Chapitre III. Le filage
p. 53-70
Texte intégral
1Les documents iconographiques d’époque antique en attestent à maintes reprises, les fibres étaient stockées sous la forme de longs rubans avant d’être filées. Le bas-relief sculpté sur le sarcophage de Florentina à Königshoffen (France, Bas-Rhin ; iiie siècle apr. J.-C. ; fig. 45) en illustre la pratique. Varron citant Plaute explique que le terme tracta désigne le boudin mis dans la corbeille des fileuses1. Cette disposition de la matière textile résulte du traitement méticuleux des fibres (probablement de laine) en vue de faciliter le filage. On ne peut l’apparenter ni à une forme de pré-filage ni à l’illustration du filage sans instrument, mais simplement à la préparation des fibres.
Aspects techniques
2Les méthodes artisanales qui permettent d’obtenir du fil sont nombreuses. Elles peuvent être accompagnées d’un outillage plus ou moins spécifique selon qu’il est destiné à une méthode plutôt qu’à une autre2. Il demeure que des outils semblables permettent aussi de filer de différentes manières. Au risque de s’égarer dans une foule de détails et en passant outre les particularités, deux grandes catégories techniques se dégagent : le filage sans instrument et le filage au fuseau. Le premier ne laissera aucune trace matérielle ; le deuxième est généralement attesté par la présence de fuseaux et de fusaïoles, associés ou non.
Filer sans instrument
3Le principe du filage sans instrument consiste à tordre les fibres entre les deux mains ou entre une main et une autre partie du corps (jambe, cuisse, joue, etc.). Il compte parmi les techniques les plus répandues. Les documents ethnologiques montrent que cette méthode est adaptée au travail des fibres longues3 mais convient mal à celui des fibres courtes (lin, coton, laine, etc.), dont la cohésion et la torsion sont difficiles à maîtriser de front. Démêlage et étirage des fibres, torsion pour former le fil, stockage du fil : ces trois étapes, propres à toutes les opérations de filage, ne peuvent être accomplies simultanément dans le cas du filage sans instrument. Chaque phase nécessite l’intervention des deux mains, à l’inverse du filage au fuseau dont la pratique favorise une plus grande liberté de mouvement permettant de travailler plus vite et d’anticiper sur la succession des gestes à accomplir. C’est la forme la plus rudimentaire de filage. Simple à mettre en œuvre et d’utilisation fréquente dans les sociétés traditionnelles passées et actuelles, le filage sans instrument ne remplace ni n’évince les autres modes de production ; il les côtoie simplement. L’utilisation conjointe de plusieurs méthodes tient vraisemblablement à leur complémentarité. En filant sans instrument, le tordage et le retordage se font généralement en même temps et les produits réalisés sont à la fois d’une extrême régularité et d’une remarquable solidité.
4La pratique du filage sans instrument est attestée au travers de représentations antiques. En Grèce, des onoi ou epinetra sont destinés à protéger la peau lors du frottement répété des fibres tordues entre la paume de la main et la jambe4. Texturée d’un relief en écailles, la surface de cet objet servait également à faciliter la torsion des fibres en les accrochant5. La documentation ethnologique montre que le filage sans instrument pourvoit généralement à des besoins ponctuels (fils de réparation, coutures, etc.) et sert à constituer des stocks de cordelettes pour des usages courants ou pour l’échange6. Il ne s’inscrit pas dans une logique de production massive telle que nécessaire si l’on souhaite approvisionner un atelier de tisserand.
Filer au fuseau
5Le filage au fuseau nécessite un axe, accompagné ou non d’une ou de plusieurs fusaïoles. Tandis que la main gauche étire les fibres, la main droite lance la rotation du fuseau (inversement si l’artisan est gaucher) ; en tournant, ce dernier tord les fibres qui s’associent pour former le fil (fig. 46). À intervalles réguliers la longueur de fil produite est enroulée autour de l’axe du fuseau ; cette manipulation engendre de fréquentes interruptions dans le processus de fabrication. Le principe du filage se résume ainsi à une succession de gestes sans cesse répétés : étirement des fibres, torsion, bobinage. Le filage au fuseau est facilité lorsque la fibre est propre et ordonnée n’opposant ni trop ni trop peu de résistance7.
6Si l’on s’accorde à faire débuter le filage au fuseau avec l’apparition des premières fusaïoles, cet accessoire n’est pas indispensable. Walter Endrei note que dans les Balkans de très nombreuses fileuses utilisent des fuseaux dont « le seul trait commun est d’être dépourvus de fusaïole »8. Les exemples ethnologiques de cette sorte sont fréquents, auxquels il faut ajouter l’utilisation, non moins répandue, d’ustensiles en matières périssables : axes de fuseaux en bois, fusaïoles en terre crue ou en matériaux rapidement dégradables tels que pomme, maïs, galettes de manioc, etc. (Indiens Yuko de Colombie, Indiens Yanomami du Brésil). Ces données doivent être prises en compte au niveau de la recherche archéologique, l’absence de fusaïole ne constituant pas la preuve de l’absence de filage.
7L’Antiquité méditerranéenne est jalonnée de témoignages évoquant les activités de filage. Vers le ve siècle av. J.-C., les scènes peintes sur les vases grecs illustrent abondamment le sujet : la fréquence de ce thème dans l’iconographie reflète vraisemblablement des préoccupations quotidiennes. Plus spirituel, le thème des Parques, fileuses des destinées humaines dans la mythologie grecque, atteste l’importance symbolique de cette activité associée aux étapes fondamentales de l’existence. Cette notion perdure à l’époque romaine : on observe, entre autres, une scène de filage illustrée sur un des bas-reliefs du forum transitorium inauguré par Nerva9. De nombreuses stèles funéraires sont également ornées de sculptures en relation avec cette thématique : le sarcophage de Florentina compte parmi les exemples les plus connus (voir fig. 45)10.
Outillage11
Les fuseaux
8Le fuseau désigne l’axe du dispositif servant à filer. Il peut être accompagné d’une ou de plusieurs fusaïoles. Le langage commun utilise alors ce même terme pour désigner l’association de ces éléments. Selon les contextes et les époques, les fuseaux peuvent être réduits à des tiges de bois plus ou moins droites, plus ou moins lisses, plus ou moins épaisses, de sorte que, dissociés des fusaïoles, ils sont difficilement identifiables en contexte archéologique. Si le modèle ethnologique montre que certaines populations accordent visiblement de l’importance à l’esthétique du matériel de filage, d’autres se satisfont d’éléments disparates qui assurent l’exécution des travaux avec la même efficacité. Le fuseau en tant qu’objet connaît en effet des formes et des matériaux très diversifiés, en partie liés aux techniques de filage, mais surtout aux habitudes et traditions culturelles12. La typologie des fuseaux ethnologiques nous enseigne qu’à des outils différents correspondent souvent des réalisations identiques et que des produits différents peuvent être conçus à partir des mêmes outils. L’examen d’un fuseau archéologique isolé ne permettra donc pas nécessairement d’en apprécier le mode d’utilisation et encore moins le type de réalisation qu’il aura permis d’obtenir.
9En Europe, les axes archéologiques sont attestés dès le Néolithique, vers 3500 av. J.-C. Dans le monde romain, les fuseaux avérés sont très souvent faits de bois ou d’os, matériaux sans aspérité patinés par l’usage et parfaitement adaptés au travail des fibres textiles. Pour les mêmes raisons que les pectines textorii étaient façonnés de préférence dans le bois dur et fin du buis (Buxus sp.), les textes antiques soulignent que les fuseaux (et les quenouilles) étaient entre autres taillés dans les tiges droites du carthame laineux (Carthamus lanatus L.), également surnommé fusus agrestis ou fuseau des champs, selon Théophraste13 repris par Pline14.
