L’alun de Macédoine
p. 69-75
Texte intégral
1L’idée de consacrer une étude à l’alun de Macédoine a plusieurs raisons :
2— la première raison, c’est évidemment les mentions qu’en font deux auteurs sensiblement contemporains, du milieu du Ier siècle de notre ère, Pline et Dioscoride. Ces deux auteurs, parlant des pays producteurs d’alun, en donnent les listes suivantes (mais dans un ordre différent de celui qui est reporté ci-dessous)1 :
3— la seconde tient aux encouragements et aux facilités que nous avons trouvés auprès de la XIXe Éphorie des Antiquités à Komotini (D. Triandaphyllos)2.
4— la troisième raison réside dans les nombreuses mentions d’époque médiévale et moderne qui concernent l’alun produit dans la région qui est actuellement la Thrace, et qui fit partie à différentes époques de la Macédoine antique, comme entité géographique et/ou politique. Parmi ces mentions, l’une des plus connues est sans doute la relation de Pierre Belon du Mans, Observations de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte et autres pays étranges, Paris 1553, sur laquelle on reviendra. Notons dès à présent que ce texte concerne l’alun dit de Cypsella ou de Chapsylar, l’actuelle Sapes (cf. fig. 1).
5Avant d’examiner les mentions concernant l’alun qui a été ou aurait pu être produit dans la Thrace actuelle, il convient d’examiner au préalable si l’hypothèse d’un rattachement à la Macédoine antique de la zone de Sapes (Chapsylar/Cypsella?), en Thrace orientale, est envisageable, voire probable. Ce qui laisserait ouverte la possibilité, pour cette zone, de figurer dans les listes de Pline et Dioscoride. Ce sera l’objet d’une première partie de cette communication, qui concernera la question des frontières. Elle précédera celle où seront signalées et étudiées brièvement les mentions médiévales et modernes de l’alun de la région de Sapes, et plus généralement de l’alun de Thrace. Cette seconde partie sera suivie elle-même d’une troisième où seront examinés les restes d’alunières découverts dans la région de Sapes.
La question des frontières
6L’étude des frontières de la Macédoine antique, frontières géographiques et politiques, et celle de leur évolution, sont des questions qui ont suscité de la part des historiens modernes de multiples travaux. Il ne nous était pas possible d’y faire référence dans le cadre restreint de cet exposé. Pas plus il ne nous était possible d’en faire la synthèse. C’est pourquoi nous avons pris le parti de nous appuyer préférentiellement sur le travail récent de Madame Fanoula Papazoglou, Les villes de Macédoine à l’époque romaine (Papazoglou 1988), et de citer quelques travaux d’autres historiens qui ont consacré de nombreuses recherches à cette question.
7Si on se place du point de vue des géographes de l’Antiquité, la Macédoine serait une région allant de l’Adriatique à l’Hèbre (ce qui place indubitablement en Macédoine la zone de l’actuelle Sapes). Telle serait notamment l’opinion de Strabon (Papazoglou 1988, p. 21 et n. 38). Pline s’inspirerait très largement des travaux des géographes, et donne donc à la Macédoine les limites indiquées ci-dessus, de l’Adriatique à l’Hèbre (Papazoglou 1988, p. 23). D’après Tite-Live et Diodore, suivant sans doute en cela Polybe, la division de la Macédoine en quatre districts en 167 avant J. –C. ne semble pas avoir modifié le rattachement à la Macédoine de la zone de Sapes. En effet, ces deux auteurs attribuent au premier district de Macédoine le territoire compris entre le Strymon et le Nestos, ainsi que les différentes cités de la région située à l’Est du Nestos et à l’Ouest de l’Hèbre, à l’exception de Maronée et d’Ainos (l’actuelle Enez), qui furent proclamées libres (Papazoglou 1988, p. 67).
