Le dépôt funéraire de Lavau (Aube, France) : une nouvelle évocation du banquet chez les élites celtiques du ve siècle avant notre ère
p. 375-391
Résumés
La tombe de Lavau (Aube, France), fouillée par l’Inrap dans l’hiver 2014-2015, était protégée par un très vaste monument funéraire, associant un large fossé à un tumulus de 40 m de diamètre. La sépulture, restée inviolée, est celle d’un personnage de très haut rang, ayant vécu dans la première moitié du ve siècle av. n.è., inhumé avec de riches parures sur la caisse d’un char à deux roues. Placé dans l’angle nord-est de la tombe, un dépôt de vaisselle rassemble une dizaine d’objets : chaudron, ciste à cordons, bassins, oenochoé en bronze et oenochoé attique, passoire, cuillère et gobelet en argent et or. Dans le chaudron, les analyses chimiques ont permis d’identifier de la poix de conifère, du vin rouge et de cire d’abeille. Tapissé de poix, le chaudron a donc sans doute contenu un vin miellé. La nature de la boisson et l’usage nécessaire d’un accessoire filtre, la nature et le sens donné aux décors des objets (Achéloos du chaudron, scène de banquet figurant Dionysos sur l’oenochoé grecque, serpent cornu de la passoire), la nature exogène des pièces de vaisselle ou des décors ou encore leur agencement particulier dans la tombe (propice à évoquer les scènes de banquet peints dans les tombeaux étrusques) sont de nature à nous laisser percevoir une très bonne connaissance de l’élite celtique des pratiques de commensalité méditerranéennes (banquet et symposium).
The tomb of Lavau (Aube, France), excavated by Inrap in the winter of 2014-2015, was protected by a very large funerary monument, associating a large ditch with a 40 m-diameter mound. The burial, which remains untouched, is that of a very high-ranking person, who lived in the first half of the 5th century BC, buried with rich ornaments on a two-wheeled chariot. Placed in the northeast corner of the tomb, a tableware collection comprises a dozen objects: cauldron, cistus with cords, basins, bronze oenochoe and attic oenochoe, colander, spoon and cup in silver and gold. In the cauldron, chemical analyzes identified conifer pitch, red wine and beeswax. With a pitch lining, the cauldron probably contained a honeyed wine. The nature of the drink and the necessary use of a filter accessory, the nature and the meaning given to the decorations of the objects (Acheloos from the cauldron, banquet scene depicting Dionysus on the Greek oenochoe, horned serpent from the colander), the exogenous nature of the dishes or decorations or their particular arrangement in the tomb (evoking the banquet scenes painted on Etruscan tombs) increase our understanding of Celtic elite practices of Mediterranean commensality (banquet and symposium).
Texte intégral
1Entre octobre 2014 et avril 2015, une équipe d’archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives placée sous la direction de Bastien Dubuis a fouillé à Lavau, en périphérie de Troyes (Champagne-Ardenne), une nécropole monumentale remontant à la fin de l’âge du bronze et occupée jusqu’à l’époque gallo-romaine1. Cette opération de 2 ha était motivée par l’extension d’une zone d’activités commerciales dans un secteur riche en occupations funéraires, régulièrement documenté par la réalisation de diagnostics et de fouilles préventives2. Avant l’opération en question ici, la présence d’une éminence potentiellement anthropique, sans doute à l’origine du nom du lieu-dit, avait été remarquée par un archéologue local3, mais sa fonction funéraire n’avait jamais été démontrée avant la fouille entreprise en 2014. Dès le décapage du site, son caractère exceptionnel se manifestait par la présence d’élévations monumentales bien conservées (tertres, talus) sous d’épais niveaux de terre noire recouvrant la nécropole à partir de l’époque médiévale. La fouille du tertre principal allait révéler la riche sépulture d’un personnage ayant vécu à la toute fin du premier âge du fer ou au début du second. Cette sépulture inviolée constitue une des manifestations paroxysmiques du « phénomène princier », à l’instar de la tombe de Vix située à quelque 60 km en amont sur la Seine. Au sein de cette sépulture, le défunt est accompagné d’un char, sur lequel il repose, et d’un dépôt de vaisselle rassemblé dans un angle. Celui-ci est constitué d’une dizaine de pièces, essentiellement des importations. À travers elles, nous évoquerons ici la question du banquet, et de l’intégration de cette pratique au sein des élites celtiques locales. Cet article ne constitue cependant qu’une présentation préliminaire des données immédiatement disponibles au sortir du terrain, le mobilier étant en cours de restauration, et les analyses seulement amorcées. Celles-ci s’inscrivent aujourd’hui dans le cadre d’un PCR dirigé par le responsable de la fouille et associant aux spécialistes de l’Inrap l’équipe du Centre de recherche et de restauration des musées de France, ainsi que d’autres chercheurs et laboratoires, notamment les UMR 6298 ArTeHiS et 8546 AOROC.
Du monument au dépôt funéraire
2La tombe s’inscrit au centre d’un enclos quadrangulaire de 55 à 58 m de côté, caractérisé par des fossés à profil en V de près de 6 m de largeur et plus de 3 m de profondeur. Les angles de cet enclos sont disposés sur les points cardinaux, à l’instar de deux autres grands monuments fossoyés du ve siècle connus autour de l’agglomération troyenne, à Bouranton et à Barberey-Saint-Sulpice4. Au centre du côté nord-ouest, le bord interne du fossé est flanqué de deux grands trous de poteaux attestant la présence d’une entrée monumentale, faisant face à la tombe et sans doute placée au débouché d’une passerelle aménagée sur le fossé. L’espace interne de l’enclos, d’environ 1 600 m², accueille un tertre d’une quarantaine de mètres de diamètre, qui conservait jusqu’en 2014 une stratigraphie proche de 1 m. L’essentiel du tertre est documenté par des niveaux latéraux sombres, recouvrant un aménagement central en craie paraissant constituer une plate-forme de circulation, à la surface indurée. La chambre funéraire présente une forme quadrangulaire, de près de 4,4 m de longueur et 3,3 m de largeur, partiellement creusée dans la craie et partiellement en élévation dans la plate-forme artificielle qui s’appuyait contre sa superstructure en bois. Les fantômes de trois poutres constituant l’ossature du plafond ont d’ailleurs été observés au sommet de la plateforme5. Au moment de la cérémonie funéraire, la chambre s’ouvrait donc au ras du sol aménagé, dévoilant à l’assemblée le corps du dignitaire et son viatique, disposés selon une certaine mise en scène (fig. 1). Le défunt, dont le sexe masculin a été déterminé par un ensemble de mesures et d’observations ostéologiques, repose sur le dos au centre de la chambre, la tête placée au sud. Autour du cou, il porte un torque en or, au jonc fin et lisse, terminé par deux appendices piriformes. Un décor de monstres ailés se développe à la jonction de ces deux éléments. Chaque poignet porte également un bracelet en or, au décor de têtes d’oiseaux adossés s’apparentant à des canards. Un brassard en roche fossile était passé au bras gauche, tandis que plusieurs perles en ambre ont été observées sous le crâne au niveau de la nuque. Le costume est documenté, par la découverte d’une lanière en cuir courant sur le torse, d’une ceinture en cuir décorée de fils métalliques cousus, d’une fibule en fer et en or, de boucles et passe-lacets en bronze retrouvés au niveau des chevilles. Le défunt repose vraisemblablement sur la caisse du char, matérialisée au sol par une trace organique noire de forme trapézoïdale, parcourue de plusieurs anneaux et appliques en bronze. Il s’agit d’un char à deux roues : une seule est cependant conservée, à la droite du défunt, comportant un bandage en fer étroit et épais, les frettes d’assemblage du moyeu et la clavette6. La seconde roue, entièrement décomposée, est représentée par des particules métalliques de taille millimétrique à centimétrique sans organisation apparente mais bien concentrées à la gauche du défunt.
