IV. Le trafic de l’ambre
p. 149-187
Texte intégral
1Le trafic de l’ambre, reliant l’Europe du Nord à la mer Égée, a certainement représenté, au fil de plusieurs siècles, une partie importante des échanges adriatiques et méditerranéens en général. Il a été pratiqué sans solution de continuité, depuis l’Âge du Bronze jusqu’au deuxième Âge du Fer, pour reprendre plus tard, à l’époque romaine1. La fortune de l’ambre était en partie liée aux origines légendaires ainsi qu’aux pouvoirs salutaires et magiques qu’on lui attribuait2. À l’intérieur de ces échanges, une place de choix doit être accordée aux ambres figurés, produits de luxe tout particulièrement appréciés en milieu indigène et restés presque étrangers au monde grec3. Ces objets précieux impliquent l’activité d’artisans très spécialisés ainsi qu’un rôle actif des élites indigènes, en tant que clients et probables commanditaires de leurs produits. Les ambres sculptés sont ainsi un véhicule important d’influences stylistiques variées entre des milieux culturels très différents.
L’ORIGINE ET LA PROVENANCE DE L’AMBRE ADRIATIQUE
2L’ambre est une résine fossile dérivée d’une espèce de conifères très répandue sur la côte de la Baltique et de la Mer du Nord. C’est probablement au cours du Cénozoïque4 que la submersion des forêts de conifères dans la mer a provoqué la fossilisation de la résine et la formation de l’ambre. Des gisements beaucoup plus réduits se trouvent aussi en Italie, sur les Apennins Émiliens et en Sicile, près des embouchures des fleuves Salso et Sineto.
3La question de la provenance de l’ambre retrouvé en Méditerranée et dans la Mer Noire a été posée pour la première fois à la fin du XIXe siècle. Les chercheurs étaient, à l’époque, partagés entre deux différentes hypothèses, attribuant à l’ambre une origine nordique ou méditerranéenne5. Dans les années récentes, l’élaboration d’une méthode d’analyse fiable6 a permis de rouvrir la question sur des bases plus solides.
4Les résultats acquis, en ce qui concerne l’Italie méridionale, peuvent être ainsi résumés7 :
- la majorité des exemplaires examinés sont de provenance nordique ;
- la perle d’ambre énéolithique de Laterza (Pouilles) —qui est l’exemplaire le plus ancien retrouvé dans toute la Péninsule— ne serait pas de provenance nordique8 ;
- la perle du type Tirynthe (Myc. III Β et C) retrouvée à Lipari serait d’origine baltique9 ;
- les ambres figurés du Gargano, datés de la fin du VIe au Ve siècle eux aussi, de provenance baltique. L’un de ces exemplaires —une figure féminine ailée— a probablement été produit par le même atelier qui a réalisé un groupe d’ambres retrouvés dans la vallée de l’Ofanto, à Melfi. Ce lien peut constituer, à notre sens, un indice important pour attribuer aux ambres de Melfi une provenance nordique10.
5Il est donc certain qu’un important réseau d’échanges provenant de la Baltique a touché la Péninsule à partir du Bronze Final au moins jusqu’au Ve siècle. Ce réseau d’échange concerne aussi d’autres régions de la Méditerranée. Les analyses systématiques sur plusieurs mobiliers de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, datés de l’Âge du Bronze à l’Âge du Fer, ont révélé que, dans la presque totalité des cas, l’ambre était d’origine baltique11. Les analyses sur les ambres —de l’Âge du Bronze au Moyen Âge— retrouvés dans l’est de la France12 ainsi qu’en Corse, à Aléria, datés du Ve siècle, ont donné les mêmes résultats13.
Les voies de l’ambre
6Trois itinéraires ont pu être empruntés pour transporter l’ambre nordique en Méditerranée, à travers une chaîne d’innombrables passages et intermédiaires :
- une route qui longeait le cours de l’Elbe, de la Moldau et ensuite du Danube, traversant les Alpes à la hauteur du Brenner, pour descendre les cours des fleuves italiens et aboutir au delta du Pô ;
- un parcours qui se déroulait le long de l’Oder, de la Morava et de l’Isonzo pour rejoindre l’Adriatique à hauteur de l’Istrie et du Golfe du Kvarner14 ;
- une route encore plus orientale, passant par la Pologne actuelle, allant de l’embouchure de la Vistule, à travers le Col de Klodzko, vers la Haute Adriatique15.
7L’existence de cette dernière voie pourrait trouver une confirmation importante dans la présence d’objets d’importation méridionale, précisément étrusques, sur les côtes polonaises16. En tout cas, ces différents chemins se rejoignent tous à la hauteur du delta du Pô et des îles du Kvarner17. Dans l’Adriatique septentrionale, le site de Frattesina Polesine, situé près de l’une des branches du delta du Pô, doit sûrement avoir joué un rôle central, dès la fin de l’Âge du Bronze. C’était, probablement, l’un des points de l’Adriatique où le matériau brut était échangé contre des produits travaillés et d’autres biens de valeur18. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si justement dans ces lieux de la Haute Adriatique les sources anciennes ont souvent situé la terre d’origine de l’ambre, les mythiques îles Électrides19. Les auteurs anciens ont probablement opéré une confusion entre les lieux d’origine et les débouchés principaux d’approvisionnement de l’ambre20 ; ce n’est d’ailleurs qu’à partir de l’époque romaine qu’on a commencé à avoir une idée plus concrète des régions d’origine de l’ambre21.
8Deux conclusions s’imposent. La première est que ce réseau d’échange comportait une chaîne d’innombrables passages entre les terres d’origine, la Baltique et la Mer du Nord, et les rivages méditerranéens22. La conséquence majeure a été l’enrichissement des communautés ou des groupes qui pouvaient contrôler ces passages, depuis l’Âge du Bronze, comme on le verra dans le paragraphe suivant. La deuxième est que les lieux d’origine de l’ambre n’étaient pas forcément ceux où la matière brute était travaillée. L’identification de ces centres de production est à la fois plus complexe et subjective, car elle demande à la fois l’élaboration d’une typologie23 et dans le cas des ambres figurés, l’étude des styles et des ateliers.
