Chapitre 2. La recherche archéologique sur le fait urbain
p. 19-30
Texte intégral
Histoire de la recherche
1La redécouverte à la Renaissance des sites des villes antiques de Sicile fut d’abord et avant tout une affaire d’érudits passionnés. Parmi eux figure notamment Fazello, moine bénédictin et prêcheur itinérant qui parcourut la Sicile au xvie siècle et fut à l’origine des redécouvertes de Mégara Hyblaea, Camarine, Morgantina et Tyndaris, pour ne citer que celles qui nous intéressent plus particulièrement. Quant à son contemporain Arétius, il a livré des informations d’inspiration plus littéraire sur la Sicile antique1. Vint ensuite le temps des aristocrates voyageurs du xviiie siècle qui entreprirent le Grand Tour et entraînèrent dans leur sillage des artistes comme J.-P. Houël et V. Denon, auteurs de nombreuses représentations des vestiges antiques de Sicile. Dans le même temps, d’autres aristocrates férus de collections et d’antiquités fouillaient les sites, à la recherche du « bel objet », tel le prince de Biscari, actif à Camarine, Kentoripa et Catane. Puis ce furent les précurseurs de l’archéologie moderne, souvent fonctionnaires du tout jeune état italien et occupant des charges liées à la mise en valeur de son patrimoine culturel : en cette fin du xixe siècle et ce début du xxe siècle, citons particulièrement F.S. Cavallari et P. Orsi. Mais l’étude de la Sicile antique intéressait également des savants venus d’autres horizons, notamment les géographes et topographes A. Holm et J. Schubring. Ce qui caractérisait désormais ces amoureux de l’histoire sicilienne, c’était leur démarche scientifique animée par un questionnement précis auquel ils cherchaient à répondre par des fouilles ou des levés topographiques : en véritables éclaireurs, et même en authentiques fondateurs, ils ont préparé le terrain et ouvert la voie à l’archéologie moderne. C’est à cette dernière que l’on prêtera attention ici car ce sont les travaux des archéologues contemporains qui ont procuré la majeure partie des données discutées dans cet ouvrage. La plupart de ces archéologues ont œuvré dans les décennies d’après-guerre, années cinquante et soixante, qui virent se dérouler une intense activité de recherche dans à peu près tous les sites archéologiques majeurs de la Sicile.
2Les sites archéologiques relèvent de deux catégories, suivant leur situation au moment des fouilles : il y a ceux qui ont été de tout temps occupés par un centre urbanisé et il y a ceux qui sont vierges, ou presque, de toutes constructions modernes. Géla, Syracuse et, dans une moindre mesure, Agrigente appartiennent à la première catégorie : toutes les fouilles qui s’y sont déroulées (et s’y déroulent encore) étaient des fouilles préventives, souvent réalisées dans l’urgence et dans un environnement densément urbanisé, la plupart à une époque où les protocoles d’investigation n’étaient pas clairement établis. Sur les sites de Camarine, Mégara Hyblaea, Monte Iato, Morgantina, Sélinonte et Solonte, les archéologues qui dressèrent les premiers programmes de recherche avaient tout au plus affaire à des champs cultivés et à de grandes propriétés terriennes : l’agriculture est certes destructrice et perturbatrice des terrains archéologiques mais infiniment moins que ne le sont des siècles d’occupation urbaine.
3Morgantina représentait ainsi un cas presque idéal. Au milieu des années cinquante, le site de la ville antique n’était occupé que par des rangées clairsemées d’oliviers et quelques bâtisses abandonnées : c’est à cette époque que débuta l’ère des fouilles américaines sous l’égide de l’université de Princeton, mission qui se poursuit toujours aujourd’hui2. Les moyens opérationnels et les conditions de travail étant alors réunis, les archéologues américains firent feu de tout bois pendant presque deux décennies, ne privilégiant (ou ne négligeant) aucun aspect de l’histoire et de l’archéologie du site, depuis les premières fréquentations du bronze ancien jusqu’à l’occupation d’époque républicaine. Les fouilles connurent par la suite un ralentissement notable et les travaux furent surtout axés sur la publication des résultats via des synthèses thématiques, notamment celles de B. Tsakirgis sur l’habitat des périodes hellénistique et romaine. Des réflexions et des hypothèses sur l’urbanisme, principalement dues à M. Bell, existent aussi, bien que sous la forme moins dense de contributions diverses. La matière pour notre sujet est donc abondante et les données de fouilles, quoique parfois imprécises et contestées, restent disponibles et exploitables3.
4Camarine offrait au départ un exemple comparable à celui de Morgantina, quoiqu’un peu moins favorable : dans cette région, l’agriculture intensive s’est en effet considérablement développée après-guerre, obligeant les chercheurs à repousser les exploitations hors de la zone archéologique. Malgré ces efforts, des serres oblitèrent encore une bonne partie du secteur sud-est du site. Aux sondages préliminaires effectués par A. Di Vita en 1958 et 1961 et disséminés sur tout l’espace urbain succédèrent immédiatement les fouilles systématiques et plus étendues de P. Pelagatti. Une quinzaine d’années plus tard, cette dernière était en mesure de fournir un cadre historique pour l’archéologie du site, toujours en vigueur dans ses grandes lignes. C’est essentiellement l’urbanisme qui bénéficia de ces résultats, complétés au cours des décennies suivantes par les investigations plus ponctuelles de G. Di Stefano ; en comparaison, l’habitat et ses détails demeurent relativement méconnus. Enfin, une réflexion nouvelle sur l’occupation urbaine de Camarine a été menée par E. Tourny dans le cadre d’une thèse inédite4.
5La recherche archéologique à Mégara Hyblaea tient un peu des deux cas précédents : comme à Morgantina, les chercheurs ont bénéficié des moyens substantiels et pérennes d’une véritable mission scientifique, conduite ici par l’École française de Rome ; néanmoins, comme à Camarine, ils ont dû œuvrer contre la présence d’exploitations agricoles et surtout contre la voracité des installations industrielles. Le développement économique de la zone d’Augusta-Melilli, encore balbutiante aux débuts des investigations en 1949, connut une accélération fulgurante qui obligea les archéologues à rapidement dégager des vestiges susceptibles de justifier la préservation du site : c’est ce qu’ils firent notamment avec les « fortifications hellénistiques » dont la fouille occupa une grande partie de la première décennie d’investigation. Pour autant, malgré le dégagement de cette enceinte et la découverte de la ville hellénistique, l’objectif scientifique clairement affiché durant l’ère des « fouilles Vallet-Villard » resta finalement le même que celui qui motiva la première campagne de 1949 : l’étude de l’une des premières colonies grecques de Sicile, de sa fondation vers le milieu du viiie siècle jusqu’à la déportation de ses habitants en 483. L’habitat et l’urbanisme des périodes suivantes ont donc été largement mis de côté et c’est seulement depuis une dizaine d’années que le programme de recherches dirigé par H. Tréziny et J.-C. Sourisseau permet progressivement de faire la lumière sur ce sujet5.
