Chapitre 1. Les découvertes du début du XXe siècle sur la via dell’Abbondanza (III 3, 1-5)
p. 117-128
Texte intégral
1À partir d’indices archéologiques et épigraphiques — découverte sur un balcon d’un stock végétal propre à la confection de nattes et mention de fabricants de ces produits sur une inscription électorale située à proximité — les chercheurs ayant procédé au dégagement des façades ouvertes sur la via dell’Abbondanza lors des scavi nuovi du début du XXe siècle1 ont pensé pouvoir localiser plusieurs ateliers de vannerie dans l’insula 3 de la regio III. Le fait que les fouilles se soient limitées aux entrées des locaux ne permettait guère de déterminer le nombre ni l’emplacement exact de ces officines. Selon les publications (notamment Spinazzola 1953 et Della Corte 1926, rééd. 1965), celles-ci ont été situées en III 3, 2-5 ou en III 3, 1-3 (fig. 123). L’insula présente trois lots différents : le premier, à l’ouest, comporte deux unités (III 3, 1 et 2) ; le deuxième compte trois unités aménagées en léger décrochement par rapport au précédent et au suivant (III 3, 3, 4 et 5) ; le troisième lot, dans l’alignement du premier, correspond à un grand édifice connu sous le nom de schola armaturarum qui sera laissé de côté ici (III 3, 6) (fig. 124). Le dégagement des façades III 3, 1 à 5 a révélé une série de boutiques et une habitation : deux larges entrées de boutiques encadrées de piliers en opus quadratum de tuf de Nocera, dépourvues de seuil (nos 1 et 2) ; une entrée étroite de maison dont les montants sont en blocs de tuf, pourvue d’une marche en basalte, en léger décrochement et en légère avancée sur le trottoir par rapport aux piliers des locaux précédents (n° 3). Sur cette entrée s’alignent les larges ouvertures de deux boutiques, au seuil à feuillure en basalte caractéristique de ce type de local (nos 4 et 5). Sur la nature même des structures occultées derrière les façades, le faible nombre de données archéologiques et leur interprétation confuse au moment des découvertes rendent toujours hasardeuse toute interprétation ou suggestion de localisation précise. Aussi bien l’îlot ne comptait-il qu’un seul atelier réoccupant la maison n° 3, à l’instar de nombreuses habitations de la cité, tandis qu’une ou plusieurs boutiques en rapport avec celle-ci auraient pu être dévolues au commerce des nattes. Le caractère lacunaire des informations offre la possibilité de proposer des hypothèses différentes de celles émises jusqu’ici, même si, en définitive, la question ne peut être complètement résolue.
1. Les vestiges archéologiques
2Les premiers indices furent archéologiques. Peu parlants lors de leur mise au jour en 1914, ce n’est que rétrospectivement qu’ils furent mis en rapport avec les lectures des programmes électoraux réalisées sur les façades au fur et à mesure de l’avancement des dégagements. Dans les années qui suivirent la découverte des structures immobilières, Matteo Della Corte et Vittorio Spinazzola effectuèrent un rapprochement entre les données épigraphiques — une inscription ayant des tegettarii pour rogatores2 — et les données de fouille — une grande quantité de poacées stockées sur un balcon. À la lumière de ce rapprochement, une proposition de localisation pour les ateliers des tegettarii cités fut avancée, mais une confusion originelle portant sur la structure et l’emplacement du balcon (en III 3, 3 ou en III 3, 2) ainsi que des variantes dans l’interprétation des programmes électoraux peints sur les façades ont fait que cette localisation est demeurée peu assurée.
3Aux mois de juin et juillet 1914, les journaux relatant les fouilles de la via dell’Abbondanza rapportent la mise au jour, au-dessus de l’entrée 3 de l’insula 3 de la regio III, des restes d’un balcon effondré sur la rue, balcon sur lequel aurait été partiellement conservée une grande quantité végétaux constituant un fagot. Lorsque la structure est aperçue pour la première fois, au mois de juin, la masse de végétaux calcinés est interprétée comme les vestiges d’une cannisse composant une partie d’un balcon large de 1,50 m donnant sur la rue3.
4Mese di giugno 1914.
5Continuazione degli scavi sulla via dell’Abbondanza.
6I Zona. Scavo della via.
7Si è qui lavorato soltanto nella prima quindicina del mese all’inizio delle due nuove isole opposte, III della Reg. II a Sud,e III della reg. III a Nord,e la rimozione delle terre alte, in corrispondenza dei rispettivi primi vani d’ingresso già è stata accompagnata da rinvenimenti interessanti. Il primo edificio dell’Isola a Nord difatti mostra già fin da ora la sua remota costruzione, risalente al periodo sannitico, nel pilastro unico per ora visibile, all’angolo Sud-Ovest, fatto di grossi blocchi di tufo di Nocera ;e se, come c’è da sperare, anche i pilastri successivi mostreranno la stessa architettura, avremo qui nel nuovo tratto di via finora scavato, la prima facciata di quelle imponentie solide di tufo, che si fanno notare quae là nelle vie di Pompei. Al disopra del terzo vano d’ingresso del medesimo edificio, poi, sono ritornati alla luce i resti quasi per niente scostati dal loro posto di un curioso balcone, sporgente su per giù quanto gli altri già trovatie ricostruiti al loro posto rispettivo, ma largo soltanto m. 1. 50 internamente, e con una parte del parapetto anteriore fatto d’incannucciato rivestito dall’unae dall’altra parte di solo intonaco […].
8Le mois suivant, avec la progression en profondeur du dégagement des façades, la structure du balcon situé au-dessus de l’entrée n° 3 se précise. Les fouilleurs relèvent la présence d’une masse végétale au niveau de l’entrée n° 2, qu’ils interprètent comme étant la paroi occidentale dudit balcon (fig. 125) :
9Mese di luglio 1914.
