueur sensiblement égale à la largeur du stylobate Sud, il pourrait éventuellement provenir de la péristasis. L’éventualité d’un déplacement du bloc est évidemment invérifiable. Mais elle fragilise toutes les restitutions.
107 Au temple d’Artémis Limnatis à Kombothekra, elles auraient mesuré 0,45 m x 0, 45 m x 0,10 m et servi de module, juxtaposées sur deux rangs pour les murs périphériques épais de 0,90 m, et sur un rang pour les murs de refend épais de 0,45 m : Sinn 1981, 47-51, fig. 4. Sur les dimensions aux époques ultérieures, Ginouvès 1959, 103, n. 9.
108 Felsch 1987, 13 et 15, fig. 22.
109 Schuler 1980, 72 ; Felsch 1987, 21.
110 AH I, 74.
111 Brownson 1893, pl. XII où les tranchées sont désignées par les lettres N, à comparer avec le plan coté de la terrasse dans AH I, pl. VIII, et avec Strøm 1988, fig. 3 et 7.
112 Waldstein 1892, 3.
113 La charpente prenant appui sur la péristasis et s’effondrant normalement à l’intérieur de l’édifice, on peut imaginer que les dimensions du rectangle approchent celles de la péristasis.
114 Même nombre de colonnes (mais avec des entraxes nettement plus courts) au temple périptère de Kallion-Kallipolis, hellénistique archaïsant selon Themelis 1983, 237-238, fig. 38, 39, 44 et 45, pl. II, suivi par Kuhn 1993, 42-43 et 45, mais archaïque selon Østby 1986, 94 n. 57. Le temple Sud du vie siècle de Kalapodi mesure 13,62 m x 26,28 m au stylobate (proportion de 1/1,93) et comporte 6 x11 colonnes, certaines de pierre, la plupart de bois : Felsch 1987, 22-25, fig. 3. Vers la fin du vie siècle il en était prévu 6 x 10 au temple D de Pallantion : Østby 1991, 50, fig. 1 et 6.
115 Schefold 1946, 88-89 ; Schefold 1973, 93-94.
116 Dinsmoor 1950, XI, 53 n. 1, 55 et 56.
117 Østby 1986, 101 : « recent studies tend to converge on the middle of the 7th century », ce qui est une interprétation personnelle.
118 Mazarakis-Ainian 1985, 42.
119 Strøm 1988, 189-191.
120 Ainsi Gruben 1980, 105 : terrasse du viiie siècle, temple de la deuxième moitié du viie siècle.
121 Bergquist 1967, 19-22.
122 Caskey/Amandry 1952, 168-169, 175-176, 210-212.
123 Tomlinson 1972, 232-236 ; Tomlinson 1976, 90-92.
124 Mallwitz 1981a, 634-635 ; Mallwitz 1981b, 92. Résumé des opinions : Antonaccio 1992, 96-98.
125 Billot 1990, 97 et n. 6.
126 Encore Wright 1982, 191.
127 Brownson 1893, 213-214 ; Waldstein 1892, 3-4 ; AH I, 41 (où il est particulièrement clair et affirmatif) ; Wright 1982, 188-189.
128 AH II, 61 avec n. 1.
129 AH I, 110 ; Wright 1982, 189 ; Kuhn 1993, 43-44. Sur le problème du niveau du sol et d’un éventuel dallage de la cella, voir ci-dessus n. 93.
130 Wright 1982, 189 n. 7, affirme un peu vite, et sans craindre de surprendre, « (...) there is, however, no archeological evidence that the caked limestone or the burnt stratum below it represent the remains of that conflagration », c’est-à-dire l’incendie du temple périptère ; il laisse ainsi entendre, sans autre précision, qu’un autre incendie, donc un autre édifice aurait pu le précéder. Notons que E. L. Tilton n’écrit pas « caked limestone », mais « a laver of harder earth similar in texture and appearance to caked lime » (AH I, 110), ce qui semble bien désigner de la chaux.
131 Hemans 1992a, 23-39, fig. 8 ; présentation préliminaire par Hemans 1991.
132 Klein 1991, 138-144 et 237-238 ; Klein 1993 ; Klein 1994 : lors de sa communication, N. L. Klein a repris la défense de l’hypothèse, déjà ancienne, de l’appartenance des reliefs au temple, non comme métopes toutefois, mais comme frise murale ; les différentes interprétations de ces huit fragments de reliefs avaient été récemment discutées par Harl-Schaller 1972-1973.
133 Kalpaxis 1976, 47-48 avec bibliographie précédente ; Kuhn 1993, 33-42.
134 Beyer (1977, 53-54, fig. 2-3 et 6-7) en avait tiré argument pour assurer au viie siècle la date du soubassement du temple d’Athéna Polias sur l’Acropole d’Athènes où se superposent deux appareils de poros, l’un rustique et non ravalé pour l’“euthyntéria”, l’autre presque isodome mais de parpaings irrégulièrement longs pour la “crépis” qui supportait le stylobate en calcaire de Kara ; Wright 1982, 188-189, n. 6, a raison de souligner que la comparaison ne peut être tenue.
135 Déjà remarqués par Beyer 1977, 53-54, fig. 6-7 ; Herrmann 1976, 328, n. 14, prête à I. Beyer d’avoir remarqué des canaux de bardage en U dans le stylobate ; mais il confond manifestement avec les bossages en U sommaire, parfois délimités, il est vrai, par une sorte de sillon (cf. Strøm 1988, fig. 8) ; il ne semble pas qu’il y ait, dans le stylobate, de véritables canaux de bardage en U.
136 Sur cette question, Billot 1990, n. 14. Notons que Wright 1982 ne paraît pas connaître les travaux de A. Petronotis, ni de A. E. Kalpaxis.
137 Ce dont il est toutefois permis de douter.
138 Hemans 1992b ; voir aussi Rhodes 1987 ; et, pour l’Héraion, Strøm 1988, 184-186, fig. 8-9, et 189-191, surtout à propos des canaux de bardage en U et des rainures destinées à maintenir les cordes en place sur la demi-base ou le demi-tambour de colonne. Sur ces deux moyens de levage, Isthmia I, fig. 18 et 47-50 (canaux de bardage en U) et fig. 1-50 passim (sillons pour cordes).
139 Sur ces questions, voir déjà Billot 1990, 98-100 avec les notes.
140 Pfaff 1990a, pl. 12.
141 Billot 1990, 115-117 ; des antéfixes d’Olympie, antérieures au milieu du viie siècle, et à couvre-joints convexes, pourraient être parmi les premières de ce genre ; Heiden 1990, 42, pl. 3 :b ; OlForsch XXIV, toits 1-2, 12-18, pl. 1, 2-3.
142 Tégée : Østby 1986, 101 et n. 125 : « dernier quart du viie ? siècle, pas très longtemps avant l’Héraion d’Olympie » (début du vie siècle) ; rappelé par E. Østby in Sheedy 1994, 42-44. Pariente, 1992, 860 : « fin du viie siècle » ; Pariente 1993, 797 : « début de l’époque archaïque ». Maintenant Østby in Sheedy 1994, 60-61 et Østby 1994, 111-112 et 139 : « vers la fin du viie siècle ».
143 Heiden 1990, 41-42, pl. 3 :a et b.
144 Schefold 1946, 88-89 ; Schefold 1973, 93-94.
145 Schefold 1973, 93-94 ; cf. Sinn 1981, 54.
146 Jusqu’à la découverte du temple d’Isthmia, l’Héraion d’Argos et celui d’Olympie étaient les temples périptères les plus anciens qui soient connus ; par ailleurs celui d’Olympie était alors daté plus tôt qu’il ne l’est actuellement.
147 L’appartenance du temple d’Olympie à Héra (Pausanias VI 1, 3 ; 3, 15 ; 19, 1 et 24, 10), ainsi que l’ancienneté et l’importance du culte d’Héra à Olympie, dès longtemps mais discrètement mises en doute, en dépit de Pausanias V 15, 5 et 11, viennent d’être contestées avec de solides arguments par Moustaka 1994. Sinn 1984 a proposé d’attribuer à une sphinge tympanale en relief la tête archaïque traditionnellement dite d’Héra.
148 Billot 1989-1990, 65-69 et Hall 1995, 586-587.
149 Contra Piérart 1991a, 139-140.
150 Kroll / Waggoner 1984, 335-340, pas avant la deuxième moitié, sinon même le dernier tiers ou quart du vie siècle ; H. Nicolet-Pierre in Descat 1989, 30.
151 Ce qui ne signifie pas que Phidon ait offert très exactement ce faisceau d’obeloi ; l’offrande paraît toutefois trop importante pour être très fréquente.
152 Kelly 1976, 112-129 ; Drews 1983, 60-61 ; Carlier 1984, 386-392, où l’on regrette seulement que ce dossier très complet crédite Phidon du premier monnayage éginète. Voir aussi Musti 1988, 107. P. Carlier invoque la chronologie de Lenschau (1936, 396-411) qui estimait que les concours avaient d’abord été célébrés annuellement (soit de 632 à 584). Par ailleurs, l’archéologie d’Olympie rend douteuse une inauguration des concours en 776 av. J.-C. ; ils n’auraient commencé que vers 700 av. J.-C. : voir par exemple Mallwitz 1988 et Lee 1988.
153 A. Mallwitz met en relation un important remaniement du sanctuaire d’Olympie dans le deuxième quart du viie siècle avec l’entreprise de Phidon qu’il situe aux environs de 668 av. J.-C. (Mallwitz 1988, 102). Mais la démarche ne présente pas plus de garanties.
154 Celui-là même que les Proïtides avaient outragé (Ps.- Apollodore II 2, 2).
155 Sur la signification d’ἄγαλμα voir par ex. Stewart 1990, 45 et 48 ; P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, s.v. ἀγάλλομαι.
