Eubéens, Phocéens, même combat ?
p. 31-44
Texte intégral
1En proposant ce thème aux organisateurs de notre rencontre, j’étais loin de me douter que la plupart des communications concerneraient les VIIIe et VIIe siècles, alors que la mienne commence par définition au VIe siècle, début de l’expansion phocéenne en Occident. Il se peut cependant que ma démarche ne soit pas totalement illégitime.
2D’abord, parce qu’en ce Centre Jean Bérard que Georges Vallet fonda voici quelque trente ans (et j’étais alors à ses côtés), il est assez normal d’évoquer un problème historique qu’il a plus que tout autre contribué à mettre en lumière et à analyser.
3Par ailleurs – et là je nuancerais certains propos de Vallet1 – parce que je suis intimement convaincu que l’époque relativement tardive, ou parfois franchement tardive, à laquelle je m’intéresse ici mérite notre attention à bien des titres en ce qui concerne les problèmes eubéens et phocéens, et cela pour trois raisons :
- Ces peuples eux-mêmes maintenaient leur conscience ethnique, comme Filippo Cassola l’a montré pour les Napolitains qui à l’époque romaine « si consideravano ed erano considerati euboici, e specificamente calcidesi »2 (de même, évidemment, que les Marseillais se considéraient, et étaient considérés, comme des Phocéens).
- C’est une période riche en documents sans lesquels nous ignorerions bien des choses, par exemple, de la religion ou des institutions des Eubéens et des Phocéens, en Occident et peut-être ailleurs.
- Enfin, c’est en soi une période à la fois importante et trop négligée, comme Nazarena Valenza Mele l’a montré pour la Cumes des VIe – Ve siècles3, et comme on peut le montrer aussi, surtout pour Naples et Velia, à propos d’une époque bien postérieure encore. La vie ne s’arrête pas au VIIIe siècle pour le monde eubéen.
4Pourquoi lier dans cette enquête les Eubéens et les Phocéens ? Parce que ces ethnies sont rapprochées (en Occident) par la géographie, l’histoire, la religion, les structures économiques, certaines institutions ou orientations politiques ; parce qu’elles ont entretenu pendant un certain temps des relations étroites et apparemment confiantes ; et parce que, de surcroît, les considérer ensemble a une valeur informative (ce que nous savons de l’une peut combler les lacunes de notre connaissance sur l’autre), et une valeur heuristique (chacune de ces ethnies suggère des réflexions à conduire sur l’autre).
1. Entente dans le Détroit et au-delà
5Nous devons à Georges Vallet cette notion d’entente phocéo-chalcidienne4 à laquelle s’est aussi intéressé François Villard. Elle s’insère dans une logique qui est celle des réseaux. C’est là une des grandes affinités entre les deux peuples. Et c’est un thème qui retient actuellement l’attention, et sur lequel je souhaite dire quelques mots en préambule.
6Le problème des réseaux se pose d’abord nécessairement pour ces deux peuples parce que, à haute époque au moins, ils se situent « tra Orientee Occidente » : les Eubéens d’Al Mina à Pithécousses (en passant par la Thrace et la Macédoine), les Phocéens « dall’Anatolia all’Oceano » (en passant par Naucratis).
7Mais le problème des réseaux se pose encore de façon aiguë pour les deux ethnies si, en – deçà de ces amples perspectives – qui lors d’une certaine période ont eu leur réalité et leur importance –, nous nous en tenons au seul Occident.
8C’est, ou cela semble, évident pour les Phocéens, même si on ne perçoit pas encore bien tous les points du réseau (Gravisca, Alalia, Antipolis, Tartessos, sans parler d’Héméroscopéion, gardent encore beaucoup de leur mystère). C’est évident peut-être aussi (quoique beaucoup moins étudié) pour les Eubéens, pour lesquels un réseau à proprement parler (la Campanie, le Détroit et ses abords, Naxos et la Sicile Orientale) se complète d’autres fondations, cet ensemble constituant un échantillonnage extrêmement varié et assez exceptionnel de onze, puis douze établissements (Pithécousses, Cumes, Parthénopè, Rhegion, Zancle, Naxos, Leontinoi, Catane, Mylai, Himera, Matauros, auxquels s’ajoutera Neapolis). On y dénombre un comptoir comme Pithécousses, un ancien nid de pirates comme Zancle, une colonie maritime comme Rhegion, une colonie terrestre d’un genre à peu près unique comme Leontinoi, et ainsi de suite.
9Qui plus est, tout cela se double d’autres réseaux qui sont comme emboîtés dans les précédents : les couples d’établissements, lesquels traduisent, dans le monde éminemment périlleux par son immensité et son isolement qu’est l’extrême Occident, des précautions, des essais, des tâtonnements pour passer d’une île sur la terre ferme ou sur une île plus grande, ou d’un promontoire vers une zone plus basse et plus accueillante, ou pour contrôler des passages, ou pour favoriser une protection mutuelle. Pour les Eubéens, ce sont Pithécousses et Cumes, Parthénopè et Naples, Rhegion et Zancle, ou encore Zancle et Mylai, Catane et Leontinoi… Pour les Phocéens, ce sont l’îlot de Sant Marti d’Empùries et l’Emporion « de terre ferme » (d’une île plus grande, en réalité), Antipolis et Nikaia, Olbia et Tauroeis, voire la butte Saint-Laurent et l’expansion ultérieure de Massalia. D’où des couples Palaiapolis/Neapolis (dans la nomenclature des Anciens ou dans la nôtre), à Naples comme à Ampurias.
10L’« entente phocéo-chalcidienne » naît de la convergence, de la synergie, d’une partie au moins de ces deux réseaux. Elle constitue alors un réseau dans une autre acception de ce terme, celle d’une mise en commun des moyens de deux ethnies.
11Résumons à grands traits la thèse de Georges Vallet5. Grâce à leur « entente cordiale » avec les Chalcidiens du Détroit de Messine, qui se trouvaient détenir la clef du passage entre les commerces « coloniaux » (marqués notamment par la diffusion de la céramique corinthienne) et les commerces de luxe, les Phocéens ont pu répandre en Méditerranée occidentale des marchandises de qualité, trafic qui a assuré leur prospérité aussi bien que celle des villes du Détroit.
12Les principaux arguments de Vallet (et de Villard), les principaux indices qu’ils ont tirés de leurs propres observations et de celles de leurs prédécesseurs6 – outre la diffusion de certaines terres cuites architecturales (sur lesquelles voir infra), et une fois éliminé le problème des « marques de marchands ioniennes » sur des vases attiques (vraisemblablement des marques de métèques athéniens)7 –, sont les suivants :
131) La circulation des monnaies (petites divisions) de Marseille, de Velia et d’autres établissements phocéens. Cette circulation ne nous dit rien quant aux relations des Phocéens avec les Eubéens. Signalons toutefois que pour Claude Brenot, le monnayage du « type Auriol », aligné sur le statère euboïco-chalcidien, aurait servi notamment à payer des péages ou des taxes dans les ports eubéens du Détroit de Messine et de la Sicile-Zancle, Rhegion, Himère8. Nous n’aurons peut-être jamais de certitude à ce sujet, car ces monnaies passent pour avoir été généralement fondues et refrappées9. Du reste cet usage se concilie mal, me semble-t-il, avec des émissions souvent minuscules.
142) La diffusion de la céramique attique, pour laquelle la physionomie de l’Etrurie, comme celle de Marseille10, est comparable à celle du Détroit. Mais il ne s’agit pas d’un indice absolument probant d’une intervention phocéenne. Les Eubéens auraient pu tout aussi bien assurer eux-mêmes cette diffusion de la céramique attique au-delà du Détroit, comme il diffusaient déjà des produits de luxe du monde grec (belles céramiques, vases de métal, ivoires…) en direction de l’Etrurie avant l’arrivée des Phocéens, et notamment au VIIe siècle, lors de la période orientalisante.
153) La diffusion de productions propres à chacun des deux peuples :
16– a) Une céramique propre aux Eubéens, c’est-à-dire la céramique “chalcidienne” de Rhegion. Hormis des concentrations importantes (relativement) à Rhegion même, comme il est naturel, à Caere et dans une bien moindre mesure en Campanie, on relève dans une aire que l’on peut dire « phocéenne » à des degrés divers un peu (très peu) de céramique chalcidienne, et de vases du Groupe de Polyphème, apparentés à cette céramique : deux fragments à Gravisca, les fragments de trois vases à Marseille, sept “pièces” à Ampurias, quatre fragments (d’un seul vase) au Mont-Lassois. Mentionnons aussi un fragment possible à Huelva11 Il y a là des indices, si ténus soient-ils, d’une relation probable entre Chalcidiens et Phocéens.
