Le patronage de Cicéron et l’arrivée des blés de Sicile à Rome
p. 243-253
Résumés
Sous la République, les édiles, chargés de la cura annonae, complétaient parfois avec leur propre argent les sommes qui leur étaient allouées par l’Etat à cet effet. Il est, en revanche, peu fréquent de voir comment leurs clientèles peuvent les aider à faire face à cette charge. En 69 av. J. -C., au moment d’une grave crise frumentaire, l’édile Cicéron fit diminuer le prix des céréales grâce aux libéralités des Siciliens. Pour interpréter cet acte exceptionnel de générosité, plusieurs autres exemples d’envois de céréales, qui furent l’expression de la reconnaissance et de la dépendance d’un individu ou d’une collectivité, ont été examinés.
During the Republic, the aediles responsible for the cura annonae sometimes had to complement the allocations of the state with their own money. However, there are few examples of the ways they were sometimes helped in their charge. In 69 B. C., Cicero, as aedile, was able to lower the price of grain thanks the generosity of the Sicilians. In order to interpret this exceptional act of generosity, we examined several other instances when grain was delivered as a token af gratitude or allegiance, either from one individual or from a community.
Texte intégral
1Quand il énumère les devoirs qui incombent aux édiles, Cicéron énumère la cura urbis, la cura annonae, la cura ludorum solemnium (Cic., Leg., III, 3, 7). A toutes les époques, le déploiement de générosité est réclamé dans l’exercice des fonctions édilitaires. Il est déconseillé pour une carrière future d’encourir le reproche d’avaritia. En revanche, les dépenses accomplies lors d’une édilité ne peuvent être considérées, lorsqu’il s’agit de distribution de blé en particulier, comme un gaspillage honteux (Cf. turpis iactura, Off., II, 5, 8) ; elles sont, au contraire, envisagées comme un beneficium susceptible d’entraîner la gratitude du peuple1. Les libéralités d’un édile suscitent la reconnaissance et peuvent, en s’inscrivant dans la mémoire collective des futurs électeurs, favoriser à terme l’élection aux magistratures supérieures de ceux qui en ont eu l’initiative. Un texte de Tite-Live affirme même qu’en 196 av. J. -C., l’édile C. Flaminius partagea la faveur de ses largesses personnelles avec son collègue à l’édilité : Flaminius gratiam eius communicaverat cum collega (T. -L., XXXIII, 42, 8). En organisant des jeux, en construisant des monuments publics, en veillant au bon approvisionnement des marchés, l’édile se doit de compléter avec ses propres moyens une œuvre entreprise sur l’ordre de l’Etat qui en a prévu le financement initial. C’est alors qu’il peut utiliser sa fortune, mais aussi mobiliser les ressources de son patronage personnel pour l’action entreprise en faveur de la collectivité publique.
2Quand, dans les Verrines, Cicéron fait allusion à la fonction d’édile qu’il allait exercer l’année suivante, en 69 av. J. -C., il ne mentionne pas la cura annonae. Il énonce seulement les activités traditionnelles d’un édile plébeien : c’est à lui que sera confiée l’administration des monuments sacrés et la police de la ville, la célébration des jeux en l’honneur de Cérès, Bacchus et Proserpine, des jeux de Flora et des jeux romains2. Cependant, dans le de Officiis, Cicéron se glorifie que les frais engagés par son édilité furent vraiment infimes : nobis quoque licet in hoc quodam modo gloriari… sane exiguus sumptus aedilitatis fuit (Off., II, 17, 59). On a souvent négligé à son propos l’apport d’un passage de la vie de Cicéron de Plutarque qui peut éclairer son édilité et montrer qu’il a accompli, à cette occasion, des libéralités privées grâce à ses relations de patronage en Sicile :
3Οὐ μὴν ἀλλ’οἱ Σικελιώται χάριν εἰδότες ἀγορανομοῦντος αὐτου πολλὰ μὲν ἄγοντες ἀπò τῆς νήσου, πολλὰ δὲ ϕέροντες ἧκον, ὧν οὐδὲν ἐποιήσατο κέρδος, ἀλλ’ ὅσον ἐπευωνίσαι τὴν ἀγοράν ἀπεχρήσατο τῆ ϕιλοτιμία των ἀνθρώπων.
4« Cependant les Siciliens lui manifestèrent de la reconnaissance lors de son édilité ; ils lui amenèrent de leur île et ils lui apportèrent beaucoup de présents dont il ne tira aucun bénéfice ; mais il ne mitàprofit lalibéralité des Siciliens que pour faire baisser le prix des vivres » (Plut., Cic., 8, 2).
5Ce texte pose un grand nombre de questions. Malheureusement nous ne connaissons pas la source utilisée par Plutarque pour décrire cet épisode de Γ édilité de Cicéron3. Il apparaît que les Siciliens apportèrent avec eux des présents, mais qu’il firent aussi venir des denrées de leur île. Quelle était la nature de ces cadeaux? Il est très vraisemblable qu’une partie d’entre eux était constituée de céréales amenées de leur île, puisque Plutarque affirme que Cicéron mit à profit la libéralité des Siciliens pour diminuer le prix des vivres. Pour tenter d’éclairer cet acte d’évergétisme, trois points seront examinés : le contexte de l’approvisionnement romain à cette époque, le don de blé sicilien comme une des dernières manifestations d’une pratique répandue à l’époque hellénistique, enfin les questions posées par l’importance des stocks de blé sicilien à cette époque et par l’instance de décision responsable de cet envoi.
6L’action de Cicéron destinée à faire baisser le prix du blé en 69 av. J. -C. à Rome s’inscrit dans le cadre d’une crise frumentaire particulièrement grave, à laquelle l’Etat romain ne tenta que partiellement de remédier4. Parallèlement aux décisions de l’Etat, de nombreux actes de générosités privées sont alors signalés. C’est dans la décennie 79-69 que nos sources, essentiellement cicéroniennes, donnent la plus longue série d’exemples de libéralités accomplies par des hommes exerçant une fonction officielle, particulièrement des édiles, cinq en dix ans, dont quatre par des édiles. Il ne s’agit plus seulement d’ostentation politique, mais de réponse à une pression sociale accrue en période de caritas annonae. L’année 75. année particulièrement sombre – annonae intolerabilis saevitia – est d’ailleurs marquée par une émeute où les consuls furent chassés du Forum par une foule en colère. Le discours du consul L. Aurelius Cotta résume bien les difficultés du moment5. L’alimentation des armées imposait alors de prendre des céréales sur les stocks de grains destinés aux civils. Ces armées mènent alors des guerres très dures, en Orient, contre Mithridate, en Illyrie, dans la Péninsule ibérique, contre Sertorius et son lieutenant Perpenna et même en Italie, entre 73 et 71, à cause des luttes contre Spartacus. P. Garnsey a calculé que Rome avait dû entretenir vingt-quatre ou vingt-cinq armées en 75 et jusqu’à trente-trois ou trente-quatre en 73 (Garnsey 1988, 203-204).
7L’approvisionnement de la ville de Rome était très dépendant des marchés extérieurs. Or les Romains ne pouvaient plus entretenir une flotte aussi nombreuse que par le passé ; la recrudescence de la piraterie renforçait alors l’insécurité dans la Méditerranée et compromettait l’arrivée régulière du blé à Rome. Les mesures prises par l’Etat dans ces circonstances sont mal connues. En 78, les frumentationes régulières, supprimées par Sylla, semblent avoir été temporairement rétablies grâce à l’initiative du consul M. Aemilius Lepidus (Gran. Licinianus 34 Fl.). En 75, l’Etat romain décida de financer des achats forcés. Cicéron, questeur de Lilybée, fut investi d’une mission spéciale et envoya alors à Rome une grande quantité de blé6. D’autres provinces furent peut-être soumises à ce genre d’achats forcés en cette année de summa caritas où furent aussi conclus de nouveaux contrats avec les publicains, comme nous l’apprend la loi récemment découverte à Ephèse7. En 73, à la demande du Sénat, les consuls M. Terentius Varro Lucullus et C. Cassius Longinus firent voter une loi qui instituait en Sicile un nouvel achat forcé (800 000 modii), et, à Rome, une nouvelle réglementation concernant les distributions à prix réduit dans le cadre des frumentationes8.
