2. Sparte : prémisses à la recherche d’une agora oubliée
p. 41-61
Texte intégral
1Après Athènes, c’est au tour de Sparte, qui malheureusement n’a pas fait l’objet d’attentions adéquates, et qui est méconnue du point de vue archéologique. Après des années passées à étudier Athènes, l’intérêt pour Sparte a été pour moi instinctif, je crois naturel, pour soumettre à une comparaison l’histoire urbaine des deux villes, les deux skelê de la Grèce ancienne1. Je vous parlerai à présent de l’agora de Sparte, ainsi que de quelques réflexions qui émanent de la comparaison avec Athènes et son histoire ancienne et moderne.
2L’opposition entre les deux espaces publics d’une importance capitale est, au premier abord, incompréhensible. Pour comprendre, nous devons nous rapporter, forcément de manière sommaire, au cadre politique et culturel des débuts des années 1930, quand la fouille de l’Agora d’Athènes vient de commencer. L’École archéologique américaine était profondément convaincue que la fouille de l’Agora d’Athènes devait être utilisée, à côté d’autres considérations, pour enquêter sur le lieu premier de la démocratie, là où la démocratie même était née. De fait, le Kolônos agoraios fut pensé comme le lieu d’action des ancêtres de la démocratie américaine. Cet espace fut approprié par les « seuls authentiques héritiers » de la démocratie grecque, selon le point de vue, in primis, des « héritiers » eux-mêmes. Enfin, Athènes est Athènes, et les États-Unis en sont presque la réincarnation politique. Sparte, à ce moment précis, était sur le point de relever d’une définition opposée. Choisir de fouiller l’Agora d’Athènes fut le résultat direct des idéologies dominantes dans le milieu américain. Les objectifs attendus par la recherche, surtout dans la première moitié du xxe siècle, pas tout à fait innocents, sont attentivement examinés par N. Sakka2. L’historienne grecque met en évidence l’intérêt scientifique général et le désir américain d’explorer des sites aussi prestigieux que ceux fouillés par les Français (à Delphes) et les Allemands (à Olympie), ainsi que l’attraction fatale vers cette sorte d’omphalos de la démocratie, tel que devait l’être l’Agora athénienne dans l’imaginaire collectif.
3Pour préciser le rôle de Sparte, Gilbert Murray, le grand helléniste libéral, déclara qu’Athènes et la Grande Bretagne se trouvaient dans un camp opposé à celui de Sparte, cité qui aurait sacrifié sa plus ancienne culture – inclination pacifiste d’un peuple voué à l’agriculture – à la guerre et à l’efficience militaire. En outre, la similitude entre ce processus et celui du nazisme, qui justement en ces années commençait à manifester son visage brutal, ne peut être un hasard. La fouille du sanctuaire d’Artémis Orthia, menée par la British School at Athens entre 1906 et 1910 a offert les éléments de discussion pour prouver que la société lacédémonienne archaïque avait été radicalement changée. Les vestiges mis au jour témoignaient d’une grande richesse et variété pour l’époque archaïque, tandis que les objets des phases plus récentes furent moins abondants et furent interprétés comme le résultat du régime plus austère que nous rapportent les sources classiques3. Si nous pouvons tirer une conclusion sommaire de ce discours aléatoire, comme pour les Nazis de la première heure, Sparte était presque un modèle de société à cause de son refus du commerce et de sa prédilection pour l’agriculture ; pour la pensée libérale et démocrate, Sparte ne naît pas « nazie », mais le devient, spécialement dans l’historiographie sur l’époque classique et en même temps que le régime nazi évolue ; selon le point de vue des observateurs britanniques, c’est la Sparte de l’âge classique que l’on peut comparer de façon plus ponctuelle au nazisme.
4Tout de suite après, l’opposition avec Athènes devient si radicale et généralisée qu’elle peut, peut-être, expliquer pourquoi, pour avoir une idée de l’agora de Sparte, nous pouvons nous appuyer, exception faite de rares informations, sur le seul Pausanias, tandis que l’Agora d’Athènes a été quasi intégralement portée à la lumière. Je souhaite que ces observations sommaires soient un jour confortées par une étude approfondie concernant le climat intellectuel au sein duquel se développa, d’un côté bien consciemment, comme nous le savons, le choix de fouiller l’Agora d’Athènes. De même, il faut s’interroger sur l’attitude, germanique ou autre, à l’égard de Sparte, en dehors de l’intérêt pour les Doriens qui n’entraîna pas, toutefois, une attention particulière pour les monuments. De toute façon, étant donné que les temps, heureusement, ont changé, et depuis longtemps déjà, l’on peut souhaiter que l’agora de Sparte, pauvre innocente, une fois libérée de l’ostracisme (excommunication) dont elle a été la cible dans la première moitié du xxe siècle, soit finalement reportée à la lumière.