17– b) Des produits propres aux Phocéens. Si l’on omet, comme non pertinents ici, les lécythes samiens et les “rhodischen Bronzekannen”, et s’il est à mon avis préférable de rester prudent devant « une abondante céramique ionienne commune, analogue à celle de Marseille […], très bien documentée sur les côtes orientales de la Sicile, sur le Détroit et dans le Sud de la mer Tyrrhénienne […] aux alentours de 600 et dans la première moitié du VIe siècle »12, mais dont l’origine proprement phocéenne mérite peut-être vérification13, ces produits se limitent au “bucchero gris éolien”, dit aussi “céramique grise phocéenne”. Les données, telles que les énumère G. Vallet, sont assez imprécises. Nous lisons en effet sous sa plume que « les tombes de Syracuse contiennent du bucchero gris éolien », ou encore que « à Ζancle même, il ne manque pas de fragments de ces alabastres gris… »14. D’une part, donc, les villes eubéennes de Sicile sont très peu concernées, si l’on excepte cette indication peu nette concernant Zancle (en revanche n’oublions pas la présence de bucchero éolien à Pithécousses, « assez fréquente » selon W. Johannowsky15 : ce qui pourrait confirmer un passage des Phocéens dans la mer Tyrrhénienne, du reste évident). D’autre part, les autres villes grecques de Sicile concernées ont bien peu à voir avec le Détroit et avec l’aire eubéenne, puisqu’il s’agit de Mégara Hyblaea, Syracuse, Gela et Sélinonte16, tandis que Mozia, autre site mentionné, appartient à l’aire phénico-punique. Je reviendrai sur la conclusion qu’il paraît possible d’en tirer17.
18Récapitulons : en premier lieu, tout cela est extraordinairement ténu, ou, pour le commerce des vases attiques, incertain (les Eubéens ont pu théoriquement s’en acquitter). En second lieu, il reste que, au-delà de toute attitude hyper critique, la vraisemblance et les probabilités parlent, c’est vrai, en faveur d’une entente phocéo-chalcidienne, indépendamment de l’épisode de la fondation de Hyélè, sur lequel je reviendrai. Il n’est que de songer aux réalités géographiques, qui voient s’imbriquer les colonisations eubéenne et phocéenne après la fondation de Hyélè, laquelle se trouve située entre la Campanie eubéenne et le Détroit eubéen. Tandis que le rôle de plaque tournante ou de charnière du Détroit (et là, je crois Vallet incontestable) implique la nécessité ou tout au moins l’opportunité pour les Phocéens de s’y fournir s’ils agissaient (comme il le semble et comme c’était en quelque sorte leur raison d’être, ou une de leurs raisons d’être) en courtiers ès-céramiques attiques (voir l’épave de Pointe Lequin 1A à Porquerolles, vers 51518).
19Cela dit, et sur ce fond d’accord général, je croirais volontiers qu’il faut « remodeler » en quelque sorte la proposition de Vallet et Villard, ou la nuancer.
- Rien ne dit que le Détroit (et donc les villes chalcidiennes du Détroit) a été nécessairement un passage obligé pour les Phocéens. La répartition du marqueur apparemment phocéen qu’est le bucchero gris éolien plaiderait plutôt en faveur, aussi, d’un autre itinéraire, celui qui contourne la Sicile vers l’Ouest et, de là, va vers la Corse, Marseille, Emporion. A qui objecterait la présence des Carthaginois, on pourrait répondre : a) Que les Phocéens et notamment les Marseillais étaient de taille à se défendre (Thucydide, Pausanias, Justin évoquent leurs victoires sur les Carthaginois19 Que ces ethnies ne passaient certainement pas leur temps à se faire la guerre, c) Qu’il semble y avoir relativement à peu près autant d’amphores marseillaises à Carthage-sinon plus – que dans aucune ville grecque d’Italie20 Les Phocéens fréquentaient donc ces parages (comme les Eubéens, du reste, car on recueille à Carthage de plus en plus de céramique eubéenne et, notamment, pithécoussaine21
- Deuxième nuance : il faut sans doute réévaluer le rôle des Eubéens. Tout se passe en effet, dans l’historiographie moderne, comme si l’on se désintéressait des Eubéens une fois les Phocéens arrivés en Occident. Georges Vallet, qui reconnaît à ceux du Détroit de grandes facultés de courtage avant l’arrivée des Phocéens, suppose aussi, certainement à juste titre, qu’ils n’abandonnaient pas aux Phocéens la totalité de ce fructueux commerce d’outre-Détroit – ou plus exactement, dit-il, « le monopole de leur principale marchandise d’exportation », c’est-à-dire la céramique chalcidienne22 : ce qui est terriblement réducteur, quand on connaît (nous venons de l’évoquer) la diffusion de cette céramique au nord de Rhegion – faible en Etrurie, dérisoire au-delà (quel que soit l’intérêt réel de ces trouvailles). En fait, je crois qu’il faut supposer une intervention des Eubéens du Détroit pour beaucoup d’autres trafics, même après le VIIe siècle (intervention dont les indices ne sont ni plus, ni moins aisés à percevoir pour nous que ceux qui concernent les Phocéens). Et il y a lieu, sans doute, de faire aussi plus de place qu’on n’en fait habituellement dans ces trafics à Cumes, la grande oubliée23.
- Ni les Eubéens ni les Phocéens ne sont seuls dans ces trafics tyrrhéniens. Les Phocéens sont à Gravisca avec d’autres Grecs de l’Est, et notamment avec des Ephésiens, des Milésiens et peut-être surtout des Samiens. A Gravisca sont actifs aussi des Eginètes (notamment l’emblématique Sostratos)24. Rappelons qu’on a signalé une monnaie d’Egine dans le trésor d’Auriol25 Il y a plus : grâce à la libéralité proverbiale de Giorgio Buchner, j’ai pu relever l’inscription “Sostrato” sur une coupe ionienne A2 de Pithécousses26. Evidemment, le rapport de cet objet à la fameuse dynastie d’emporoi éginètes est absolument hypothétique. Mais si ce rapport existait, il nous conduirait vers le “Sostratos I” de cette dynastie reconstituée par Mario Torelli (floruit 600-570 env. selon ce dernier)27. Des Eginètes auraient en ce cas fréquenté aussi les établissements eubéens du golfe de Naples (du reste, aurait-il pu en être autrement ?), comme il est infiniment probable que les Phocéens l’ont fait également.
- Quatrième atténuation. Ce qui intéressait les Phocéens, c’était moins les Eubéens du Détroit et de Sicile que le Détroit et la Sicile en soi, avec leurs avantages géographiques. Dionysios de Phocée, après la bataille de Ladè, ne se réfugia pas dans les villes eubéennes du Détroit, mais plutôt, estime-t-on habituellement, à Lipari28 Il ne s’en trouvait pas moins dans une zone chère aux Phocéens. Et quand au Ve siècle Syracuse et d’autres cités évincèrent les Eubéens de leurs positions de force en Sicile, Marseille se reconvertit rapidement à de nouvelles amitiés siciliennes, en évoquant dans son monnayage les types monétaires de cités comme Catane, certes, ville eubéenne, mais aussi Syracuse, Camarine, Gela, Agrigente29
2. Collaborations et analogies
20Nous pouvons prolonger ces considérations sur les relations et les ressemblances des Eubéens et des Phocéens d’Occident dans trois directions : les événements, les institutions, le commerce.
A. Les événements
1. La bataille d’Alalia et la fondation de Hyélè
21Dans ce contexte, il convient d’évoquer d’abord la fondation de Hyélè, la “nascita di Velia”30 et, là encore, de recentrer le problème.
22La fondation de Hyélè apparaît en première analyse comme un épisode de solidarité hellénique tyrrhénienne impliquant les trois principales ethnies grecques établies alors sur le littoral tyrrhénien : les Phocéens, les Eubéens, les Poseidoniates. S’il en fut probablement ainsi, cette première impression doit toutefois être nuancée.