3Le quart nord-est de la chambre est occupé par un dépôt de vaisselle riche d’une dizaine de pièces, en matériaux divers. La pièce maîtresse est un chaudron en bronze, retrouvé au-dessus d’une ciste à cordons d’assez grand module. La vaisselle présente à l’intérieur du chaudron se compose d’une œnochoé attique à figures noires, de trois accessoires en argent et or (une passoire, une cuillère perforée, un probable pied de gobelet) et d’une petite œnochoé en bronze. Parmi ces objets, un petit ensemble de toilette a été découvert (pince à épiler, scalptorium et boîte en matière dure animale). Tous ces objets étaient vraisemblablement présentés au-dessus du chaudron, sur un support périssable7. Au pied du chaudron, deux bassins en bronze reposent sur le plancher de la tombe. Ils sont accompagnés d’une bouteille en céramique cannelée et d’un couvercle mouluré, en bronze. Contre la paroi orientale, au niveau de ce groupe d’objets, un long couteau en fer dans son fourreau a été retrouvé, très fractionné : il semble qu’il était adossé ou plutôt accroché plus en hauteur à la paroi. Cet objet n’est pas à proprement parler une pièce de vaisselle, mais sa fonction comme sa position dans la tombe incitent à l’associer à l’étude du dépôt.
4En termes de chronologie, l’état des recherches permet de conclure à un premier constat : les pièces les plus anciennes du dépôt funéraire sont sans doute à trouver dans le dépôt de vaisselle (l’œnochoé attique et la bouteille cannelée relèvent plutôt du Hallstatt D3), tandis que le char et les éléments de parure et du costume fournissent les éléments les plus récents, plaçant cette sépulture dans une ambiance de La Tène A1. Il s’agirait finalement d’une des manifestations du « phénomène princier » les plus récentes, en tout cas l’une des toutes dernières tombes associant un char, de la vaisselle d’importation et des parures en or (sur le modèle représenté dès le Hallstatt D2 par la tombe de Hochdorf)8.
Le dépôt de vaisselle
5Il comprend des pièces d’importation méditerranéenne, majoritaires, et au moins une ou quelques pièces locales ou d’origine celtique en général (fig. 2). Sur la dizaine de pièces rassemblées, seules trois peuvent faire référence à la préparation, au partage et à la consommation de la nourriture, des offrandes alimentaires. Le reste est spécifique à la consommation de boisson.
Le chaudron et la ciste
6Le chaudron (isolat no 100) constitue la pièce maîtresse du dépôt de vaisselle, par sa taille et sa qualité d’exécution, qui lui confèrent un statut de chef-d’œuvre sans comparaison connue9. La lèvre, rentrante et plate, supporte quatre segments moulurés et rivetés, prolongés au centre d’une anse de suspension circulaire. Chacune des attaches d’anse est ornée d’une figuration en quasi ronde-bosse de tête du dieu fleuve grec Achéloos (fig. 3), caractérisé par une longue barbe, des cornes de bovidé, des oreilles de taureau et une triple moustache. Quant aux extrémités des segments moulurés, ils sont ornés de tête de lionnes ou autres félidés, également en ronde-bosse. La figuration atteint un niveau de détail remarquable, par l’usage d’un chagrinage de points pouvant évoquer le pelage, par la représentation des pupilles ou encore des poils dans les oreilles. La cuve, de forme basse et renflée, présente un diamètre d’environ 1 m pour une ouverture proche de 0,8 m ; quant à la hauteur, elle est estimée à au moins 0,60 m. Ces premières observations permettent d’estimer la capacité volumique de ce récipient entre 200 et 350 litres, ce qui le place parmi les plus grands chaudrons connus actuellement, après celui de Hochdorf cependant10. La stylistique des anses du chaudron, et particulièrement le traitement des têtes d’Achéloos et des masques de félin, n’est pas sans rappeler le traitement des figures ornant les parties hautes et basses des anses de cruches en bronze étrusques11. Un premier survol des comparaisons potentielles au sein du corpus de la vaisselle et de l’instrumentum étrusques ouvre quelques pistes qui permettent de rapprocher les figures ornant le chaudron du style de Vulci, en Étrurie centrale.
7Le chaudron de Lavau n’est associé à aucun support métallique, de type trépied, comme l’est celui de Hochdorf ou le lébès de Sainte-Colombe-sur-Seine. En lieu et place du trépied, la fouille a révélé un autre récipient métallique, une ciste à cordons (isolat no 187) d’assez grand module, dotée de deux anses fixes latérales et à la lèvre enroulée sur une âme en fer (fig. 4). Il s’agit d’une ciste à douze cordons dont les anses s’ouvrent sur le cinquième intervalle. Les cistes à cordons constituent un type de récipient courant dans le nord de l’Italie au ve siècle av. n. è. et retrouvé occasionnellement dans les tombes fastueuses du groupe nord-bourguignon12. La morphologie générale de la ciste de Lavau13 la rapproche des productions du groupe de La Certosa dont la chronologie s’étend peu avant 500 jusqu’au début du ive siècle av. n. è., plus précisément durant le Hallstatt D314. Cet aspect trouverait sa confirmation par le renforcement de la lèvre au moyen d’une âme en fer, tournant ce type de production vers la région de Bologne15, en Étrurie padane.
8Posée sur le plancher de la tombe, la ciste a agi comme un emporte-pièce en découpant le fond du chaudron lors d’un effondrement. La tôle ainsi piégée en travers du chaudron, une fois prélevée, a révélé un espace vide sans aucun élément remarquable : pas de restes organiques visibles, pas de restes osseux brûlés comme c’était le cas à Estissac16. La ciste a donc pu être vide ou contenir de l’eau.