5Il ne devrait plus rester de doute, désormais, sur l’emplacement exact de l’agora des « Lacédémoniens qui habitent Sparte », comme le dit Pausanias, après les convaincantes recherches qui ont permis d’aller au-delà des hypothèses précédentes, décidément fausses4 (fig. 1). Pausanias (III, 11, 2) à la main, en nous servant des très rares points de repère provenant de quelques fouilles menées depuis la fin du xixe siècle, nous pouvons être certains que l’agora se trouve au nord de ce qu’on appelle « stoa romaine », qui en réalité n’est pas une stoa, mais un énorme soubassement à voûtes, qui soutient la terrasse d’au-dessus5. Il s’agit de la célèbre place de Sparte que, toujours selon le témoignage de Pausanias, nous devons imaginer pleine de traditions et de bâtiments publics, d’archeia, de temples et de statues ; seulement imaginer, parce que l’agora de Sparte a eu un destin bien différent de celui de sa célèbre homologue athénienne.
6Passons maintenant à ce que nous pouvons apprendre du terrain. Comme je l’ai dit précédemment, l’agora de Sparte reste complètement inexplorée, sous une oliveraie dense de la colline de Palaiokastro, à l’exception de deux édifices fouillés à des époques différentes, dont je tâcherai de déterminer les fonctions et le rapport qu’ils entretiennent avec l’espace qui les entoure. Il s’agit de l’« édifice circulaire » et de la partie méridionale d’une stoa.
L’édifice circulaire
7Fouillé par une mission américaine dirigée par C. Waldstein en 18926, le monument, qui doit son nom à sa forme, un cercle parfait, est bien connu depuis longtemps car publié peu de temps après sa découverte avec son matériel et les principales informations. Il s’agit d’un édifice circulaire de 43,30 m de diamètre dont le cercle extérieur est constitué de grands blocs en position horizontale destinés à soutenir les orthostates qui servaient d’analêmma pour sa plus grande partie, à l’est, au sud et partiellement à l’ouest (fig. 2-3). Là, sur la partie ouest, le cercle s’interrompt en raison d’une altération provoquée par la construction d’une petite église byzantine. Seuls sont conservés quelques éléments du tracé nord, là où le mur n’a plus la fonction d’analêmma, mais se transforme en une sorte de péribole.
8Au cours des années suivantes, l’édifice fut l’objet d’une attention intermittente. Dès le départ Waldstein défendit, contre Crosby, son identification du cercle avec l’oikodomêma peripheres que Pausanias (III, 12, 11) attribuait à Epiménide, le situant à brève distance de la Skias, et destiné à abriter les statues de Zeus et Aphrodite Olympiens7. Crosby au contraire, inaugurant la saison des interprétations improbables, préférait y voir le « retaining wall and base of the colossal statue of the demos » cité par Pausanias (III, 11, 10)8.
9Après un long intervalle, nous arrivons aux années 1960-70 avec les fouilles de Christou9 et celles de la mission anglaise dirigée par Waywell, qui de fait s’occupait de ce qu’on appelle « stoa romaine » touchant vers l’est le bâtiment dont nous parlons10. Christou explora l’intérieur du bâtiment circulaire à la recherche, entre autres, d’éléments architectoniques mis au jour, étudiés et publiés par Waldstein, à savoir une enfilade de pierres dessinant un cercle de plus de 16 m de diamètre, partageant le centre du cercle au millimètre près. Il n’en trouva pas trace (parce qu’après 70 ans elle était de nouveau sous terre), mais il découvrit les restes d’une petite canalisation en pierre de 7,15 m de long que Waldstein n’avait pas vue, toujours à l’intérieur de l’édifice, sur le versant sud-est. Christou publia un plan sans le péristyle circulaire de Waldstein, mais avec cette canalisation que Waldstein, de son côté, avait ignorée. Et c’est ce dernier plan, donné comme définitif, qui servit de base à toutes les hypothèses formulées ultérieurement.