8Ces interventions sont insuffisantes. On se souvient, par exemple, du ton très polémique du discours du tribun C. Licinius Maceren 73 : « une aussi faible ration, 5 modii par tête, ne vaut guère mieux que la ration d’un prisonnier ; avec une nourriture aussi maigre, on l’empêche de mourir, mais on laisse décliner ses forces... »9. C’est alors qu’apparaissent des manifestations de la générosité privée d’hommes politiques romains au moment où ils ont, avec l’exercice de l’édilité, la charge de la cura annonae. Plusieurs exemples de cette aide multiforme sont signalés par Cicéron dans un passage du de Officiis (II, 17,58), où il présente la libéralité des édiles dans l’exercice de leurs fonctions annonaires. Nous y ajouterons le cas du rival de Cicéron, Q. Hortensius, auteur d’une distribution gratuite en 75, lors de son édil ité, avant de nous interroger sur l’édilité cicéronienne. La première mesure de libéralité privée effectuée dans le cadre de cette magistrature semble peu habituelle : les repas qu’organisa Orestes dans les rues, sous le nom de dîmes, lui valurent, dit Cicéron, une grande considération : et Orestes, nuper prandia in semitis decumae nomine magno honori fuerunt (Cic., Off., II, 17, 58). La decuma à laquelle il est fait allusion est vraisemblablement la dîme qu’offraient à Hercule des civils aussi bien que des chefs d’armée victorieux. Le nombre de personnes invitées à cette occasion reste inconnu, mais l’allusion à l’organisation de ce repas même dans les petites rues, semitae, peut être un indice de la quantité de repas offerts. Crassus, d’après Plutarque, fit dresser 10 000 tables pour offrir à manger à ses concitoyens à l’occasion d’une dîme à Hercule en 70 av. J. -C., dans la même période d’approvisionnement difficile10. L’épisode remarqué par Cicéron à propos d’Orestes pourrait être situé en 79, immédiatement après les restrictions apportées par Sylla aux distributions de blé. En effet, Cn. Aufidius Orestes, préteur urbain en 77, fut consul en 7111.
9C’est en 75, au moment le plus dramatique de la crise marquée par l’impuissance relative des autorités, qu’intervint l’édile Q. Hortensius, qui, ami de Cotta, était tout l’opposé d’un démagogue (Gruen 1974, 36). Il fut, la même année, l’organisateur de jeux splendides (Cic., Off., II, 16. 57 ; Ps. Ascon. 238 Stangl). Cicéron nous apprend qu’il distribua au peuple romain du blé à raison d’un modius et demi par personne : Cicéron parle de ses sesquimodii et met l’accent sur la reconnaissance que lui manifesta le peuple de Rome. Hortensius se rendit, dit-il, gratissimus à tous. Cicéron ajoute que ce beneficium aurait pu paraître bien mince si le cours du blé avait été plus bas : caritas enim annonae faciebat ut istuc, quod re parvum videretur, tempore magnum videretur12. On pense, par comparaison, à Crassus, qui, donnant un banquet de 10 000 tables, fit en outre distribuer à chaque citoyen du blé pour trois mois, ce qui représenterait peut-être un don de 15 modii. Le don de Q. Hortensius ne correspondrait alors qu’à un peu moins d’un tiers de la ration mensuelle. C’est la raison pour laquelle, d’après Cicéron, si Q. Hortensius avait voulu faire la même largesse alors que le cours du blé était bas, son bienfait aurait été objet de raillerie et de mépris. Etait-ce seulement parce que lacontribution d’Hortensius parut mince – Cicéron parle à son propos d’exigua ratio – que l’orateur ne la mentionne pas dans la liste des libéralités privées accomplies par les édiles? Nous savons pourtant que la fortune d’Hortensius était considérable13.
10L’édilité de M. Seius, que Cicéron cite immédiatement après celle de Cn. Aufidius Orestes, est située en 74 av. J. -C. Deux sources attestent de la générosité de celui-ci, Cicéron et Pline. Dans une période de caritas annonae, 1’évergétisme de M. Seius s’est manifesté par 1’organisation d’une vente de blé à un as le modius, c’est-à-dire au plus bas des prix d’intervention mentionnés par nos sources (par exemple Γ année du triomphe de L. Caecilius Metellus en 250 av. J. -C., au retour d’une expédition victorieuse en Sicile)14. Pline, qui fait référence à cette libéralité : in aedilitate assibus populofrumento ρ raestiti15, signale aussi, dans un autre chapitre, un second geste de bienveillance du même personnage ; celui-ci avait fourni de l’huile au peuple romain au prix d’un as pour dix livres : olei denas libras singulas assibus praestitit16. L’hommage rendu par le peuple romain à son bienfaiteur fut à la mesure de sa générosité dans cette période de détresse alimentaire. Des statues lui furent dédiées sur le Capitole et sur le Palatin et, le jour de sa mort, les hommes du peuple portèrent sur leurs épaules son corps au bûcher17.
11Entre 74 et 70, nous n’avons aucun témoignage d’évergétisme privé d’un édile, mais nous savons que c’est en 73 que les consuls firent voter une loi frumentaire sur ordre du Sénat, la lex Terentia Cassia. En 70, une distribution gratuite de blé fut effectuée par Crassus ; celui-ci, alors consul, l’assuma pendant trois mois seulement, à l’occasion de la dîme qu’il offrit à Hercule et 1’accompagna d’un gigantesque repas auquel il a déjà été fait allusion (Plut., Crassus, 2,3 et 12,3). Il voulait sans doute rivaliser avec la générosité de son collègue au consulat, Pompée, qui organisait des jeux votifs cette année-là. C’est donc dans un contexte d’une politique d’assistance privée généralisée à l’occasion de l’exercice d’une magistrature publique qu’il faut replacer l’édilité de Cicéron. Les dons des Siciliens qu’il ne pouvait prévoir quand, dans les Verrines, il faisait le tableau de ses futures activités d’édile (2 Verr., V, 36), lui ont permis de faire baisser le prix des blés l’année qui suivit celle des dons de Crassus. Lorsqu’il énonçait, dans le de Officiis, les largesses qui doivent être faites au peuple, il affirmait qu’il fallait les accomplir quand le peuple les réclame : si postulatur a populo, et s’en acquitter suivant ses moyens, comme il l’avait fait lui-même : faciendum est, modo pro facultatibus – nos ipsi ut fecimus – (Off., II, 17, 58). Le don de blé sicilien a certainement élargi ses facultates, d’autant plus que les Siciliens ont eux-mêmes organisé le transport de ce blé jusqu’à Rome. Ils ont ainsi manifesté leur reconnaissance à l’égard de Cicéron pour la manière dont il avait pris la défense de leur île contre Verrès, après y avoir exercé sa questure d’une manière exemplaire. Nous pourrions considérer ce cadeau comme une atteinte à la lex Cincia, qui interdisait de rémunérer les services d’un avocat18, mais nous pouvons aussi nous intéresser à des manifestations parallèles de bienfaisance adressées à des Romains par des individus ou des collectivités qui leur sont attachées par des liens de patronage. Par l’accusation qu’il a accepté de mener contre Verrès, Cicéron est devenu le patron de toute la Sicile19, mais il est aussi, à titre individuel, le patron de nombreux Siciliens. Sur vingt-quatre hôtes de Cicéron connus, dix sont Siciliens. Sept de ces personnages bénéficient de lettres de recommandation, mais nous connaissons aussi onze autres commendati liés à la Sicile, parmi lesquels le fameux C. Avianius Flaccus de Pouzzoles, spécialisé dans le transport du blé20.