156 Brownson 1893, 225.
157 Strøm 1988, 194-197, fig. 18-19.
158 AH I, 44-45 ; AH II, 3-11, pl. XLIII-XLIV. Pour une interprétation de ces figurines assises comme le reflet d’une image cultuelle, voir par ex. Frickenhaus 1912, 1-126 passim, pl. V, 6 ; Alroth 1989, 41-43, fig. 17. Mais réflexions critiques de Kossatz-Deissmann 1988, 660-661, 661-662 et 663-665.
159 Bonnes mises au point de G. Gercke, U. Naumann et H. Döhl sur l’attribution difficile des sanctuaires et dépôts votifs de Tirynthe à telle ou telle divinité, notamment Héra et Athéna (in Jantzen 1975, 97-99, 102-106, 159-161, 166-180) et notamment, contre l’avis d’A. Frickenhaus, H. Döhl, ibid., 170-174, fig. 78-79 (avec bibliographie).
160 Charitonidis 1967, 178-179, pl. 129 ; Papachristodoulou 1968, 131-132, pl. 75-77 ; Protonotariou-Deïlaki 1970, 155-156, pl. 120-121 ; Michaud 1970, 961, fig. 147-152. Protonotariou-Deilaki 1984, 40 ; Hägg 1992, 13.
161 Cook 1953a, en particulier 62-63, fig. 36 pour les figurines ; Cook 1953b, 112-118, pl. 9, 1 ; Coldstream 1976, 10 et 15 ; Hägg 1987, 96-98 ; Hàgg 1992, 17 ; M. Piérart in Polydipsion Argos, 131-132. Les dédicaces à Agamemnon ne sont pas antérieures au ive siècle et ne préjugent ni de la divinité à qui le sanctuaire était à l’origine consacré, ni de son sexe. Mais rien ne permet non plus d’affirmer, comme fait Hall 1995, 601-603, que ce soit un ancien sanctuaire d’Héra, entre Mycènes et l’Héraion, tant la diffusion de tous les types de figurines est grande.
162 Brownson 1893, 225 ; Ch. Waldstein, in : AH I, 42-43 et 159, fig. 15 et 70.
163 National Archaeological Museum. Collection of Sculpture. A Catalogue, ou bien Musée archéologique National. Collection des sculptures. Catalogue descriptif. Athènes, 1968, 4, n° 2702.
164 Simon 1967, 282-284, 286-287 et 291, fig. 10 et 14 ; Simon 1969, 61-65, fig. 58-61. Voir aussi Kossatz-Deissmann 1988, 663.
165 Clément d’Alexandrie, Strômates I, 24, 163-164 ; cf. G. Kinkel, Epicorum graecorum fragmenta. Leipzig, 1877, fr. 4 = A. Bernabé, Poetarum epicorum graecorum, Testimonia et fragmenta, Pars I. Leipzig, 1987, fr. 4 = M. Davies, Epicorum graecorum fragmenta. Göttingen, 1988, fr. 3.
166 Callithoé, fille de Piras ou Pirasos, roi de Tirynthe qui passait pour y avoir fondé le premier sanctuaire d’Héra, sculpté le xoanon de poirier sauvage et institué sa fille Callithyia-Callithoé-Callithyessa première prêtresse d’Héra, est ici au service d’Héra Argeia. Selon une tradition argienne, Iô aurait été la première prêtresse d’Héra (Callimaque, Aitia fr. 66 R. Pfeiffer). Or on connaît aussi, dans les listes, une Iô-Callithoé (Scherling, RE X, 2 [1919] s.v. Kallithoe 2, col. 1750-1751 ; Simon 1985, 268). Et dans le Catalogue des femmes hésiodique, Iô est la fille de Peiren (Fr. 124 R. Merkelbach – M. L. West apud Ps.– Apollodore II, 1, 3 ; cf. West 1985, 42). Le Ps.-Apollodore (II 1, 3) rappelle aussi que si Acousilaos d’Argos suit la tradition hésiodique, Iô était fille d’Inachos selon l’annaliste Castor et de nombreux auteurs de tragédies. Plusieurs généalogies ont donc été dressées et contaminées (cf. Piérart in Polydipsion Argos, 147). Le syncrétisme Iô-Callithoé et le passage de la prêtresse du service d’Héra tirynthienne à celui d’Héra Argeia a probablement été, en partie, inventé et utilisé par et au service d’Argos.
167 Simon 1969, fig. 58-61.
168 Simon 1969, 61. L. H. Jeffery dans une suggestion faite à G. L. Huxley (Huxley 1969, 33 et n. 2). Bernabé Pajares 1979, 235.
169 Déjà Hackens 1979, 63-64, pl. 40, 2. Knoepfler 1981, 326-327, n. 154. Cf. Picard 1979 : – monnaies aux types d’Héra, 14-15, 55, 91-93, 112-113, 121-125, 129-132 ; – monnaies aux types d’Iô, 131, 136-137 ; – monnaie au type d’Hermès tuant Argos Panoptès, 136, n° 108, pl. XXIV.
170 Serait-ce le brétas que la bacchante lemnienne Alkimakè frappe de sa branche de vigne (Nonnos, Dionysiaques 30, 198-199) ? La divinité à la grenade dans le sanctuaire de laquelle Alkimakè vient de pénétrer est Héra, notamment sous l’apparence que lui a donnée Polyclète, tenant une grenade à la main (Pausanias II 17, 4 ; Philostrate, V. Αρ., 4, 28). Le terme brétas s’applique mal à la statue chryséléphantine. De surcroît, ce synonyme fréquent de xoanon désigne souvent, lui aussi, une statue de bois ou de facture sinon rudimentaire du moins ancienne. Or il est qualifié par Nonnos de chalchéon, ce qui ne convient guère non plus à l’oeuvre de Polyclète, tandis qu’un agalma peut être de bronze, tel celui qui, à Phigalie, remplace l’antique xoanon de Démèter Mélaina détruit par le feu (Pausanias VIII 5, 8 et 42, 3-7). Malheureusement, faute d’une description de l’agalma, il est prudent d’éviter l’assimilation entre le brétas et l’agalma. Notons qu’il est à nouveau question, Dionysiaques 47, 707, du brétas d’Héra auprès duquel Hermès fait dresser celui d’Ariadne pétrifiée, après la victoire des Argiens sur Dionysos de Crète. Sur brétas, agalma et xoanon, voir Papadopoulos 1988, 1-9 et 15-63 ; Donohue 1988, passim ; voir aussi, parmi d’autres, deux comptes rendus de ce dernier ouvrage, par Ch. Sourvinou-Inwood (CIR, 40, 1990, 129-131) et par A. L. Santarelli (RFIC, 120, 1992, 445-451).
171 Cf. Pötscher 1987, 53 : « Dass die Priesterin im Phoronis-Fragment die Saule schmückt, kann ebensogut dem auf dieser Saule stehenden Kultbild gelten ». On peut imaginer l’effigie cultuelle de l’Héraion juchée sur une colonne comme la statue d’Athéna représentée sur la célèbre oenochoé Metropolitan Museum of Art 08.258.25 et maintes fois rapprochée de l’Athéna dédiée à l’Acropole par Angelitos (Musée de l’Acropole inv. 140).
172 Cette dernière interprétation ayant été reprise et défendue par Van Keuren 1989, pl. IV (N 4) et XXIX a, 95-103, où les autres sont rappelées, discutées et finalement écartées. Conti 1994, 74-75 et 76-78 résume les interprétations, sans choisir.
173 Euripide, Electre, 621-637 ; 785-858.
174 Sur le chaton d’une bague de Mycènes du xive siècle (Oxford, Ashmolean Museum) reproduit par Simon 1969, fig. 60, j’ai quelque peine à reconnaître les bandelettes de Callithoé dans les deux laisses retenant à la colonne les fauves représentés justement en symétrie divergente. K. Kerényi trouvait les rapprochements proposés par E. Simon tout à fait arbitraires (Kerényi 1972, 138, n. 2). Le lion n’est qu’indirectement lié à Héra : Pötscher 1987, 51-52 et surtout n. 113. Seul Tertullien rapporte qu’il y avait à Argos une statue d’Héra les pieds posés sur une peau de lion (De corona, 7).
175 Spyropoulos/Chadwick 1975, tablette Of 28, 1. 2, 91, 95, 99, 101 et 105.
176 Voir par exemple sur cette question très débattue mais qui ne peut être traitée que pour chaque sanctuaire séparément, à l’aide d’arguments stratigraphiques assurés, les trop brèves mais suggestives réflexions de Schachter 1992, 2-4.
177 Rien, sinon la situation habituellement orientale des autels par rapport aux temples, n’interdirait d’imaginer qu’un autel ait été érigé sur l’esplanade Sud, plus de deux fois plus large que les parvis Est et Ouest (voir l’annexe).
178 Waldstein 1892, 4-5 ; AH I, 73.
179 Brownson 1893, 223-224.
180 AH I 20 et n. 2, 27-28, 39-40-41, 75, 77, 79-84 passim, en particulier 84.
181 Voir aussi les introductions aux chapitres consacrés aux diverses catégories d’objets dans AH II, par Ch. Waldstein et H. Chase pour les figurines de terre cuite (3-9), par Ch. Waldstein et J. C. Hoppin pour les reliefs de terre cuite tous trouvés dans les terres noires sur les pentes de la terrasse du temple classique (47-48), pour les vases par J. C. Hoppin (60-61), et pour les bronzes par H. F. De Cou (191-192).
182 AH I, 77, fig. 31. Publiés par Svoronos 1906, 92-202, pl. 10-12.
183 Blegen, Prosymna, 16-17.
184 Blegen 1926, 128-129 ; Blegen 1927, 421-423. Voir depuis Yavis 1949, 188 et 248, type 71, nos 12 et 13 ; Rupp 1974, 83-89, 274, 307-308, cat. n° 28, type VI B 1 ; Miller 1990, 148-154, fig. 55-56 ; Rupp 1991, 303-306, type VII C ; enfin et surtout la publication de Birge 1992, 5-31.
