Les sources littéraires et leurs limites dans la description des lieux de culte : l’exemple du De Signis
p. 15-23
Texte intégral
1Dans le De Signis, écrit en 70 av. J.-C, Cicéron passe en revue les objets d’art dérobés par Verrès lors de sa préture en Sicile et dénonce ce qui double le crime de vol de celui de sacrilège, le pillage des temples, pratique à laquelle s’est systématiquement livré le propréteur. Ainsi est dressé devant nous un panorama des lieux de culte de la Sicile, terrain de chasse du magistrat romain, sur lesquels le De Praetura Siciliana nous donnait déjà un certain nombre d’indications1. Dans le De Signis sont mentionnés un sanctuaire privé et treize sanctuaires publics en Sicile ; deux autres sanctuaires publics sont seulement nommés, l’un parce qu’il ne se trouve pas en Sicile - le sanctuaire de Jupiter Capitolin à Rome où doit être déposé le candélabre offert pas les princes syriens2 -, l’autre parce qu’il n’existe plus au temps de Cicéron - l’édifice consacré à la Fortune dans le quartier de Syracuse appelé Tycha en raison même de la présence de ce sanctuaire. D’autre part, des indications sont données dans le discours sur l’équipement des lieux de culte et les pratiques dont ils étaient le cadre dans le domaine privé et dans le domaine public.
2Le texte de Cicéron nous renseigne d’abord sur les noms donnés aux lieux de culte de Sicile, dont la désignation n’échappe pas aux règles communes3. Ainsi, le sanctuaire privé d’Heius est constamment désigné par le terme de sacrarium4, réservé aux chapelles privées, mais aussi à des sanctuaires publics de petite taille, comme celui de Cérès à Catane5 ; sont appelés fana le sanctuaire d’Hercule à Agrigente6, celui de la Magna Mater à Enguium, de Cérès à Henna, de Fortuna à Tycha7, de Chrysas entre Assorum et Henna8, de Junon sur un promontoire près de la ville de Malte ; la désignation de ces deux derniers édifices peut s’expliquer par leur caractère extra-urbain, mais il est manifeste aussi, d’après le De Signis, que le mot n’est pas spécialisé dans cet emploi. Les autres édifices sont appelés aedes et templa, désignations les plus fréquentes en latin. Néanmoins, la Sicile est un pays de tradition religieuse grecque, et nous ignorons les noms grecs de ces édifices, auxquels correspondraient les termes employés par Cicéron en latin. Une seule fois dans le texte est mentionnée la présence d’un nemus autour du sanctuaire, celui de Cérès à Henna. Il est vrai que toute la campagne environnant la cité, avec ses lacs et ses prairies, est présentée par Cicéron comme constituant le territoire de la déesse9.
3L’aspect général de ces lieux de culte n’est que très peu évoqué, et souvent il ne l’est pas du tout. Ils ne sont qualifiés que par des adjectifs d’une grande imprécision, ayant trait à la taille du monument, à son ancienneté, ou à la vénération qu’il suscite : le sacrarium d’Heius est magna cum dignitate a mai-oribus traditum et perantiquum, le fanum de Junon à Malte nobilissimum atque antiquissimum ; les temples de Cérès et Libéra à Syracuse sont egregia. Seuls sont évoqués un peu plus précisément les détails architecturaux et décoratifs de deux sanctuaires : la terrasse décorée de statues de Cérès et de Triptolème qui flanque le sanctuaire de Cérès à Henna10, les peintures intérieures (bataille du roi Agathocle, portraits des rois et des tyrans de Sicile11 ) et les décorations des battants des portes du temple de Minerve à Syracuse12.
4À propos de la disposition du sanctuaire privé de la maison d’Heius, Cicéron fait une remarque d’un grand intérêt : devant les deux statues de dieux, Cupidon et Hercule, que leur niveau artistique exceptionnel, puisqu’elles sont attribuées respectivement à Polyclète et à Myron, pourrait faire considérer comme de purs objets d’art, se trouvaient deux petits autels qui constituaient, selon l’orateur, la marque irréfutable du caractère sacré du lieu, l’indice qui permet de distinguer la chapelle de la galerie d’art13. On peut supposer que chacun des deux dieux avait son autel.
5Cicéron nous fournit sur l’antique culte de Cérès à Henna deux intéressantes indications : d’une part la vénération dont le temple est l’objet est telle qu’il représente la déesse elle-même, dont la figure est ainsi identifiée à celle du monument où elle est honorée14, alors que c’est généralement la statue de culte qui est dotée de cette fonction. D’autre part, par une sorte de mouvement inverse, la présence de la déesse à Henna est si forte que son sanctuaire semble dilaté aux dimensions mêmes de la ville et de la campagne avoisinante15.