12En outre, Cicéron s’était montré, lors de sa questure, un administrateur parfait : in omni officio diligentissimus (Plane., XXVI, 64). Il affirme que c’est alors qu’il s’était constitué chez les Siciliens une réserve de gratia, tous les Siciliens estimaient qu’à l’issue de saquesture ils s’étaient pourvu avec lui d’un solide moyen d’appuyer leurs intérêts à Rome : tum non nullum etiam in me praesidium suis fortunis constitutum esse arbitrarentur21. Ceux-ci avaient alors déjà cherché à lui accorder les plus grands honneurs pour le remercier (Plut., Cic., 6, 1) :
13“ϒστερον δὲ τῆς ἐπιμελείας καὶ δικαιοσύνης καὶ πραότητος αὐτοῦ πεīραν λαμβάνοντες, ὡς οὐδένα των πώποθ’ ἡγεμόνων ἐτίμησαν.
14« Ensuite, quand ils eurent éprouvé son zèle, son équité et sa douceur, ils l’honorèrent plus qu’ils n’avaient fait jusque là pour aucun magistrat ».
15En accomplissant en 75 une mission difficile d’achats forcés, le questeur de Li ly bée avait su se montrer courtois avec les négociants, juste avec les marchands, libéral à l’égard de ceux qui se chargent du transport du blé, scrupuleux avec les alliés : negotiatoribus comis, mercatoribus iustus, mancipibus liberalis, sociis abstinens22.
16Le don de blé sicilien à Cicéron pourrait être la dernière manifestation connue d’une pratique répandue à l’époque hellénistique. L’envoi de céréales, ainsi que d’autres cadeaux, permettait de manifester des relations d’amitié entre les souverains et les cités hellénistiques23, mais aussi de concrétiser des liens de dépendance à l’égard de Rome. Le geste d’hommage à l’égard de Cicéron doit être mis en relation avec l’expression de la reconnaissance de la communauté des Siciliens, agissant dans la tradition d’une forme d’évergétisme international. La Sicile indépendante avait, pendant très longtemps, par l’intermédiaire de Hiéron II, contribué à l’approvisionnement de Rome. Les dons de céréales effectués par ce souverain, qui avait ainsi entretenu d’excellentes relations avec les Romains, avaient été si nombreux et si efficaces au moment des guerres romaines, que, selon Tite-Live, Hiéron II était considéré comme l’unicum subsidium populi Romani24.
17Il faut remonter au début du IIe siècle av. J. -C. pour retrouver un exemple de libéralité qui soit à la fois proche de celle de Hiéron II à l’égard de Rome et proche de la manifestation de reconnaissance des Siciliens envers Cicéron. En 196 av. J. -C., les deux édiles curules, M. Fulvius Nobilior et C. Flaminius, distribuèrent au peuple un million de modii de triticum au prix de deux as le modius. Nous en connaissons exceptionnellement l’origine. Le blé avait été amené de Sicile-il n’y avait donc pas de frais de transport à la charge des édiles-et il avait été offert par les Siciliens comme une marque de respect pour C. Flaminius lui-même et pour son père25. C. Flaminius devint préteur en 193 et consul en 187. Sa questure en 209 avait, selon Tite-Live, permis de remarquer les qualités d’humanité du jeune homme à l’égard des otages qui lui furent confiés par Scipion à Carthagène. Sa carrière postérieure ne l’entraîna pas davantage en Sicile où le souvenir de son père était pourtant resté présent. Son père, C. Flaminius, avait été préteur en Sicile en 227 av. J. -C.26, mais les chercheurs mettent plus volontiers l’accent sur la carrière de C. Flaminius, réformateur populaire, que sur celle de C. Flaminius, gouverneur de la partie de la Sicile devenue romaine. C’est habituellement à M. Valerius Laevinus qu’il est de tradition de faire remonter l’organisation administrative de la Sicile puisque c’est lui qui, en 210, institua le gouvernement romain sur la totalité de l’île. Il se peut que l’action bienfaisante de C. Flaminius en Sicile ait été totalement occultée par la suite, mais que le souvenir de son œuvre soit resté présent chez tous les Siciliens, non seulement dans la partie déjà romaine à Γ époque de sa préture, mais aussi dans l’ancien royaume de Hiéron II27. Un texte paraît intéressant sur ce point ; il mentionne l’affliction manifestée par le roi Hiéron II après l’annonce de la défaite de Trasimène et de la mort du consul C. Flaminius : « la nouvelle de la mort du consul Flaminius et du désastre de son armée avait causé une si vive peine à Hiéron qu’il n’aurait pas pu être plus affligé d’un malheur qui eut frappé sa personne et son royaume ». A cette occasion, Hiéron fit d’ailleurs un nouveau don à Rome (T. -L., XXII, 37).
18Peu de représentants du pouvoir romain ont été honorés comme le fils de C. Flaminius l’a été en 196. Cet exemple montre que les formes de l’attachement personnel sont transmissibles. Un autre exemple le confirme ; il concerne un don exceptionnel de blé fait à un magistrat romain pour qu’il puisse réaliser une distribution dans l’exercice de ses fonctions. Ue magistrat n’est pas un édile, mais un questeur qui doit obtenir une aide alimentaire pour nourrir ses troupes. Le geste d’évergétisme n’est pas dû à une collectivité, mais à un souverain. Au cadeau du blé accompli par déférence à l’égard du magistrat s’ajoute la prise en charge du transport vers le lieu où il a été distribué. En 126 av. J. -C., Caius Gracchus devint préteur de Sardaigne. Les rigueurs de l’hiver étaient telles que les troupes romaines avaient besoin de vêtements et de nourriture. C. Gracchus y pourvut d’une manière que le Sénat romain n’apprécia guère, car les sénateurs le soupçonnèrent alors déjà de vouloir acquérir une excessive popularité. Il visita les villes de Sardaigne et les convainquit de donner des vêtements aux légionnaires et distribua le blé que le roi Micipsa, pour faire une faveur à C. Gracchus, lui avait envoyé :
19Kαὶ πρώτον μὲν ἐκ Λιβύης παρὰ Μικίψα τοῡ βασιλέως πρέσβεις παραγενομένους καὶ λέγοντας ὡς ὁ βασιλεὺς χάριτι Γαίου Γράγχου πέμψειεν εἰς Σαρδόνα σιτον τώ στρατηγώ δυσχεραίνοντες ἐξέβαλον28.
20« En premier lieu, des ambassadeurs venus de Libye, d’auprès du roi Micipsa, étant arrivés à Rome et disant que le roi, par égard pour C. Gracchus, envoyait du blé en Sardaigne au général, le Sénat en fut si mécontent qu’il les congédia ».
21Plutarque n’explique pas que l’attachement du roi de Numidie à l’égard de C. Gracchus était un lien dont l’origine était très ancienne. C. Gracchus est le petit-fils de Scipion l’Africain et Micipsa est le fils du roi Massinissa dont la fidélité à Rome est aussi remarquable que celle de son père. Celui-ci était engagé personnellement à l’égard du conquérant de Carthage. Sa fides et sa pietas à l’égard de Scipion et de sa famille sont des exempta cités par Valère Maxime29 qui ajoute même qu’avant de mourir, Massinissa conseilla à ses fils de ne reconnaître dans le monde que le peuple romain et, dans le peuple romain, que la famille des Scipions30. La libéralité de Micipsa à l’égard de C. Gracchus n’est donc que la continuation de la politique de Massinissa31. Cet acte de circonstance, associé à une manifestation d’allégeance symbolique, est comparable au geste accompli par les Siciliens, clients de Cicéron, lors de son édilité.