23Après la bataille d’Alalia, parmi maints épisodes complexes et controversés, les Phocéens rescapés, selon Hérodote, « voguèrent vers Rhegion », ἔπλεον ἐς ‘Ρήγιον. Avec l’intention de regagner Phocée ? Ce n’est pas impossible après tout, puisque plus de la moitié des Phocéens, après la prise de la ville par Harpage, étaient revenus à Phocée malgré les risques considérables que leur faisait courir le massacre par traîtrise de la garnison perse. Ou avec l’intention de gagner Rhegion ? C’est ce que rend plus probable (mais pas certain) une autre expression d’Hérodote, oἰ δὲ αὐτῶν ἐς τò ʽΡήγιον ϰαταφυγόντες. C’était en ce cas un signe de confiance très fort. Notons qu’ils ne se réfugièrent pas à Marseille, soit parce que les Etrusques leur barraient la route, soit parce que les Marseillais refusaient de les accueillir31, ou qu’eux-mêmes ne souhaitaient pas s’y rendre, soit enfin par attraction positive pour cette zone du Détroit qu’ils appréciaient. Toutefois il n’y a peut-être pas lieu de renchérir en suggérant que les Chalcidiens de Rhegion « installèrent eux-mêmes [les Phocéens] dans la voisine Hyélè »32. Peut-on même affirmer que Rhegion eût intérêt à la fondation de Hyélé33 ? Poseidonia peut-être (qui en tout cas laissa faire). Mais pour Rhegion, est-ce aussi sûr34 ? Plus exactement, se pose le problème de savoir si l’emporta eubéenne, volontiers prise en compte à propos de Pithécousses au VIIIe siècle, s’est prolongée par la suite, et si les Phocéens étaient pour les Eubéens des concurrents potentiels (comme les avaient considérés leurs voisins de Chios35), ou des associés indispensables ou simplement utiles.
24Il reste que les gens de Rhegion ont accompli en la circonstance un acte de solidarité – et que G.Vallet a peut-être tort de négliger une monnaie de Velia qui pourrait bien être une monnaie d’alliance entre les deux cités, une obole marquée YE-P (“Hyélè-Rhegion” ?), laquelle en ce cas serait le symbole le plus tangible de l’entente phocéo-chalcidienne36.
25Dans le même ordre d’idées, et si nous voulons tester la profondeur de cette entente, il est à noter que l’entente phocéo-chalcidienne n’a conduit ni les uns, ni les autres, dans des circonstances parallèles, à porter secours à leurs amis ou associés. Je veux parler de combats contre les Etrusques: les Eubéens étaient absents à Alalia, les Phocéens étaient absents à Cumes en 474 (bataille, il est vrai, prise en mains surtout par Hiéron de Syracuse).
2. En Sicile
26Si nous nous tournons maintenant vers la Sicile, tout se passe comme si les Phocéens avaient, à partir du Ve siècle, transposé sur Syracuse, héritière en quelque sorte des cités chalcidiennes de l’île, leurs liens avec ces dernières, et réciproquement. J’ai déjà évoqué le monnayage marseillais du Ve siècle et ses affinités avec certaines villes sicéliotes. Sur un démarèteion de Syracuse, figure un lion en course inspiré de ceux de Leontinoi, mais qui, note Pietro Ebner, rappelle aussi les didrachmes de Hyélè du Ve siècle37. Comme s’il y avait eu de la part de Syracuse une sorte de “récupération” de deux peuples, Chalcidiens et Phocéens, que des liens anciens unissaient (et plus tard encore, à l’époque d’Agathocle, la triskèle des monnaies syracusaines figurera sur les monnaies de cinq ou six villes de Grande Grèce, dont Naples et Velia38, les vieilles affinités – encore très vivaces, comme on le verra, précisément dans le cas de Naples et Velia – convergeant une fois de plus dans l’alliance avec la nouvelle métropole sicilienne). On rappellera enfin que c’est à Leontinoi et apparemment à Hyélè que les habitants d’Agrigente trouvèrent refuge (sous l’égide des Syracusains ?) après que les Carthaginois eurent conquis leur ville en 40639: autre lien, ou autre parallélisme, entre ces deux villes, l’eubéenne et la phocéenne.
B. Les institutions
27Dans ses considérations sur le commerce grec archaïque, Alfonso Mele multiplie les rapprochements entre les coutumes oligarchiques ou aristocratiques des Chalcidiens d’Occident et des Phocéens, deux ethnies, souligne-t-il, dont les colonisations se situaient dans un contexte éolien40 (nous aurons l’occasion de revenir sur ce contexte). Ces parallèles s’étendent aussi aux pratiques commerciales des Chalcidiens et des Phocéens : deux peuples adonnés au commerce des métaux et des esclaves41, deux peuples dont les trafics s’accommodaient fort bien de la piraterie – comme le montrent effectivement les origines de Ζancle (un site qu’auraient occupé d’abord des pirates chalcidiens), un texte de Justin sur les habitants de Phocée qui « vivaient de la pêche, du commerce et souvent même de la piraterie », et les razzias des Phocéens d’Alalia42.
28Des phénomènes moins frappants, mais significatifs, révèlent aussi pour une époque postérieure une certaine similarité entre les sociétés et les institutions des deux ethnies: ainsi l’appartenance de Cumes, comme de Hyélè, au groupe des tyrannies qui s’affirmèrent en Grande Grèce à la fin du VIe siècle et au début du Ve siècle43; ou la présence de Hyélè, encore, et de Neapolis, héritière de Cumes, dans le groupe extrêmement restreint des villes44 qui à la fin de la période hellénistique possédaient une assemblée extraordinaire d’un type particulier appelée synkletos, peut-être une sorte de conseil constitutionnel45.
C. Le commerce
1. Les relations mutuelles
29Ces relations mutuelles entre Eubéens et Phocéens sont difficiles à percevoir, en raison de graves lacunes dans la connaissance, la typologie et l’identification des marqueurs archéologiques possibles. Deux exemples :
30- La circulation des coupes ioniennes B2. Celles de Velia sont à présent assez bien identifiées. Elles semblent avoir connu une certaine diffusion, notamment vers la Campanie46. Mais vers les villes eubéennes de Campanie47 ? De ces dernières, on connaît si peu les coupes ioniennes que Thierry Van Compernolle, dans un énorme catalogue où abondent celles de Velia, n’en mentionne qu’une seule sûre pour Cumes et une pour Pithécousses48 ! Cette situation, il est vrai, ne devrait pas tarder à s’améliorer49.
31- Le problème des amphores « ioniennes » ou « ionio-massaliètes », dont on pense maintenant qu’elles seraient allées, du moins souvent, non pas du Nord vers le Sud (par exemple de Marseille vers la Grande Grèce et la Sicile), mais bien le contraire, c’est-à-dire du Sud vers le Nord, à partir de la Grande Grèce et de la Sicile, et notamment peut-être, depuis Poseidonia, Velia, la Sicile septentrionale. Pour Giovanni Colonna, par exemple, les amphores ionio-massaliètes ont vraisemblablement été avant tout des conteneurs des cités chalcidiennes, notamment de Sicile50. Il s’agit d’un domaine d’étude complexe, en pleine effervescence51 (y compris ici même à Naples, avec des recherches pétrographiques conduites au Centre Jean Bérard), et dont les développements futurs, selon toute probabilité, impliqueront aussi bien les Eubéens que les Phocéens52.
32Une autre donnée encore, récente, ténue, mais intéressante. Il semble que se dessine un commerce du vin de Mendè, colonie d’Erétrie en Chalcidique, en direction de sites eubéens ou plus ou moins satellites de ceux-ci, et, “naturellement” dirais-je, de sites phocéens d’Occident: on a repéré à ce jour de très rares exemplaires d’amphores de Mendè des Ve-IVe siècles à Pithécousses, à Vico Equense et peut-être à Velia53.
2. Les similitudes
33Quant aux analogies, dans le domaine de l’économie, entre les deux courants de colonisation qui nous intéressent ici, on peut mentionner, dans le cadre plus vaste de l’emporίa ou en marge de celle-ci, le commerce du blé de l’Occident à l’époque classique en direction d’Athènes, directement ou par courtage54. Mais il est surtout une similitude qui me paraît particulièrement symptomatique de la volonté des Eubéens et des Phocéens de prendre toute leur place, les uns et les autres, dans des trafics internationaux diversifiés, selon le principe même de l’emporίa : le haut degré de convertibilité de leurs monnayages. C’est le mot qu’emploie Attilio Stazio à propos du système monétaire des cités eubéennes d’Occident, lié à de nombreux autres milieux grâce, précisément, à une « convertibilità valutaria tra ambienti diversi, legati da necessità di agevoli scambi »55. Et à propos du monnayage phocéen, ce sont souvent des mots analogues – “adaptabilité”, “ductilité”, “flexibilité”, “convertibilité” – qu’on lit, ou qu’on a entendus lors de diverses rencontres scientifiques, particulièrement ici même à Naples, et notamment, voici quelques semaines à peine, lors du Colloque sur le monnayage des Phocéens en Occident56.
34Convertibilité des monnayages eubéen et phocéen d’Occident par rapport à d’autres systèmes, mais aussi entre eux. Ainsi, le premier monnayage de Marseille (du “type Auriol”) était, on l’a vu, aligné à la fin du VIe siècle sur l’étalon pondéral des cités chalcidiennes de Grande Grèce et de Sicile. Ainsi, A. Stazio relève que la drachme de Velia était analogue avant tout, par sa relative légèreté, aux monnaies des cités chalcidiennes du Détroit57.
