Archéologie des produits de la ruche : le cas des contenants archéologiques
p. 113-120
Résumés
L’archéologie des produits de la ruche est un domaine scientifique qui reste encore à développer. Hormis quelques très rares cas de découvertes de rayons de ruches et de cire, les produits de la ruche ne laissent habituellement pas de traces matérielles visibles. La palynologie ainsi que la chimie biomoléculaire peuvent apporter des indices précieux mais qui sont toujours difficiles à interpréter. La concentration de pollens de telle ou telle plante indique-t-elle la présence de miel, d’hydromel ou peut-il y avoir une autre explication ? La cire d’abeille révélée par les analyses chimiques est-elle révélatrice du contenu du vase (cire, miel, hydromel), de l’imperméabilisation de ses parois internes ou de l’existence d’un bouchon ?
The purpose of this study is not an overall presentation of the archaeology of honeybees in antiquity but a focus on the identification and interpretation of the products of the hive in archaeological containers within funerary contexts. The famous case of the Hochdorf caldron, which is well preserved and studied, is a beautiful but unusual example that overcomes the usual difficulties understanding the use of honey and mead in funerary rituals. Case studies with both botanical and chemical (ORA) approaches are presented and discussed to explain how difficult it is to interpret the archaeological meaning of data related to products of the hive.
Texte intégral
1À partir de l’étude iconographique de trois coupes attiques à fond blanc, Lucilla Burn explore l’espace liminaire entre la vie et la mort, espace où le miel est mis en scène à travers ses références mythologiques1. Dans la mythologie grecque, le miel et l’abeille sont clairement liés à la régénération après la mort, à une promesse de survie dans l’au-delà2. Par sa symbolique liée à la pureté, à l’abondance, à la fertilité3 et à la santé4, le miel joue un rôle important en tant qu’offrande pour les dieux et pour les défunts dans le monde grec. L’offrande rituelle de miel est à rapprocher, selon Nikolina Kéi, de l’idée de ganos « qui désigne le parcours fluide des liquides vivifiants tels que la sève des végétaux, le vin, le miel, le nectar, ainsi que l’effet luisant de leur ruissellement5 ». Le miel était intégré dans les libations funéraires, souvent mélangé à l’huile, au vin, au lait et à l’eau6. En ce qui concerne les témoignages archéologiques, des vases à miel étrusques ont pu être utilisés en tant qu’urnes cinéraires7, tandis que quelques découvertes archéologiques attestent l’offrande, dans des tombes de l’Italie préromaine, de rayons de ruche réels8 ou en céramique9. Dans l’iconographie étrusque et italiote, nombre d’offrandes portées au tombeau sont considérées comme des gâteaux au miel10, mais sans qu’il puisse y avoir de certitude. La présence d’un rayon de ruche dans une tombe étrusque de Casale Marittimo11 s’avère très intéressante, sachant que les produits de la ruche se dégradent très rapidement du fait de leur nature organique, si ce n’est justement la cire d’abeille qui peut être conservée quand certaines conditions environnementales le permettent12. La découverte la plus exceptionnelle est celle faite sur le site d’habitat étrusque de Forcello dans la province de Mantoue : un atelier incendié à la fin de l’époque archaïque a révélé des rayons et autres produits de la ruche carbonisés qui ont fait l’objet d’analyses morphoscopiques, palynologiques et chimiques, avec, entre autres, la mise en évidence de la production de pain d’abeille13. Le propos de notre étude n’est pas de faire une archéologie du miel et des produits de la ruche pour laquelle existent déjà de très bonnes synthèses14, mais de présenter l’état de la recherche concernant l’identification des produits de la ruche dans les contenants archéologiques et plus particulièrement les contenants en contexte funéraire. Deux approches distinctes permettent de révéler la présence de produits de la ruche : la palynologie et la chimie moléculaire.