9L’absence de trépied et la position de la ciste interrogent sur le mode de support du chaudron. Sa suspension, par des cordes passées dans les anses et accrochées au plafond, ne semble pas être une piste à retenir, les anses étant toutes bien positionnées vers l’extérieur du chaudron. Une deuxième hypothèse plus solide consiste à croire que le chaudron était directement posé sur la ciste ; il faudrait déterminer en ce cas si celle-ci était assez solide pour supporter le poids du chaudron rempli, ce qui semble le cas ici (voir plus loin). Le prélèvement du chaudron a cependant offert l’opportunité d’explorer une troisième piste, grâce à la découverte d’un fragment de vannerie (isolat no 586 ; fig. 5) conservé au contact du métal cuivreux17. La présence de cet objet pour le moins périssable est exceptionnelle et connaît peu de comparaisons, la plus proche étant la vannerie observée au contact de la phiale d’argent de Vix18. Lors de ses premières observations sur la pièce de Lavau, F. Médard conclut à la présence de deux éléments différents superposés19. La technique utilisée pour la partie la mieux conservée est celle du spiralé cousu. Les fibres sont très fines et souples20. Les cordons sont cousus par cercles concentriques, permettant d’estimer le diamètre minimum de la pièce à près de 1 m, soit à peu près le diamètre du chaudron. On note que la face au contact de ce dernier est encore partiellement couverte de tissu, décoré par l’application en bandes de matière organique noire, de nature indéterminée pour l’instant. La position de la vannerie, à une quinzaine de centimètres au-dessus du sol, témoigne de sa surélévation, et de sa position originelle entre la ciste et le chaudron, puisque la ciste repose directement sur le plancher. La vannerie ne semble pas avoir recouvert la panse du chaudron, car dans ce cas quelle aurait été l’utilité du tissu décoré ainsi dissimulé derrière la vannerie ? Tous ces éléments d’observation conduisent à la restituer sous une forme plate et circulaire, bien positionnée sous le chaudron, et recouverte de tissu peint. Il faut donc nécessairement envisager la présence d’un support périssable, sans doute en bois, sur lequel auraient été posés la vannerie souple, le tissu puis le chaudron. Ce support a pu prendre la forme d’un plateau doté d’au moins trois pieds, entre lesquels était visible la ciste.
La vaisselle présente dans le chaudron
10La fouille du chaudron a permis la découverte d’un ensemble de six objets différents, découverts groupés côté est, sauf un qui était tombé dans la ciste après l’effondrement du chaudron. Cet ensemble comporte une œnochoé à figure noire, une passoire, une cuillère perforée, un pied de récipient, une œnochoé de bronze et trois éléments liés aux soins du corps. On note l’usage de l’argent sur quatre objets, ce qui constitue à l’évidence le plus grand corpus usant de ce matériau jamais trouvé en contexte funéraire pour la période concernée, tant il paraît rare au nord des Alpes21.
11La petite œnochoé en bronze (no 368) a été retrouvée retournée, en position secondaire dans la ciste à cordons (fig. 6), mais au-dessus de la tôle issue du fond du chaudron. Ce vase à verser de petite taille présente une panse renflée, dont la jonction avec le col est marquée par un bandeau mouluré. L’anse de forme arrondie est de section quadrangulaire, facettée au sommet. Elle est fixée au récipient probablement par brasure. Sa patte inférieure est ornée de deux spirales surmontant une palmette renversée à sept pétales. L’objet porte à l’intérieur de nombreux restes organiques comparables à ceux du chaudron, indiquant sans doute un même traitement des parois (voir plus loin). La morphologie générale de cette petite œnochoé renvoie à des formes de récipients attestés en Étrurie au ve siècle av. n. è., définies sous le type IA.Etr.a de Weber22. Elle se rapproche notamment de l’exemplaire no 642 du LandesMuseum de Karlsruhe23. L’attache inférieure à deux volutes et palmettes renversées trouve des comparaisons sur d’autres types de récipients, tels les Schnabelkanne, œnochoés à bec24. Un travail de recherche de comparaison typo-chronologique s’avère nécessaire pour ce type de récipient rarement, voire jamais attesté au nord des Alpes, dans un contexte celtique.
12L’œnochoé grecque (no 222) a été retrouvée intacte en position couchée, pratiquement sur le fond du chaudron (fig. 7). Ce vase à verser constitue l’une des dernières productions attiques de vases à figures noires, vers le tout début du ve siècle av. n. è. Le panneau central, développé sous le bec, présente une scène de banquet où l’on observe trois personnages. À droite, Dionysos est allongé sur une banquette, sous une grappe de raisin, et fait face à gauche à un personnage féminin également allongé, sans doute Ariane. À leur gauche, un satyre joue de la cithare pour le couple. Ce type de céramique grecque constitue une production très commune en Étrurie qui en représente l’un des principaux débouchés. Éminemment rare au nord des Alpes, ce récipient a subi de profondes transformations décoratives, par l’ajout de parties métalliques. Ainsi, la lèvre accueille une tôle d’or filigranée sur trois faces. Le pied d’origine semble avoir été coupé ou cassé net puis remplacé par un pied en argent massif, recouvert d’une tôle d’or à décor de palmettes. L’usage du filigrane se retrouve à la base du pied et à mi-hauteur. Quant à l’anse, elle supporte une tôle d’argent aux terminaisons ajourées, laissant apparaître une tôle d’or. Son décor déclinant un motif de gousse évoque les prémices du premier style celtique25. L’application de ces décors métalliques tend à souligner l’importance de ce vase à verser dans le déroulement du banquet. Ces rehauts sont tout à fait inhabituels tant en Méditerranée que dans l’espace celtique, les coupes du Kleinaspergle réparées avec des appliques en or constituant de rares éléments de comparaison26.
13En position verticale contre l’œnochoé se trouvait une cuillère en argent et or (no 221). Elle se compose d’un cuilleron circulaire perforé maintenu par un manche coudé terminé en anneau et orné à sa base d’un décor de têtes d’oiseaux aquatiques adossées, symétriques. À l’opposé, le manche se termine par la figuration d’un bras, avec une main tenant le cuilleron (fig. 8). Ce type d’ustensile ne connaît pas de comparaison stricte à l’heure actuelle. Les quelques cuillères perforées découvertes dans l’espace celtique, par exemple à La Heuneburg, ou encore au Kleinaspergle27, sont assez différentes28, ce qui conduit à chercher des comparaisons en dehors de l’espace celtique. En l’état de la recherche, la péninsule italique ne fournit aucun exemplaire de comparaison tant au niveau morphologique que du matériau. Il faut toutefois souligner la présence de représentations de bras ou plutôt de mains dans l’instrumentum étrusque29. L’espace thrace fournit quelques éléments de comparaison éloignés, par exemple les deux cuillères en argent de Chernozem-Kaloyanovo (tumulus no 130), qui partagent avec l’exemplaire de Lavau une morphologie coudée, une terminaison enroulée formant anneau et la représentation à ce niveau d’une tête d’oiseau aquatique. Ces cuillères du troisième quart du ve siècle ne sont cependant pas perforées.