3. Influences réciproques
35Elle étaient nombreuses, notamment, mais pas seulement, entre Velia et les cités chalcidiennes de Campanie, si proches (mais même en ce cas, la proximité géographique n’explique pas tout, car Poseidonia, située à mi-chemin, ne participait guère à ces échanges). Elles étaient fort diverses aussi. Evoquons :
36– L’influence, conjecturée par F. Càssola avec des arguments convaincants, de l’alphabet de Velia sur celui de Naples, où H note l’êta comme dans l’alphabet ionien oriental “bleu foncé”, non l’aspirée comme dans l’alphabet “rouge” eubéen, et où le lambda est écrit Λ58. Inversement, pour certains, les doublets en digamma des noms d’Alalia et de Hyélè s’expliqueraient par la présence de colons chalcidiens aux côtés de Phocéens59.
37– L’influence, conjecturée par A.C. Cassio d’après des fragments de Parménide, « du dialecte ionico-occidental des colonies eubéennes sur le dialecte ionico-oriental d’Elée ». Cassio y voit, sans doute à juste titre, « una conferma linguistica degli stretti rapporti tra antiche colonie euboiche e nuove colonie ionicoorientali di cui sappiamo attraverso la storiografia e l’archeologia »60 : c’est-à-dire ces rapports mêmes qui nous ont frappé à l’examen des documents et des indices que nous mentionnons dans ces pages.
38– Le peintre de Phineus, « proche de l’art de Phocée », qui se serait installé en Italie méridionale, contribuant à l’éclosion de la céramique dite « chalcidienne » de Rhegion61.
39– L’appareil polygonal, qui resta pratiquement une singularité isolée de Naxos d’une part, de Velia d’autre part.
40Mais je voudrais insister sur deux points surtout, symptomatiques des rapport entre Eubéens et Phocéens comme de l’évolution de la recherche actuelle.
411) On admet depuis longtemps que le monnayage de Cumes, rapidement, et celui de Naples, dès son apparition, se sont alignés sur un pied monétaire dit maintenant “phocéen”, et qui caractérisait aussi, vers le début du Ve siècle, les monnaies de Poseidonia et de Hyélè62. Ces deux cités ont été longtemps en concurrence pour l’origine de ce pied63. Enrica Pozzi Paolini a insisté en 1970 sur le rôle comme point de référence pour cet étalon, comme source de diffusion de cette influence, non pas de Poseidonia, mais de Hyélè64 (qui a exercé aussi, toujours au Ve siècle, une influence sur quelques types monétaires de Cumes)65. Et c’est bien Hyélè qui est maintenant tenue pour le chef de file de cette innovation dans le monnayage campanien66 : une manifestation de plus de cette adaptation du monnayage eubéen au monnayage phocéen, ou inversement (voir supra le cas du premier monnayage de Marseille)67.
422) Comme pour témoigner que la numismatique et l’archéologie nous envoient souvent des signaux divergents, c’est une évolution contraire qu’ont connue les recherches sur certaines terres cuites architecturales. On reconnaissait depuis longtemps, aussi, l’homogénéité typologique d’un groupe d’antéfixes caractérisées par la présence d’un nimbe de feuilles autour d’un motif central de types divers (palmette droite, palmette inversée, protomé féminine). Ces antéfixes sont attestées notamment à Capoue, en Campanie grecque, à Velia : et les spécialistes étaient en désaccord sur le point de départ du type en Italie, chacun de ces trois lieux ayant ses partisans. Récemment, une étude attentive de Giovanna Greco semble bien avoir localisé à Cumes et à Pithécousses – confirmant ainsi une analyse de R. R. Knoop68 – les « centri propositivi », l’origine d’un type adopté ensuite à Velia dès la fondation de la ville, probablement avec le système tout entier du toit « cumain »69, mais dont la diffusion en Sicile ressortit à un circuit « indiscutablement chalcidien, avec son foyer dans l’aire Pithécousses-Cumes », comme l’avait déjà reconnu G. Colonna70. Par la suite, Velia serait devenue le chef de file par rapport à Naples71.
43Il s’agit donc d’un renversement par rapport à la nouvelle attribution de paternité numismatique mentionnée ci-dessus. Mais il s’agit aussi, en tout état de cause, de l’affirmation, une fois de plus, de l’étroite connivence entre Phocéens et Eubéens.
4. Cultes et légendes
44Dans ce domaine particulièrement conservateur, nous observons, jusque très tard encore – jusqu’à l’époque hellénistique tardive, ou même franchement romaine – combien sont profondes les affinités entre les deux peuples, et cela dès l’époque archaïque, souvent par le filtre commun de l’Eolide et de l’éolisme. Après avoir remarqué que Marseille a peut-être donné en quelque sorte Artémis à Rome (ou a hellénisé la Diane romaine)72 comme Cumes lui a donné Apollon (et a hellénisé la Diana Nemorensis d’Aricie73), j’invoquerai quatre exemples.
1. Leucothéa
45Il s’agit ici de ce que Maurizio Giangiulio a appelé “i cultie miti del litorale”, ou encore “il mondo dell’emporia focea tirrenica”74 (mais en réalité, dirais-je, de l’emporίa tyrrhénienne eubéo-phocéenne). Laissons de côté la question très complexe du culte des Sirènes, que l’on voudrait parfois, de façon peu convaincante, faire remonter à un établissement des Phocéens dans le golfe de Naples dès le VIIe siècle 7575. Quant à Aphrodite Euploia, vénérée à Naples, elle l’était peut-être aussi à Velia, où une place (la sienne ?) reste vide, dans une aire sacrée, sur un socle désormais dépouillé de sa stèle inscrite, à côté d’une stèle à Poseidon Asphaleios76.
46Mais c’est principalement le culte de Leucothéa qui nous retiendra. Maurizio Giangiulio l’a étudié surtout en Campanie (Naples, un îlot proche de Capri [?]), François Salviat surtout dans le monde phocéen (Lampsaque, Marseille, Velia). Ce culte s’est-il transmis de Velia à Naples, comme le veulent beaucoup ? Il semble s’agir plutôt de deux cultes frères, chers à deux peuples eux-mêmes intimement liés à la mer pour l’exploration, le commerce, la piraterie, la pêche et la transformation de ses produits (aux ταριχεῖαι de Velia77 répondent les ϰητεῖαι de Cumes78).
47Le culte de Leucothéa napolitain, c’est-à-dire en définitive cumain, est sans doute très ancien, comme l’observe Giangiulio d’après la “forme primaire” Leukathea attestée dans une tombe de Naples. Il fait remonter ce culte à un milieu colonial éolien lui-même étroitement lié avec « un arrière-plan métropolitain thessalo-béotien et eubéen à la fois », notamment de par la fondation mythique de Téos par Athamas, descendant du héros éolide homonyme-lui aussi béotien et thessalien à la fois, époux d’Ino-Leucothéa –, et plaide pour une origine eubéenne du culte de Leucothéa sur le golfe de Naples79. François Salviat, partant de prémisses analogues (à savoir les origines béotiennes, et plus précisément minyennes, du culte de Leucothéa, les liens entre les Minyens et l’Ionie du Nord, et le rôle d’un probable peuplement partiellement béotien de Phocée dans l’implantation du culte de Leucothéa dans cette ville), mais se fondant sur la chronologie relative des témoignages du culte de Leucothéa et sur une imprégnation apparemment plus profonde dans l’aire phocéenne, préfère supposer une « source phocéenne » à ce culte80. Mais quoi qu’il en soit, ce culte apparente Eubéens et Phocéens. Et si j’ai quelque peu insisté sur ce débat, c’est parce que dans de telles considérations nous tenons probablement la clef (ou une des principales clefs), et pas seulement pour le domaine religieux, de tant d’affinités entre les deux ethnies qui nous intéressent ici.
2. Aristée
48C’est sans doute aussi le cas avec le deuxième culte que j’aimerais citer ici : celui d’Aristée. Ce culte est attesté à Pithécousses par une dédicace tardo-hellénistique81, à Naples par une phratrie des Aristaioi82, et donc indirectement à Cumes. Il est attesté aux IIe-Ier siècles à L’Acapte, près d’Olbia de Provence, sous-colonie ou phrourion de Marseille, par des centaines de dédicaces gravées sur des vases à vernis noir83.
49Ici encore, on perçoit derrière ce culte d’origine très ancienne, derrière des liens légendaires entre Thespies et Cumes d’Eolide, des relations complexes de la Béotie avec l’Eubée (et donc Cumes et les établissements voisins)84, et avec l’Eolide (et donc Phocée et ses colonies). Je renvoie à ce sujet à une analyse de Luisa Breglia Pulci Doria85.