Les premières importations d’ambres dans le sud-est de l’Adriatique
9Bien que cette époque ne soit pas l’objet direct de notre recherche, il est néanmoins important de rappeler la présence de l’ambre dans certains contextes de l’Âge du Bronze particulièrement significatifs pour les échanges dans nos régions adriatiques. Le plus septentrional est Grotta Manaccora, sur le littoral du Gargano, où des perles en ambre ont été retrouvées dans la couche III, qui daterait du Bronze Moyen au Bronze Récent24. Le deuxième contexte est un habitat lagunaire, Coppa Nevigata, d’où provient une perle en ambre qui appartient à une production mycénienne du « type Tirynthe » datée du Myc. III Β et C25. La fréquentation mycénienne est confirmée par les trouvailles de tessons de céramique qui remontent à la même époque26. Une deuxième perle du « type Tirynthe », conservée au Musée de Reggio Emilia, proviendrait, elle aussi, de la Daunie, mais le lieu de provenance n’est pas certain ; on a proposé Coppa Nevigata ou Salapia, mais sans apporter des argumentations bien fondées27. La présence de ces perles en Daunie acquiert une signification particulière si on la rapporte à la carte de diffusion des ambres « type Tirynthe » en Méditerranée. En effet, la plupart de ces exemplaires provient de la côte tyrrhénienne, d’Étrurie et de Sardaigne ; en Adriatique, les seuls lieux de découverte sont le delta du Pô (Fratta Polesine), Nin, en Croatie, et la Daunie28. Comme nous l’avons souligné plus haut, la provenance baltique a été démontrée pour l’un des exemplaires du « type Tirynthe » retrouvé en Italie29. Il est donc vraisemblable que des routes mycéniennes ont touché les deux côtes de l’Adriatique pour l’approvisionnement en ambre. Ces routes convergeaient dans le delta du Pô, qui était probablement le débouché le plus important des itinéraires provenant du nord30. En Adriatique méridionale, une autre étape de cet itinéraire d’échanges peut être à notre sens située autour de la lagune de Salpi, comme le confirment aussi les découvertes récentes de l’Âge du Bronze Moyen et Récent à Trinitapoli31.
L’AMBRE EN ADRIATIQUE MÉRIDIONALE DURANT L’ÂGE DU FER
Les perles d’ambre
10La présence de l’ambre dans les mobiliers funéraires peut être considérée comme une constante des nécropoles adriatiques de l’Âge du Fer. Sur la côte liburnienne, à Nin, l’ambre est toujours présent dans les mobiliers funéraires, surtout au cours des VIIIe-VIIe siècles32. Dans les nécropoles du Picenum, ce précieux matériel est très répandu dès le VIIIe siècle et il devient particulièrement fréquent au cours de la phase Picenum IV A (milieu du VIIe siècle-dernier quart du VIe siècle)33. À Novilara, des perles d’ambre rondes ou trapézoïdales formaient le type de collier le plus commun dans les sépultures des femmes34. Une quantité absolument extraordinaire de perles et de noyaux d’ambre se trouvait dans une tombe de Grottazzolina, dont le caractère aristocratique est montré aussi par la présence de vaisselle précieuse en bronze35. Nous reviendrons sur le rôle certainement fondamental de celle région dans le commerce de l’ambre36.
11En descendant le long de la côte adriatique occidentale, les objets en ambre se retrouvent encore, bien qu’en quantité moins considérable, dans plusieurs sites archaïques des Abruzzes : Loreto Aprutino37, Alfedena38, Atri39, Capestrano40. Les mobiliers de Loreto Aprutino se distinguent par la richesse des colliers en ambre, ainsi que pour la typologie inhabituelle de certains ornements, tel un diadème en fer et en ambre41.
12Sur la côte frentane, l’ambre apparaît dans plusieurs tombes archaïques de Termoli, dans la nécropole du Porticone. L’ambre est surtout fréquent dans les tombes féminines du VIe siècle, souvent associé avec des ornements en métal ; des grains d’ambre sont aussi employés pour revêtir l’arc des fibules42. Certains mobiliers sont même composés exclusivement des perles d’ambre et des ornements en métal43. Il s’agit de perles rondes ou aplaties, voire de simples grains d’ambre, non percés. Ces derniers ont pu difficilement avoir une fonction ornementale. On pourrait plutôt supposer que ce matériel a été déposé dans la tombe à l’état presque brut, à cause de sa valeur intrinsèque ou, peut-être, à cause des propriétés thérapeutiques44, voire magiques qui lui étaient attribuées45. Quant à Larino, trois des dix-sept tombes fouillées à Monte Arcano contenaient de l’ambre46. Ce sont des tombes du VIe siècle, dont deux féminines, une d’enfant.
13D’un tout autre intérêt sont les données de Guglionesi. Une quantité extraordinaire d’ambre a été découverte dans l’une des tombes archaïques les plus riches de ce site, la tombe 1 de la nécropole de S. Margherita47. Cette sépulture, vraisemblablement féminine, contenait 107 perles et pendentifs en ambre, la plupart en forme de bulle ou de sphère légèrement aplatie48 (fig. 36). Les perles étaient disposées sur la poitrine et notamment autour du cou de la défunte; elles appartenaient donc à un collier, très riche et somptueux.
14L’importance de ce mobilier est confirmée, de manière incontestable, par la présence de deux bassins en bronze d’un type, comme on le verra, tout à fait caractéristique de Guglionesi49. Ce contexte date probablement de la fin du VIIe siècle ou du VIe siècle50.
15Sur le promontoire du Gargano, les trouvailles d’ambre sont notamment concentrées dans deux territoires : sur les hauteurs qui dominent l’ancien golfe de Varano, à Monte Tabor et à Monte Civita ; sur le versant méridional du promontoire, à Monte Saraceno. Dans ce dernier site, l’ambre apparaît souvent dans les mobiliers de la fin de l’Âge du Bronze et du premier Âge du Fer51 ; à Monte Civita et à Monte Tabor les découvertes remonteraient plutôt au VIe et au Ve siècles52. Comme on le verra, à la même époque les sites du Gargano connaissent aussi la diffusion des ambres figurés.
16Dans la Daunie côtière méridionale, la distribution de l’ambre dans les mobiliers funéraires de l’Âge du Fer apparaît plutôt sélective. Ce précieux ornement marque les contextes de plus grand prestige. Le cas de la sépulture princière de Masseria Cupola, datée du VIIe-VIe siècle av. J.-C.53, est particulièrement intéressant. La riche parure personnelle de la défunte comportait, entre autre, plusieurs perles d’ambre de différentes formes, appartenant à un collier très précieux, enrichi de perles en or. En revanche, à Cupola l’ambre semble être absent des tombes plus anciennes, qui remontent à la fin de l’Âge du Bronze et au premier Âge du Fer. Dans cette phase, les objets les plus précieux du mobilier sont les ornements en bronze, comme les fibules et les bracelets54. Le même fait s’observe dans les tombes contemporaines de Salapia55. Nous pouvons retenir cette donnée, tout en étant consciente de son caractère provisoire.