22Il est possible de se demander enfin qui, dans le cas de Cicéron, est à l’origine d’une décision d’une si grande portée ainsi que de son financement. Nous remarquerons d’abord qu’il est surprenant qu’en 69 av. J. -C. la Sicile ait pu disposer de surplus destinés à être envoyés à Rome. L’enquête que Cicéron avait menée pour établir le dossier d’accusation de Verrès porte de multiples témoignages de la mauvaise administration de celui-ci et de la ruine de la province pendant les trois années de son gouvernement. Sa description de la Sicile est celle d’un pays qui a été le théâtre d’une longue guerre. Cicéron accuse Verrès d’avoir fait déserter les terres arables et abandonner les demeures paternelles. Pour noircir ce tableau aux yeux du public romain, il cite les noms des terroirs les plus riches qui sont alors en friche (Cic., 2 Verr., III, 47 et 43) et, surtout, il donne lecture d’une lettre du futur gouverneur, L. Caecilius Metellus. Par prudence, celui-ci a voulu écrire de Rome aux Siciliens avant le temps des semailles pour obtenir que les cultivateurs ensemencent à nouveau leurs terres, mais l’ensemencement n’a été nulle part comparable à celui d’autrefois (Cic., 2 Verr., III, 44-46). Nous n’avons pas d’autre renseignement sur ce point important32. En revanche, l’action commune des cités de Sicile peut être évoquée pour expliquer l’allusion à la décision des Siciliens d’envoyer du blé à Rome pour honorer Cicéron. Une intervention commune des délégations des cités de Sicile avait permis le procès de Verrès : omnium civitatium totius Siciliae legationes adsunt (Cic., Div. in Caec., IV, 14). Celles-ci avaient officiellement porté un témoignage contre lui, le premier qui ait jamais été prononcé ainsi : in neminem civitates ante hunc testimonium publice dixerunt (2Verr., II, 9).
23Ces textes et beaucoup d’autres extraits des Verrines montrent qu’existait alors en Sicile une assemblée fédérative, le commune Siciliae, héritier du koinon hellénistique. H. Madvig l’affirmait déjà en 1883 : « dès l’époque républicaine, on voit des villes d’une même province envoyer des délégués à des réunions convoquées pour délibérer sur les honneurs à rendre en commun à des gouverneurs romains… Les honneurs ainsi décernés au gouverneur étaient considérés comme offerts par l’ensemble de la province. C’est en ce sens qu’on parle du commune Siciliae »33. Le commune Siciliae, assemblée délibérative composée de legationes de toutes les cités (dans les Verrines, Cicéron parle de legationes universae ou de legationes omnium civitatium : 2 Verr., II, 10 et 146 ; Div. in Caec., IV, 14), agit collectivement en s’adressant à Rome. Nous voyons ces legationes sup- plieplier Cicéron d’agir, en fonction de la fides qui l’unissait aux Siciliens, pour diriger l’accusation contre Verrès, mais aussi présenter des requêtes aux consuls, solliciter l’intervention des patrons traditionnels de la Sicile, élaborer des demandes destinées au gouverneur en exercice, ainsi qu’à celui qui avait été désigné par le sort pour lui succéder34.
24Mais le commune Siciliae est aussi un organisme de financement alimenté par l’argent des cités. Il apparaît d’ailleurs qu’il peut être mobilisé, et même par la contrainte, par le gouverneur romain. Les habitants d’une ville comme Syracuse sont, par exemple, appelés à contribuer à la caisse commune de toutes les cités qui va financer l’érection de statues en l’honneur du gouverneur Verrès : ut idem pro parte in commune Siciliae conferrent, etiam id contulerunt (2 Verr., II, 145). A deux reprises, Cicéron signale qu’il a pu lire des inscriptions faisant mention du commune Siciliae sur des bases de statues consacrées à Verrès à Rome : cui stcituae stant inauratae a communi Siciliae, quem ad modum inscriptum videmus, et encore : haie etiam Romae videmus in basi statuarum maximis litteris incisum, a communi Siciliae datas (2 Verr., II, 114 et 2 Verr., II, 154). Cicéron ironise aussi sur les raisons qu’auraient eu les cités siciliennes de choisir Verrès comme patron (il a même vu le mot grec ΣΩΤΗΡ inscrit sur une base de statue de Verrès à Syracuse)35. Il est possible que le commune Siciliae ait décidé, sur l’ordre de Verrès, de célébrer des fêtes, les Verria en son honneur36. Le commune Siciliae aurait pu aussi proposer d’attribuer à Cicéron les plus grandes récompenses à l’issue de sa questure, assurer le financement des cadeaux destinés à son édilité ainsi que la prise en charge du transport des céréales offertes vers Rome, toutes ces initiatives étant héritées des pratiques hellénistiques marquant la reconnaissance.
25En conclusion de l’étude du seul cas de libéralité privée dont nous connaissions l’origine au Ier siècle av. J. -C., la question de l’importance des liens personnels dans l’approvisionnement de Rome en blé doit être posée. Selon la tradition, son histoire commence avec Spurius Maelius, le premier Romain à faire venir du blé d’Etrurie à Rome grâce à l’aide de ses hôtes et de ses clients (T. -L., IV. 12 sq. et Denys d’Halicarnasse, XII. 1 sq.).·Plus proche de Cicéron, l’épisode d’un Q. Caecilius Metellus, connu grâce à une inscription récemment découverte à Larissa, présente, à la fin du IIe siècle av. J. -C.37, quelques parallèles mais aussi de notables différences. Lors d’une période difficile pour l’approvisionnement de Rome en blé, sur la date exacte de laquelle on hésite (sans doute 129)38, un édile, Q. Caecilius Metellus, fils de Quintus, vint à Larissa solliciter le koinon des Thessaliens pour organiser une collecte et un transport de blé vers Rome. Le koinon sollicité décide de contribuer, alors que le commune Siciliae était intervenu spontanément en faveur de Cicéron. Le koinon concède du blé en reconnaissance de l’action accomplie par la famille de l’édile à son égard ; on se souvient de l’intervention de Q. Caecilius Metellus en 186, qui, à la tête d’une commission de trois sénateurs romains, vint rétablir les limites territoriales de la Thessalie, victime des empiétements de Philippe V de Macédoine39. Le lien de patronage est alors hérité tandis que le commune Siciliae fait un don en l’honneur de Cicéron, devenu, par ses mérites, patron de la Sicile. En dépit de leurs différences, ces exemples nous suggèrent un examen attentif des sources concernant l’aire d’activité des édiles, le cercle de leurs relations, les formes de patronage utilisées dans l’accomplissement de leur tâche d’approvisionnement au service de la collectivité civique.