10Come è stato detto nel rapporto del mese scorso, è qui sospeso il proseguimento delle esplorazioni fino a nuovo ordine allo scopo di spingere conla maggiore alacrità lo scavo degli edifici dell’altra zona, dove rimane tuttora concentrata la forza degli operai scavatori. Tuttavia, siccome una squadra di muratori è sempre rimasta qui addetta alle spese di assicurazionee di consolidamento sui tartti più occidentali delle fronti delle due isole opposta, III della Reg. III a Nord,e III della Reg. II a Sud, non sono mancate interessanti scoperte anche per questo mese.
11[…] Nel lato settentrionale (Reg. III Ins. III) si è toccato il secondo pilastro, di nudo tufo di Nocera, della facciata, con la sovrastante muratura antica ; questa gravando sugli architravi di legno, rinvenuti allo stato di carbone, è ora in parte disgregata ed accompagna col suo margine inferiore il cedimentoe le rotture degli architravi stessi nei vani n. 1e 2. Poco più in giù dell’architrave, davanti al n° 2 si è rinvenuta carbonizzata una grande massa di sala (carex acuta) formante con la sua superficie longitudinalmente arcuata come un mezzo arco di volta largo m. 2 x 1. 50e spesso di m. 0. 15 a 0. 4 : sopra la massa di carex i cui fasci sono disposti tutti secondo la stessa direzione longitudinale, vedonsi impronte di asti di legno squadrate, in direzione opposta, ciò che fa pensare ad uno schermo adoperato come parete.
12Il caratteristico balcone ad oriente del vano n° 2, dal quale già feci cenno il mese scorso, è ora interamente liberato dalle terre : ha integri i lati occidentale [sic pour orientale]e meridionale fatti di tanti leggieri muretti armati in telai di legno ma nulla mostra nel lato occidentale [sic], ciò che mi induce a credere che fosse ivi chiuso con lo schermo di carex già descritto. Fra il balconee il vano n° 2, finalmente, vedesi abbattuto qualche tronco di pilastrino di pietra sarnense, avanzo forse di finestra bifora o trifora4.
13Quelques photographies d’époque conservées à la photothèque de Pompéi apportent un précieux complément aux mentions du journal sur la nature et la disposition de la découverte (fig. 126 à 128).
14Lors de la mise au jour, en III 3, 2, de la botte de végétaux aux tiges toutes alignées dans le même sens, d’une longueur de 1,50 à 2 m et d’une épaisseur de 15 à 40 cm, on repéra sur le fagot l’empreinte de tasseaux de bois plus épais de section carrée, disposés perpendiculairement aux chaumes. L’interprétation immédiate fut de reconnaître dans cet ensemble mis au jour au niveau de l’entrée n° 2 une des parois du balcon repéré un peu plus à l’est, juste avant la maison n° 3 (fig. 129). De ce balcon subsistaient seulement deux côtés sous la forme de légers murets maintenus par des poutres de bois (« telaio »), ce qui correspond sans doute approximativement à la description donnée le mois précédent de cette même structure, dite alors être composée sur sa face antérieure d’une « incannucciata » — un clayonnage — revêtue d’enduit. La nouvelle découverte correspondait par conséquent à la paroi ouest du balcon, puisque la découverte du fagot était advenue au niveau de l’entrée n° 2. Ainsi, selon les premières conclusions, le côté occidental du balcon aurait été bâti différemment des autres, à l’aide d’une structure plus légère, un clayonnage de végétaux non revêtu d’enduit, comme le suggèrent les photographies prises à l’époque (fig. 127 et 128). Le compte rendu de Matteo Della Corte paru l’année suivante dans les Notizie degli Scavi di Antichità met en évidence cette interprétation en livrant un plan de l’état d’avancement des travaux (NSA, 1915, p. 279 sq.). Sur le croquis, il apparaît nettement que le fameux balcon surplombait l’entrée n° 2 — et non celle de la maison n° 3 — et que seul était conservé son côté oriental. Ceci est confirmé par une photographie réalisée après la remise en place des vestiges (fig. 129). Non seulement elle montre comment se présentait la structure en dur du balcon, mais elle révèle son emplacement exact, puisque sa limite orientale est remontée au niveau du décrochement existant entre le pilier est de l’entrée n° 2 et la façade du n° 3. Le balcon était donc lié à la boutique n° 2. Il ne subsiste actuellement rien de sa reconstitution car le secteur fut très endommagé par le bombardement du 19 septembre 19435.
2. La documentation épigraphique
15Ces découvertes archéologiques furent éclairées deux ans plus tard grâce à une mention épigraphique. Au mois de janvier 1916, parmi les nombreux textes peints sur les façades qui bordaient la via dell’Abbondanza, fut découverte une inscription émanant d’un groupe de tegettarii. Alors que ce terme latin inconnu avait posé, dans un premier temps, un problème de lecture et d’interprétation à M. Della Corte — il suggéra de lire un nom propre, Tegella pour Tigella, dans ses notes consignées dans le journal de fouille —, l’épigraphiste restitua très rapidement un nom de métier — les fabricants de nattes — dans ses publications ultérieures de l’inscription peinte6. Il est vrai que le terme identifié sur l’inscription pariétale est un hapax. Cependant, les noms formés d’après celui de l’objet produit sont fréquents dans le corpus latin des noms de métiers et se terminent généralement à l’aide du suffixe -arius7. Le terme tegetarius a donc pour étymon teges (la natte), et la lecture du pluriel, tegettarii (avec redoublement du T), sur l’inscription pariétale est désormais acceptée. L’identification du nom de métier est d’ailleurs confortée par les données du Corpus glossariorum Latinorum : on y lit le mot latin au singulier, avec quelques variantes orthographiques, traduit en grec par des vocables composés du nom du produit, ψίαθο (ς) (la natte), suivi d’un suffixe explicite, -ποίος (« celui qui fabrique ») ou -πλόκος (« celui qui tresse »)8.
16Matteo Della Corte releva l’inscription en façade de l’îlot situé immédiatement en face de l’îlot III 3 — c’est-à-dire l’ancien îlot II 3, correspondant à l’îlot I 13 de la nouvelle numérotation —, donc sur le trottoir sud de l’artère commerciale (Cf. fig. 123). Le texte peint sur la portion de mur située entre les entrées 4 et 5 fut soigneusement reporté en fac-similé dans le journal de fouille avec ceux qui l’entouraient9 (fig. 130) :
17Mese di gennaio 1916. Continuazione dello scavo della via dell’Abbondanza.