17À Canosa, des perles et des pendentifs en ambre faisaient partie de la parure de la tombe princière découverte en 1989 à Toppicelli, datée du dernier quart du VIIe siècle56. La défunte était ornée d’un collier particulièrement précieux, formé de perles d’ambre et d’or, semblable à celui de la tombe de Cupola. Comme on le verra dans le chapitre suivant, ce n’est pas la seule analogie entre ces deux contextes57.
18Nous disposons d’une autre source d’information sur la circulation de l’ambre en Daunie méridionale, au VIIe et au début du VIe siècle. Ce sont les représentations des stèles sculptées58, où les personnages apparaissent richement habillés et chargés d’ornements ; dans de nombreux cas, leurs parures peuvent être identifiées avec des bijoux en ambre. Plusieurs stèles montrent des hauts colliers de perles rondes, enroulés autour du cou59. D’autres étalent des fibules avec de riches pendentifs, probablement en bronze et en ambre60. Parfois, colliers et fibules avec des pendentifs apparaissent sur la même stèle61 (fig. 37). En conclusion, ces documents, tout comme les tombes de Cupola et de Canosa, prouvent que l’exhibition des somptueuses parures en ambre devait constituer l’un des signes du prestige et du pouvoir des élites dauniennes archaïques.
Les ambres sculptés sur la côte du Samnium et de la Daunie
Les attestations
19Si pendant l’Âge du Fer les élites dauniennes et frentanes aiment exhiber une grande quantité de bijoux en ambre, vers la fin du VIe siècle un nouveau goût s’impose. C’est à la fois la conséquence d’un changement de goût et de coutumes qui touche plusieurs sociétés indigènes sous l’influence probable de la habrosyne gréco-orientale62. À partir de cette époque, l’accent est mis aussi sur la qualité des pièces sculptées, qui sont parfois de véritables chefs-d’œuvre d’habileté artisanale. En même temps, les ambres figurés étaient probablement un signe encore plus explicite de la richesse de leurs possesseurs. Pline remarquait avec des accents de réprobation que le coût d’une petite figure humaine en ambre arrivait à dépasser, à son époque, le prix d’un homme vivant et en bonne santé63.
20Dans les Abruzzes et dans le Molise la circulation des ambres figurés est un phénomène rare et plutôt tardif64. Les ambres figurés apparaissent dans la région du Biferno seulement à la fin du Ve et au IVe siècle, en quantité très limitée. La seule exception est représentée par la tombe 23 de la nécropole du Porticone de Termoli (fin du Ve-début du IVe siècle), qui comportait trois pendentifs identiques en forme de tête féminine65 (fig. 38 A). Ils s’inscrivent parfaitement dans une production typique des sites côtiers des Abruzzes au cours du IVe siècle, attestée à Vasto66, à Pettorano sul Gizio et à Torre dei Passeri67. En même temps, ces têtes féminines semblent constituer une variante locale d’une série d’ambres très répandus en milieu indigène méridional, le groupe de Roscigno68 (fig. 38 B-H).
21En revanche, la Daunie côtière est l’une des zones de plus grande diffusion des ambres figurés, à partir de la fin du VIe siècle et tout au long du siècle suivant. Notre analyse doit prendre Canosa comme point de départ presque obligatoire, car la majorité des ambres figurés dauniens sont censés provenir de ce centre. En outre, les plus importants ateliers d’Italie Méridionale connus jusqu’à présent (les groupes « du Satyre et de la Mènade », « de Roscigno » et « de Roccanova ») semblent avoir été en rapport avec la clientèle de Canosa. Il est vrai que malheureusement aucun des exemplaires attribués au site daunien n’a été retrouvé sur des fouilles régulières ; ils proviennent tous du marché antiquaire et se trouvent, pour la plupart, dans la collection du British Museum69. L’attribution à Canosa apparaît, néanmoins, assez solide: en 1868, Helbig écrivait que les ambres de la collection du Prince Spinelli, achetés ensuite par un autre collectionneur, A. Castellani, auraient été tous trouvés dans un mobilier de Canosa70. La description détaillée de certaines pièces permet de reconnaître au moins deux des exemplaires du British Museum, qui sont parmi les meilleurs produits de l’atelier du « Satyre et de la Ménade » : le « Satyre vendangeur »71 et l’ambre décoré d’un quadrige et d’un jeune sur monstre marin72. Un autre témoignage de W. Helbig, repris par L. Pollak, attribue à Canosa trois ambres sculptés, appartenus d’abord à la collection Schewitsch et passés après dans la collection Stroganoff : il s’agit d’une grenouille et de deux groupes, chacun reproduisant un satyre et une ménade enlacés73. Nous allons donc nous arrêter sur les caractères et sur la diffusion des principaux ateliers d’ambres sculptés dont les produits sont attestés à Canosa.
22Le groupe dit du « Satyre et de la Ménade » comprend des pièces qui atteignent parfois un niveau qualitatif absolument remarquable (fig. 39-40). Les exemplaires attribués à Canosa reproduisent une grande variété de sujets : une figure de satyre vendangeur (fig. 39 C), un « Atlas » (fig. 39 G), un quadrige et un jeune homme sur Triton (fig. 40 A), une figure féminine ailée74 (fig. 39 Β). De Canosa pourrait provenir aussi la pièce célèbre avec la représentation d’un Satyre et d’une Ménade, qui donne son nom à l’ensemble de cette production75. À ces exemplaires, nous ajouterions aussi un protome féminin du British Museum provenant de Canosa76 (fig. 39 F), qui pourrait bien rentrer dans la production de cet atelier. Ces ambres ont en général un modelé très net, avec un traitement fort soigné des détails et du relief. Ce sont des figures très raffinées, qui s’inscrivent avec une grande harmonie dans le volume souvent irrégulier et contraignant du grain d’ambre. Les visages se distinguent par les grands yeux en amande, soulignés par un double sillon. Les chevelures masculines sont composées de courts traits parallèles, assez compacts, celles des femmes se disposent en courtes mèches verticales sur le front et se déplient sur la nuque dans une large queue en éventail. Les riches draperies sont arrangées en lignes parallèles ou ondulées qui animent le modelé poli et soigneusement arrondi de la surface.
