Le proasteion de Neapolis : un premier état de la question
p. 109-132
Résumés
Depuis les années 2000, les recherches sur les cités grecques mettent en avant l’existence d’un espace intermédiaire entre l’astu et la chôra, l’espace périurbain (proasteion). Il est connu dans les sources anciennes depuis le viie siècle av. J.-C. mais reste difficile à définir, notamment dans son extension topographique. Néanmoins, les fouilles archéologiques autour des murs des poleis ont mis en lumière diverses activités qualifiées de périurbaines.
Nous proposons d’analyser l’espace périurbain de Neapolis, colonie grecque fondée à la fin du vie siècle av. J.-C. en Campanie, et de vérifier la pertinence d’appliquer la notion de proasteion à la cité grecque, comme le font Philostrate et Procope pour la Naples impériale et tardo-antique. Plusieurs activités autour des murs, à l’intérieur et à l’extérieur, sont connues : activités portuaire, artisanale, cultuelle et funéraire. Nous analyserons également le second pôle de la ville, Parthénope-Paleopolis, et ses liens avec Neapolis.
Since the 2000s, the research on the Greek cities highlights the existence of a transitional space between astu and chora, the suburban space (proasteion). It has been known in the ancient sources since the 7th century BC, but remains difficult to define, especially in its topographical extension. Nevertheless, archaeological excavations around poleis’ walls spotlight various activities described as suburban.
We propose to analyse the proasteion of Neapolis, a Greek colony founded at the end of the 6th century BC in Campania, and verify the pertinence to apply this notion at the Greek city, as do Philostratus and Procopius for Naples during the Empire and Late antiquity. Several activities around the wall, inside and outside, are known : port, craft workshops, sacred monument, necropolis. We will also analyse the city’s second pole, Partenope-Paleopolis, and its links with Neapolis.
Entrées d’index
Mots-clés : polis, proasteion, urbanisme, études urbaines
Index géographique : Naples, Neapolis
Keywords : polis, proasteion, urbanism, urban studies
Texte intégral
1La polis grecque de Neapolis, la Naples antique, est fondée par des Cumains et les habitants de Parthénope à la fin du vie siècle av. J.-C. Elle est située dans le territoire de Cumes, près de l’ancien établissement de Parthénope, qui a pris le nom de Paleopolis à la fondation de Neapolis (fig. 1)1.
Fig. 1 - Campanie.

© CNRS Centre Jean Bérard.
2À la fin du viiie siècle av. J.-C., Cumes, qui contrôlait déjà Pithécusses, installe plusieurs epineia au sein de sa chôra, à Misène, à l’emplacement de la future Pouzzoles et Parthénope, pour étendre sa domination dans le golfe de Naples2. Néanmoins, l’établissement de Parthénope semble posséder une certaine autonomie vis-à-vis de Cumes3. Ensuite, en raison de la tyrannie d’Aristodème, des Cumains, principalement des oligarques, se sont enfuis de la ville et ont trouvé refuge à Capoue et, sans doute, à Parthénope également4. Ce sont les Cumains réfugiés à Parthénope ainsi que les habitants de Parthénope qui ont fondé Neapolis à la fin du vie siècle av. J.-C.5.
3La particularité de Neapolis est son caractère grec qui perdure après la romanisation de la cité. Après l’alliance de Neapolis avec Rome (le foedus neapolitanum) en 326 av. J.-C., Neapolis devient ville fédérée6. Cependant, alors que les villes se romanisent progressivement – à l’image de Vélia devenue ville fédérée au début du iiie siècle av. J.-C. –, Neapolis reste largement indépendante et doit seulement prêter sa flotte à Rome. Elle conserve sa culture hellénique (architecture, langue et cultes), ses institutions propres et ses lois. Tacite, qui écrit ses Annales au début du iie siècle apr. J.-C., rapporte que l’empereur Néron (54-68 apr. J.-C.) désirant faire du théâtre devant un grand nombre de spectateurs choisit de se produire à Naples en sa « qualité de ville grecque »7.
4La ville grecque est bien connue sur le plan urbanistique. En effet, la ville romaine puis la ville moderne se sont développées autour du noyau originel grec, tout en le conservant. De plus, une grande partie de la muraille grecque est conservée. Nous connaissons ainsi relativement bien le périmètre de la ville grecque. En outre, contrairement à beaucoup d’autres colonies, l’espace urbain ne s’est pas agrandi durant la période hellénique de la ville. Il est donc assez aisé d’observer l’évolution de l’espace proche de la muraille entre les ve et ier siècles av. J.-C.
5Dans le cadre de cette journée consacrée à la notion de proasteion dans le monde antique et notamment dans le monde italiote, nous allons analyser l’espace périurbain de la Neapolis grecque et vérifier la pertinence d’appliquer la notion de proasteion et les résultats des recherches récentes à cet exemple. Pour cela, nous nous intéresserons dans un premier temps aux études sur la Naples antique évoquant l’espace périurbain, puis, dans un second temps aux découvertes archéologiques faites dans l’espace proche de la muraille.
Le proasteion de Neapolis : bilan des études
6Au sein des grandes études sur la Campanie et sur Naples, la question de l’espace périurbain de la Naples gréco-romaine a été quelques fois abordée. En premier lieu, dans sa synthèse sur la Campanie, J. Beloch insère le terme proasteion sur la carte de Neapolis dans la zone sud-est en dehors de la muraille, correspondant à la zone portuaire (fig. 2). Ce terme n’apparaît pas dans le texte, où l’auteur utilise celui de « faubourg » (« vorstadt » dans le texte allemand original) pour évoquer le port8. En revanche, J. Beloch cite la Galerie de tableaux de Philostrate, texte dans lequel le terme de proasteion apparaît précisément pour situer un emplacement, près du port, en dehors des murs de la ville.