18A. Scavo della via propriamente detta.
19Questa è stata scavata, giungendosi fino allo scoprimento del lastrico, per oltre dieci metri circa, tra l’isola III della Reg. III a sin., e l’isola III della reg. II a destra (mezzogiorno). Per questo scavo sono stati completamente liberati del materiale eruttivo il vano n. 5 della prima delle due isole mentovate,e i vani nn. 5e 4 della seconda.
20Iscrizioni. Sulla parete a destra del vano n. 5, III, II, sopra uno strato di calce, in grandi lettere rosse :
211) L. Popi[dium L. f. Ampliatu ?] m aed (ilem) o(ro) u(os) f(aciatis). /ta [---] id [---] Secunda Cupiensania rog (at) et fecit.
22Questa iscrizione è dipinta dinanzi ad altre più antiche, che forse saranno leggibili in seguito per la caduta dello strato di calce ad esse sovrapposto. Leggibili è solo, verso destra, in grandi lettere rosse :
232) P. Vettiu (m Ce)lerem.
24Più a destra, in grandi lettere nere :
253) Lollium Aed (ilem) o(ro) u(os) f (aciatis) Tegettari (Tegella per Tigella ?) Immediatamente al disotto, in grandi lettere nere :
264) Popidium L. f. Ampliatum Aed. O. V. D. R. P.
27Più sotto, a destra, in lettere non molto grandi, quasi svanite, forse rosse :
285) Popidium. OVF
29Parmi cet ensemble de cinq inscriptions, l’inscription n° 3, celle où des fabricants de nattes appellent à voter en faveur d’un candidat à l’édilité désigné seulement par son gentilice, Lollius, est la plus récente. En effet, elle fait mention, très vraisemblablement, de C (aius) Lollius Fuscus dont la candidature est à rattacher aux années 78-79, ce qui date le programme des toutes dernières années de vie de la cité10.
30Il est intéressant de relever que l’on retrouvait des appels à voter pour le candidat soutenu par les artisans, Lollius Fuscus, sur la façade de la boutique III 3, 2, celle-là même qui était surmontée par le balcon portant la botte de végétaux. En 1915, un an après la mise au jour du balcon, après avoir poursuivi le dégagement de la rue vers les strates inférieures, deux inscriptions relatives à Lollius Fuscus apparurent parmi d’autres (Cf. fig. 123). La première, découverte le11 mars 1915, était peinte sur le pilier séparant les entrées 1 et 2 de l’insula III 3 11 :
31Sul pilastro tra i vani n° 1e 2 si sono letti finalmente questi altri due :
329) L. C. S. IIV. R. OV/F12
3310) Colore nero : C. LOLLIVM/FVSCVM. AED. OVF13
34La seconde, portée sur le pilier de tuf situé à droite de l’entrée n° 2, fut découverte quelques mois plus tard, en novembre 1915 :
35Sul pilastro di tufo a destra del vano n° 2, ins. III, reg. III, sopra uno strato di pittura bianca, in lettere nere :
361) C. LOLLIVM/FVSCVM. AED. OVF14
37Sur la photographie ancienne montrant le balcon reconstitué, les emplacements des programmes, peints sur des fonds blanchis à la chaux, sont partiellement visibles (fig. 129).
38Ces découvertes épigraphiques successives amenèrent les savants à reconsidérer leur hypothèse concernant le balcon situé au-dessus de l’entrée III 3, 2. Ainsi, les premières explications qui avaient été données pour justifier la présence des végétaux carbonisés sur le balcon furent remises en question lors de la publication du compte rendu final dans les Notizie degli Scavi de 1919. Une nouvelle hypothèse fut présentée parce que le lien avait entre-temps été établi entre les inscriptions de 1915-1916 et la découverte archéologique de 1914. La masse végétale ne constituait plus, dès lors, un élément de la structure du balcon mais la matière première nécessaire aux tegettarii, stockée sur le balcon surplombant le seuil de la boutique. D’où la proposition de localiser en III 3, 2 l’atelier d’un des tegettarii cités dans l’inscription peinte sur une des façades de l’îlot situé en face, I 13, 5. Par suite d’une erreur, le compte rendu paru dans les NSA situe l’atelier non pas au niveau de l’entrée n° 2 surplombée par le balcon, mais au niveau de celle du n° 415.
39Le faisceau d’informations tant archéologiques qu’épigraphiques converge effectivement vers le local III 3, 2 pour y identifier une boutique de nattes, à défaut d’un atelier. Si, comme paraît l’indiquer son large seuil, le local était un lieu de commerce, il était sans doute de petites dimensions, comme cela est généralement le cas pour les boutiques de Pompéi. Or, la présence d’eau est indispensable au vannier et le travail nécessite toujours un bassin ou une cuve conséquents afin d’y immerger le matériau avant de le tresser16. Comme il est peu probable que le local, vu sa taille, ait abrité une telle structure, il est vraisemblable qu’il s’agissait d’un espace de vente plutôt que d’un lieu de fabrication.