6Plus que sur les lieux de culte, Cicéron s’étend sur les objets d’art qui s’y trouvaient, parce qu’ils ont attiré la convoitise de Verrès, sujet du discours, et notamment les statues de dieux. Différents mots désignent ces statues ; tandis que signum est employé indifféremment pour désigner une statue de dieu ou une effigie d’être humain16, simulacrum est réservé aux représentations des dieux, statua à celle des hommes17, par exemple Marcellus représenté à Tyndaris18. A plusieurs reprises dans le De Signis, les représentations de la divinité ne sont pas désignées par un mot signifiant “statue” suivi du génitif du nom du dieu, mais par le seul nom du dieu19, ce qui montre bien que la statue est véritablement le dieu lui-même. D’autre part, une indication donnée par Cicéron confirme que les plus anciennes statues sont en bois : c’est le cas du signum peruetus ligneum de Bona Fortuna dans le sacrarium d’Heius, que Verrès laisse en place non par respect, mais en raison de son peu de valeur marchande20. À propos de la statue cultuelle du sanctuaire de Cérès à Henna, objet d’une grande vénération, Cicéron nous fournit une intéressante précision : la statue qui existait de son temps était peramplum et en marbre, alors qu’il en existait autrefois une plus petite (modica amplitudine) en bronze21. Sur dix statues mentionnées, dont deux de rite privé, trois, selon Cicéron, sont en bronze, -l’Hercule du sanctuaire d’Heius, la Diane de Ségeste, l’Hercule d’Agrigente -, quatre en marbre -le Cupidon du sacrarium d’Heius, le Chrysas des environs d’Assorum, la Cérès et la Libéra d’Henna, le buste de Péan à Syracuse ; pour les deux autres -le Mercure de Tyndaris et buste de Jupiter Imperator à Syracuse -, la matière n’est pas précisée. À plusieurs reprises, Cicéron évoque des sanctuaires - temples de la Grande Mère à Enguium, de Junon à Malte, de Minerve à Syracuse - sans mentionner la statue cultuelle, soit parce qu’elle n’intéresse pas son propos, les déprédations commises par Verrès dans sa province, soit parce qu’il parle de statues dont il n’indique pas si elles reçoivent un culte : Apollon dans le temple d’Esculape à Agrigente, la petite statue de bronze du sanctuaire du Chrysas, Aristée dans le temple de Libéra à Syracuse. Cicéron mentionne le piédestal (basis) sur lequel se dressaient certaines de ces statues, Diane à Ségeste, Mercure à Tyndaris, Hercule à Agrigente, Cérès et Triptolème à Henna.
7Les statues de Cupidon et de Mercure du sacrarium d’Heius sont attribuées par Cicéron respectivement à Praxitèle et, avec une hésitation simulée, à Myron22, mais il n’est pas explicitement indiqué qu’elles portaient la signature des artistes ; on peut supposer que c’était le cas, et que la fama n’est pas le seul garant de ces attributions, mais ce silence s’explique par le fait que Cicéron feint d’être un ignorant complet en ces matières et s’abrite derrière l’opinion reçue23. En revanche, le piédestal de la statue de Diane à Ségeste portait une inscription mentionnant un épisode de l’histoire de la statue, sa restitution à la ville par Scipion après la prise de Carthage, où elle avait été transportée à la suite d’une victoire punique24. On notera que pour deux de ces statues, la Diane de Ségeste et le Mercure de Tyndaris, dont le caractère cultuel ne peut être mis en doute, puisque Cicéron rappelle, pour souligner la monstruosité impie de Verrès, qu’elles font l’objet de cérémonies religieuses émouvantes, aucun lieu de culte, aucun édifice qui abriterait ces statues, aucun bâtiment de service n’est mentionné ; on peut donc supposer qu’il s’agit de deux statues dressées en plein air, sans doute à l’intérieur d’une enceinte sacrée dont il n’est pas parlé.