8La première modification importante touchant au statut de la zone de Sapes intervient avec la création des provinces de Mésie en 15 de notre ère, et surtout de Thrace en 46, cette dernière incluant alors la zone de l’actuelle Sapes (Papazoglou 1988, p. 84). Mais en dehors du fait qu’on n’a aucune certitude que cet événement politique, relativement récent, ait eu quelque influence sur la rédaction du texte de Pline, il n’est pas inutile de rappeler que Pline semble avoir accordé surtout de l’importance aux notions géographiques (Papazoglou 1988, p. 23)3.
9Dans ces conditions on peut admettre que la région productrice d’alun, signalée par Pline en Macédoine, peut être celle que les voyageurs et érudits de l’époque moderne ont située en Thrace, et particulièrement à Sapes. D’autant que les données géologiques semblent être favorables à cette interprétation. Les formations volcaniques de Thrace, dont certaines zones altérées ont été exploitées à Chapsylar, n’occupent en effet guère qu’une bande d’une cinquantaine de kilomètres de long, d’Est en Ouest, et d’une ou deux dizaines de kilomètres de large (cf. carte géologique simplifiée fig. 1). Plus à l’Ouest, en Macédoine proprement dite, on ne trouve pas de formation volcanique comparable. De plus, on ne connaît, pour cette région, aucune appellation d’alun pouvant s’y rapporter. Seules existent les appellations plus anciennes, et beaucoup plus générales, de Pline et de Dioscoride, l’un et l’autre citant seulement la Macédoine parmi les pays producteurs d’alun.
Les mentions des époques médiévale et moderne
10Pierre Belon du Mans passe en 1547 en Thrace (Belon 2001, p. 195-197). Il s’arrête quelques jours à Chapsylar (Sapes), qu’il pense être Cvpsella « une très ancienne place en Thrace ». Il souhaitait y observer la fabrication de « l’alun de glace ». Pierre Belon avait pu étudier auparavant cette fabrication à la Tolfa. Il conclut de ses observations que la fabrica- tion est la même à Cypsella et à la Tolfa4. Et ajoute que l’alun de Cypsella « apporté en Italie est surnommé alun de Metelin » (Mytilène, Lesbos). Ce qui est doublement curieux. Cette appellation est en effet héritée de la famille génoise des Gattilusii qui exploitait l’alun de Thrace et celui de Mytilène. Mais les Gattilusii avaient été chassés de leurs possessions depuis 1462, soit depuis plus de 80 ans. En outre cette importation en Occident contrevenait à l’interdiction de 1463, faite par le pape Pie II aux marchands chrétiens, d’importer de l’alun oriental (Delumeau 1962, p. 23).
11L’alun dit de Cypsella ou Chapsylar, indubitablement produit en Thrace, pouvait donc être désigné sous le nom d’alun de Mytilène, du nom de l’île à partir de laquelle cet alun avait pu être commercialisé autrefois, ou simplement du nom de l’île qui avait appartenu aux anciens exploitants des mines d’alun, les Gattilusii5. D’autres appellations d’alun concernent encore la Thrace et ont été reprises par différents auteurs (Singer 1948, p. 114 et p. 141). C’est le cas des aluns dits de Maronée, d’Énos (l’ancienne Ainos) et de celui de la Maritza, un des noms actuels de l’Hèbre (cf. carte géologique simplifiée). Il est possible qu’il s’agisse encore de l’alun de Chapsylar, désigné sous le nom de deux de ses ports d’embarquement éventuels : Énos et Maronée6. Pour Énos, à l’embouchure de la Maritza, le nom pourrait provenir encore des Gattilusii qui y avaient une forteresse.
12Toutefois on ne peut exclure a priori que l’alun de Maronée et celui d’Énos proviennent de mines autres que celles de Chapsylar. Mais ces différentes mines ne peuvent avoir été bien éloignées les unes des autres, compte tenu des dimensions relativement restreintes des formations volcaniques thraces, ce qu’on a déjà signalé.