10On distingue deux catégories de fuseaux. Les premiers15 comportent une tige renflée dans leur tiers supérieur, terminée par des mortaises qui permettent d’y fixer des fusaïoles : elles contiennent entre elles la masse du fil, comme le montrent aussi bien les reliefs antiques que les images modernes. Ce type de fuseau est connu au Haut-Empire romain, plus particulièrement dans les provinces nord-occidentales (fig. 47b). Dans le même registre, existent des fuseaux en os plus simples, non moulurés : ils se présentent sous la forme de tiges sans autre spécificité qu’un amincissement progressif d’une extrémité à l’autre et quelques traces de taille en partie inférieure (la plus large). Il est possible que se trouvent quelques fuseaux parmi les épingles recensées dans les collections (par exemple, celle du musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon16, fig. 47a). Nous y reviendrons lors de la description du matériel pompéien. La seconde catégorie de fuseaux17 présente une tige amincie régulièrement du haut vers le bas ; la fusaïole est bloquée en force dans la partie supérieure, tandis qu’une fente ménagée à la scie dans sa partie sommitale forme un crochet permettant de bloquer le fil. Ce fuseau est connu au Haut-Empire romain, dans les provinces nord-occidentales et en Italie comme en Israël18 : on ne peut donc plus attribuer les fuseaux à fusaïole haute à la partie orientale de l’Empire19. Ils appartiennent à la famille, typologiquement diverse, des fuseaux à entaille (fig. 47c) ou crochet qu’évoquait Platon dans la République20 et qui perdure jusqu’à nos jours.
11On connaît ainsi, à l’époque impériale, des fuseaux comportant une tige renflée dans le tiers supérieur sur lequel est placé en force un cône de bronze terminé par un crochet21. De tels prolongements métalliques sont archéologiquement attestés en divers endroits, par exemple en Turquie à Éphèse22, au Magdalensberg23 ou encore en Crète sur un site protohistorique ayant livré des exemplaires parmi les plus anciens mis au jour24. Jusque récemment dans nos campagnes, ce type de cône (à crochet ou encoché) couvrant l’extrémité supérieure des axes était d’usage courant. Il servait principalement à protéger le bois du passage répété des fils en matière végétale, les usant jusqu’à la rupture. Les capuchons en métal sont à rapprocher du filage du lin et du chanvre, qualités de fibres dures et résistantes au fort pouvoir abrasif.
12Quant à l’identification des fuseaux, on discute depuis bientôt deux siècles25 sur la fonction de baguettes d’os finement polies, longues d’une dizaine de centimètres26. Souvent munies d’une tête plus ou moins ovoïde, elles se terminent en pointe à l’extrémité opposée et leur zone médiane peut être marquée par une moulure ou un ressaut arqué : la diversité des profils est grande. Attestés à l’époque hellénistique et dans les derniers siècles de l’âge du fer occidental (par ex. à Ensérune27), ces objets disparaissent avec les Julio-Claudiens. On les a parfois identifiés comme des fuseaux, et l’on ne peut négliger le fait que l’un d’entre eux, au British Museum28, est équipé d’un cône métallique à crochet, même si l’on ne sait pas dans quelles conditions cet objet a été trouvé.
13Cet exemplaire ne règle pas l’interprétation fonctionnelle des baguettes en os. Certains y ont vu des stylets à écrire, et W. Déonna29 croyait en reconnaître aux mains de deux jeunes femmes sur des peintures pompéiennes ; mais sur les deux tableautins30, les objets en question, de couleur sombre, sont des stylets métalliques, matériau dont l’usage pour la fabrication des stylets est par ailleurs attesté aussi bien à Délos que dans la Rome d’Auguste31. On a considéré aussi que, sur des fuseaux, « une pointe accentuée ne se justifiait pas32 ». Les travaux récents ont montré33 que, dans plusieurs cas, ces objets avoisinaient, au moment de leur découverte, avec des instruments de l’écriture, et pourraient effectivement être des styli. Cet argument est le plus convaincant.
14En résumé, l’identification quasi certaine des fuseaux archéologiques repose sur deux cas de figure : lorsque les fuseaux et les fusaïoles sont associés en contexte archéologique et, comme le spécifie G. Roche-Bernard, « lorsque l’ustensile possède, à une de ses extrémités, une petite encoche destinée à bloquer le fil34 ». Hormis ces situations, il est souvent difficile de se prononcer sur la fonction exacte des tiges en os ou en bois, qu’elles soient travaillées ou non.
Les fusaïoles
15Il faut avant tout rappeler combien l’identification des fusaïoles archéologiques peut être incertaine. Poulies, perles, boutons, il serait vain de vouloir dresser un inventaire des confusions possibles ; l’exemple ethnologique rappelle à quel point l’interprétation de l’objet sorti de son contexte d’utilisation est hasardeuse. Les fusaïoles ne sont autres que des rondelles plus ou moins régulières, approximativement perforées en leur centre (au regard de la documentation ethnologique, l’irrégularité de certains modèles ne permet pas de les exclure de l’inventaire) : caractéristiques propres à de nombreux objets destinés à d’autres usages35.
16Hormis les cas de litige difficiles à résoudre, demeurent toutefois les fusaïoles archéologiques attestant sans conteste la pratique du filage exercé à l’aide de fuseaux alourdis. Les plus anciens exemplaires connus ont été mis au jour au Proche-Orient, entre le viie et le vie millénaire av. J.-C., sur les sites de Çatal Hüyük (Anatolie) et Jarmo (Irak)36. En Europe occidentale, ils apparaissent entre le ve et le ive millénaire avant notre ère37. Pour autant, leur présence sur les sites ne renvoie pas forcément à une première utilisation ; il est donc difficile d’attribuer une origine géographique et chronologique aux fusaïoles. Si des exemplaires en matière périssable ont été employés en des lieux et temps donnés, l’archéologie en sera privée et les témoignages d’une activité de filage seront, dans la plupart des cas, absents.
17Dans le monde romain, les fusaïoles archéologiques sont nombreuses. Les exemplaires les plus abondants, les plus connus et les plus remarqués sont en os. Fabriqués dans les ateliers de tabletterie, ils se présentent sous la forme d’un disque assez large, mouluré, plat sur une face et convexe sur l’autre38. Ces fusaïoles en os se distinguent par leur esthétisme et leur faible masse. Il existe des fusaïoles lourdes, en terre cuite, parfois taillées dans un tesson de céramique régularisé et percé : en Gaule, elles sont plus courantes à l’âge du fer qu’à l’époque impériale39. Les fusaïoles en bois sont rares, peut-être en raison du matériau, moins pérenne. On en connaît quelques exemplaires gaulois à Cherbourg (France, Manche), à Montmaurin (France, Haute-Garonne) et aux Martres-de-Veyre (France, Puy-de-Dôme)40. Sur ce dernier site, les fusaïoles tournées dans du buis (Buxus sp.) ont l’aspect de disques biconvexes41 (fig. 48).
18Dans la région d’Autun, sont fabriquées pendant toute l’époque impériale des fusaïoles de schiste parfois inscrites42, tandis qu’au Bas-Empire, se développe une production de fusaïoles épaisses façonnées dans une partie très spécifique du squelette du cerf, à savoir les pédicules d’os compact situés à la base de leurs bois43. Les fusaïoles façonnées dans des épiphyses spongieuses d’os longs, notamment des têtes de fémur, sont beaucoup plus légères : on en connaît surtout dans les parties les plus septentrionales de l’Empire (Grande-Bretagne, Allemagne, Suisse)44, mais un exemplaire inédit provient des fouilles du quartier de Fond de Jaude à Clermont-Ferrand (musée Bargoin, inv. 982.42.63 ; contexte du Haut-Empire romain). Il existe encore des fusaïoles en pâte de verre dont des exemplaires datés du ier siècle sont connus à Metz et Chartres45.