8D’autres statues de dieux sont citées dans le texte comme présentes dans des sanctuaires, mais ne sont pas des effigies de la divinité dédicataire de l’édifice, et on peut se demander quels rapports existaient entre la divinité ainsi figurée et le dieu dédicataire des lieux. La présence d’une statue d’Apollon dans le temple d’Esculape s’explique par le lien de parenté unissant les deux divinités et par leur rôle commun de médecins. Nous ignorons quelles divinités étaient représentées dans les deux statuettes dont Cicéron mentionne la présence dans le sanctuaire d’Hercule à Agrigente25 ; cette absence d’indication peut faire supposer qu’il s ‘agit d’effigies du dieu dédicataire de l’édifice. Rien n’est dit de la valeur artistique de ces statuettes, que les rabatteurs de Verrès n’emportent, aux dires de Cicéron, qu’en raison de leur petite taille rendant leur transport facile, et de leur désir de ne pas revenir auprès de Verrès les mains vides. Sans doute ces statuettes sont-elles des offrandes de particuliers restés pour nous anonymes. Une indication analogue, qui peut être interprétée de la même manière, est donnée à propos de la petite statue de bronze laissée par les sbires de Verrès dans le sanctuaire du Chrysas ; sans doute était-ce une image du dieu d’une taille moins imposante que l’image principale, et de moindre valeur26. Sur la terrasse aménagée devant le sanctuaire de Cérès à Henna se trouvaient une statue de la déesse et une de Triptolème27, à qui Cérès enseigna les travaux agricoles, qu’il apprit à son tour aux hommes. Cérès elle-même est représentée tenant une Victoire, volée par Verrès, détail qui, si on part du fait que la Victoire elle-même est de taille respectable (grande simulacrum), montre que l’effigie de Cérès était gigantesque. La présence d’une Victoire dans la main de la déesse s’explique sans doute par l’assimilation de Cérès avec Cybèle, qui a parfois une fonction guerrière. On peut rendre compte de la présence de la statue de Péan dans le temple d’Esculape à Agrigente par l’assimilation de Péan à Apollon, et, comme à Agrigente, par la parenté entre les deux divinités ; celle d’Aristée dans le temple de Bacchus à Agrigente se justifie par le même rapport de parenté28. La tête de Méduse appartenant au décor d’une des portes du sanctuaire de Minerve à Syracuse est évidemment en rapport avec la déesse et la tête du monstre figurée sur son bouclier. Quant aux Canéphores du sacrarium d’Heius, simples figures de mortelles attribuées à Polyclète, elles semblent avoir été choisies par le maître du lieu en raison en partie de leur valeur esthétique - de fait, les quatre statues du sacrarium sont l’œuvre de très grands artistes -, peut-être également en fonction du rôle cultuel de ces jeunes filles à Athènes29.
9Mais les sanctuaires de Sicile contiennent aussi, selon le témoignage de Cicéron, des objets d’art autres que des statues, dont le rapport avec la divinité dédicataire est moins manifeste. Certains sont des objets de service, pourrait-on dire : ainsi le candélabre que les princes syriens, de passage en Sicile, destinaient au sanctuaire de Jupiter Capitolin à Rome ; il est à de multiples reprises présenté par Cicéron comme un objet exceptionnel par sa taille, les pierres précieuses qui le décorent, et la qualité du travail d’orfèvrerie30 ; il s’agit, note Cicéron, d’un objet convenant au seul sanctuaire du dieu le plus puissant de l’univers, Jupiter Capitolin31. Dans le sanctuaire de la Magna Mater d’Enguium se trouvent des bronzes d’art, cuirasses, casques et aiguières dont Cicéron souligne la qualité de facture32. Comme pour le candélabre des princes syriens, le donateur est un homme célèbre, Scipion l’Africain, et une inscription faite sur les objets ou posée à côté d’eux, mentionne son nom. L’offrande est composée pour partie d’armes, en rapport avec la carrière militaire de Scipion et aussi le caractère guerrier de la déesse ; la référence à Corinthe, ainsi que la présence d’objets dépourvus de caractère guerrier comme les aiguières, pourraient être une indication concernant le niveau artistique de l’ensemble, mais aussi suggérer qu’il s’agit d’un butin de guerre pris en Macédoine33. Le sanctuaire de Junon à Malte contient un grand nombre de pièces d’ivoire sculptées34, parmi lesquelles des Victoires, dont la présence peut se justifier par la fonction parfois guerrière de Junon, aisément explicable dans une île située en un point stratégique de la Méditerranée, au large de laquelle se sont déroulés plusieurs épisodes des Guerres puniques.
10C’est dans le temple de Minerve à Syracuse que se trouvent les œuvres d’art les plus importantes et les plus célèbres : les tableaux représentant un combat de cavalerie du roi Agathocle et vingt-sept portraits des rois et tyrans de Sicile35. F. Coarelli36 a suggéré que le cycle pictural représentant la bataille, qu’il rapproche des textes de Diodore concernant Agathocle, a été offert à la déesse par le roi à la suite d’un vœu fait au cours de cette bataille, qui l’opposa aux Carthaginois. F. Coarelli suppose aussi un lien idéologique entre la représentation de ce combat et la série des portraits des tyrans et des rois de Sicile, portraits qui légitiment la prise du pouvoir par Agathocle, dont le portrait clôt sans doute la série, Agathocle, le “self made man” qui doit son pouvoir non à ses ancêtres, mais à la protection de la déesse ; la signification religieuse de ces tableaux, note encore F. Coarelli, n’a pas échappé à Marcellus et l’a déterminé à les laisser en place37. Les portes de ce sanctuaire sont sculptées de motifs d’or et d’ivoire dont Cicéron affirme qu’ils sont les plus beaux du monde38, parmi lesquels seule est identifiée la tête de Méduse.
11Les sanctuaires de Sicile contiennent aussi des objets sans valeur artistique, des curiosités. Les défenses d’éléphant du sanctuaire de Junon à Malte sont certes constituées d’une matière précieuse, mais elles ne sont pas travaillées, et c’est leur taille considérable39 qui leur a valu d’être déposées là en offrande à la déesse, puis enlevées par une flotte numide qui les apporte à Massinissa, lequel les restitue à la déesse : comme dans le sanctuaire d’Enguium ou sur le socle de la Diane de Ségeste, une inscription rappelle aux visiteurs l’histoire de l’objet, et la langue punique dans laquelle elle est rédigée permet de l’attribuer au roi numide. Curiosité encore, cette fois dans une matière vile, les piques de bambou conservées dans le sanctuaire de Minerve à Syracuse, que seule leur longueur rend remarquables40.