185 Isthmia I, 55-56, 98-101 et 103 ; Rupp 1974, 20-23 ; Hemans 1992a, 41-42, fig. 6, pl. 14 :b, c et d.
186 Jameson 1971, 118, plan fig. 1, pl. 105 γ ; Jameson 1972, 235 ; Rupp 1974, 265-271, 305-306 et 363-366.
187 Birge 1992, 27-31, avec la bibliographie.
188 Bergquist 1967, 20, fig. 6.
189 Amandry 1952, 271-272 ; dit « de date incertaine ».
190 Roux 1961, 61-62.
191 Kuhn 1985, 254-255, fig. 24.
192 Pfaff 1992, 8-9 et 26. Sur l’ensemble des fouilles de la terrasse du temple classique et les problèmes d’interprétation qu’elles soulèvent, ibid., 7-10. En évoquant à plusieurs reprises l’« Altar area », Strøm 1995 n’admet pas nécessairement que la structure trouvée par C. W. Blegen était un autel, mais considère seulement que l’autel des époques géométrique et archaïque se trouvait bien dans cette région.
193 La terrasse inférieure étant aménagée à partir de 460 av. J.-C. env. pour le Portique Sud (voir-ci-dessous).
194 Voir les réflexions de Ch. Waldstein, en particulier sur le résultat des fouilles opérées entre les murs de fond des Portiques Nord et Nord-Est et le pied de la terrasse pseudo-cyclopéenne : AH I, 39-41 passim et 74.
195 AH I, 74.
196 Kuhn 1985, 251-256, fig. 24.
197 Pfaff 1989.
198 AH I, 75 (Ch. Waldstein, fouilles de 1893) ; 112-114, pl. V n° II et pl. XII (E. L. Tilton) ; Amandry 1952, 226-235 et 270-273 (viie siècle av. J.-C.) ; Bergquist 1967, 21-22 (au plus tôt dans la deuxième moitié du ve siècle) ; Lauter 1973, 175-177 et 181, fig. 1, 4 et 5, pl. 81 (fin viie – début vie siècle) ; Coulton 1976, 18 et n. 1, 21, 27-30, 36, 37, 44 et n. 4, 81 et n. 8, 98, 99, 101, 105, 111, 131, 138 et 215, fig. 20 et 49, 4 ; Kalpaxis 1976, 84-85, fig. 72 ; Kuhn 1985, 251-252, fig. 24. Sur les chapiteaux archaïques de l’Héraion, dont le chapiteau C retenu comme éventuellement attribuable au Portique Nord où il se trouve, voir, outre Amandry 1952, La Coste-Messelière 1963, 639-652, complété par Aupert 1977, 234-240 ; Wesenberg 1971, 49-62, fig. 92-110 ; Coulton 1979, 81-183, en particulier 84-85, 92, 97-98, 108, tableau 10, p. 114, fig. 10-17 ; Billot 1990, 99-100.
199 S’agit-il du tambour lisse I, étudié par E. L. Tilton puis par Amandry 1952, 227-228, pl. 62 :b et fig. 2 ? P. Amandry hésitait à l’attribuer au portique.
200 Pfaff 1990b.
201 AH I, pl. XII ; Amandry 1952, 227, pl. 61 :d (“dé” de stylobate d’une colonne intérieure) ; Coulton 1976, 28 et 29-30 ; surtout Østby 1986, 77, 84-85, fig. 10, 14-17.
202 Pfaff 1990a, pl. 12.
203 Lauter 1973, 175-176, fig. 1, pl. 81, 1 et 2. Le mur qui achève symétriquement la colonnade à l’Ouest, perpendiculaire à l’aile saillante du portique, est restitué sans commentaire par E. L. Tilton AH I, pl. V, mais explicitement supposé par J. J. Coulton car évitant une élaboration compliquée de l’angle rentrant : Coulton 1976, 27-28 et 131.
204 Pfaff 1990b.
205 Coulton 1976, 29 : « There is, therefore, no inherent reason why it should not be archaic, and indeed it has some more positively archaic characteristic ».
206 Ch. Waldstein, AH I, 75 (fouilles de 1893) et 77 (fouilles de 1894). E. L. Tilton, AH I, 114-116, pl. V n° III et pl. XII. Amandry 1952, 235-239 et 273 (viie ou première moitié du vie siècle ; remanié tardivement). Bergquist 1967, 21-22 (au plus tôt dans la deuxième moitié du ve siècle). Mason 1973 (la thèse du même auteur est inaccessible). Lauter 1973, 177-180, fig. 4 et 5, pl. 82-83 (fin viie – début vie siècle ; remanié tardivement). Coulton 1976, 6 et n. 1, 35-36, 99, 111 et 215, fig. 49, 6. Kuhn 1985, 252-254, fig. 24-27 (premier état au deuxième quart du vie siècle).
207 Amandry 1952, 259, n. 42. Shoe 1936, 117, pl. LVI 3. H. Lauter estimait qu’il devait être placé à l’angle Sud-Ouest où il indiquait un retour d’angle du mur latéral sur la façade qui n’aurait donc pas comporté de colonnade. G. Kuhn, en le rétablissant à l’extrémité Sud-Est du mur latéral Est, a restauré le portique avec une colonnade de façade in antis, comme dans la première publication. Les orthostates qui se dressent en façade relèvent d’un état postérieur.
208 Blegen, Prosymna, 20, fig. 23 ; Amandry 1952, 239 ; Lauter 1973, 181 ; pour le soutènement disposé à l’arrière de l’édifice Nord-Est, et antérieur à lui, voir 179, pl. 83, 3 et 84, 1.
209 Cette branche importante de la rampe est malheureusement négligée par Lauter 1973, 179-183.
210 Lauter 1973, 178-179.
211 Illustré par AH I, pl. IX.
212 AH I, 75-76 (fouilles de 1893), 78 (fouilles de 1894) et 131-134, pl. V n° VII et pl. XXIV-XXVI (vie siècle) ; Frickenhaus 1917, 121-130 (vers 400 av. J.-C.) ; Weickert 1929, 172-175 : deuxième moitié du vie siècle ; La Coste-Messelière 1942-1943, 54-63 : date les chapiteaux de 540-530, mais note que l’aspect de la courbe de l’échine tendrait à en abaisser la date vers le dernier quart du vie siècle ; Bergquist 1967, 20-21 (dernier quart du vie siècle) ; Lauter 1973 le fait figurer sur le plan du sanctuaire à la fin de l’époque archaïque (fig. 4) ; Miller 1973 (fin du ve siècle av. J.-C.).
213 Etudes argiennes, 236 n. 62. Voir aussi Coulton 1976, 29, 86, 101, 103-105, 132 et 217, fig. 27 et 49,3.
214 Pfaff 1994. La date peut paraître un peu haute dans le vie siècle. Une confirmation par la stratigraphie serait bienvenue.
215 D’une littérature toujours plus nombreuse, nous omettons ici les publications séparées d’hestiatoria où celui de l’Héraion d’Argos est, à titre de comparaison, très fréquemment cité, au profit de quelques synthèses où il est de toute manière mentionné, et le plus souvent illustré par un plan : Frickenhaus 1917 ; Tomlinson 1970 ; Will 1972 ; Goldstein 1978, tout particulièrement 233-245 ; Börker 1983, passim, fig. 10. Schmitt-Pantel 1985 dresse un état des recherches sur l’archéologie, l’histoire et la signification du banquet.
216 Outre l’article de P. Schmitt-Pantel cité dans la note précédente, nous n’indiquerons ici que deux ouvrages récents : Murray 1990 ; Schmitt-Pantel 1992.
217 Coulton 1976, 29, en tire argument pour réfuter la chronologie basse de B. Bergquist et rendre les Portiques Nord et Nord-Est à l’époque archaïque.
218 AH I, fig. 51. Voir la bibliographie ci-dessus n. 198.
219 Pfaff 1990a. Billot 1990, 102-107 et 109-111, pl. 10-11 ; Billot /Rizakis 1993, PDM 6, 187, fig. 19, et 200-201.
220 Billot 1990, 136-138 ; Billot 1991.
221 Brommer 1975, 167-170, pl. 60-61.
222 CVA Heidelberg 3, 83-93, pl. 130-133.
223 AH II, 60-187, pl. L – LXIX (J. C. Hoppin).
224 AH II, 3-42, pl. XLI-XLVIII (Ch. Waldstein et G. H. Chase).
225 Jenkins 1931-1932. Quelques-unes dans Jenkins 1936, 36-37 et 49, pl. IV, 7 et VI, 4 ; Kaulen 1967 (catalogue 190-191) ; Higgins 1967, 50 et 84, pl. 21.
226 Frickenhaus 1912, 1-126, pl. V, 6.
227 Guggisberg 1988, 167-234.
228 Par ex. Higgins 1954, 268-271, pl. 138.
229 Jung 1982, 42-44 et 64-67. Kossatz-Deissmann 1988, 663-664. Alroth 1989, 80-81.
230 Hadzisteliou Price 1978, nos 28, 36, 51, 61-63. Cf. Alroth 1989, 42, n. 201 ; toutefois, ses recensements sont incomplets : voir AH II, 19, nos 37-39, fig. 18, pl. XLII, 11 (au total 8 exemplaires) ; 21, nos 57 et 58, pl. XLIII, 4 (au total 8 exemplaires) ; 25, nos 85 à 87, fig. 37 et 38, pl. XLIV, 3 (au total 3 exemplaires) ; 30, nos 123 et 124, fig. 51 et 52, deux exemplaires de femmes enceintes.
