Chapitre 8. Une tannerie et son moulin hydraulique ?
p. 147-170
Texte intégral
Aujourd’hui nous avons cinq tanneries qui emploient tous les cuirs du département et chacune possède son moulin à tan. Honoré de Balzac, Le médecin de campagne, 1833, p. 51.
1Lorsque nous avons commencé le programme de recherche sur les installations artisanales à Saepinum, notre objectif était clair : étudier un second exemple de tannerie antique afin d’offrir un parallèle plus tardif à celle que nous fouillions alors à Pompéi (I 5, 2). Il s’agissait de dépasser les ressemblances formelles brillamment remarquées par Stefano De Caro pour trouver les preuves de cette activité et en dater les commencements et la cessation (De Caro 1991).
2Du fait du manque de documentation sur les dégagements des années 1955, des destructions que ces travaux ont occasionnées et des reconstructions qui suivirent, il n’a pas été possible d’obtenir des certitudes sur tous les points de l’enquête. Nous escomptions la découverte de niveaux d’occupation contemporains de l’installation artisanale qui auraient pu livrer des assemblages d’ossements caractéristiques, analogues à ceux mis au jour dans la tannerie de Pompéi (Leguilloux 2004b). Ce ne fut pas le cas : le seul ensemble d’ossements quelque peu abondant fut mis au jour dans le puits de la pièce 1, mais celui-ci fut comblé au moment précis où l’installation artisanale était construite, ce qui lui ôte toute pertinence pour résoudre la question de l’identification en tant que tannerie. Aucun outil caractéristique n’a été trouvé non plus.
3En revanche, il a été possible de dater avec certitude l’installation artisanale comportant les cuves de la fin du ier ou du début du iie siècle (fig. 131). La datation du moulin hydraulique reste incertaine mais il est acquis qu’elle est postérieure au milieu du iiie siècle.
4Peut-on replacer l’installation de Saepinum dans la petite série des tanneries antiques ? Les aménagements de l’atelier sont trop incomplets pour identifier toutes les phases du travail de transformation des peaux pouvant laisser des vestiges significatifs tant au niveau des structures, des équipements que de l’outillage.
5En dépit de l’indigence des découvertes, quelques indices concordent avec une utilisation des structures bâties pour le tannage. Ils sont exposés dans la figure 132, confrontant les données des sites de Saepinum et de l’îlot I 5 de Pompéi, suivant les étapes de la chaîne opératoire restituée à partir de nos connaissances en matière de procédés antiques.
6La tannerie de Pompéi, la plus complète connue à ce jour, présente tous les équipements et outils nécessaires au traitement des peaux, depuis l’arrivée des dépouilles fraîches jusqu’à la vente des cuirs finis (Sogliano 1874 ; Fiorelli 1875 ; Viola 1879 ; Brun, Leguilloux 2006 ; 2007). Ces découvertes permettent de caractériser les processus d’élaboration des cuirs et les équipements utilisés en Italie au cours du ier siècle apr. J.-C. L’état de conservation et la date précise de ces installations (entre 63 et 79) en font une base comparative, et même paradigmatique, pour ce type d’activité.
Le traitement des peaux
7Le tannage des peaux, technique visant à transformer une peau fraîche en un matériau à la fois maniable, solide et imputrescible, comporte une série d’opérations dont le traitement à l’aide de tan, qui lui donna son nom, n’est que l’étape centrale. Les étapes de ce traitement et les gestes des tanneurs sont restitués grâce à l’étude conjointe des textes, des vestiges archéologiques et des observations ethnographiques des cultures dans lesquelles se pratique encore un tannage traditionnel (Leguilloux 2004a, tableau I). Dans son principe, le tannage végétal est resté inchangé depuis les premières attestations de son existence jusqu’à l’époque moderne. Le processus prenait plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et se divisait en trois phases :
- Le travail de préparation des peaux, qui consistait à laver et préparer les dépouilles des animaux avant leur immersion dans les bains de tan.
- Le tannage proprement dit, au cours duquel les peaux étaient immergées dans des cuves contenant de l’eau et du tan, le plus souvent une poudre d’écorce d’arbre.
- Les multiples finitions, qui étaient destinées à assouplir puis imperméabiliser les peaux par des opérations répétées de lissage, battage et graissage.
8Chacune des étapes du processus est caractérisée par des actions spécifiques utilisant des équipements et un outillage adaptés et générant des déchets, ce qui explique certaines constantes des tanneries romaines et postérieures (Leguilloux 2002 ; 2004b).
Le travail de préparation des peaux
9Le travail du tanneur débutait avec la récolte des peaux. Elles étaient vendues soit par des prêtres après un sacrifice, soit par des bouchers qui pratiquaient l’abattage et le dépouillage des carcasses d’animaux destinées à la vente, soit par des particuliers pratiquant des abattages domestiques. Selon les circonstances, les peaux pouvaient être fraîches ou séchées. Dans les sociétés rurales traditionnelles, les animaux étaient souvent abattus à la ferme. Les peaux récupérées devaient être séchées et salées pour être revendues aux tanneurs, probablement à l’occasion de marchés ou de tournées1.
10Une première opération, dénommée « travail de rivière » à l’époque moderne, demandait de grandes quantités d’eau. Elle avait pour objectif de nettoyer les peaux, d’éliminer chairs et pelage, et de leur rendre leur souplesse d’origine si elles avaient été salées et séchées.
11Les techniques mises en place au cours de cette première étape sont bien documentées par les textes et par les découvertes archéologiques. Il s’agit de quatre opérations pratiquées dans l’ordre suivant :
- Élimination des extrémités osseuses lorsque nécessaire.
- Nettoyage et réhydratation. Dénommée « reverdissage » à l’époque moderne, cette action redonnait leur souplesse aux peaux séchées ou fumées.
- Mise en condition des peaux, ou « chauffe » en terme technique,
- Épilation et écharnage, dits « craminage », pour éliminer les résidus indésirables (poils, graisse).
Les techniques de dépouillage et l’élimination des extrémités osseuses
12La spécificité des restes osseux rejetés dans des dépotoirs de tanneries a fait l’objet de publications détaillées (Searjeantson 1989 ; Leguilloux 2002 ; 2004b). L’identification d’un dépotoir contenant des déchets d’artisanat traitant les peaux se caractérise par un pic de fréquence des éléments anatomiques issus des extrémités des pattes.
13L’existence de telles pratiques est confirmée par les déchets caractéristiques de cette phase découverts dans la tannerie I 5, 2 de Pompéi (fig. 132, I. 1). Les restes osseux contenus dans les niveaux en cours de formation pendant la période qui précéda immédiatement l’éruption de 79 (état 5b) témoignent du rejet de ces déchets dans des espaces d’ateliers (zones 8 et 20) où étaient réalisées les opérations de préparation des peaux avant tannage et dans des zones où des fosses servaient de dépotoirs (zones 13 et 26). Leur analyse indique que trois espèces étaient exploitées par la tannerie : les moutons, les chèvres et les bovidés (Leguilloux 2004b).