13On notera aussi que l’appellation d’alun de Komotini, utilisée à l’époque ottomane, ne concerne certainement pas une production locale, les données géologiques ne paraissant guère favorables à des exploitations d’alun (Komotini se trouve en effet dans une vaste plaine sédimentaire récente). Mais il s’agit d’un marché par où transite l’alun à destination, notamment, de Thessalonique. Quant à l’appellation d’alun d’Ipsala, elle résulte certainement, comme il a déjà été dit, d’une confusion entre Chapsylar et Ipsala, cette dernière étant en Turquie dans la plaine sédimentaire récente de l’Hèbre, donc a priori fort loin des zones susceptibles d’être exploitées pour l’alun.
14Parmi les autres voyageurs et érudits qui se sont intéressés à la Thrace, il en est peu qui se soient attachés à la région de Sapes, et moins encore qui se soient vraiment préoccupés des fabriques d’alun. Aussi ne mentionnerons-nous, après l’ouvrage de Pierre Belon du Mans qui vient d’être évoqué, qu’un petit nombre d’entre eux7. Ce serait en effet sortir du cadre de cette communication que de traiter plus longuement de ces questions, bien qu’elles soient loin d’être sans intérêt mais ne concernent que marginalement les orientations du Colloque (Sambanopoulou 1997).
15On citera d’abord pour mémoire la relation en quatre livres du voyage effectué en 1551-1552 par Nicolas de Nicolay, Dauphinois, seigneur d’Arfeuille, publié pour la première fois en 1568 (Yérasimos 1991, p. 224). Plus proche de nos préoccupations, le voyageur Eviglia Tselebi dans son ouvrage sur la Thrace au XVIIe siècle signale que Sapes est connu comme lieu de fabrication d’alun (Tselebi 1934). Mais c’est le français Auguste Viquesnel qui rassemble la documentation la plus importante. Après avoir parcouru la Thrace de 1836 à 1838, puis de 1847 à 1848, il écrit une relation de ses voyages qui sera publiée en 1868, après sa mort (Viquesnel 1868, II, p. 273-274). Il y rectifie la localisation erronée proposée pour Chapsylar par d’Anville qui avait cru pouvoir placer ce site à Ipsala (ou Upsala) en Turquie. Il donne une étymologie correcte pour Chapsylar, dont le nom viendrait, comme on l’a déjà dit à propos de Belon, du mot turc « çap » désignant l’alun. Surtout, il signale les carrières de pierres à alun encore en activité en 1847 (Visquesnel 1868, II, p. 274 et p. 405). Enfin on ne manquera pas de mentionner les chroniques de l’ancien maire de Sapes, Christos Tsitsonis, tenues à partir de 1924 (Tsitsonis 1981). Celui-ci revient sur les problèmes d’étymologie, sur la découverte d’indices d’exploitation qui pourraient être liés à l’alunite, mais qui ne le sont manifestement pas tous, ainsi que sur la localisation éventuelle des anciennes alunières.
Les alunières de Sapes (fig. 2)
16Les renseignements sur la localisation des mines anciennes ou des zones de traitement, abandonnées ou disparues, qui peuvent être glanées dans les livres et les articles d’histoire locale ou lors des enquêtes orales, sont souvent peu crédibles. Même si l’existence de ces mines et de ces zones de traitement est assurée, comme c’est le cas pour l’alun (ou plutôt l’alunite) qui a fait l’objet d’exploitations par le passé, dans la région de Sapes. De fait, c’est le souvenir attaché au produit exploité, souvenir transmis de génération en génération, qui conduit souvent les habitants de la région à y associer, à y intégrer, toute trace curieuse et inexpliquée dont l’origine n’a la plupart du temps rien à voir avec le produit concerné, qu’il s’agisse de simples cavités, de galeries, de puits, de carrières ou d’aires de forme ou de couleur inhabituelles. Ainsi la mémoire populaire d’un passé artisanal et minier résulte-t-elle pour une large part d’une recréation ultérieure, dont peu d’éléments sont significatifs. C’est dire qu’une prospection destinée à localiser des mines (et des exploitations) d’alun exige, comme les autres mines-et peut-être plus que les autres compte tenu de la banalité apparente des produits extraits-des vérifications et des recoupements nombreux.