19Du point de vue technique, les fusaïoles se définissent comme des volants d’inertie destinés à alourdir et à entraîner l’axe des fuseaux dans un mouvement de rotation aux paramètres de vitesse et d’amplitude directement soumis à leurs poids et mesures. Même si elles ne livrent pas d’informations directes sur la transformation des matières textiles, elles tendent à en préciser la qualité ; les propriétés des fusaïoles influent sur l’épaisseur et sur la résistance des fils. Pour cette raison, les dimensions et la masse ont une importance capitale, car elles influent directement sur les propriétés mécaniques de l’objet, décisives quant à la qualité du fil réalisé46. La mise en relation entre un type de fibre et le poids d’un fuseau reste cependant délicate si on souhaite l’appliquer à des éléments isolés ; pour assurer une masse constante au dispositif de filage, un même fuseau peut effectivement être alourdi de plusieurs fusaïoles ou, au besoin, en être délesté. De même, elles peuvent être emboîtées dans la partie haute ou dans la partie basse de l’axe par rapport à son sens d’utilisation (voir supra). Le filage appartient à une catégorie technique dite permissive, l’équation entre l’outillage et le produit fini offrant un large éventail de possibilités.
Les quenouilles
20Plus ou moins longue, plus ou moins travaillée, la quenouille sert à maintenir et à stocker les fibres, afin qu’elles ne s’emmêlent pas lors du filage. Elle en accroît les performances en libérant les deux mains qui peuvent entièrement être consacrées au débit des fibres. L’utilisation d’une quenouille favorise donc un filage rapide, fluide et maîtrisé ; elle implique cependant une matière première parfaitement nettoyée et ordonnée en adéquation avec la rapidité d’exécution du filage. Les quenouilles archéologiques sont peu nombreuses. Confectionnées à partir de matériaux périssables, elles consistent parfois en un simple bâtonnet de bois brut, sans spécificité. Disparues ou non identifiées, leur découverte ne va pas de soi. Pour l’époque romaine, on distingue néanmoins trois sortes de quenouilles : tenue à la main, fixée au doigt ou glissée sous le bras47.
21La quenouille tenue à la main est dotée d’une tige courte mesurant une vingtaine de centimètres, striée ou bouletée, parfois constituée d’un assemblage de pièces sur un axe métallique (fig. 49a). Elle se termine par une pièce rapportée plus volumineuse sous laquelle est bloqué l’écheveau des fibres, dont la base est souvent retenue par un anneau mobile. Diverses variantes de forme et de matériau sont identifiées48 : on trouve ainsi des exemplaires en bois, en os, en ivoire, en ambre ou en jais. Leur carte de répartition révèle des concentrations autour de centres artisanaux, dans les pays rhénans pour le jais, autour d’Aquilée pour l’ambre. Ce type de quenouille a une large diffusion spatiale et semble exister durant la majeure partie de l’époque impériale.
22La quenouille de doigt, fabriquée en bois, en os, en ambre, en verre et plus rarement en bronze, a une tige, souvent striée, longue de quinze à trente centimètres et terminée à une extrémité par un anneau, tandis que l’autre porte parfois un décor figuré, pomme de pin, figuration animale, humaine ou divine (fig. 49b). Considéré autrefois comme une forme d’épingle, un instrument de chirurgie ou un agitateur à parfum49, cet objet a été identifié sans conteste par A. Wasovicz (1987) et G. G. König (1987). Il est associé, dans des sépultures et sur des reliefs funéraires d’Asie Mineure, à des fuseaux et à des corbeilles de fileuses. Jusqu’à une époque très récente, des femmes employaient encore, dans le sud de la Bulgarie, des quenouilles à anneaux, passant un ou deux doigts dans l’anneau pour assurer leur prise sur la tige reposant sur le dos de la main. Quelques doigts de la main restent ainsi libres pour étirer les fibres et régler leur débit. Dès l’époque impériale, ce type d’ustensile est connu à peu près dans tout l’empire.
23Attestée du Moyen Âge à l’époque moderne, la longue quenouille à glisser sous le bras n’est représentée que par de rares exemplaires antiques50. C’est elle, sans doute, que tient un personnage féminin sur un relief de Königshoffen (voir fig. 45) ; ce sont aussi deux quenouilles de ce type qui ont été retrouvées à Selongey (Côte-d’Or) dans un contexte d’habitat51, et à Milan52 dans un sarcophage (fig. 49c). Elle était peut-être portée, comme aux époques plus récentes, coincée entre le bras et la hanche, ce qui libérait la main pour étirer la fibre. Sa tige, plus longue que celle des deux précédents types, atteint quarante à soixante centimètres ; elle est façonnée d’une seule pièce ou par assemblage, ce qui, dans ce cas, ne facilite pas son identification en contexte archéologique. À son extrémité, des baguettes transversales ou une cage permettent de contenir les fibres.
24C’est ainsi que sont maintenues les fibres sur la quenouille miniature des Martres-de-Veyre (France, Puy-de-Dôme)53, « jouet encore plutôt qu’un instrument de travail54 ». Datée de la fin du ier-début du iie siècle apr. J.-C., la quenouille est formée de deux rameaux écorcés disposés en T servant de support à de la laine décorée de mèches bleu foncé, rouge et jaune-vert55. Si la laine avait disparu, sans doute n’aurait-il pas été possible d’identifier une quenouille au travers de ce fragile assemblage de branches (voir fig. 48). Certaines de ces quenouilles étaient peut-être en roseau refendu pour former la cage : l’usage en est attesté par Ammien Marcellin56. Mais sur d’autres exemplaires, la forte mouluration de la tige et la présence, à son sommet, d’un décor plus volumineux peuvent suffire à retenir les fibres. G. Facchinetti57 rappelle l’existence de quelques exemplaires italiens de l’âge du fer, et d’autres sur des sites, hellénistiques pour la plupart, des bords de la mer Noire58.
25Enfin un type d’objet fait d’une tige d’os longue de plus de vingt centimètres, terminée par un sommet en forme de bulbe, pourrait correspondre à une autre forme de quenouille du Haut-Empire romain59 ; une proposition couramment admise mais non encore démontrée60. Si les découvertes antiques sont parfois sujettes à discussion, les représentations de même époque le sont moins. Peintes ou sculptées, la plupart des scènes de filage montrent, le plus souvent sans équivoque, des femmes filant à l’aide de quenouilles. Une des plus anciennes représentations est illustrée sur une stèle d’époque archaïque, à Prinias (Crète ; fig. 50). Plus récents, les témoignages d’époque classique sont nombreux : on observe notamment plusieurs scènes de filage peintes sur les vases grecs. L’antiquité romaine n’est pas en reste61. La frise du forum de Nerva, connue pour illustrer les activités textiles, figure une scène de filage éloquente où une femme assise tient une quenouille chargée de fibres à l’aplomb de laquelle pend un fuseau (fig. 50). L’iconographie n’échappe pourtant pas à quelques cas de litige : par exemple, on ne retiendra pas la lunga e massiccia rocca62 que tient Hercule dans un groupe statuaire d’Hercule et Omphale conservé au Musée national de Naples : il s’agit d’un ajout moderne63. De même, G. Facchinetti64 croit distinguer deux représentations de quenouilles sur des vases grecs conservés, l’un à Varsovie et l’autre à Oxford : dans les deux cas, une jeune femme tient une tige longue munie d’une poignée, qui rappelle ce qu’A. Wasovicz65 nomme « quenouille au manche » ; mais le même objet, que la jeune femme tient devant elle tantôt à l’horizontale, tantôt verticalement, de la main gauche ou de la droite, est qualifié de « distaff » dans un cas66, de « miroir » dans l’autre67 ; il ne supporte aucun amas de fibres et ne représente pas une scène de filage.
26Pour conclure, il nous faut insister sur une notion si évidente qu’elle est rarement évoquée : le filage pratiqué à l’aide d’une quenouille implique nécessairement la fabrication de fil simple. Le fil simple définit un fil constitué par la torsion de plusieurs fibres élémentaires, plus ou moins courtes et régulières selon la matière. La quenouille étant chargée de fibres, elle ne peut servir qu’à la production de cette qualité de fil. En d’autres termes, tous les documents iconographiques où figure une quenouille clairement identifiable sont à mettre en relation avec la fabrication de fils simples et non retors.