Fig. 2 - Neapolis.

Le proasteion au sud de la ville, près du port.
D’après Beloch 1890, pl. II.
7Voici à quelle occasion ces discours ont été prononcés. Il y avait alors des jeux à Naples, cette ville de l’Italie fondée par des Grecs, et qui, par ses mœurs élégantes, par son goût pour les lettres, mérite d’être regardée comme une ville grecque. Je ne voulais point déclamer en public, quoique pressé par les jeunes gens qui fréquentaient la maison de mon hôte. Je logeais alors en dehors des murs dans un faubourg (προάστειον, proasteion) bâti sur la côte, et où s’élevait un portique à quatre ou cinq étages, qui avait vue sur la mer Tyrrhénienne9.
8Dans sa description de la topographie de la Naples antique, J. Beloch consacre une petite partie au quartier du port, c’est-à-dire à la zone au sud de la ville, en dehors de la muraille. Il s’intéresse essentiellement à la localisation du port et les raisons de sa situation, assez loin du centre urbain – 300 m environ10. C’est après, et brièvement, qu’il y situe deux monuments connus par le biais de la littérature mais inconnus par l’archéologie : la galerie de Philostrate et le sanctuaire dédié à Parthénope11. En outre, il évoque le récit de Procope de Césarée du siège de la ville par Bélisaire en 536 apr. J.-C. dans lequel l’auteur décrit la prise du « fort qui se trouve dans le faubourg (προάστειον, proasteion) », c’est-à-dire le castrum Lucullanum, construit au ve siècle apr. J.-C. à Pizzofalcone12. L’appellation proasteion sur la carte de J. Beloch semble ainsi tirée des textes anciens.
Fig. 3 - Neapolis.

Le proasteion dans la zone portuaire de la ville gréco-romaine.
D’après Gabrici 1951.
9E. Gabrici, comme J. Beloch, place le terme proasteion à l’emplacement du port sur sa carte de Neapolis (fig. 3) dans son article « Contributo archeologico alla topografia di Napoli e della Campania » publié dans les Monumenti Antichi en 195113. Bien qu’une grande partie de son article porte sur le développement de l’espace suburbain à l’époque romaine, E. Gabrici utilise le terme proasteion comme synonyme de « port » pour l’époque grecque14. En outre, il divise l’espace suburbain en deux zones : de via Mezzocannone à S. Agostino alla Zecca (est) et de via Mezzocannone au port (ouest). Il localise également trois voies de communication dans cet espace suburbain : une voie partant de S. Pietro a Fusariello et passant par le vico S. Marcellino, via S. Severino et vico S. Rosa, soit une voie longeant la muraille grecque ; une voie partant à nouveau de S. Pietro a Fusariello et passant par via S. Caterina et via Guideca qui se termine via Portanova, soit la limite de la plage durant l’Antiquité ; enfin, une dernière correspondant aux vie Cellini et Grande degli Orefici15.
10Enfin, dans sa Napoli greco-romana16, M. Napoli consacre un chapitre à l’espace suburbain. Il est, là encore, essentiellement question de la période romaine – cet espace se développant à partir de l’époque romaine à Neapolis –, mais la période grecque de la ville est brièvement évoquée. À l’instar de J. Beloch et E. Gabrici, la zone portuaire est considérée par M. Napoli comme un quartier suburbain en raison de l’important lien qui unit la ville et le port (fig. 4). En outre, il insiste sur les voies de communication entre Neapolis et les centres voisins, les Champs Phlégréens, Cumes, Pouzzoles, Nola, Pausilippe, Herculanum, Pompéi et Parthénope-Paleopolis. La documentation est très abondante pour l’époque romaine, mais bien plus maigre en ce qui concerne le moment de domination grecque. Toutefois, il évoque la Porta Ercolanese, à l’est, qui relie Neapolis à Pompéi. Cette même voie chemine également jusqu’à Nola, voie dont nous avons une trace littéraire avec le récit de Tite-Live sur le siège de Neapolis en 326 av. J.-C.17. Les voies de communication les plus importantes se dirigent vers l’ouest, vers Cumes, Pouzzoles, les Champs Phlégréens et Parthénope-Paleopolis. Dans le chapitre sur l’espace périurbain, M. Napoli aborde la question de Parthénope-Paleopolis. Il conclut qu’il est difficile de déterminer son statut dans la mesure où Neapolis et Parthénope-Paleopolis forment deux cités distinctes sur le plan urbanistique mais une seule cité sur le plan politique. Plus tard, a été érigée la villa de Lucullus au cours du ier siècle av. J.-C. et Parthénope-Paleopolis, ainsi que la zone comprise entre la muraille de Neapolis et cet établissement, sont devenus un quartier résidentiel suburbain18.
Fig. 4 - Neapolis et Paleopolis.

D’après Napoli 1959.