10Pourtant ce péristyle, ignoré de tous, n’était pas une invention du savant américain, et Christou ne l’a pas trouvé parce que ses recherches n’ont pas suffisamment avancé. Il existe bel et bien, comme nous avons pu le démontrer au cours d’une simple campagne de nettoyage du monument, réalisée par l’Éphorie de Sparte en 2011, dirigée par A. Vasilogamvrou, à laquelle j’ai participé, avec la collaboration de O. Voza, V. Tosti, F. Luongo et L. Coluccia11. En somme, Waldstein avait trouvé la Skias et ne s’en était pas aperçu, même s’il s’était davantage approché de la solution que les exégètes postérieurs (fig. 4). Par rapport à la localisation, je renvoie à la belle étude de A. Baudini et à la photo aérienne que le chercheur a publiée dans son article12 qui montre clairement que l’édifice circulaire se trouve à l’extrémité sud-ouest de l’espace occupé par l’agora, près d’une issue qui devrait être la hetera exodos, l’autre sortie, indiquée par Pausanias (III, 12, 10). Auprès de cette seconde sortie (hetera exodos) de l’agora fut construite ce qu’on appelle « Skias », où, encore à l’époque du Periégète, se tenaient des réunions (ekklêsiazousin).
11La Skias est l’œuvre de Théodore de Samos. Pausanias nous informe que les Lacédémoniens avaient suspendu à l’intérieur la cithare de Timothée de Milet, auteur de l’ajout de quatre cordes supplémentaires aux sept traditionnelles. Près de la Skias (pros de tê Skiadi) on trouve l’oikodomêma peripheres avec les statues de Zeus et Aphrodite Olympiens. Dans le relevé effectué par O. Voza, la trace du second cercle est clairement visible, d’environ 17 m de diamètre, que déjà Frazer avait signalé, et que Robert ensuite avait correctement identifié avec l’oikodomêma en question13 (fig. 5-6).
12Toujours avec l’aide des données topographiques, examinons le second passage de Pausanias (III, 14, 1), dans lequel il affirme qu’allant de l’agora vers l’ouest on rencontre le cénotaphe de Brasidas, non loin du théâtre. Il est déjà possible de tirer quelques déductions des simples annotations ponctuelles du Périégète, mais il nous faut d’abord prendre conscience du rapport entre le mot Skias et son usage comme lieu d’assemblée sur le long terme. Les usages lexicaux sont suffisamment clairs pour confirmer la proximité, pour ne pas dire l’identification, de la Skias avec la Tholos, en raison de sa forme circulaire et de son toit en coupole conique14. Il est clair qu’un tel édifice, couvert, ne pouvait abriter les ekklêsiai dans le sens d’assemblées populaires, celles que Sparte tenait entre Babyka et Knakion (Plutarque, Lyc., 11). En effet, ces dénominations génériques renvoient à des lieux ouverts où se rassemblaient des milliers de personnes et non à un espace couvert. Cela nous permet d’éliminer l’idée que la Skias ait été un édifice aux proportions énormes, similaire à un cirque itinérant. Il s’ensuit que, quand Pausanias nous dit que dans la Skias se tenaient des assemblées (ekklêsiazousin), il devait forcément faire allusion à des sessions de peu de participants. Difficile de dire alors à quelle fonction cet édifice fut dédié. Le seul indice à notre disposition est la cithare de Timothée, qui pourrait suggérer un usage de cet espace lié à la tenue de concours ou encore aux performances à caractère musical. Mais si l’espace avait été ouvert où aurait-on pu suspendre cette cithare ?