231 Voyatzis 1992, en particulier 272-274 ; cf. AH II, 40. A rapprocher des 47 autres figurines de cavaliers (AH II, 40, nos 244 à 247, pl. XLVIII 2 à 4) et d’une figurine de cavalière (AH II, 40, n° 243, pl. XLVIII 6). Sur textes et images d’Héraclès capturant les cavales du roi thrace Diomède qu’Eurysthée offre ensuite à Héra (Diodore IV 15, 4), Boardman 1990. Callimaque paraît bien avoir célébré ce “Travail” d’Héraclès dans Aitia fr. 114, v. 18-25 (R. Pfeiffer, I, p. 129) ; mais selon D’Alessio 1995, 20-21, il pourrait éventuellement s’agir du vol des chevaux de Rhésos par Ulysse et Diomède.
232 Croissant 1992.
233 The J. Paul Getty Museum Journal, 14, 1986, 196 avec photo ; Tracy 1986 ; Tracy 1987 ; Masson 1988. D’où P. Charneux, Bull. ép. 1988, n° 588 ; O. Masson, L. Dubois, Bull. ép., 1989, n° 339 ; R. Stroud, SEG 1986, n° 341. CEG 2, 219, n° 813 = n° 863a. LSAG2, 444, A. Piérart 1991a, 141 ; Piérart 1991b, 567-568, fig. 5, II. Sur cette épiclèse homérique, qui ne serait pas cultuelle, mais seulement descriptive, et indiquerait des liens entre les sanctuaires argiens et corinthien d’Héra, Ménadier 1996, 131-136 et 141.
234 Ortiz 1994-1995, n° 129, ill. ; cf. Schefold 1960, n° III 184, 180, ill. p. 225. Les compétitions de hérauts ne sont attestées qu’à l’époque, récente, où le concours porte le nom d’Aspis : Amandry 1980, 233 et n. 54.
235 Courbin 1957, en particulier 368-370, fig. 52-53 (cf. Deonna 1959 et réponse de P. Courbin) ; Courbin 1959 ; Courbin 1983 ; Kron 1971, 131-148 ; Furtwängler 1980 ; Buchholtz 1991, en particulier 75-78, fig. 2, avec une bibliographie très copieuse. Strøm 1992b.
236 Boardman 1963, 109-133, plus précisément 110-116, 116-122 et 129-132. Voir aussi Boardman 1970, 109, 111-112, pl. 209.
237 Pini 1987, en particulier 424-428, nos 33-39, fig. 4-5, et 430, nos 9 et 11 ; sur leur provenance argienne, 433
238 Boardman 1963, 114-115. Le travail de la stéatite est une tradition régionale ; A. Latsoudi-Dragona avait naguère fouillé un atelier de taille de stéatite, de l’HR III C, à Iria : Kilian 1986, 80 et n. 101. Cf. Snodgrass 1971, 345-346.
239 Snodgrass 1971, 278-279 ; GG, 83-84 et 145 (140 à 156 passim). Snodgrass 1980, 52-54, 56-57 et 63 (56 à 64 passim). Rolley 1983a.
240 Kilian 1975a, 163, 168-169 et 184. Sur l’ensemble des fibules de l’Héraion, de toutes provenances, Strøm 1995, 62, 71-76 et 87-88, fig. 25 et 35 à 43.
241 Kilian 1975a, 172-173 ; cf. AH II, 258, pl. XC, nos 1361 et 1362 ; Blegen 1939, 439, fig. 29 ; Strøm 1995, 69-70, fig. 33-35, où sont aussi étudiés les bracelets à bandeau plat, les anneaux d’oreille et les bagues.
242 Kilian 1975a, 174 ; cf. AH II, 261-263, pl. XCI, nos 1480, 1487, 1488, 1496 à 1498, 1513 à 1523.
243 Sapouna-Sakellarakis 1978, 40 (type I f = Caskey/ Amandiy 1952, 182, n » 108, pl. 46) ; 90 (type V a = AH II, 243, nos 869-870, pl. LXXXVI) ; 97 (type VII a = AH II, 244, n° 280, pl. LXXXVI) ; 99 (type VII b = AH II, 244, n° 281, pl. LXXXVII) ; 104 (type VIII c = AH II, 242, 847, 848 et 946, pl. LXXXVIII) ; 117-118 et 120 (type XI b = AH II, 241, nos 827 et 828, pl. LXXXV).
244 Kilian-Dirlmeier 1979, 234, n° 1508, pl. 84 = AH II, 286, n° 2019, pl. 117, « Pyxis mit Protomendeckel (Typ Radanje) ». Strøm 1995, 62-66, 67-68 et 87-88, fig. 26-31.
245 Kilian 1973.
246 Kilian 1975b. Inséparables de ces monographies et synthèses, les comptes rendus de Cl. Rolley parus dans la RA (Rolley 1983, 1985 et 1988), et sa communication dans Polydipsion Argos (Rolley 1992).
247 Strøm 1992a, 57-59. Voir aussi Strøm 1988, 191-194, fig. 13, 14 et 16.
248 Les objets d’ivoire n’étant pas tous forcément orientaux. J. Boardman signale l’excellente qualité de ceux de l’Héraion, où il n’y avait toutefois pas d’atelier, et pense qu’ils ont été fabriqués soit à Sparte soit à Corinthe : Boardman 1970, 114, pl. 214-216.
249 Kelly 1976, 82.
250 Kilian-Dirlmeier 1985, 225-230 et Kilian-Dirlmeier 1985-1986. Voir ci-dessous VII.1.2. Sur la provenance des bronzes et la fréquentation de l’Héraion d’Argos par des pèlerins venus de toute la Grèce péninsulaire, Stram 1995, passim, en particulier 85-92, où elle déduit la faible implication d’Argos dans la fondation et la première élaboration du sanctuaire.
251 Gras 1985, 657, 661, 699 et 710.
252 Zimmermann 1989. Chevaux argiens (p. 18-62) de l’Héraion : nos ARG 70 ( ?), 95-97, 100, 105, 106, 128, 129, 133 et 156, p. 38, 43-45, 48-51 et 51-58 (passim). Chevaux laconiens (p. 123-175) : nos LAC 117, 158 et 159, p. 154-155, 163-164 et 166-175 (passim). Toutefois, Rolley 1992, 46, signale que ARG 129 (MN 13947) est de technique corinthienne, et note que le cerf MN 13951 est corinthien. Strøm 1995, 52-60 et 88, fig. 17-22, hésite à identifier un style argien.
253 AH II, 294-295, pl. CXXIII-CXXIV ; Rolley 1992, en particulier 42-43, dans le cadre général d’un état précis et dense de la question (nombreuse bibliographie). Approche technique similaire mais conclusions différemment pondérées par Strøm 1995 (40-50 et 89, fig. 3-16), qui prend aussi en compte les anses de trépieds. L’absence de bases de trépied à l’Héraion d’Argos confirme que le trépied n’y était pas un objet votif courant, alors qu’il constituait à l’époque classique l’un des prix remis à l’issue des concours, comme l’atteste le trépied trouvé dans la tombe de Philippe II à Vergina (ci-dessous VI.6.).
254 AH II, 196-197, n° 5, pl. LXX (Ch. Waldstein) ; Jenkins 1936, 152-153 (argien, vers 550) ; Walter-Karydi 1987, 66 et 69, fig. 88-90 (argien, milieu du vie siècle). Cf. infra n. 401.
255 Trianti 1984.
256 Schattner 1990, notamment dans le chapitre consacré à la signification de ces maquettes (191-219, en particulier 204-208). Il se réfère à A. Mantis, Προβλήματα της εικονογραφίας των ιερείων και των ιερών στην αρxαία ελληνική τέxνη. Diss. Thessalonique, 1983, 29-37 ; Athènes, 1990, 32-34, fig. 2-3. Cf. aussi Morgan 1994, 132-133.
257 Strøm 1988, 194, fig. 17 = AH II, pl. 123, n° 2715 (Athènes MN 20470 b) ; voir aussi AH II, pl. 123, n° 1716. Les sanctuaires d’Héra n’ont pas plus le monopole des clés votives que des maquettes ; néanmoins, plusieurs clés ont été trouvées dans celui de Foce del Sele et au Cap Lacinien à Crotone : Zancani Montuoro 1965-1966, 152-158 ; Spadea 1994, 11-12, n° 8, pl. IIIb.
258 Head, Historia Numorum, 439 ; SNG Copenhague, 17, Argolis, 26-27.
259 Aux offrandes de maquettes de maison, Fr. de Polignac confronte, dans ce même volume, celles, parfois conjointes, de maquettes de bâteaux.
260 Athènes, Musée National inv. 3980 : AH I, 140, fig. 7 (Ch. Waldstein) ; Eichler 1919, 145, fig. 83-84 ; Walter-Karydi 1987, 108-109, fig. 175 a, b et c. Elle reproduit aussi à cette occasion, fig. 176, 109, un pied de coré du ve siècle trouvé par C. W. Blegen dans le sanctuaire voisin (Blegen 1939, 435, fig. 21).
261 Hormis la plupart des inscriptions gravées sur les prix remportés au concours (voir ci-dessous), les inscriptions de l’Héraion ont été réunies et étudiées dans IG IV, 506-551 ; Walter 1911 ; Mitsos 1947, 86-87 ; P. Amandry, in Caskey / Amandry 1952, 213-221, pl. 60. Pour les révisions et les études plus générales (histoire, institutions, nomenclature, prosopographie, onomastique, langue), le lecteur pourra se référer commodément aux habituels instruments bibliographiques, “Bulletin épigraphique” de la Revue des Etudes grecques et SEG.
262 LSAG1, sous Argos, 168-171, les nos 1, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 21, 25, 26, 29, 32, 33, 36, 43 et 46.