40On sait cependant que des activités artisanales se déroulaient dans l’îlot, parce que l’inscription électorale des tegettarii lue à proximité est certainement à mettre en relation avec les vestiges abondants d’un végétal propre à la confection de nattes qui y ont été mis au jour. Si les auteurs de la découverte de 1914 ont cru identifier le fagot de végétaux avec de la laîche (genre Carex), le compte rendu de 1919 (NSA, 16, 1919, p. 237-238) fait état d’analyses botaniques qui auraient révélé plutôt la présence de feuilles de diss (Ampelodesma tenax), une espèce de la famille des Poacées présente en Campanie et dans les zones méditerranéennes arides à sol sableux, tout à fait adaptée à la fabrication de nattes et de sparteries17. Le fait qu’un artisan ait pu stocker sa matière première à l’air libre, exposée aux intempéries sur un balcon peut étonner. Les vanniers rangent habituellement les végétaux à l’abri de l’humidité et de la lumière. La seule explication plausible est que les poacées avaient été récoltées peu de temps auparavant — la récolte se fait en été ou au début de l’automne — et qu’elles étaient en cours de séchage avant d’être mises à l’abri. En effet, nous l’avons vu plus haut, le séchage, opération préalable à un stockage pouvant durer plusieurs années, s’impose pour toutes les espèces. Le balcon servait en quelque sorte de grenier à l’artisan : on connaît d’ailleurs à Pompéi d’autres exemples de balcons affectés au stockage18. Quant à savoir où étaient fabriquées les nattes vendues dans la boutique n° 2, on peut proposer l’hypothèse qu’elles étaient confectionnées dans la maison voisine n° 3 qui aurait eu pour dépendances une ou plusieurs des boutiques qui l’encadraient. Comme cela se rencontre fréquemment dans la dernière phase d’occupation de la ville, l’habitation aurait pu être occupée par un atelier artisanal et son jardin, avec son système hydraulique, être utilisé pour aménager les structures nécessaires à la préparation de la matière première. Telle est la situation pour l’autre atelier de nattes connu à Pompéi qui sera étudié par la suite.
41L’analyse de l’ensemble originel de données conduit donc à attribuer aux fabricants de nattes la boutique III 3, 2. Une grande part d’incertitude, liée à l’absence de fouilles, demeure au sujet d’un hypothétique atelier dans la maison III 3, 3. Cependant, les propositions de localisation et le nombre des ateliers de tegetarii ont fluctué dans les publications, sans être toujours bien justifiés mais en fonction des indices que les auteurs ont rattachés aux premières informations. Il en a résulté quelques variantes dans l’attribution des officines à différents corps de métier.
42Ainsi, dans son ouvrage de synthèse, M. Della Corte étend l’identification d’ateliers de fabrication de nattes à plusieurs autres locaux de l’insula III 3 : selon lui, la série des entrées 2 à 5 correspondrait à plusieurs ateliers de tegetarii19. Il en veut notamment pour preuve une découverte effectuée en avril 1915 dans le local n° 5, découverte qu’il a rapprochée des quelques informations relatives à la fabrication de nattes dans le local n° 2. Il s’agit d’un outil, un grand peigne en métal (L. : 29 cm ; l. : 9,7 cm ; ép. : 0,6 cm) :
43Giorno 27 : R. III Ins. III n° 5-Dal banco di una cucina posta a tergo del muro occidentale del grande ambiente n° 6 in corso di scavo, la regolarizzazione della scarpata perimetrale ha fatto venir fuori i seguenti oggetti : Ferro : pezzo lungo m. 0. 29, largo m. 0. 09, composto di tanti lunghi aghi o fili allineati come per formare un lungo pettinee fra loro ora in gran parte salvati per l’ossido : gli aghi o fili si allineano nel senso della lunghezza20.
44Les dents en sont très fines (diam. < 1 mm) et très serrées. Dans la partie médiane, sur toute la largeur, doit se trouver la plaque métallique (masquée par l’oxydation) qui sépare les deux rangées de dents. Une bordure épaisse protégeant les fines dents de l’outil et les empêchant de s’écarter est visible (fig. 131). Il est certes possible d’identifier cet objet comme étant un outil de peignage utilisé pour extraire la filasse de certaines tiges ou feuilles après le rouissage et le broyage, mais il est au demeurant impossible de l’identifier comme étant un peigne utilisé pour tasser les brins entrelacés lors du tressage des nattes : ce dernier outil comporte en effet des aiguilles beaucoup plus épaisses et plus espacées que l’objet en question (fig. 132 et 133). Dans ce même local n° 5, outre cet objet, furent mis au jour des ciseaux également attribués aux tegetarii par M. Della Corte21. En revanche, V. Spinazzola les a rapprochés d’artisans de la laine — les lanarii coactiliarii, feutriers (Spinazzola 1953, p. 190-192). Son hypothèse doit être retenue, les ciseaux n’étant pas employés dans le travail des végétaux où l’on utilise serpes et serpettes. Selon toute probabilité, le peigne lui-même est également à rattacher a une
45activité textile.
46C’est vraisemblablement cette différence dans l’attribution de l’outillage qui fait placer sans hésitation les tabernae tegetariorum en III 3, 2-5 par Della Corte : « pochi dubbi possono sussistere che siamo qui in presenza non di una taberna sola, ma di tutta una serie di Tabernae tegetariorum » (Della Corte 1926, rééd. 1965, p. 351, n° 762), mais en III 3, 1-3 par Spinazzola. Ce dernier, en effet, dans sa restitution des façades de l’îlot, rétablit un étage au-dessus des entrées 1 à 3 et étend le balcon découvert en 1914 (« meniano di casa sannitica ») au-dessus des entrées 1 et 222, lesquelles correspondent à des seuils de boutiques. L’ensemble est affecté aux tegetarii. Les deux entrées suivantes 4 et 5 sont celles de deux boutiques indéterminées et dépourvues d’étage, selon lui (fig. 134). Le large seuil de boutique n° 1, que Spinazzola met en relation avec les tegetarii, est donné par Della Corte comme appartenant à un autre commerçant, un ueterarius (fripier), sur la base de deux inscriptions figurant sur un des piliers de l’entrée23 (Della Corte 1926, rééd. 1965, p. 349-350, n° 760). Son interprétation a été depuis reprise par d’autres auteurs (De Vos 1982, p. 132 ; Varone 2009, p. 242-243).