14Deux zones de dépotoirs ont été mises au jour. Dans un espace situé dans l’atelier (espace 8.7) où pouvaient être rejetés seulement des ossements de taille réduite, ont été découverts des déchets provenant du travail de rivière des peaux de moutons et de chèvres, c’est-à-dire des bas de pattes (phalanges, métapodes, carpes et tarses) qui représentent 83 à 95 % des ossements récoltés selon les unités stratigraphiques (fig. 133). La seconde zone de dépotoir était située dans une carrière de basalte abandonnée en contrebas de la tannerie (zone 13). Dans cet espace ouvert furent rejetés des gravats – moellons, tuiles –, des amphores et des déchets plus volumineux résultant du tannage des peaux de bovidés. Pour cette espèce, les ossements qui prédominent sont les frontaux portant les chevilles osseuses, qui représentent 30 % des ossements découverts dans le dépotoir de la zone 13.
15On manque de parallèles avec des dépôts osseux analogues découverts en Italie. Les exemples chronologiquement les plus proches des lots de Pompéi sont deux dépôts trouvés en Gaule. Sur le site de la tannerie romaine de Rauranum (Rom, Deux-Sèvres, Aquitaine), où cinq cuves en bois ont été mises au jour, le fond de l’une d’elles contenait des restes osseux déposés dans la seconde moitié du ier siècle apr. J.-C. Ils étaient composés de 83 % d’extrémités de pattes de moutons et de chèvres, phalanges et sésamoïdes (Dieudonné-Glad 2001). Un second exemple est donné par le site de Sainte-Anne à Dijon. Aucune structure bâtie caractéristique d’une tannerie n’a été découverte dans ce contexte daté du début du iie siècle apr. J.-C., mais la fouille n’était que partielle. En revanche, le gisement a livré un grand nombre d’amphores à alun de Lipari et un dépotoir contenant des déchets typiques de tannerie (Borgard et al. 2002). Les ossements correspondent majoritairement aux extrémités fixées aux peaux d’ovins et de caprins : chevilles osseuses, ossements des pieds (métapodes, phalanges) et vertèbres caudales.
16D’autres cas pourraient être exploités mais contrairement aux deux précédents, les dépotoirs contenant des déchets ne peuvent être rattachés à des structures ou à un mobilier céramique caractéristiques d’ateliers de tannage2.
17La présence de ces ossements dans les dépotoirs de tanneries indique qu’ils restaient attachés aux dépouilles lorsqu’elles arrivaient dans les tanneries et qu’ils étaient éliminés juste avant le début du traitement. Pour que les peaux puissent conserver leurs extrémités, elles devaient arriver fraîches dans les ateliers. Il incombait peut-être aux bouchers d’abattre et de dépecer les animaux en prenant soin d’ôter les peaux tout en conservant certaines extrémités : les pieds, les cornes, parfois les queues. La raison d’une telle pratique est inconnue. Permettait-elle de limiter les fraudes en donnant au tanneur des indications sur la race, le sexe et l’âge de l’animal ? Aucun texte antique ne signale cette pratique mais les analyses archéozoologiques pratiquées sur des sites de tanneries postérieures, notamment médiévales, répliquent les mêmes caractéristiques indiquant la pérennité d’une pratique courante dès l’époque romaine, même si elle n’était probablement pas systématique. À Saepinum, nous n’en avons pas trouvé trace mais, comme il est dit plus haut, les niveaux correspondant à l’occupation de l’atelier ont été éliminés lors des premiers dégagements.
Nettoyage et réhydratation
18Après avoir coupé les pattes et les cornes, il convenait de nettoyer les peaux de leurs autres résidus : graisse, sang, pelage. Les peaux devaient subir un premier trempage à l’eau claire, de quelques heures pour les peaux fraîches, de plusieurs jours pour les peaux salées ou séchées. Cette étape intervient entre l’élimination des extrémités osseuses et la mise en condition des peaux (fig. 132, I. 2). Dans ce dernier cas, si l’on se fonde sur les techniques traditionnelles encore en cours et celles décrites dans les manuels du xixe siècle (Villon 1889, p. 128-131), dessalage et réhydratation prenaient en moyenne trois jours.
19Ces rinçages et trempages répétés réclamaient beaucoup d’eau. Pour cette raison, les tanneries comportent toujours des équipements hydrauliques, généralement situés à proximité des ateliers de préparation. Les besoins en eau sont importants lors de la préparation des peaux fraîches, avant le tannage, mais également après la sortie des fosses de tannage. Les installations de puisage et les canalisations nécessaires à la circulation de l’eau sont donc des équipements fondamentaux de toute tannerie. Les canalisations se répartissent en deux catégories : conduites d’amenée d’eau propre et canaux d’évacuation des eaux usées. À Pompéi, l’adduction était particulièrement élaborée : un puits équipé d’une noria alimentait en eau des canalisations insérées dans les murs et dirigées vers des bassins et des dolia (Brun et al. 2010).
20Sur le site de Saepinum, malgré les carences de l’exploration plusieurs fois soulignées, on peut observer la présence d’un système de circulation d’eau. Le puits 65 n’était plus en fonction lorsque la tannerie s’implanta, mais l’adduction Ca 64 alimentait l’atelier en eau pure (fig. 25) et le caniveau Ca 61-43 servait d’évacuation des eaux usées ; on peut le suivre jusqu’au seuil 10, au-delà duquel il devait se jeter dans l’égout de la rue (fig. 27).
21Le fond d’un dolium trouvé dans la fosse 1-026 située contre le mur MR 08, à l’ouest de la cuve 1, montre que des jarres étaient utilisées avec une fonction peut-être similaire à celles de Pompéi, où ces grands vases sont adaptés à la manipulation des peaux par une ouverture assez large (fig. 132, I. 2).
Échauffe
22Dans les tanneries traditionnelles, après trempage dans l’eau pure, les peaux sont immergées dans des bains destinés à faciliter l’élimination des poils par des processus contrôlés de décomposition naturelle (échauffe naturelle) ou dans des cuves contenant des substances en fermentation (urine, excréments, son de seigle, fiente de pigeon) provoquant une échauffe organique.
23La première technique, encore en cours dans les tanneries traditionnelles marocaines du siècle dernier (Jemma 1971, p. 33 : son de seigle, fiente de pigeon), a pu être utilisée dans l’Antiquité ; la seconde est attestée par plusieurs sources de l’époque romaine (Leguilloux 2004, tableau IV : urine, excréments).
Craminage
24Le craminage, élimination des poils et des chairs, ne nécessitait aucun équipement particulier mais un outillage adapté. L’artisan disposait les peaux sur un chevalet de bois incliné et, à l’aide d’un couteau sans fil de forme arquée, il éliminait les résidus côté chair de la peau (le terme technique moderne est « écharnage »). La peau était ensuite retournée après cette opération afin d’ôter le pelage côté fleur (épilage). Les couteaux, désignés par le terme de « couteaux ronds » à l’époque moderne car leur lame n’est pas effilée (Diderot, d’Alembert 1751-1758, pl. III ; Villon 1889), font partie de l’outillage utilisé depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours. Deux outils de ce type ont été découverts sur le site de la tannerie de Pompéi (fig. 132, I. 3). Après cette opération, les peaux étaient lavées une dernière fois avant d’être disposées dans les cuves à tanner.