11Ainsi, J. Beloch, E. Gabrici et M. Napoli décrivent le proasteion (ou espace suburbain) de Neapolis comme étant essentiellement centré au sud-ouest de la ville, dans la zone portuaire, élément primordial dans la vie de Neapolis, dans la mesure où en tant que ville maritime, elle vit essentiellement du commerce. E. Gabrici et M. Napoli ajoutent deux éléments à cette première analyse du proasteion de Neapolis, les voies de communication vers l’arrière-pays campanien et vers les villes de la côte tyrrhénienne, ainsi que l’établissement de Parthénope-Paleopolis, présent avant la fondation de Neapolis et dont le statut est ambigu.
Le proasteion de Neapolis : activités et données archéologiques
12Notre étude prend pour point de départ ces premières recherches sur l’espace périurbain de la Neapolis grecque et les travaux actuels menés sur le proasteion, en particulier sur les activités périurbaines19. P. Rouillard estime que, même si la définition du proasteion reste encore floue, certaines activités semblent se retrouver de façon récurrente dans cet espace extérieur, mais proche de la muraille, à savoir les activités agricoles, portuaires, résidentielles (les faubourgs), religieuses, artisanales et funéraires. En outre, le lien entre muraille et faubourg se retrouve régulièrement dans la littérature grecque et les recherches actuelles tendent à montrer, grâce aux sources anciennes, que le couple muraille-faubourg est intimement lié à la définition du proasteion20. De plus, H. Tréziny s’est intéressé précisément aux villes grecques d’Occident, essentiellement en Sicile, et a défini le proasteion comme composé à la fois de l’espace para-urbain (espace vide près des murs à l’intérieur du centre urbain) et de l’espace suburbain (espace extérieur au centre urbain, près des murs)21. Il conclut que le proasteion est à la fois un espace d’exclusion – placé en partie en dehors de la muraille et lieu de rencontre avec des populations non grecques –, et un espace d’expansion, grâce aux faubourgs et aux activités en lien avec le centre urbain22.
13À l’exception des activités agricoles, toutes les autres activités considérées comme périurbaines dans ces travaux récents sont attestées par l’archéologie à Neapolis. En particulier, nous nous attacherons à comprendre la position périphérique de ces activités et à préciser leur place au sein de la polis. En outre, nous proposerons des points de comparaison avec d’autres colonies grecques, notamment eubéennes, mieux connues d’un point de vue archéologique.
Le second pôle : Parthénope-Paleopolis
14Concernant le proasteion de Neapolis, il faut en premier lieu s’intéresser à Parthénope-Paleopolis, établissement fondé à la fin du viiie siècle av. J.-C. par Cumes et situé à l’ouest de Neapolis (fig. 5). Selon Tite-Live, ces deux établissements forment deux cités distinctes sur le plan urbanistique (« Palaepolis fuit haud procul inde ubi nunc Neapolis sita est »), mais une seule cité sur le plan politique (« duabus urbibus populus idem habitabat. Cumani Chalcide Euboicam originem trahunt »)23. Seul Tite-Live évoque l’établissement de Paleopolis24. En revanche, les auteurs anciens évoquent plus fréquemment l’établissement de Parthénope, qu’ils considèrent comme étant un autre nom de Neapolis, à l’image de Pline l’Ancien : « Litore autem Neapolis, Chalcidensium et ipsa, Parthenope a tumulo Sirenis appellata »25. Ainsi, Neapolis et Paleopolis forment deux urbes différentes, mais une unique civitas26, autrement dit, elles forment une seule polis. En outre, C. De Seta accorde à Parthénope-Paleopolis une visée agricole27. Cette activité peut se retrouver dans l’espace périurbain selon H. Tréziny, cependant les données archéologiques sont rares28.
Fig. 5 - Reconstruction de la ligne côtière entre Neapolis et Parthénope-Paleopolis à l’époque gréco-romaine.

D’après Carsana et al. 2009.
15L’établissement de Parthénope-Paleopolis peut être considéré comme le second pôle de la Neapolis grecque et donc faire partie intégrante du proasteion. La première occurrence connue du proasteion dans la littérature grecque est liée à une cité bipolaire, Paros. En effet, Archiloque décrit, au viie siècle av. J.-C., la ville de Paros qui est dotée d’un faubourg (προάστειον, proasteion) hors des murs29. Ainsi, deux conceptions de la polis s’opposent, au moins dès l’époque archaïque : la polis mononucléaire et la polis bipolaire qui présente un second pôle périurbain, généralement développé autour d’un sanctuaire. Le second pôle peut se développer au cours du temps (neapolis de Syracuse, neapolis d’Emporion), mais il peut également appartenir à la conception originelle de l’organisation de la polis, comme Parthénope-Paleopolis30.
16L’établissement de Parthénope-Paleopolis ne peut être considéré comme un simple faubourg, mais doit être compris comme le second pôle de la polis. En effet, les deux établissements fonctionnent conjointement et sont reliés par une voie dès l’origine de la ville nouvelle31. Parthénope-Paleopolis est d’ailleurs considérée comme un faubourg de la ville romaine par M. Napoli32. En outre, le tombeau de la Sirène Parthénope est localisé sur la plage, près de la muraille, au sud de la future Neapolis et un culte est rendu à la Sirène par les Paleopolitains puis par les Neapolitains33. Ce culte permet ainsi d’unir les deux établissements34. Enfin, la population de Neapolis et celle de Paleopolis présentent seulement une différence socio-économique : les classes aisées – la classe politique et les principaux acteurs de l’économie de la ville – vivent dans l’astu et les classes plus basses, les classes paysannes, vivent à Paleopolis35.