13Revenons à la topographie : l’édifice circulaire fouillé par Waldstein se trouve exactement à l’extrémité sud-ouest du rectangle que nous identifions comme l’agora. De plus, il se situe près de deux passages bien clairement marqués, l’un vers le sud-ouest, et l’autre, qui sépare la stoa voisine de l’édifice circulaire, le seul à mener de l’agora à l’ouest vers le théâtre. En effet, si nous tenons compte du fait qu’une grande partie du côté ouest de l’agora est fermé par la stoa, notre passage, d’une largeur de 7,10 m entre la stoa et l’édifice circulaire, avec le mur est-ouest de la stoa qui, en plus de clore le portique au sud sert d’analêmma pour la rue, représente certainement la voie la plus facile pour se rendre de la place au théâtre et à l’acropole. Cette dernière, ensuite, se trouve de face, apantikry (Pausanias III, 14,13), par rapport à la summa cavea et non à la scène du théâtre, étant donné que les mnêmata de Pausanias et Léonidas cités ici étaient placés à l’entrée du sanctuaire d’Athéna Chalkioikos, lui-même situé sur la partie la plus élevée de l’acropole. Thucydide (I, 134, 4) dans le récit sur la fin de Pausanias, le vainqueur de Platées, affirme que la tombe, le taphos du « condottiere » spartiate, se trouve à l’entrée du temenos du sanctuaire d’Athéna Chalkioikos, comme le montraient les inscriptions sur les stêlai, ainsi que le suggérait également le fait que deux statues de bronze étaient consacrées à la déesse. Le Périégète, à propos de la tombe de Pausanias, emploie le terme mnêma (Pausanias III, 14, 1), et il me semble difficile de croire qu’il s’agit de deux choses distinctes.
14Lors de l’examen de l’édifice circulaire, trois sondages ont été ouverts sur la partie haute. Toutefois il s’agit plus de nettoyage que de fouille proprement dite, sur un monument exploré une centaine d’années auparavant, dans le but de vérifier par un relevé précis les relations géométriques internes et celles entretenues avec les structures les plus proches. Grâce à cette opération, deux éléments sont apparus et se sont avérés fondamentaux pour la compréhension de la structure tout entière. Le premier est une vaste cavité circulaire, pratiquée dans un banc de calcarénite, qui se place exactement au centre géométrique de la circonférence correspondant au mur externe d’analêmma. Le second élément est constitué de dalles de fondation disposées en rayons par rapport au système entier, avec une cannelure sur la face interne. La description de ces deux éléments nous permet d’avancer une tentative de restitution du complexe constitué par un mur d’analêmma circulaire et les structures sur sa partie haute. Le mur semi-circulaire atteindrait une hauteur de 4,95 m depuis la base jusqu’au niveau de circulation antique, auquel il faudrait ajouter la hauteur d’un probable parapet. Au centre de cet espace on trouve un péristyle circulaire composé de dalles servant de bases qui, compte tenu de l’intervalle entre elles, devaient déterminer un cercle avec 16 colonnes, certainement de bois. L’analêmma externe, la rotonde centrale avec son toit en ombrelle, l’espace entre les deux cercles, extérieur et intérieur, représentent les éléments dont nous disposons, à vrai dire assez ténus, pour définir la fonction de l’édifice, si nous voulons faire abstraction du texte de Pausanias.
15À part le nom, la forme circulaire et les dimensions presque identiques, l’édifice d’Athènes (Tholos/Skias), bien que construit à l’époque du philo-laconien Cimon15, n’a rien à voir avec le nôtre, car, dépourvu de péristyle, il est clos d’un mur continu. De plus, il était destiné au repas des prytanes, fonction que nous pouvons exclure pour la Skias spartiate. En ce qui concerne cette dernière, nous n’avons donc que la suggestion fournie par la cithare de Timothée qui renvoie à un usage corrélé aux performances musicales. Pouvons-nous faire l’hypothèse d’une « caisse harmonique » pour l’espace couvert par la coupole, tandis que celui ouvert entre la Skias et le mur extérieur serait destiné à accueillir le public venu assister aux spectacles musicaux ? F. Robert16 semble être, avec prudence, de cet avis : « la Skias servait à des auditions musicales » ; mais surtout le témoignage qu’il tire d’un passage de Tertullien (cité par A. Müller) est de grande importance pour nous : « primi Lacaedemonii odium (=odeum) paenulam ludis excogitaverunt... » (Apol. 6, 3). En somme, pour Tertullien, l’invention d’un lieu couvert pour chanter revient aux Spartiates, même si le polémiste chrétien l’attribue à la nécessité de se protéger des rigueurs de l’hiver plutôt qu’à un souci d’acoustique. Tout tourne autour de la signification du mot paenula, que certains considèrent comme un manteau pour se couvrir, mais qui doit certainement à l’inverse être compris comme une métaphore à mettre en rapport avec la couverture de l’odeum. Dans le cas contraire nous devrions admettre que les Lacédémoniens auraient inventé le manteau pour se protéger du froid lors des représentations hivernales, comme on peut lire par exemple dans l’édition Budé dans laquelle J.P. Waltzing traduit odium paenulae comme l’« odieuse paenule » !