14Près du pied de l’œnochoé reposait également une passoire en argent et or (no 266), de 14 cm de longueur, dotée d’une vasque perforée dont le bord est orné d’un motif en méplat, composé de deux lignes d’arcs de cercles en relief (fig. 9). Le manche prend la forme d’un corps de serpent enroulé à l’extrémité, de manière à former un anneau, et se terminant par une tête aux cornes de bélier. La jonction du manche et du réceptacle est ornée de deux spirales adossées. Cette passoire est très différente des exemplaires italiques découverts sur la péninsule31 ou des quelques exemplaires découverts occasionnellement dans l’espace celtique, à l’exemple de celle en bronze de Pernant dans l’Aisne32. À l’heure actuelle, aucune comparaison valable ne peut être fournie. L’usage de l’argent doré n’est toutefois pas sans rappeler les productions luxueuses des Thraces33. La piste scythe n’est pas à exclure non plus34.
15Le dernier objet en argent et or est un pied de coupe ou de gobelet (no 267), composé de plusieurs pièces assemblées35. S’il présente quelques affinités morphologiques avec le pied de l’œnochoé, il en diffère par sa technique d’assemblage et son décor qui préfère les godrons aux palmettes et le fil perlé aux filigranes (fig. 10). Le décor composé de lignes d’arcs de cercles placé à mi-hauteur fait écho aux décors de la passoire (frise au bord de la vasque) et, plus étonnement, de la fibule (ligne d’arcs de cercles sur le ressort). Au sommet de la pièce, une rainure comportant quelques traces de bois témoigne du mode d’assemblage du réceptacle, non conservé. Trois rivets en fer permettaient de maintenir le récipient proprement dit (en bois précieux ?) sur le pied. Les recherches comparatives restent à mener entièrement pour cet objet atypique (du fait de l’usage d’une vasque en matériau périssable, soutenue par un pied métallique), que l’on peut présenter comme le récipient à boire du prince.
16Tous ces objets semblent avoir été présentés, à l’origine, au-dessus du chaudron, vraisemblablement sur un support en bois placé par-dessus, reposant sur les bords. Des restes d’une planche de chêne ont d’ailleurs été découverts à l’intérieur du chaudron, côté nord.
La vaisselle déposée devant le chaudron
17Plusieurs pièces de vaisselle sont déposées devant le chaudron, à la droite des membres inférieurs du défunt. Ce groupe de cinq objets comprend, pour commencer, deux plats ou bassins en bronze (no 149 et no 151) d’environ 30 cm de diamètre, disposés côte à côte directement sur le plancher (fig. 11). Ils sont identiques à l’exception de la présence d’un anneau latéral sur le bassin no 151, et ne présentent apparemment pas de décor. Il s’agit vraisemblablement de productions étrusques, d’un type attesté en Italie à partir de la transition Hallstatt D3-La Tène A136. Les tombes de Pernant dans l’Aisne37 et de Reinheim en Allemagne38 fournissent des pièces comparables. Hormis quelques restes infimes de tissus dans le bassin no 151, aucun mobilier particulier n’a été observé à l’intérieur. L’analyse des résidus organiques récoltés permettra peut-être de déterminer le contenu, si toutefois il y en avait, de ces deux récipients potentiellement dédiés à la consommation des aliments ou à la présentation des offrandes alimentaires.
18L’un des seuls objets de production assurément régionale est une céramique cannelée (no 147), découverte écrasée et basculée sur le côté ; seul le pied était encore en place, debout sur le sol de la chambre (fig. 12). Il s’agit d’une forme de bouteille renvoyant aux productions luxueuses attachées aux pôles de pouvoir de la fin du vie et du ve siècle. Cette production en particulier est bien attestée sur le plateau du Mont Lassois à Vix39 où elle côtoie les céramiques d’importation méditerranéenne. L’exemplaire de Lavau constitue le seul exemplaire complet découvert à ce jour, il s’inscrit plutôt dans les formes attestées au Hallstatt D340.
19Contre le bassin no 149, et contre l’ouverture de la bouteille cannelée reposait en position verticale un couvercle mouluré en bronze (fig. 13), doté d’un bouton sommital de préhension. Cette forme de couvercle, et en particulier le bouton sommital, connaît des comparaisons dans les productions céramiques étrusques41. La taphonomie du dépôt permet de supposer que ce couvercle était disposé en fermeture de la bouteille cannelée.
20Enfin, le dernier objet remarquable du dépôt est un grand couteau en fer (no 134) associé à son fourreau (no 145), découvert très fractionné entre le couvercle mouluré et la paroi orientale de la chambre. La longueur totale de l’objet ne peut qu’être estimée en l’état, approchant 35 cm pour la lame et presque 10 cm pour le manche (fig. 14). Ce dernier a été découvert en position verticale contre la paroi. Il s’agit d’un manche situé dans le prolongement du dos de la lame, légèrement oblique par rapport à celle-ci. La soie du manche, large, accueille deux demi-baguettes de bois fixées par des rivets, prolongées d’un côté par des mitres, de l’autre par une virole terminée par un bouton sphérique. Ces pièces en fer présentent un décor damasquiné de fils de bronze transversaux. Quant à la lame, elle est insérée dans un fourreau composite associant une plaque en cuir repliée à des gouttières en fer. La plaque avers est décorée de motifs géométriques, répartis en au moins huit champs quadrangulaires accolés, et obtenus par la couture d’un fil métallique42. Au revers, le système de suspension est caractérisé par un double pontet. Ce couteau « de cérémonie »43 de grande qualité technique semble avoir été adossé ou plutôt suspendu à la paroi, comme tend à le faire croire la position verticale du manche.
Une mise en scène ?
21Le thème de la mise en scène, bien caractérisé par l’architecture du complexe funéraire à travers l’intégration des monuments des « ancêtres » au sein d’un espace qui leur est réservé44 trouve ici un écho dans la disposition du dépôt funéraire et surtout du dépôt de vaisselle. Si la concentration de pièces de vaisselle est un aspect bien connu de ces tombes dites « princières », la disposition même des éléments rassemblés permet parfois une lecture fine des pratiques funéraires ou des idées présidant à l’organisation du dépôt. À Lavau, la déposition des pièces de vaisselle dans l’angle nord-est est peut-être à mettre en rapport avec l’architecture même du monument, et la disposition de la plate-forme de craie évoquée plus haut, qui existait au moment de la mise en terre du prince. L’espace situé à l’ouest, donc entre l’entrée monumentale et la chambre funéraire, est le côté où la surface de cette plate-forme est la plus plane et la plus étendue ; au nord, à l’est et au sud, elle est plus resserrée autour de la tombe et s’achève par de fortes pentes. L’induration en surface de cette plate-forme permet de supposer qu’elle a été piétinée par une foule nombreuse, phénomène que l’on peut vraisemblablement rattacher à la cérémonie funéraire. Rassemblée essentiellement à l’ouest, l’assemblée des proches ou de la communauté aurait donc eu une vue en plongée à la fois sur le dépôt de vaisselle, bien positionné contre la paroi opposée, et sur le défunt, déposé non pas sur le sol mais bien en hauteur, sur la caisse du char. De ce point de vue, tout le flanc ouest de la chambre relève d’un angle mort, ce qui explique peut-être qu’aucun objet n’y a été retrouvé (même s’il ne faut pas exclure, évidemment, la présence d’éléments en matériaux périssables). Parmi les éléments particulièrement visibles, se trouve sans doute le couteau, présenté dans son fourreau décoré, bien en hauteur au-dessus du dépôt funéraire. Normalement porté à la ceinture (comme l’atteste le système de suspension du fourreau), on le retrouve ici dans une disposition particulière. Cette mise en valeur conduit à le percevoir comme un des principaux attributs de la fonction du prince (le torque et les autres bijoux en or renvoyant avant tout au rang social) : une fonction qui serait alors éminemment liée à la pratique du banquet, à la notion de partage et de distribution de la nourriture.