47Matteo Della Corte a de surcroît supposé que les « tabernae tegetariorum » 2, 4 et 5 pouvaient être reliées à un certain Graphicus qui en aurait été le gérant, l’institor. Le nom Graphicus apparaît en effet comme rogator sur deux programmes électoraux peints sur la façade du n° 4 : Popidium IIuir/Graphice uigula ; Ampliatum aed. dignus/est Graphicae dormis/et cupis24. Vittorio Spinazzola, toutefois, a proposé une hypothèse différente à propos de l’inscription : graphicus pourrait avoir été le nom d’un métier (dessinateur et graveur) et l’artisan aurait eu son atelier en III 3, 4 (Spinazzola 1953, vol. 2, p. 687). La lecture d’un nom propre est celle qui est restée admise25. Dès lors, l’attribution quelque peu hasardeuse de la série de locaux à Graphicus par Della Corte26 a connu une longue postérité. Hans Eschebach, dans son plan de Pompéi, localise les officinae tegetariae dites « de Graphicus » aux nos 2-5 (Eschebach 1993, p. 103), de même que les éditeurs du Corpus Topographicum Pompeianum (CTP, II, p. 238 ; IIIA, p. 62). Qu’une ou plusieurs boutiques ou officines de l’îlot aient pu être gérées par ledit Graphicus pour le compte d’un propriétaire dont il aurait été l’esclave ou l’affranchi demeure invérifiable. Qu’une petite entreprise de production de nattes était établie sur la grande artère commerçante de la ville est assuré. Pour le reste, il est impossible de trancher sur le nombre et l’emplacement des « tabernae tegetariorum », pas plus que sur le lien de l’atelier partiellement reconnu en fouille avec les espaces de vente voisins, vu le caractère lacunaire et imprécis des données recueillies sur le terrain. Bien que la proposition de localisation émise par Spinazzola soit tout à fait recevable, ce sont pourtant les conclusions de Della Corte qui ont été retenues par la plupart des publications qui ont suivi (par exemple, De Vos 1982, p. 132 ; La Torre 1988, p. 84 et fig. 5, p. 87).
48Les propos de Matteo Della Corte peuvent pourtant être nuancés. Les conclusions de Vittorio Spinazzola concordent davantage avec la proposition qui a été faite de localiser une boutique de vente de nattes en III 3, 2, annexe d’un éventuel atelier réoccupant une habitation en III 3, 3. Les boutiques 1 et 2 encadrées par des piliers de tuf appartenant à une même unité architecturale, il est permis de penser que le balcon surplombait effectivement les deux entrées. Auquel cas, les deux boutiques auraient pu être liées à l’atelier n° 3, ce qui va dans le sens indiqué par l’emplacement des programmes électoraux consacrés à Lollius Fuscus, tous deux situés à cet endroit, entre les deux entrées et à droite de la seconde. Rien ne permet cependant d’exclure que les deux autres boutiques, 4 et 5, aient également été en rapport avec un commerce de nattes, voire associées à l’atelier n° 3.
49Les fouilles de l’îlot III 3 se sont limitées aux façades donnant sur la via dell’Abbondanza. On ignore par conséquent quelle pouvait être l’articulation entre eux des lots distincts depuis la rue. Depuis 1914, les fouilles n’ont pas été poussées plus en avant vers le nord, si bien que nous ne disposons pas d’informations supplémentaires sur ces structures commerciales et artisanales. De surcroît, les vestiges exhumés pâtirent du bombardement allié du 19 septembre 1943 : la façade du n° 4 fut entièrement détruite, les murs et les montants des entrées 3, 4 et 5, les murs de séparation des locaux ainsi que les murs intérieurs du n° 5 s’effondrèrent (García y García 2006, p. 53).
50Il n’est guère possible d’aller au-delà de ces bribes d’informations à propos des structures mêmes de l’atelier et des boutiques. Leur attribution à des tegetarii demeure conditionnée par l’interprétation qui en a été donnée par les fouilleurs du début du XXe siècle. Au demeurant, cette interprétation doit être considérée comme plausible dans la mesure où les vestiges de diss (Ampelodesma tenax) mis au jour correspondent à un matériau de vannerie et de sparterie. Quant aux produits finis, leur nature périssable fait qu’ils sont rarement documentés par l’archéologie. À Pompéi même, quelques rares mentions de découvertes de nattes sont signalées dans les journaux de fouille, tandis que seule une infime partie de ces vestiges a été conservée27 (fig. 118 à 120).
51L’analyse d’un dossier composé d’éléments lacunaires mais néanmoins précieux, bien circonscrits dans une même zone géographique, permet de conclure que les locaux situés en III 3, 1-5 abritaient au moins un atelier de tressage de fibres végétales, peut-être associé à un ou plusieurs espaces de distribution de la production. L’atelier était assurément actif en 79, comme en témoigne la présence de fagots de matière première, et sans doute avait-il fait partie des structures artisanales et commerciales rapidement restaurées après le tremblement de terre de février 6328 — peut-être aussi après un séisme ultérieur — car établies sur le grand axe commercial est-ouest de la ville (Andreau 1979, p. 43).
52Quant à l’inscription électorale peinte émanant des tegettarii — aujourd’hui disparue — elle constitue à elle seule un important témoignage tant lexicographique que socio-économique sur la présence de vanniers à Pompéi. À ce titre, elle est à verser au dossier épigraphique peu fourni examiné précédemment, concernant les producteurs de vannerie dans les cités antiques. Le terme est un hapax et aucun des termes latins en usage pour désigner le vannier, pas plus qu’un nom de métier signalant quelque autre artisan impliqué dans la vannerie ne sont attestés par les inscriptions de la cité. Si bien que Matteo Della Corte a pu légitimement penser que les tegetarii n’étaient pas seulement spécialisés dans la fabrication de nattes mais qu’ils se consacraient aussi à celle d’autres ouvrages de vannerie29. Cette séduisante hypothèse est aujourd’hui caduque, car des informations plus récentes livrées par l’archéologie pompéienne permettent de rattacher un autre atelier à l’activité des tegetarii. Or, cet atelier a livré uniquement des vestiges de nattes.