Discussion
26A. GARA : Si è fatto cenno più volte in questi giorni del l’iscrizione di Larissa, ed oggi ne ha parlato la prof.ssa Deniaux. Io mi sono sempre posta il problema di che cos’è questo atto, problema che è stato affrontato ma non risolto dagli editori, nonostante l’ottima edizionee commento del testo. Io penso che possa trattarsi, sotto il profilo formale, di un contratto di vendita, ο meglio di compravendita, cioè : acquisto da parte dei Romani di una partita di grano acquistata in Tessaglia. Però un contratto di vendita secondo me estremamente particolare, perché non c’è il prezzo, non viene definito né per unità di misura né per il carico totale, anzi si tratta di più carichi che dovranno essere inviati a Roma in tempi successivi. Il problema importante è che però questo grano, a un certo punto, andrà sul mercato, perché, dal momento che Cecilie) Metello non ha i mezzi navali per il trasporto a Roma com’è specificato nell’iscrizione, il koinón dei Tessali effettuerà il trasporto a sue spese con l’esplicita clausola che potrà rientrare di queste spese alla vendita del grano nell’urbe. Ritengo quindi che si tratti sostanzialmente di un contratto di compravendita, però di tipo particolare visto che il prezzo non è indicato,e soprattutto visto che non è indicato chi l’acquista : è evidente secondo me che non è Tedile Cecilio Metello ad acquistarlo. Questo grano verrà venduto a Roma, non come pensavano in una prima ipotesi gli editori, collocando la data del contratto intorno al 148, per favorire degli stoccaggi di derrate alimentari a scopo, diciamo così, militare ; ma visto che la data è stata abbassata al 129 perché è stato identificato il magistrato tessalo, il motivo preciso non può essere individuato. Chiaramente, però, si tratta di dare una mano al ravitaillement de Rome, direi, quindi perfettamente in sintonia con questo Convegno. Io penso, perciò, che sia una sorta di frumentum — non saprei come dire — imperatum che Roma riesce ad acquisire dalla Tessaglia straordinariamente, perché il periodo dell’anno in cui i carichi devono partire dalla Tessaglia per Roma, è un periodo immediatamente a ridosso di quello che precede il raccolto, il che vuol dire che questo grano viene attinto dalle scorte dei Tessali, che non necessariamente ne dovevano avere enorme abbondanza. È il tipo di rapporto politico che c’è in questo periodo tra Romae la Tessaglia che consente l’attuazione di questo contratto,e vedrei la figura del Cecilio Metello (edile,e quindi indubbiamente con incarichi del tipo dell’approvigionamento granario anche in questa situazione), inquadrata meglio, più che nell’esempio, diciamo, ciceroniano, posteriore, in quell’insieme di rapporti diplomatici, di professionisti della diplomazia, che vediamo attuati già nel IIIe poi nel II sec. a. C. tra Romae l’Oriente, Greciae Asia Minore, che sono stati studiati da Clemente, la esistenza dei quali è negata da Gruhen però, secondo me, su basi molto deboli, come ad esempio ha dimostrato Gabba nella recensione al libro di Gruhen. Cioè, la funzione di Cecilio Metello per me è essenzialmente di tipo diplomatico : rapporti personali, naturalmente, della sua famiglia con quest’area ; ma non lo vedo tanto come, diciamo, evergeta di questa fornitura di grano, che invece ha connotati più strettamente semi-fiscali, direi.
27M. CHRISTOL : Je voudrais faire une série d’observations dans un domaine un peu différent de celui qu’Elisabeth Dentaux a envisagé, mais, en tout cas, à partir des observations qu’elle nous a présentées sur le cadre institutionnel de ces distributions, lorsqu’elle a montré de façon très éclairante qu’il y avait assez peu de place pour des initiatives privées qui seraient marginales par rapport au fonctionnement normal de la vie politique. Je voudrais donc intervenir à propos des mentions de ravitaillement dans les cités tant d’Italie que de province à l’époque du Haut-Empire, c’est-à-dire en me plaçant non dans le cadre romain, mais dans le cadre municipal. On aurait trop tendance, peut-être, à opposer d’une part les activités régulières d’approvisionnement qui sont sous la surveillance des édiles — et le rappellent les lois municipales –, d’autre part des actes d’évergétisme qui sont mentionnés par des inscriptions ; et on aurait trop tendance à opposer les pratiques ordinaires aux pratiques des évergètes qui seraient non pas extraordinaires mais, peut-on dire, marginales ou extravagantes. Il me semble que l’on doit penser que ces pratiques exceptionnelles s’insèrent en général dans le cadre naturel des institutions municipales, et dans le fonctionnement normal de la vie municipale. D’abord parce que, dans un certain nombre de cas, on sait que l’évergétisme accompagne la gestion d’une charge. Mais on peut penser que, même s’il n’y a pas mention d’une charge précise, ces actes de munificence s’insèrent sans aucun problème dans le fonctionnement d’une vie municipale dominée par l’ordo des décurions. Et ce qui me le fait penser c’est que dans la plupart des cas, et je crois même dans la totalité des cas, il s’agit d’évergétisme mentionné dans un hommage public, c’est-à-dire mentionné sur une base de statue, qui ne peut être érigée en un lieu public que s’il y a un décret des décurions, donc un décret des autorités qui contrôlent la cité. Je crois ainsi que l’on peut passer du cas romain, républicain, qu’a analysé E. Deniaux, aux situations que l’on trouve dans les municipes ou colonies d’Italie ou de province à l’époque impériale.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Badian 1958 : BADIAN (E.), Foreign Clientelae. Oxford, 1958.
Basiez 1987 : Β ASLEZ (M. Fr.), VIAL (Cl.), La diplomatie de Délos dans le premier tiers du IIe siècle. BCH, 111. 1, 1987,281-312.
Bayet 1926 : BAYET (J.), Aux origines de l’Hercule romain. Paris, 1926 (BEFAR. 132).
Brunt 1980 : BRUNT (P. Α.), Patronage and politics in the Verrines. Chiron, X, 1980, 273-289.
Caltabiano 1976 : CALTABIANO (M.), Motivi polemici nella tradizione storiograficarelativaaC. Flaminio. ContrilstStorAntUnivSacroCuore, IV. 1976, 102-1 17.
Camps 1960 : CAMPS (G.), Aux origines de la Berbérie, Massinissa ou les débuts de l’histoire. Libyca, VIII. 1960.
Carcopino 1914 : CARCOPINO (J.), La loi de Hiéron et les Romains. Paris, 1914.
Carcopino 1947 : CARCOPINO (J.), Les secrets de la Correspondance de Cicéron. Paris, 1947.
Cardinali 1906 : CARDINALI (G.), Frumentatio. In : Dizionario Epigrafico di antichità romane. III. Rome, 1906, col. 225-315.
10.2307/283474 :Casson 1954 : CASSON (L.), The grain trade of the hellenistic world. TAPhA, 85, 1954, 168-187.
Deininger 1965 : DEININGER (J.). Die Provinziallandtage der römischen Kaizerzeit von Augustus bis zum Ende des dritten Jahr. n. Chr. München, 1965.
Deniaux 1987 : DENIAUX (E.), De l’ambitio à l’ambitus, les lieux de la propagande et de la corruption électorale à la fin de la République. In : L’Urbs, espace urbain et histoire (Ier s. av.J. -C. -IIIe s. ap. J. -C.). Actes du colloque intern, de Rome (1985). Rome, 1987 (Coll. EFR, 98), 279-304.
Deniaux 1987-1989 : DENIAUX (E.), SCHMITT-PANTEL (P.), La relation patron-client en Grèce et à Rome. Opus, 6-8, 1987-1989. 147-163.
De Sensi 1975 : DE SENSI SESTITO (G.), Relazioni commercialie politica finanziaria di Gerone II. Helikon, 15-16, 1975-1976, 187-252.
Eckstein 1980 : ECKSTEIN (A. M.), Unicum subsidiumpopuli Romani. Hiero II and Rome 263 B. C. -215 B. C. Chiron, X. 1980, 183-204.
Engelmann 1989 : ENGELMANN (H.), KNIBBE (D.) (dir.), Das Zollgesetz der Provinz Asia. Eine neue Inschrift aus Ephesos. Epigraphica Anatolica, XIV, 1989.
10.2307/j.ctv1r07g2v :Garnsey 1983 : GARNSEY (P.), Famine in Rome. In : Trade and famine in classical antiquity (Ed. P. Garnsey et C. R. Whittaker). Cambridge. 1983, 56-65.
Garnsey 1984 : GARNSEY (P.), GALLANT (T.), RATHBONE (D.), Thessaly and the grain supply of Rome during the second century B. C. JRS, 74. 1984, 30-44.
10.2307/300649 :Garnsey 1985 : GARNSEY (P.), RATHBONE (D.), The background to the grain law of Gaius Gracchus. JRS, 75. 1985, 20-25.
Garnsey 1988 : GARNSEY (P.), Famine and food supply in the Graeco-Roman world. Responses to risk and crisis. Cambridge, 1988.