6Géla fut l’objet d’une intense activité archéologique dans les années cinquante alors que la ville connaissait de nombreux programmes d’aménagements urbains. Bien que les fouilleurs D. Adamesteanu et P. Orlandini aient fait un remarquable effort de publication de leurs investigations, la vision de la ville antique reste forcément parcellaire, réduite aux petites fenêtres et aux aperçus que leur autorisaient les fouilles d’urgence. Leurs travaux ont toutefois procuré une quantité appréciable d’éléments sur les caractéristiques de l’habitat des périodes classique et surtout hellénistique, un peu moins sur l’urbanisme. Ces données ont été utilement complétées dans les années soixante-dix par E. De Miro et G. Fiorentini, en permettant notamment de relativiser les conclusions de leurs prédécesseurs ; c’est également le cas des fouilles préventives réalisées par G. Spagnolo en 1984-1985 et 1987 dans le secteur de l’ancienne gare ferroviaire, puis des travaux de synthèse de R. Panvini. Enfin, une étude topographique due à M. Congiu a permis récemment de regrouper dans un seul ouvrage nombre de ces données de fouille6.
7Syracuse se trouve dans la même situation que Géla, à ceci près que, à l’image également de Tyndaris (voir plus bas) ou même de Morgantina, certains monuments étaient déjà visibles au début des fouilles modernes : le théâtre grec, l’amphithéâtre romain, l’autel monumental, le temple d’Apollon mais également le temple d’Athéna, partiellement conservé et réutilisé dans la cathédrale. Ici aussi, l’effervescence urbanistique engendrée par le boom économique des années d’après-guerre a provoqué la multiplication des fouilles d’urgence aux quatre coins de la ville. Mais, déjà du temps de P. Orsi, les travaux d’aménagement avaient permis à celui qui était alors inspecteur des Antiquités de repérer et de publier des vestiges de différentes époques, notamment dans la zone autour du forum syracusain, dans la Borgata Santa Lucia et le Giardino Spagna. C’est à ce même endroit que, pendant la deuxième guerre mondiale, G. Cultrera mena des investigations qui apportèrent les premiers éléments sur l’urbanisme de la Néapolis. G.V. Gentili prit ensuite le relais dans un quartier voisin lors de l’édification de l’église de la Madonna delle Lacrime puis ce fut surtout G. Voza qui, en tant que surintendant de Syracuse, eut la charge de conduire les fouilles préventives et eut donc l’opportunité de présider à la plupart des découvertes archéologiques entre le début des années soixante-dix et le milieu des années quatre-vingt. D’autres archéologues de la Surintendance ont officié par la suite à Syracuse, toujours dans le cadre d’opérations de sauvetage : citons principalement B. Basile, C. Ciurcina, L. Guzzardi, R. Lanteri et M. Musumeci. L’implication de la Surintendance de Syracuse dans les fouilles préventives et la multiplication de ces dernières ont donc généré une importante quantité de données archéologiques ; la rareté et parfois la minceur des publications ont par contre considérablement amoindri la quantité d’informations disponibles pour la recherche. Enfin, l’attention des archéologues a été souvent focalisée sur la presqu’île d’Ortygie, berceau de la ville archaïque et centre du pouvoir jusqu’à la chute de la cité à la fin du iiie siècle. Une telle conjoncture réduit les possibilités de travailler sur les données de l’habitat et de l’urbanisme hellénistiques de Syracuse, d’autant plus que c’est sur la terre ferme, dans les quartiers d’Achradine, Tychè et Néapolis, que se trouvent la plupart des témoignages : cela est malgré tout suffisant pour esquisser quelques hypothèses sur le sujet7.
8On terminera cette courte présentation par Tyndaris, qui pourrait finalement relever d’une troisième catégorie, sorte de compromis entre les deux premières : il y avait au début des fouilles (et encore aujourd’hui) un petit village groupé autour du sanctuaire de la Madonna di Tindari mais son emprise ne concernait qu’une toute petite partie du site archéologique. Ici, la ville antique était reconnaissable dans ses grandes lignes grâce au théâtre, à la « basilique » et à des parties de l’enceinte : après les fouilles hasardeuses et spoliatrices du xixe siècle, le cadre était donc plutôt bien défini et le terrain dégagé pour des investigations rigoureuses. Ce fut effectivement le cas au cours des années cinquante, principalement avec les fouilles de L. Bernabò Brea, de N. Lamboglia et, dans une moindre mesure, de F. Barreca : le principal acquis fut le dégagement complet d’un îlot d’habitat, l’insula IV. Une décennie plus tard, L. Bernabò Brea et M. Cavalier mirent en évidence une partie du système urbain dans le secteur nord-ouest du site ; ces travaux préliminaires ne furent complétés que bien plus tard, entre 1993 et 2004, par U. Spigo. Malgré des conditions d’intervention favorables et une volonté scientifique de déterminer les modalités d’occupation du site durant toute son histoire antique, les informations fournies par Tyndaris sur le plan de l’urbanisme et de l’habitat pour les ive et iiie siècle restent limitées8.
9Notre étude s’appuie également sur d’autres sites archéologiques, que l’on pourrait qualifier de complémentaires mais qui sont néanmoins indispensables à notre propos. Parmi ceux-ci figure d’abord Agrigente, dont la situation politique à l’époque hellénistique fut souvent ambivalente, constamment tiraillée qu’elle était entre les dominations puniques et grecques (sans parler de ses propres velléités d’autonomie). Archéologiquement parlant, son cas est somme toute assez comparable à celui de Syracuse : c’est une ville moderne installée sur un site antique dont elle n’oblitère qu’une partie et dont certains vestiges remarquables ont dû être visibles de tout temps (les temples de la Valle dei Templi). Le quartier d’habitat « hellénistico-romain » (occupé en fait entre l’époque archaïque et la basse époque impériale) y a été découvert à la fin du xixe siècle et systématiquement fouillé entre le début des années vingt et le début des années soixante, en particulier par E. De Miro, qui en a récemment fourni une publication détaillée9. Un autre quartier d’habitat, plus réduit en taille et d’une durée d’occupation beaucoup plus brève, a également été mis au jour en 1992 près d’une des portes de la ville par D. De Orsola. Nous possédons ainsi à la fois des informations assez complètes sur l’urbanisme et sa permanence entre le vie siècle av. J.-C. et le iie siècle apr. J.-C. ainsi que sur l’habitat, données bien détaillées pour les iie-ier siècles, beaucoup moins pour les ive-iiie siècles10.
10Monte Iato est arrivé assez récemment dans le panorama scientifique, puisque les fouilles de l’Institut archéologique de l’université de Zurich y ont débuté en 1971. Les travaux de terrain (sur un site totalement vierge) et les publications ont depuis connu un rythme constant, débouchant notamment sur deux monographies de H. Brem et de
K. Dalcher consacrées à la maison à Péristyle 1. La maison à Péristyle 2, dont le dégagement est en cours depuis 1992, a fait l’objet de plusieurs contributions, parmi lesquelles celles de J. Fuchs et C. Russenberger : ces deux habitations apportent de solides références pour l’habitat hellénistique. Enfin H.P. Isler, qui fut longtemps responsable de la mission, a produit ou édité la plupart des publications sur l’antique Iaitas ; l’urbanisme associé aux constructions hellénistiques, publiques et privées, reste cependant largement inconnu11.