12Le De Signis nous renseigne sur les pratiques cultuelles privées et publiques. Nous apprenons ainsi qu’Heius ouvrait quotidiennement aux visiteurs les portes de son sacrarium41 où, de fait, il officiait presque toujours en présence d’étrangers42. Cette pratique ne saurait sans doute être considérée comme une règle générale en Sicile. Elle s’explique par la place sociale éminente d’Heius à Messine et par la qualité artistique des statues conservées dans la chapelle. Mais Cicéron note la présence, dans presque toutes les maisons riches de l’île, de pièces d’argenterie qui sont utilisées dans le culte privé : plat avec une représentation de dieux, plats utilisés par les femmes pour les sacrifices, encensoirs43. D’autres pratiques relèvent du culte public : prières, actions de grâce adressées à Hercule à Agrigente, baisers si fréquemment déposés sur le visage de la statue du dieu que le métal en est usé44, geste de toucher son menton, relevant du rituel de la supplication45. Les manifestations religieuses qui entourent le départ de la statue de Diane de Ségeste pour Carthage sont évoquées avec une certaine précision46 : elles sont le fait des femmes, vierges et matrones, comme il convient dans le culte d’une divinité féminine, et les différentes pratiques mentionnées — usage de parfums et d’encens, de fleurs dépôt de couronnes — sont bien connues par ailleurs47 ; en revanche, le trajet de la procession accompagnant la statue jusqu’aux frontières de l’ager Segestanus ne peut qu’être dicté par les circonstances, mais rappelle les cérémonies d’introduction de cultes étrangers à Rome, par exemple l’arrivée de Cybèle dans l’ager Romanus48. Du Mercure de Tyndaris, nous apprenons seulement qu’il était honoré sacris anniuersariis49.
13Cérès, selon Cicéron, est la divinité la plus enracinée dans l’île, ainsi que sa fille Libéra50. Le sanctuaire de Cérès à Catane, où se trouvait un signum perantiquum, était interdit aux hommes, supposés même ignorer l’existence de cette statue, et les sacra y étaient accomplis par des femmes, vierges et matrones51. Mais c’est surtout le sanctuaire d’Henna, construit sur le lieu supposé de la naissance des deux déesses et cœur du culte, qui est le cadre de pratiques spécifiques. Le sanctuaire est l’objet d’une mira religio privée et publique52, et son rayonnement est tel qu’il transcende sa localisation géographique pour donner accès à la déesse elle-même53. Cicéron fait également mention du clergé desservant les deux sanctuaires de Catane et d’Henna, et indique de quelle façon les habitants de ces deux villes participent au culte : dans le sanctuaire de Catane, interdit aux hommes, le culte est accompli par des mulieres - femmes mariées - et des uirgines54. Le clergé est lui aussi exclusivement composé de femmes et semble regrouper deux catégories de prêtresses : sacerdotes Cereris atque illius fani antistitae, maiores natu probatae ac nobiles mulieres55 ; la première expression désigne sans doute le clergé ordinaire, la seconde une catégorie de femmes que leur âge et leur rang social désignent pour une forme supérieure de la prêtrise ; ce sont ces deux catégories de desservantes du culte qui portent devant le sénat local une plainte contre Verrès après le vol de l’effigie de la déesse, elles qui sont interrogées par les sénateurs sur les circonstances du vol, manifestant ainsi une forme d’autonomie. À Henna, ce sont les prêtresses de Cérès qui prennent la tête du cortège en deuil pleurant la disparition de la statue de culte : elles portent des infulae et des uerbenae, signes de leur dignité sacerdotale56 ; les manifestations de deuil auxquelles elle se livrent (fletus gemitusque) sont courantes, mais la présence de tous les habitants d’Henna dans le cortège, avec les prêtresses à sa tête, montre à la fois le rôle religieux prééminent de ces femmes et l’importance religieuse et symbolique de ce sanctuaire et de cette statue de culte en particulier.
14Le De Signis contient donc, on le voit, des indications nombreuses et précieuses, car uniques, sur les lieux de culte en Sicile, l’équipement de ces lieux, les pratiques qui y étaient attachées. Peut-on pour autant considérer que le texte de Cicéron donne une image fidèle de la vie religieuse de cette province romaine, ou propose un modèle qu’on pourrait étendre à d’autres provinces, ou même à Rome ?