23Les exemplaires du « Groupe du Satyre et de la Ménade » ont été retrouvés aussi dans d’autres zones de la Daunie : sur la côte du promontoire du Gargano et à l’intérieur de la vallée de l’Ofanto. Une figure ailée, peut-être un sphinx77 (fig. 39 E), dont l’affinité est évidente avec l’ambre de Canosa au British Museum78, provient de Monte Tabor, le site qui domine l’ancien golfe de Varano. Cet exemplaire ne devait pas être isolé, comme le montre un fragment d’aile provenant de la même localité qui faisait probablement partie, à l’origine, d’un sujet similaire79. En outre, des alentours de Monte Tabor provient une figure de danseuse, enveloppée dans son chiton aux plis parallèles, le bras gauche replié et soulevé80 (fig. 39 D). Plusieurs éléments sont communs à cette danseuse et au personnage ailé : les grands yeux au profil allongé, les cheveux aux incisions parallèles, une coiffure qui pourrait être identifiée avec un tutulus. Un autre protome féminin fragmentaire qu’on pourrait rapprocher des ambres de ce groupe provient du versant méridional du Monte Gargano (Macchia di Monte S. Angelo)81 (fig. 40 C). Malheureusement, le contexte originaire des exemplaires du Gargano est inconnu.
24En Daunie méridionale, à l’intérieur de la vallée du fleuve Ofanto, des ambres du même atelier ont été retrouvés à Minervino et à Melfi. Un pendentif avec un personnage accroupi faisait partie d’un mobilier féminin très riche de Minervino, daté du VIe siècle82. Le sphinx ailé ainsi que le guerrier ailé provenant, respectivement, des tombes n. 43 et n. 48 (fig. 40 B-D) de la nécropole de Melfi-Pisciolo, se rapprochent visiblement du « Groupe du Satyre et de la Ménade ». Les deux mobiliers sont datés de la deuxième moitié du Ve siècle83, mais les ambres seraient les produits d’un atelier plus ancien, actif entre la fin du VIe siècle et le début du Ve siècle84.
25La circulation des pièces de l’atelier « du Satyre et de la Ménade » semble être limitée aux tombes indigènes de l’Italie du Sud85, comme le montre la carte de distribution à la fig. 42. Hors de la Daunie, on les a en effet retrouvés jusqu’à présent, en Peucétie et en Lucanie ionienne et tvrrhénienne. Une figure d’hydrophore provient d’une tombe de Rutigliano, en Peucétie, de la deuxième moitié du Ve siècle86. Un autre exemplaire provient de Tolve, en Lucanie intérieure87. D’autres produits de cet atelier ont été découverts dans la Lucanie tyrrhénienne, à Roscigno et à Oliveto Citra88. En particulier, la figure de danseuse retrouvée dans une tombe d’Oliveto Citra89 (fig. 39 A) rappelle de près, pour le sujet et pour sa posture, l’exemplaire de Monte Tabor. À l’atelier « du Satyre et de la Ménade » ont été attribués aussi les ambres de Sala Consilina au Petit Palais90, bien qu’ils soient, à notre avis, de style bien différent.
26Du point de vue chronologique, l’activité de cet atelier semble débuter vers le milieu du VIe siècle, comme le prouverait le mobilier de Minervino91 ; mais on ne peut pas exclure que les objets de cette tombe datent d’époques différentes. Les autres contextes qui ont livré des ambres de ce groupe s’étalent tout au cours du Ve siècle92, mais souvent la date des mobiliers est bien postérieure à la création des pièces93. La variété des sujets représentés relève de suggestions très hétérogènes : une place de choix est accordée aux figures mythologiques (par exemple les quadriges) ainsi qu’aux personnages du monde dionysiaque aussi chers aux sociétés d’Italie méridionale. D’autres, comme les figures féminines ailées, sont plus directement liés à un fond de superstitions et à un noyau de croyances populaires ou eschatologiques, qui est difficile à déceler mais qui devait être très important, si l’on pense à la valeur magique qui a été attachée à l’ambre.
27Un autre important atelier d’ambres figurés est couramment défini « Groupe de Roscigno », du nom de la localité du Vallo di Diano, où il a été pour la première fois reconnu94. Ce groupe comprend exclusivement des protomes féminins, peut-être des Ménades95, et de Satyres, donc encore une fois, des sujets liés aux thèmes dionysiaques. À Canosa est attribuée une tête féminine du British Museum, qui présente tous les signes distinctifs du type (fig. 38 D). Le protome, vu de profil, montre un haut tutulus. Le visage est caractérisé par le grand œil en forme d’amande, aux paupières en relief, ainsi que par le nez petit et le menton aigu. Une ligne sillonne le visage en diagonale, du coin intérieur de l’œil à travers l’angle des lèvres jusqu’à la mâchoire. Des caractères identiques reviennent sur deux des protomes de Roscigno, datés par J. de La Genière de la fin du VIe siècle96 (fig. 38 F-G).
28Le « Groupe de Roscigno » a eu une diffusion très vaste, tout en gardant une totale homogénéité, voire une certaine monotonie, de style et de sujets. La carte de distribution du type (fig. 41) montre la forte concentration du groupe entre la Daunie et la Peucétie et la Lucanie orientale. On remarque aussi que les têtes féminines sont beaucoup plus répandues, alors que les têtes de Satyre sont plutôt concentrées dans le sud de la Péninsule, à l’exception de deux exemplaires, l’un provenant d’un mobilier de Spina97, l’autre de provenance incertaine au Musée de Milan98. L’Adriatique est certainement l’une des zones principales de diffusion du groupe. Comme plusieurs chercheurs l’ont souligné, deux têtes féminines de Roscigno sont presque identiques à trois exemplaires retrouvés à Spina, dans la nécropole de Valle Pega, datés du Ve siècle99 (fig. 38 E). Des ambres de Marzabotto100 et de Monteleone di Spoleto101 se rapprochent de ce groupe, bien qu’ils soient d’une qualité inférieure. L’exemplaire de Canosa s’inscrit parfaitement dans ce groupe d’ambres adriatiques qui se distinguent, entre autres, par le fait que les visages sont toujours représentés de profil, tandis que dans les ambres tyrrhéniens ils sont pour la plupart vus de face102. D’autres protomes qui rentrent dans ce même groupe, ont été retrouvés sur la côte adriatique orientale, à Kompolje en Croatie103, à Trebenischte et à Novi Pazar104. L’atelier de Roscigno est aussi bien attesté en Lucanie (fig. 41) : des protomes féminins et des Satyre se trouvent à Banzi105, à Tolve106 et à Ripacandida107. De nombreux exemplaires proviennent aussi de la Peucétie : des têtes de Satyres ont été retrouvées à Ruvo108, à Rutigliano109 et à Noicattaro, dans un mobilier du milieu environ du Ve siècle110, sans compter les exemplaires de la Collection Polese, au Musée de Bari, provenant probablement du territoire environnant111. Plusieurs protomes, notamment féminins, ont été découverts à Minervino dans un mobilier datant de la fin du Ve siècle112. Ce type a eu aussi une large diffusion en milieu tyrrhénien. Il apparaît dans les trouvailles du sanctuaire de la Vallée d’Ansanto près d’Avellino113 et sur la côte, à Cumes114. Plus au nord, plusieurs têtes de Satyres ont été retrouvées à Préneste115 (fig. 38 C). À Colle del Forno, dans le Latium, un prolome féminin du type Roscigno, assez schématique, se trouve dans un mobilier de la première moitié du VIe siècle ; il est très proche des exemplaires de la Vallée d’Ansanto. Plus au nord, des protomes du type Roscigno se trouvent en Étrurie, à Populonia116. Entre 475 et 425 av. J-C., elles sont aussi largement répandues à Aléria117.