Les données chimiques
2Un article récent a mis en évidence la relation précoce entre l’Apis mellifera et les premières communautés agricoles grâce aux analyses moléculaires des contenus des céramiques les plus anciennes15. L’étude, qui repose sur la synthèse de nombreux travaux en chimie organique parus depuis les années 1990 et concernant une vaste zone géographique s’étendant de l’Anatolie à l’Europe occidentale et de l’Afrique du Nord à la Suède, apporte le témoignage irréfutable que l’exploitation des produits de la ruche a occupé une place importante au sein des différentes sociétés néolithiques dès le VIIe millénaire. Le lien fonctionnel entre produit de la ruche et contenant en céramique est donc attesté dès l’origine de ce dernier. C’est la signature chimique de la cire d’abeille, composée d’associations moléculaires caractérisées par un ensemble de n-alcanes, d’acides gras saturés linéaires et d’esters palmitiques à nombre pair d’atomes de carbone qui permet d’identifier de façon certaine de la cire d’abeille dans les poteries16. Mais que signifie présence de cire d’abeille à l’intérieur d’un contenant en céramique ? Les interprétations principales sont résumées dans le tableau ci-dessous :
Hypothèse | Fonction | |
1 | La cire est utilisée comme agent d’imperméabilisation de la paroi céramique. Dans ce cas, la cire peut être utilisée seule ou en mélange avec un autre composant comme la résine ou la poix de conifère. | Fonction technique liée au contenant. |
2 | Quand il s’agit de céramiques ou de verres à embouchure étroite, la cire identifiée témoignerait de l’existence d’un bouchon fait de cette matière. | Fonction technique liée au contenant. |
3 | La cire, mélangée à un autre composant (brai de bouleau), fait office de colle pour la réparation de la céramique. | Fonction technique liée au contenant. |
4 | La cire représente un des matériaux du produit biologique contenu dans la céramique. Ce mélange avec présence de cire peut concerner les domaines de l’alimentation, la cosmétique, la médecine, l’éclairage. | Fonction technique liée au contenu. |
5 | La cire est le témoignage de la présence de miel mal purifié. C’est le miel qui était alors présent dans le contenu, sous forme soit de miel brut, soit d’un rayon de ruche, soit d’hydromel, soit d’un mélange au sein duquel il jouait un rôle sucrant et/ou aromatisant. | Fonction technique et/ou gustative liée au contenu. |
3Il est important de noter que la cire, en tant que lipide, se conserve bien dans les contextes sédimentaires, à la différence du miel qui, principalement composé de sucres simples (fructose, glucose, mélizitose) extrêmement hydrophiles disparaissent par action naturelle, en présence d’eau, ne laissant pas de marqueurs identifiables, hormis deux exceptions. Nous ne connaissons en effet que deux cas de possible identification chimique de miel antique. Le premier est une fiasque égyptienne du Nouvel An, conservée au musée du Louvre, qui a révélé une quantité abondante et inhabituelle de marqueurs de sucres interprétés comme provenant de miel. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le miel a filtré à travers la paroi céramique de la fiasque et taché la surface externe de grandes auréoles sombres17. Le deuxième est une belle pélikè attique à figures rouges du Paul Getty Museum de Malibu, dont une feuille d’or du décor a été fixée grâce à un adhésif qui a révélé à l’analyse la présence de glucose et de fructose, marqueurs plausibles de miel18. Ainsi, non seulement la cire mais aussi le miel peuvent être exploités dans un cadre technique de fabrication d’un matériau adhérent.
4Dans la très grande majorité des cas, le miel (et donc l’hydromel) échappe ainsi aux chimistes qui, par contre, détectent aisément la cire d’abeille. La difficulté des analystes et des archéologues est de donner une interprétation fiable de la présence de cire en faisant un choix argumenté parmi les cinq possibilités citées dans le tableau ci-contre, entre fonctions techniques liées au contenant et fonctions alimentaires, médicinales, cosmétiques… liées au contenu. Ainsi, la cire identifiée à l’intérieur de cruches en bobèche phéniciennes est-elle interprétée comme un témoignage de bouchon ayant obturé les vases ou de miel ayant fait partie du contenu :
Analysis of samples from inside one of these jugs yielded remains of wax. We do not know whether the wax derived from the stopper that scaled the jug, or from the contents. If the latter, then honey could have been present19.
5Dans les céramiques de la Méditerranée orientale du Bronze récent dite « Red Lustrous », la présence récurrente de cire d’abeille fait l’objet de plusieurs hypothèses :
This leaves the possibility that it was used as a waterproofing or sealing agent for the unglazed ceramic, probably applied as a post-firing treatment. Beeswax could also have formed part of a mixture with a liquid, fatty material, any other components of the mixture being lost as a result of degradation and dissolution during burial. The other possible explanation for the presence of beeswax, that it was present in honey stored in the vessels, also seems unlikely20.
6L’argument pour douter de l’hypothèse du miel repose sur le fait que celui-ci se solidifie rapidement et qu’il est difficile dans ces conditions de le faire pénétrer dans des vases aux embouchures très étroites. La principale hypothèse retenue est celle d’agent imperméabilisant, avec, dans un article antérieur, référence à des études ethnographiques qui invitent à envisager que le traitement à la cire des parois internes des contenants se fait peu après la sortie du four quand les céramiques sont encore chaudes21. Dans des céramiques corses de l’âge du fer22 de la cire d’abeille a été identifiée en corrélation avec de la résine de pin et parfois avec de la résine de pin et du brai de bouleau. L’interprétation varie entre, d’une part, des usages successifs des céramiques pouvant expliquer la présence de matériaux différents et, d’autre part, une fonction spécifique des associations de matériaux : imperméabilisant dans le cas de cire + résine et adhésif dans celui de cire + résine + brai de bouleau23.