53En tout cas, le programme électoral révèle bien la cohésion d’un groupe d’artisans appartenant au même corps de métier, à défaut d’une véritable organisation en corporation. Jean-Pierre Waltzing avait supposé que, bien qu’il n’y ait à Pompéi aucun témoignage de l’existence d’associations professionnelles — ni le terme de corpus ni celui de collegium n’y sont attestés par l’épigraphie30 —, les artisans prenant part à la campagne électorale auraient été ainsi organisés de manière occulte, après l’interdiction des corporations dans la cité31. Ses conclusions sont désormais remises en question. Les recommandations électorales collectives seraient plutôt le fait d’artisans ou de commerçants appartenant aux mêmes ateliers ou aux mêmes boutiques, des « gruppi di laboratorio », « semplici squadre di bottega » pour Catherine Chiavia, à la suite d’Henrik Mouritsen32. En somme, la mention épigraphique de tegettarii signale la présence d’un nombre indéterminé de ces artisans dans la ville, sans préjuger l’impact économique de leur activité (production limitée destinée à un marché local ? production plus développée pour répondre à une demande régionale ?)33. Si ce n’est tous les fabricants de nattes pompéiens, une partie d’entre eux au moins partageait une vie sociale. Collectivement identifiées par le biais du groupe, ces personnes exerçant un même métier ont pu, au nom d’une ou de plusieurs officines, voire d’une association plus informelle, apparaître comme des intervenants dans la vie politique locale34.
Notes de bas de page
1 La deuxième décennie du XXe siècle (années 1910-1923) vit la reprise des fouilles de la grande artère commerciale de Pompéi en vue de relier le forum à l’amphithéâtre, fouilles connues sous le nom de « scavi nuovi » par opposition aux fouilles ponctuelles des deux siècles précédents. Ce programme novateur, consistant tout à la fois à dégager la rue de manière systématique et à restaurer sur toute leur hauteur conservée les édifices la bordant, fut entrepris à l’initiative et sous la direction de Vittorio Spinazzola, alors directeur du Musée archéologique de Naples et des fouilles de Pompéi, tandis que Matteo Della Corte était inspecteur des fouilles, chargé, en particulier, de relever méthodiquement les inscriptions peintes sur les façades. Le magnifique ouvrage en deux volumes de V. Spinazzola, Pompei alla luce degli scavi nuovi di Via dell’Abbondanza, enrichi de photographies d’époque, de planches de dessins et aquarelles proposant des reconstitutions des façades et élévations des bâtiments, en noir et en couleur, représente la synthèse, sur plus de 1100 pages, de ces années de fouille. Il fut publié à titre posthume, en 1953, par Salvatore Aurigemma. L’inspecteur M. Della Corte, pour sa part, prit le parti de publier un ouvrage, Case ed abitanti di Pompei (1ère éd. 1926), fondé sur son interprétation personnelle des inscriptions pariétales qu’il avait pu lire au fil des années. Il s’y efforçait d’identifier les occupants des bâtiments par le biais des noms propres figurant dans les textes peints sur les façades. Le livre remis à jour fut réédité deux fois, en 1954 et en 1965.
2 Voir ci-dessous.
3 Volume manuscrit conservé dans les archives de la Surintendance à Pompéi, « Casa Bacco », cote A VI 6 (maggio 1912-marzo 1929), p. 182-186 (= Notizie degli Scavi di Antichità [NSA], 1914, p. 226 et 255). Le comte rendu est de la main de Matteo Della Corte.
4 NSA, 1914, p. 255.
5 Sur la nature des dommages, voir infra.
6 Déjà dans les NSA, 16, 1919, p. 237-238, Della Corte corrige sa lecture, avec le commentaire suivant : « Ritenuta, come devesi ritenere, la geminazione della T (tegettari pro tegetari), il programma ci mette in presenza di un nuovo sodalizio o ceto di elettori, i fabbricanti o venditori di stuoie : cfr. Forcellini, Lex. s. v. » ; lecture rectifiée publiée ensuite dans le CIL, IV, 7473 ; Della Corte 1954, p. 292, n° 761 = 1965, p. 350-351, n˚ 761.
7 Voir supra 1re partie, chapitre 2.
8 CGL, II, 195, 55, tegenarius ψιαθοποίος ; II, 195, 56, tegitarius ψιαθοπλόκος ; III, 309, 72, ψαθοποίος tegestarius.
9 Archives SANP, A VI 6, p. 251. Les fouilles ultérieures de la maison I 13, 4-5, dans les années cinquante du XXe siècle (1953- 1956 d’après Eschebach), n’ont pas, à ma connaissance, livré d’indice de l’existence en ce lieu d’un éventuel atelier de nattier. Cependant Eschebach 1993, p. 68, rattache à la mention épigraphique un atelier identifié en I 13, 6, atelier composé de trois pièces et situé à l’arrière de l’habitation I 13, 4. Cet atelier était apparemment fermé au moment de l’éruption de 79. Le local I 13, 5 correspond, quant à lui, à une boutique indéterminée accessible depuis l’habitation 4. Dans son inventaire des établissements de production et de commerce de la regio I, F. Proto qualifie la pièce 3 de la maison I 13, 4 d’« impianto commerciale riattato ad abitazione », le local I 13, 5 d’officina sutoria (le mobilier listé est cependant peu évocateur de cette activité), tandis que la destination du local I 13, 6 demeure incertaine (rien, dans le mobilier énuméré, n’apporte d’éclaircissement sur l’activité qui pouvait s’y dérouler ; on note seulement la présence de rares pesons, d’un poids et d’un fuseau) : Proto 2006, p. 27. Il est par conséquent impossible de consolider l’hypothèse d’Eschebach à propos de l’atelier I 13, 6 sans le moindre témoignage rappelant une activité vannière. Relevons de surcroît que le seul point d’eau paraît être la citerne présente dans le uiridarium de la maison n° 4.
10 Au nombre d’occurrences de son nom dans les programmes électoraux, il semble que ce soit C. Lollius Fuscus qui soit désigné ici, plutôt que Q. Lollius Rufus, attesté sur un seul programme : voir Chiavia 2002, p. 297. C. Lollius Fuscus a été candidat en 78 ou 79, selon les auteurs : ibid., p. 115-120. Della Corte 1965, n° 761, retenait déjà le nom de ce candidat. L. Popidius Ampliatus, trois fois nommé, fut, pour sa part, candidat entre 75 et 77 : Chiavia 2002, p. 115-120 et 306. P. Vettius Celer, rarement attesté, fut candidat à une date inconnue : Chiavia 2002, p. 321.