29La chronologie de ce groupe est aussi vaste que sa circulation. L’exemplaire le plus ancien est apparemment le protome de Colle del Forno, qui se trouvait dans un mobilier du milieu du VIe siècle118. Les ambres de Kompolje ont été datés de la même époque sur la base de leur contexte119. Les exemplaires de Roscigno ont été datés de la fin du VIe siècle, cette fois-ci sur la base de considérations stylistiques120. La production des ambres figurés à Spina semble se concentrer vers la fin du VIe et pendant le Ve siècle ; elle semble disparaître vers la fin du Ve siècle121.
30La plupart des autres exemplaires se situerait à l’intérieur de cette fourchette chronologique, et notamment au cours du Ve siècle : c’est le cas des ambres d’Aléria, de Minervino, de Noicattaro, de Banzi et de Ripacandida. Le mobilier de Tolve date, lui aussi, de la seconde moitié du Ve siècle122. Quant au terme chronologique le plus récent du type, un point de référence très important est constitué par les ambres retrouvés dans les mobiliers funéraires de Paestum (fig. 38 H). Ces contextes sont datés d’entre la fin du Ve siècle et les vingt premières années du IVe siècle av. J-C., donc au lendemain de la conquête de Poseidonia par les Lucaniens123. Au début du IVe siècle, des têtes dérivées probablement du type Roscigno apparaissent, comme on l’a vu, sur le versant adriatique centro-méridional.
31De Canosa proviennent aussi trois ambres du British Museum, qui appartiennent à la production d’un autre atelier méridional, le « Groupe de Rocca-nova »124 (fig. 38 I). Cet atelier a créé exclusivement des protomes féminins, qui se caractérisent par « l’ondulation rigoureuse des cheveux, par la taille disproportionnée des yeux »125 dont la ligne de contour se dessine parfois presque en losange. La circulation de ce groupe est infiniment plus restreinte : les seuls exemplaires dont l’origine est sûre proviennent de Rocca-nova et d’Armento, en Lucanie126. Nous avons proposé d’attribuer à des artisans formés en Grande Grèce, probablement à Tarente, l’origine de cette production ; elle a dû bientôt trouver des interprètes autonomes dans les milieux indigènes méridionaux127.
32De Canosa pourrait également provenir un ambre à forme de personnage féminin drapé dans le chiton128, proche d’exemplaires de l’Italie centrale (Monteleone di Spoleto, Ombrie)129 et de l’Adriatique orientale (Novi Pazar)130. Si cette attribution devait être confirmée, elle pourrait donner un élément important pour comprendre les dynamiques de circulation des types en milieu adriatique.
Les ambres sculptés sur la côte adriatique méridionale
Les ateliers et la circulation des types
33Cette question touche, évidemment, à des problèmes de style, qui ne sont pas l’objet direct de notre étude et qui ne peuvent guère être traités ici de façon exhaustive. Nous pouvons toutefois esquisser ce réseau d’échanges immatériels de modèles, d’iconographies, de techniques, qui ajoute des éléments indispensables à la compréhension de nos civilisations indigènes. Notre analyse ne tiendra compte, évidemment, que des ateliers attestés sur la côte adriatique du Samnium et de la Daunie.
34Les ambres figurés ont été le sujet de plusieurs publications et études qui ont beaucoup contribué, au cours de ces dernières années, à éclaircir l’enchevêtrement complexe des styles et des centres de production. Plusieurs questions, et non des secondaires, restent toutefois ouvertes ; par conséquent, les hypothèses jusqu’à présent formulées sur la production d’ambres sculptés en Italie Méridionale sont plutôt divergentes. Pour D. Strong, un nombre considérable d’ambres figurés —y compris le « Groupe de Roscigno »— serait à attribuer aux ateliers de l’Italie du Sud, d’Apulie ou de Lucanie, qui révèlent une forte influence de l’artisanat de luxe campanien et étrusque131. Les trouvailles de Spina proviendraient, elles aussi, d’un atelier méridional132. J. de La Genière attribue également les protomes de Roscigno à un atelier du Sud, à situer probablement en Basilicate133. Toutefois, certains détails — comme le tutulus des protomes féminins— semblent signaler des influences étrusques ou ioniennes134. J. de La Genière propose une origine lucanienne aussi pour le « Groupe de Roccanova », qui aurait un lien avec le « Groupe de Roscigno »135. A. Bottini a reconsidéré la question à partir des contextes archéologiques : il a donc pris en compte les ambres retrouvés dans les mobiliers de la Daunie intérieure, aux confins du territoire lucanien136. Il conclut que l’influence étrusque, suggérée par le style « ionisant » de ces pièces, est confirmée par l’association, dans les mobiliers indigènes, avec d’autres objets de luxe, notamment des bronzes, de production tyrrhénienne. Bottini est aussi persuadé que ces influences ont encouragé la formation d’ateliers locaux : Canosa a dû certainement être l’un des foyers les plus importants de cet artisanat137.