Le port
17Le port de Neapolis est situé au sud-ouest de la ville, en dehors des murs, mais à proximité immédiate de la ville, à environ 300 mètres (fig. 5). Il est resté en activité durant toute l’Antiquité, du viie siècle av. J.-C. au ve siècle apr. J.-C. et a connu un développement assez important, essentiellement au cours de la période romaine36. Il existe un lien important et dynamique entre la ville et le port, l’économie de la ville reposant sur le commerce maritime.
18Les fouilles archéologiques de la Metropolitana de Naples ont permis à D. Giampaola de reconstituer la ligne de côte antique et ont révélé la présence d’une anse naturellement protégée entre piazza Bovio et piazza Municipio. Le matériel le plus ancien date du début du viie siècle av. J.-C. à piazza Municipio. Ainsi, le port localisé à l’emplacement de piazza Municipio aurait été utilisé par Parthénope, puis est devenu celui de Neapolis à sa fondation. Nous relevons ainsi une continuité pour l’utilisation du port entre les deux établissements37. Ensuite, l’extension du port vers l’est s’est réalisée durant la période romaine. Néanmoins, la présence du port est attestée uniquement grâce à du matériel céramique, les installations portuaires n’étant pas connues, à l’exception de fossés interprétés comme les traces des opérations de dragage qui ont eu lieu entre les piazze Municipio et Bovio entre la fin du ive siècle et le début du iiie siècle av. J.-C.38.
19Le port, point névralgique des colonies eubéennes, est situé intra muros, mais en position périphérique par rapport à l’habitat (Zancle, Rhégion) ou, plus généralement, extra muros, au sein du proasteion (Naxos, Himère, Neapolis, Leontinoi), voire dans le territoire (les epineia de Cumes). En particulier, nous pouvons établir un parallèle avec Naxos de Sicile, cité eubéenne refondée, probablement sous l’impulsion de Hiéron de Syracuse, au début du ve siècle av. J.-C. et dont la phase tardo-archaïque/classique présente de nombreuses similitudes avec Neapolis (fig. 6).
Fig. 6 - Naxos de Sicile.

Le port au nord, le quartier artisanal lié à un sanctuaire à l’ouest et le quartier artisanal près des nécropoles au nord-ouest.
D’après Lentini 2009.
20Le rejet du port en dehors des murs urbains dans la plupart des cités grecques est expliqué par J. Velissaropoulos : celui-ci n’était pas admis au sein de la cité dans la mesure où sa présence implique « des contacts avec des éléments étrangers à la cité et à ses institutions »39. En effet, la raison d’être du port est d’être un lieu d’échange entre la polis et les populations extérieures, qu’elles soient grecques ou non grecques40. En outre, il est situé en dehors des murs également pour des raisons défensives : il est nécessaire de protéger la cité (astu) et les zones libres accueillant la population rurale en cas d’attaque (area di rispetto41) à l’intérieur des murs42. Néanmoins, malgré cette position périphérique, les communications entre la ville et son port sont toujours assurées par le réseau viaire. À Neapolis, une voie relie le plateau, le port, Parthénope-Paleopolis et les Champs Phlégréens. Celle-ci semble exister depuis le viie siècle av. J.-C. et est utilisée au moins jusqu’à l’époque romaine (via per Cryptam)43.
Les ateliers artisanaux
21Bien que quelques ateliers se trouvent parfois au sein de l’enceinte urbaine, les quartiers artisanaux sont essentiellement situés en zone périurbaine44. La cause de ce rejet n’est pas uniquement la volonté d’éloigner les gênes que ce type d’activité peut occasionner – nuisances sonores et olfactives, pollution, risques d’incendie. En effet, les recherches récentes tendent à démontrer que la proximité des voies de communication permettant d’importer les matières premières et exporter les productions, l’accessibilité à l’eau, le besoin en bois – nécessaire à la cuisson – et, concernant les ateliers de potiers, la recherche de vastes espaces pour le séchage des vases et leur stockage après la cuisson sont les principales raisons de cet emplacement45.
22Selon J.-P. Morel, quatre activités artisanales prennent place à Neapolis46 : la production de parfum, la métallurgie sur l’île d’Ischia, qu’il qualifie de « quartier éloigné de Naples »47, la construction navale dont il ne reste aucune trace archéologique mais qui, pour la fin du iiie et le début du iie siècle av. J.-C., est connue grâce à Tite-Live48, et l’activité la plus importante, la production de céramique, attestée par l’archéologie entre le ive et le ier siècle av. J.-C.
23Du point de vue archéologique, nous ne connaissons que quelques ateliers de céramistes, le plus ancien étant daté du milieu du ive siècle av. J.-C. (fig. 7). Néanmoins, la production artisanale de Neapolis aurait pu débuter dès le ve siècle av. J.-C. En effet, Angela Pontrandolfo émet l’hypothèse d’une production de vases à figures rouges à Neapolis dès le ve siècle av. J.-C.49.
Fig. 7 - Neapolis.

Les ateliers artisanaux. A : via Vittorio Emanuele III ; B : via dei Fiorentini ; C : San Marcellino ; D : piazza Nicola Amore ; E : corso Umberto I.
D’après Giampaola et al. 2017.