Le tannage
25Plusieurs procédés ont été employés au cours des temps pour conserver les peaux. Les techniques les plus anciennes, rudimentaires, utilisaient les matières grasses, animales ou végétales. On faisait tremper les peaux dans des bains d’huile (notamment d’huile de sésame), puis on les battait et on les laissait sécher (Van Driel Murray 2001 ; 2002b). Ce traitement, confirmé par des analyses chimiques, était employé en Mésopotamie et en Égypte, où il peut être identifié sur des scènes représentant la vie quotidienne d’artisans. Sur des peintures de tombeaux du Nouvel Empire (nécropoles de Beni Hasan et de la Vallée des Nobles à Thèbes), le tanneur et le cordonnier, souvent associés, travaillent dans le même atelier. Après avoir été plongées dans des vases peu profonds par des ouvriers, les peaux étaient étirées sur un trépied par d’autres artisans avant d’être débitées pour la confection de semelles de sandales. La proximité de ces deux artisanats, tannage et cordonnerie, suggère des opérations rapides de transformation des peaux, une des caractéristiques du tannage aux corps gras (Wissa 2006, p. 284, fig. 9-11).
26Après ces bains, des ouvriers raclaient les peaux à l’aide d’outils rudimentaires. Ce traitement, connu dans l’antiquité grecque (Iliade XVII, 390, qui évoque l’utilisation de graisse animale), était utilisé à l’époque romaine pour assouplir et entretenir les cuirs (Lucien, Anacharsis 24). D’autres techniques consistaient à laisser sécher les peaux sur des cadres ou à les fumer. Cependant, la qualité des cuirs obtenus après ces traitements était très médiocre.
27Le tannage minéral à l’alun (sulfate double d’alumine et de potasse) est un autre traitement de conservation des peaux, mais il est peu stable car la peau et la matière minérale ne se combinent pas ; les fibres dermiques en sont seulement imprégnées, ce qui évite le contact des fibres entre elles et leur décomposition. Par ailleurs, l’alun étant soluble, ce traitement ne peut être utilisé pour les objets destinés à un usage extérieur. En revanche, il produisait des cuirs blancs, fins et souples (alutae) très recherchés à l’époque romaine pour les objets et les chaussures de haute qualité (Martial, Épigrammes II, 29, 8).
28Le tannage végétal est plus complexe et plus long. L’acide tannique, issu de certaines écorces et de fruits (Forbes 1966), imprègne les fibres et crée des cuirs très résistants à l’usure et à la putréfaction. La découverte récurrente d’objets en cuir bien conservés dans certains sites d’époque romaine assure que des techniques étaient élaborées pour produire des cuirs forts (Brun, Leguilloux 2003 ; Van Driel-Murray 2008 ; Leguilloux 2004a ; 2006a ; 2009a). Les opérations de tannage consistaient à intercaler des couches de tan moulu et de peaux afin de remplir la totalité d’une cuve, dans laquelle on faisait couler de l’eau. Après quelques jours d’immersion, la substance végétale perdait son acide tannique au profit de la peau et il devenait nécessaire de renouveler le tan pour permettre une imprégnation complète des fibres du derme. Pour les cuirs de qualité, le traitement pouvait être long et répété, mais pour des cuirs rustiques, il était plus simple et rapide.
29Les origines du tannage végétal sont incertaines ; il représente une avancée technologique majeure par rapport aux procédés de traitement par la graisse ou par séchage (Wissa 2006, p. 284-286). Les premières mentions apparaissent dans les sources grecques au ve siècle av. J.-C. Hérodote (IV, 189) cite la garance, riche en acide tannique (acide rubitannique). Dès le ive siècle, la mention d’autres végétaux confirme que leur utilisation était déjà traditionnelle : la vigne blanche ou bryone, les écorces de pin, le sumac (Théophraste, H. P. III, 9, 1 ; III, 18, 5 ; IX, 20, 3). Les techniques de tannage végétal se sont diffusées dans les colonies grecques de l’ensemble du bassin méditerranéen et de la mer Noire, mais dans le Nord de l’Europe, elles ne sont connues qu’à partir du Haut-Empire romain (Van Driel-Murray 2008). En Italie, elles ont dû être importées très tôt, peut-être dès l’époque de la fondation des premières colonies grecques, à moins qu’elles n’aient été développées indépendamment par les populations italiques. En tout état de cause, le tannage végétal était courant sous le Haut-Empire (Van Driel-Murray 2002a ; 2002b). L’ampleur des équipements nécessaires et la sophistication des procédés impliquent une longue mise au point. Au cours du Haut-Empire, ce procédé avait atteint sa maturité, au point qu’il n’évoluera plus pendant les quinze siècles suivants (Leguilloux 2004a).
30Le tannage végétal nécessite des cuves étanches car les cuirs doivent baigner dans le tan durant plusieurs semaines au moins (fig. 134). La découverte de cuves à Saepinum est donc un bon indice de cet artisanat (fig. 132, II. 1). En revanche, le tannage minéral à l’alun ne semble pas attesté sur le site de Saepinum, alors qu’il est indéniable sur le site de Pompéi grâce à la découverte de très nombreux tessons d’amphores de Lipari (fig. 132, II. 2). Mais, là encore, dans la mesure où les couches correspondant à l’utilisation des cuves ont disparu, on ne peut être affirmatif.
31La présence d’une importante série de cuves, au moins sept, et probablement d’un moulin à tan, assure que l’on se trouve dans le cadre d’une production artisanale à grande échelle. Les conditions de mise en œuvre du tannage végétal demandaient un savoir-faire et des équipements fixes, qui marquent la distinction entre la préparation de peaux dans un cadre domestique et une activité réalisée par des artisans, maîtres de techniques assurant une production de qualité. Le cuir produit par cet atelier devait donc être très différent des peaux traitées occasionnellement par des éleveurs, dont l’emploi était probablement assez répandu3.
32Après la préparation du tan, les peaux étaient mises en « fosses », terme moderne qui désigne l’opération consistant à empiler les peaux dans des cuves durant un laps de temps suffisant pour que l’acide tannique pénètre les fibres du derme.
Les finitions
33Les opérations qui suivent le retrait des peaux des « fosses » nécessitent des conteneurs, urnes, vasques, dolia, présents dans la tannerie de Pompéi. Deux jarres existaient dans les ateliers de la zone 8, en plus des trois dolia associés au réseau hydraulique. Le dolium découvert à Saepinum pourrait avoir été aussi bien utilisé pour le travail de rivière, comme nous l’avons vu plus haut, que pour les rinçages nécessaires après les bains de tanins (fig. 132, III. 1).