263 LSAG2 compléments : 443-445, nos 11, 14, 15, 25, 26 et H.
264 DGE, n° 96 ; Thumb 1932-1959, en particulier 108-124 ; Buck 1961, passim et 162-164.
265 Bartonek 1972 ; Fernandez Alvarez 1981.
266 Mitsos 1952.
267 Kritzas 1992, 237 ; M. Piérart considère que la destruction de Mycènes a pour conséquence immédiate la consécration de son territoire à Héra, à preuve la borne naguère publiée par Woodhead 1953, 27-29, fig. 5 (SEG, 13, 1956, 236) qu’il préférerait dater entre 470 et 460 (cf. LSAG 1-2, 173 et 174 n° 4 : 475 ?) : Piérart 1992a ; noter p. 377-378 les arguments convaincants qui abaisseraient la destruction de Mycènes, ordinairement datée de 468, plus près de 460, après le séisme de 464/3 et la révolte des Hilotes. Quant à la borne, même dans les années 470-460, elle pourrait avoir marqué le territoire d’un autre sanctuaire que l’Héraion, un sanctuaire d’Héra à Mycènes, éventuellement défini ou redéfini par les Argiens. Au demeurant, rien n’impose de considérer que les terres sacrées constituaient d’immenses étendues continues. Sur cette question, voir aussi ci-dessous III.
268 Par exemple dans Meiggs/Lewis 1969, n° 42, p. 99-105, B, li. 16-17 (cf. 30-31). R. Meiggs et D. M. Lewis estiment que l’Héraion ici mentionné serait plutôt le grand sanctuaire d’Argolide ; de même Van Effenterre / Ruzé 1994, n° 54, p. 222-233, en particulier 236.
269 Charneux 1987, 207.
270 Amandry 1952, 254-274 ; Amandry 1957, 79-82 ; Amandry 1980, 233-244.
271 Amandry 1980, 236.
272 Mason 1974.
273 Pfaff 1992, 6-7.
274 Pfaff 1992, 4-5.
275 De même Lauter 1973, 182-183 : « Das Ereignis [l’incendie de 423/2] erzwang (...) den sofortigen Bau des neuen Tempels, sei es, dass ein solcher schon früher beabsichtigt war oder aber, dass er erst ad hoc entworfen wurde ».
276 AH I, 79 (fouilles de 1894) et 80-82 (fouilles de 1895) (Ch. Waldstein) ; 127-130, pl. V n° VI, pl. VII, IX, XX-XXII (E. L. Tilton). Amandry 1952, 256-261 et 273 (vers 450-440), pl. 67 a-d. Ginouvès 1956, 112, n. 4 : propose un pied de 0,308 m. Roux 1961, 27 : 460-450. Lauter 1973, 182-183 : construction dans le courant du ve siècle, sans autre précision. Coulton 1973 : construction entre 470-455 et 420 ; pied de 0,3178 m. Coulton 1976, 32, 40-41, 44 n. 4, 101, 104 n. 4, 105, 108, 116, 139-141, 146 n. 6, 153-154, 158 n. 3, 165 n. 2, 217, fig. 21, 39, 49, 5, pl. 1 : 450-425 d’après le style. Koenigs 1979, 220-221 : propose un module de 30,506 cm. Amandry 1980, 236-240, fig. 16, 17 et 19.
277 Amandry 1980, 238-240 ; Bommelaer/Des Courtils 1995, 29-31.
278 Des Courtils 1992, 244-251.
279 Billot 1991, 202, fig. 3.
280 Voir AH I, pl. VI.
281 AH I, 77-78, fig. 41 (fouille de 1894) (Ch. Waldstein) ; AH I, 116-117, pl. V n° IV et pl. XII (ive siècle) (E. L. Tilton) ; Amandry 1952, 271-272 avec n. 91 et 273 ; Lauter 1973, fig. 4, le place dans le plan du sanctuaire à la fin de l’époque archaïque ; Kuhn 1985, 256 (première moitié du ve siècle).
282 Cf. Amandry 1980, 253.
283 AH I, 118-127, fig. 56-64, pl. I, II, V n° V, X, XIV à XIX (E. L. Tilton) ; Amandry 1952, 254-261 et 272-274, pl. 67 e-f ; Roux 1961, 57-62.
284 Pfaff 1992, 27-28.
285 Pfaff 1992.
286 Pfaff 1992, 28-29.
287 Pfaff 1992, 235-238 ; Pfaff 1993, 299-300.
288 Pfaff 1992, 149-153 et 171-176.
289 Delivorrias 1974, 189-191 ; voir aussi 3, 5, 67, 107, 155, 163, 164 n. 47.
290 Déjà Delivorrias 1974, 190. Trianti 1985, 118-121 et 134, pl. 82-83. Trianti 1986, 164, pl. 144, 3-4.
291 En dernier lieu Raftopoulou 1980.
292 Gropengiesser 1961, 17-28, pl. XI-XXI. Protzmann 1971-1972, 572-581. Delivorrias 1974, 6, 92 et 190. Danner 1989, 12-13 n° 74, 16-17 n° 102, 38 et 61-65. Billot 1993, 51-52. Cf. Pfaff 1992, 206-209.
293 Amandry 1957, 75-87 ; Amandry 1980, 240 n. 72. Linfert 1990 (les sources écrites sur Polyclète ont été réunies dans le même catalogue par les soins de N. Kaiser, 48-78) ; Pfaff 1992, 305-312. Sur Naucydès, auteur de la statue d’Hèbè, et ses liens avec celui de la statue de culte d’Héra, voir par ex. Ghisellini 1990.
294 Moggi 1974 ; cf. Moggi 1976. Sur le cas de Mycènes, Piérart 1992a, 377-378.
295 Amandry 1952, 238-239 ; critique de AH I, pl. XII.
296 Lauter 1973, soubassement SF, 178-180 et 182-183, pl. 84, 2, fig. 1 et 5.
297 H. Lauter semble oublier les nombreux chapiteaux dont les profils ont été rassemblés par E. L. Tilton (AH 1, fig. 51) et qui n’ont pas tous été retrouvés (Amandry 1952, 229-235 et 236).
298 Lauter 1973, fig. 1.
299 Lauter 1973, 178, fig. 1. Cf. AH I, pl. XII et Amandry 1952, 238-239.
300 En tout cas pas aussi haut, semble-t-il, que l’indique Lauter 1973, dans sa restitution fig. 5 (à comparer avec son relevé fig. 1). E. L. Tilton explique bien (AH I, 112) que les degrés qu’il a restitués entre le deux petites plates-formes aux stèles sont tout à fait hypothétiques (comparer la restitution de la pl. V au relevé de la pl. XII), et ne correspondent pas à la petite terrasse ou palier qu’il a relevée au même endroit. Ses observations et ses précautions ne peuvent être remises en cause par quelques erreurs manifestes de son relevé, que Amandry 1952 238-239 et Lauter 1973 ont rectifiées.
301 Lauter 1973, 179 : « Die Korrektur ging von der langen Nordstoa II aus (...) » : oui, mais très indirectement, pour la seule raison que la façade du Portique Nord a déterminé d’abord et bien auparavant les directions du Portique Sud puis du Temple.
302 Pfaff 1989.
303 AH I, 136, pl. V n° X et pl. XXVIII. Coulton 1976, 6, n. 1, 95, n. 4 et 213, fig. 49, ive-iiie siècle d’après le style d’un chapiteau ionique d’appartenance incertaine.
304 E. L. Tilton s’est gardé de le dater (AH I, 134, pl. V n° VIII et pl. XXVII). Amandry 1952 le juge d’époque archaïque (235, n. 38 et 39a) ; Lauter 1973 le place aussi dans son plan de la fin de l’époque archaïque (fig. 4) ; Miller 1973 (9 n. 7, et 10, fig. 1) le date de la fin du vie siècle, mais le place sur le plan de l’époque classique.
305 AH I, pl. XXIX F.
306 Roux 1961, 62-65, fig. 8, pl. 22.
307 Barigazzi 1951, 423-426. Manakidou 1993, 243.
308 Kritzas 1992, 237-238 et 239.
309 Vol. III, 3-4.
310 Amandry 1980, 226-231, 244-247, 249-250. Pour les décrets, Charneux 1987, 207.
311 C’est bien ce que paraissent indiquer les termes employés par Plutarque, τὤν δ’ἀσύλων καὶ ἀβάτων πρότερον ἱερῶν (...). Sur l’asylie indispensable à la sécurité et à la renommée des concours et décrétée en même temps que leur fondation ou leur refondation, voir surtout Gauthier 1972, 226-230 et 266-269.
312 Van Berchem 1962 ; Van Berchem 1963. La base est remployée dans l’église de Merbaka (Haghia Triada) proche de l’Héraion. Cette église étant construite de nombreux éléments provenant du sanctuaire, il est probable que la statue de Q. Caecilius Metellus y était aussi érigée.
313 Remployée dans le prolongement du portique : Vollgraff 1920, 222 ; Vollgraf 1919, n° XXVII, 260-263.
314 Amandry 1980, 250.
315 AH I, 134-136, pl. V n° IX, pl. XXVIII et XXIX et fig. 68-69 (E. L. Tilton).
316 Pfaff 1992, 195-203.
317 Pfaff 1990b.
318 Musti / Torelli, Pausania II, 268 : Auguste vengeur de César est probablement représenté en Oreste, vengeur d’Agamemnon. Selon Torelli 1995, 23, la tête d’une ancienne statue d’Oreste aurait été transformée en portrait d’Auguste.