Les bols à filer
27Lors du filage au fuseau posé, le fileur est assis par terre ou sur un siège de faible hauteur ; la pointe du fuseau repose à terre, à même le sol ou dans une coupelle (calebasse, tesson, céramique, cuir, etc.). Une main ou une quenouille retient les fibres tandis que l’autre actionne le fuseau. Le bol à filer dont il est ici question n’est pas à confondre avec cette coupelle-support.
28Il se présente sous la forme d’un contenant muni d’un ou de plusieurs œillets scellés au fond du récipient (fig. 51). Attestés archéologiquement dès la fin de l’âge du bronze en Orient68, ces bols très répandus en Égypte pharaonique (xi-xiie dynasties), sont attestés en Crète vers la fin du IIIe millénaire puis en Palestine, vraisemblablement diffusés dans ces régions depuis l’Égypte69. Associés à des lampes ou des couvercles, leur fonction est longtemps restée énigmatique70. En 1931, E. Crowfoot supposait qu’il s’agissait de bols à filer mais les preuves lui manquaient pour en être certaine71. Par la suite, des incisions dues aux passages répétés de fils érodant la partie inférieure des œillets ont été mises en évidence72. Enfin, un parallèle ethnographique a définitivement levé les doutes subsistant encore quant à l’utilisation de ces contenants. Au Japon, ils sont utilisés pour humidifier les fils d’ortie (Boehmeria nipponivea) lors du filage73.
29L’iconographie égyptienne ne pouvait trouver meilleur éclaircissement : les bols à filer sont conçus pour retenir une ou plusieurs pelotes de fils destinées au filage. Si le bol ne contient qu’un seul fil, il peut s’agir d’un proto-fil que l’on transforme en fil définitif à l’aide d’un fuseau et d’une fusaïole (tombe de Tehuti Hetep à Deir el-Bersha, XIIe dynastie ; tombe de Daga à Thèbes, XIIe dynastie). Si l’artisan travaille plusieurs fils en même temps, déposés chacun dans un bol ou réunis ensemble dans un même bol, il ne file pas mais retord plusieurs fils ensemble (tombe de Kheti à Beni-Hasan, XIIe dynastie). L’utilisation du bol à anse(s) interne(s) offre plusieurs avantages : il évite que le fil ne se salisse au contact du sol ; grâce aux œillets, il évite aux pelotes d’être éjectées du bol sous l’effet de la tractionx ; il canalise le fil et l’empêche d’entraver les gestes du fileur ; il permet enfin d’humidifier le fil en cours de filage. Cette dernière fonction est essentielle pour le travail des fibres végétales. L’humidité en accroît la cohésion, les données industrielles modernes le montrent, elle ramollit les ciments pectiques mitoyens qui lient les fibres élémentaires entre elles. Elle permet ainsi une meilleure dissociation et un certain glissement. Les fils sont fins, lisses, lustrés, solides et réguliers74. Dans le cadre d’une activité de filage intensive telle que pratiquée en Égypte ancienne, humidifier les fibres à l’aide de la salive aurait épuisé rapidement les artisans (sollicitation trop importante des glandes salivaires, coupure des lèvres et usure des dents). Au xxe siècle, les femmes procédaient encore ainsi dans les campagnes, mais uniquement à des fins domestiques.
30Les bols à filer renvoient donc au travail des fibres d’origine végétale ; leur fréquence archéologique en terres orientales s’inscrit en parfaite cohérence avec le filage du lin, qui faisait notamment la réputation de l’Égypte. S’ils ont servi d’autres objectifs, difficiles à interpréter sur la base des documents iconographiques, l’un des plus manifestes est celui du retordage. Deux pelotes de fil placées chacune dans un bol (à une anse interne) ou deux pelotes placées dans le même bol (à deux anses internes) permettaient de fabriquer un fil retors sans entrave et avec rapidité. Les fresques égyptiennes en attestent largement (fig. 52). Dans le monde romain, les témoignages sont plus rares ; G. Roche-Bernard mentionne une scène illustrée sur un bas-relief de Trèves (E.5013, partie gauche) « où l’on voit une main en mouvement, travailler deux pelotons de fils placés dans une corbeille (ou bol de filage ?)75 ».
31De même que les quenouilles sont à associer à la fabrication de fils simples (voir supra), les bols à filer attestent le retordage des fils, très vraisemblablement en fibres végétales.
La fabrication du fil à Pompéi
32Pour appréhender les vestiges classés dans la catégorie des ustensiles de filage, une consultation des archives photographiques marque le début des recherches. Des objets nombreux et variés sont arbitrairement référencés en tant que fuseaux et/ou fusaïoles. D’autres, que nous classerions volontiers parmi les ustensiles de filage, n’ont aucun qualificatif fonctionnel précis (par exemple, « puntale in osso fratturato ad un estremo » ou « borchia circolare con forellino al centro ») ou sont inscrits dans d’autres catégories d’objets (perles, épingles etc.) (fig. 53). Cette approche préliminaire augure des difficultés à venir ; elle soulève les premières interrogations et les premiers doutes quant à l’identification du matériel. En dépit des approximations et erreurs potentielles de l’inventaire, la deuxième étape des investigations concerne l’étude des vestiges. Nous demandons à examiner les fuseaux et les fusaïoles de Pompéi conservés dans les réserves du Parco archeologico di Pompei. Le nombre des objets recensés dans cette catégorie s’avère étonnamment faible au regard du site.
Instrumentum : inventaire et description
Les fuseaux et fusaïoles en os tourné
33Les premiers objets portés à notre connaissance sont exclusivement façonnés en matière osseuse tournée. Peu nombreux, ils correspondent au matériel de filage habituellement identifié pour la période romaine. Issus des ateliers de tabletterie, ils sont remarquables pour la qualité de leur façonnage ; moulurés, sculptés, ils retiennent l’attention dès leur découverte, raison pour laquelle ils sont soigneusement recensés, sans doute mieux que d’autres vestiges plus ordinaires. Ces qualités esthétiques sont à l’origine de l’inventaire que nous connaissons aujourd’hui (fig. 54).
Fig. 54 - Localisation, n° d’inventaire et date de découverte des fuseaux et des fusaïoles en os examinés.