34À Pompéi, outre ces équipements pour le rinçage, les tanneurs utilisaient un établi de pierre pour le battage réalisé après le séchage des peaux. Aucune table de travail de ce type n’a été retrouvée à Saepinum, soit qu’elle n’ait pas existé sous cette forme mais sous celle d’un établi de bois, soit qu’elle ait été récupérée ou qu’elle ait été située dans une zone non fouillée.
35Les dernières opérations d’assouplissement et d’imperméabilisation pouvaient avoir lieu sur des tréteaux de bois : en fait, seul l’outillage permettrait de situer le lieu de ces opérations. Sur le site de la tannerie I 5, 2 de Pompéi, une étire, outil utilisé pour assouplir et affiner le grain du cuir, ainsi que des côtes de bœuf portant des traces de polissage témoignent de cette phase de finition (fig. 132, III. 3 et 4).
36Les finitions des cuirs pouvaient comprendre aussi des opérations destinées à leur coloration. Les cuves destinées principalement au tannage peuvent être utilisées pour les opérations de teinture réalisées après le tannage – lorsque celui ci n’était pas effectué avec des produits à la fois tannants et tinctoriaux tels que sumac, micocoulier ou noix de galle (Leguilloux 2004a, tableau IV). C’est ce que pourrait indiquer la présence d’une base d’origine cendreuse détectée dans les enduits de la cuve 6 (voir supra p. 126-128).
Caractérisation des installations de tannage : les cuves
37Le degré de perfectionnement du tannage végétal dans l’Antiquité était tel que les procédés de cette époque sont restés inchangés jusqu’au début du xxe siècle, lorsque les produits chimiques de synthèse furent introduits dans la fabrication. Le principe est resté le même jusqu’aux époques préindustrielles : le derme de la peau doit être imprégné par l’acide tannique pour lui donner ses propriétés imputrescibles. Le processus doit être réalisé en milieu aqueux pour permettre la combinaison parfaite du tan avec les fibres de collagène du derme.
38Pour ces opérations, les indispensables contenants étanches doivent être de grandes dimensions. Les jarres, les dolia ne peuvent suffire en raison de la grande quantité de tan qu’il est nécessaire d’utiliser, mais également en raison de la durée du tannage, beaucoup plus longue (plusieurs semaines) que dans les autres procédés. Les grandes peaux de bovins n’auraient pu être traitées dans de petits récipients. Le tannage végétal nécessite en effet une mise à plat des peaux en évitant le plus possible les plissages, afin que le tan végétal puisse imprégner le derme de façon homogène. L’emploi de cuves, bâties ou en bois, se justifie donc pour la fabrication des cuirs tannés au sens propre du terme. Les cuves enduites de béton hydraulique devaient constituer les installations les plus performantes car les plus durables.
Les cuves à cuvelage de bois
39Dans le cas de Saepinum nous nous trouvons en présence de cuves bâties, mais ce type de structure n’est pas le plus commun. Les exemples de cuves équipées d’un cuvelage en bois sont plus nombreux. La fonction de certaines d’entre elles est confirmée par la présence de déchets de tannerie (ossements). À Aquincum, au nord de Budapest, des cuves cylindriques en pleine terre, cintrées de douelles en bois, ont été mises au jour dans la zone 59 de la maison dite « au Péristyle » (maison XXIV) (Szylàgyi 1956, p. 314 et fig. 12). Dans les zones attenantes (zones 61 et 62), d’importants dépôts d’ossements (cornes et métapodes de bovidés) pourraient correspondre à des déchets de tannerie en rapport avec les activités de cette zone artisanale et/ou à la préparation de colle (Làng 2008, n. 18). L’époque de construction des cuves n’est pas précisée, mais elles sont comblées à la fin du iie -première moitié du iiie siècle. Comme nous l’avons vu plus haut, la tannerie de Rauranum (Rom) était équipée d’au moins cinq cuves à cuvelage en bois, comblées dans la seconde moitié du ier siècle apr. J.-C.
40Ces deux cas sont bien identifiés grâce à la présence de fragments osseux déchets de tanneries, mais on rencontre également ce type de cuves à cuvelage de bois dans la terre sur d’autres gisements. Dans la tannerie de Vitudurum en Suisse (Hedinger, Leuzinger 2002, p. 53 ; Janke, Ebnöther 2001), six cuves cylindriques à cuvelage de bois datent de la seconde moitié du ier siècle (ig. 135). À Shadwell (Londres), des ateliers du troisième quart du ive siècle sont équipés de cuves entourées de douelles de bois placées dans des fosses (Lakin et al. 2002, n. 41).
41Des cuves analogues sont connues dans la péninsule italique ; à Milan, Piazza Meda, quatre cuves rondes disposées suivant un plan carré et associées à une cuve maçonnée isolée rappellent par leur forme et leur mode construction les cuves de Vitudurum et d’Aquincum.
Les cuves maçonnées
42Les cuves de Saepinum sont construites en maçonnerie enduite de béton hydraulique, un procédé dont les avantages devaient être reconnus : évaporations d’eau limitées, vidange et renouvellement du tan facilités, temps de manipulation réduit.
43Le point commun entre les cuves bâties au mortier de chaux est leur revêtement de mortier hydraulique. Les cuves bâties inventoriées jusqu’à présent se répartissent en trois types : cylindriques en moellons, comme dans les tanneries pompéiennes, cylindriques en briques ou en tegulae, comme dans la tannerie de Sainte-Cécile à Rome, tronconiques en tegulae, comme à Saepinum et peut-être dans la récente fouille de Salapia.
44Les cuves des tanneries de Pompéi sont cylindriques. Les premières installations de tannage de l’îlot I 5 remontent au deuxième quart du ier siècle apr. J.-C. ; par la suite, l’atelier fut agrandi au cours de deux phases successives de travaux pour atteindre un total de quinze cuves cylindriques, bâties en moellons recouverts d’un enduit hydraulique, munies d’une cuvette de vidange et de marchepieds (fig. 134). Dans la dernière phase d’utilisation précédant l’éruption de 79, elles étaient alignées et regroupées par groupes de quatre comportant, au milieu, un bassin rectangulaire peu profond que nous interprétons, à la lumière d’exemples modernes, comme le bassin à « tannée », c’est-à-dire l’espace dans lequel les tanneurs déposaient le tan déjà utilisé lorsqu’ils retiraient les peaux des « fosses » (fig. 136). Dans ce bassin, des ouvriers qui se tenaient à des montants de bois piétinaient la « tannée » afin de la compacter et de la réutiliser, soit comme engrais, soit pour un tannage ultérieur, lorsque le tan n’était pas totalement épuisé. La salle des cuves comportait aussi, scellées dans le sol, des amphores Dressel 20 décolletées dont la fonction est incertaine ; elles ont pu servir au stockage de certains produits utilisés en petites quantités, ou plutôt à traiter de petites peaux à l’alun.