16Il reste à la fin un indice, faible toutefois, rien de plus qu’une suggestion, celle du rapport entre la couverture d’un ôdeion et l’invention des Lacédémoniens que nous ne devons pas sous-évaluer ou rejeter a priori comme dénuée de fondement.
La Persikê Stoa
17Outre l’exploration de l’édifice circulaire dans lequel je propose de reconnaître la Skias, Christou mit au jour, à environ 30-40 m du cercle, le tracé remarquable d’un monument en belle élévation polygonale, facilement identifiable comme stoa. Le mur occidental de ce portique, d’une hauteur allant jusqu’à 4 m, court du nord au sud sur une longueur de 31 m. Toutefois son exploration est restée inachevée, parce que l’extrémité nord de la structure, déjà rendue difficile par les superpositions d’époque tardive, poursuit clairement son tracé sous la section créée par la fouille moderne (fig. 7).
18Au sud, le mur nord-ouest croise un autre mur à angle droit, toujours en appareil polygonal, d’une longueur de 15 m, qui ne s’arrête pas devant une double fondation en grands blocs (probablement le stylobate de la stoa qui était donc ouverte vers l’est), mais poursuit vers l’est, où il sert alors de terrassement pour la rue qui passe, à mon avis, au sud, et qui traverse la stoa du bâtiment circulaire précédemment étudié. À l’intérieur, l’espace est structuré par sept murs alignés et disposés à une distance régulière de 4,50 m (fig. 8). La découverte sur le sol dans la pièce méridionale de la statue de bronze d’un personnage féminin de la famille des Sévères, Julia Domna17, a attiré la majeure partie de l’intérêt du fouilleur qui ne s’est pas clairement exprimé sur la fonction de l’édifice et s’est contenté de considérations génériques sur la chronologie. De fait il n’existe aucun plan des structures mises au jour pour le moment.
19Je pense que l’on peut soutenir, même sous forme d’hypothèse, que l’édifice partiellement fouillé par Christou est la célèbre Persikê Stoa de l’agora de Sparte ; cette proposition n’est pas nouvelle, c’était déjà celle de Kourinou dans son travail sur la topographie de Sparte18, où elle se contente de proposer l’identification de l’édifice fouillé par Christou comme la Persikê sans fournir d’argumentation à l’appui de son hypothèse.
20Pour ma part, je chercherai à démontrer pourquoi notre édifice peut être identifié avec cette Persikê Stoa que Pausanias (III, 11, 3) admire et qu’il définit comme l’epiphanestaton de l’agora. En outre, le Périégète nous explique que le monument était nommé ainsi parce qu’il avait été érigé grâce au butin pris aux Perses. Il en souligne la riche décoration et note qu’il fut par la suite modifié jusqu’à devenir vaste et beau comme on pouvait en juger de son temps. L’observation de Pausanias sur la présence, au-dessus des colonnes, des portraits de Mardonios et d’Artémise enlève tout doute sur la chronologie : il s’agit du portique érigé après la victoire sur les Perses à Salamine (Artémise) et à Platées (Mardonios), et donc d’une époque de peu postérieure à 478 av. J.-C.
21Première question : l’édifice fouillé par Christou est-il compatible avec une datation du ve siècle av. J.-C. ? Une observation même sommaire tant des murs en appareil polygonal que de la partie haute en bel appareil d’orthostates disposées a chiave (fig. 9) (l’appareil polygonal est employé uniquement pour les murs porteurs) me porte à donner une réponse affirmative, même si je demanderais, par prudence, un relevé précis et quelques sondages stratigraphiques pour en avoir une complète certitude. J’aimerais surtout utiliser comme clé de lecture l’appareil polygonal choisi pour réaliser cet extraordinaire monument, mis en œuvre avec une extrême précision. La raison de cet intérêt pour le monument et sa technique vient de la comparaison spectaculaire avec une autre stoa « perse », celle des Athéniens à Delphes (fig. 10). À l’heure actuelle, la comparaison doit être effectuée à partir du monument delphien, qui suscite la discussion depuis plus d’un demi-siècle, lorsque P. Amandry commença de publier la série exemplaire des Fouilles de Delphes19.