15La première limite à l’exactitude du tableau des lieux de culte donné ici est le projet même de l’ouvrage, catalogue des forfaits commis par Verrès dans la province dont il avait la charge, forfaits doublés de sacrilèges quand il s’agit du pillage de la propriété divine. Par conséquent, comme on peut s’y attendre, ce catalogue comporte la mention d’objets de culte précieux ou de haut niveau artistique parce qu’ils intéressent Verrès, qui cherchait à se constituer une collection d’objets d’art de grande valeur, non à commettre des actes impies. Les sanctuaires qui sont mentionnés le sont donc non en raison de leur importance cultuelle, sinon accessoirement, mais en fonction des vols qu’y a commis le propréteur. Ainsi, on voit bien cité l’un des deux plus fameux sanctuaires de l’île, le sanctuaire de Cérès à Henna, mais le texte ne comporte aucune indication sur le sanctuaire de Vénus Erycine, l’autre grand sanctuaire de Sicile57. Parfois, Cicéron donne l’impression de surévaluer la valeur religieuse d’un lieu de culte ou d’une statue pour accabler le prévenu qui les a pillés58, ce qui, dans un procès, est de bonne guerre.
16D’autre part, comme on l’a déjà noté59, Cicéron, quand bien même il s’efforce de décrire les objets volés par Verrès de façon à souligner son audace impie, utilise un vocabulaire d’une grande imprécision : pulcher, egregius, praeclarus pour évoquer le niveau artistique des œuvres, peramplus, incredibili magnitudine pour leur taille, perantiquus pour leur datation. Bien qu’elle soit citée comme l’une des plus belles et des plus prestigieuses statues du monde romain, l’effigie de Jupiter Imperator n’est absolument pas décrite, alors que Verrès l’a dérobée.
17Les indications fournies par Cicéron sur la topographie des lieux de culte et les pratiques cultuelles de Sicile, qui constituent parfois des témoignages uniques, sont-elles transposables à Rome ou à d’autres cités du monde romain ? La Sicile, au moment où Cicéron rédige son discours, est depuis longtemps province romaine, mais les sanctuaires y portent la marque d’autres cultures, ce que peut dissimuler le fait que Cicéron, pour des raisons culturelles, mais aussi polémiques, donne à toutes les divinités qu’il mentionne leur nom latin, Diane, Mercure, Hercule, Cérès, Minerve. Sans doute espère-t-il rendre ainsi plus sensible à ses auditeurs l’impiété de la conduite de Verrès en leur donnant à croire que les dieux bafoués sont leurs propres dieux, mais des notations éparses dans le discours montrent bien que les dieux en question sont généralement des dieux non romains, et que certaines pratiques cultuelles sont elles aussi marquées comme étrangères.
18On trouve dans la Sicile romaine des traces de la religion indigène, avec des cultes locaux comme ceux du fleuve Chrysas60 ou de la Grande Mère d’Enguium, divinité locale plus tard assimilée à la divinité du même nom originaire d’Asie mineure61. Le passage des Puniques est marqué par l’inscription en leur langue placée à côté des défenses d’éléphants dans le sanctuaire de Junon à Malte, et la déesse elle-même était particulièrement honorée à Carthage. La richesse du candélabre des princes syriens ne peut venir que d’un royaume oriental, ce qui n’a pas échappé à Verrès62. Mais surtout, la culture et la pratique religieuses y sont profondément imprégnées de l’influence grecque. Ainsi, la croyance en une relation de filiation entre Aristée et Bacchus, justifiant la présence d’une statue d’Aristée dans le temple de Bacchus à Syracuse, est explicitement présentée par Cicéron comme grecque63. La Cérès de Catane a des origines grecques, puisque la cité est une fondation des Chalcidiens64. L’orateur remarque que la Sicile, et en particulier Henna, sont le berceau du culte de Cérès, et note l’antériorité du culte sicilien de la déesse par rapport à son culte romain, antériorité soulignée par la visite des Décemvirs romains : après les prodiges qui suivirent l’assassinat de Tibérius Gracchus, les Livres Sibyllins recommandèrent que les Décemvirs aillent à Henna apaiser Cererem antiquissimam65 ; ce voyage est présenté comme une sorte de pèlerinage aux sources reconnaissant la préséance du culte d’Henna sur celui de Rome. Du reste, l’autonomie dont jouissent les prêtresses de Cérès à Catane, le respect dont elles sont l’objet, s’ils rappellent le statut des Vestales à Rome, sont présentés par Cicéron, dans un autre discours, comme une conséquence, dans le culte romain de la déesse, de son caractère étranger. La prêtresse de Cérès a en effet à Rome un statut singulier : généralement originaire des cités grecques de Naples ou de Vélia, en raison des origines grecques du culte, elle garantissait par là-même l’authenticité des pratiques cultuelles, et elle possédait à Rome le statut, tout à fait exceptionnel pour une femme, de ciuis66.
19La présence d’une statue de Triptolème aux côtés de celle de Cérès est aussi une référence à la mythologie grecque de Déméter, et la déesse était désignée sous ce nom à Henna, comme l’indique une dédicace trouvée sur place67.