45Dans le quartier de la Porta di Stabia où cette activité était répandue, une autre tannerie a été mise au jour dans l’îlot VIII 7, 9-11, pièce 56. Elle comportait au moins quatre cuves séparées par un espace de forme rectangulaire (Devore, Ellis 2008, fig. 23). Selon les auteurs de la fouille, ce seraient les plus anciennes cuves de tanneurs connues à ce jour ; ils datent en effet leur construction après la seconde moitié du iie siècle av. J.-C. et leur comblement de l’époque augustéenne tardive (Devore, Ellis 2008, p. 9). Toutefois, la disposition des installations et les procédés de construction des cuves de cette tannerie sont identiques à ceux des cuves de l’îlot I 5, qui ne remontent guère avant le milieu du ier siècle apr. J.-C. En attendant la publication définitive de l’îlot VIII 7, nous pensons que toutes ces tanneries de conception très homogène sont à peu près contemporaines4.
46D’autres cuves cylindriques bâties ont été découvertes en Italie. Dans les sous-sols de l’église Sainte-Cécile, dans le quartier du Trastevere à Rome, sont conservées huit cuves cylindriques qui faisaient probablement partie d’un ensemble plus vaste (fig. 137-139). L’interprétation de ces vestiges a fait l’objet d’une controverse. Identifiées dès les premières fouilles comme appartenant à un atelier de tannage en raison de leurs similitudes avec les cuves de Pompéi (en dernier lieu : Breccia Fratadocchi 1976), elles ont été interprétées plus récemment comme des silos pour le stockage de céréales en raison de la proximité de l’atelier avec le port fluvial du Tibre (Parmigiani, Pronti 2004). L’interprétation comme fosses de tannage doit être maintenue. D’une part, l’atelier est situé dans le quartier de la porte Septimiana où furent mises au jour des inscriptions de la in du iiie -première moitié du ive siècle apr. J.-C. faisant référence à des collèges de tanneurs (CIL VI, 1117-1118, 1682). D’autre part, leur similitude avec les cuves de tannage de l’îlot I 5 de Pompéi est frappante. Par ailleurs, durant l’Empire romain, on ne stockait généralement pas les céréales dans des silos enterrés mais dans des greniers. Enfin, ces cuves ont une paroi verticale alors que les silos présentent une paroi convergeant vers l’orifice supérieur et donc un profil en forme de bouteille afin de créer les conditions biochimiques de conservation des grains en atmosphère carbonique. Les installations de Sainte-Cécile, en fonction dans le courant du iie siècle apr. J.-C., présentent des caractéristiques communes avec celles de Pompéi : ces huit cuves sont de grande taille, d’un diamètre de 1,30 m à 1,50 m pour une profondeur de 1,50 m ; de forme cylindrique, elles sont enduites d’opus signinum et sont équipées de marchepieds (au nombre de deux par cuves) aménagés dans les parois pour permettre aux ouvriers de descendre et sortir aisément des cuves (fig. 139). Leur mode de construction diffère toutefois de celles de Pompéi : leur parement est constitué de briques ou de tegulae ; leur fond est réalisé en opus spicatum, de même que le sol les entourant, et elles ne comportent pas de cuvette de vidange centrale.
47À Saepinum, les cuves tronconiques, à large ouverture, sont constituées de fragments de tuiles bâties au mortier de chaux reposant sur les bords d’une bassine en terre cuite. C’est peut-être cette utilisation, ou plutôt réutilisation, de bassines en terre cuite en tant que fond des cuves qui a imposé la forme tronconique (fig. 140). Afin de disposer d’une cuve assez vaste pour des peaux de petits ruminants, il convenait de bâtir des parois évasées. La raison de l’utilisation de bassines de terre cuite comme fonds des cuves n’est pas assurée, mais on observe que trois cuvettes (2, 3 et 6) ont été réparées avec des agrafes en plomb avant d’être mises en place. Cela implique qu’elles furent récupérées dans une installation antérieure, probablement une fullonica où des bassines rondes analogues sont utilisées comme stalles de foulage. À Ostie et à Rome, les fonds des stalles sont presque toujours constitués de telles bassines circulaires en céramique (Flohr 2013).
48Les cuves les plus profondes, celles de Pompéi et de Rome, étaient équipées de marches ménagées dans les parois. Dans le processus de tannage, les peaux étaient trempées dans des bains successifs de tan et d’eau, que l’on renouvelait régulièrement. Après chaque bain, les peaux devaient être nettoyées avant d’être déposés à nouveau dans les cuves avec du tan neuf : la construction de marches, et parfois de cuvettes de puisage, se justifiait donc pleinement.
49Les dimensions des cuves varient de 1 m de diamètre pour 1,40 m de profondeur dans l’îlot VIII 7 (peut-être plus anciennes ?), à 1,30 m de diamètre pour 1,45 m de profondeur pour les cuves 1 à 3 de l’îlot V 2, et à 1,60 m de diamètre pour 1,50 m de profondeur pour les cuves 8 à 15 construites entre 62-63 et 79. Les modes de construction et les formes ont peu évolué, mais le changement intervenu après le tremblement de terre de 62 ou 63 semble lié à l’augmentation de la production, manifestée aussi par le réaménagement de l’îlot et le regroupement des ateliers de tannage. La taille des cuves de tannerie ne semble pas avoir évolué par la suite, les dimensions constatées pour les installations romaines de Sainte-Cécile sont similaires aux dernières cuves de Pompéi (fig. 139). Cependant, à Saepinum, les installations datées également du iie siècle apr. J.-C. sont de moindres dimensions (fig. 141). Est-ce à mettre en rapport avec la taille de l’atelier situé dans une maison près du forum ou bien à une spécialisation de l’atelier dans les peaux de petit bétail, moutons et chèvres ? Un exemple plus tardif est offert par la tannerie byzantine située près de l’Olympéion d’Athènes, à proximité de l’Ilissos (fig. 142-144). D’une datation incertaine au cours de la période byzantine, elle compte neuf cuves tronconiques analogues à celles de Saepinum et deux bassins parallélépipédiques (Threpsiadis, Travlos 1949).
50La tradition des cuves rondes s’est perpétuée au Moyen Âge et à l’époque moderne. Au xviiie siècle, ce sont des cuves cylindriques qui sont prévues dans la tannerie modèle de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (Diderot, d’Alembert 1751-1758, pl. I et VI).
Les analyses des résidus organiques et l’identification des activités artisanales
51Les seules structures sur lesquelles on puisse fonder une identification sont donc les cuves tronconiques. Nous avons tenté d’en caractériser l’utilisation par des analyses chimiques effectuées par Nicolas Garnier. Ces analyses ont donné des résultats à première vue contrastés5. Dans la cuve 7, la mieux préservée car protégée par la stratigraphie complète de la pièce 12, l’analyse a montré la présence de squalène. Selon le rapport de Nicolas Garnier, la cuve a contenu un matériau gras d’origine animale ; la très forte teneur en squalène, en l’absence de marqueurs végétaux, renvoie à un matériau sébacé, donc vraisemblablement à des peaux. Ce résultat conforterait donc l’interprétation des cuves comme celles d’une tannerie. Mais l’analyse de la paroi de la cuve 6 donne des résultats tout différents puisque la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse indique qu’elle a contenu de l’huile d’olive, dont le spectre est très caractéristique et qui contient aussi du squalène. Une telle détermination remet sur la sellette l’interprétation des vestiges comme ceux d’une huilerie qu’avait avancée Cianfarani (1958).