22Ce premier niveau de lecture conduit à envisager l’existence d’une mise en scène, non pas dédiée au défunt lui-même dans son voyage vers l’au-delà, mais offerte à la communauté des vivants. Les réflexions amorcées avec le couteau peuvent-elles être étendues au reste du mobilier ? Quelques réflexions peuvent être tirées d’un examen plus détaillé du dépôt de vaisselle : celui-ci relève-t-il d’une simple accumulation, les objets sont-ils disposés au hasard, ou bien leur position relève-t-elle également d’une mise en scène ? L’examen de la succession stratigraphique du mobilier retrouvé au niveau du chaudron, a permis d’explorer plusieurs hypothèses, l’une consistant à croire que les récipients sont vides, et l’ensemble simplement accumulé sur la ciste ; l’autre, privilégiée à cette heure, conclut à la présence d’un support en bois ayant supporté la vannerie et le chaudron, et entre les pieds duquel se trouverait la ciste. Selon cette seconde hypothèse, le chaudron aurait donc pu être placé bien plus haut qu’il n’y paraît. Au-dessus de celui-ci se trouvaient enfin les pièces les plus précieuses du dépôt, décorées ou constituées d’argent et d’or. Le niveau qualitatif des pièces constituant le dépôt peut donc être mis en rapport avec leur mise en valeur, leur mise en scène. Ainsi, les objets les plus précieux sont placés le plus haut, de manière à être le plus visibles, ou visibles par le plus grand nombre (l’œnochoé, les accessoires en argent et or, puis le chaudron), tandis que les biens de consommation plus courante sont disposés au ras du sol (la ciste, les deux bassins, la bouteille cannelée locale ; fig. 15). Enfin, on remarquera que la concentration même des pièces de vaisselle, leur origine pour partie étrusque et leur mise en scène par une présentation en hauteur sur un support en bois n’est pas sans rappeler les scènes de kylikeion peintes sur les parois de certains tombeaux étrusques du ve siècle45.
La question de la boisson
23La surface intérieure du chaudron était entièrement recouverte de matière organique apparaissant sous la forme de résidus beiges à bruns, d’épaisseur atteignant 1 mm à près de 10 mm dans certains endroits de la partie basse. Sur le fond, cette matière présentait ponctuellement l’aspect plissé d’une substance pâteuse ayant séché progressivement. Les bords de cette matière organique formaient une limite très nette sous la lèvre, allant jusqu’à pratiquement toucher le bord de l’ouverture (fig. 16), cette limite pourrait témoigner du remplissage « à ras bord » du récipient. Les nombreux prélèvements réalisés sur le terrain par D. Frère et par l’équipe de fouille ont permis la réalisation de plusieurs analyses biomoléculaires conduites par N. Garnier, dans le cadre du programme MAGI46. Ces analyses ont permis d’identifier, dans tous les prélèvements, de la poix de conifère fortement chauffée. Pour N. Garnier, le chaudron a probablement été enduit de poix sur toute sa surface interne, non à des fins d’imperméabilisation (car l’alliage cuivreux est évidemment étanche), mais plutôt pour des raisons gustatives. Surtout, ces analyses révèlent la présence d’acide tartrique (diagnostic du raisin) et d’acide syringique (indicateur de raisin noir), associés à la présence de marqueurs de fermentation alcoolique : le chaudron a donc contenu du vin rouge (fig. 17)47. D’autres éléments ont par ailleurs été remarqués : des graisses d’animal non ruminant et de l’huile végétale (pollutions ou matières intervenant dans la constitution du badigeon de poix), et surtout de la cire. Cette dernière, retrouvée dans un seul prélèvement au fond du chaudron, n’aurait pas été dissoute dans le contenu : il s’agit là peut-être des restes d’un bloc de miel en rayon.
24Reste à savoir si le chaudron était rempli de vin dans la tombe, ou bien si les traces observées correspondent à sa dernière utilisation (pour le banquet funéraire par exemple). À Vix, l’examen des couches de corrosion mené par B. Mille (C2RMF) avait plutôt démontré, par l’observation de lignes horizontales, la présence effective d’un liquide ayant séché lentement dans la tombe. À Lavau, de telles lignes ne sont pas visibles mais le chaudron est couvert de poix à l’intérieur, et peu corrodé. La présence même de la poix, du fond jusqu’à la lèvre, permet de penser que le remplissage intégral du chaudron était possible. Si le chaudron avait été déposé vide dans la sépulture, on peut imaginer que la cuve aurait alors été nettoyée de cette poix et des autres matières organiques mélangées au vin. Par ailleurs, il faut se demander si de telles quantités de résidus auraient été conservées dans le cas d’un récipient déposé vide. Enfin, l’hypothèse d’un chaudron déposé rempli de vin prendrait tout son sens dans la mise en scène observée.
25Documentée ponctuellement par la découverte de tessons d’amphores vinaires (comme au Mont Lassois à Vix par exemple), la consommation de vin par les élites celtiques du ve siècle se voit ici pour la première fois associée à un dépôt de vaisselle d’importation, dans une tombe de premier plan. Quant à l’origine de cette boisson, elle doit être recherchée à Marseille ou plus loin en Méditerranée (espace étrusco-italique par exemple). La présence de la passoire dans le dépôt s’explique vraisemblablement par la nécessité de filtrer le vin. Ce filtrage peut s’avérer nécessaire par la présence de la poix ; plus vraisemblablement, il témoignerait de la consommation de vin aromatisé par l’ajout de différentes épices ou additifs (en témoignent les autres éléments découverts, comme le possible bloc de miel en rayon) : c’est là un point important pour discuter des formes du banquet et du degré de mimétisme opéré par l’aristocratie celtique locale vis-à-vis de cette pratique méditerranéenne.