20A la fin du discours, Cicéron se laisse aller à quelques remarques qui tempèrent l’impression de romanisation de la religion sicilienne que peuvent donner les noms latins donnés aux dieux. Il avait déjà noté, au début de l’ouvrage, que les visiteurs se présentaient presque tous les jours chez Heius, sans expliquer le fait par l’attrait qu’exerçait la valeur artistique des quatre statuettes renfermées dans le sacrarium de la demeure, œuvres de sculpteurs grecs très célèbres68, ornat us de cette demeure et de la cité de Messine. A propos du pillage par Verrès des sanctuaires de Syracuse, Cicéron fait remarquer, avec une certaine condescendance, que si la douleur des habitants de la ville est pareillement forte, c’est que les Grecs sont autant attachés à la valeur esthétique des objets du culte qu’à leur signification proprement religieuse69. Ce trait de caractère est présenté par l’orateur comme une véritable spécificité ethnique, bien qu’il reconnaisse à la religiosité des Grecs un point commun avec celle des Romains, l’attachement aux images ancestrales. Ce caractère a pour conséquence que les sanctuaires sont considérés par les habitants de l’île, autant que comme des lieux de culte, comme des musées, et visités à ce titre. Les Grecs opèrent donc, suivant l’expression de S. Estienne “un déplacement du cultuel vers le culturel”70. C’est ce que laissent deviner les indications données sur la présence quotidienne de visiteurs dans le sacrarium d’Heius. Dans le culte public, les visites des sanctuaires sont organisées sous la conduite de véritables guides, désignés par Cicéron du nom grec de mystagogi indiquant le caractère ethnique de cette pratique : il est remarquable en effet que l’orateur, qui latinise systématiquement les noms des dieux de Sicile, désigne ces guides par un mot grec, alors qu’au siècle suivant, Pline les appelle, à Rome, des aeditui ou tutelarii, ce qui montre que des termes latins étaient disponibles pour désigner ce personnel. Cependant la pratique elle-même, si elle a vraiment existé à Rome71, est peut-être plus tardive que 70 av. J.-C, date de notre discours. Pline note l’affluence des œuvres d’art provenant de Grèce dans les sanctuaires romains et date ce phénomène de 192 av. J.-C. 72, mais la présence de ces œuvres d’art n’indique pas forcément que les Romains allaient visiter les sanctuaires pour des raisons de pure curiosité esthétique. Le texte du De Signis mentionne trois sanctuaires romains qui contenaient des œuvres grecques prestigieuses : le temple de Fortuna Huiusce Diei, construit par Catullus sur le Champ de Mars en 102 av. J.-C, renfermait une statue de Minerve due à Phidias, le temple de Jupiter Stator dans le Portique de Métellus73, dont la construction commence en 146 av. J.-C, abritait une statue du dieu faite par Polyclète et son frère ; au moment où Cicéron plaide contre Verrès, un autre Catullus, fils du consul de 78, est en train de faire reconstruire le Capitole détruit par un incendie et va « l’orner avec plus de richesse »74 ; le candélabre des princes syriens, chef d’œuvre d’orfèvrerie orientale, aurait dû y figurer. Cicéron ne mentionne ni la statue de Phidias ni celle de Polyclète, peut-être pour éviter de laisser croire que c’est la présence d’œuvres d’art dans les sanctuaires romains qui, comme en pays grec, justifie la fréquentation de ces derniers et en rend le motif ambigu. De fait, Rome ne verra pas s’accomplir totalement le « déplacement du cultuel vers le culturel ». Quelques années après la rédaction des Verrines, en 65 av. J.-C, César, alors édile, fit construire sur le Capitole des portiques où il exposa une partie de ses collections privées - initiative présentée par Suétone comme une grande innovation75, qui sera reprise par Agrippa76 -, créant ainsi, par un autre type déplacement, du privé vers le public, ce que nous appelons aujourd’hui un musée. Quelques années plus tard encore, pendant son édilité, en 58 av. J.-C, Scaurus fit construire un théâtre présenté par Pline comme une curiosité, produit d’une folle prodigalité : il était composé de deux constructions de bois pivotantes qui pouvaient constituer un amphithéâtre, et était décoré de plus de 3000 statues77.
21Ainsi, les indications données par Cicéron sur les pratiques religieuses de Sicile, si précieuses soient-elles, sont-elles doublement limitées : par le propos même de l’ouvrage, par l’imprécision du vocabulaire utilisé par l’orateur dans les descriptions des constructions et des œuvres d’art d’abord ; d’autre part, les indications fournies par le De Signis ne peuvent être appliquées aux pratiques romaines qu’avec beaucoup de précaution. En particulier, s’il est vrai que les sanctuaires ont pu, d’une certaine façon, servir de vitrine à la conquête romaine, faisant de Rome une ville-musée, et que ce mouvement s’était considérablement amplifié entre l’époque où sont écrites les Verrines et le temps de Pline, les sanctuaires romains ont toujours conservé un rôle cultuel très fort, cependant que sous l’Empire d’autres types de constructions sont apparus, qui permettaient d’exposer des œuvres d’art dans un cadre profane qui se prêtait mieux à la visite touristique.