Localisation | Fuseau | Fusaïole | Fuseau et fusaïole associés | Fiche objet correspondante |
I 6, | Inv. 1447 (26.07.1912) Inv. 1462 (26.07.1912) | 1 | ||
I 6, 13 | Inv. 3859 A+B (25.03.1927) | 2 | ||
I 7, 1 | Inv. 3084 A (04.02.1923) | 3 | ||
I 7, 7 | Inv. 3477 (19.11.1924) | 4 | ||
I 8, 12 | Inv. 7167 G (21.02.1941) | 5 | ||
I 8, 13 | Inv. 7497 (08.07.1941) | 6 | ||
I 8, 14 | Inv. 7558 (09.07.1941) Inv. 7559 (09.07.1941) | 8 | ||
I 8, 15 | Inv. 7451 (20.06.1941) Inv. 7462 (20.06.1941) | 10 | ||
I 9, 1 | Inv. 8366 (06.11.1951) Inv. 8303 (14.12.1951) | 11 | ||
I 9, 8 | Inv. 9152 A (30.06.1952 ) | 12 | ||
I 10, 7 | Inv. 5234 A (19.12.1932) Inv. 5234 B (19.12.1932) | 17 | ||
I 13, 3 | Inv. 11650 A (12.11.1955) Association douteuse | 19 | ||
I 13, 6 | Inv. 11149 (12.05.1955) Association douteuse | 20 | ||
I 14, 9 | Inv. 12042.2 (1957) Inv. 12042.3 (1957) | 21 | ||
I 14, 13 | Inv. 43776 (18.03.1992) | 23 | ||
I 16, 5 | Inv. 12503 A (19.06.1959) Inv. 12503 B (19.06.1959) | 25 | ||
III 4, B | Inv. 2734 A (20.06.1918) | Inv. 2449 A et B (26.01.1917) Inv. 2721 A et B (12.06.1918) | Inv. 2448 (26.01.1917) | 29 |
V 4, 3 | Inv. 54212 (09.05.1899) | 31 | ||
VI 15 | Inv. 53661 (vers 1897) | 32 | ||
VI 15, 12 | Inv. 53882 (vers 1898) | 33 | ||
VI 16 | Inv. 53983 Inv. 56114 | Inv. 55482 (vers 1903) Inv. 55708 (vers 1903) Inv. 55981 (vers 1904) | 34 | |
VI 16, 11 | Inv. 55909 (vers 1904) Inv. 56113 (vers 1904) Inv. 56114 (vers 1904) | 36 | ||
VI 16, 19 | Inv. 55709 (vers 1903) | 37 | ||
VI 16, 26 | inv. 56173 (vers 1904) | 38 | ||
VII 16, 19 | Inv. 13994 B (05.04.1967) Inv.13994 B (05.04.1967) Inv.13994 C (05.04.1967) | 40 | ||
VIII 2, 1 | Inv. 6313 B (01.02.1937) | Inv. 6113 A (01.02.1937) Inv. 6313 D (01.02.1937) | 42 | |
IX 12, 11 ou IX 7, 11 | Inv. 1533 A (18.09.1912) Inv. 1533 B (18.09.1912) Inv. 1533 C (18.09.1912) Inv. 1534 A (18.09.1912) Inv. 1534 B (18.09.1912) Inv. 1534 C (18.09.1912) Inv. 1534 D (18.09.1912) Inv. 1534 E (18.09.1912) Inv. 1534 F (18.09.1912) Inv. 1534 G (18.09.1912) Inv. 1534 H (18.09.1912) Inv. 1534 I (18.09.1912) Inv. 1534 L (18.09.1912) Inv. 1534 M (18.09.1912) Inv. 1534 N (18.09.1912) Inv. 1534 O (18.09.1912) Inv. 1534 P (18.09.1912) Inv. 1534 Q (18.09.1912) Inv. 1534 R (18.09.1912) | 43, 43 bis, 43 ter | ||
Nombre de fuseaux examinés | Nombre de fusaïoles examinées | Nombre de fuseaux et fusaïoles associés examinés | Nombre total d’objets en os examinés | |
15 | 11 | 39 | 65 |
34Le matériel examiné est classé en quatre groupes :
35• Le premier réunit les fuseaux clairement identifiés et les assemblages fuseaux-fusaïoles associés de façon quasiment certaine ; l’utilisation de ces objets en tant qu’ustensiles de filage ne fait aucun doute (fig. 55).
36• Le deuxième groupe comprend les assemblages fuseaux-fusaïoles associés sans certitude. Les fusaïoles se déboîtent facilement des axes des fuseaux auxquelles elles sont unies ou présentent des traces d’adhésif au pourtour des perforations. Il est dans ce cas impossible de savoir si la présente situation correspond à celle de la découverte. Les journaux de fouilles où sont consignées les données de terrain mentionnent parfois la présence conjointe d’axes de fuseaux et de fusaïoles sans préciser s’ils sont dissociés ou non. L’association peut ainsi correspondre à un assemblage ultérieur (fig. 56).
37• Le troisième groupe comprend les fuseaux et les fusaïoles isolés. Il est difficile de se prononcer sur la fonction exacte de ces objets, si ce n’est par analogie avec des exemplaires dont on connaît assurément l’utilisation (fig. 57).
38• Le quatrième groupe, enfin, comprend les objets isolés, fuseaux et fusaïoles potentiels dont la morphologie peut satisfaire l’usage mais dont les détails de façonnage ne renvoient pas forcément aux caractéristiques des exemplaires connus (fig. 58).
39La localisation de ces objets est souvent approximative, parfois incohérente, voire inconnue. Par exemple, les deux assemblages fuseaux-fusaïoles (inv. 12503 A et B) découverts en I 16, 5 sont, d’après les fiches d’inventaire, localisés en I 18, 5. Cet emplacement n’existant pas, une recherche approfondie révèle une mention manuscrite ajoutée sur le registre d’inventaire ; mention selon laquelle I 18, 5 serait en fait I 16, 5 (information N. Monteix). De même, d’après le journal de fouilles manuscrit, les fuseaux et fusaïoles inventoriés 1534 A à I et L à R ; 1533 A, B, C sont situés en IX 12, 11, une zone partiellement fouillée. Dans le volume publié des Notizie degli Scavi 1912 (p. 335), les trois fuseaux 1533 A, B, C sont mentionnés en IX 7, 11. Compte tenu des numéros d’inventaire suivis et de la date des découvertes (toutes du 18.09.1912), il est probable que les exemplaires 1534 A à I et L à R proviennent du même endroit. Il s’agirait d’une erreur de localisation corrigée au moment de la publication des notices de fouilles. L’histoire de la recherche sur le site laisse des lacunes difficiles à combler.
Quid des autres matériaux ?
40De toute évidence, les fuseaux et fusaïoles en tabletterie ne représentent qu’une faible proportion des ustensiles de filage présents sur le site au moment de sa destruction. Vestiges de qualité remarquable, leur présence semble avoir occulté celle des outillages plus ordinaires. En effet, la documentation ethnologique en atteste, l’exercice du filage se satisfait de matériaux et d’ustensiles simples, de proximité, adaptés et/ou recyclés en fuseaux et fusaïoles.
41Ce constat de portée universelle soulève une question majeure : où se trouvent et à quoi ressemblent les autres ustensiles de filage nécessairement mis au jour à Pompéi ? La quête de ces objets nous confronte à deux obstacles : leur apparente banalité associée à un contexte de découverte peu éloquent a probablement conduit à l’éviction de nombreux exemplaires. D’autres ont sans doute été recueillis sans que leur fonction n’ait été identifiée ; l’inventaire ne permet donc pas de les repérer. Si des fusaïoles en terre cuite, en bois et en verre ont été mises au jour sur d’autres sites antiques, il est probable que l’incroyable quantité de vestiges recueillis à Pompéi en recèle de nombreux exemplaires.
42Un rapide survol des archives photographiques révèle l’existence d’objets circulaires perforés en leur centre. Si leur usage demeure incertain, leur aspect suggère des fusaïoles façonnées dans des matériaux variés : bois, pierre, terre cuite (fig. 59).
43Faute de temps, ces vestiges ne sont pas examinés ; une recherche systématique à partir des images d’archives serait nécessaire pour repérer les fusaïoles et les fuseaux potentiels. Ce travail permettrait d’apporter des précisions concernant une partie du matériel ; il laisserait aussi planer des incertitudes fonctionnelles sur certains objets, notamment sur les axes des fuseaux.
44Dans le cadre de la présente recherche, une unique fusaïole en bois a été analysée. Issu d’un lot de vestiges en matières organiques déplacé en 2009 du Musée archéologique de Naples vers les locaux du Laboratorio di Ricerche Applicate del Parco archeologico di Pompei, l’exemplaire est isolé et sa présence semble fortuite. Inventoriée avec des fragments de tissus sous le terme de bottone, cette demi-fusaïole carbonisée appartient aux collections anciennes du musée. L’ensemble porte les numéros d’inventaire 14734-80/01/96 (ancien numéro attribué par le Musée archéologique de Naples) et 143 (nouveau numéro attribué par le Laboratorio di Ricerche Applicate del Parco archeologico di Pompei). Aucune localisation ni aucune donnée de fouille n’accompagnent cet objet (fig. 60 ; fiche 59). La carbonisation des matériaux et la qualité des restes de tissus qui jouxtent la fusaïole en bois rendent vraisemblable une origine pompéienne. En dépit du manque d’informations relatives à cet objet, son attribution fonctionnelle est quasiment certaine au vu de ses caractéristiques morphologiques. La rareté de modèles similaires pourrait en partie être due aux circonstances de destruction de la cité antique. À Pompéi plus qu’à Herculanum, les matériaux ligneux se sont consumés laissant de rares vestiges mobiliers.