Sur l’origine des pièces de vaisselle
26L’ensemble du dépôt découvert à Lavau reflète un réseau de relations à courte et surtout à longue distance, qu’il s’agisse du liquide offert dans le cadre du banquet, ou des récipients pour le boire. La céramique cannelée constitue assurément un vase de production régionale, issue des ateliers de Vix ou produite sur le pôle aristocratique de Troyes48.
27La vaisselle en bronze pourrait constituer un lot homogène originaire de la péninsule italique, et plus vraisemblablement d’Italie du nord et de l’espace étrusque : le cas de la ciste à cordons, de la petite œnochoé, des deux plats ou bassins, et sans doute du couvercle également. De manière générale, la présence de vaisselle de production étrusque explose au nord des Alpes au ve siècle av. n. è. L’origine du chaudron pose plus de question cependant, du fait de sa grande qualité d’exécution qui le distingue des biens plus « courants » énumérés ci-dessus. Le goût prononcé des Étrusques pour la figure d’Achéloos constitue évidemment un indice de son origine, mais ne permet pas de trancher assurément.
28Un second groupe d’objets paraît issu de contrées plus lointaines, en premier lieu l’œnochoé à figures noires de production attique ; celle-ci a d’ailleurs pu transiter par l’espace étrusque. Elle a cependant subi de profondes modifications, qui paraissent intervenir après un premier temps d’utilisation. Les décors utilisés associent des motifs potentiellement exogènes (palmettes du pied) à d’autres plus celtisants (ajours de l’anse), avec une technique d’orfèvrerie (le filigrane) répandue chez les Étrusques, mais aussi dans d’autres contrées périphériques du monde méditerranéen. Les trois objets en argent (passoire, cuillère perforée, pied de gobelet) partagent l’usage d’un même matériau et d’une technique décorative, mais leur unité stylistique paraît moins évidente. De même, la proximité morphologique du pied de gobelet et du pied de l’œnochoé attique, liés par l’utilisation d’un même matériau (l’argent), ne semble pas correspondre sur le plan technique49. L’ensemble de ces objets « précieux » constitue cependant un lot cohérent sur le plan fonctionnel (vase à verser, récipient à boire et accessoires-filtres) et ils ont tous été trouvés rassemblés dans le chaudron ; ils paraissent avoir été présentés ensemble, au-dessus du vase ayant servi à contenir la boisson. La question d’une origine commune peut donc se poser ; elle se heurte pour l’instant à l’absence d’éléments de comparaison pertinents. La technique de décoration (application de l’or sur l’argent) peut traduire une spécialité artisanale locale d’inspiration exogène ou renvoyer à des productions lointaines, de la région du Pont, de l’espace thrace, par exemple, ou de l’empire achéménide50.
Figurations divines et banquet
29Au-delà de l’assemblage fonctionnel qui symbolise le lien entre le prince, son peuple et probablement son territoire, on distingue plusieurs références idéologiques exogènes, à travers les représentations de divinités présentes sur certains ustensiles, empruntées à la mythologie grecque et peut-être orphique. Ainsi l’Achéloos du chaudron, divinité fluviale ayant combattu Héraclès sous la forme d’un serpent puis d’un taureau ; finalement terrassé par le héros, il lui fera don de la corne d’Amalthée qui deviendra la célèbre corne d’abondance. La portée symbolique de sa présence sur un récipient où l’on puise la boisson en quantité abondante est évidente. Autre exemple, l’œnochoé grecque avec laquelle on vient puiser dans le chaudron pour distribuer le vin, et sur laquelle on distingue Dionysos allongé sur une couche, faisant banquet avec sa femme. La référence au banquet est ici transparente avec en sus une nouvelle évocation de l’abondance portée cette fois par Dionysos lui-même. Ce dernier renvoie également à l’ivresse indispensable au bon déroulement du symposion. Enfin, il faut évoquer la passoire destinée à filtrer la boisson, rehaussée d’un serpent cornu. Si nous suivons la piste thrace, évoquée ci-dessus à partir des matériaux employés, le serpent cornu serait, par emprunt à la mythologie orphique, l’engeance de Zeus et de Perséphone (divinité cornue). D’après le mythe, Zeus prend l’apparence d’un serpent pour séduire Perséphone : l’enfant qui naît de cette union, sous la forme d’un serpent cornu, est nommé Zagreus. Il est mis à mort par les Titans, pour finalement renaître par la grâce de Zeus sous la forme de Dionysos, le « deux fois né ». Ainsi, le serpent cornu de la passoire pourrait être une évocation de Zagreus, avatar de Dionysos, référence cette fois à la fertilité, au fleuve et à la terre.
30Ces trois exemples les plus parlants (Achéloos/corne d’abondance ; Dionysos/banquet ; serpent cornu/fertilité/Dionysos) reprennent des thèmes idéologiquement voisins compatibles avec le rituel du banquet, sa symbolique d’abondance et de partage et de communion avec la nature.
31De manière générale, tenter d’interpréter les figurations présentes dans ce dépôt conduit à s’interroger sur les choix ayant présidé à sa constitution. Mobilier servant le prestige du prince autant que pièces fonctionnelles, cet assemblage doit-il tout au hasard ou bien au contraire reflète-il des choix, des commandes liées à un besoin spécifique ? Par son unicité, le chaudron peut être perçu comme un cadeau diplomatique, une commande répondant à un besoin local. Loin d’être anodin, le choix de la figure du dieu fleuve Achéloos (par ailleurs souvent confondue avec Dionysos lui-même) prend tout son sens dans le contexte local, le sens d’un pouvoir princier siégeant sur le fleuve Seine, ce même fleuve par lequel arrive le vin méditerranéen et voie obligée du commerce à l’origine de l’émergence de la caste princière. Issues de contrées lointaines, les pièces d’importation supportant des représentations mythologiques font sans doute l’objet d’une relecture celtique dont on peine à cerner les limites, en présence d’une aristocratie maîtrisant une partie des codes et de la culture méditerranéenne (comme le laisse penser la mise en scène d’un kylikeion, par exemple). En définitive, l’interprétation individuelle de ces pièces ne peut se limiter à celle de leur contexte d’origine et il reste à cerner la part de l’emprunt pur et simple, de celle de l’adaptation dans un contexte celtique où la pratique du banquet ne revêt pas le même sens ou les mêmes enjeux.
De la vaisselle aux pratiques de commensalité
32Comme le rappelle avec raison A. Esposito dans un article récent, « le thème du banquet et, d’une manière plus générale, celui des différentes formes anciennes de commensalité, représentent un des aspects les plus débattus de la littérature historique et archéologique récente51 ». Le cas présent, riche d’une dizaine de pièces de vaisselle provenant d’horizons divers, promet d’abondantes réflexions dans les années à venir. Bien que le matériel ne soit pas encore restauré, quelques idées peuvent d’ores et déjà être proposées.