50Je ne crois pas que le culte d’Aristée d’Olbia (donc aussi de Marseille ?) et ceux de Pithécousses et de Naples (donc aussi de Cumes ?) aient été jamais rapprochés. Ce rapprochement me paraît pourtant intéressant pour plusieurs raisons, outre les origines légendaires que je viens d’évoquer et qu’il tendrait de son côté à conforter. Enumérons-en quelques aspects. – 1) On lie volontiers le culte d’Aristée aux traditions d’eukarpia de Cumes et d’Ischia86 : Cumes et sa riche plaine, Ischia où la fouille de Punta Chiarito vient d’attirer l’attention sur l’importance de l’agriculture et du territoire dès les VIIIe –VIe siècles87. – 2) En particulier on attribuait à Aristée l’introduction de l’olivier en Italie et en Sicile88. Or G. Vallet a donné de bonnes raisons de penser que l’olivier et l’huile ont été introduits dans le paysage, l’usage et le vocabulaire de l’Italie centrale par les Eubéens de Cumes89. – 3) Selon Justin les Marseillais (dont le territoire était aux dires de Strabon ἐλαιόφυτος90) ont appris aux Gaulois à oliuam serere91 (et l’on relève sur l’oppidum celto-ligure d’Entremont un indice du rôle joué par les Massaliètes dans la diffusion de l’oléiculture auprès des indigènes de Provence, un contrepoids de pressoir à huile façonné avec la même technique de taille, et dans la même pierre, que les blocs de l’enceinte hellénistique de Marseille92). – 4) Le négoce de l’huile est considéré par A. Mele comme lié, à ses origines, au commerce-prexis typique des Chalcidiens et des Phocéens93. Or c’est encore celui qu’au IIe siècle et vers 100 av. n. è. pratiquait à Délos une dynastie d’ἐλαιoπῶλαι de Hyélè94. – 5) Denis Knoepfler vient de nous rappeler95 qu’il y avait à Erétrie un Narcissos Amarynthos, et qu’Amarynthos était aussi le nom du chien d’Actéon, lui-même fils d’Aristée, tandis que Claude Bérard vient de nous signaler96 la présence au Musée d’Erétrie d’un vase figurant Aristée97. Il y a là, je crois, autant de pistes à suivre, complexes, diverses, mais en fin de compte cohérentes.
3. Hercule
51Ramenant le troupeau de Géryon vers la Grèce, Hercule parcourt la Celtique, la Campanie, la Sicile. En Gaule, il combat les indigènes près de la future Marseille, fonde Alésia près du futur Vix, lieu emblématique du commerce phocéen (et eubéen ?) en Gaule interne. Pour Fernand Benoit, « le culte d’Héraclès (en Gaule) apparaît comme un fait marseillais »98. Mais un des premiers auteurs auxquels nous devions un récit de la geste géryonesque d’Hercule, le premier peut-être qui ait donné à ce récit son plein développement (notamment en Sicile, en particulier à propos des “thermes” proches d’Himère), est ce Stésichore dont le nom est étroitement lié à celui d’Himère99, ville fondamentalement eubéenne malgré une composante syracusaine.
52On voit donc s’affirmer une fois de plus, à propos d’un dossier complexe, l’harmonie, ou la complicité, eubéo-phocéenne.
4. La déesse assise
53Mentionnons enfin, ne serait-ce que pour mémoire, la parenté au moins figurative entre la « dea seduta » (Cybèle ? Artémis ? Athéna ?) représentée sur des naiskoi de Marseille100, Velia101 et maintenant Phocée102, et les xoana archaïques d’Athéna que Strabon signale à Phocée, Marseille, Chios, et Rome… ou Cumes103 ? Mais cette dernière leçon, qui jetterait une passerelle supplémentaire entre les Eubéens et les Phocéens, est loin de faire l’unanimité104.
5. L’époque tardive
54Il ne serait pas sans intérêt d’explorer systématiquement les manifestations tardives (à la fin de la période hellénistique, voire sous l’Empire romain) de ces analogies invétérées entre Eubéens et Phocéens, dont nous avons déjà eu un aperçu par exemple avec le culte d’Aristée. Nous constaterions alors que la solidarité eubéo-phocéenne se poursuit, essentiellement, à travers les liens de toute sorte qui unissent alors Marseille, Velia et Naples :
- Rome empruntait ses prêtresses de Déméter à Naples et à Velia105
- Les deux cités italiotes dont on connaît le plus grand nombre de commerçants à Délos par des inscriptions de Rhénée sont Naples et Velia106
- Les monnaies de Velia et de Naples sont fréquemment associées dans la circulation monétaire en Italie aux IIIe-IIe siècles107.
- L’exportation intensive de campanienne A napolitaine commence à Marseille et dans sa zone d’influence et finit de même108 : Marseille fut fidèle jusqu’au bout à cette céramique qui est culturellement une céramique grecque en pleine période de domination romaine. Même si je comprends assez mal les « rapporti clientelari », les « vecchie clientele di Neapolis nel mondo ellenizzato dell’area già precedentemente sotto influenza massaliota » que Werner Johannowsky évoque à ce sujet109, il y a là probablement le prolongement de rapports anciens entre Eubéens et Phocéens, et, en tout cas, une sorte d’axe Naples-Marseille actif tout au long des IIIe –Ier siècles av. J. –C.110.
Annexe
6. En conclusion
Les histoires actuelles des colonisations eubéenne et chalcidienne restent, sauf exceptions notables, assez indifférentes l’une à l’autre, et c’est peut-être dommage. Il est peut-être dommage également que l’histoire eubéenne braque presque tous ses projecteurs sur le VIIIe siècle, l’histoire phocéenne sur le VIe siècle, alors qu’il y a tant à faire pour d’autres périodes aussi. Il est peut-être dommage, enfin, que Cumes soit souvent la grande oubliée de l’histoire eubéenne (mais la récente reprise des fouilles sur ce site est porteuse d’espoir).
Au fond, en un certain sens, la colonisation phocéenne peut être considérée comme une sorte de deuxième vague de la colonisation eubéenne, moins puissante, certes, mais, qui, trouvant la place prise en Italie, serait allée plus loin que cette dernière et l’aurait en quelque sorte prolongée, affrontant souvent les mêmes périls et portant les mêmes dons, l’olivier, l’alphabet, des pratiques, des cultes…
Thomas J. Dunbabin admirait les “qualités remarquables” qui avaient favorisé l’expansion des Phocéens111. La colonisation eubéenne en Occident a été, selon la forte expression de Jean Bayet, « un des plus sûrs chefs d’œuvre de l’expansion hellénique »112. Ainsi les essaimages de ces deux peuples, les seuls qui aient pleinement investi l’Occident méditerranéen au-delà du mythique Détroit, sont-il unis dans l’admiration des Modernes de la même façon qu’ils furent, à maints égards, apparentés ou associés dans l’Antiquité, dans leurs succès comme dans leurs épreuves.
Abréviations supplémentaires
AΠOIKIA = ΑΠΟΙΚΙΑ, Scritti in onore di Giorgio Buchner, AION ArchStAnt. 1 (N. S.), 1994.
Bavet 1926 =J. Bayet, Les origines de l’Hercule romain (BEFAR, fasc. 132), Paris 1926. Breglia 1970 =L. Breglia,‘La monetazione “tipo Auriol” e il suo valore documentario per la colonizzazione di Focea’, dans Nuovi studi su Velia, pp. 153-165.
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Valenza Mele 1981 = Ν. Valenza Mele, ‘La necropoli cumana di VIe V a. C. ο la crisi di una aristocrazia’, dans Nouvelle contribution, pp. 97-130.
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Villard 1970 = Fr. Villard, ‘Céramique ionienne et céramique phocéenne en Occident’, dans Nuovi studi su Velia, pp. 108-129.
Villard 1992 = Fr. Villard, ‘Un aperçu sur Marseille grecque’, dans Marseille grecque et la Gaule, pp. 447-449.
Notes de bas de page
1 Parlant des villes chalcidiennes du Détroit et de Sicile, G. Vallet affirme qu’à partir du Ve siècle « en tant que cités chalcidiennes, elles ont pratiquement disparu de l’histoire » (‘Les cités chalcidiennes du Détroit et de Sicile’, dans Gli Eubei in Occidente, p. 143 et, plus généralement, pp. 116 sq.). Voir aussi, à propos de Cumes et Naples au Ve s. et au début du IVe s., Stazio 1979, p. 208 : « la "euboicità" di questi centri è oramai definitivamente tramontata ».