45En quête d’autres fusaïoles, un lot important d’objets circulaires perforés en leur centre est également pris en compte (fig. 61). Répertoriés sous les termes vaghi di collana, bottoni emisferici forati, ou encore globetti forati, il n’est fait mention d’aucune fusaïole dans les fiches d’inventaire qui y sont associées. Cet usage est pourtant loin d’être exclu pour de tels objets (fig. 62). Rappelons que des fusaïoles en pâte de verre ont été découvertes à Metz et Chartres sur des sites datés du ier siècle76.
Fig. 61 - Localisation, n° d’inventaire et date de découverte des « fusaïoles » en pâte de verre examinées.
Localisation | « Fusaïole » | nombre | Fiche objet correspondante |
I 8, 13 | Inv. 7517 B (1941) | 1 | 9 |
I 9, 8 | Inv. 9132 (1952) | 1 | 15 |
I 10, 1 | Inv. 5117 (1932) | 1 | 17 |
I 10, 2 | Inv. 6363 C (1937) | 1 | 18 |
I 10, 3 | Inv. 5077 D (1932) | 1 | 19 |
I 10, 7 | Inv. 5333 B (1932) | 1 | 21 |
I 14, 9 | Inv. 12042 (1957) | 1 | 28 |
I 14, 13 | Inv. 12243 D (1918) | 1 | 30 |
III 2, 1 | Inv. 537 (1909) | 1 | 34 |
III 4 | Inv. 2462 B (1917) | 1 | 35 |
III 4, 1-2B | Inv. 2738 C.1 (1918) Inv. 2738 C.2 (1918) | 2 | 38 |
VI 16, 10 | Inv. 55749 (1904) | 1 | 45 |
VI 16, 28 | Inv. 55978 (1904) | 1 | 50 |
Presso la torre X | Inv. 5745 B (1933) | 1 | 58 |
Ins. Occ. | Inv. 13585.1 (1962) Inv. 13585.2 (1962) Inv. 13585.3 (1962) | 3 | 59 |
Non localisé | Inv. 18038 | 1 | 60 |
Boscoreale, villa della Pisanella | Inv. 1839.1 Inv. 1839.2 | 2 | 61 |
Nombre total d’objets en verre examinés | 21 |
46La distinction entre les fusaïoles, les boutons et les perles n’est pas aisée, principalement lorsque les fusaïoles sont de petites dimensions. C’est par exemple le cas des exemplaires péruviens, très légers, petits, symétriques et décorés77. C’est également le cas en Grèce classique où les fusaïoles pesant moins de 10 g « discovered in funeral contexts are generally treated as miniatures and not as functional objects78 ». Déboîtés de leur axe, ces objets s’apparentent davantage à des perles qu’à l’idée qu’on se forge généralement des fusaïoles archéologiques.
47La situation diffère avec le matériel pompéien : la morphologie des pâtes de verre plaide davantage en faveur de fusaïoles que de boutons ou de perles. Elles présentent souvent un profil asymétrique, opposant une face convexe à une face plane. Bien que cette caractéristique ne soit pas incompatible avec une utilisation comme perles de collier, elle est parfaitement adaptée à la fonction de fusaïole. En situation fonctionnelle d’utilisation la face plane est orientée du côté de l’axe où le fil est stocké. Si la fusaïole est placée au bas du fuseau, la face bombée est dirigée vers le sol ; si la fusaïole est placée au sommet du fuseau, la face bombée est tournée vers le ciel. Cette orientation vise simplement à optimiser les propriétés d’inertie et de rotation du dispositif de filage. L’utilisation des pâtes de verre comme boutons paraît encore moins satisfaisante au vu de la morphologie des objets qu’il serait malaisé de coudre compte tenu de leur unique perforation. Nous inclinons à penser que ces objets conviennent parfaitement au filage. La morphologie comme les dimensions relevées conviennent à cette utilisation, principalement les masses, proches de celles des fusaïoles en os.
48Demeure l’absence de fusaïoles en terre cuite (ou crue), inconnues à l’inventaire. Il est probable qu’elles n’ont pas été identifiées ; de nouvelles investigations seraient nécessaires pour s’en assurer.
Autres ustensiles
49Bien que des quenouilles existent probablement parmi les vestiges pompéiens, aucun exemplaire n’est identifié. La quenouille, parfois difficile à reconnaître hors de son contexte d’utilisation, connaît en effet des aspects très diversifiés, certains plus éloquents que d’autres (voir supra).
50En revanche, la cité antique a livré un ustensile de filage rarement attesté et/ou identifié dans le monde romain : le bol à filer (fig. 63 ; voir fiche 11). Cet ustensile millénaire convient à la fabrication de fils retors, notamment en matière végétale, car il permet d’humidifier le fil en même temps qu’il lui évite de s’emmêler (voir supra). Si la fonction n’en a pas forcément été identifiée, plusieurs exemplaires pompéiens sont mentionnés sans équivoque dans une publication de 1977 : « Del pezzo che presentiamo, caratterizzato da una decorazione a rotella (tav. XV, 58), conosciamo sei esemplari, tutti caratterizzati da un’ansa postra all’interno del vaso, sul fondo (tav. XV, 57)79 ».
Iconographie et inscriptions80
51De nombreux équipements architecturaux dédiés aux activités textiles à Pompéi montrent combien cet artisanat y occupait une place de choix81. On retrouve ces activités abondamment représentées sur les murs peints. Illustrées de nombreuses fois, ce sont notamment des scènes d’ateliers.
52En façade de la boutique IX 7, 5-7, la fresque dite de Verecundus représente huit personnages parmi lesquels trois semblent chargés de démêler la laine et de la peigner (voir fig. 39). Au milieu, un groupe constitué de quatre hommes torse nu au-dessus d’un fourneau travaille le feutre. Debout, le dernier personnage tient un tissu orné de deux bandes de couleur disposées latéralement. Cet ouvrage rectangulaire est agrémenté de pompons aux extrémités inférieures. Sous ce personnage est inscrit le nom de Verecundus. La célèbre fresque de la casa dei Vettii localisée en VI 15, 1.27 compte au nombre des témoignages82. Le tableau est divisé en six saynètes successives. Des amours foulent des vêtements, nettoient des étoffes, étendent du linge sur un séchoir, portent une étoffe à la reprise, vérifient et repassent le linge (voir fig. 43). Une autre fresque pompéienne provient de la fullonica de L. Veranius Hypsaeus localisée en VI 8, 2.20-21. Reprenant les procédés de foulerie, on y distingue quatre individus nettoyant des étoffes en les foulant dans des stalles. Un cadre séparé illustre un tissu en train de sécher sur une barre, tandis qu’un personnage le peigne. Un autre individu transporte une cage et un seau supposé contenir du soufre (voir fig. 44). D’après Apulée, les vêtements étaient soumis aux vapeurs de soufre pour être blanchis83. Dans l’angle inférieur gauche, une femme et une servante manipulent un tissu et sur le côté est, deux cadres illustrent la dernière opération du nettoyage, le pressage des étoffes pour leur donner du lustre. En dessous, les vêtements propres sont remis à leurs propriétaires.