33La composition même de cet ensemble est source d’interrogations nombreuses. Pour commencer, on relève que le dépôt de Lavau comporte d’un côté des chefs-d’œuvre remarquables (chaudron, œnochoé, passoire et autres accessoires en argent, auxquels on pourrait adjoindre le couteau et son fourreau décoré), et de l’autre des pièces de consommation plus courante (les autres bronzes étrusco-italiques, la bouteille cannelée). De manière générale, deux groupes fonctionnels pourraient être distingués : un groupe d’ustensiles relevant stricto sensu du service à boire (les deux œnochoés, la bouteille cannelée, la passoire, la cuillère perforée, le gobelet, auxquels il faut ajouter le chaudron puisqu’il a manifestement contenu du vin) ; un autre groupe constitué des deux bassins et du couteau, plutôt destinés à la préparation et à la présentation des offrandes alimentaires. L’ensemble de Lavau n’est donc pas uniquement représentatif du symposion puisque nourriture et boisson sont évoquées.
34Le groupe d’objets liés à la consommation de boisson paraît à la fois le plus étoffé et le plus délicat à analyser : il associe un grand récipient de présentation où se fait le mélange du vin, plusieurs vases pour distribuer la boisson, des accessoires-filtres et un récipient à boire. L’assemblage même des pièces « maîtresses » et/ou précieuses (chaudron, œnochoé, accessoires-filtres en argent et gobelet) semble constituer un lot « central » cohérent et fonctionnel pour la pratique du symposion, pour lequel il n’est pas nécessaire de faire intervenir les autres pièces du dépôt (fig. 18). De ce fait, la présence des autres objets n’est pas sans poser question quant à leur fonction au sein du service à vaisselle. Ainsi, la cohérence du lot « principal » est troublée par l’ajout d’autres pièces, comme la ciste à cordons, l’œnochoé en bronze et la bouteille cannelée dotée de son couvercle (ces deux derniers récipients apparaissant comme surnuméraires vis-à-vis de l’œnochoé grecque), qui confèrent à l’ensemble un aspect presque dépareillé. En l’absence d’autres récipients à boire et d’une seconde passoire, il paraît exclu de tenter de rassembler ces pièces complémentaires dans un hypothétique second ensemble fonctionnel. L’approche proposée par S. Verger concernant la tombe de Vix52, qui consiste à partager le mobilier en plusieurs lots selon la rareté et la qualité des pièces, correspondant à des horizons chronologiques différents, ne semble pas pouvoir être reproduite dans le cas présent.
35En revanche, l’identification de la boisson présente dans le chaudron peut conduire à expliquer la présence de la ciste. Plutôt que de l’identifier à un récipient intermédiaire passant entre les convives (cela nécessiterait deux serviteurs et une louche, accessoire non retrouvé dans la tombe), il est possible d’envisager qu’elle ait contenu de l’eau (dont on sait qu’elle intervient souvent dans le mélange de la boisson en Méditerranée). Cette hypothèse prendrait sens dans le cas présent où l’aromatisation du vin paraît évidente (même si l’aromatisation du vin n’oblige pas nécessairement à le couper avec de l’eau).
36Dans sa composition, le dépôt de Lavau apparaît au final comme relativement complexe. La présence d’un lot principal cohérent sur le plan fonctionnel et composé de pièces remarquables paraît séduisante, elle est confortée par l’usage partagé de métaux précieux sur quatre des cinq pièces en question, et par l’exposition de ces quatre pièces au-dessus de la cinquième, le chaudron. On s’interroge évidemment sur la façon dont ont été rassemblés ces objets de grande valeur : cadeaux diplomatiques (comme le propose S. Verger à propos de Vix53), « commandes » du prince lui-même (comme pourrait le faire penser les modifications apportées à l’œnochoé) ? La complexité même du dépôt est peut-être le reflet d’une certaine durée de constitution, comme le suggère l’écart constaté entre les plus anciennes pièces (œnochoé attique, bouteille cannelée) et la datation estimée de la tombe (une, deux générations après ces productions ?).
37Quoi qu’il en soit, le service à vaisselle rassemblé dans la sépulture de Lavau, essentiellement constitué de biens d’importation, témoigne de circuits d’échanges complexes, et conduit à s’interroger sur le degré d’intégration, par les élites celtiques locales, du banquet aristocratique méditerranéen. La consommation, non pas d’une boisson alcoolisée locale, mais bien de vin rouge, tel que la pratique le veut en Grèce et en Italie, est un premier fait remarquable. La présence même de deux accessoires-filtres et celle d’autres éléments organiques dans le chaudron (poix, possible miel en rayon) permet d’aller un peu plus loin en supposant une préparation préalable de la boisson, par l’ajout d’aromates et autres ingrédients donnant du goût, et peut-être par le mélange à l’eau. La poix tapissant les parois du chaudron ne suffit sans doute pas à expliquer l’utilité de la passoire, et de futures analyses polliniques permettront peut-être d’identifier d’autres éléments organiques ajoutés à la boisson.
38Il semble que dans l’espace italique, les passoires apparaissent dans les ensembles funéraires au début du ve siècle av. n. è., ce qui pourrait être lié à un nouveau fonctionnement du symposium grec. La rareté de ce type d’accessoire dans les riches tombes de l’espace hallstattien laissait penser jusqu’à présent que s’il y avait consommation occasionnelle de vin par les élites, il s’agissait de vin pur, sans mélange particulier. Au contraire, l’usage de cet accessoire-filtre au sein de l’élite princière locale n’est sans doute pas un choix anodin, et pourrait refléter à l’instar du choix de la boisson un degré d’acculturation remarquable, en tout cas une bonne connaissance des manières pratiquées au même moment au sud des Alpes. Ce mimétisme n’est certainement pas dépourvu cependant d’une forme d’adaptation aux mœurs locales, comme en témoigne le décor rapporté sur l’œnochoé. Évidemment la taille même du chaudron évoque la consommation du vin au sein d’une assemblée nombreuse, loin du petit groupe de convives rassemblés dans le cadre du banquet grec ou, dans une moindre mesure, étrusque (nuance autorisée par certaines représentations montrant des contenants à vin de très grande taille, comme dans la tombe des Lionnes). Cette notion même de partage et de convivialité est symbolisée par le couteau, soustrait du costume et mis en valeur au-dessus du dépôt funéraire, rappelant à quel point la pratique du banquet a joué un rôle central dans la cohésion de la communauté, et combien la fonction du prince était liée à cette pratique de commensalité.