22Témoignage irremplaçable sur la vie religieuse en Sicile écrit par un homme qui connaissait bien l’île, le De Signis offre une image partielle de la religiosité sicilienne, et l’image qu’il en donne est tendue entre deux pôles : montrer qu’il s’agit de dieux romains et indiquer la caractère grec de ces cultes. Cette tension est d’ailleurs caractéristique du rapport très particulier que Rome entretient avec l’étranger, à la fois proche et différent, identique et éloigné, dont la légende des origines troyennes de Rome offre un modèle. Aussi le tableau de la vie religieuse offert par le De Signis n’est-il que malaisément utilisable comme modèle de la religiosité dans le monde romain au ier siècle av. J.-C, à supposer qu’une telle expression ait un sens.
Bibliographie
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Estienne 2000 : S. Estienne, Les dieux dans la ville. Recherches sur les statues de dieux dans l’espace et les rites publics de Rome, d’Auguste à Septime Sévère, Thèse de doctorat, Université de Paris I, 2000 (exemplaire dactylographié).
Ferrary 1988 : J.-L. Ferrary, Phihellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde Guerre de Macédoine à la Guerre contre Mithridate, (BEFAR, 271), Rome, 1988.
Gros 1976 : P. Gros, Aurea Tempia. Recherches sur l’architecture religieuse de Rome à l’époque d’Auguste, (BEFAR, 231), Rome, 1976
Gros 1979 : P. Gros, Les statues de Syracuse et les “dieux” de Tarente. La classe politique romaine devant l’art grec à la fin du iiiè siècle av. J.C., REL., LVII, 1979, p. 85-114.
Kroll 1931 : W. Kroll, Kuss, R.E., Suppl. B. V, col. 518 (1931).
Le Bonniec 1958 : H. Le Bonniec, Le culte de Cérès à Rome, Paris, 1958.
Moreau 1991 : Ph. Moreau, Notice complémentaire à Cicéron, Discours, V, Seconde Action contre Verrès : les œuvres d’art, CUF, Paris, 1991.
Rouveret 1981 : A. Rouveret, Introduction à Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, CUF, Paris, 1981
Sauron 1994 : G. Sauron, Quis deum ? L’expression plastique des idéologies politique et religieuse à Rome à la fin de la République et au début du principat, BEFAR, 285, Rome, 1994.
10.2307/4238633 :Scott Ryberg 1955 : I. Scott Ryberg, Rites of the State Religion in Roman Art, MAAR, 22, 1955.
Notes de bas de page
1 Par exemple sur un sanctuaire qui passe aux yeux des Romains pour un des plus importants de l’île, celui de Vénus à Eryx (38, 93).
2 § 64 et 69.
3 A. Dubourdieu, J. Scheid, “Lieux de culte, lieux sacrés : les usages de la langue. Italie romaine”, dans A. Vauchez éd., Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires. Approches terminologiques, méthodologiques, historiques et monographiques (Coll. EFR, 273), Rome, 2000, p. 59-80.
4 § 3-18.
5 § 99.
6 § 94.
7 Magna Mater : § 96 ; Céres d’Henna : § 99 et suiv. ; Fortuna à Tycha : § 119.
8 § 96.
9 § 106.
10 § 110 : Ante aedem Cereris in aperto et propatulo loco signa duo sunt, Cereris unum, alterum Triptolemi.
11 Voir infra p. 6-7.
12 § 123 et 124.
13 § 5 : Ante hos deos erant arulae quae cuius religionem sacrari significare possent.
14 §108 : tanta erat enim auctoritas et uetustas illius religionis ut, cum illuc irent, non ad aedem Cereris, sed ad ipsam Cererem proficisci uiderentur.
15 § 111 : Etenim urbs illa (= Henna) non urbs uidetur, sed fanum Cereris esse.
16 Le sacrarium d’Heius contient quatuor signa (§ 3) : deux d’entre elles représentent des dieux, Cupidon et Hercule, deux des mortelles, les Canéphores.
17 Ce sont les conclusions de S. Estienne, “Les dieux dans la ville. Recherches sur les statues de dieux dans l’espace et les rites publics de Rome, d’Auguste à Septime Sévère” (Thèse de doctorat, Université de Paris 1, décembre 2000) p. 12-20 sur le lexique des représentations figurées des dieux.
18 § 86 et 87.
19 § 77 et 78 : Diana ; § 92 : Mercurium.
20 § 7.
21 § 109.
22 § 5.
23 § 4 : opinor ; § 5 : dicebatur.
24 § 72 et 74.
25 § 95 : duo sigilla perparuola.
26 § 96 : perparuolum signum ex aere.
27 § 128.
28 § 128.
29 Cicéron indique que les deux statuettes portent sur leur tête une corbeille contenant sacra quaedam (§ 5).
30 § 65 : ea magnitudine ut intellegi potest non ad hominum adparatum, sed ad amplissimi templi omatum esse factum ; § 66 : candélabre e gemmis clarissimis opere mirabilis perfectum ; § 65 : splendeur de l’objet, uarietas du travail d’orfèvrerie.