Gauthier 1988 : GAUTHIER (Ph.). Sur le don de grain numide à Délos : un pseudo-Rhodien dans les comptes des hiéropes. In : Comptes et inventaires dans la cité grecque. Actes du colloque intern, d’épigraphie de Neuchâtel (1986). Genève, 1988 (Recueils de trav. publ. par la Fac. des Lettres Univ. de Neuchâtel, XL), 61-69.
10.1525/9780520342033 :Gruen 1974 : GRUEN (E. S.), The last generation of the Roman Republic. Berkeley, 1974.
Holm 1898 : HOLM (Α.), Geschichte Siziliens. III. Leipzig, 1898.
Jardé 1925 : JARDE (A.), Les céréales dans l’Antiquité grecque. 1, La production. Paris, 1925 (BEFAR. 130).
Klein 1878 : KLEIN (J.), Die Verwaltungsbeamten Provinzendesröm. Reichesbisauf Diocletian. I. 1. Sizilien und Sardinien. Bonn, 1878.
Madvig 1883 : MADVIG (H.), L’état romain, sa constitution et son administration. Paris, 1883.
MRR : Broughton (T. R. S.), The Magistrates of the Roman Republic. I. 509 B. C. -100 B. C. New-York, 1951 ; II. 99 B. C. -31 B. C., New-York, 1952 ; Suppl., New-York, I960 ; III. Suppl., Atlanta, 1986 (The Amer. Philolog. Assoc.. Philolog. Monogr., 15).
Nicols 1981 : NICOLS (J.), The Caecilii Metelli, patroni Siciliae? Historia, 30, 1981, 238-240.
Nicolet 1966-1974 : NICOLET (C), L’ordre équestre à l’époque républicaine (312-43 av. J. -C.). I. Définitions juridiques et structures sociales. Paris, 1966 ; II. Prosopographie des chevaliers romains. Paris, 1974 (BEFAR, 207).
Nicolet 1990 : NICOLET (C.), A propos du règlement douanier d’Asie : dèmosiôna et les prétendus Quinque publica Asiae. CRAI, 3, 1990, 675-698.
Nicolet 1991 : NICOLET (C.), Le monumentimi Ephesenum et les dîmes d’Asie. BCH, 115. 1. 1991. 465-480.
10.1524/phil.1965.109.14.75 :Perl 1965 : PERL (G.), Die Rede Cottas in Sallusts Historien. Philologus, 109. 1965, 75-82.
Pinzone 1973 : PINZONE(Α.), Maiorum Sapientia et lex Hieronica : Roma e l’organizzazione della provincia Sicilia da Gaio Flaminio a Cicerone. Atti Accad. Peloritaiui dei Pericolanti, 55, 1973.
Reduzzi Merola 1984 : REDUZZI MEROLA (F.), Leges frumentariae. Da Gaio Gracco a Publio Clodio. In : Sodalitas. Scritti in onore di A. Guarino. II. Naples, 1984, 533-559.
Rickman 1980 : RICKMAN (G.), The corn supply of ancient Rome. Oxford, 1980.
Rienzi 1976 : RIENZI (C.), Brevi appunti storici esegetici sull’azione riformatoriadi G. Flaminio. ArchGiur, 191, 1976,29-51.
Rotondi 1966 : ROTONDI (G.), Leges publicae populi romani. Milano, 1912 (Réimp. 1966).
Scardigli 1979 : SCARDIGLI (B), Die Römerbiographien Plutarchs, ein Forschungbericht. München, 1979.
Scramuzza 1937 : SCRAMUZZA (V. M.), Roman Sicily. In : FRANK (T.), An economic survey of ancient Rome. III. Baltimore, 1937, 225-377.
Stein 1985 : STEIN (P.), Lex Cincia. Athenaeum, 1-2, 1985, 145-153.
Suolatiti 1963 : SUOLAHTI (J.), The Roman Censors, a study on social structure. Helsinki, 1963.
Syme 1955 : SYME (R.), Missing senators. Historia, 4, 1955, 52-71.
Taylor 1939 : TAYLOR (L. R.), Cicero’s aedileship. AJPh, 1939, 194-202.
Thompson 1953 : THOMPSON (H. A.), Athens and the Hellenistic Princes. ProcAmPhilosoSoc, 97, 1953,254-261.
10.14375/NP.9782020045070 :Veyne 1976 : VEYNE (P.), Le pain et le cirque. Paris, 1976.
Virlouvet 1985 : VIRLOUVET (C.), Famines et émeutes à Rome des origines de la République à la mort de Néron. Rome, 1985 (Coll. EFR, 87).
10.2307/297437 :Walsh 1965 : WALSH (P. G.), Massinissa. JRS, 55, 1965, 149-160.
10.1017/S0009838800008600 :Wiseman 1964 : WISEMAN (T. P.), Some Republican Senators and their tribes. ClassQuart, 14, 1964, 122-133.
Wiseman 1971 : WISEMAN (T. P.), New Men in the Roman Senate. Oxford, 1971.
Notes de bas de page
1 L’électeur est attiré lors d’une élection par les beneficia passés du candidat et l’espoir de bienfaits à venir, cf. Com. Pet., 21. Sur le succès d’une édilité, gage d’une victoire électorale future, cf. Deniaux 1987, 279-304 et Deniaux 1987-1989, 157. Je reviendrai plus longuement sur l’activité des édiles et le cercle de leurs relations.
2 Cf. 2 Verr., V, 36 ; cf. aussi Mur., XIX, 40 et Off., II, 17, 59 ainsi que Att., XII, 17 ; Pis., I, 2 ; Brut., 319 ; 2 Verr., I, 14 ; 2 Verr., I, 145 (autres références à l’édilité de Cicéron). Sur l’édilité de Cicéron, cf. Taylor 1939.
3 Sur les sources de Plutarque, cf. Scardigli 1979.
4 Sur les crises frumentaires à Rome, cf. Virlouvet 1985 ; Garnsey 1983 ; cf. aussi Rickman 1980, 166 sq. ; Gruen 1974, 384 sq., Garnsey 1988, 198 sq. pour l’étude de la crise et des réponses à la crise.
5 Cf. Sall., Hist., II, 45 M. Le consul, qui analyse les causes de la crise, appelle ses concitoyens à supporter l’adversité. Sur le discours de Cotta, cf. Perl 1965.
6 Cf. Cic., Planc., XXVI, 64: frumenti in summa caritate maximum numerum miseram.
7 Le Monumentimi Ephesenum est une copie du règlement des douanes d’Asie, complété à l’époque de Néron, dont l’origine est une lex locationis datant de 75 av. J. -C. (du consulat de L. Octavius et C. Aurelius Cotta), cf. Engelmann 1989, 206 ; cf. Nicolet 1990, 675-698 et Nicolet 1991, 465-480.
8 Sur la lex Terentia Cassia, cf. Rotondi 1966, 366 ; Cardinali 1906, 231 sq. ; Reduzzi Merola 1984, 550 ; Rickman 1980, 166 sq. ; Virlouvet 1985, 15, ainsi que sa communication à ce colloque.
9 Cf. Sall., Hist., III. 48, 19 M (résumé d’une partie de l’argumentation). Le discours de Lépide (78 av. J. -C.), rapporté par Sall., Hist., I, 55, 11 M, signalait que le peuple romain ne disposait même plus de l’alimentation qu’on donnait aux esclaves.
10 Plut., Crassus, 12, 3. A cette époque, Crassus voulait sans doute rivaliser avec Pompée, qui construisit un nouveau sanctuaire à Hercule. Sur la dîme à Hercule, cf. Bayet 1926, 326. Sur les repas publics et la dîme à Hercule, cf. aussi Veyne 1976, 473.
11 Cf. RE, II, 2, col. 2295, n° 32. Cn. Aufidius Orestes Aurelianus fut adopté summa senectute (Cic., De domo, XIII, 35). Sur son consulat, cf. Cic., Planc., XXI, 52 ; Gruen 1974, 126 ; sur sa preture, cf. Val. Max., VII, 7, 6. Ses relations familiales lui permirent d’atteindre le consulat, cf. Syme 1955, 55-56.