52Cependant Nicolas Garnier livre une interprétation plus subtile des analyses puisqu’il envisage, à partir d’autres marqueurs trouvés dans la cuve 6, que cette dernière ait servi d’abord pour tanner des peaux et ensuite, peut-être ponctuellement, pour contenir de l’huile d’olive.
53Comment concilier l’ensemble de ces données ? Remarquons d’emblée que la présence d’une huilerie est possible : Saepinum se situe à la limite de la culture de l’olivier. Toutefois, le plan, même partiel, des vestiges ne trouve pas de parallèle dans les huileries antiques. En effet, une huilerie nécessite un moulin à huile, un pressoir et des cuves. Les deux premiers appareils n’ont pas été découverts, mais il est vrai qu’ils pourraient être situés dans la partie non dégagée située à l’est de la zone fouillée.
54Les cuves, toutefois, diffèrent de celles que l’on trouve dans les huileries. D’une part, les cuves cylindriques sont rares. On n’en connaît guère que dans l’huilerie du ier siècle de la villa de Saint-Michel à La Garde (Var : Brun 1989) et peut-être dans l’installation punique de Gammarth, dont la destination oléicole n’est pas assurée (Fantar 1984). Les cuves d’huilerie sont généralement rectangulaires. D’autre part, elles ne sont jamais disposées en enfilade comptant six cuves et plus. En général, un pressoir est équipé d’une ou deux cuves.
55Un faisceau d’indices tend donc à identifier l’installation artisanale comme une tannerie : des alignements de cuves rondes, un contenu basique, matériau gras d’origine animale riche en protéines (par exemple des peaux), et des écorces d’arbres feuillus dans la cuve 6, présence massive de squalène dans la cuve 7 et localisation de l’installation dans une ville bien connue pour être une étape importante sur la grande voie de transhumance traversant l’Italie.
56Pour autant, on ne doit pas négliger les autres résultats des analyses de la cuve 6. Elles prouvent qu’on a utilisé au moins cette cuve-là pour décanter de l’huile d’olive. Mais cet usage avéré n’assure pas que la cuve ait été construite dans ce but. Comme le suggère Nicolas Garnier, ce pourrait être un usage secondaire, après la désaffectation de l’installation artisanale utilisant des cuves.
Première attestation d’un moulin à tan hydraulique d’époque romaine ?
57Si l’on fait l’hypothèse que l’installation a bien été construite en vue de tanner des peaux, il convient de s’interroger sur la destination du moulin à eau.
58Le tan est une substance végétale séchée contenant un fort taux d’acide tannique. Les plus couramment utilisés étaient les produits renfermant les plus forts taux d’acide tannique. Dans la péninsule italique, on utilisait la noix de galle ou l’écorce de certains arbres : pin, aulne, vigne sauvage, micocoulier, sumac et chêne. Les écorces de jeunes chênes ou de châtaigniers étaient ramassées de préférence au printemps, époque où le pourcentage de tan est le plus élevé (6 %).
59Les produits tannants d’origine végétale devaient être broyés et réduits en poudre. Ce broyage implique la présence de mortiers (présents sur le site de la tannerie de Pompéi : fig. 145), voire de meules dans les tanneries où de grandes quantités de tan étaient requises. Dans certaines cultures traditionnelles, le broyage du tan est toujours d’actualité ; c’est un marteau en bois qui sert à cet usage, en particulier dans les petites structures de production (Ibáñez, González Urquijo, Moreno-García, 2002, p. 82-83). Dans les tanneries de grande taille, c’est le moulin à tan qui est utilisé, actionné par traction animale (Villon 1889 ; Jemma 1971, p. 40).
60À Saepinum, le broyage manuel fut peut-être remplacé par un broyage mécanique. Le moulin de la pièce 3 semble séparé du reste de la maison, mais cette impression est due à la présence du mur 15, qui a été totalement reconstruit à l’époque contemporaine. En fait le moulin faisait partie de la même maison que l’installation artisanale, étant implanté dans une des trois boutiques de façade de la maison à atrium tuscanicum. Lorsque les premiers résultats de nos fouilles ont été présentés au colloque du Pont-du-Gard (Brun 2007), il paraissait évident que l’appareil, implanté sur une rue passante, était un banal moulin à grain produisant de la farine pour les boulangeries de la localité. La poursuite des recherches nous a amenés à changer radicalement de point de vue. Outre le fait qu’il n’y a pas de four de boulanger à proximité, nous avons constaté trois anomalies.
61La première concerne la dimension du puits d’engrenage. Sa superficie, 10 m2 environ (dimensions 3,65 × 2,70 m pour une profondeur de 1,35 m), est cinq à dix fois supérieure aux autres puits d’engrenage connus. Dans la grande meunerie de Barbegal, près d’Arles, les puits d’engrenage conservés dans la partie inférieure de l’installation ont des longueurs et largeurs comprises entre 1,50 × 0,90 et 1,90 × 1,10 m (soit 1,35 à 2 m2). Le puits d’engrenage du moulin de l’Auribelle, pourtant de grande ampleur, ne mesure que 1,15 × 0,90 m (1 m2), celui de Pietralata sur la Via Nomentana, près de Rome, 1,50 × 1,40 m (2,1 m2), celui de la villa des Mesclans à La Crau 1,25 × 1,15 m (1,4 m2), celui de la villa de La Chaberte à La Garde 1,70 × 1,10 m (1,9 m2) et celui des Martres-de-Veyre 1,50 × 0,60 m (0,9 m2) (fig. 146).
62La deuxième anomalie porte sur les particularités du dallage du puits d’engrenage. Dans les moulins à eau dont l’engrenage entraîne des meules, le fond du puits d’engrenage ne comporte aucune finition. C’est un local technique où tourne le rouet et où personne ne descend. À Saepinum, le centre de la pièce semi-enterrée est dallé de tuiles plates entourées par un muret ou une plateforme surélevée dont la trace est bien visible à la surface des tuiles. L’espace rectangulaire ménagé au centre mesure 2 × 0,80 m environ. Malgré la solidité du radier, les tuiles sont éclatées au centre par des impacts.
63La troisième anomalie est liée à la position de l’arbre moteur du moulin par rapport au niveau du dallage du puits d’engrenage. La coupe de la figure 79 montre que l’axe moteur, dont nous savons qu’il mesurait 0,24 m de diamètre, était situé entre 15 et 20 cm au-dessus du dallage. C’est insuffisant pour qu’un rouet puisse tourner.