11L’emplacement de la « nouvelle Solonte », refondée selon la tradition au début du ive siècle après la destruction de la ville archaïque12, a été reconnu au xixe siècle sur les pentes du Monte Catalfano, dans un secteur lui aussi dénué de constructions modernes. La plupart des vestiges connus ont été simplement dégagés à cette époque et ces travaux ont été complétés bien plus tard dans les années cinquante par V. Tusa. Depuis, les principales recherches sur le secteur de l’habitat, notamment celles de C. Greco, M.L. Famà, E.C. Portale et M. Wolf, ont consisté à étudier et documenter ces vestiges ; elles offrent néanmoins une approche critique et détaillée d’un secteur occupé entre le milieu du ive siècle et le iie siècle apr. J.-C.13.
12Sélinonte était restée dans les mémoires grâce aux temples monumentaux placés sur les collines qui encadraient la ville à l’est et à l’ouest. L’espace urbain n’avait été guère perturbé depuis l’Antiquité que par les cultures agricoles et par un fort médiéval installé sur l’acropole. Des fouilles s’y sont déroulées depuis la fin du xixe siècle, sous l’égide de F.S. Cavallari, suivi par E. Gàbrici dans les années vingt, G. Cultrera et J.B. Marconi dans les années trente et enfin A. Di Vita et V. Tusa entre 1953 et 1964. La mission française, avec J. de La Genière et R. Martin, prit le relais à la fin des années soixante-dix et œuvra pendant une vingtaine d’années avant d’être remplacée par une équipe allemande, longtemps dirigée par D. Mertens. C’est à cette dernière phase des recherches que l’on doit l’ouvrage de synthèse sur l’habitat et l’urbanisme punique de Sélinonte, élaboré par S. Helas : elle y rend compte de la dernière période de la ville, entre la fin du ive et le milieu du iiie siècle, dont les habitants d’origine punique occupaient le secteur de l’ancienne acropole grecque14.
13La recherche archéologique en Sicile dans son ensemble a donc ceci de particulier qu’une très grande partie des données de terrain est issue de fouilles anciennes, réalisées pour la plupart dans les années cinquante et soixante et souvent à grande échelle. Une formidable effervescence scientifique s’est ainsi créée, les investigations menées en parallèle sur de nombreux sites générant alors, sur un intervalle de temps assez court, une profusion de données archéologiques. Cette situation a eu successivement deux conséquences majeures : l’émulation particulièrement forte entre les différents chercheurs a naturellement rejailli sur la présentation des faits archéologiques et leurs interprétations ; par la suite, l’ancienneté et le caractère souvent lacunaire des informations ont ouvert la porte à des polémiques sur la signification de ces faits archéologiques. Cela se retrouve notamment dans deux problématiques, intimement liées à la recherche sur le fait urbain en Sicile hellénistique.
L’hypothèse du renouveau de la Sicile à l’époque de Timoléon
14La venue de Timoléon fut, selon la tradition, un épisode marquant de l’histoire antique de la Sicile : le chef corinthien aurait été l’instigateur d’une alliance de cités autonomes à la tête de laquelle il aurait remporté une grande victoire contre Carthage, avant d’appeler à la recolonisation d’une Sicile désormais pacifiée. Il s’agirait là des éléments fondateurs d’une ère remarquablement florissante pour l’île. Une nouvelle vision des conséquences du passage de Timoléon en Sicile, non seulement dans sa partie orientale mais aussi pour le centre et l’ouest, s’est imposée aux archéologues dans les premières décennies d’après-guerre. Jusqu’au début des années cinquante, les récits sur le sujet étaient encore jugés peu fiables : H.D. Westlake rappelait ainsi à quel point l’histoire de Diodore et les biographies de Plutarque et de Cornelius Nepos dépendaient du discours élogieux et quasi hagiographique de Timée sur les œuvres et la fortune de Timoléon15. Cependant, les nombreuses investigations archéologiques firent rapidement bouger les lignes au point que, en 1958, le numéro 4 de la revue Kokalos fut intégralement consacré au thème de la « renaissance timoléonienne ». En effet, la plupart des sites en cours de fouilles semblaient livrer ce qui apparaissait alors comme des témoignages concordants d’une extraordinaire redynamisation de territoires dévastés ou abandonnés durant dans la première moitié du ive siècle. Parmi ceux-ci figuraient notamment : Mégara Hyblaea, Camarine, Géla mais aussi Agrigente, Héraclée, Tyndaris, Lipari sans oublier des sites de l’intérieur comme Morgantina et Scornavacche ou bien de Sicile occidentale (Monte Iato, Ségeste, Solonte). À Mégara16, Camarine et Scornavacche17, les fouilleurs se prononçaient ainsi en faveur d’une réoccupation significative ; celle-ci semblait également nette quoique moins facilement perceptible à Héraclée18, Tyndaris19, Lipari20 et Morgantina21 ; enfin, dans les zones considérées comme puniques, d’autres villes (Monte Iato, Ségeste ou Solonte) ne semblaient pas non plus en reste22. Mais c’est surtout Géla et son arrière-pays qui apparaissaient alors comme particulièrement concernés par ces signes de revitalisation. Cette région mérite que l’on s’y attarde car son cas est particulièrement représentatif du débat historiographique sur le renouveau de la Sicile à l’époque de Timoléon.
15L’histoire de cette région de la Sicile dans les cinq décennies qui suivirent la défaite contre Carthage en 405 est évanescente car les textes n’en disent quasiment rien : l’impression qui en ressort est donc qu’elle semblait à l’écart des événements qui agitaient alors la Sicile23. Ensuite, après la victoire des alliés au fleuve Crimisos en 339, Géla aurait accueilli sur ordre de Timoléon d’anciens citoyens et des colons venus de Céos/Kéa : renaissant de ses cendres, la cité et ses nouveaux habitants auraient alors honoré le général corinthien en le considérant comme l’œciste de la nouvelle Géla24. Voilà quel était le cadre historique selon la tradition littéraire lorsque l’ère des fouilles contemporaines débuta dans les premières années d’après-guerre, d’abord sous la conduite de P. Griffo en 1948 (qui découvrit un tronçon de la muraille de Capo Soprano), puis surtout à partir de 1951 avec D. Adamesteanu et P. Orlandini. Leur intervention se poursuivit jusqu’en 1958, bénéficiant de l’appui de la Surintendance aux Antiquités d’Agrigente et tirant parti des nombreux programmes d’aménagements urbains alors en cours. Cette intense activité de terrain concerna également l’arrière-pays et se doubla durant la même période d’une quantité importante de publications, présentations et synthèses25. Il en ressortit une reconstruction historique dans laquelle les périodes entre 409 et 383 étaient dépeintes comme des époques de dévastation et d’abandon, alors que les guerres entre Syracuse et Carthage étaient en train de dévaster la partie occidentale de la Sicile, et après la mort de Denys l’Ancien en 367, lorsque les luttes pour sa succession avaient continué d’ensanglanter ce territoire. Après la fin de cette période de conflits presque incessants26, dans un contraste saisissant, les succès de Timoléon auraient signé le début d’une ère de paix et de prospérité27, du moins jusqu’à l’arrivée d’Agathocle au pouvoir en 317. Cette lecture des événements historiques tels que rapportés par les textes, à laquelle s’ajoutait la connaissance que l’on avait alors du matériel archéologique, nourrit et guida l’interprétation. Elle conduisit par exemple à reconsidérer la fortification de Capo Soprano, dont la construction fut alors attribuée à l’ère timoléonienne : l’enceinte aurait ainsi servi à abriter de nouveaux quartiers d’habitation, aussi bien sur l’ancienne acropole que dans le secteur des anciennes nécropoles (utilisées jusqu’en 405), construits en terrasses et organisés selon un plan orthogonal. Le mobilier retrouvé en fouilles, auquel s’ajoutait un grand nombre de monnaies, était particulièrement riche et abondant et la décoration des maisons, luxueuse : loutèria, gouttières figurées, antéfixes, fragments de stucs, de peintures et de mosaïques. Tout cela incitait donc à restituer une ville qui se serait agrandie et considérablement enrichie28. Ces témoignages, également bien présents dans les autres sites de la côte et de l’arrière-pays, étaient vus comme la parfaite illustration de la philotechnia évoquée par Diodore à propos d’Agyrion29. La résurgence et la renaissance de nombreux sites tant sur la côte (Géla, Agrigente, Héraclée) que dans l’intérieur (Scornavacche, Butera, établissements ruraux) accréditaient ainsi l’idée d’une arrivée massive de clérouques et autorisaient même à supposer que cette recolonisation aurait concerné d’autres lieux non mentionnés dans les textes30. Les fouilles des années cinquante semblaient donc non seulement confirmer les dires de Diodore et de Plutarque sur le renouveau de la Sicile à l’époque de Timoléon mais, plus encore : elles les amplifiaient. Les découvertes archéologiques se faisaient ainsi largement l’écho de sources, jusque-là regardées avec suspicion, qui apparaissaient finalement en deçà de la réalité31.