17Dans le cas de Sapes on doit à l’un d’entre nous (Chryssa Karadima), d’avoir entrepris cette tâche et d’avoir pu la mener à bien, avec l’aide de plusieurs collaborateurs occasionnels. La zone identifiée comme zone de traitement de l’alunite en vue de la production d’alun se trouve à environ 2 km au sud-est de Sapes, au débouché d’une gorge. Le site correspond bien à la description que donne Pierre Belon du Mans notant que « Ledit village de Cypsella est à côté du grand chemin qui va de Duras à Constantinople, situé au lieu ou l’on commence à monter pour gagner le dessus de la montagne ». Il s’agit de la Via Egnatia et des montagnes qui s’élèvent immédiatement à l’Est de Sapes. Belon observe en outre que les carrières d’alunite dont la profondeur n’excède pas une dizaine de mètres sont situées à l’endroit même où la pierre à alun est cuite et transformée. Or des zones d’altération importantes se trouvent au débouché du torrent. Certaines d’entre elles semblent avoir été vidées, quoique remblayées depuis par les agents naturels ou par l’homme8.
18La microtoponymie locale s’accorde pleinement avec cette identification. Le torrent qui coule par intermittence dans la gorge traversant alors la zone des ateliers (qu’il entaille profondément à plusieurs endroits permettant d’observer les coupes des couches de déblais) porte le nom de Σαπόρρεμμα en grec et de Çapdere en turc, rivière de l’alun (ou éventuellement rivière dont les eaux auraient un caractère styptique évoquant la saveur de l’alun)9. En outre la zone des ateliers avait été autrefois plantée en vignes, le lieu s’appellant Kioul Baalar en turc ou Σταχτοάμπελος en grec (où on retrouve les mots cendre) évoquant en cela les nombreuses couches de cendres, provenant des fours, qui parsèment la zone des ateliers.
19Cette zone a dû avoir, avant les empiétements du torrent, quelques 300 mètres de long sur 100 mètres de large, ce qui représente une surface d’au moins 3 ha. Les couches de déblais y atteignent localement des épaisseurs considérables, de 2 à 3 mètres, autant L’alun de Macédoine qu’on puisse en juger par la hauteur, au-dessus du lit du torrent, des buttes les plus importantes. La nature de ces déblais est semblable à celle des déblais qui existent sur le site d’atelier d’Apothika à Lesbos. Us sont constitués d’une alternance de dépôts cendreux, grisâtres, provenant des fours de grillage de l’alunite et des fours où s’opèrent la lixiviation des produits issus de la macération, de dépôts de couleur rose, formés en grande partie d’alunite pulvérulente contenue dans les boues qui subsistent au fond des chaudières de lixiviation, après transvasement de la solution d’alun et au fond des cuves ou se fait la cristallisation de l’alun10. On rencontre également des couches de pierrailles pouvant résulter du tri de l’alunite avant cuisson et des pierres les plus grosses enlevées au cours de la phase d’épuration dans les chaudières de lixiviation. De très nombreux fragments de parois de fours, partiellement ou totalement vitrifiés se trouvent sur toute la surface de la zone d’atelier. Enfin, des restes de murs apparaissent ici ou là qui suggèrent par leur présence que des fouilles seraient particulièrement instructives, pour que nous en sachions plus sur les installations et les techniques, et sur l’ancienneté de ces exploitations.
Bibliographie
Bibliographie
Badoer 1956 : DORINI (U.), BERTELÈ (T.) (éds), Il libro dei Conti di Giacomo Badoer (Costantinopoli 1436-1440), Roma, 1956 (Istituto Poligrafico dello Stato).
Belon 2001 : BELON DU MANS (P.), Voyage au Levant (1553), Paris, 2001 (Observations de plusieurs singularités et choses mémorables, trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte et autres pays étranges, rédigées en trois livres par Pierre Belon du Mans, Paris, 1553).