319 Vollgraff 1919, n° XXVIII, 263-270. Roddaz 1984, 430-431 ; voir p. 421 les dates des séjours d’Agrippa en Grèce. Oliver 1989, n° 3, 30-31 avec bibliographie antérieure. Les Thermes A ont remployé les blocs d’une base dont l’inscription, qui mentionne la Domus Augusta, pourrait indiquer qu’un personnage du groupe statuaire et/ou le dédicant était grand-prêtre de la Domus Augusta : Aupert, 1974, 773 ; Aupert 1978, 775, fig. 6 ; Aupert 1982, 639, fig. 2 ; Aupert 1986, 769, fig. 9 ; Piérart 1974, 776-774. Selon Marchetti 1993, 218-219, elle pourrait indiquer l’existence d’un culte “à connotation impériale” dès l’époque d’Auguste. Sur Argos et Rome à cette époque, Marchetti 1995, 195.
320 Il n’y a pas trace, pour l’Héraion, de bienfaits particuliers de Trajan en l’honneur de qui Argos célébrait des Trajaneia (IG IV 602, 1. 4-5).
321 Peut-être en continuité ou par analogie avec les offrandes de πέπλος ou de πάτος à Héra, dans un ou des sanctuaires et des circonstances, toutefois, qui restent inconnus : Callimaque, fr. 66, 2-3 avec le commentaire de R. Pfeiffer ; Agias et Derkylos, FGrH 305 F 4 ; Hésychius, s.v. πάτος. En faveur du sanctuaire d’Héra Antheia, qu’il situe sur l’agora d’Argos, Marchetti 1995, 241-242, 247, 251-254. Sur la composante agonistique, prédominante, de la Peregrinatio achaica, André 1995.
322 Héra avait métamorphosé en paon le héros-bouvier Argos aux trois, quatre ou mille yeux qu’elle avait commis à la surveillance d’Iô : Martial, Epigramme XIV 85 ; Nonnos, Dionysiaques, XII 70-71 ; Scholies à Aristophane, Oiseaux 102 a, c, d, e, f D. Holwerda. Selon d’autres versions du mythe, le paon serait né de son sang (Moschos, Europe, 57-59), ou les yeux d’Argos auraient été placés sur les plumes de la queue de l’oiseau (Ovide, Métamorphoses, I, 722-723). L’oiseau était le symbole de la déesse : Athénée XIV 655 a-b.
323 Caskey/Amandry 1952, 219-221, n° VII, pl. 60.
324 Vollgraff 1944-1945, nos 8-9, 397-401 ; Hadrien fait construire au moins le grand aqueduc et le nymphée où une statue lui fut érigée : Vollgraff, 1958, 539-555, fig. 11-27 ; Caskey/ Amandry 1952, 221 avec n. 32. Il fait restaurer ou reconstruire un temple urbain d’Héra (Antheia ou Akraia) détruit par un incendie : Piérart 1995a ; Piérart 1995b. Sur la date des voyages d’Hadrien en Grèce, Follet 1976, 108-110. Sur Hadrien et Argos, voir maintenant Piérart 1995b.
325 Spawforth / Walker 1986, 101-105. Compléments et précisions par P. Charneux, dans Bull, ép., 1988, nos 604 et 605.
326 Voir la thèse inédite de J.-Ch. Moretti, Le théâtre d’Argos, 272-273 (à paraître).
327 NCP, 34, n° 7, pl. I, XVI.
328 NCP, 34, n° 6, pl. I, XII, XIII et XV. Lacroix 1949, 258 avec la bibliographie antérieure, pl. XXI, 13 et 14.
329 NCP 34, n° 5, pl. I, XI.
330 Moretti 1953, n° 90, 263-264. Cf. Spawforth 1994, 213-214.
331 J’ai entrepris l’examen de cette question.
332 Weiler 1974, 109-110.
333 Caskey/Amandry 1952, 197-199, pl. 54-55.
334 Toutefois, il n’est pas certain que les hydries remises en prix lors des Hecatomboua (ci-dessous VI.6.) doivent être rapportées au culte comme l’écrit F. Zevi dans Zevi / Lazzarini 1988/1989, 37-38 ; comme M. L. Lazzarini le rappelle ibid., 48, des hydries étaient remises en prix dans beaucoup d’autres concours, à Athènes, Thèbes, Phylakè ( ?), Thespies, Erétrie, Lampsaque et Rhodes ; cf. Amandry 1971, 612-619, passim ; Amandry 1980, 211-212, n. 4, et 250-251.
335 Sans que nous sachions si une statue d’Héra était véritablement baignée à la source Canathos ni si elle provenait de l’Héraion, de la ville même d’Argos ou d’un sanctuaire de Nauplie.
336 Ἵππη dans Callimaque fr. 66, 8 R. Pfeiffer. Sur le bain de la statue d’Héra Akraia d’après les écrits d’Agias et Derkylos dont s’est inspiré Callimaque, voir le commentaire de R. Pfeiffer au fr. 65, 68, et FGrH 305 F 4, avec le commentaire de F. Jacoby, III B, 21-22. Sur le collège des Hèresides ou Arysitides, Hésychius, Et. Gen. et Et. Mag. s.v. Ἡρεσίδες. Sur la tradition textuelle, Cassio 1989, 257-267, 271-274 et Appendice 2, 275. Marchetti 1995, 233-237.
337 Cole 1988 ; Tomlinson 1988, et Tomlinson 1992, passim. Mais U. Sinn estime que l’importance des installations hydrauliques de Pérachora est moins liée au culte qu’à la fonction principale de ce sanctuaire, lieu de refuge pour les habitants de la Pérée corinthienne et leurs troupeaux (Sinn 1991 ; Sinn 1990, en part. 71-83 ; Sinn 1993). Sur les rituels de l’eau dans les cultes d’Héra, voir aussi, plus brièvement, Kahil 1994, 219-220.
338 Alroth 1987 ; Alroth 1989, 80-81.
339 Qu’il faut rapprocher de la dédicace à Artémis IG IV 513.
340 Zevi dans Zevi/Lazzarini 1988-1989, 38.
341 Zevi dans Zevi / Lazzarini 1988-1989, 37-38, établit un rapport entre le rôle de l’eau dans le culte, les hydries, ce collège féminin de prêtresses, les bustes de péplophores sur les anses d’hydries et les affranchissements ; il pense que les bustes de péplophores représentent ces prêtresses qui seraient soit des esclaves sacrées, soit des affranchies consacrées au sanctuaire. Mais cette interprétation ne s’impose pas.
342 Wörrle 1964, 12, 48, 84-85 ; Verdelis et al. 1975, 194-195, n. 3. Sur la question de leur représentativité, Charneux 1984, 208-209 et n. 13-15.
343 Base de statuette de bronze dédiée par les quatre hieromnamons : Walter 1911, col. 141, n° II, fig. 72 (photographie et facsimile) ; DGE, 96 (3) ; LSAG1-2, 169, n° 21, 161, 480-475 av. J.-C. ?
344 Stèle érigée par les quatre hiéromnamons : AH I, 197-198, n° 2 ; IG IV 517 ; Roehl 1907, 14 et 39 ; DGE, 96 (1) ; Vollgraff 1930, 28-29 ; Buck 1961, 82 ; LSAG1-2, 170 n° 32, 152 et 164 (460-450 av. J.-C. ?) ; Van Effenterre / Ruzé 1994, n° 86, 318-319.
345 Pilier ayant supporté une statuette dédiée par quatre personnages, probablement les quatre hiéromnamons : Walter 1911, n° I, col. 139-140, fig. 71 ; DGE, 96 (2) ; LSAG1-2, 170 n° 36, 153 et 166, 460-450 av. J.-C.
346 Charneux 1983, 262 et n. 63. Sur cette forme verbale à l’imparfait qui, à Argos, accompagne normalement la mention d’un président de collège ou d’assemblée, Dubois 1986, 100-102.