53Des graffitis à l’interprétation incertaine ont été mis en relation avec les activités de filage. Dans la casa di Minucius Fuscus, en I 10, 8, les noms de cinq hommes et de deux femmes ont été interprétés comme désignant cinq tisserands (textores) et deux fileuses (quasillariae) (CIL IV, 8380-8381, 8384)84. En V, 3, 10, il est fait mention de vingt-neuf mesures de laine sur le mur sud de l’atrium (CIL IV, 6714) ; d’après W. Moeller85, ces mesures de laine ont été assignées par un lanipendius à l’une des fileuses. Le graffiti mentionnant dix-huit mesures de laine en IX 7, 20 (CIL IV, 5363) est interprété de la même façon par Moeller86. L’inscription provenant de la maison VI 13, 6.8-9 donne la comptabilité de produits confectionnés par dix personnes (CIL IV, 1507 : Vitalis trama pes V / Florentina pesa III / Amaryllis pes V trama et stamen / Ianuaria supte(men) pesa II (vel III) et sta(men) pes duas / Heracla pes V stamen / Maria p(esa) III stamen / Lalage pes stamen / Ianuaria p(esa) II trama / Florentina pes V trama / Damalis trama pes V / Serv(o)la trama pes V / Paptis (vel Baptis) pes V trama / Doris pes V stamen). Pour ces trois dernières personnes, sont indiquées des qualités de fil différentes, correspondant à la trame et à la chaîne, suptemen pouvant soit être un terme générique pour qualifier le fil, soit un synonyme de trame. W. Moeller87 considère que suptemen est synonyme de trame, sans pour autant trouver d’explication à l’utilisation de deux mots (suptemen et trama) pour désigner une production comparable. Ici, la main d’œuvre serait essentiellement féminine : W. Moeller considère que les dix noms sont ceux de femmes88. Si à travers cet exemple, certes ponctuel, une activité de filage impliquant une dizaine de personnes dans un espace domestique peut être induite, les éléments permettant de l’assurer restent peu nombreux89.
54Si les fresques peintes valorisent les travaux textiles réalisés en ateliers, le filage en est absent. Les grafitti à l’interprétation hasardeuse ne comblent pas cette carence. Le filage n’est pas mis en valeur malgré son caractère incontournable. Seul un enduit peint est préservé dans la casa della Venere in conchiglia en II 3, 3. La scène, localisée dans la pièce n° 10 au milieu du mur nord représente une fileuse filant de la main droite à partir de fibres stockées sur une quenouille tenue dans sa main gauche. La femme file au fuseau suspendu, fusaïole discoïde placée au bas de l’axe. Le fil stocké sur l’axe au-dessus de la fusaïole semble de couleur verte. En considérant qu’il ne s’agit pas d’une fantaisie artistique mais d’un fait observé, la couleur du fil indique que la matière textile était en l’occurrence teinte en fibres (fig. 64 ; fiche 32). La quenouille semble effectivement chargée de fibres de couleur sombre, verdâtre, d’après ce que la poussière et l’état de conservation de la fresque permettent d’observer.
Comprendre et interpréter le matériel pompéien
55Il existe deux catégories de fuseaux : ceux qui présentent une entaille, une encoche, un bouton, un crochet ou tout autre élément d’accroche à l’une des extrémités et ceux qui en sont dépourvus. Selon les contextes et les époques, ces objets attestent de morphologies très différentes dont le détail n’a en réalité que peu d’influence sur leur mode d’utilisation. Qu’il soit ou non lesté de fusaïoles, qu’il soit utilisé en mode suspendu ou posé, l’axe du fuseau est caractérisé par la présence ou non d’une accroche aménagée pour guider et bloquer le fil. Cette dernière spécificité est révélatrice du mode d’utilisation. À Pompéi, deux catégories de fuseaux sont représentées : les fuseaux entaillés en partie proximale associés à une fusaïole placée dans la même zone et les fuseaux dont l’axe est muni d’une fusaïole placée en partie distale (fig. 65).
56Précisons que cette équation, si elle reflète la tendance générale, n’est pas systématique et que l’entaille ne signale pas nécessairement un fuseau assorti d’une fusaïole haute. La technique du filage étant permissive, les ustensiles qui l’accompagnent n’obéissent pas à des règles strictes. Techniques et ustensiles diversifiés permettent d’obtenir des résultats tantôt différents, tantôt similaires. Cela dit, l’exemple pompéien illustre une situation classique : malgré leur rareté, les fuseaux encochés encore dotés d’une fusaïole en place, la montrent en position haute, calée sous l’encoche guide-fil (voir fiches 13, 14, 20, 29, 31, 41, 44, 51). De même, les fuseaux aux extrémités simples sont associés à des fusaïoles placées en position basse, parfois calées sur l’extrême bord de l’axe (voir fiche 56).
Les fuseaux encochés à fusaïole haute : technique d’utilisation et qualité des fils réalisés
57À en juger par l’iconographie antique et les documents ethnologiques, les fuseaux entaillés à fusaïole haute servent à produire des fils simples ou retors, généralement tordus en S. On se référera ici aux documents et études dédiés à l’activité textile d’époque pharaonique. Outre la tradition technique du filage au fuseau suspendu et fusaïole haute, les fileuses et fileurs égyptiens exploitaient une aptitude naturelle de la fibre de lin à se tordre en S lorsque, après avoir été mouillée, elle séchait : « En respectant cette tendance naturelle, toutes les extrémités des fibres s’appliquent en spirale S autour du fil pendant le filage. Ainsi la fileuse égyptienne obtenait-elle un fil très lisse et pouvait elle-même réaliser des fils de lin très fins.90 ».
58Sur le plan technique, lorsque la fusaïole est placée en partie proximale de l’axe, la rotation du fuseau est initiée à partir de l’extrémité la plus accessible, à savoir la partie distale. Dans ce cas, le geste le plus naturel consiste à donner une impulsion inverse au sens des aiguilles d’une montre, de droite à gauche : le fil réalisé présente alors une torsion en S (fig. 66). Nous ignorons si à Pompéi les fuseaux dotés d’une fusaïole haute servaient au filage de fils simples ou au retordage. Leur présence permet en revanche d’affirmer que des fils de torsion S étaient produits sur le site ; les exemplaires recensés dans la collection textile (voir chapitre V) ont probablement été fabriqués à l’aide de ce dispositif.
59Une interrogation subsiste : ces fuseaux étaient-ils destinés à la transformation des matières animales ou à celle des matières végétales ? Les analyses menées sur de nombreuses collections textiles d’époque romaine montrent que la torsion Z domine largement dans les provinces du nord de l’empire, et cela quelle que soit la fibre utilisée. À l’inverse, les productions du Levant sont constituées de fils simples en lin, systématiquement tordus en S91. Elles sont accompagnées de documents iconographiques exposant l’utilisation de fuseaux à encoche ou à crochet munis de fusaïoles hautes. Cette convergence d’éléments cohérents laisse envisager pour la collection pompéienne des fils tordus en S essentiellement en fibres végétales. Tel est effectivement le cas. Un lien privilégié existe entre le sens de torsion des fils et la nature des fibres qui les composent. Les fils simples de torsion S sont presque exclusivement confectionnés à l’aide de matière végétale, en l’occurrence à partir de fibres de lin : dans cette catégorie, on dénombre dix-huit éléments en lin pour seulement deux éléments en laine (voir chapitre V, fig. 147).
60L’ensemble des données recueillies à Pompéi indique que les fils simples en lin tordus en S ont été fabriqués sur place à l’aide des fuseaux encochés à fusaïole haute. Sans exclure la présence d’éventuels produits d’importation, les ustensiles de filage et les fils aux caractéristiques communes avec celles des cultures orientales attestent l’adoption de techniques étrangères pour nourrir la production locale. Comment d’ailleurs ne pas y associer les bols à filer de la collection, probablement empruntés aux territoires du Levant.
Les fuseaux à fusaïole basse : technique d’utilisation et qualité des fils réalisés
61Au fuseau suspendu ou au fuseau posé, la fusaïole placée au bas de l’axe implique une mise en mouvement du fuseau à partir du sommet : le sens de rotation est celui des aiguilles d’une montre et le produit, un fil de torsion Z (fig. 66). Comme mentionné ci-dessus, les restes textiles d’époque romaine sont largement constitués de fils simples tordus en Z, quelle que soit la fibre utilisée. C’est ce que révèle également l’analyse de la collection textile pompéienne (voir chapitre V, fig. 147) avec 80 % de fils en Z, dont 70 % sont en laine et 24 % en lin (6 % environ de fibres non identifiées). Pour illustration, la fresque conservée dans la casa della Venere in conchiglia, en II 3, 3, représente une fileuse tenant sa quenouille dans la main gauche, un fuseau actionné en partie proximale par la main droite, soit un ensemble de caractéristiques impliquant la fabrication d’un fil simple tordu en Z. Les données pompéiennes convergent donc pour montrer que les fuseaux à fusaïole basse servent à fabriquer des fils de torsion Z (supposés simples car aucun fil retors en Z n’est attesté), principalement conçus à partir de fibres de laine.