Delumeau 1962 : DELUMEAU (J.), L’alun de Rome, XVe XIXe siècle, Paris, 1962 (École pratique des Hautes Études, VIe section).
Papazoglou 1988 : PAPAZOGLOU (F.), Villes de Macédoine à l’époque romaine, Athènes, 1988 (BCH Suppl 16).
Pegolotti 1936 : PEGOLOTTI (F. B.), La pratica della mer-catura. Ed. A. Evans, Cambridge, Massachusetts, 1936 (Florence circa 1340) (The Medieval Academy of America, 24).
Sambanopoulou 1997 : ΣΑΜΠΑΝΟΠΟϒΛΟϒ (Σ. Β.), Πως είδαν ot Ευρωπαίοι περιηγητές την αρχαιότητα στη Δ. Θράκη, in : ΑΡΧΑΙΑ ΘΡΑΚΗ, I, Πράκτικά 2ου Διεθνούς Συμπόσιου Θρακικών Σπουδών, 1997, p. 149-160.
Singer 1948 : SINGER (Ch.), The Earliest Chemical Industry. An Essay in the Historical Relations of Economics and Technology illustrated from the Alum Trade, London, 1948 (The Folio Society).
Tsitsonis 1981 : ΤΣΙΤΣΩΝΗΣ (Xρ.), ΣΑΠΑΙ, Πρωτεύουσα του δήμου και της επαρχίας Σαπών », Θρακικη Επετήριδα, 2, 1981, p. 255-339.
Tselebi 1934 : ΣΠΑΘΑΡΗ (I.) (trad.), Ἡ Δύτική Θράκη κατά τόν Ἐβλίγιά Τσελέπην, περιηγητήν του XVII αἰωνός, in : Ἐγκωμιον της Κωμοπολεως Σαπτσιλαρ, 1934, (Θρακικά 5), ρ. 181-182.
Viquesnel 1868 : VIQUESNEL (Α.), Voyage dans la Turquie d’Europe/Description physique et géologique de la Thrace, II. Paris. 1868.
Yérasimos 1991 : YÉRASIMOS (S.), Les voyageurs dans l’Empire ottoman (XIVe –XVIe siècles), Ankara, 1991 (Publications de la Société Turque d’Histoire, série VII, 117).
Notes de bas de page
1 Pline, Historia Naturalis XXXV, 52, 184 : « Gignitur autem in Hispania, Aegypto, Armenia, Macedonia, Ponto, Africa, insulis Sardinia, Melo, Lipara, Strongyle » (Il [l’alumen] apparaît en Espagne, Egypte, Arménie, Macédoine, dans le Pont, en Afrique, dans les îles de Sardaigne, Mélos, Lipari, Strongyle. Liste à laquelle il convient d’ajouter une mention distincte faite à l’alun de Chypre (Pline, Historia Naturalis XXXV, 52, 183).
Dioscoride, De materia médica, V, 106 : « Στυπτηρίας δε σχεδόν πάν είδος έπὶ τών αύτών έν τη Αίγύπτω μετάλλων ευρίσκεται, γεννάται δέ και έν άλλοις τόποις, έν Μήλώ, έν Μακεδονία, έν Λιπάραις, Σαρδόνι,’Ιεραπόλει της Φρυγίας, Λιβύη,’Αρμενία, και έν άλλοις τόποις » (Presque chaque espèce de styptiria se trouve dans les mêmes gisements en Egypte, mais elle se produit aussi dans d’autres lieux, comme à Mélos, en Macédoine, dans les îles Lipari, en Sardaigne, à Hiérapolis de Phrygie, en Libye, en Arménie et dans d’autres endroits aussi.
2 Nous remercions vivement Diamandis Triandaphyllos, directeur de la XIXe Éphorie des Antiquités Préhistoriques et Classiques de Thrace, qui nous a donné les autorisations de recherche à Sapes, Michalis Mavridis, employé de l’Éphorie à Maronée, ainsi que Mezin Hotza Halil, habitant de Sapes qui nous ont fourni de précieuses informations sur place. Soit remerciée aussi Sophia Doukata-Demertzi, archéologue de la 12e Éphorie des Antiquités Byzantines de Kavala, qui nous a signalé la publication des comptes de Badoer dont il sera question plus loin.