347 IG IV 530 (iiie-iie siècle) ; Walter 1911, n° IV, col. 143-150, fig. 74 (fin du iie siècle).
348 Stroud 1984, pl. 47,1, en part. 204 à propos de la li. 11.
349 IG IV 480 ; Stroud 1984, 205-206.
350 Stroud 1984, 204 ; P. Charneux, Bull, ép., 1987, n° 603, p. 404.
351 Vian 1988, 406, n. 38.
352 Le dossier complexe des personnages de ce nom, notables à Athènes et à Argos, comporte trois autres documents : une base de statue IG IV 666 est dédiée à Lerne par un certain Archélaos, homonyme de son père (li. 5-6) ; un Archélaos a dédié deux statues au proconsul Phosphorios, l’une à Argos (IG IV 1608), l’autre à Mégare (IG VII 96). Selon Reinach 1900, 324-328, Phosphorios ne peut être qu’Aurelius Valerius Tullianus Symmachus, proconsul d’Achaïe en 319 et consul ordinaire en 330 (PLRE I, Symmachus 6) avec Flavius Gallicanus 1 (PLRE I, Gallicanus 1) ; Th. Reinach ne prend en considération que les deux dédicaces de statues. De même, Premerstein 1923, 71-80 ; Fiebiger 1939, n° 30b ; Robert1948a, 23 n. 5 et 60. Mais selon Groag 1946, 54-55, Phosphorios est Lucius Aurelius Avianius Symmachus qui aurait été consul entre 379 et 382 (PLRE I, Phosphorius 2 = Symmachus 3, en fait mort probablement en 377 alors qu’il était consul désigné), et le dédicant de ses deux statues, Archélaos, est aussi le personnage que nomment IG IV 666 et IG II2 4841. De même Robert 1948a, 147 ; CCCA 11, n° 389, 116-117, pl. CXVII-CXIX (à propos de IG II2 4841 = MN inv. 1746) ; Feissel / Philippidis-Braat 1985, n° 27, 289 (à propos de IG IV 1608) ; Loukas 1986a, 394-396, fig. 4-6, pl. III-IV ; Loukas 1986b, 92-94, 3 fig. ; Loukas 1989, 232-233 et 235-237 (ces trois études à propos de IG II2 4841 = MN inv. 1746, et IG IV 666). Dans tous ces travaux, la date proposée pour IG IV 666 est sensiblement la même que celle de l’autel IG II2 4841 = MN inv. 1746, et repose en dernier ressort sur la ressemblance des reliefs de ce dernier avec ceux d’un autre autel, de meilleure facture, et dont l’inscription rappelle un autre taurobolion accompli par Mousonios après le consulat de Fl. Honorius (PLRE I Honorius 3) et Fl. Euodius (PLRE I Euodius 2), sous l’archontat d’Hermogénès, en 386/7 (IG II2 4842 = Athènes Musée National inv. 1747 : CCCA II, Phlya, n° 390, 117-118, pl. CXX-CXXII ; Loukas 1986a, 394-396, fig. 7-9, pl. IV-V ; Loukas 1986b, 93, 3 fig. ; Loukas 1988, 110-118, fig. 9-12 : dans la mesure où Archélaos serait l’auteur du “premier” taurobolion, IG II2 4841 = MN 1746 serait un peu antérieur à IG II2 4842 = MN 1747. Entre-temps, Polara 1974, reprenant la documentation relative à Aurelius Valerius Tullianus Symmachus, à Phosphorios proconsul d’Achaïe en 319 et à Aurelius Valerius Tullianus Symmachus Phosphorios consul en 330, conclut à leur identité et renforce ainsi, contre la thèse d’E. Groag, celle de Th. Reinach. Par ailleurs, Loukas 1988 (118-119) affirme, après d’autres, que le “premier” taurobolion accompli par Archélaos (IG II2 4841 = MN inv. 1746) est bien le premier qui ait été accompli à Athènes. Dès lors il est nécessairement antérieur à 386/7. Le style des reliefs de l’autel les daterait du début des années 360-370, à l’époque de Julien l’Apostat, déjà proposée par Cumont 1913, 213 ; voir maintenant aussi Athenian Agora XXIV, 19. Archélaos étant alors déjà initié à Lerne, Cleidouque d’Héra Basileis et Dadouque de Corè, IG IV 666 serait encore antérieure et daterait du deuxième tiers du ive siècle. I. K. Loukas souligne que dans les deux inscriptions IG IV 666 (li. 5-6) et IG II2 4841 (li. 1-2), Archélaos insiste sur la qualité de ses ascendants et sur son homonymie avec son père, signifiant par là que sa famille, qu’il dit de toute manière illustre, a sans doute déjà exercé des fonctions sacerdotales. A. Frantz (Athenian Agora XXIV, 50-51) recoupe la même information avec la thèse de Th. Reinach et G. Polara pour conclure qu’il y eut au contraire trois Archélaos : 1) le dédicant des statues de Phosphorios érigées à Argos (IG IV 1608) et à Mégare (IG VII 96), cette dernière pour remercier le proconsul Aurelius Valerius Tullianus Symmachus signo Phosphorios (PLRE I Symmachus 6) d’avoir renforcé les murailles de Mégare devant le danger d’un raid sarmate intervenu ca 322 av. J.-C. ; 2) son fils, auteur de la dédicace IG IV 666 dans le deuxième tiers du ive siècle ; 3) le petit-fils, initié, comme son père, aux Mystères de Lerne et Dadouque de Corè, Cleidouque d’Héra Basileis et auteur du “premier” taurobolion en 386/7 (IG II2 4841).
353 Ce que semblerait indiquer la tournure ἱερἀ σηκῶν Ἥρας κλείθρα φέρων (IG II2 4841, li. 9-10), à moins que les pluriels, emphatiques, ne désignent que la clé d’un seul sanctuaire ; on serait alors enclin à penser qu’il s’agit, de préférence, du grand Héraion.
354 Barakari-Gleni 1980, 122 ; Catling 1988/1989, 29 ; Touchais 1989, 604 ; M. Sève, Bull. ép., 1990, n° 174 ; SEG, 38, 1988, 312.
355 IG IV 529, IG IV 530 et Walter 1911, n° IV, col. 143-150, fig. 74, les deux dernières avec mention des hiéromnamons d’Héra. Mitsos 1952, 11 ; Charneux 1992, 336 n. 4 ; SEG, XLII, 1992, 279.
356 Reilly 1978.
357 Laurens 1987, 69, 63 et 71.
358 De même, à Mantinée, la statue d’Hèbè ainsi que celle d’Athéna se dresssent à côté d’Héra trônante dans le groupe cultuel réalisé par Praxitèle pour le temple des trois déesses (Pausanias VIII 9, 3) : Jost 1985, 127 et 357-358.
359 Jost 1985, 370-371 et 371 n. 7, à propos de la signification d’Aléa à Tégée où, selon Pausanias (II 17, 7 ; III 5, 6), Chrys(é)is aurait trouvé refuge.
360 Qui était aussi l’un des grands sanctuaires jouissant de l’asylie : Plutarque, Pompée 24, 6.
361 Maddoli 1984, avec la bibliographie ; Giangiulio 1984, avec la bibliographie. Lazzarini 1984, 353-355 ; Giangiulio 1989, 53 n. 3, 58-59 et 65 ; Spadea Noviero 1990, 293-299, fig. 2-5 ; Spadea 1994, 5-6, fig. 4 ; Mele 1996, 235-237 et Lazzarini 1996, 242-246, avec bibliographie ; Spadea 1996, 33 (ill.) et 43.
362 Voir, du point de vue arcadien, Jost 1985, 357-358. Fille de Zeus et d’Héra, Hèbè est aussi sous le nom de Ganymeda l’aimée de Zeus, et sous celui de Dia ou Dionè, son équivalent féminin ou son épouse : comme il arrive souvent, la fille est l’hypostase de la mère, peut en être le substitut et revêtir les mêmes fonctions, ici celle de protectrice des esclaves, des affranchis et des fugitifs. Sur Dia-Dionè épouse “étymologique” de Zeus, Dunkel 1989-1990, 16-17.
363 Amandry 1980, 211-248 passim ; Amandry 1983, 627-628.
364 Moretti 1991.
365 Avec le commentaire de J. et L. Robert, Bull. ép., 1954, n° 57, p. 114.
366 J. et L. Robert, ibid. Clement 1984.
367 Cf. Spawforth 1989, 193-194, n. 3.
368 Kritzas 1992, 235.
369 Amandry 1980, 246. Charneux 1990, 411-413.
370 L’ethnique du proxène Lapyris nommé dans le décret IG II2 365 de 323/2 av. J.-C. pourrait donner une date approximative de l’absorption de Cléônai par Argos d’où résulte la présidence des Néméia par Argos : [Κλεωναῖ]ος selon Piérart /Thalmann 1980, 261-269, qui estiment donc qu’à cette date Cléônai est encore autonome, il est [Ἀργεῖ]ος selon P. Charneux qui considère donc que Cléônai est devenue une kôma d’Argos vers 330 av. J.-C. : Bull, ép., 1987, n° 603, p. 404. et n° 605, p. 411.
371 En 235, Aratos les fit célébrer à Cléônai c’est-à-dire à Némée (Plutarque, Aratos 27, 2 et 28, 5-6). Ce qui suppose qu’en 237, ils l’avaient été à Argos.
372 St. G. Miller, dans Tzachou-Alexandri 1989, 92, ou dans Tzachou-Alexandri / Picard, 1990, 54. Miller 1990, 57. En faveur de cette date ancienne, la construction du théâtre d’Argos à même époque : Moretti 1993, 13 et 21-23. Plus récemment, St. G. Miller a indiqué que le transfert définitif avait pu s’opérer dans la vingtaine d’années qui va de 272 av. J.-C. (invasion de Pyrrhus) à 251 av. J.-C., mais pas au-delà (Miller 1992, 83 et n. 18).
373 Amandry 1980, 246.
374 Daux 1964 ; Migeotte 1984, n° 20, 84-86 ; Charneux 1990, 397 et 412-414.
375 IG IV 586, restitué li. 3 ; IG IV 587, restitué li. 2 ; IG IV 590, li. 10-11 ; IG IV 602, li. 8 ; IG IV 606, li. 4-5 : Boëthius 1922, 59-61 ; Charneux 1956, 609.
376 IG IV 602, li. 4-5.
377 IG IV 590, li. 11-12. Sans doute fondés par Hadrien lors de son troisième voyage en Grèce en 131/2, après la mort d’Antinous survenue en 130. De cette époque daterait probablement la reconstruction du bâtiment de scène du Théâtre.
378 Musée d’Argos inv. E 26 : Charneux 1956, 605 li. 17 et 609 ; Stroud 1984, 204.
379 Charneux 1956, 609.
380 Charneux 1956, 609.
381 Charneux 1956, 609, avec bibliographie antérieure, notamment les références à Boëthius 1922, 1-62 ; Charneux 1966a, 237-238 ; Amandry 1980, 246 ; Amandry 1983, 634.
382 Charneux 1956, 609 ; Amandry 1980, 246 (« entre la mi- juin et la fin de juillet »).
383 Perlman 1984, 315-332 ; d’où P. Charneux, dans Bull, ép., 1987, n° 605, p. 411, et Charneux 1990, 400 n. 33 et 403 n. 55. Perlman 1989, 57-90 ; d’où S. Follet, dans Bull, ép., 1990, n° 225.
384 Charneux 1966a et Charneux 1966b ; cf. Perlman 1984, 259-314, d’où P. Charneux, dans Bull. ép., 1987, n° 608.
385 Perlman 1984, 126-258 ; d’où P. Charneux, dans Bull, ép., 1987, n° 605. Miller 1988 ; d’où Ph. Gauthier, dans Bull, ép., 1989, n° 268.
386 Recensés par Perlman 1984, 288-291 et 423-499 et déjà par Charneux 1966a, 234-237, et par Amandry 1980, 245 n. 80, où les variantes de la formulation sont relevées ; voir aussi Charneux 1990, 407-408. Cf. Perlman 1989, 61-63.