12 2 Verr., III, 215 : numquam tam grati his sesquimodii, Q. Hortensi, fuissent, quos tu cum ad mensurae tuae tam exiguam rationem populo Romano in capita discripsisses, gratissimum omnibus fecisti.
13 Son luxe est bien attesté, cf. Varron. RR, III, 17, 5-8 ; Pline, NH, IX, 170 ; X, 45 ; XXXV, 130.
14 Cf. Cic., Off., II, 17, 58 : quod in caritate asse modium populo dedit. Sur la distribution de Metellus, cf. Pline, NH, XVIII, 17.
15 Pline, NH, XVIII, 16 (il appelle alors ce personnage T. Seius).
16 Pline, NH, XV, 2. M. Seius assuma cette charge pendant toute une année.
17 Pline, NH, XVIII, 16. Avant même de marquer, par sa générosité, l’exercice de sa magistrature, M. Seius l’avait emporté sur un concurrent plus illustre, M. Pupius Pison, parce que celui-ci avait refusé de faire campagne (cf. Cic., Planc., V, 12 : se M. Seium, qui ne equestrem quidem splendorem incolumen a calamitate iudici retinere potuisset, homini nobilissimo, innocentissimo, eloquentissimo, M. Pisoni praetulisse). Cicéron nous apprend ainsi que ce M. Seius, décidément hors du commun, n’était qu’un eques Romanus qui n’avait pas su préserver sa dignité équestre à l’abri d’une condamnation en justice. Il avait, à un moment, perdu son titre de chevalier. Le procès qui l’avait mis en cause aurait dû avoir lieu avant 75, date de sa candidature à l’édilité, et, plus sûrement avant 78, puisque, très vraisemblablement, il avait dû à nouveau franchir l’étape de la questure. Ceci permet de suggérer qu’il ait pu faire partie des sénateurs syllaniens. Sur ce personnage, cf. Nicolet 1966, 219-220 et 586 ainsi que Nicolet 1974, 1015-1016, n° 316. La notice de Wiseman 1971, 259, n° 385, à son sujet, est brève ; son jugement est qualifié de « unspecified calamitas », p. 117 ; cependant T. P. Wiseman ajoute une hypothèse sur sa tribu, vraisemblablement l’Aemilia, cf. Wiseman 1964, 130. Beaucoup d’autres allusions de nos textes concernent un M. Seius, qui fut familiaris de Cicéron, cf. Fam., VII, 12, 1 (à Trebatius) et Fam., IX, 7, 1 (à Varron) et surtout ami d’Atticus ; il fut même (Att., V, 13, 12) l’objet d’une recommandation de Cicéron au gouverneur d’Asie, Q. Minucius Thermus. Pline cite, ΗΝ, X, 52, un eques Romanus qui, en 52 av. J. -C., aurait été le premier à avoir eu l’idée d’engraisser des oies pour en déguster le foie. Il semble difficile, mais non impossible, d’admettre que Pline ait appelé eques Romanus un homme qui aurait été édile vingt-deux ans plus tôt (la date est fournie par l’allusion à un Metellus Scipion, consularis vir (Q. Caecilius Metellus Pius Scipion Nasica, consul en 52) qui aurait pu aussi avoir le premier cette idée, cf. Nicolet 1974, 1016, n° 317. De toute façon, s’il existe un second M. Seius, celui-ci devait être extraordinairement riche et il se peut qu’il ait hérité de la fortune du M. Seius qui se montra si généreux à l’égard des Romains en 74. On peut identifier le M. Seius de Pline avec le M. Seius qui possède une villa sur le rivage d’Ostie, citée par Varron pour sa richesse ; M. Seius était en outre un éleveur habile qui se livrait à toutes sortes de spéculations, cf. Varron, RR, III, 2, 2-3 ; 7-8. La recommandation dont fit l’objet M. Seius en Asie suggère aussi peut-être des relations commerciales avec l’Orient, cf. par exemple CIL, I2, 2504 = ILLRP, 759, pour les Seii de Délos ; cf. Nicolet 1974, 1017.
18 Sur la lex Cincia de 214 av. J. -C., cf. Stein 1985. Carcopino 1947, 155 parle du « salaire en nature » que reçut Cicéron.
19 Le patronage sur l’ensemble de la provincia est exercé par la famille de celui qui a reçu la deditio in fidem des habitants de celle-ci, cf. Nicols 1981 ; mais d’autres exerçent aussi un patronage sur l’île, en particulier les représentants du pouvoir romain ; cf. aussi Brunt 1980. Cicéron n’utilise jamais, quand il parle de sa relation avec les Siciliens, l’expression de patronus, mais il parle de son patronicium, cf. Brut., 319 : cum igitur essem in plurimis causis… fere versatus, tum in patronicio Siciliensi maxime in certamen veni designatus aedilis cum designato consule Hortensio. En 44, il évoque sa clientèle sicilienne, Att., XIV, 12, 1 : scis quam diligam Siculos et quam illam clientelam honestam iudicem. Lors du procès de Verrès, Cicéron mentionnait que les Siciliens s’étaient confiés à sa fides, Div. in Caec., IV, 11 : adsunt, querentur Siculi universi ; ad meam fidem quam habent spectatam iam et cognitam, confugiunt.
20 Sur C. Avianius Flaccus, cf. Fam., XIII, 75. J’ai étudié dans ma thèse, Clientèles et pouvoir à l’époque de Cicéron, sous presse (Coll. E. F. R.), le patronage de Cicéron sur la Sicile et les Siciliens.
21 Div. in Caec., I, 2 : cum quaestor in Sicilia fuissem… itaque ex ea provincia decessissem ut Siculis omnibus iucundam diuturnamque memoriam quaesturae nominisque mei relinquerem, factum est uti cum summum in veteribus patroniciis multis, tum non nullum etiam in me praesidium suisfortunis constitutum esse arbitrarentur.
22 Cic., Planc., XXVI, 64. Sur les mancipes responsables du transport, cf. Rickman 1980, 41 et Nicolet 1991, 474.
23 Cf. Casson 1954 ; Jardé 1925 ; pour Athènes, Thompson 1953 ; pour Délos, par ex. Gauthier 1988. Les cités décernaient alors des honneurs coûteux en retour, cf., pour Délos, Basiez 1987, 284-293.
24 Cf. T. -L., XXV, 1. Sur les liens de Hiéron II avec Rome, cf. Eckstein 1980 ; De Sensi 1975.
25 Cf. T. -L., XXXIII, 42, 8 : eo anno aediles curules M. Fulvius Nobilior et C. Flaminius tritici deciens centena milia binis aeris populo discripserunt ; id C. Flamini honoris causa ipsius patrisque advexerant Siculi Romam : Flaminius gratiam eius communicaverat cum collega. L’expression honoris causa est associée à certaines pratiques de respect, par exemple un personnage illustre est nommé dans un discours honoris causa, cf. Cic., Cluent., XLII, 1 18 ; elle accompagne souvent les dédicaces de statues. Quand Cicéron s’interroge, dans les Verrines, sur la signification des statues équestres érigées à Rome près du temple de Vulcain en Γ honneur de Verrès, il fait cette remarque ironique à propos des aratores : si honoris causa statuam dederunt, inimici non sunt ; credamus testibus ; turn enim honori tuo, nunc iam religioni suae consulunt (2 Verr., 11, 150).
26 Cf. T. -L., XXVI, 49, 10. Sur ce C. Flaminius, cf. MRR, II, 565 et RE, VI, 2, col. 2502, n° 3 ; sur son père, cf. MRR, II, 565 et RE, VI, 2, col. 2496-2502, n° 2. Son père fut censeur en 220, cf. Suolahti 1963, 301-304, n° 107.