2 Càssola 1986, p. 56.
3 Valenza Mele 1981, pp. 97-128.
4 Pour l’expression même d’ » entente cordiale », cf. Vallet 1958, p. 198.
5 Voir surtout ibidem, pp. 186-198.
6 Bibliographie dans Morel 1993, p. 436.
7 Vallet 1958, pp. 191-198.
8 Cf. Brenot 1996, pp. 5-6.
9 Ibidem, p. 6.
10 Sur ce point précis, cf. Fr. Villard, La céramique grecque de Marseille (VI Essai d’histoire économique (BEFAR, fasc. 195), Paris 1960, pp. 33-35.
11 Pour Rhegion, la Campanie et Caere, voir Vallet 1958, p. 217. Pour les autres sites, références dans Morel 1990, p. 252 ; pour Emporion et Huelva, voir aussi P. Rouillard, Les Grecs et la péninsule ibérique du VIIIe au IVe siècle avant Jésus-Christ, Bordeaux 1991, p. 142.
12 G. Vallet, ‘Les routes maritimes de la Grande Grèce’, dans Vie di Magna Grecia, ‘Atti del II convegno di studi sulla Magna Grecia (Taranto, 1962)’, Napoli 1963, p. 130, note 23 = Idem, Le monde grec colonial d’Italie du Sud et de Sicile, Rome 1996, p. 318, note 23.
13 Voir un rappel insistant à la prudence quant à l’attribution au commerce phocéen de céramiques “ioniennes” ou prétendues telles dans Villard 1970, pp. 110-113.
14 Vallet 1958, p. 186. Mais ce bucchero éolien n’apparaît pas dans la liste des “importations grecques à Zancle et à Rhegion” pour les années 625-570 (ibidem, pp. 142-143), où n’est mentionné que du bucchero gris ionien.
15 Johannowsky 1978, p. 138.
16 Références dans Morel 1993-1994, p. 358, 4.3.1.1. Selon Villard 1970, p. 116, le bucchero gris éolien ne se trouve en Sicile que sur les côtes orientales. Deux possibilités ici : un inventaire incomplet, dû peut-être à la date de cet article de Villard ; ou la nécessité de distinguer mieux entre le “bucchero éolien” et le “bucchero ionien” (sur lequel voir ibidem, p. 117).
17 Je laisse de côté ici le problème complexe des Phocéens ou prétendus tels, signalés, avec des noms de lieux ou d’ethnies d’ailleurs approximatifs ou incertains (Φωϰέαι ou Φωχαῖαι, Φωϰιϰòν γένος, Φωϰέων τινές), par Thucydide (V, 4, 4 ; VI, 2, 3) et Pausanias (V, 25, 6), en Sicile, ou plus précisément en Sicile occidentale aux côtés des Elymes, ou à Leontinoi. Voir Morel 1993-1994, p. 347, et p. 359 avec les références des commentaires modernes.
18 Remarque sur ce point dans Villard 1992, p. 448. Sur cette épave, voir L. Long-J. Mirò – G. Volpe, ‘Les épaves archaïques de la pointe Lequin (Porquerolles, Hyères, Var). Des données nouvelles sur le commerce de Marseille à la fin du VIe et dans la première moitié du Ve s. av. J. –C.’, dans Marseille grecque et la Gaule, pp. 202-225.
19 Thuc. I, 13, 6 ; Pausanias X, 8, 7 et X, 18, 7 ; Justin XLIII, 5, 2, et peut-être XVIII, 7, 1.
20 Cf. J. –P. Morel, ‘Les amphores massaliètes en Afrique du Nord et particulièrement à Carthage’, dans M. Bats (éd.), Les amphores de Marseille grecque. Chronologie et diffusion (VIe-Ier s av. J. –C.), ‘Actes de la table-ronde de Lattes, 1989’ (Etudes massaliètes, 2), Lattes-Aix-en-Provence 1990, pp. 269-272 ; Idem, ‘Remarque finales sur les amphores massaliètes’, ibidem, p. 285.
21 Sur la présence possible d’Eubéens dans l’aire punique, voir aussi M. Gras, ‘Les Eubéens et la Tunisie’, dans Bull, des Travaux de l’Institut National du Patrimoine (Tunis), Comptes Rendus, fasc. 5, janvier-juin 1990, pp. 87-93.
22 Vallet 1958, p. 198.
23 Voir cependant Valenza Mele 1981. Sur le « rôle prééminent de Cumes » dans la mer Tyrrhénienne au milieu du VIe siècle, voir aussi Greco 1994, p. 144.
24 Pour la présence à Gravisca des Eginètes et des Grecs de l’Est autres que les Phocéens, cf. M. Torelli, ‘La ceramica ionica in Etruria : il caso di Gravisca’, dans Les céramiques de la Grèce de l’Est, p. 215 ; Idem, ‘Il commercio greco in Etruria tra l’VIII e il VI secolo a. C.’, dans Il commercio greco nel Tirreno in età arcaica, ‘Atti del seminario in memoria di Mario Napoli’, Salerno 1981, p. 75 ; Torelli 1982, pp. 304-325 et notamment pp. 318, 320, 323-325. G. Colonna met aussi l’accent sur les Samiens lorsqu’il évoque un commerce » samio-foceo-massaliota », cf. ‘Basi conoscitive per una storia economica dell’Etruria’, dans Contributi introduttivi allo studio della monetazione etrusca, ‘Atti del V Convegno del Centro internazionale di studi numismatici (Napoli, 1975)’ (AIIN, suppl. al vol. 22), Napoli 1976, p. 10. Voir aussi M. Slaska, ‘Le anfore da trasporto a Gravisca’, dans Il commercio etrusco arcaico, p. 20 ; Cl. Albore Livadie, ‘La situazione in Campania’, ibidem, pp. 136-137, note 47.
25 Breglia 1970, p. 160.
26 Coupe ionienne à bord haut et réservé, à paroi très bombée et à pied assez bas, d’excellente qualité, conservée en 1967 à l’antiquarium de Lacco Ameno. Le graffito Sostrato, complet, est sini-stroverse. Le premier sigma est à quatre branches, le second à trois branches (une dualité assez banale et qui ne nous renseigne guère sur la nationalité du scripteur !). Ce vase a été trouvé avec un aryballe du corinthien moyen dans la tombe 782 de Pithécousses.
27 Voir Torelli 1982, p. 318.
28 Cf. M. Giuffrida, ‘La “pirateria etruisca” fino alla battaglia di Cuma’, dans ΚΩΚΑΛΟΣ 24, 1978, p. 184 ; G. Maddoli, ‘Il VI e il V secolo a. C.’, dans E. Gabba-G. Vallet (éds.), La Sicilia antica, Napoli 1980, II, 1, p. 33.
29 Brenot 1992, pp. 248-252. Voir p. 252 : vers les années 480-470, « l’activité maritime de [Marseille] dut composer avec le déclin de la puissance chalcido-phocéenne et s’orienter vers les ports de la côte sud de la Sicile ». Brève allusion en ce sens aussi dans Villard 1992, p. 448.
30 Pugliese Carratelli 1970, pp. 7-18.
31 Remarque intéressante en ce sens de Pugliese Carratelli, dans Gli Eubei in Occidente, p. 473.
32 Vallet 1958, p. 198; voir aussi p. 188.
33 Comme G. Pugliese Carratelli, ‘Greci d’Asia in Occidente tra il secolo VII e il VI’, dans Velia e i Focei in Occidente 1966, p. 162, qui fait état aussi de l’intérêt de Poseidonia à cette fondation. Sur les “raisons égoïstes” qu’auraient eues les Chalcidiens de Rhegion d’aider les Phocéens, voir G. Vallet – Fr. Villard, ‘Les Phocéens en Méditerranée occidentale à l’époque archaïque et la fondation de Hyélè’, ibidem, p. 189. Dans le même sens: Stazio 1983, p. 123.
34 On notera toutefois que G. Pugliese Carratelli (1970, p. 13) suggère que les gens de Rhegion, de Poseidonia et de Sybaris comptaient sur les Phocéens et sur leurs qualités de marins – et de pirates ! – pour s’opposer aux Carthaginois et aux Etrusques. C’est plutôt dans le domaine commercial que E. Lepore (1970, p. 39) insiste sur « la fonction dans certains cas complémentaire » des Phocéens par rapport aux Chalcidiens et aux Cnidiens. Sur la « comunità di interessi » qui unissait aux VIe-Ve siècles les Chalcidiens, Poseidonia et Velia, voir Lepore 1967, pp. 155-156.
35 Hdt. I, 165.
36 Vallet 1958, p. 198, note 4. Moindre scepticisme chez J. Bérard, L’expansion et la colonisation grecques jusqu’aux guerres médiques, Paris 1960, p. 130.
37 Ebner 1968-69, p. 207. Sur la similitude entre ces monnaies de Leontinoi et de Hyélè, voir aussi C.M. Kraay, Archaic and classical Greek coins, London 1976, p. 201.