En résumé
62L’analyse du matériel archéologique, outillage et restes textiles étudiés dans le cadre du projet ARTIFEX, atteste une activité de filage inscrite dans la tradition locale. La plupart des fils produits et utilisés pour la confection semblent être réalisés sur place à partir d’une matière première locale et selon des habitudes techniques essentiellement traditionnelles.
63Les fils de lin sont indifféremment filés en S ou en Z mais la torsion S leur est exclusivement réservée. À deux exceptions près, aucun fil de laine n’est associé à une torsion S. Le choix des matières premières entretient une relation étroite avec le filage : les fils en lin sont volontiers filés en S et les fils de laine en Z. Matériaux et techniques sont indiscutablement liés.
64Ces conclusions mises en perspective avec les ustensiles de filage observés autorisent la synthèse suivante (fig. 67)92 :
Fig. 67 - Sens de torsion des fils et matières premières (nombre d’éléments recensées dans chaque catégorie, d’après l’analyse des restes textiles).
Z | S | Total | |
Lin et fibres végétales | 24 | 18 | 42 |
Laine et matières animales | 70 | 2 | 72 |
Total | 94 | 20 | 114 |
Notes de bas de page
1 Varron, De Re Rustica, VII, 54.
2 Horwitz 1941, p. 1795-1808.
3 Seiler-Baldinger 1979, p. 69-70.
4 Spantidaki 2016, p. 34-35.
5 Médard 2006a, p. 16.
6 Seiler-Baldinger 1979.
7 Médard 2006a, b.
8 Endrei 1968, p. 17
9 Wild 1970, pl. IVa ; voir fig. 13, droite.
10 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 70; Dunning 1992, p. 49.
11 Avec la contribution de Jean-Claude Béal.
12 Horwitz 1941.
13 Théophraste, Recherches sur les plantes, VI, 4, 5.
14 Plin., N.H., XXI, 90.
15 Wild 1970, p. 32, pl. III, b ; Béal 1983, A XVIII, 1.
16 Béal 1983, A XX, 2, 3, 4.
17 Béal 1983, A XVIII, 2.
18 Ayalon 2005, n° 57, p. 210-211.
19 Wild 1970, p. 33.
20 Platon, République, X, 616 c.
21 Gostenčnik 2000.
22 Trinkl 2007, p. 84.
23 Gostenčnik 2010, p. 77.
24 Barber 1991, p. 69.
25 Grivaud de la Vincelle 1817, p. 19-20.
26 Béal 1983, A XVIII, 3-6; 1984, A XVIII, 7-8.
27 Chazelle 2000, p. 116-118, fig. 3.
28 British Museum 1920, p. 144, fig. 173.
29 Déonna 1938, p. 254-255, fig. 679-678 et 681-682.
30 Maiuri 1953, p. 100 et p. 102.
31 Ovide, Métamorphoses, IX, 522 : dextra tenet ferrum …
32 Bozic, Feugère 2004, p. 30.
33 Ibid., p. 31 et sq.
34 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 68.
35 Béal 1983, p. 317.
36 Mellaart 1962, p. 56 ; Singh 1974, p. 119-120.
37 Médard 2006a.
38 Béal 1983, n° 355, pl. XXVII ; 1984, n° 335, pl. 16.
39 Ferdière 1984, p. 216 ; Py 1990, p. 453-456.
40 PCR « ArchéoMartres ».
41 Audollent 1923, pl. VII, n° 12.
42 Chardron-Picault 2007, p. 227-229; Dondin-Payre 2006, p. 143-154.
43 Béal 1984.
44 Mac Gregor 1985, p. 187, fig. 101, nos 5-6 ; Deschler-Erb 1998, n° 366-370, p. 139, pl. 14.
45 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 69.
46 Médard et alii 2017.
47 Facchinetti 2005.
48 Gottschalk 1996.
49 Béal 1983, type A XXI, 9, p. 229-230.
50 Wild 1970, p. 32.
51 Béal, Ruellet 2001, p. 326-327.
52 Facchinetti 2005.
53 PCR « ArchéoMartres ».
54 Audollent 1923, p. 305.
55 Nowik et alii 2005.
56 Ammien Marcellin, Histoire, XXIII, 4, 14.
57 Facchinetti 2005, p. 207.
58 Wasowicz 1987.
59 Béal 1984, type A XLI, 1, p. 85.
60 Bianchi 1995, p. 84-85.
61 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 67.
62 Facchinetti 2005, p. 207.
63 Boardmann 1994, n° 23, p. 48, pl. 33.
64 Facchinetti 2005, p. 207.
65 Wasovicz 1987, p. 60.
66 Beazley Gift 1967, n° 194, p. 61, pl. XXVI.
67 Beazley 1928, p. 37 et pl. 8, n° 3 ; CVA Pologne I, p. 26, pl. 37.
68 Bréniquet 2008, p. 123.
69 Barber 1991, p. 74-75.
70 Vogelsang-Eastwood 1987-1988, p. 78; Barber 1991, p. 70-71.
71 Crowfoot 1931, p. 27.
72 Dothan 1963, fig. 1 à 3; Vogelsang-Eastwood 1987-1988, p. 85; Barber 1991, p. 73; Bréniquet 2008, p. 123.
73 Barber 1991, p. 73.
74 Données de l’ITL : Institut technique du lin.
75 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 67.
76 Roche-Bernard, Ferdière 1993, p. 69.
77 Frödin, Nordenskiöld 1918, p. 103, fig. 62a, b, c, e ; Harcourt 1960, p. 7.
78 Spantidaki 2016, p. 44.
79 Carandini 1977, p. 28
80 Avec la contribution de N. Monteix.
81 Borgard 2002 ; Borgard, Puybaret 2004.
82 Le réalisme de cette frise doit être toutefois considéré avec précaution, cf. Monteix 2016, p. 199-221.
83 Apulée, Metamorphoses, 9, 24, 2 ; Moeller 1976, p. 23-24.
84 Moeller 1976, p. 39.
85 Ibid, p. 39.
86 Ibid, p. 40.
87 Moeller 1969, p. 566.
88 Ibid.
89 Jongman 1988, p. 163-164.
90 Jonghe 2002, p. 28.
91 Wild 1970.
92 Médard et alii 2011, p. 87.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les bois sacrés
Actes du Colloque International (Naples 1989)
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
1993
Énergie hydraulique et machines élévatrices d'eau dans l'Antiquité
Jean-Pierre Brun et Jean-Luc Fiches (dir.)
2007
Euboica
L'Eubea e la presenza euboica in Calcidica e in Occidente
Bruno D'Agostino et Michel Bats (dir.)
1998
La vannerie dans l'Antiquité romaine
Les ateliers de vanniers et les vanneries de Pompéi, Herculanum et Oplontis
Magali Cullin-Mingaud
2010
Le ravitaillement en blé de Rome et des centres urbains des début de la République jusqu'au Haut Empire
Centre Jean Bérard (dir.)
1994
Sanctuaires et sources
Les sources documentaires et leurs limites dans la description des lieux de culte
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
2003
Héra. Images, espaces, cultes
Actes du Colloque International du Centre de Recherches Archéologiques de l’Université de Lille III et de l’Association P.R.A.C. Lille, 29-30 novembre 1993
Juliette de La Genière (dir.)
1997
Colloque « Velia et les Phocéens en Occident ». La céramique exposée
Ginette Di Vita Évrard (dir.)
1971