16Seulement, dès les années soixante-dix, de nouvelles fouilles ont contribué à nuancer ce cadre historique de la Géla du ive siècle, tel qu’il était dorénavant établi32. Ces recherches mieux documentées et sans doute plus rigoureuses ont donc mis à mal l’idée d’un abandon total de la ville après le sac carthaginois de la fin du ve siècle. Indirectement, elles remettent en cause l’idée d’une revitalisation franche et prononcée due à Timoléon ; nous aurons l’occasion plus loin d’examiner d’autres arguments contre cette hypothèse.
Grec hellénistique ou romain républicain ? Débats actuels sur la chronologie de certains édifices de Sicile
17Les résultats des grandes fouilles d’après-guerre engendrèrent une deuxième problématique, fortement empreinte elle aussi de considérations chronologiques. En effet, toute personne qui travaille aujourd’hui sur l’architecture hellénistique de Sicile, tant publique que privée, va rapidement prendre conscience qu’un obstacle se dresse sur son chemin : les problèmes de datations. Ceux-ci se concentrent particulièrement autour de certains édifices civiques et de certains aménagements domestiques dont la présence est chargée de sens. En effet, « à un moment donné » entre le ive et le iie siècle, apparaissent en Sicile des structures nouvelles comme des théâtres dans les villes ou bien des péristyles dans les maisons. Or celles-ci ont en commun un rôle symbolique qui va au-delà de leur aspect fonctionnel et qui en dit long sur la population qui les a voulues et construites. Si l’on reprend l’exemple des théâtres et des maisons à péristyle, on relèvera que le théâtre, espace de loisirs, est aussi le lieu de réunion de l’assemblée des citoyens, l’ekklésia, tandis que la cour à péristyle est synonyme de luxe privé si l’on pense au palais et aux grandes demeures de Vergina33. On voit donc que l’existence même de ces structures a de fortes implications politiques et sociétales dont l’interprétation sera évidemment toute différente selon que le « moment donné » de leur construction se situe au ive ou au iie siècle. C’est précisément là-dessus que se cristallise le débat actuel.
Les fondements
18Dans une contribution de 1990 intitulée Roman Architecture in a Greek World. The Example of Sicily, R.J.A. Wilson fait un bilan rapide des vestiges archéologiques siciliens construits durant l’époque romaine, c’est-à-dire à partir du moment où l’île est entrée progressivement dans l’orbite de Rome, d’abord en 241 à la fin de la première guerre punique, puis en 211 à la chute de Syracuse 34. Il émet à cette occasion de sérieuses réserves sur certaines chronologies, notamment celles des théâtres de Morgantina et Monte Iato, censés avoir précédé celui de Hiéron II à Syracuse, et celles des habitations de Monte Iato. Pour des raisons de logique stylistique et architecturale, R.J.A. Wilson propose de ramener ces réalisations à la fin du iiie siècle ou au début du iie siècle35.
19C’est lors d’un colloque que la question d’un abaissement de certaines chronologies a été, pour ainsi dire, réellement mise sur la place publique36 : cette question était explicitement citée parmi cet « enchevêtrement de problèmes » auquel les participants à cette rencontre devaient se confronter37. Plusieurs contributions parues dans les actes du colloque plaident ainsi pour une révision radicale des dates attribuées à la construction d’édifices publics chargés de sens (bouleutéria, théâtres, bains) ainsi que de maisons dont le niveau de luxe et d’équipement semble impliquer de profonds changements dans la société. En introduction de l’ouvrage, M. Torelli annonce clairement son intention : réviser « l’opinion commune » qui veut que la conquête romaine ait signé la fin de la grécité tant en Grèce égéenne qu’en Italie du Sud et en Sicile. Il taxe les tenants de cette théorie de « nationalistes » et les accuse de « s’auto-identifier de manière complètement inconsciente avec les [anciens] Grecs », eux qui jugent la domination romaine responsable « d’une immédiate et totale désertification de la Grèce ». Les mots sont forts, à la mesure de ce que M. Torelli considère comme de « graves illogismes » ayant mené à des « chronologies impossibles de monuments et d’importantes manifestations de la culture grecque »38. L’un de ces illogismes serait par exemple la date retenue pour la réalisation de la mosaïque dite de l’enlèvement de Ganymède qui a donné son nom à la maison de Ganymède à Morgantina (sur laquelle je reviendrai plus loin) : cette datation, placée dans le courant du iiie siècle, fait figure de référence pour d’autres mosaïques siciliennes et elle situerait donc l’ensemble de ces mosaïques avant celles d’Alexandrie, qui ne peuvent remonter au-delà du plein iie siècle. Or la capitale des Ptolémées est au contraire considérée par M. Torelli comme étant à l’origine de ces influences architecturales qui auraient accompagné la création d’une « extraordinaire koinè entre Italie, Sicile et Afrique du Nord »39. Et cette nouvelle communauté ne se serait développée qu’avec la conquête romaine en « étroite relation avec la diffusion de l’agriculture esclavagiste » : en Italie du Sud, elle aurait été incarnée par des habitants des « colonies latines et des villes des socii de Campanie et d’Apulie » et, en Sicile, par ces indigènes « libérés [...] de la pression fiscale exercée soit par Syracuse soit par Carthage ». In fine, c’est l’enrichissement de ces nouvelles classes dominantes qui leur aurait permis de « doter leurs propres villes de théâtres, de bains, de places publiques, de temples » et de s’autoriser « des luxes privés jusqu’alors sans précédent », notamment dans l’aménagement de leurs demeures40. Ce thème d’une « relecture du cadre général » de l’architecture publique d’époque hellénistique en Sicile est également examiné dans la contribution de L. Campagna. Ce dernier partage l’analyse de M. Torelli puisqu’il met sur le compte d’une archéologie classicisante les « datations hautes pour presque tous les témoignages d’urbanisme et d’architecture hellénistiques », c’est-à-dire des datations situées dans une période couvrant l’époque de Timoléon, le règne d’Agathocle et le règne de Hiéron II. Pourtant, l’auteur annonce que des « données plus concrètes », provenant notamment de fouilles effectuées ces vingt dernières années dans le nord-ouest de la Sicile, permettraient d’attribuer dorénavant ces témoignages aux iie et ier siècles, c’est-à-dire dans le contexte de la province romaine de Sicile. Ainsi, par extension, ces nouveaux éléments permettraient de repenser la phase hellénistique de sites comme Tyndaris, Solonte, Ségeste et Lilybée41. En conclusion de son article, après avoir examiné théâtres, bouleutéria et stoai, L. Campagna propose de voir dans ces édifices des signes concrets de l’existence et de la diffusion d’un évergétisme privé. Ce phénomène serait intimement lié à celui de l’augmentation des éléments de luxe dans les maisons, les deux aspects participant finalement d’une même volonté « d’autoreprésentation » manifestée par les élites locales 42.