27 Sur l’action de C. Flaminius en Sicile, cf. Holm 1898, 617-618 ; Klein 1878, 11, n° 1, et, surtout, Pinzone 1973, 190-192 ; l’auteur montre que C. Flaminius a dû décider du statut des cités ainsi que de leur imposition frumentaire ; celle-ci, vraisemblablement calquée sur celle de Hiéron II, devait être relativement faible. Sur la loi de Hiéron, cf. Carcopino 1914. La description de l’œuvre de C. Flaminius, grand réformateur populaire de la fin du IIIe siècle, a souffert d’une tradition historiographique défavorable postérieure, cf. Caltabiano 1976 ; Rienzi 1976. Celui-ci conquit et organisa la mise en valeur agricole de la plaine du Pô à partir de 223 ; il est possible de suggérer qu’il a dû aussi mettre en œuvre une politique efficace d’exploitation de la partie de la Sicile devenue romaine. Cicéron, qui ne cite pas son nom, l’inclut sans doute parmi les ancêtres dont il loue la sagesse de l’administration à la tête de la Sicile, 2 Verr., III, 14 : videte nunc maiorum sapientiam, qui, cum Siciliam tam opportunum subsidium belli atque pacis ad rem publicam adiunxissent.
28 Cf. Plut., CGr, 2, 5. Il faut remarquer l’utilisation du mot grec χάρις dans ce texte ainsi que dans le texte qui concernait le don fait à Cicéron par les Siciliens, Plut., Cic., 8, 2. Le texte de Tite-Live mentionnant le cadeau offert à C. Flaminius utilisait l’expression honoris causa, cf. T. -L., XXXIII, 42, 8 et supra, note 25.
29 Cf. Val. Max., V, 2, 4 : constantissima fides et infatigabilis pietas.
30 Val. Max., V, 2, 4. : ille... praeceperat : “unum in terrispopulum Romanum, et unum in populo Romano Scipionis domum nosse”. Le royaume de Numidie est devenu l’allié des Romains au moment de la seconde guerre punique ; il avait reçu de Rome une grande partie du royaume de Scyphax et garda fidèlement le souvenir de ce don magnifique. L’origine de ce lien est à retrouver dans un pacte d’hospitium conclu par Scipion l’Africain et Massinissa, cf. T. -L., XXX, 14. Massinissa a favorisé par ses dons toutes les grandes expéditions militaires romaines du début du IIe siècle av. J. -C. Il avait l’habitude de fournir à Rome, et de faire transporter sur les champs d’opérations de la Méditerranée orientale, des subsides en blé et en orge. L’étendue des terres cultivables dont il disposait lui permettait d’offrir des quantités croissantes de céréales avant même Γ annexion d’une partie du territoire de Carthage ; sur ses domaines, cf. Camps 1960, 212 (commentaire du texte de Diodore, XXXII, 16-17) ; cf. aussi Walsh 1965, 149-160 et sur les dons de blé de ce roi à Rome, cf. Garnsey 1988, 183-185.
31 Sur la transmission du lien de clientèle, cf. Badian 1958, 181. Micipsa fournit par exemple aux Romains de l’infanterie et de la cavalerie lors du siège de Numance par Scipion Emilien. Ce corps de troupes était d’ailleurs conduit par Jugurtha. Satisfait de ses services, Scipion le recommanda à Micipsa qui l’adopta et l’éleva au niveau de ses fils dans l’héritage de son royaume, cf. Sall., Jug., VII et IX.
32 Nous savons cependant qu’il existait des mouvements de spéculation venant en partie au moins des provinciaux eux-mêmes. Quand il parle de la disette qui sévissait à Rome l’année de son exil, Cicéron (De domo, V, 1) mentionne que les provinces étaient en partie libres de choisir leurs destinataires ou le moment de vendre leurs céréales : frumentum provinciae frumentariae partim non habebant, parti m in alias terras — credo propter varietà te m venditorum—mise rant, partim, quo gratius esset turn cum in ipsa fame subvenissent, custodiis suis clausum continebant, ut sub novum mitterent. Rome acheta en Sicile des quantités exceptionnelles de blé à plusieurs reprises au Ier siècle av. J. -C., cf. Scramuzza 1937, 263.
33 Madvig 1883. 144. Sur le commune Siciliae, cf. Deininger 1965, 12-14.
34 2 Verr.. II, 10 : hoc consilio ab L. Metello legationes universae petiverunt ut quant primum isti succederei, hoc animo totiens apud patronos de suis miseriis deplorarunt, hoc commoti dolore postulata consulibus, quae non postulata sed in istum crimina videntur esse, ediderunt. Fecerunt etiam ut me, cuiusfidem continentiamque cognorant, prope de vitae meae statu dolore ac lacrimis suis deducerent ut ego istum accusarem.
35 2 Verr., Π, 154 : itaque eum non solum PATRONUM illius insulae, sed etiam ΣΩΤΗΡΑ inscriptum vidi Syracusis.
36 2Verr., II, 114 …. te, cuius nomine apud Siculos diesfesti aguntur etpraeclara illa Verria celebrantur ; et 2 Verr., II, 154 : huius nomine etiam dies festi agitantur, pulchra illa Verria, non quasi Marcellia, sed pro Marcellis quae illi istius sustulerunt.
37 La découverte de Larissa a été présentée pour la première fois en septembre 1982 à Athènes par C. J. Gallis, à la huitième conférence d’épigraphie grecque et latine. Sur le texte et son commentaire, cf. Garnsey 1984 ; cf. aussi Garnsey 1985, appendice, 25, et Garnsey 1988, 187.
38 Le décret du koinon thessalien se situe vraisemblablement avant que la loi de C. Gracchus n’amène une plus grande régularité dans l’approvisionnement de Rome en blé. Entre la chronologie haute, qui attribuait l’ambassade à Q. Caecilius Metellus Macedonicus (RE, III, 1, col. 1213-1216, n° 94), consul en 143, édile vers 152, et la chronologie basse, qui associait le décret de Larissa à l’époque de la seconde révolte servile en Sicile et à Γ édilité de Q. Caecilius Metellus Nepos (RE. III, 1, col. 1221 -1224, n° 98), consul en 98, édile vers 104, la date retenue le plus fréquemment est celle de l’édilité de Q. Caecilius Metellus Balearicus (RE, III, 1, col. 1207-1208, n° 82), consul en 123, édile vers 129 (à cause de la date des fonctions des stratèges du koinon inscrites sur deux autres décrets de la même pierre).
39 C’est le consul de 206 qui avait été choisi pour conduire l’ambassade (RE, III, l, col. 1206-1207, n° 81) sur laquelle cf. Polybe, XXII, 6 ; XXIII, 2, 7 et T. -L., XXXIX, 23, 5-29, 3.
Auteur
Université de Caen
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les bois sacrés
Actes du Colloque International (Naples 1989)
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
1993
Énergie hydraulique et machines élévatrices d'eau dans l'Antiquité
Jean-Pierre Brun et Jean-Luc Fiches (dir.)
2007
Euboica
L'Eubea e la presenza euboica in Calcidica e in Occidente
Bruno D'Agostino et Michel Bats (dir.)
1998
La vannerie dans l'Antiquité romaine
Les ateliers de vanniers et les vanneries de Pompéi, Herculanum et Oplontis
Magali Cullin-Mingaud
2010
Le ravitaillement en blé de Rome et des centres urbains des début de la République jusqu'au Haut Empire
Centre Jean Bérard (dir.)
1994
Sanctuaires et sources
Les sources documentaires et leurs limites dans la description des lieux de culte
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
2003
Héra. Images, espaces, cultes
Actes du Colloque International du Centre de Recherches Archéologiques de l’Université de Lille III et de l’Association P.R.A.C. Lille, 29-30 novembre 1993
Juliette de La Genière (dir.)
1997
Colloque « Velia et les Phocéens en Occident ». La céramique exposée
Ginette Di Vita Évrard (dir.)
1971