387 P. Charneux, dans Bull, ép., 1987, nos 603, 605, 608 et 609.
388 Vollgraff 1915, 379-380, décret K ; d’où Charneux 1983, 266, dernier paragraphe ; Charneux 1990, 407 n. 83 ; P. Charneux, dans Bull, ép., 1987, n° 603, p. 404.
389 Charneux, dans Bull, ép., 1987, n° 603, p. 404.
390 Charneux 1966a, 235-236 ; Charneux 1990, 407-408. En septembre 254 av. J.-C., Une lettre d’Apollonios à Zénon atteste la présence en Egypte des théores d’Argos (P. Lond. 1973, 5-6), venus annoncer les concours argiens plutôt qu’assister, comme représentants d’Argos, à une fête égyptienne du reste indéterminée : Fraser 1972 (I, 231-232 ; II, 291 n. 313, 379-381 n. 321, 326 et 335) ; Skeat 1974, 63 et 65-66 ; Bergmans 1979 ; Buraselis 1982, 165 et n. 189 ; Buraselis 1993, 260 et n. 63. Cf. Perlman 1989, 61-63. Un archithéore en Asie et à Alexandrie : Barakari-Gleni 1980, 122 ; M. Sève, dans Bull, ép., 1990, n° 174.
391 Monsieur P. Charneux a bien voulu me dire qu’en raison du caractère plutôt honorifique de cette charge, créée ou souvent attribuée ad hominem (ainsi pour les trois fils de l’agonothète Cn. Pompéius Cléosthénès), elle s’était, au fil des ans, vraisemblablement multipliée entre les différents concours plutôt qu’elle ne s’était concentrée pour tous les concours sur un seul personnage.
392 Amandry 1980, en particulier 217-233 ; sur le programme de l’Aspis, 233 n. 54, voir aussi la thèse inédite de J.-Ch. Moretti, Le théâtre d’Argos, 270-272. Même démarche de la part de Sève 1993.
393 Moretti 1957 ; Moretti 1970 ; Moretti 1987 et Moretti 1992.
394 Moretti 1953.
395 En particulier Ebert 1972.
396 Stephanis 1988 ; d’où S. Follet, dans Bull. ép., 1990, nos46 et 49.
397 Amandry 1971, 615-617 ; Amandry 1980, 211 -217, fig. 1-4et 250-251.
398 Andronicos 1987, 165-166, fig. 134-135. LSAG2, 444-445, H.
399 Zevi / Lazzarini 1988-1989 ; Zevi / Lazzarini 1992 (présentation rapide). Dans le premier article cité, M. L. Lazzarini reproduit le corpus complet des inscriptions argiennes gravées sur les prix de bronze entre 470-460 et 420, dont elle étudie la graphie et la formulation (42-45) ; sur ces derniers points voir déjà au moins Amandry 1980, 211-217 et LSAG1-2, 162, 164 et 170 n° 26 (Hydrie Metropolitan Museum inv. 26.50).
400 Kritzas 1989. D’où L. Dubois, dans Bull. ép., 1990, n°424.
401 Diehl 1964, 23-24, avait réuni les trois hydries argiennes alors connues, B. 77 (Sinope, Musée d’Ankara), B. 78 (Metropolitan Museum inv. 26.50) et B. 82 (maintenant Glyptothèque Ny Carlsberg inv. 3293) dans un même groupe B. 75 à B. 85, dont D. von Bothmer a montré qu’il fallait le dissocier (Bothmer 1965, 601). Il en a récemment augmenté et reclassé une partie où les trois hydries argiennes se trouvent toujours réunies : Bothmer 1974, 15-16, fig. 3, 4, 7 et 8. Sur l’ouvrage de E. Diehl, voir aussi Rolley 1965. R. Tölle-Kastenbein 1980, a groupé, autour de l’hydrie Metropolitan Museum inv. 26.50 (n° 19 a de son catalogue) plusieurs miroirs à pied qui représentent la production argienne du deuxième quart du ve siècle (135-146, pl. 86b – 95 b). Par ailleurs, le buste de péplophore qui orne les anses des trois hydries et de quelques œnochoés ainsi qu’un pithos de terre cuite caractérise de manière univoque les vases argiens de bronze et de terre cuite ; associé à d’autres caractères (structure des visages, coiffures, attache inférieure des anses, rouelles, technique), il lui permet de suivre l’évolution de cette production jusque dans la seconde moitié du ve siècle (229-234, pl. 156-163) et de reconnaître aux ateliers d’Argos un rôle de pionniers et de leaders dans le Nord-Est du Péloponnèse. F. Zevi, dans Zevi / Lazzarini 1988-1989, 34-37, accroît le groupe constitué par D. von Bothmer d’une anse du Musée des Arts Décoratifs, d’un exemplaire de Lipari et de l’hydrie de Pompéi, ce qui donne une image plus large de cette production et de sa diffusion (on lui objectera toutefois que, faute d’inscriptions, il n’est pas certain que ce groupe tout entier relève des Preishydrien).
402 Amandry 1980, 232 ; Amandry 1983, 627-628.
403 Notons que les prix de bronze inscrits, sur lesquels le concours apparaît “anonyme”, sans nom spécifique, couvrent la période qui s’étend de 470-460, époque à laquelle on élabore la transformation du sanctuaire, à 420 environ, époque où le nouveau temple est construit, qu’il ait été ou non prévu dès 460. De même qu’à l’occasion du profond bouleversement que crée l’incendie du vieux temple et la nécessité absolue d’en construire un nouveau, le concours prend probablement le nom d’Hécatomboua, de même la liste des prix a pu changer dans ces circonstances. On peut se demander, du reste, si ce sacrifice grandiose – dont les victimes, très nombreuses, n’atteignent pas nécessairement la centaine – n’a pas été créé vers 420, après l’incendie du temple archaïque, et avant que le temple classique ne fût construit, pour “compenser” en quelque sorte la perte du vieux temple.
404 Amandry 1983, 628-632, fig. 1-5. Blech 1982, 138, 140 et 184. Le rapprochement s’impose avec la couronne de myrte et de vigne, en or, qui devait parer une effigie d’Héra au Cap Lacinien : Spadea 1994, 24-27 et 28, fig. 30, pl. VII a et VIII a-c ; Spadea 1996, 49, 76-79 (ill.), 83-84 (ill.), 125 n° 148, ill. La couronne de myrte est décernée dans de nombreux autres concours ; Héra samienne est couronnée de vigne (Call. Aitia Fr. 101 avec Dieg. IV 30).
405 C’est une question à laquelle je prévois de revenir, à partir des scholies à Pindare. Cf. aussi M.L. Lazzarini, dans Zevi / Lazzarini 1988-1989, 45.
406 McGowan 1990 et 1995.
407 AH I, 202, n° 3 ; IG IV 510 ; Daly 1939, 165 n. 2 ; Moretti 1953, n° 7 ; SEG XIV, 315 ; LSAG1-2, n° 16, 169 et 159, pl. 27, 16a et b, ca 525-500 av. J.-C.
408 CEG 1, n° 136, p. 74, avec la bibliographie antérieure. Moretti 1983, 44-47 ; reproduit dans Moretti 1990, 391-394. Day 1989, 26. McGowan 1995, 628, fig. 11.
409 Amandry 1980, victoires de Ménodoros d’Athènes, 229 et fig. 14 ; d’un acteur tragique tégéate, 230, n. 50 et 251-252, fig. 20 (couronne de lierre). Amandry 1983, 628-632, fig. 1-5. Victoires de L. Cornelios Corinthos : Clement 1984.
410 Sur les sanctuaires “occidentaux” d’Héra, voir ici même la plupart des autres communications de ce colloque.
411 Kilian-Dirlmeier 1985.
412 Ce que Ph. Brize a bien voulu me confirmer lors de ce colloque.
413 Payne 1940, 21-22, 32-34, 41-42, 65-67, 196 et 241-248. Kilian-Dirlmeier 1985, 228.
414 Zimmermann 1989, COR n° 50, 182, 193 et 197-202.
415 CGA, 248, 550 et n. 5, 551 et n. 1 à 3.
416 Kilian-Dirlmeier 1985, 225-230, fig. 8-12, et Kilian-Dirlmeir 1985/1986. Tomlinson 1992, 322-324. Sinn 1990, en part. 69-70 ; Sinn 1991 ; Sinn 1993. Mais réserves de Morgan 1994, 129-135, en particulier 134-135.
417 Ménadier 1996, 125-126 et surtout 152-172.
418 Calame 1987, 57-58, 59 ; version plus succincte dans Bremmer 1987, en particulier 161. Marchetti 1995, 215, situe les sanctuaires d’Héra sur les contreforts de l’Acropole, non loin du théâtre ; cf. 218.
419 La liste en a été dressée par Kophiniotis 1892, 322-368.
420 Blinkenberg 1941, col. 470-471, inscription n° 199, datée de 165 av. J.-C., li. 6, commentaire col. 1012-1014, avec rappel des attestations de συγγένεια entre Rhodiens et Argiens.
421 Morelli 1959, 147.
422 IG XII, 1, 756. Segre / Pugliese Carratelli 1949-1951, App. n° 38.
423 Paton / Hicks 1891, 88-90, n° 38, li. 5 = Herzog 1928, n° 2, li. 5 = Segre 1993, 160-161, ED 241, li. 5. Cf. Sherwin-White 1978, 296 et 360.
424 Maiuri 1925, n° 475, 173-175, li. 10-11.
425 Pritchett 1982, 155-159, pl. 97-103, complété par Pritchett 1985, 167-171, pl. 61-65.
426 Par ex. Wathelet 1992.
427 Bowie 1974. Robert 1977, 88-132 = Robert 1987, 46-90. Stroud 1984, 193-215, en particulier 195 et 199-200 ; cf. P. Charneux, dans Bull.ép. 1987, n° 604, en particulier p. 406. Piérart 1992b.
Notes de fin
Auteur
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