7Il n’est pas aisé de déterminer la fonction de la cire identifiée dans les analyses moléculaires de contenus biologiques. Dans le cadre du programme ANR Magi, deux cas intéressants apportent des informations sur la nature et la fonction de la cire identifiée. Le premier cas concerne la tombe étrusque hellénistique des Cippi iscritti (Cerveteri). Huit vases découverts dans une fosse rectangulaire centrale et à proximité immédiate de celle-ci ont fait l’objet d’une campagne d’analyses : trois unguentaria en partie vernissés, deux œnochoés à vernis noir, deux petits bols à vernis noir ainsi qu’une petite olpé non vernissée (fig. 1).
8Les deux bols et les trois cruches ont donné des résultats similaires, à savoir du vin blanc, mais seule la petite olpé non recouverte de vernis noir a livré de la cire d’abeille. Nous avons proposé l’hypothèse suivante : « Beeswax was used to rectify the porous nature of the ceramic paste24 ». En effet, parmi les vases à fonction vinaire présents dans la tombe, seule la petite olpé n’est pas recouverte d’un épais vernis noir permettant une bonne imperméabilisation des parois. Il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse, mais elle est confortée par le fait que, au sein d’un ensemble significatif, seul le vase non vernissé révèle les marqueurs chimiques de cire d’abeille. Le deuxième cas se rapporte à la célèbre tombe princière de Lavau (fig. 2). Plusieurs prélèvements ont été faits en différents endroits de la paroi interne du grand chaudron étrusque en bronze. Les résultats des observations archéologiques et des analyses chimiques attestent que le chaudron était recouvert d’une épaisse couche de poix de conifère (fig. 3) et empli de vin rouge. Toutefois, un seul prélèvement (au fond du chaudron) a livré de la cire d’abeille, et cela en fortes concentrations. L’hypothèse dominante est qu’il s’agit sans doute de l’attestation d’un rayon de ruche qui n’aurait pas été dissous dans le vin et qui se serait déposé dans le fond du chaudron.
Les données botaniques
9Le miel de nectar est produit par les abeilles à partir du nectar des fleurs. En récoltant cette substance appétente, les abeilles provoquent la pollinisation, et donc la fécondation de la plante. Ce faisant, une importante quantité de pollen se trouve mêlée au nectar et entre dans la composition du miel. La palynologie, ou étude des grains de pollen actuels et fossiles, s’impose ainsi comme l’une des disciplines les plus légitimes pour la caractérisation des produits de la ruche. Appliquée à l’analyse de miels actuels, elle est appelée « mélissopalynologie ». Elle est convoquée pour labelliser des miels certifiés pour une composition particulière et pour détecter des mélanges frauduleux. Sa démarche consiste à déterminer l’assemblage pollinique d’un échantillon de miel attesté, c’est-à-dire sa composition taxinomique, son origine végétale. En archéologie, il est possible d’emprunter ce chemin analytique à rebours en recherchant d’anciens assemblages polliniques, dans des « caramels alimentaires » par exemple, pour tenter de mettre en évidence la présence d’un miel ou d’un produit qui en contenait. Pour autoriser une telle hypothèse, les assemblages polliniques doivent être très majoritairement composés d’Angiospermes (plantes à fleurs et à graines) entomophiles et mellifères. Ces assemblages diffèrent donc très largement de ceux enregistrés en stations dites « naturelles », comme les lacs et les tourbières, lesquels sont surtout dominés par des taxons qui confient au vent (anémophilie) plus qu’aux insectes le soin de transporter leur pollen.
10Un examen de la littérature archéologique internationale ou publiée dans les revues accessibles a recensé plus d’une quinzaine d’études polliniques ayant suspecté la présence de produits de la ruche dans des contextes funéraires préhistoriques et protohistoriques en Italie25, en France26, au Royaume-Uni27, en Allemagne28, au Danemark29, en Géorgie30 et en Russie31. De façon générale, il semble que les sites des périodes historiques n’aient pas suscité autant d’analyses.