3 Des indications complémentaires sur ces questions peuvent être tirées notamment du travail de N. G. L. Hammond, et surtout des multiples recherches de M. B. Hatzopoulos et L. Louko-poulou.
4 Belon note toutefois quelques particularités qui distinguent les fabriques de Cypsella de celles de la Tolfa, les unes et les autres produisant le même alun artificiel, l’alun d’alunite ou alun de potassium (à propos des procédés de fabrication employés, cf. dans ce même volume l’article sur aluns naturels, aluns artificiels et aluns de synthèse, supra, p. 21-27). Certaines de ces particularités sont d’ordre topographique lorsqu’il souligne l’avantage qu’ont les ouvriers de cuire sur les lieux mêmes d’extraction de la mine, évitant ainsi des transports onéreux, contrairement à ce qui se passe à la Tolfa. D’autres particularités concernent les difficultés d’exploitation qui résultent moins de la profondeur à laquelle est extraite l’alunite, profondeur qui ne dépasse guère une dizaine de mètre (six toises), mais de la très grande dureté de la mine (la pierre à alun). Belon ajoute encore à propos de l’alun que « pource qu’il y en a du rouge et du blanc, j’ose bien dire que la mine de l’alun blanc peut aussi faire le rouge. Car la couleur ne gît qu’en la façon de le faire, selon que la cendre aura été bien ou mal traitée ». C’est une opinion qu’il serait intéressant de vérifier à condition de pouvoir effectuer des recherches géochimiques sur les caractéristiques de l’alunite de Chapsylar. Belon indique aussi que l’alunite est presque toujours exploitée en carrière, en quelque endroit que ce soit, et non en galerie.
5 Les appellations de Cypsella et de Chapsylar sont celles qu’utilise Belon, la première se référant à la toponymie grecque et la seconde à la toponymie turque. L’appellation Chapsylar fait indubitablement référence au terme « çap » qui désigne l’alun en turc. On ne saurait donc tenir Belon pour responsable de la confusion ultérieure qui a fréquemment été faite entre Chapsylar à l’Ouest de l’Hèbre et la ville turque Ipsala située à l’Est, dont le nom a d’autres origines (Sambanopoulou 1997, p. 151). En fait les alunières de Chapsylar à Sapes ont été rattachées assez arbitrairement par Belon à l’ancienne cité de Cypsella dont la localisation est autre. Ces questions feront l’objet d’une mise au point ultérieure.
6 C’est ainsi que dans les comptes de Giacomo Badoer il est fait mention de l’embarquement d’alun à Maronée en 1436-1440 (Badoer 1956, p. 499).
7 On notera à ce propos l’absence de mention d’alun de Thrace ou de Macédoine (et aussi de Mytilène) dans Pegolotti (Pegolotti 1936). Mais il est possible que ces aluns aient été désignés autrement, comme aluns de Chios par exemple.
8 L’observation des anciennes exploitations d’alunite est rendue difficile dans cette zone par des travaux routiers récents, encore en cours, qui menacent une partie du site.
9 Le fait que certaines sources ou certains ruisseaux aient un caractère styptique n’est pas directement en rapport avec la présence d’alunite, celle-ci n’ayant aucune saveur particulière. Mais dans les régions très fortement minéralisées comme le sont bien souvent celles qui recèlent des gisements d’alunite, il est normal que des sources dont les eaux ont été au contact de différents minerais sulfurés, présentent un goût acide plus spécifiquement styptique. En revanche tous les aluns, quels qu’ils soient, naturels, artificiels, ou de synthèse, ont ce goût très particulier.
10 Pour le détail de ces différentes opérations, voir dans ce même volume, la partie consacrée à l’alun d’alunite, dans la communication générale sur les aluns naturels, artificiels et de synthèse.
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