35D’autres chercheurs proposent des reconstitutions différentes. Negroni Catacchio a nuancé l’importance des ateliers campaniens, dont l’essor ne serait visible qu’à la fin du Ve siècle ou au début du IVe siècle138. Elle préfère attribuer les ambres archaïques à l’activité des artisans ioniens, adressée notamment aux clientèles indigènes de l’Italie du Sud139. Les protomes de Spina proviendraient d’un atelier autonome qui aurait influencé la production méridionale et qui serait responsable des importations sur la côte adriatique orientale140, tandis que les ambres les plus raffinés retrouvés sur la côte tyrrhénienne (à Oliveto Citra et à Padula) proviendraient des ateliers de la Daunie et de la Peucétie141. Negroni Catacchio propose aussi une origine daunienne pour les ambres du type de Roccanova142. Une origine méridionale, de Daunie ou de Campanie, avait déjà été proposée par M. Yon pour les ambres retrouvés dans les fouilles d’Aléria143. Enfin, une étude récemment publiée renverse en grande partie la classification stylistique jusqu’à présent acceptée de manière à peu près unanime. A. Mastrocinque a proposé un nouveau regroupement des ambres italiques de l’Âge du Fer, fondé sur la distinction entre deux grands ateliers. Au premier appartiendraient les représentations caractérisées par des yeux étroits et allongés, donc les têtes du type Armento, ainsi que les groupes de Sala Consilina, au Petit Palais, et le « Groupe de Falconara », à New York144. Le deuxième ensemble, beaucoup plus étendu, comprendrait des créations caractérisées par des yeux très grands et arrondis : à ce groupe se rattacheraient tous les exemplaires du type Roscigno, du type Roccanova, et presque tous les ambres du « Groupe du Satyre et de la Ménade »145. Les ambres du premier groupe seraient le produit d’ateliers étrusques, mais aussi d’artisans grecs ou grecs d’Occident, probablement de Tarente146. Le deuxième groupe serait entièrement à attribuer à des artisans étrusques, notamment de l’Étrurie padane147. Au bout de compte, cette nouvelle répartition est intégralement fondée sur un seul élément stylistique : la taille des yeux. Ce choix comporte le risque de former des groupements tellement élargis qu’ils ne peuvent plus exprimer et expliquer les différences entre des créations aussi multiformes et variées que les ambres sculptés italiques. Or, à l’état actuel de la recherche, il serait plutôt souhaitable de disposer d’analyses stylistiques détaillées de chaque pièce, qui, seules, pourraient permettre de formuler des nouveaux classements stylistiques.
36Comme nous l’avons souligné au début, il serait impossible d’épuiser ici la question, très complexe et bien sûr très passionnante, des styles et des centres de production des ambres figurés en Italie du Sud148. Certains faits s’imposent, néanmoins, à notre réflexion. En premier lieu, il faut considérer l’éventuel écart chronologique entre la fabrication des pièces et la constitution du mobilier funéraire. Ce phénomène est particulièrement courant dans le cas d’objets précieux, qui peuvent être conservés et transmis à travers plusieurs générations149. C’est le cas, par exemple, de certains ambres qui, en dépit de leur aspect archaïsant, se trouvent dans des mobiliers datés du début du IVe siècle150. La deuxième variable à considérer est la mobilité des artisans, qui peut être très élevée dans ce domaine, comme dans toutes les branches de l’artisanat spécialisé. Par exemple, nous avons supposé que les terres cuites architecturales de Toppicelli, Botromagno et Monte Sannace ont pu être produites à la fin du VIe siècle par les mêmes artisans, provenant de Métaponte, ou d’un autre site colonial d’Occident151. L’installation d’artisans étrusques en Peucétie semble d’ailleurs prouvée par la documentation archéologique152. En outre dans le cas des matières précieuses, tel justement l’ambre ou l’ivoire, les artistes ont dû souvent se déplacer à proximité des lieux d’acquisition de la matière première, ce qui peut signifier, dans certains cas, à proximité de leurs puissants commanditaires153. Il faut donc tenir compte de l’éventuel écart entre les lieux de découverte, les lieux de production des objets et les milieux de formation des artisans. Troisième point à considérer, les relations possibles avec d’autres formes d’artisanat, qui demandent le même degré d’habileté technique et la même précision du travail, telles les ivoires et les pierres précieuses sculptées154. À ce sujet, nous disposons de données plus précises : nous savons par exemple que les incrustations en ambre décoraient souvent des objets en ivoire155. Selon certaines hypothèses, l’emploi de l’ambre aurait été nécessaire aux orfèvres pour réaliser le décor « à granulation »156. Ainsi, l’analyse des ambres ne peut faire abstraction des autres productions de l’artisanat de luxe de la même époque.
37Tout en tenant compte de ces éléments, on peut revenir à l’examen des ambres figurés. Le « Groupe de Roscigno » pourrait, à notre sens, déceler des différences stylistiques importantes157. Un premier ensemble comprend en fait des têtes vues de face, aux traits assez schématisés et figés ; dans ce groupe s’inscrivent la tête de Colle del Forno, la plupart des têtes de Roscigno, de Populonia et les pendentifs de Paestum158, dont les mobiliers datent de la fin du Ve ou du IVe siècle. Le deuxième ensemble comprend des têtes plus soignées et « ionisantes », vues de profil, avec un haut tutulus : ces exemplaires circulent surtout dans l’Adriatique (Canosa, Banzi, Spina, Marza-botto, Kompolje, Novi Pazar), mais ils apparaissent aussi à Roscigno159 et à Aléria. Or, ces différences ne semblent pas correspondre à un décalage chronologique : elles semblent plutôt être l’effet de différents ateliers, dont l’un pourrait être situé en Adriatique, peut-être autour de Spina160. La Lucanie tyrrhénienne pourrait avoir constitué un autre secteur essentiel pour la création et la diffusion de ces ambres figurés. Il est significatif que ces ornements fassent partie des parures personnelles des Lucaniens qui avaient occupé Poseidonia, au début du IVe siècle161. La même tradition figurative est donc restée vive dans cette région pendant très longtemps.
38L’atelier du « Groupe du Satyre et de la Ménade » permet encore d’autres réflexions. Du point de vue du style, ce groupe est à notre sens, beaucoup plus composite qu’on ne le considère d’habitude162. Nous sommes persuadés qu’une analyse stylistique bien approfondie de chaque pièce permettrait de reconnaître plusieurs ateliers à l’intérieur de cette vaste production, qui a fini aujourd’hui par comprendre toutes les pièces figurées d’une quelque complexité, retrouvées en Italie Méridionale163. En fait, on pourrait y cerner aux moins deux tendances stylistiques différentes : la première, bien représentée par le Satyre vendangeur de Canosa (fig. 39 C) ainsi que par le groupe éponyme « du Satyre et de la Ménade »164, est caractérisée par son modelé très net. Le deuxième courant, qui préfère un modelé plus souple et nuancé, ainsi que des lignes plus sinueuses, est bien visible dans la pièce de Canosa avec un quadrige sur un côté et un éphèbe sur le Triton sur l’autre face (fig. 40 A). En outre, certaines pièces montrent des similitudes tellement marquées qu’elles semblent des créations contemporaines du même atelier. C’est le cas d’une tête féminine de Canosa165, presque identique à un ambre du Metropolitan Museum ; toutes les deux sont très proches de la tête de la déesse ailée provenant, elle aussi, de Canosa166 (fig. 39 Β), ainsi que du sphinx ailé de Pisciolo167 (fig. 40 Β). L’hydrophore de Rutigliano montre en revanche un visage et une chevelure différents, qui s’approchent plutôt de ceux du garçon chevauchant le Triton de Canosa168 (fig. 40 A). Le visage d’un jeune —Satyre ?— de la collection Stroganoff, provenant de Canosa est très proche d’une pièce de provenance inconnue du British Museum169.