Conclusion
39À travers l’assemblage du dépôt de vaisselle et l’évocation des festins régulièrement partagés, c’est donc le rôle central du prince qui est mis en scène, son rôle de garant de la symbiose entre la communauté, le territoire ancestral et les divinités tutélaires. L’organisation de ces banquets par le prince lui-même pourrait être directement évoquée, dans la sépulture, par l’exceptionnel couteau et son fourreau décoré. Singulièrement placé au-dessus du dépôt, mis en scène, cet objet normalement porté à la ceinture se présente comme un symbole fort du statut du prince et de son rôle de partage et de distribution. La richesse du dépôt est cependant dominée par les pièces dédiées à la consommation de boisson, évoquant un large éventail de formes, le tout constituant un ensemble relativement fonctionnel mais complexe à analyser. Il faut ici mettre en rapport la présence d’un mélange à base de vin rouge aromatisé avec l’usage des accessoires-filtres, ce qui répond apparemment à une nouvelle pratique du symposium en vogue en Italie au ve siècle av. n. è. Parmi tous ces ustensiles, cinq pièces se dégagent nettement du lot par leur qualité ou l’usage de métaux précieux : le chaudron, qui est donc le récipient dans lequel on prépare le mélange à base de vin rouge ; l’œnochoé attique, qui est le vase à verser et dont la fonction centrale est renforcée par son décor métallique précieux ; la passoire, tenue sans doute au-dessus du gobelet et dont il ne reste plus que le pied ; enfin, la cuillère perforée qui pourrait servir à nettoyer la passoire ou filtrer les derniers éléments surnageant dans le gobelet. La présence concomitante d’une boisson exogène, le vin rouge, et d’accessoires tout à fait inhabituels en contexte celtique (la passoire et la cuillère perforée) témoignent du haut degré d’intégration des pratiques culturelles méditerranéennes au sein des élites celtiques locales. Plus que jamais, le niveau de connaissance de la culture méditerranéenne chez ces élites celtes (perceptible à travers le choix subtil des pièces de vaisselle et de leur décoration), pose la question de la pratique d’un banquet d’inspiration exogène. À travers la possible mise en scène d’un kylikeion, s’esquisse un lien possible avec l’Étrurie, d’où proviennent vraisemblablement toutes les vaisselles de bronze et possible lieu de transit de l’œnochoé grecque. Cette pratique ne serait cependant pas une simple reproduction, comme l’atteste l’absence des louches, accessoires de service indispensables de l’autre côté des Alpes.
40La consommation du vin chez les élites celtes de la région de Troyes était insoupçonnée avant la découverte de Lavau, et ouvre de nouvelles perspectives quant à l’étude du commerce et de la circulation de ce bien d’importation, déconnectées de la simple présence/absence de contenants amphoriques. Cette découverte permet également de revisiter d’autres ensembles fouillés anciennement, à l’instar de Vix où plus rien ne s’oppose désormais à ce que le cratère ait été entièrement rempli de vin.
Bibliographie
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2 Denajar 2005 ; Durost, Parésys, Riquier 2007 ; Delaunay 2010.
3 Bienaimé 1969.
4 Villes 1995.
5 Dubuis, Garcia 2015, p. 1191.
6 Les radiographies réalisées au C2RMF puis les premiers nettoyages pour étude ont montré la présence d’une terminaison évasée en bronze sur cette pièce en fer tubulaire. La position de la clavette implique que les roues du char n’étaient pas démontées.
7 Des restes de bois ont ainsi été découverts sur la lèvre du chaudron et à l’intérieur. L’étude de ces restes, menée par F. Blondel (université de Besançon), a montré qu’il s’agissait de chêne, à l’instar de la superstructure de la chambre. Par ailleurs, les restes d’une vannerie ont été observés en bordure du pied de gobelet.
8 Verger 2015.
9 Ce récipient a subi des déformations dues à l’effondrement de grandes quantités de sédiment, qui a conduit à l’écraser sur la ciste à cordon placée en dessous. Les mensurations évoquées ici sont donc approximatives.
10 Biel 1985.
11 Cabinet des médailles, inv. 1448 : Adam 1984, MET, New York, inv. 266062
12 Par exemple Gurgy (Yonne), Estissac (Aube).
13 Les différentes caractéristiques mobilisables sont : le nombre de cordons, le niveau de fixation des anses, le métal de l’âme de la lèvre et les dimensions.
14 Bouloumié 1976 ; Stjernquist 1967.
15 Bouloumié 1976.
16 Deffressigne, Villes 1995.
17 Très fragile, cet objet en matière organique a été prélevé en bloc plâtré puis confié au laboratoire ArcNucleart pour dégagement.
18 Médard 2003.
19 Médard, dans Dubuis 2016.
20 Il ne s’agit pas d’osier ; la détermination précise reste à effectuer.
21 Krausse 2003.
22 Weber 1983.
23 Jurgeit 1999.
24 Bouloumié 1973.
25 Jacobsthal 1969.
26 Kimmig 1988.
27 Ibid.
28 Ainsi la cuillère du Kleinaspergle est-elle en or, de forme droite, sans anneau de terminaison ; le manche est plat et le cuilleron doté de quelques percements seulement. Quant à la cuillère de La Heuneburg, en or également, elle présente un manche droit terminé par un anneau mobile et un cuilleron plus profond, à la lèvre moulurée.
29 Magi 1941, pl. 63 ; Bini, Caramella, Buccioli 1995, 16, pl. 44.
30 Martinez et al. 2015, p. 83.
31 Bini, Caramella, Buccioli 1995, pl. 42-47 ; Castoldi 1995, pl. 49-53 ; Sannibale 2008, p. 133-134 ; Tarditi 1996, p. 42-55.
32 Joffroy 1963.
33 Par exemple, la passoire de Chernzem-Kaloyanovo (Bulgarie) : Martinez et al. 2015, p. 82.
34 Dubuis 2016.
35 D’après les radiographies réalisées par le C2RMF.
36 Voir par exemple Von Eles Masi 1981.
37 Joffroy 1963.
38 Keller 1965.
39 Bardel 2011.
40 Bardel, dans Dubuis 2016.
41 À l’exemple du couvercle no 1852,0520.5 conservé au British Museum : Turfa 2005.
42 Métal blanc à déterminer, études en cours au C2RMF.
43 À l’exemple de plusieurs grands couteaux découverts dans des tombes de premier ordre ; voir par exemple Schonfelder 2010.
44 Dubuis, Garcia 2015 p. 1188.
45 Guggisberg 2015.
46 Garnier, dans Dubuis 2016.
47 Dubuis, Garnier 2018.
48 Bardel, Coquinot 2018.
49 D’après les radiographies réalisées par le C2RMF.
50 Verger 2018, p. 289-291.
51 Esposito 2015b.
52 Verger 2009.
53 Ibid.
Auteurs
Inrap Grand Est. UMR 6298 ARTEHIS, Dijon.
bastien.dubuis@inrap.fr
Université de Bretagne Sud, Lorient. UMR 9016 TEMOS.
dominique.frere@univ-ubs.fr
Laboratoire Nicolas Garnier, Vic-le-Comte. UMR 8546 AOROC, CNRS-PSL, Paris.
labo.nicolasgarnier@free.fr
Inrap.
david.josset@inrap.fr
Inrap.
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