38 Ebner 1968-69, pp. 209-210.
39 Diod. Sic. XIII, 91, 1, 3; Plut. Timol., 35, 2.
40 Cf. Mele 1979, pp. 24, 28, 35-36 ; pour d’autres rapprochements entre Eubéens et Phocéens, voir passim et notamment pp. 60-61, 83, 85.
41 Ibidem, pp. 24, 62, 74.
42 Zancle: Thuc. VI, 4, 5; Paus. IV, 23, 7 (sur ces textes, voir Vallet 1958, pp. 59-61 et 63-64). Phocée: Justin XLIII, 3, 5. Alalia: Hdt. I, 166.
43 E. Manni, ‘Sicilia e Magna Grecia nel V secolo’, dans ΚΩΚΛΛΟΣ 14-15, 1968-1969, pp. 96-97. E. Lepore va jusqu’à attribuer au rôle joué par les Ioniens – et notamment à la présence phocéenne – dans « la svolta del VI secolo » la naissance des tyrannies en Grande Grèce à cette époque (‘Rapporti ed analogie di colonizzazione tra Sicilia e Magna Grecia’, ibidem, p. 77).
44 Dont Agrigente, partiellement repeuplée sous Timoléon par des réfugiés qui après l’invasion carthaginoise de 406 s’étaient établis à Hyélè – ou, plutôt, doit-on penser, par leurs descendants (Plut. Timol. 35, 2; voir supra).
45 Cf. F.P. Rizzo, ‘Problemi costituzionali sicelioti’, dans ΚΩΚΑΛΟΣ 14-15, 1968-1969, pp. 369-370 et 373. Sur la nature du synkletos, voir P. Grimai, ibidem, p. 393.
46 Johannowsky 1978, p. 139; M. Gras, ‘Il golfo di Napoli e il Tirreno arcaico’, dans Neapolis, p. 25.
47 Ces villes ne sont mentionnées ni dans Johannowsky 1978, qui fait état de Pontecagnano, Vico Equense, Stables, Capoue, Abella, Caudium, ni dans Johannowsky 1982, p. 240, qui fait état de Poseidonia, Pontecagnano, Nuceria, Pompéi, Stables, Capoue, Caudium.
48 Th. Van Compernolle, Histoire économique et ceramologie : recherches sur les coupes ioniennes de la fin du VIIIe au début du Ve siècle avant notre ère, Thèse de l’Université Libre de Bruxelles, dactylographiée, 1989-1990, pp. 575-576. Voir aussi Idem, ‘Coppe di tipo ionico’, dans Arte e artigianato in Magna Grecia [exposition, Tarente], Napoli 1996, pp. 299-301.
49 Cf. Gialanella 1994, p. 178, qui, d’après une expertise de Th. Van Compernolle, fait état pour Ischia d’une production locale de coupes A2 et B1, « che avrebbe influenzato tanto Cuma che l’Etruria meridionale ».
50 Cf. G. Colonna, ‘Anfore da trasporto arcaiche: il contributo di Pyrgi’, dans Il commercio etrusco arcaico, p. 10. Voir aussi, pour une origine magno-grecque et sicilienne de ces conteneurs, J.-Chr. Sourisseau, Les amphores archaïques et classiques de Provence (fin VIIe, VIe et Ve s. av. J.-C.), diplôme d’études approfondies, dactylographié, Université de Provence (Aix-en-Provence), 1991, II, p. 29. On notera la formule un peu ambiguë de François Villard, à propos «des relations entre Marseille et la Grande Grèce et la Sicile, dont l’étude d’ensemble reste à faire » : « le problème de l’origine des amphores “ionio-massaliètes” semble rapprocher Marseille, plus qu’auparavant, du reste de l’Occident grec » (Villard 1992, p. 448).
51 Pour un état de la question récent, voir Gassner 1996, pp. 165-176.
52 Pour une origine vraisemblablement éléate de certaines de ces amphores, voir Morel 1993, pp. 447-449 et p. 461; Gassner 1994, p. 109; Gassner 1996, p. 167 ; J.-Chr. Sourisseau, Recherches sur les amphores de Provence et de la basse vallée du Rhône aux époques archaïque et classique (fin VIIe-début IVe s. av. J.-C.), thèse de doctorat, dactylographiée, Université de Provence (Aix-en-Provence), 1997, I, p. 158, 11.1.2.1.
53 Pour Pithécousses et Vico Equense, voir N. Di Sandro, ‘Le anfore arcaiche dallo scarico Gosetti, Pithecusa’, Naples 1986, pp. 82-84. Pour Velia, voir Gassner 1994, p. 115.
54 Pour Cumes et Naples, voir Lepore 1967, pp. 178, 182, 186 et 196; pour Marseille, voir le Contre Zénothémis de Démosthène et le commentaire de M. Bats, ‘Commerce et politique massaliètes aux IVe et IIIe siècles av. J.-C. Essai d’interprétation du faciès céramique d’Olbia de Provence (Hyères, Var)’, dans I Focei dall’Anatolia all’Oceano, pp. 262-265.
55 Stazio 1979, p. 179.
56 Sur la “duttilità” du monnayage et des méthodes commerciales des Phocéens, voir Lepore 1970, p. 39-40. Sur l’adaptation du monnayage marseillais du Ve siècle aux mutations du monnayage sicilien, dominé désormais par l’étalon attique en usage à Syracuse et qui s’impose notamment aux cités eubéennes ou ex-eubéennes (Zancle-Messana, Naxos, Himère), voir Brenot 1996, pp. 7-8. Toujours à propos de Marseille, pour des émissions d’époques diverses, Cl. Brenot (1992, pp. 246 et 252) parle de « souplesse d’adaptation », de « capacité d’adapter son monnayage aux nécessités du moment », d’affaires « qui pouvaient aussi se traiter au loin». Sur la « flexibilité » du système monétaire marseillais, citons aussi des observations de N. Parise dans sa communication sur ‘Le monetazioni’ lors du Colloque Dialogo foceo. Marsiglia-Velia-Emporion (Naples, Centre Jean Bérard, 5-6 mai 1993) ; et du même savant, de A. Furtwängler et de R. Cantilena, dans des communications ou interventions lors du Colloque La monetazione dei Focei in Occidente (Naples, Centro internazionale di studi numismatici, 25-26 octobre 1996). En revanche, pour Velia archaïque, A. Stazio (1983, pp. 123-124) insiste sur la « spiccata autonomia » de son monnayage par rapport à ceux des cités de Grande Grèce.
57 A. Stazio, ‘Monetazione dei Greci d’Occidente’, dans Les Grecs et l’Occident, ‘Actes du Colloque de la Villa “Kerylos” (1991)’, Rome 1995, p. 144.
58 Càssola 1986, pp. 57-58. Sur l’hypothèse selon laquelle Phocée aurait eu initialement un alphabet « rouge », voir les références dans Morel 1966, p. 403.
59 Cf. J. Jehasse – S. Boucher, ‘Les fouilles d’Aléria’, dans Etudes Corses 79, 22 (N.S), 2e trimestre 1959, p. 22. Mais pour P. Ebner, le digamma sur certaines monnaies de Hyélè résulterait d’un « scrupolo ortografico » pour rendre la prononciation indigène du nom de la ville, Velia (‘Le monete di Velia’, dans Velia e i Focei in Occidente, p. 346).
60 Cf. A.C. Cassio, ‘Da Elea a Hipponion e Leontinoi: lingua di Parmenide e testi epigrafici’, dans ZPE 113, 1996, pp. 17-19.
61 Cf. J. de La Genière, ‘Asie Mineure et Occident. Quelques considérations’, dans I Focei dall’ Anatolia all’Oceano, p. 179.
62 Voir par exemple A. Sambon, ‘Notes sur l’histoire de l’art en Campanie’, dans RN 4e s. 11, 1907, p. 451; A.W. Hands, Coins of Magna Graecia, London 1909, p. 267. Voir aussi Stazio 1979, pp. 202 et 207-208.
63 Ainsi L. Breglia, ‘Le antiche rotte del Mediterraneo documentate da monete e pesi’, dans RendNap 30 (N.S.), 1955, pp. 230-240, passim, semble pencher pour une origine poseidoniate.