20Certaines des critiques que l’on vient de présenter concernent directement des sites sur lesquels j’ai justement choisi de m’appuyer pour traiter le thème de cet ouvrage : nous allons donc à présent examiner plus en détail sur quoi portent ces remises en cause.
Le cas de Monte Iato
21Monte Iato est particulièrement touché par les remises en question de L. Campagna et M. Torelli, et pour cause : on y a dégagé une agora monumentale, au sol intégralement dallé, dotée de deux bouleutéria et d’un théâtre ; de plus, on y connaît plusieurs remarquables maisons à péristyle43. Les chronologies proposées par les fouilleurs pour ces structures sont contestées principalement par des arguments portant sur la stylistique mais également sur l’interprétation des données de fouilles44. La réponse apportée par H.P. Isler, nommément mis en cause en tant que responsable des fouilles, s’est faite en deux temps : une première, assez rapide, dans une présentation générale de l’architecture domestique en Sicile hellénistique et une seconde, beaucoup plus détaillée, sur les édifices incriminés45. Dans cette dernière, H.P. Isler explique que l’agora de Monte Iato a été implantée au sud du théâtre dans un espace spécialement élaboré pour cela où la roche-mère a d’abord été aplanie avant de créer des terrasses au moyen de puissants remblais. Ce remblaiement a fait office de fondation pour le dallage qui recouvrait les espaces découverts de l’agora ; il a mobilisé une quantité importante de matériaux et c’est lui qui a logiquement fourni le plus de mobilier : les associations, chronologiquement homogènes, indiquent une construction de l’agora entre la fin du ive et le milieu du iiie siècle46. Le théâtre, dont la publication détaillée est en cours, a connu deux phases de remaniement et une phase de destruction/abandon. Son édification serait intervenue dans le dernier quart du ive siècle, peu avant l’agora dont la mise en place a clairement tenu compte du tracé des murs de l’édifice : les divers sondages effectués dans le koilon et les fouilles du mur d’analemma ouest vont en ce sens47. Quant à la maison à Péristyle 1, elle a fait l’objet de plusieurs publications détaillées48 : H.P. Isler rappelle que le mobilier de la première phase de la maison appartenait majoritairement à la première moitié du iiie siècle, parfois au ive siècle, mais qu’il ne descendait pas au-delà du milieu du iiie siècle. H.P. Isler constate en conclusion que toutes les données stratigraphiques sont homogènes, avec une majorité du mobilier située dans le premier quart du iiie siècle et aucun objet datant d’après le milieu du iiie siècle : les chronologies des structures en question sont donc selon lui parfaitement cohérentes, situées dans un horizon chronologique allant de la fin du ive au premier quart du iiie siècle49.
Le cas de Morgantina
22Certains vestiges de la période hellénistique de Morgantina sont également concernés. On a déjà évoqué le cas de la mosaïque de L’Enlèvement de Ganymède à cause du rôle crucial qu’elle a pu jouer dans l’étude du développement de l’opus tesselatum. Or la datation de ce sol est directement issue de celle de la maison de Ganymède : c’est dire, par contrecoup, l’importance de la chronologie de cette habitation. Celle-ci fait partie, avec d’autres maisons et avec les principaux monuments de l’agora, d’une de ces « phases de développement de Morgantina » dont la chronologie, telle que « proposée par les fouilleurs », doit être réévaluée50 : c’est justement à une telle réévaluation que s’est attachée A. Mancini. L’auteure reconnaît, à la suite des fouilleurs américains, que la fréquentation de la maison de Ganymède au cours des iie et ier siècle (dernière phase d’utilisation) est hors de doute, compte tenu de la présence notamment de fragments de campanienne C dans son mobilier. Par contre, la datation de la construction de la maison de Ganymède au iiie siècle lui semble être fondée sur des éléments incertains51. A. Mancini conclut son argumentaire sur les maisons par une mise en garde : en restreignant une grande partie de l’architecture domestique de Morgantina au seul iiie siècle, on risquerait de négliger le iie siècle ou d’en faire uniquement une période de décadence alors qu’à cette période d’autres sites montrent au contraire une phase de redynamisation52. L’un des premiers contre-arguments a été fourni par H.P. Isler, pour qui la destruction de Morgantina en 211 est bien établie archéologiquement et historiquement53 : tous les bâtiments concernés par cette destruction, notamment des habitations comme la maison de Ganymède, ont donc été nécessairement construits avant 211. La réponse la plus développée à ces critiques sur la maison de Ganymède est cependant venue de M. Bell, responsable de la mission américaine depuis les années quatre-vingt et dépositaire à ce titre des recherches de ses prédécesseurs. Il y réaffirme que la maison a bien été construite vers le milieu du iiie siècle et que la constitution du comblement de ses citernes permet de conclure à une occupation suivie d’un abandon définitif bien avant la fin du iie siècle54.
23Ce réexamen d’A. Mancini ne porte pas seulement sur la chronologie des grandes demeures de Morgantina, mais également sur celle du plan urbain et, partant, sur celle des édifices qui s’y rattachent. Elle note ainsi que l’implantation de Serra Orlando présente beaucoup trop de différences avec les canons de ces plans réguliers d’époque classique auxquels se sont référés les fouilleurs américains (Olynthe, Milet, Priène) : d’une part, l’agora a été adaptée à la dépression où elle est située, et non le contraire ; d’autre part, le quartier est, sur la colline Boscarini, suit une direction légèrement oblique par rapport aux quartiers de l’ouest. Au final, seuls les quartiers sur la colline ouest suivraient véritablement un schéma orthogonal55 (voir fig. 145). Selon A. Mancini, l’urbanisme morgantinien résulterait donc d’une certaine adaptation aux contraintes topographiques et ne présenterait pas une organisation suffisamment rigoureuse, ce qui l’exclurait de facto de la liste des urbanismes d’époque classique. De plus, la scénographie de l’agora évoquerait bien plus celles des cités hellénistiques pergaméniennes du iie siècle que celle des colonies grecques de Sicile56.