22Si l’on récapitule les points essentiels de la question, on résume ainsi : Pausanias, après avoir décrit le thêsauros des Athéniens (X, 11, 5), construit avec le butin pris à ceux qui avaient débarqué à Marathon avec Datis, affirme (X, 11, 6) que les Athéniens érigèrent aussi la stoa. La recherche épigraphique a permis de corriger Pausanias qui fait référence, comme événement ayant mené à la construction du bâtiment, à la bataille navale gagnée par Phormion, lequel aurait dédié les rostres de navires et les boucliers de bronze pris à l’ennemi (kai ploiôn ta akra kosmêmata kai aspides chalkai). La bataille à laquelle prit part Phormion eut lieu en 429 av. J.-C., mais le monument est décidément plus ancien, d’un demi-siècle au moins, comme nous pouvons le déduire de la grande inscription (que Pausanias a dû mal comprendre car il l’a assimilée à celle sur le portique qui célébrait la victoire de Phormion, qui avait dédié à cet endroit rostres et boucliers). La grande inscription gravée sur le stylobate, par contre, rappelait que les Athéniens avaient érigé la stoa et y avaient suspendu les hopla et akroteria pris à l’ennemi. À l’issue d’une analyse poussée, P. Amandry en avait conclu, grâce précisément à l’inscription, que le portique devait être daté de 478 av. J.-C., et que les hopla en question étaient les cordages avec lesquels Xerxès avait bâti les ponts sur l’Hellespont et que les Athéniens conduits par Xanthippe (le père de Périclès) avaient pris comme butin à Sestos et dédiés aux sanctuaires grecs. L’interprétation de P. Amandry a suscité des appréciations admiratives autant que de nets refus20. Amandry a soutenu que, comme on le sait, il y eut aussi à Marathon une bataille navale, même sous forme limitée, dans laquelle le frère d’Eschyle, Cynégire, perdit la vie, et qui coûta de leur côté aux Perses la perte de sept navires. Amandry fit remarquer, en passant, que le nombre de navires coïncide avec celui des colonnes de la stoa de Delphes, nombre qui pourrait correspondre aux akrothinia pris aux Mèdes sur la plage de Marathon. L’hypothèse est fascinante, même si elle reste indémontrable dans l’état actuel des recherches, bien que les takroteria de l’inscription doivent nécessairement faire référence à des proues de navires.
23Reprenons la séquence des faits. Comme on le sait, le temple d’Apollon à Delphes fut reconstruit par les Alcméonides après l’incendie de 548 av. J.-C., entre 514 et 504 av. J.-C. (fig. 11). La terrasse avec le célèbre mur en appareil polygonal, aux blocs de calcaire finement travaillés, fut réalisée au même moment, en parfaite cohérence avec la mode de l’époque, quand l’élégance du polygonal était à son akmê, que ce soit sur le continent grec ou en Asie mineure (et personne ne pourrait nier l’extrême élégance du polygonal de la stoa athénienne à Delphes). Un quart de siècle plus tard (25 années si nous datons la stoa d’après Marathon, 35 ou 37 après Platées et Sestos), les Athéniens utilisèrent une partie du mur du fond (environ 27 m sur les 84 m d’est en ouest) pour ériger leur célèbre portique (d’une profondeur d’à peine 3,10 m). Faisant abstraction de la chronologie, la stoa eut une fonction bien précise, aussi bien dès sa première édification que par la suite, comme en témoigne la dédicace de Phormion, vue par Pausanias : exposer les dépouilles prises à l’ennemi. D’une certaine façon le portique fut également utilisé pour d’autres victoires aux époques suivantes.