24Quant aux ateliers connus, le plus ancien, qui est situé piazza Nicola Amore, a produit des amphores gréco-italiques entre le milieu du ive siècle et le milieu du ier siècle av. J.-C. Cet atelier est probablement lié à un sanctuaire périurbain, sans doute voué au culte de Parthénope, que nous évoquerons ensuite50. Deux autres ateliers produisant des amphores gréco-italiques se trouvent près du port, aux actuelles via dei Fiorentini et via Vittorio Emanuele III51. Les amphores produites dans ces ateliers présentent des caractéristiques communes à celles produites dans l’atelier de piazza Nicola Amore, permettant ainsi à L. Pugliese d’émettre l’hypothèse d’une production « polynucléaire » d’amphores gréco-italiques à Naples et à Pithécusses52. Deux ateliers de potiers produisant de la céramique campanienne A – céramique à vernis noir de production napolitaine – sont attestés entre le iiie et le ier siècle av. J.-C. Le premier a été mis au jour sur le corso Umberto I, près de la piazza Nicola Amore, lors de fouilles menées dans les années 1950 par W. Johannowsky53. Le second est présent à S. Marcellino, près du premier, grâce à la découverte d’un important dépôt de céramique campanienne A découvert lors de fouilles récentes54.
25Le besoin en matière première, la possibilité de récupérer les rebuts de bois des chantiers navals – sur le port – et enfin la possibilité d’exporter les productions destinées au commerce ont probablement entraîné l’installation de ces quartiers artisanaux dans le secteur sud-est, près du port, en dehors des murailles de la ville, mais reliés à celle-ci par le réseau viaire55.
26Concernant l’activité artisanale périurbaine, un parallèle intéressant peut être proposé à nouveau avec Naxos de Sicile dans la mesure où les ateliers de potiers ont été largement fouillés et sont bien connus (fig. 6). Lors de la réorganisation du début du ve siècle av. J.-C., un aménagement spécifique des quartiers artisanaux a été mis en place, en dehors des murs de la ville56. Plusieurs ateliers se situent dans l’astu, mais la plupart des ateliers de Naxos se trouvent dans l’espace périurbain57. Les deux quartiers artisanaux périurbains les plus importants de l’époque classique sont placés à l’ouest de la ville, entre le fleuve Alcantara et le fleuve Santa Venera, près d’un sanctuaire périurbain, et au nord-ouest de la ville, près du port et des nécropoles des viiie-vie siècles av. J.-C.58. La situation des quartiers artisanaux d’époque classique de Naxos de Sicile est en partie similaire à celle des ateliers napolitains. En effet, ces derniers sont placés près du port et l’atelier de piazza Nicola Amore est en lien avec un sanctuaire périurbain59. En outre, les deux quartiers naxiens sont situés près d’un banc d’argile pour l’approvisionnement en matière première, et sont reliés à la cité par le prolongement hors des murs de la plateia A – quartier ouest – et par le stenopos 4 – quartier nord.
27Ainsi, à Naxos comme à Neapolis, les quartiers artisanaux sont situés en périphérie de la ville, mais étroitement liés à elle par le réseau viaire. Cette situation s’explique par la proximité avec le port et des voies de communication, pour exporter la production et importer de la matière première.
Le sanctuaire de la Sirène Parthénope
28Comme nous l’avons dit, l’atelier de piazza Nicola Amore est lié à un sanctuaire périurbain qui, d’après les dernières hypothèses, abrite le culte de la Sirène Parthénope.
29La Sirène Parthénope est la divinité poliade de la ville. Si son culte est antérieur à la fondation de Neapolis60, il connaît un renouveau lié au nouvel établissement. En effet, selon la tradition de Lutatius, après avoir détruit l’établissement de Parthénope-Paleopolis, Cumes l’a reconstruit en renouvelant le culte dédié à la Sirène sur conseil d’un oracle61. Ensuite, à la fin des années 450 av. J.-C., l’athénien Diotimos refonde l’epoikia, renouvelle le culte de la Sirène Parthénope et instaure la lampadédromie, la course aux flambeaux, en son honneur62. Ainsi, comme le souligne A. Mele, Neapolis est née et s’est rénovée grâce au culte de la Sirène63.
30La localisation du tombeau/sanctuaire de la Sirène a longtemps été débattue, le monument n’étant alors pas connu par l’archéologie. Les fouilles de la Metropolitana ont, néanmoins, permis de proposer une localisation plus précise, sur la piazza Nicola Amore.
31Nous ne possédons que peu d’éléments architecturaux de ce monument, notamment en raison des nombreux remaniements qu’a connus cette zone. Dans un premier temps, un édifice sacré du vie siècle av. J.-C., antérieur à la fondation de Neapolis, est attesté grâce à la mise au jour d’une plaque de revêtement64. Il faut sans doute l’associer à une fréquentation du plateau de Neapolis de la part de l’établissement de Parthénope-Paleopolis, comme cela est attesté dans d’autres zones65. Ensuite, un édifice cultuel a été érigé à cet emplacement au début du ive siècle av. J.-C., puis celui-ci a été entièrement réorganisé entre la fin du ive siècle et le début du iiie siècle av. J.-C.66. Enfin, c’est à cet endroit qu’a été érigé le sanctuaire des Jeux Isolympiques, en 2 apr. J.-C.67.
32Le lien de cette structure avec le culte de la Sirène est attesté, au moins, pour la phase de la fin du ive siècle et du début du iiie siècle av. J.-C.68. Cet édifice cultuel est divisé en deux parties séparées par une rue. Dans la partie méridionale, interprétée comme un hestiatorion, des fragments d’amphores gréco-italiques IV ont été mis au jour dans un puits. Elles possèdent des timbres qui représentent une couronne verticale, identiques à ceux des amphores produites dans l’atelier voisin. Le symbole de la couronne verticale est celui de la lampadédromie, la course aux flambeaux exécutée en l’honneur de Parthénope. En particulier, L. Pugliese estime que la production d’amphores gréco-italiques IV avec le timbre à couronne de feuilles verticales de l’atelier de piazza Nicola Amore est destinée au sanctuaire69.