39Plusieurs chercheurs ont déjà soulevé, pour ces deux groupes d’ambres sculptés, la question de l’apport étrusque170 ; en fait, plusieurs indices suggèrent que des artisans étrusques ont pu intervenir au moins dans la formation de ces ateliers. J. de La Genière avait déjà porté l’attention sur certains détails de l’habillement, comme le tutulus, qui sont complètement étrangers à la tradition grecque ou indigène, alors qu’ils sont tout à fait caractéristiques du milieu étrusque171, même de l’Étrurie campanienne, comme le montrent bien les petits bronzes de Capoue172. En effet, cette coiffure apparaît en Italie méridionale dans des milieux sensibles à l’influence tyrrhénienne : on pourrait évoquer le cas de la riche aristocrate de la tombe 66 de Bisaccia173. Il y a aussi un autre élément à considérer, c’est-à-dire le fait qu’en Étrurie la tradition des ambres figurés est plus ancienne que dans le reste de la Péninsule : cette production y apparaît déjà au VIIIe siècle av. J.-C. et se développe au cours du siècle suivant174. Troisième fait important, on sait que vers le dernier tiers du VIe siècle le répertoire et le style des ambres figurés changent totalement et s’enrichissent énormément. Ce phénomène coïncide avec un événement qui modifie sensiblement toute la production artistique étrusque : l’installation en Étrurie d’artisans provenant de l’Ionie175. L’arrivée de ces artistes est en partie responsable de l’épanouissement de l’artisanat spécialisé étrusque : par exemple, de l’éclat soudain de la glyptique figurée vers le dernier quart du VIe siècle176. Il n’est pas impossible que le même phénomène soit à l’origine du développement et des profonds changements dans l’art de sculpter les ambres177. En dehors de la coïncidence chronologique, même des éléments stylistiques nous amènent à cette conclusion. Certaines ressemblances entre la glyptique étrusque et les ambres sculptés méridionaux sont trop précises pour être le fruit du pur hasard. On pourrait évoquer la figure de Dionysos sur le pseudo-scarabée d’Héraklès à Boston, daté du dernier tiers du VIe siècle178. Les liens avec la pièce du Satyre et de la Ménade, ainsi qu’avec le Satyre vendangeur de Canosa, sont très étroits, à la fois dans le dessin du visage et de la draperie, comme dans le modelé très net et poli de la surface. Parfois, c’est le modelé de l’anatomie qui trahit des affinités entre les gemmes étrusques et certains ambres méridionaux. Le torse du Satyre du groupe éponyme du British Museum peut être comparé à des images sculptées sur les scarabées étrusques de la fin du VIe siècle ou du premier quart du Ve siècle179. Une sorte de sirène ailée au tutulus, gravée sur un autre scarabée180, se rapproche visiblement des figures monstrueuses —Harpies ? sirènes ?— si souvent reproduites sur les ambres. Nous avons essayé ailleurs de montrer comment certains sujets figurés d’ambres méridionaux reprennent et transforment des prototypes créés par l’artisanat de luxe étrusque181. C’est le cas d’un type d’offrant, dont un exemple très connu est l’éphèbe de Monteguragazza182 (fig. 39 H): ce type a certainement été pris comme modèle et largement transformé par le sculpteur d’un ambre du British Museum, couramment défini « Atlas » (fig. 39 G).
40En résumé, les ateliers connus sous le nom de « Groupe du Satyre et de la Ménade » montrent des liens très étroits avec l’artisanat étrusque de la fin du VIe siècle ou du début du Ve siècle av. J.-C. Ce rapport pourrait aussi expliquer le caractère « ionisant » des certains ambres sculptés, qui a été plusieurs fois souligné dans les études récentes183. Selon Bottini, les ateliers étrusques de Campanie ont pu être les intermédiaires de l’influence ionienne sur les ambres de l’Italie méridionale184. Ce n’est pas un hasard si ces mêmes caractères « ionisants » reviennent dans des exemplaires figurés du Picenum, que certains chercheurs ont attribués aux ateliers étrusques185.
41L’apparition de ces objets de luxe, de fabrication ou d’inspiration étrusque, s’inscrit parfaitement dans un plus vaste courant de trafics dirigés vers l’Italie du Sud. L’artisanat étrusque s’impose largement auprès des élites indigènes, déjà au cours du VIIe siècle, mais surtout à la fin du VIe siècle, donc au moment de la diffusion des ambres figurés186.
42Très éloquente, à ce propos, est la présence, dans les mobiliers indigènes, de certains types de vaisselle en bronze ainsi que d’objets plus caractéristiques, comme les candélabres, retrouvés à Monte Pruno, à Melfi et à Ruvo del Monte187. Le succès de l’artisanat de luxe étrusque est aussi confirmé par quelques orfèvreries provenant de Canosa188 ainsi que de Ruvo et de Noicattaro189. Encore plus parlante est la présence à Ruvo d’une plaque en ivoire190, sûrement fabriquée dans l’Étrurie côtière. Cette plaque est l’un des nombreux objets de luxe qui, vers la fin du VF-début du Ve siècle, dépassent le cercle restreint de la clientèle aristocratique étrusque, pour se diriger vers la Campanie (Capoue, Nola) et vers l’Italie du Sud (Ruvo, Paestum, Vélia, Locres)191. Ces conjectures sur la participation des Étrusques au réseau de circulation et de production de l’ambre peuvent être confirmées par l’archéologie. Nous pensons à la découverte d’un canthare en bucchero étrusque dans un site côtier de la Baltique192, qui peut être interprété comme l’indice tangible, même si isolé, des liens tressés aux VIe-Ve siècles av. J.-C. entre le nord et le sud de l’Europe sur la route de l’ambre.