11Réalisée dans les années 1920, l’étude de la tombe danoise dite de l’« Egtved girl » (âge du bronze) est sans doute l’une des premières en la matière. L’analyse du contenu d’un petit récipient en écorce de bouleau déposé en offrande à côté du corps de la jeune fille a révélé d’importantes quantités de pollen de tilleul (Tilia), de possible reine-des-prés (Filipendula), de trèfle (Trifolium) et de Brassicacées (famille du colza, entre autres), en association à des macro-restes de céréales, de myrte des marais (Myrica gale) et d’airelle (Vaccinium vitis-idaea) ou de canneberge (Vaccinium oxycoccos)32. Pour les auteurs, ces signaux pourraient témoigner d’une préparation de bière parfumée au miel ou à l’hydromel (« the total assessment of the Egtved residue may be that it represents ale with honey (or mead) added »). Cette hypothèse est effectivement plausible, toutefois elle ne peut pas être formellement validée, d’une part car rien ne prouve que le pollen provienne d’un miel plutôt que d’un produit préparé avec des inflorescences (une infusion par exemple), et d’autre part car la présence de grains de céréales ne peut suffire à identifier une boisson fermentée. D’autres combinaisons d’hypothèses pourraient être envisagées, mais ce travail n’en demeure pas moins précurseur en apportant des premiers éléments de réflexion qui vont ensuite s’avérer récurrents.
12Le tilleul et la reine-des-prés, associés ou non à d’autres taxons, constituent en effet un diptyque fréquemment relevé dans les vases funéraires écossais, allemands, danois et géorgiens de l’âge du bronze et de l’âge du fer33. Sans avoir valeur de preuve, le tilleul est généralement admis comme un marqueur de miel et il est vrai qu’il entre bien souvent dans la composition des miels d’aujourd’hui, dans son aire de répartition tout au moins. L’interprétation de la présence de reine-des-prés s’avère plus délicate car si certains auteurs considèrent qu’elle peut apparaître dans certains miels34, d’autres estiment plus probable qu’elle ait été utilisée comme additif pour parfumer des boissons à base de miel, notamment l’hydromel (« mead made from lime honey and flavoured with flowers of meadowsweet »)35. Mais pour distinguer formellement un miel d’un hydromel par la palynologie, un cap méthodologique n’est pas encore franchi. C’est enfin la détermination même de la reine-des-prés (Filipendula ulmaria) qu’il convient de considérer avec prudence car la morphologie de son pollen ne la différencie pas de façon certaine de la filipendule vulgaire (Filipendula vulgaris)36.
13C’est sans aucun doute la grande tombe d’Hochdorf qui a autorisé pour l’heure l’analyse la plus spectaculaire. Le célèbre chaudron en bronze a livré un assemblage pollinique composé de nombreux taxons majoritairement mellifères dont les dominants peuvent être apparentés, entre autres, au thym (Thymus type), à une centaurée (Centaurea nigra type), à une jasione (Jasione), à l’anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria), à la callune (Calluna vulgaris) et à la potentille (Potentilla). Là encore, ce spectre ne constitue pas une preuve formelle de la présence de miel, mais l’hypothèse est néanmoins des plus réalistes. D’après la concentration pollinique de l’échantillon, les analystes tentent même une estimation de la quantité totale de miel, soit une valeur comprise entre 73 kg et 292 kg (au maximum 125 litres). Compte tenu de la capacité totale du chaudron (plus de 500 litres), ces résultats évoquent plutôt un breuvage de type hydromel, à forte teneur en miel, et non filtré37. Ce scénario est aujourd’hui admis de la communauté des archéologues tant il entre en résonance avec les autres éléments de mobilier liés au service et à la consommation de la boisson, et avec ce que l’on sait des rites de l’aristocratie hallstattienne38.
14L’étude des amphores à vin du site copte de Šaruma (Moyenne-Égypte, ive-viie siècles de n.è.) propose un autre usage des produits de la ruche dans un contexte chrono-culturel résolument différent du cas précédent39. Ici, deux des contenants analysés ont montré des assemblages très largement dominés par les Brassicacées et la vigne (Vitis). Le pollen de vigne confirme sans trop de doute le stockage de vin tout en précisant que le liquide n’avait été ni filtré, ni décanté (le contraire aurait conduit à l’élimination du matériel pollinique). La famille des Brassicacées rassemble de nombreuses plantes telles que le colza, le chou et la moutarde qui ne peuvent guère être différenciées sur la base de la morphologie de leur pollen40. Toutes sont en revanche entomophiles et leurs fortes représentations semblent plaider en faveur de la présence d’un miel qui aurait été ajouté au vin avant la fin de la fermentation pour en augmenter la concentration alcoolique, ou après la fin de la fermentation pour le parfumer. La première hypothèse semble toutefois moins probable en considérant que le raisin cultivé dans cette région contient normalement suffisamment de sucre pour atteindre un taux d’alcool de 14° ou plus.