Le cas de Tyndaris
24On retrouve à Tyndaris, à l’instar de Morgantina, un même débat sur le type et la chronologie de l’organisation urbaine. Or, cette discussion cache, comme pour les mosaïques, un autre « enjeu chronologique » de l’archéologie sicilienne : il s’agit de la période d’apparition, dans certaines villes, de Sicile du plan « hippodaméen ». Et c’est d’ailleurs sur ce thème que L. Campagna conclut sa contribution, en remettant en cause le fait que des cités comme Tyndaris mais aussi Solonte, Ségeste, Monte Iato et Halaesa aient pu se doter d’une organisation urbaine régulière entre le ive et le iiie siècle : l’auteur se demande ainsi s’il ne faudrait pas également renoncer à l’idée d’une influence directe de l’urbanisme hippodaméen sur ces villes57. À Tyndaris, la naissance de la ville organisée puis monumentalisée, telle que l’ont partiellement révélée les fouilles, a été diversement attribuée à son fondateur Denys l’Ancien (selon la tradition), à l’emblématique renaissance due à Timoléon, à l’impérialisme d’Agathocle ou bien à la paix romaine qui suivit la première guerre punique. En se basant sur ses fouilles, N. Lamboglia estimait qu’il n’y avait aucune structure pérenne relevant de la première moitié du ive siècle58, suivi en cela par G.F. La Torre59 et U. Spigo60. L’attribution du plan régulier à l’époque de la fondation a eu quant à elle les faveurs de F. Barreca61 et de L. Bernabò Brea62, et plus récemment d’O. Belvedere et E. Termine63. En particulier, G.F. La Torre observe que les dimensions des lots de l’insula IV (et donc des maisons associées) seraient très proches de celles observées à Phintias, Héraclée, Morgantina, Halaesa et Solonte, cités dont les lots ont tous été construits selon lui entre la fin du iiie siècle et le début du iie siècle64. Ainsi, le plan urbain dont relèveraient les lots de l’insula IV ainsi que l’insula elle-même devraient dater de la deuxième moitié du iiie siècle, plus exactement d’après 254, date à laquelle la ville s’est mise sous la protection de Rome65. Une autre proposition a été formulée par O. Belvedere et E. Termine à partir d’une série de mesures réalisées sur le terrain. Pour ces derniers, la période de l’implantation initiale (que les sondages avaient conduits à attribuer à l’époque de Timoléon ou d’Agathocle)66 pourrait en fait être remontée jusqu’à la fondation dionysienne (début ive siècle), au moins dans ses grandes lignes67 : selon O. Belvedere et E. Termine, l’urbanisme de Tyndaris serait effectivement un urbanisme de type hippodaméen68. Il y aurait ainsi une cohérence avec un phénomène historique et archéologique observé dans d’autres villes de la côte nord de la Sicile (Solonte, Halaesa, Céphaloedion) qui auraient connu le même type d’urbanisation entre la fin du ve siècle et la première moitié du ive siècle69.
Le cas de Solonte
25La datation de la plupart des structures de Solonte est une autre pierre d’achoppement entre partisans des « datations hautes » et partisans des « datations basses » ou, autrement dit, entre une vision « grecque hellénistique » et une vision « romaine républicaine » voire « romaine impériale » du fait urbain en Sicile hellénistique70. E.C. Portale a proposé assez récemment un état des lieux de ces problèmes en cherchant notamment à identifier les raisons qui font que Solonte est souvent considérée comme une « ville hellénistico-romaine de plan hippodaméen de la deuxième moitié du ive siècle ». Elle recense quatre causes principales à cela. En premier lieu, il s’agit d’une idée qui a été portée très tôt par V. Tusa, principal fouilleur du site dans les années cinquante, et communément admise par la suite sans que les données de fouilles à l’appui de cette hypothèse n’aient été publiées. Deuxièmement, cette vision cadre bien avec ce qu’on apprend à travers les récits de Diodore : Solonte aurait été dévastée en 397/396 par Denys et elle n’est à nouveau mentionnée que pour l’année 307 à propos de l’accord entre certains soldats d’Agathocle et Carthage qui leur aurait accordé le droit de s’y installer71. Ainsi, d’après ces indications, il serait logique de supposer que la ville ait été refondée au cours du ive siècle. D’ailleurs, et c’est la troisième raison, les fouilles ont bel et bien livré du matériel du ive siècle (en partie exposé dans l’Antiquarium de Solonte). Enfin, dernière explication, ce concept serait l’un des avatars de la théorie du refleurissement urbain de la Sicile, que l’on a présentée précédemment72. Au final, remarque E.C. Portale, cette idée d’une « Solonte hellénistico-romaine créée à la fin du ive ou au début du iiie siècle » s’inscrirait particulièrement bien dans une dynamique générale relevée par certains tant à Monte Iato qu’à Ségeste73.
26Outre les discussions sur la chronologie des programmes décoratifs et des techniques de construction, sur lesquelles on reviendra en troisième partie, l’un des enjeux principaux est donc de déterminer l’époque de construction des maisons et celle du système urbain régulier dans lequel elles s’insèrent. Le ginnasio est sans aucun doute l’une des plus prestigieuses et imposantes de ces maisons ; qui plus est, il incarne ces habitations typiques de Solonte posées à flanc de coteau, avec leur organisation sur plusieurs niveaux et leurs cours à péristyle. Sa propre chronologie des éléments architecturaux du ginnasio amène M. Wolf à le considérer comme l’une des premières constructions de la nouvelle Solonte, celles de la ville implantée sur les pentes du Monte Catalfano dans la deuxième moitié du ive siècle sur un emplacement vierge de constructions antérieures74. Cette datation du ginnasio et des autres maisons à péristyle de Solonte, est suivie par H.P. Isler qui souligne néanmoins qu’aucune donnée stratigraphique ne permet de soutenir le discours sur ces questions de chronologie75. Cependant, elle n’est partagée ni par C. Greco, ni par E.C. Portale, cette dernière soutenant que la maison de Léda et le ginnasio, très semblables par leur planimétrie et leurs programmes décoratifs, datent d’une phase de la deuxième moitié du iie siècle, contemporaine de la construction du théâtre et précédant de peu la restructuration de l’agora76. C. Greco rappelle de son côté que ces travaux d’aménagements ont été faits au détriment de structures antérieures, probablement des habitats, détruites et noyées dans les remblais : les fouilles ont non seulement révélé ces restes de murs a telaio que l’on vient d’évoquer (et, précise-t-elle, non datés en chronologie absolue), mais aussi les traces de constructions antérieures à plusieurs habitations, prouvant que les maisons à péristyle n’étaient pas les premières habitations de Solonte77.