31 § 65.
32 § 97 : in hoc fano loricas galeasque aeneas cœlatas opere Corinthio hydriasque grandis simili in genere atque eadem arte per-fectas.
33 J.-L. Ferrary, Philellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde Guerre de Macédoine à la Guerre contre Mithridate (BEFAR, 231), Rome, 1988, p. 564 et p. 582.
34 § 103 : erat praeterea magna uis eboris, multa ornementa, in quibus eburneae Victoriae antiquo opere ac summa arte perfectae.
35 § 122 : pugna erat equestris Agathocli regis in tabulis picta praeclare ; iis autem tabulis interiores templi parietes uestiebantur.
36 F. Coarelli, “La pugna equestris di Agathocle nell’Athenaion di Siracusa”, dans M. L. Gualandi, L. Massei, S. Settis éd., Aparchai. Nuove ricerche sulla Magna Grecia e la Sicilia antiqua in onore di P. E. Arias, Pise, 1982, II, p. 547-577 ; repris dans Revixit Ars. Arte e ideologìa a Roma. Dei modelli ellenistici alla tradizione repubblicana, Rome, 1996, p. 85-101.
37 § 120 : has tabulas M. Marcellus, cum omnia uictoria illa sua profana fecisset, tamen religione impeditus non agit.
38 § 124.
39 § 103 : dentes eburneos incredibili magnitudine.
40 § 125 : in quibus neque manu factum quicquam neque pul-chritudo erat nulla, sed tantum magnitudo incredibilis.
41 § 5 : omnibus haec ad uisendum patebant cotidie.
42 § 18.
43 § 46 : patella grandis cum sigillis ac simulacris deorum, patera qua mulieres ad res diuinas uterentur, turibulum.
44 § 94 : usque eo, iudices, ut rictum eius ac mentum paulo attritius, quod in precibus et graticulationes non solum uenerari, uerum etiam osculari solent. Voir W. Kroll, “Kuss”, RE, suppl. B. V col. 518, 1931 ; S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 233-236.
45 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 233.
46 § 77 : quid hoc tota in Sicilia clarius quam omnes Segestae matrones et uirgines conuenisse, cum Diana exportaretur ex oppido, unguisse unguentis, complesse coronis et floribus, ture, odori-bus, incenso usque ad agri fines prosecutas esse.
47 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 223-229.
48 Liv., 29, 14, 12.
49 § 84.
50 § 106 : nam et natas esse has in hiis locis deas (= Cérès et Libéra) et fruges in ea terra primum repertas esse arbitrantur [...]; qui locus (le nemus d’Henna), quod in media est insula situs, umbilicus nominatur.
51 § 99 : signum [...] quod uiri non modo cuiusmodi esset ne esse quidem sciebant. Aditus enim in id sacrarium non est uiris ; sacra per mulieres et uirgines confici soient.
52 § 107.
53 § 108 : tanta enim est auctoritas et uetustas illius religions ut, cum illuc irent, (les Décemvirs), non ad aedem Cereris, sed ad ipsam Cererem proficisci uiderentur.
54 Cette exclusion des hommes de sanctuaires appartenant à des divinités féminines n’est pas une exception sicilienne ; elle rappelle les règles d’accès au sanctuaire de Vesta sur le Forum (Ovid., Fast., 6, 444-454).
55 § 99.
56 § 110.
57 Voir Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 36.
58 Par exemple au § 93, à propos de la statue d’Apollon dans le temple d’Esculape à Agrigente.
59 Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 35-36 et bibliographie de la n. 1 p. XXXVI.
60 § 96.
61 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, (Guide archeologique Laterza), Rome-Bari, 1984, p. 161.
62 § 65 : clamare iste coepit dignam rem esse regno Syriae, expression qui peut évoquer à la fois la puissance et la richesse du royaume oriental.
63 § 128.
64 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 326 ; sur l’origine du culte de Cérès à Catane, voir H. Le Bonniec, Le culte de Cérès à Rome, Paris, 1958, p. 396.
65 § 108 ; sur l’origine du eulte, voir Le Bonniec, Cérès, cit. supra, n. 64, p. 383-389.
66 Balb. 55 : sacra pro ciuibus ciuem facere uoluerunt.
67 F Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 171.
68 §5.
69 § 132 : primum quod omnes religione mouentur et deos patrios, quos a maioribus acciperent, colendos sibi diligenter et retinendos esse arbitrantur ; deinde hic ornatus, haec opera atque artificia, signa, tabellae pictae Graecos homines nimio opere delectant.
70 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 420.
71 Pour la discussion sur l’existence et la date de cette pratique à Rome, voir S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 420-427.
72 Plin., NH., 34, 34.
73 § 126.
74 § 69 : ut [... ] copiosius sit ornatum quam fuit.
75 Caes., 10.
76 Plin., nh, 35, 26.
77 Plin., nh, 34, 36.
Auteur
Université de Paris IV-Sorbonne
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