11 A VI 6, p. 213.
12 CIL, IV, 7645 : L. C (eium) S (ecundum) IIuir(um)…
13 NSA, 1915, p. 281-282 ; CIL, IV, 7646.
14 A VI 6, p. 241 ; NSA, 1915, p. 425 ; CIL, IV, 7644.
15 NSA, 16, 1919, p. 237-238, « Non lungi da qui [de l’endroit où fut trouvée l’inscription des tegettarii], sull’altro lato della via, davanti al vano d’ingresso della bottega n. 4, reg. III, ins. III, si rinvenne a suo tempo una grande quantità di foglie lineari carbonizzate, ora custodite nel successivo ambiente n. 6 ; e tale materiale, in seguito ad apposito esame fattone dai competenti per incarico del sig. direttore prof. Spinazzola, fu riconosciuto appunto come massa di ampelodesma tenax, che anche oggi si adopera per la confezione delle stuoie. » Della Corte 1965, p. 350, n. 4, rectifie l’erreur d’attribution : « Per semplice svista il trovamento del vegetale carbonizzato è ivi riferito alla taberna n. 4 invece che a quella n. 2. »
16 Voir ci-dessus le chapitre concernant les techniques.
17 Voir supra note 12. L’article des NSA mentionne en note une étude – inédite ? – du Prof. Orazio Rebuffat, Sulla natura e l’uso di alcune fibre vegetali rinvenute a Pompei, nota letta il 27 maggio 1915 al R. Istituto d’incoraggiamento di Napoli. Laboratorio di chimica tecnologica del R. Museo Art. ind. Il n’est conservé aucun vestige de cette découverte pour confirmer cette identification.
18 Par exemple, le balcon surmontant la taberna I 8, 15-16, était chargé d’amphores. Je tire cette information des archives de fouille (1935-1941) en cours d’analyse dans le cadre d’un programme concernant l’étude socio-économique de l’insula I 8, coordonné par Philippe Borgard et moi-même.
19 Della Corte 1965, p. 350-351, n˚ 761-762 : « In questa bottega, ed in quelle che seguono, come nei relativi piani superiori vanno collocati adunque quei tegetari, dei quali un po’più ad oriente, tra i vani d’ingresso ai numeri 4e 5 dell’isola opposta, ci perviene la raccomandazione elettorale in pro di Lollio Fusco. »
20 Journal de fouilles A VI 6, p. 217 : « Aprile 1915-Oggetti raccolti qui ed altrove durante il mese ». Le texte descriptif est également paru dans NSA, 1915, p. 283. L’objet est conservé au dépôt archéologique de Pompéi sous le numéro d’inventaire 2153. Quelques autres découvertes sont signalées dans le même local : dietro l’architrave di questo ingresso, in alto, si sono oggi raccolte sette borchie di bronzo da chiodi, semplicemente bombate, delle quali 5 di m. 0,05 e due di m. 0,037 di diam. (journal A VI 6, p. 212-213, 5 mars 1916) ; quivi stesso, un campanello di bronzo alto m. 0,09 a sezione ellittica dalla bocca larga m. 0,06 di diam°. mass°. Accanto al campanello si è rinvenuta una coppetta cilindrica di bronzo alta m. 0,03 larga m. 0,035 con cilindretto nel mezzo, contenente forse lo stoppino di una lanterna (ibid., 10 mars 1916).
21 Della Corte, 1965, p. 351 : « […] si trovarono pure una grossa cesoia ed un caratteristico pettine di ferro largo m. 0,09 e lungo un piede, che inclino a credere entrambi strumenti dei tegetari. »
22 « Il solo angolo orientale ne è stato rinvenuto “in situ” […] il lato di occidente invece, cedendo a un grave peso sovrappostogli, aveva trascinato con sè a un livello più basso la massa carbonizzata di un vegetale, che, per circa m. 2 in lunghezza e uno spessore di circa cm 15 era forse disteso sull’impiantito e che, all’esame, si rivelò per una graminacea, l’“ampelodesma tenax”, un materiale con cui ancora oggi si fanno le stuoie … » : Spinazzola 1953, p. 100.
23 Tigil(lus) fa[cit] et [Ti]gi[ll] us ueterarius rogat : CIL, IV, 7649 et 7643.
24 CIL, IV, 7649, peinte entre le n° 3 et le n° 4. Le Popidius candidat au duumvirat serait N. Popidius Rufus, candidat en 76, 77, ou 78, selon les auteurs (Chiavia 2002, p. 115-119). CIL, IV, 7650 à gauche de l’entrée n° 4. Ici, l’appel à voter est en faveur de L. Popidius Ampliatus, candidat à l’édilité en 75 ou 77 (Chiavia 2002, p. 117-119).
25 Localisation de la « bottega di Graphicus » en III 3, 4 dans Varone 2009, p. 245.
26 Il faut reconnaître que la méthodologie de Della Corte incite à la prudence, ses conclusions à propos des occupants des locaux paraissant quelquefois extrapolées à partir de faibles indices, Cf. Wallace Hadrill 1994, p. 66 : « Della Corte’s use of graffiti and dipinti (painted messages) conjured names of owners out of thin air. » (Même avis, plus nuancé chez Chiavia 2002, p. 189.)