33La présence de cet édifice sacré en position périurbaine, en dehors des murs, s’explique par la nature de la Sirène. La position d’un sanctuaire au sein de la polis dépend de la nature de la divinité honorée : les sanctuaires périurbains sont ainsi essentiellement consacrés aux divinités liées au monde des morts ou à l’agriculture70. Ainsi, d’après leur nature, les sanctuaires de Sirènes doivent se trouver en position marginale, comme le sanctuaire de la Sirène Parthénope à Neapolis71. En revanche, le culte de Ligea à Terina et celui de Leukosia à Poseidonia sont simplement supposés, et non attestés. Il n’est pas possible de faire un parallèle avec ces deux exemples.
Les nécropoles urbaines
34Enfin, dans le monde grec, les nécropoles ne sont jamais localisées à l’intérieur des murs. Les nécropoles urbaines sont situées dans le proasteion et les sites de la chôra possèdent leurs propres nécropoles. Généralement, les nécropoles les plus anciennes sont les plus éloignées de la muraille et elles se rapprochent progressivement avec le temps72. Cependant, nous retrouvons aussi des zones de nécropoles urbaines près des murs de la ville, comme à Neapolis, dès les premières décennies de la colonie (fig. 8). En effet, la nécropole la plus ancienne, la nécropole de Castel Capuano, commence à être utilisée au second quart du ve siècle av. J.-C. Elle est située à l’est, près de la Porta Ercolanese, au bout de la via dei Tribunali, la plateia centrale et principale de la cité grecque73. Cette nécropole a été utilisée par la première génération de colons jusqu’à l’époque romaine74. Ensuite, à partir du ive siècle av. J.-C., de petites nécropoles s’implantent au nord-ouest – nécropole de S. Teresa – et au nord – nécropole des vie Carbonara et Cirillo – de la cité75. Enfin, au iiie siècle av. J.-C., apparaissent les hypogées, situés près des zones de nécropoles plus anciennes – nécropoles de Castel Capuano, de S. Teresa et de via Carbonara-via Cirillo –, essentiellement au nord-est de la cité. Ainsi, pour la période grecque, il existe quatre noyaux de nécropoles placés à la sortie des voies de communication : la nécropole de Castel Capuano à l’est, la nécropole comprise entre la via Carbonara et la via Cirillo au nord, la nécropole de S. Teresa au nord-ouest et la nécropole de la via S. Chiara à l’ouest76. Nous observons une certaine continuité des zones de nécropoles de l’époque classique à l’époque hellénistique et même encore à l’époque romaine.
Fig. 8 - Neapolis.

Les nécropoles urbaines.
D’après Pontrandolfo 1986.
Conclusion
35Ainsi l’espace qualifié de « suburbain » ou « proasteion » de la Neapolis grecque, proposé par J. Beloch, E. Gabrici et M. Napoli, correspond à la zone portuaire, située en dehors de la muraille, zone intimement liée à la vie de la cité. En effet, le port des colonies grecques en Occident est localisé en dehors des murs puisqu’il occasionne des contacts avec des populations qui ne sont pas admises à l’intérieur de la cité.
36Présent avant la fondation de Neapolis et ayant un fonctionnement conjoint après sa fondation, l’établissement de Parthénope-Paleopolis peut être considéré comme le second pôle de la ville. En outre, le culte de la Sirène Parthénope, qui perdure après la fondation de la ville nouvelle, implique un lien étroit entre les deux établissements. Le lieu de culte dédié à Parthénope est d’ailleurs périurbain en raison de la nature de la Sirène. Celui-ci est lié, au moins entre la fin du ive et le début du iiie siècle av. J.-C., à l’atelier de production céramique localisé à piazza Nicola Amore. En particulier, il semble que la production d’amphores gréco-italiques IV présentant un timbre en couronne à feuilles verticales soit destinée au sanctuaire. D’autres ateliers produisant des amphores gréco-italiques sont connus à Neapolis (via dei Fiorentini, via Vittorio Emanuele III) et à Pithécusses, appartenant alors au proasteion de Neapolis. L’activité artisanale prend ensuite un essor considérable à partir du iiie siècle av. J.-C. avec la production de céramique Campanienne A qui est exportée dans tout le bassin méditerranéen.
37Enfin, les derniers éléments présents au sein du proasteion de Neapolis, et proprement extra-urbains, sont les nécropoles urbaines. Au ve siècle av. J.-C., dès les premières décennies de vie de la colonie, est implantée, à l’est, la nécropole de Castel Capuano. Ajoutons qu’au ive siècle av. J.-C. se développent les zones de nécropoles au nord de la ville ainsi que les hypogées à la fin du siècle. La proximité des nécropoles, même les plus anciennes, avec la muraille permet de les considérer comme des marqueurs de limites entre astu et proasteion.
38Ainsi, « au pied des murs » de Neapolis se retrouvent diverses activités considérées comme périurbaines par les travaux récents : activités portuaires, artisanales, funéraires, résidentielles et cultuelles. Elles répondent à des critères permettant de prouver l’existence d’un espace périurbain, le proasteion, autour de la Neapolis grecque, ainsi que Philostrate le nomme au début du iiie siècle apr. J.-C. Nous pouvons donc proposer la conclusion qu’il existe un proasteion à Neapolis, caractérisé par les différentes activités évoquées et par un second pôle, prenant la forme d’une couronne autour de l’espace urbain (fig. 9)77.