Conclusion
15L’archéologie des produits de la ruche n’en est qu’à ses balbutiements. L’outil chimique, qui permet de déceler des marqueurs de cire dans les contenants, ne donne pas des résultats d’interprétation simple et il est souvent difficile, voire impossible de faire la part entre les cinq hypothèses présentées dans le tableau 1. La seule certitude est qu’un produit de la ruche était présent mais sans pouvoir cerner ni la nature de ce produit (cire, miel mal épuré, rayon de ruche) ni sa fonction (hormis quelques exceptions). L’outil palynologique est apte à suggérer la présence d’un produit de la ruche comme le miel ou l’un de ses dérivés, l’hydromel en particulier, dans un récipient archéologique. Toutefois il s’agit là d’indices, certes robustes, mais non de preuves. En effet, le palynologue n’est pas en mesure d’exclure du champ des possibles d’autres produits manufacturés à base d’inflorescences, des infusions par exemple. Il est aussi bien difficile de faire la part entre des taxons présents naturellement dans le miel et des plantes qui auraient été ajoutées pour parfumer les préparations ; le problème s’est posé avec la reine-des-prés. Enfin, même si l’hypothèse d’un hydromel semble légitime dès lors que le contenant était plutôt destiné à contenir un liquide, d’autres boissons à base de miel ou parfumées au miel doivent aussi être envisagées. Ainsi, un vin filtré ou décanté (exempt de pollen de vigne) et miellé en fin de fabrication pourrait ne pas être distingué d’un hydromel sur la seule base de l’assemblage pollinique enregistré ; une analyse moléculaire serait indispensable dans un tel cas pour un diagnostic correct. Retenons pour terminer que seul un faisceau d’éléments archéologiques, biologiques et chimiques conjointement interprétés à la lueur des sources écrites, lorsqu’elles sont disponibles, autorisera à écrire l’histoire de l’utilisation des produits de la ruche.
Bibliographie
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Viel, Doré 2003 : C. Viel, J.-C. Doré, Histoire et emploi du miel, de l’hydromel et des produits de la ruche, Revue d’histoire de la pharmacie, 337, 2003, p. 7-20.
Notes de bas de page
1 Burn 1985.
2 Bortolin 2008, p. 29.
3 Viel, Doré 2003.
4 Cilliers, Retief 2008.
5 Kéi 2014, p. 754.
6 Chirassi Colombo 1983, p. 152.
7 Voir l’article de Vincent Jolivet dans ce volume.
8 Esposito 2001, p. 56 : tombe étrusque orientalisante de Casale Marittimo.
9 Russo 2006, p. 46-47 : tombes lucaniennes hellénistiques.
10 Sur les pâtisseries nappées de miel liquide données comme offrandes, voir Lacam 2012.
11 Voir n. 8.
12 Regert 2015.
13 Castellano et al. 2017.
14 Pour l’Antiquité, Bortolin 2008 ; 2011 ; Giuman 2008 ; Bormetti 2014. Pour le Moyen Âge, Prosperi 2010. Pour le monde gallo-romain, voir le catalogue de l’exposition présentée en 2019 au musée d’Argentomagus : Riffaud-Longuespé 2019.
15 Roffet-Salque et al. 2015.
16 Regert 2015.
17 Charrié et al. 2011.
18 Scott, Yaniguchi 2002.
19 Aubet 2006, p. 45.
20 Steele, Stern 2017.
21 Knappet et al. 2005, p. 40.
22 Rageot et al. 2015 ; Drieu et al. 2018.
23 Rageot et al. 2015 ; Peche-Quilichini, Rageot, Regert 2017.
24 Frère, Garnier 2017, p. 225.
25 Cattani 1993 ; 1994.
26 Bui Thi Mai et al. 2011.
27 Dickson 1978 ; Haggarty 1991 ; Murray et al. 2007.
28 Körber-Grohne 1985 ; Rösch 1999 ; 2005.
29 Dickson 1978.
30 Kvavadze et al. 2007.
31 Fedorova 1964.
32 Thomsen 1929 ; Dickson 1978.
33 Voir références supra.
34 Rösch 1999.
35 Dickson 1978 ; Tipping 1994.
36 Beug 2004, p. 194-196.
37 Körber-Grohne 1985 ; Rösch 1999.
38 Verger 2006 ; 2013.
39 Rösch 2005.
40 Beug 2004, p. 306-314.
Auteurs
Université de Bretagne Sud, Lorient. UMR 9016 TEMOS.
dominique.frere@univ-ubs.fr
Université du Mans.
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