24Pour autant que l’on puisse le savoir, les Athéniens érigèrent à Delphes, dans la partie basse, la base dite de Miltiade, œuvre de Phidias (Pausanias X, 10, 1-2, sans doute à l’instigation de Cimon), et le thêsauros, à propos duquel Pausanias dit qu’il fut construit grâce au butin récupéré sur les Perses à Marathon, avec la base sur le devant et l’inscription qui rappelle précisément de quelle façon ce monument – avec probablement un groupe de sculptures – fut réalisé. Aucun de ces monuments n’était destiné à exposer les skyla de Marathon ; de plus, la Pythie (Pausanias X, 14, 5-6) empêcha Thémistocle de déposer les dépouilles prises aux Perses, alors que, après Salamine, les Grecs tous ensemble dédièrent à Apollon l’œuvre du bronzier Théopompos d’Égine. À la suite de Platées, le célèbre tripode d’or sur la colonne serpentine fut érigé par tous les Grecs en koinô (Pausanias X, 13, 9), tandis que seuls les Éginètes dédièrent, après Salamine, dans le pronaos du temple d’Apollon un mât de navire en bronze avec trois étoiles d’or (Hérodote VIII, 122, et I, 51, 1-2). Je me demande si nous ne devons pas retenir comme donnée plus cohérente l’attribution à la stoa de Delphes du rôle d’exposition des dépouilles de Marathon, hopla kai takroteria comme le dit l’inscription, en tenant compte toutefois du caractère précaire des informations épigraphiques. Chronologie mise à part, la conclusion vers laquelle je tends est que le portique des Athéniens se caractérise comme une Persikê Stoa, appellation qui finit par se confondre avec l’ensemble de la structure, en premier lieu avec le mur polygonal du fond. Le portique des Athéniens à Delphes est à mon avis par excellence une Persikê Stoa, une sorte de paradigme qui faisait qu’on en percevait immédiatement le but.
25Mais, je le répète, cette caractérisation s’appuie sur un mur érigé environ un demi-siècle plus tôt. Nous ne devons pas négliger ce fait qui me paraît fondamental : le mur du fond de la stoa, comme on l’a vu, est décidément plus ancien. Ce n’est pas le cas à Sparte : la Persikê Stoa de Sparte est consécutive à Platées (terminus post quem 478 av. J.-C.), il n’y a sur ce point aucun doute. Alors on peut se poser la question : pourquoi, dans le second quart du ve siècle, les Spartiates auraient-ils choisi l’appareil polygonal (désormais passé de mode à cette époque) pour réaliser ex novo un mur qui apparaît comme la copie de celui de Delphes ? Cette imitation d’un modèle éclaire enfin les fonctions de la stoa delphique et fournit, en même temps, des arguments pour identifier notre édifice avec la Persikê Stoa de Pausanias. À Marathon les Spartiates n’étaient pas arrivés à temps pour des motifs religieux et avaient laissé la gloire aux seuls Athéniens et à leurs alliés platéens. Mais après Salamine et Platées, Sparte aussi put célébrer son triomphe sur les Mèdes, rassemblant le butin pris à l’ennemi dans une stoa dont la facture rappelait la stoa de Delphes, et qui en soi représentait un monument contre les Barbares21.
26En conclusion, toutes réserves faites sur la chronologie, que seule une fouille pourrait aider à dépasser, la comparaison entre la stoa de Delphes et l’édifice fouillé par Christou sur le côté ouest de l’agora de Sparte fournit une base solide pour identifier ce dernier comme la Persikê Stoa vue par Pausanias. La Skias et la Persikê Stoa fermaient l’agora au sud-ouest ; entre les deux passait la hetera exodos.