27La seule proposition qui fasse consensus est la restructuration majeure de l’aire publique de Solonte au iie siècle, dorénavant organisée sur deux niveaux avec, dans la partie inférieure, la grande place et, dans la partie supérieure, le théâtre et le bouleutérion ; ces deux niveaux étaient raccordés architecturalement par une stoa elle aussi à deux niveaux. Cette restructuration n’est pourtant pas considérée de la même façon par tous. E.C. Portale comme C. Greco soutiennent qu’elle a dû aller de pair avec celle de l’habitat, C. Greco insistant particulièrement sur la nécessaire création de terrasses artificielles afin de s’affranchir des contraintes du terrain et de placer les nouvelles constructions dans une « insertion scénographique ». D’autre part, des maisons comme la maison de Léda et le gymnase possédaient trois niveaux organisés chacun selon une planimétrie stricte : pour elle, une configuration aussi contraignante supposait donc que les éventuelles structures préexistantes aient été radicalement transformées. Par conséquent, le quartier d’habitation avec ses demeures étagées sur plusieurs niveaux a nécessairement dû être réalisé dans le même mouvement que le nouveau « secteur public » de la ville78. De son côté, M. Wolf, dans une récente publication sur l’agora de Solonte, s’appuie sur la présence d’un édifice manifestement antérieur à la stoa à deux niveaux pour proposer une nouvelle chronologie relative du secteur. Il suggère ainsi de rapporter ce prédécesseur, peut-être lui aussi un portique, à une « phase 1 » appartenant à la première période de Solonte, c’est-à-dire à une période qui débuterait par la fondation à la fin du ive siècle et qui couvrirait ensuite la majeure partie du iiie siècle79.
Conclusion
28À travers les éléments que l’on vient de présenter, on perçoit combien la recherche sur le fait urbain en Sicile hellénistique est depuis longtemps influencée par deux controverses majeures. La conjonction de témoignages littéraires souvent très partisans (on pense aux biographies de Plutarque) et de documents archéologiques mal connus à l’époque des fouilles a d’abord conduit à la vision d’une Sicile dévastée et ruinée dans la première moitié du ive siècle, puis réinvestie et revitalisée dans la deuxième moitié de ce siècle grâce à Timoléon : même si cette idée a perdu beaucoup d’épaisseur aujourd’hui, elle n’a pas complètement disparu80. L’autre corollaire des très nombreuses fouilles des années cinquante et soixante agite toujours l’archéologie sicilienne : les datations de nombreux vestiges, mal assurées à l’époque de leur découverte, restent âprement discutées et diversement placées sur un large intervalle allant du ive au iie siècle. Ici encore, des sources littéraires abondantes (et souvent très précises quant à certains événements) donnent l’impression trompeuse d’un cadre historique clair et bien documenté, sur lequel on pourrait facilement s’appuyer pour situer des données archéologiques lacunaires81. L’interprétation de ces vestiges varie alors considérablement selon qu’on les rattache au monde grec hellénistique ou au monde romain républicain. Comme pour la « renaissance timoléonienne », les mêmes causes produisent le même effet : la construction d’une théorie finalement fragile et incertaine.
Notes de bas de page
1 Claude-Marie Arezzo, dit Arétius, était un aristocrate syracusain né entre la fin du xve et le début du xvie siècle. Après avoir servi à la cour de Charles Quint, il se lança dans une description géographique de la Sicile qu’il compila dans son De situ insulae Siciliae édité en 1537, cherchant à faire revivre les lieux antiques à travers les vestiges visibles de son temps.
2 Bien que la responsabilité scientifique et académique ait parfois changé ensuite suivant les directeurs de mission et les institutions dont ils dépendaient.
3 Voir partie 3, p. 208.
4 Voir partie 3, p. 193.
5 Résultats publiés dans Mégara 7 et en partie ici (voir partie 2).
6 Voir partie 3, p. 189.
7 Voir partie 3, p. 200.
8 Voir partie 3, p. 196.
9 Il s’agit de De Miro 2009. Les autres principaux fouilleurs ne sont pas inconnus de l’archéologie sicilienne puisqu’il s’agit de G. Cultrera, E. Gàbrici et P. Griffo (voir De Miro 2009, p. 19-32).
10 Voir partie 3, p. 218.
11 Voir partie 3, p. 223.
12 Déductions faites d’après Diodore 14, 48, 5 ; 14, 78, 7 ; 20, 69, 4.
13 Voir partie 3, p. 225.
14 Voir partie 3, p. 231.
15 Westlake 1952, p. 2, n. 1.
16 Vallet, Villard 1958.
17 Di Vita 1958.
18 De Miro 1958.
19 Barreca 1958.
20 Bernabò Brea 1958.
21 Sjöqvist 1958.
22 Tusa 1958.
23 Selon les termes du traité entre Denys et les Carthaginois en 405/404, la ville devait rester privée de murailles, même si les habitants étaient autorisés à y demeurer, et elle était soumise au tribut envers la puissance punique (Diod. 13, 114, 1). Les textes évoquent cependant la participation de Géléens à l’expédition de Denys contre Motyè en 397 (Diod. 14, 47, 1). On les retrouve plus tard dans une autre expédition militaire : celle de Dion contre Denys le Jeune en 357 (Diod. 16, 9, 5 ; Plut., Dion., 26, 4). Enfin l’un des décrets d’Entella (Entella C3) a été édicté en remerciement de l’aide de Géla lorsqu’Entella était aux prises avec Carthage (Da un’antica città di Sicilia. I decreti di Entella e Nakone, p. 25) ; le problème est que la date de ce décret, et celle des autres, est sujette à des débats non tranchés entre partisans d’une version haute, entre le ive et le début du iiie siècle, et ceux d’une version basse, après l’arrivée des troupes romaines en 264 (ibid., p. 43-44).
24 Plut. Tim. 35, 2-3.
25 Dont celles auxquelles on se réfère ici : Adamesteanu, Orlandini 1960 ; Adamesteanu, Orlandini 1956 ; Adamesteanu 1958a, 1958b et 1958c, Adamesteanu 1957 ; Orlandini 1960, Orlandini 1957a et 1957b ; Orlandini 1956.
26 Dans cette hypothèse d’abandon de Géla entre 405 et l’époque de Timoléon, certains chercheurs ont suggéré d’interpréter la participation de Géléens à l’expédition de Denys puis à celle de Dion (voir note 23 ci-dessus) comme le fait de citoyens exilés et de leurs descendants ; ce serait ces derniers qui seraient ensuite revenus réoccuper la ville à l’invitation de Timoléon. Voir par exemple Orlandini 1957a, p. 44, n. 2 ou Consolo Langher 1996, p. 52-53.
27 Les villes côtières et celles de l’intérieur du territoire se seraient alliées sous l’hégémonie de Syracuse et auraient ainsi créé les conditions propices à la croissance économique et démographique. Cette nouvelle situation serait illustrée entre autres par des séries monétaires frappées dans pratiquement tous les sites et faisant apparaître les mentions SYMMACHIKON ou KAINON (voir l’analyse sur ces émissions en partie 3, p. 252).
28 Orlandini 1958, p. 24-30.
29 Diod. 16, 83, 3. Commentaire dans Adamesteanu 1958a, p. 34-38.
30 Adamesteanu 1958a, p. 66-68.
31 Orlandini 1958, p. 24-30.
32 Placées sous la direction de E. De Miro et G. Fiorentini, elles se sont déroulées entre 1972 et 1976 dans le quartier du Molino a Vento, sur l’ancienne acropole, prenant la suite de celles des années cinquante et les prolongeant jusqu’au Belvedere à l’est et jusqu’à la rue moderne au sud.
33 Voir la courte présentation du péristyle en partie 2, p. 119.
34 Wilson 1990, p. 67.
35 Ibid., p. 68-77.
36 Tenu à Spoleto en 2004 et dont les actes parus en 2006 sont intitulés Sicilia ellenistica, consuetudo italica. Alle origini dell’architettura ellenistica d’Occidente.