64Ces trois anomalies s’expliquent si l’on restitue non un engrenage actionnant une meule mais un arbre à cames soulevant des pilons. Cette machine était courante dans les mines de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne sous le nom de « bocard ». Agricola, dans le De re metallica dont la première édition date de 1556, en donne plusieurs gravures (fig. 147). On a longtemps nié que de telles machines actionnées par un arbre à cames aient été utilisées dans l’Antiquité. Les fouilles de la mine d’or romaine de Dolocauthi, dans le Pays de Galles, ont toutefois montré que la pierre localement connue sous le nom de « Carreg Pumsaint », est une enclume de bocard qui comporte quatre dépressions carrées causées par un martelage répété (Burnham 1997 ; 2004). Des enclumes analogues ont été signalées dans les mines romaines d’Espagne (Bachicón de Fresnedo) et du Portugal (Forno dos Mouros et Tres Minas : Lewis 1997 ; Sánchez-Palencia Ramos 1984-1985 ; Wilson 2002, p. 21-25 ; Domergue 2008, p. 143-145). Le principe de l’appareil est le suivant : la roue à augets actionne un arbre moteur doté de cames qui soulèvent des pilons ; en retombant sur une enclume ou dans un mortier, les pilons écrasent le minerai ou toute autre matière.
65Certains moulins à écraser le tan de l’époque moderne fonctionnaient sur le même principe. Celui qui est décrit dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1758, s.v. tanneur, pl. VII-IX) comporte une roue à aubes entraînant un arbre à cames qui soulève six pilons (fig. 148). L’arbre moteur est placé très bas, comme dans le cas de Saepinum, et les pilons retombent dans une auge de bois en forme de quart de cylindre reposant sur un puissant radier de maçonnerie.
66L’emplacement ménagé sur le dallage de Saepinum ne convient pas à une enclume de pierre, qui ne serait d’ailleurs nécessaire que pour broyer des pierres. Il pourrait marquer l’emplacement d’une conque longitudinale, en bois renforcé de plaques de fer ou maçonnée, ou plutôt mixte (fig. 149-152). Les pilons, probablement au nombre de trois ou quatre, écrasaient une matière première et ce pourrait être les impacts répétés de ces pilons dans la conque qui auraient brisé les tuiles.
67Nous proposons d’identifier la matière ainsi broyée comme des écorces dans le but de produire du tan. Le chêne est excellent pour la concentration en tanin de ses noix de galle et de son écorce, et dominant dans les forêts environnant le site, notamment sur le flanc nord du Matese ; ses molécules n’ont toutefois pas été mises en évidence par les analyses chimiques, probablement à cause d’une mauvaise conservation. L’hypothèse d’un moulin à tan paraît se heurter aux acquis des recherches sur l’histoire des techniques fondées sur les textes d’archives ; en effet, les premiers moulins à tan n’apparaissent en France qu’en 1138 et ne deviennent courants dans les textes que durant la seconde moitié du xiie siècle (Bautier 1960). On observera cependant que c’est l’apparition dans les archives qui date du xiie siècle, et non l’invention et l’utilisation de la machine qui peuvent être bien plus anciennes.
68Notre hypothèse a le mérite de répondre à trois faisceaux d’indices de valeurs différentes. D’une part, elle explique l’existence d’un moulin actionnant un arbre à cames et des pilons dans une zone où il n’y a pas de mines. D’autre part, le moulin à tan et la tannerie forment un couple bien connu dans les archives des époques médiévale et moderne ; on en observe encore des exemples dans certaines régions de France (Azéma 2004). La citation de Balzac mise en exergue illustre parfaitement ce couple fonctionnel indissociable aux xviiie et xixe siècles. À quand ce couple remonte-t-il ?
69Notre hypothèse pourrait aussi expliquer un fait apparemment banal. Nous avons précisé plus haut que des fragments d’un grand mortier de pierre ont été remployés dans la construction du puits d’engrenage. Un bord a été trouvé dans nos fouilles ; le fond, mis au jour lors des dégagements des années 1950, gît à proximité et on peut supposer qu’il était bâti dans un des murs du puits d’engrenage. Or, dans la tannerie de Pompéi, dès le milieu du ier siècle au moins, un grand mortier était utilisé pour écraser les écorces et produire du tan. Il nous paraît donc vraisemblable que le mortier de Saepinum, employé durant une longue période (au moins le iie siècle et une partie du iiie), peut-être déjà abîmé, est devenu inutile avec l’installation du moulin à tan. Une fois brisé, ses fragments ont été intégrés dans la construction.
70Malgré l’absence des preuves qu’aurait constitué la découverte d’ossements ou d’outils caractéristiques, l’ensemble des structures bâties et leur évolution s’expliquent donc par leur identification comme une tannerie avec un ou plusieurs mortiers pour préparer le tan entre la in du ier-début du iie siècle et la seconde moitié du iiie siècle, puis, à partir de cette période (ou au début du ive siècle ?), comme une tannerie équipée d’un moulin hydraulique à tan fonctionnant avec un arbre à cames et des pilons.
71La construction du coursier du moulin sur le trottoir nord du decumanus et le creusement d’un canal d’amenée sur les deux trottoirs posent le problème de l’accord des autorités locales pour ces aménagements. Nous ne pensons pas qu’il s’agit d’un abus édilitaire de la part du propriétaire de la maison dans la mesure où non seulement le coursier du moulin est construit sur l’espace public, mais encore le canal d’amenée traverse la chaussée et a nécessité le branchement de la conduite sur le château d’eau public et le creusement du canal sur les deux trottoirs et à travers la rue. De tels travaux ne pouvaient se faire sans que les autorités en aient connaissance et n’aient donné leur accord (fig. 153-154). Ce cas n’entre donc pas dans la catégorie des abus sanctionnés par les lois (Ulpien dans le Digeste 43, 8, 16-17) et étudiés par M. Spanu à propos d’Ostie (Spanu 2012). L’ampleur des travaux réalisés fait du moulin de Saepinum un investissement autorisé et même favorisé par les autorités locales. Ce type d’interventionnisme, rarement signalé, est décalé par rapport aux pratiques habituelles des villes, qui accordent des dérogations autorisant l’occupation du sol public par des monuments publics ou religieux, voire funéraires, et qui étaient soucieuses de maintenir les activités polluantes et sans prestige à la périphérie, comme en témoigne l’interdiction d’implanter des tuileries de la loi d’Urso en Bétique sous les Flaviens, ou le discours de Dion au début du iie siècle (47, 16-18)6.
72Dans le cas de Saepinum, le fait que la tannerie soit liée au secteur économique le plus emblématique de la cité, l’élevage transhumant, ennoblissait-il l’activité du tanneur et la rendait-il compatible avec la place éminente que l’installation artisanale occupe dans le centre de la ville ? Quoi qu’il en soit, l’accord des autorités municipales fut certainement nécessaire pour construire le moulin sur le trottoir de la rue principale traversant la ville d’est en ouest.
73Le canal amenait l’eau au moulin en passant sous le trottoir. Le diamètre de la roue motrice est donné par la distance entre l’axe de l’arbre moteur et le fond du coursier multiplié par deux, soit environ 2,20 m. Une telle dimension implique que la roue était alimentée à l’épaule ; un corbeau de pierre, scellé dans le mur, pourrait donc avoir supporté une goulotte de bois oblique projetant l’eau sur les pales. L’existence de cette goulotte et son oblicité expliquent pourquoi l’axe de la roue est décalé vers l’ouest par rapport au milieu de la longueur. Les alimentations à l’épaule semblent avoir été très courantes dans l’Antiquité. Les moulins de Barbegal et d’Éphèse, par exemple, étaient conçus sur ce modèle.