27Je voudrais terminer avec quelques brèves considérations. La comparaison discordante entre les textes de Thucydide et Pausanias n’avait pas échappé aux commentateurs modernes22. Qu’est-ce que cette opposition ? L’historien du ve siècle nous laisse un témoignage extraordinaire sur sa manière d’évaluer la puissance réelle des forces qui sont sur le point de commencer la guerre du Péloponnèse, en proposant une géniale et en même temps inédite comparaison archéologique. Thucydide écrit que si un jour la ville de Sparte devait disparaître et ses monuments étaient réduits aux seuls niveaux de fondation, personne ne croirait à sa puissance politique, et pourtant ils possèdent les deux cinquièmes du Péloponnèse et exercent leur pouvoir sur le reste et sur maints alliés ; pourtant, si la même chose devait se passer à Athènes, à en juger par les monuments, l’on serait porté à croire que celle-ci jouit d’une puissance de loin supérieure à sa réputation23. Tout compte fait, rappelle Thucydide, ne vous laissez pas tromper par les apparences. Or, ce jugement sec et sévère a sérieusement influencé la postérité, et a déterminé une communis opinio pour laquelle, mis à part les préjugés à l’égard des « Spartiates – Nazis », nous ne pouvons pas exclure que Thucydide ait eu une part de responsabilité. Pausanias n’a servi à rien, lui qui commence en disant que l’agora de Sparte est digne d’être vue – elle appartient à la catégorie pausanienne de ce qui est « digne de » – en polémique avec Thucydide, peut-être aussi parce que Pausanias énumère plusieurs monuments de l’époque romaine que Thucydide ne pouvait pas connaître, exception faite pour la Skias et la Persikê.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Les travaux menés au sein de la Scuola Archeologica Italiana di Atene ont abouti à deux thèses de doctorat, l’une de Valeria Tosti, « Nascita e sviluppo di Sparta. Archeologia di una città », soutenue en 2012, sur l’archéologie de la ville katà kômas, pour employer l’expression de Thucydide ; l’autre de Francesca Luongo, « Il santuario di Artemis Orthia a Sparta. Precisazioni cronologiche e stratigrafie delle fasi arcaiche », soutenue en 2013, sur le sanctuaire d’Artémis Orthia, dont l’étude a été possible grâce à l’amabilité de Catherine Morgan qui nous a permis d’utiliser les cahiers des fouilles anglaises de 1906. Nous attendons avec impatience la publication de ces recherches.
2 Sakka 2008.
3 Voir Hodkinson 2010, pour un premier examen des positions de la culture libérale britannique face au mouvement nazi naissant : la culture britannique utilisa la stratigraphie du sanctuaire d’Orthia pour souligner les transformations de la société spartiate archaïque.
4 La localisation correcte de l’agora de Sparte est déjà donnée par M. Torelli in Musti, Torelli 1991, p. 192-193, et Kourinou 2000, p. 99-129 (avec un résumé des hypothèses dans la littérature précédente) ; Baudini 2006 et Sanders 2009 (localisation que j’ai suivie sans réserve, voir Greco 2013 et Greco 2016).
5 Waywell, Wilkes 1993 ; Waywell, Wilkes 1994.
6 Waldstein, Meader 1893.
7 Waldstein 1894.
8 Crosby 1894, p. 212-213
9 Christou 1966.
10 Voir note 5.
11 Je remercie encore la Dr. A. Vasilogamvrou pour avoir invité les archéologues de la Scuola Archeologica Italiana di Atene à participer à une brève campagne sur le terrain à Sparte (voir Vasilogamvrou 2011).
12 Baudini 2006.
13 Frazer 1898, p. 325-327 et Robert 1939, p. 101-117.
14 Voir les preuves rassemblées dans Greco, Voza 2016, p. 345, n. 15.
15 Sur la politique édilistique de Cimon, voir Di Cesare 2015 (pour la Skias en particulier p. 161-172).
16 Robert 1939, p. 103, n. 2.
17 Athènes EM 23321-16. Kourinou 2001, identifie correctement la statue comme étant celle de Julia Domna.
18 Kourinou 2000.
19 Amandry 1953.
20 Amandry 1998.
21 Cette interprétation relative à la constuction de la mémoire à l’intérieur ou à l’extérieur de Sparte me semble de nature à confirmer la lecture hérodotéenne de Mario Lombardo (Lombardo 2014) à propos de l’usage propagandiste des Thermopyles. Voir aussi Ferrarini 2014.
22 Voir Tosti 2017 (avec la bibliographie précédente) et Tosti 2016.
23 Thucydide I, 10, 2 : « Supposons en effet que Sparte soit dévastée et qu’il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices : après un long espace de temps, sa puissance soulèverait, je crois, par rapport à son renom, des doutes sérieux chez les générations futures ; pourtant, les Lacédémoniens administrent les deux cinquièmes du Péloponnèse et ont l’hégémonie sur l’ensemble, ainsi que sur de nombreux alliés au dehors ; mais malgré cela, comme ils ont une ville qui n’est pas centralisée, qui n’a pas de temples et d’édifices fastueux, mais qui se compose de bourgades, comme c’était autrefois l’usage en Grèce, leur puissance apparaîtrait inférieure. Tandis que, si le même sort frappait Athènes, on lui prêterait, d’après les apparences extérieures, une puissance double de la sienne » (trad. J. de Romilly, CUF).
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