37 Torelli 2006, p. 11.
38 Ibid.
39 Ibid., p. 12. Outre la chronologie des mosaïques, serait également mise en cause celle des chapiteaux dits « siculo-corinthiens » ou « corinthiens italiques » ou encore « italo-siciliens » : la profusion de termes désignant ce type de chapiteaux corinthiens caractérisés par un traitement particulier de la corbeille me semble significative de la complexité du dossier (voir Ginouvès 1992, p. 98).
40 Torelli 2006, p. 12.
41 Campagna 2006, p. 15.
42 Ibid., p. 32.
43 Voir partie 3, p. 223.
44 Campagna 2006, p. 15, p. 20-21 et p. 27-28 ; Torelli 2006, p. 11.
45 Isler 2010 et Isler 2011a. Cette dernière est une mise au point chronologique faite de rappels de conclusions déjà publiées, notamment dans la collection des Studia Ietina : Brem 2000, Dalcher 1994 et Dähn 1991, pour ne citer que les références auxquelles je fais appel dans ce livre. Les comptes rendus de fouilles sont parus annuellement dans les revues Antike Kunst et Sicilia Archeologica.
46 Isler 2011a, p. 116. Le plus difficile, admet H.P. Isler, est effectivement de déterminer la date de clôture de ce remplissage. L’homogénéité chronologique du mobilier, qui renvoie à un horizon du premier quart du iiie siècle, incite pourtant à retenir cette datation : autrement, il serait en effet difficile d’expliquer comment et pourquoi tout ce matériel n’aurait été déposé que cent ans plus tard, comme le prétendent les critiques. De plus, les remblais ne contenaient aucun objet relevant de périodes plus récentes (voir corpus du mobilier, ibid., p. 108-115).
47 Ibid., p. 123.
48 Ibid. Les résultats auxquels fait ici référence H.P. Isler ont été tirés de Dalcher 1994 : nous les commenterons en partie 3, p. 223.
49 Ibid., p. 124.
50 Campagna 2006, p. 15.
51 Mancini 2006. L’auteure rappelle à ce propos une précision de B. Tsakirgis sur la stratigraphie de la maison : obtenir une datation précise lors des fouilles était effectivement compliqué car les murs, posés directement sur le rocher, avaient été construits sans tranchées de fondation. On reviendra sur ces éléments dans une courte présentation de la maison en partie 3, p. 208.
52 Au contraire, l’auteure pense que ce luxe privé aurait été l’apanage d’une nouvelle classe dirigeante, constituée par ces mercenaires hispaniques qui s’étaient vu attribuer un lopin de terre et une maison en ville (Tite-Live 26,21,12). L’adoption de la langue grecque et de codes architecturaux typiquement hellénistiques serait alors la marque d’une élite romaine ou romanisée imbue de culture grecque (Mancini 2006, p. 174-175).
53 Isler 2010, p. 328.
54 Bell 2011, p. 108-110. Voir aussi partie 3, p. 208.
55 Le plan de Morgantina n’aurait donc pas un caractère unitaire et, d’ailleurs, aucune liaison n’a été pour l’heure avérée entre le quartier est et l’agora, alors que le quartier ouest était effectivement raccordé à l’agora par la platéia A, et ce malgré la présence d’un fort dénivelé.
56 Mancini 2006, p. 167-168.
57 Campagna 2006 p. 33-34.
58 Lamboglia 1953, p. 79.
59 La Torre 2005, p. 120.
60 Spigo 2006, p. 98-99.
61 Barreca 1958, p. 149.
62 Bernabò Brea, Cavalier 1965, p. 205.
63 Belvedere, Termine 2005.
64 Les rapprochements entre ces divers plans d’urbanisme et leur possible contemporanéité ont été récemment réaffirmés dans La Torre, Mollo 2013 (p. 426-432) dans la continuité de La Torre 2006 (Phintias et Héraclée : p. 90 ; Morgantina en référence aux idées d’A. Mancini : voir débat précédent) et La Torre 2005 (Halaesa et Solonte : p. 121).
65 La Torre 2006, p. 92.
66 Voir partie 3, p. 198.
67 Belvedere, Termine 2005, p. 89.
68 Signalons que cette étude est citée par L. Campagna en tant que dernière émanation des tenants de la thèse d’un urbanisme hippodaméen qui serait apparu très tôt en Sicile septentrionale (Campagna 2006, p. 34, n. 1).
69 Belvedere, Termine 2005, p. 91. Si tant est, bien sûr, que l’on date l’urbanisme « hippodaméen » de Solonte, Halaesa et Céphaloedion de cette même époque (voir note ci-dessus).
70 Solonte fait effectivement partie des villes citées par L. Campagna dont la luxueuse architecture privée doit être replacée vers la fin du iie siècle (Campagna 2006 p. 16 et n. 2) ; il fait notamment référence à une publication d’E.C. Portale où celle-ci estime que la présence de ces éléments de luxe domestique qu’étaient les mosaïques a été vraisemblablement favorisée par le contexte socio-économique d’après la conquête romaine de la Sicile. Notons que, dans la publication en question, elle penche toutefois pour un phénomène ininterrompu qui trouverait sa source déjà du temps de Hiéron II (Portale 1997, p. 101).
71 Diod. 14, 48, 4-5 et 78, 7 ; Diod. 20, 69, 3.
72 Voir ici, p. 15 et p. 23
73 Portale 2006, p. 63.
74 Wolf 2003, p. 52. Comme supposé à l’époque des fouilles par V. Tusa (Tusa 1974, p. 42).
75 Isler 2010, p. 328.
76 Portale 2006, p. 85.
77 Ces traces sont : le sol de la pièce OG8 du ginnasio dont le dernier niveau de circulation est un béton de tuileau, lui-même posé sur un sol en mortier (pellicule superficielle de chaux blanchâtre) reposant sur un épais remblai de morceaux de roches et de fragments d’arenaria, c’est-à-dire les mêmes matériaux que ceux utilisés dans la construction ; les substructions de la maison d’Harpocrate (SG1- SG4) incompatibles avec l’utilisation de la maison sous cette forme ; les restes d’un béton de tuileau dans un angle de la pièce SG1. Ces pièces ont été fouillées dans les années soixante et apparemment retrouvées remplies de déblais (Greco 2014, p. 203 et p. 211-212, n. 17). M. Wolf cite également le cas de la pièce HG3 du gymnase qui conserve trois sols différents, tous à base de calcaire, correspondant à autant de phases différentes des aménagements de l’habitation : les deux du dessous sont des mortiers de galets tandis que le niveau supérieur est une « couche d’éclats de calcaire » (Wolf 2003, p. 49).
78 Greco 2014, p. 201-203. L’implantation des maisons à trois étages aurait entraîné en tout cas des décalages de niveaux : les niveaux de circulation des étages principaux de plusieurs maisons se trouvaient au-dessus du niveau de circulation des rues adjacentes, obligeant les constructeurs à créer de petites rampes pour accéder aux entrées principales des maisons.
79 Wolf 2013, p. 41.
80 Voir partie 3, p. 250.
81 Voir aussi La Torre, Mollo 2013, p. 426.
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