Fig. 9 - Neapolis.

Les éléments composant son proasteion : pôle Parthénope-Paleopolis, port, ateliers artisanaux, sanctuaire de Parthénope et nécropoles urbaines.
DAO : Flore Lerosier d’après Pontrandolfo 1986, Longo, Tauro 2017 et Giampaola et al. 2017.
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Notes de bas de page
1 Sur la fondation de Neapolis, cf. Giampaola, D’Agostino 2005.
2 Sur Misène, cf. Denys d’Halicarnasse VII, 3 ; sur Pouzzoles, cf. Strabon V, 4, 6 ; sur les epineia cumains, cf. Greco 1996, p. 186.
3 Raviola 1990, p. 59-60 ; Hansen, Nielsen 2004, p. 256.
4 Sur le refuge des Cumains à Capoue, cf. Denys d’Halicarnasse VII, 2, 21. Aucune source connue ne mentionne un refuge à Parthénope. Il s’agit d’une hypothèse de B. D’Agostino, cf. Giampaola, D’Agostino 2005, p. 62.
5 Giampaola, D’Agostino 2005, p. 59.
6 Sur le siège de Naples, cf. Tite-Live VIII, 22-26 et Denys d’Halicarnasse XV.
7 Tacite, Annales, XV, 33, traduction de P. Wuilleumier (1990), p. 160-161.
8 Beloch 1890 (1989), p. 94.
9 Philostrate, Galerie de tableaux, prologue, traduction d’A. Bougot, révisée par F. Lissarrague (1991), p. 10.
10 Beloch 1890 (1989), p. 92-93.
11 Ibid., p. 94 ; pour le sanctuaire dédié à Parthénope, cf. Strabon V, 4, 7 ; Stace, Silves, IV, 4, 52 ; Lycophron, Alexandra, 717.
12 Procope de Césarée, Histoire des Goths, I, 8, 5-6, traduction de Denis Roques (2015), p. 38. Sur le castrum Lucullanum, cf. Giampaola 2010, p. 23, Arthur 2002, p. 35 et Martin 2008, p. 299.
13 Gabrici 1951.
14 Ibid., p. 624-645.
15 Ibid., p. 642-643
16 Napoli 1967.
17 Tite-Live, VIII, 26, 4 : « Les Nolains [situés à Parthénope], par les quartiers opposés de la ville, et la route de Nola, s’enfuient », traduction de R. Bloch et Ch. Guittard (1987), p. 60.
18 Napoli 1967, p. 466.
19 Pour une définition générale de l’espace périurbain des cités antiques, cf. Étienne 2013 ; Plana Mallart 2013 ; Rouillard 2013 ; Marges 2015 ; Bouffier et al. 2015 ; Espaces 2015 ; Ménard, Plana Mallart 2015. Pour le cas des colonies grecques d’Italie, cf. Tréziny 2012 ; pour les ateliers artisanaux en zone périurbaine : Esposito 2013, Hellmann 2013 ; Sanidas 2013.
Les premières recherches ont été développées d’une part à Tarragone et d’autre part à Nanterre entre 2006 et 2009 lors d’un colloque et de séminaires. Le colloque de Tarragone (Belarte, Plana Mallart 2012) offre un cadre chronologique, géographique et culturel très étendu tandis que les séminaires de Nanterre (Proasteion 2013) sont dédiés au proasteion dans le monde grec de l’époque archaïque à l’époque hellénistique. Les recherches se sont poursuivies à Lyon lors d’un colloque sur les marges des villes selon un angle diachronique, allant de l’Antiquité à l’époque contemporaine, et pluridisciplinaire, l’espace périurbain ayant été regardé selon une perspective topographique, géographique, urbanistique, archéologique mais également historique, sociologique et économique (Marges 2015). L’objectif de ce colloque était de mettre en parallèle diverses méthodes d’analyses et conceptions sur les périphéries des villes de la part de spécialistes de diverses disciplines, de diverses périodes chronologiques et cadres géographiques afin de « mettre en lumière d’autres perspectives d’analyse, de structuration et d’organisation des périphéries » (Bouffier et al. 2015, p. 7). Enfin, en 2015 ont été publiés les actes de journées d’études organisées par R. Plana-Mallart et H. Ménard de l’université de Montpellier (Espaces 2015). Ces actes proposent une synthèse sur les réflexions actuelles sur l’espace périurbain dans le monde méditerranéen sur une vaste période chronologique (de la Protohistoire à l’époque romaine) et deux études de cas, l’une sur les cultes et nécropoles, l’autre sur la question des animaux.
20 Pour une analyse détaillée des sources grecques évoquant le couple muraille-faubourg, cf. Étienne 2013, p. 16.
21 Tréziny 2012, p. 35.
22 Ibid., p. 44.
23 Tite-Live, VIII, 22, 5.
24 Une seconde mention de cet établissement est connue par les Fasti triumphales, « Q. Publilius Q.f. Q. n. Philo II ann. CDXXVII primus pro co(n)s(ule). De Samnitibus Palaepolitaneis K. Mai. ».