27 Quelques exemples : A VI 6, p. 321 (I 7, 7) : « Mese di settembre 1924-Continuazione dello scavo in Via dell’Abbondanza. -Anche in questo mese di settembre si è continuato il disterro delle terre alte nella estremità orientale dell’Isola VII Reg. I, a circa due metri di profondità dal piano di campagna. Negli ultimi giorni del mese, scavandosi a circa quattro metri dal pavimento antico, sul vestibolo della casa N. 7 della stessa Regione ed Isola, si sono rinvenuti moltissimi frammenti di tavolette rettangolari carbonizzati, larghe da 6 a 10 centimetri, frammischiati ad altri pezzi di tavole di maggiore spessore, e ad avanzi di stuoia di vegetale. Dal modo come sono stati trovati questi residui, si ha diritto di supporre che ivi sia stato un armadio contenente delle tavolette per scrivere [...]. »
A VI 7, p. 593 (29 avril 1941 ; I 8, 14, atrium) : « Commisti al lapillo, verso il lato orientale dell’atrio a m. 0. 20 dal pavimento dell’atrio, si raccolgono : Vegetale : Residui di una stuoia di vimini e di una fune di canapa, i quali sono quasi del tutto carbonizzati. » Les restes de la natte sont actuellement conservés dans l’« ufficio scientifico » de la Surintendance de Pompéi, sous le n° d’inventaire 7564.
28 Sur la question de la date du grand séisme qui détruisit la ville (63 plutôt que 62), d’après la rédaction des Naturales Quaestiones par Sénèque, voir Wallace-Hadrill 2003 et Savino 2010.
29 Della Corte 1926, rééd. 1965, p. 350, n. 5, suggérait que ces artisans auraient pu se consacrer, au-delà de la fabrication des nattes, au paillage des amphores produites dans des ateliers de la cité et au clissage des flacons. Pourquoi s’être limité à ces productions en excluant le tressage des paniers ou de tout autre objet utilitaire ?
30 La seule mention épigraphique du terme collegium figure sur l’épitaphe de l’affranchi Cn. Alleius Logus, dans la nécropole de Porta Nocera, où le personnage est désigné comme omnium collegiorum benemeritus. On ignore la nature des collèges en question ; il ne s’agissait sans doute pas d’associations professionnelles mais religieuses (Mouritsen 1988, p. 65 ; Chiavia 2002, p. 212 et note 112).
31 Waltzing 1900, 1, p. 169-170 : « Les artisans et les commerçants de Pompéi, dont le Sénat avait supprimé les collèges sous Tibère, étaient quand même restés unis et prenaient une part active aux élections. […] Ces corporations n’avaient jamais été reconnues ; elles s’étaient formées en dépit de la loi et continuaient d’exister malgré une défense formelle faite sous Tibère : aussi n’osent-elles pas prendre le nom de collegia. » Dans sa liste des corporations professionnelles du Haut-Empire, Waltzing inclut d’ailleurs les tegettarii pompéiens (2, p. 145-157).
32 Mouritsen 1988, p. 66-67 ; Chiavia 2002, p. 212-213. Un des arguments en faveur de l’absence de corporations professionnelles à Pompéi est le témoignage de Tacite, qui rapporte la dissolution par le Sénat des collèges de Pompéi comme conséquence de la rixe survenue en 59 dans l’amphithéâtre de la cité : Et, rursus re ad patres relata, prohibiti publice in decem annos eius modi coetu Pompeiani, collegiaque, quae contra leges instituerant, dissoluta, « Puis, l’affaire étant revenue devant le sénat, on interdit pour dix ans à la municipalité de Pompéi ce genre de réunions, et les associations qui s’y étaient fondées au mépris des lois furent dissoutes » (Ann., 14, 17, trad. P. Wuilleumier) ; Cf. Tran 2006, p. 18-19. Parmi les collegia cités sans autre précision par Tacite se trouvaient peut-être des associations professionnelles (Mouritsen 1988, p. 65 ; Chiavia 2002, p. 213). Au demeurant, Pesando 2001, p. 192-193, a relevé que les graffiti incisés dans l’édifice d’usage collectif des gladiateurs (V 5, 3) s’interrompent quasiment au même moment que la dissolution des collegia.
33 Pour une synthèse sur les productions artisanales à Pompéi, voir Brun 2007.
34 Cf. Chiavia 2002, p. 207-213. En réalité, l’intérêt du peuple de Pompéi pour le gouvernement de la cité était peut-être limité, de même que son implication spontanée dans les campagnes électorales. Mouritsen 1988, p. 68-69, a ainsi minimisé l’intérêt des groupes populaires pour la politique, faisant des inscriptions le résultat de la propagande liée à la brigue des hautes charges civiques par les grandes familles. Par l’entremise de leurs réseaux d’obligés ou de dépendants, dont le soutien était publiquement affiché, les candidats mettaient en valeur leur nom et leur prestige. Ainsi, pour sa campagne, le candidat Lollius Fuscus aurait pu utiliser le nom d’un groupe comme les tegettarii car ceux-ci disposaient de locaux professionnels dans une des rues où il souhaitait faire lire son nom (Mouritsen 1999, p. 520-521). Sur la question, toujours débattue, de la part de l’initiative populaire dans les recommandations électorales contre celle des seuls candidats, voir Chiavia 2002, p. 227-245, qui recense la bibliographie et dresse la synthèse des recherches.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les bois sacrés
Actes du Colloque International (Naples 1989)
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
1993
Énergie hydraulique et machines élévatrices d'eau dans l'Antiquité
Jean-Pierre Brun et Jean-Luc Fiches (dir.)
2007
Euboica
L'Eubea e la presenza euboica in Calcidica e in Occidente
Bruno D'Agostino et Michel Bats (dir.)
1998
La vannerie dans l'Antiquité romaine
Les ateliers de vanniers et les vanneries de Pompéi, Herculanum et Oplontis
Magali Cullin-Mingaud
2010
Le ravitaillement en blé de Rome et des centres urbains des début de la République jusqu'au Haut Empire
Centre Jean Bérard (dir.)
1994
Sanctuaires et sources
Les sources documentaires et leurs limites dans la description des lieux de culte
Olivier de Cazanove et John Scheid (dir.)
2003
Héra. Images, espaces, cultes
Actes du Colloque International du Centre de Recherches Archéologiques de l’Université de Lille III et de l’Association P.R.A.C. Lille, 29-30 novembre 1993
Juliette de La Genière (dir.)
1997
Colloque « Velia et les Phocéens en Occident ». La céramique exposée
Ginette Di Vita Évrard (dir.)
1971