74Le moulin a fonctionné de nombreuses années. Le décompte et l’examen des lamines (dépôts calcaires dans le canal du moulin) auxquels a procédé Jean-Louis Guendon montrent une histoire compliquée7. Le canal aurait fonctionné initialement durant un laps de temps suffisant pour que se déposent cinq lamines principales et une quinzaine de microlamines. Cette phase (ensemble 1) est suivie par un curage nettement marqué par la troncature d’une partie des lamines. Après ce curage, les dépôts reprennent et forment une quinzaine de lamines et de microlamines. Cette nouvelle phase d’utilisation se termine par un dépôt ferrugineux qui marque un abandon et un assèchement du canal durant un laps de temps indéterminable. Lui succède une nouvelle phase de dépôts (ensemble 3) qui comporte quinze couples dont six lamines majeures. Ensuite, l’ensemble 4 présente des caractéristiques d’érosion et les dépôts montrent que l’eau est alors plus terreuse qu’auparavant ; cet épisode correspond à une dizaine de lamines.
75Comment relier ces observations aux constatations archéologiques ? Les deux premiers ensembles de lamines séparés par un curage indiquent que, lors de la période initiale de fonctionnement, le canal du moulin est entretenu. Nous ne pouvons pas savoir si un curage antérieur à l’ensemble 1 de lamines a eu lieu ; dans ce cas, il serait impossible de déterminer la durée d’utilisation. Si l’on estime que ce n’est pas le cas, la phase initiale de fonctionnement du moulin à tan aurait duré le temps que se déposent environ 35 lamines et microlamines. Si ces dépôts correspondent à autant d’années, le moulin à tan aurait pu fonctionner au moins trente-cinq ans vers la fin du iiie-début du ive siècle. La stratigraphie des lamines montre ensuite un abandon du moulin et de son canal pendant un certain temps, puis une reprise. Il est tentant de mettre cette remise en service avec une transformation que l’on constate dans le moulin.
76Comme nous l’avons décrit supra p. 75-76, le dallage du puits d’engrenage a été détruit contre le mur 26 et une fosse oblongue a été creusée. Nous ne pensons pas que ce creusement ait été réalisé par hasard à cet endroit précis. En effet, toute transformation du moulin à arbre à cames en moulin à engrenage implique que l’on ménage un espace pour que le rouet puisse tourner. C’est précisément à cet emplacement que l’on doit creuser un logement. Celui-ci, à la différence des installations plus anciennes, est très sommairement aménagé. Cette transformation aurait pu avoir lieu après le temps d’abandon constaté dans la stratigraphie des dépôts calcaires. Elle impliquerait que la tannerie ne fonctionnait plus en tant que telle, sans pour autant que les cuves soient détruites ou comblées. Le nouveau moulin, à engrenages, aurait pu servir à broyer des céréales, mais aucune meule à grain n’est visible alentour. Dans la mesure où la cuve 6 a contenu de l’huile d’olive, peut-on imaginer que le moulin ait été alors transformé en moulin à huile ? L’hypothèse, hardie, est fragilisée par l’absence de preuves archéologiques directes et par manque de parallèles. Un ou plusieurs pressoirs seraient en effet nécessaires pour pressurer les olives broyées par un tel moulin, et nous avons vu qu’il n’y en a pas de trace dans la partie dégagée (mais la zone non fouillée commence à quelques mètres du moulin vers l’est). D’autre part, aucun site archéologique antique n’a livré de moulin à huile actionné par la force hydraulique jusqu’à présent (Brun 1997).
77Il convient donc de rester prudents sur cette dernière hypothèse, tout en soulignant que le moulin à arbre à cames de Saepinum, seul connu jusqu’à présent, témoigne d’une remarquable innovation technologique qui aurait pu être ensuite adaptée pour d’autres usages. Le second moulin, à engrenages, aurait fonctionné durant une période suffisante pour que se déposent une quinzaine de couples de lamines, soit peut-être une quinzaine d’années au cours du ive ou du début du ve siècle. Nous avons vu en effet (supra p. 86) que le canal était encore, sinon en fonction, du moins vide dans la première moitié du ve siècle et que la boutique 2 était encore occupée à la même période (état 8).
78À partir du milieu du ve siècle, la maison n’est plus occupée en tant qu’habitation urbaine. L’analyse des « terres noires » qui caractérisent cette phase montre qu’on utilise les pièces, probablement en partie en ruines, comme lieu de stabulation d’animaux. On ne peut donc pas parler d’abandon car une partie des anciennes demeures est encore habitée, probablement par des agriculteurs-éleveurs. Mais les « terres noires » signent certainement une mutation dans l’habitat, qui cesse d’être urbain pour devenir villageois. Cette occupation semi-rurale a dû se poursuivre jusqu’au viie siècle au moins, date des tombes implantées sur le forum, et il est probable que certaines fermes installées dans les ruines des anciennes maisons ont été occupées au cours du haut Moyen Âge.
Notes de bas de page
1 Ces pratiques sont encore répandues dans certaines régions d’Afrique du Nord, notamment au Maroc : Jemma 1971, p. 29 ; Ibáñez, González Urquijo, Moreno-García 2002, p. 85.
2 Sur le site de La Bourse, à Marseille, des tanneurs installés à proximité du rivage et de la rivière du Lacydon pendant l’Antiquité tardive (ve siècle apr. J.-C.) utilisèrent les quais du port alors en cours d’envasement pour rejeter leurs déchets. Ces derniers étaient constitués de chevilles osseuses et de pieds (métapodes, phalanges) d’ovins et de caprins (Leguilloux 1998).
3 Nous en avons un exemple grâce à un texte de Caton qui indique comment réaliser des courroies à usage domestique (Agr. 135, 3). Il existe également des preuves archéologiques par la découverte d’objets usuels et quotidiens en peau non traitée, simplement séchée, comme des semelles de chaussures découvertes dans les fortins militaires romains du désert oriental égyptien (Leguilloux 2006a).
4 Nous voudrions rappeler ici qu’à Pompéi, comme dans toute ville ayant une longue histoire, les remblais contiennent une proportion considérable de mobilier résiduel. Ainsi, le comblement des cuves de la pièce 56 de VIII 7, 9-11 peut contenir des gravats mêlés à un mobilier du ier siècle av. J.-C. mais n’avoir été réalisé que bien plus tard, au moment des travaux considérables qui suivirent le tremblement de terre de 62 ou 63. La question reste ouverte en attente de la publication du matériel.
5 Voir supra le chapitre 5.
6 Dion avait fait déplacer des ateliers de métallurgistes du centre-ville de Pruse, en Bithynie, à la périphérie afin de construire un portique monumental. Gros 1985 a montré qu’il s’agissait d’embellir la ville pour lui donner plus de majesté à l’image de Rome. Sur l’interpétation de la loi municipale d’Urso, voir Béal 2002.
7 Voir supra le chapitre 6.
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