64 Pozzi Paolini 1970, pp. 179 et 188. Voir déjà J. Beloch, Campanien, Breslau 18902, p. 153 ; Bayet 1926, p. 54.
65 Pozzi Paolini 1970, p. 189, et (avec en ce cas un doute sur l’origine de l’influence – Velia ou Marseille) p. 191.
66 Cf. Càssola 1986, p. 60 ; et, de façon plus ambiguë, Stazio 1979, p. 207.
67 Rappelons aussi la présence d’une drachme de Cumes dans le trésor de Pont de Molins (près d’Emporion), au Ve siècle, à côté de nombreuses monnaies du “type Auriol” – présence à ne pas surinterpréter toutefois, car elle s’accompagne de celle de quatre autres monnaies non phocéennes, d’Athènes (2), Méta-ponte et Corcyre (Breglia 1970, p. 157). Les liens monétaires entre Velia, Cumes et Naples au Ve s. ont été soulignés aussi par les communications de K. Rutter et M. Taliercio sur les monnaies de Velia lors du Colloque La monetazione dei Focei in Occidente, précité. L’imitation par des monnaies de Marseille de monnaies d’une Messana devenue désormais samienne a été signalée lors du même colloque par A. Furtwängler dans sa communication sur le monnayage de Marseille aux VIe –Ve siècles.
68 R. R. Knoop, Antefixa Satricana, Assen 1987, p. 139.
69 Cf. Greco-Strazzulla 1994, pp. 125-129 ; Greco 1994, pp. 138-145. La priorité de Cumes et en tout cas de la Campanie du Nord transparaît aussi dans la formule ambiguë de W. Johannowsky (1978, p. 139), selon laquelle « un’altra riprova dell’inserzione della Campania nella zona d’influenza eleate è costituita dalla contemporanea apparizione a Cuma, Capua, e sul Garigliano, di terrecotte architettoniche di tipo greco-orientale, le cui ulteriori fasi di sviluppo sono attestate oltre che in Campania anche a Velia e a Himera » (italiques de nous). Plus récemment, toutefois, le même auteur (Johannowsky 1982, p. 229) a signalé que le « tipo più antico » est connu en Campanie septentrionale, notamment à Pithécousses.
70 Cf. G. Colonna, ‘La Sicilia e il Tirreno nel V e nel IV secolo a. C.’, dans ΚΩΚΑΛΟΣ 26-27, 1980-1981, ‘Atti del V congresso internazionale di studi sulla Sicilia antica, Palermo, 1980’, p. 162.
71 Sur l’antéfixe de la Via Duomo à Naples et les liens culturels entre Hyélè et Neapolis, cf. Morel 1986, p. 311 ; Greco-Strazzulla 1994, p. 129. Sur des terres cuites architecturales de type phocéen de Morgantina, peut-être introduites sur ce site par des réfugiés d’Alalia qui auraient transité par Rhegion ou par quelque colonie eubéenne de Sicile orientale, voir J. F. Kenfield, ‘The case for a Phokaian presence at Morgantina as evidenced by the site’s archaic architectural terracottas’, dans J. des Courtils-J. –Ch. Moretti (éds.), Les grands ateliers d’architecture dans le monde égéen du VIe siècle av. J. –C., ‘Actes du colloque d’Istanbul, 1991’(Varia Anatolica, III), Paris 1993, pp. 261-269.
72 Sur ce débat, références dans Morel 1966, p. 413. Voir aussi C. Ampolo, ‘L’Artemide di Marsiglia e la Diana dell’Aventino’, dans Nuovi studi su Velia, p. 210.
73 Ibidem.
74 Voir Giangiulio 1986, pp. 102-140.
75 Voir en dernier lieu G. Pugliese Carratelli, ‘Napoli antica’, dans PP 25-27, 1952, p. 247.
76 Hypothèse de C. P. Sestieri rapportée, et approuvée, par M. Guarducci, ‘Divinità fauste nell’antica Velia’, dans Velia e i Focei in Occidente, p. 282.
77 Strabon VI, 1, 1.
78 Strabon V, 4, 4.
79 Sur tout cela, voir Giangiulio 1986, p. 102, note 1, et pp. 114-115.
80 Voir Salviat 1992, pp. 146-147.
81 G. Buchner, ‘Base di donarlo con dedica a Aristeo rinvenuta a Pitecusa (Ischia)’, dans RendNap 24-25 (N. S.), 1949-1950 (1951), pp. 1-12.
82 IG XIV, 759. Sur cette phratrie, voir en dernier lieu Cassola 1986, pp. 51-53.
83 Cf. J. Coupry – M. Giffault, ‘La clientèle d’un sanctuaire d’Aristée aux îles d’Hyères (Ier siècle avant J. –C.)’, dans I Focei dall’Anatolia all’Oceano, pp. 360-361.
84 Le « centre de diffusion » de ce culte serait même l’Eubée selon Valenza Mele 1977, p. 495.
85 Breglia Pulci Doria 1981, pp. 80-81.
86 Pour Cumes, cf. ibidem. Pour Ischia, cf. Valenza Mele 1977, p. 497.
87 Cf. Gialanella 1994, pp. 170-171 et 181-182; C. Gialanella, ‘Pithecusae : le nuove evidenze da Punta Chiarito’, dans La Magna Grecia nelle collezioni del Museo Archeologico di Napoli, Napoli 1991, pp. 260, 264, 269; S. Coubray, ‘Etude paléobotanique des macrorestes végétaux provenant d’Ischia’, dans ΑΠΟΙΚΙΑ, pp. 207-208.
88 Diod. Sic. IV, 82.
89 Cf. G. Vallet, ‘L’introduction de l’olivier en Italie centrale’, dans M. Renard (éd.), Hommages à Albert Grenier (coll. Latomus, vol. LVIII), Bruxelles 1962, III, pp. 1554-1563.
90 Strabon IV, 1, 5.
91 Justin XLIII, 4, 1.
92 Chr. Goudineau, ‘Un contrepoids de pressoir à huile d’Entremont (Bouches-du-Rhône)’, dans Gallia 42, 1984, 1, pp. 219-221
93 Cf. Mele 1979, p. 71, qui lie aussi l’oliviculture aux βασιλῆες.
94 Cf. M. Leiwo, ‘Why Velia survived through the 2nd century B. C.? Remarks on her economic connections with Delos’, dans Athenaeum 73 (N.S.), 1985, 3-4, pp. 496-498.
95 Dans sa communication au cours du présent Colloque, ‘Le héros Narkittos et le système tribal de la cité d’Erétrie’.
96 Dans la discussion du présent Colloque.
97 Sur Amarynthos et son cercle, voir aussi Breglia Pulci Doria 1981, p. 81.
98 Observations et références dans Morel 1993-1994, pp. 348-350 et 360.
99 Sur ces problèmes, voir Vallet 1958, pp. 255-265 et 278-283, passim.
100 Voir en dernier lieu Salviat 1992, pp. 147-149.
101 Voir W. Johannowsky, ‘Un naiskos eleate con dea seduta’, dans Klearchos 12, 1961, pp. 118-128.
102 Voir Ö. Özyigit, ‘Les dernières fouilles de Phocée’, dans Phocée et la fondation de Marseille [catalogue de l’exposition], Marseille 1995, pp. 55 et 57; J.-P. Morel, ‘Phocée et ses colonies d’Occident’, ibidem, pp. 26-27.
103 Strabon XIII, 1, 41, C 601. Le texte porte ἐν ‘Ρώμῃ, corrigé en ἐν Κύμῃ par A. Joubain, ‘Correction à un texte de Strabon (XIII, 41)’, dans RA 3e s. 22, 1893, pp. 281-283, suivi par M. Clerc, ‘Les premières explorations phocéennes dans la Méditerranée occidentale’, dans REA 7, 1905, 4, p. 332.
104 Le texte de Strabon est accepté tel quel par Pugliese Carratelli 1970, p. 16.
105 Cic. Pro Balbo 24, 55 (Val. Max. 1, 1, ne mentionne que Velia, mais, il est vrai, à propos du cas individuel d’une prêtresse). Sur le culte de Déméter à Naples, et sur l’emprunt romain, cf. Valenza Mele 1981, p. 122. Sur Déméter à Naples, voir aussi Giangiulio 1986, pp. 140-148, passim.
106 Cf. Morel 1986, pp. 330-331. Voir aussi D. Musti, ‘Le fonti per la storia di Velia’, dans Velia e i Focei in Occidente, pp. 334-335.
107 Pour l’Italie méridionale, cf. la communication de Marina Taliercio lors du Colloque La monetazione dei Focei in Occidente, précité. Pour l’Italie septentrionale, cf. la communication de Giovanni Gorini lors du même colloque.
108 Morel 1986, pp. 339-350, passim.
109 W. Johannowsky, dans La Magna Grecia nel mondo ellenistico, ‘Atti del IX Convegno di studi sulla Magna Grecia (Taranto, 1969)’, Napoli 1970, p. 150; Idem, dans P. Zanker (éd.), Hellenismus in Mittelitalien, ‘Kolloquium in Göttingen, 1974’, Göttingen 1976, II, p. 498.
110 Cf. Morel 1990, pp. 289-292.
111 T.J. Dunbabin, The Western Greeks, Oxford 1948, p. 348.
112 Bayet 1926, p. 40.
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