25 Pline l’Ancien, III, 62.
26 De Seta 1999, p. 6.
27 Ibid., p. 6.
28 Sur les activités agricoles au sein du proasteion, cf. Tréziny 2012, p. 35.
29 Archiloque, fragment 81.
30 Sur les cités bipolaires, de Polignac 1995, p. 98-99 ; Étienne 2013, p. 15 ; Chatzivasiliou 2013, p. 27.
31 Lepore 1967, p. 149.
32 Napoli 1967, p. 449.
33 Strabon V, 4, 7 : « On y montre le tombeau de l’une des Sirènes, Parthénope », traduction de F. Lasserre (1967), p. 110.
34 Mele 2014, p. 180.
35 Lepore fonde son hypothèse en particulier sur les récits du siège de Naples en 326 av. J.-C. (Tite-Live, livre VIII et Denys d’Halicarnasse, livre XV). Tite-Live oppose Paleopolis et Neapolis d’un point de vue ethnique, les Campaniens à Paleopolis et les Grecs à Neapolis. Néanmoins, le fait qu’un Campanien, Nymphius, un des principes de la ville, rende la ville aux Romains impose de nuancer cette affirmation. En effet, l’aristocratie de la ville, installée à Neapolis, est favorable à une alliance avec Rome, alors que les classes plus basse, alimentées par le mercenariat des Campaniens, installées à Paleopolis, s’y opposent, cf. Lepore 1967, p. 230-238.
36 Giampaola et al. 2005, p. 220.
37 Ibid., p. 53 ; Giampaola 2010, p. 17.
38 Carsana et al. 2009, p. 17.
39 Velissaropoulos 1980, p. 29.
40 Ibid., p. 29-33 ; Bresson 2008, p. 98.
41 L’area di rispetto (ou zona di rispetto selon l’appellation de Giuseppe Nenci) correspond aux espaces libres intra muros, cf. Muggia 1997.
42 Martin 1987, p. 584.
43 Giampaola, De Caro 2008, p. 111.
44 Cf. Esposito 2013 ; Hellmann 2013 ; Sanidas 2013.
45 Esposito 2013, p. 203.
46 Morel 1986, p. 329-332.
47 Ibid., p. 329.
48 Tite-Live XXXV, 16, 2-3 ; XXXVI, 42, 1.
49 Borriello et al. 1985, p. 230-232 ; Pontrandolfo 1986, p. 264-265.
50 Febbraro, Giampaola 2012, p. 1-2.
51 Giampaola et al. 2017, p. 423.
52 L’atelier de Santa Restituta à Pithécusses a également produit des amphores gréco-italiques similaires à celles de Neapolis. Néanmoins, si les amphores napolitaines et pithécussaines présentent les mêmes caractéristiques morphologiques et les mêmes timbres, elles sont fabriquées avec une argile différente, cf. Giampaola et al. 2017, p. 423. Sur la production d’amphores gréco-italiques à Neapolis, cf. Pugliese 2014, p. 156-157.
53 Johannowsky 1960, p. 490.
54 Febbraro 1997, p. 143.
55 Morel 1986, p. 343.
56 Lentini 2012, p. 294.
57 Esposito 2013, p. 214.
58 Lentini 2012, p. 291-294.
59 Febbraro, Giampaola 2012, p. 1-2.
60 Le seul indice pour cette hypothèse est le nom de l’établissement de Parthénope-Paleopolis, cf. Napoli 1959, p. 149-150.
61 Schol. Vatic. In Verg. Georg., IV, 563 = Q. Lut. Cat. fr. 9 Chassignet, cf. Mele 2009, p. 185 et Mele 2014, p. 145.
62 Lepore 1967, p. 152-153 ; Mele 2014, p. 181 ; Taylor 2014, p. 184.
63 Mele 2014, p. 159.
64 Giampaola, Carsana 2005, p. 119.
65 Sur la fréquentation du plateau de Neapolis dès le milieu du vie siècle av. J.-C., cf. Giampaola, D’Agostino 2005, p. 59.
66 Giampaola 2014, p. 25.
67 Il semble que les Jeux Isolympiques instaurés en 2 apr. J.-C. soient hérités des jeux dédiés à la Sirène.
68 Pugliese 2014, p. 137.
69 Pugliese 2014, p. 137.
70 Étienne 2013, p. 17.
71 Les Sirènes sont des figures des marges par leur généalogie (filles d’Achéloos, fleuve situé entre l’Étolie et l’Acarnanie, zones de confins) et par leur localisation selon les traditions occidentales (sur les Seireinoussai, à la limite du Kumaios Kolpos). En outre, le passage devant les Sirènes marque la limite entre la vie et la mort. Sur l’image des Sirènes comme figures des marges, cf. Breglia Pulci Doria 1990.
72 Tréziny 2012, p. 36.
73 Pontradolfo 1986, p. 258.
74 Borriello et al. 1985, p. 232.
75 Giampaola 1994, p. 78.
76 Borriello et al. 1985, p. 228.
77 Rendant compte de notre conclusion, cette carte localisant les différents éléments composant le proasteion de Neapolis a été élaborée à partir des principales cartes éditées de Neapolis utilisées pour cette étude : Napoli 1967 ; Napoli antica 1985 ; Greco 1985 ; Scarpa dans Greco 1986 ; Pontrandolfo 1986 ; Carsana et al. 2009 ; Longo, Tauro 2017 ; Giampaola et al. 2017.
Auteur
Université de Tours, E.A. 6298 - Centre Tourangeau d’Histoire et d’études des Sources (CeTHiS)

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Il tempio di Afrodite di Akrai
Recherches sur les cultes grecs et l'Occident, 3
Luigi Bernabò Brea
1986