43En conclusion, une production de luxe animée par des artisans étrusques, influencés par la manière ionienne, semble s’affirmer en Italie du Sud vers la fin du VIe siècle. Doit-on penser à l’intervention des ateliers de l’Étrurie padane193, ou bien des artisans résidant dans la Campanie étrusque194 ? La question est difficile à résoudre et probablement la réponse n’est pas univoque. Les ateliers situés autour du delta du Pô ont pu avoir, à notre sens, un rôle remarquable dans la diffusion de certains types de têtes féminines en Adriatique, ainsi que dans la mer Tyrrhénienne. Une trace pour la reconstitution de ces courants pourrait être la présence d’ambres en forme de protome de bélier195. Tout en étant attestés sur le versant tyrrhénien et ionien méridional (Poseidonia196, Pontecagnano197, Armento198), ces protomes semblent toutefois typiques de l’Adriatique septentrionale, et notamment de Spina199. Il nous semble donc significatif de retrouver une grande quantité de ces protomes de bélier dans des tombes princières illyriennes, à Atenica et à Novi Pazar200. Ils sont attestés également sur la mer Tyrrhénienne, à Populonia201 et à Aléria202, associés aux protomes féminins du « Groupe de Roscigno ». D’autre part, le poids des ateliers étrusques du Sud est indéniable, d’autant plus que l’influence d’un centre comme Capoue se manifeste aussi dans d’autres domaines de l’artisanat spécialisé de l’Italie méridionale. Il suffit d’évoquer ici les rapports entre les antéfixes de Capoue à tête féminine203 et les terres cuites dauniennes au même sujet204. L’importance des axes de communication fluviale Sele-Calore-Ofanto ressort de toute évidence des cartes de distribution des ambres205 (fig. 41 et 42).
44L’artisanat de Grande Grèce pourrait également avoir influencé certains ateliers d’ambres sculptés d’Italie méridionale, tel le groupe de Rocca-nova206. Des ambres achetés sur le marché de l’art proviendraient de Grande Grèce, notamment de Tarente et de Métaponte207. En outre, au moins un ambre sculpté reproduisant un lion couché a été sûrement retrouvé dans un mobilier de Tarente, daté de 560-550 av. J-C.208. Mais il est certain que ces créations sont restées toujours étrangères au goût des Grecs d’Occident209. Les artisans coloniaux semblent plutôt vouloir satisfaire la demande d’une clientèle locale très imaginative.
45En fait, l’affirmation de ce nouveau genre d’artisanat de luxe, qu’il ait été inspiré par des Étrusques ou par des Grecs d’Occident, doit avoir bientôt engendré plusieurs ateliers locaux. C’est le cas, probablement, d’un groupe de têtes féminines très particulières, qui apparaissent dans la Daunie intérieure, surtout à Banzi et à Lavello, au cours du Ve siècle210. À l’intérieur de ce réseau, qui traversait d’un côté à l’autre le sud de la péninsule, Canosa a dû assumer un rôle central, comme Bottini l’avait déjà supposé211. Ce site pourrait avoir été le point d’arrivée de la matière brute et même, au cours du Ve siècle, le foyer d’ateliers spécialisés inspirés des modèles de la Campanie étrusque. Nous avons plus haut évoqué un ambre figuré de Canosa qui permet à notre sens de saisir concrètement ce passage entre le modèle —un type étrusque d’offrant, du début du Ve siècle— (fig. 39 H) et sa réélaboration locale (fig. 39 G)212.
46Même par rapport à la circulation des types, le rôle des centres de la Daunie côtière, en tant que points de distribution de la matière brute et d’acquisition des produits finis, s’affirme de toute évidence. Les lieux de découverte des ambres figurés (fig. 41-42) sont tous situés le long d’itinéraires maritimes (de Canosa jusqu’aux sites du Gargano) ou fluviaux (Canosa, Minervino, Melfi). Ces itinéraires correspondent probablement aux voies adriatiques d’approvisionnement de l’ambre et aux voies intérieures, fluviales, qui permettaient la circulation des modèles, des styles, des artisans eux-mêmes, d’un côté à l’autre de la Péninsule. Canosa est exactement à l’intersection de ces deux voies, ce qui explique en partie la richesse et surtout la variété de ses ambres figurés. Elle a bien pu exercer une double fonction d’acquisition et de transmission de ces précieux objets, ainsi que celle de relais pour la diffusion adriatique des types tyrrhéniens. Canosa pourrait avoir aussi eu un rôle important dans une partie plus vaste de l’Adriatique213. Dans le site daunien ont été retrouvés, en effet, des protomes féminins identiques à ceux de Spina et de la côte slave, ainsi qu’une figurine drapée dans un chiton, semblable à un exemplaire de Novi Pazar. C’est probablement grâce à son intermédiaire que les ambres figurés du type du Satyre et de la Ménade sont arrivés sur le promontoire du Gargano. C’est le cas du sphinx ailé de Monte Tabor, tout à fait semblable à l’ambre de Melfi reproduisant le même sujet. C’est aussi le cas de la figure de danseuse qu’on retrouve à Monte Tabor, ainsi qu’à l’extrémité de l’itinéraire de l’Ofanto, à Oliveto Citra214. À leur tour, ces centres du Gargano ont pu jouer un rôle important dans la transmission sur la côte adriatique des ambres figurés. On doit probablement à leur médiation la présence d’un type de sphinx ou de figure féminine ailée, proche du « Groupe du Satyre et de la Ménade », sur des sites de la côte des Abruzzes215. Au sein de ce réseau gravitant autour de Canosa, le rôle de certains sites se précise de mieux en mieux. C’est le cas de Minervino, où les découvertes d’ambres sculptés tout à fait remarquables dans des contextes du VIe siècle révèlent l’attitude active de ces élites dans l’acquisition et la transmission de biens de luxe216. Comme M. Corrente le souligne, ces découvertes viennent compenser au moins en partie les pertes de la voisine Canosa et nous ajouterions, nous font espérer dans l’avancement des recherches futures.
Notes de bas de page
1 La bibliographie sur l’ambre travaillé d’époque romaine est très vaste. Je rappellerai ici seulement quelques études plus directement concernant l’ambre de l’Adriatique: M. MONTAGNA PASQUINUCCI, Le ambre romane di età imperiale: problematica e aree di diffusione, dans Studi ambra, 259-277 : F. BERTI, Recenti acquisizioni di ambre nel Museo di Ferrara, dans Aquileia nostra L, 1979, 314-326.
2 Sur les nombreuses croyances et légendes attachées à l’ambre dans l’Antiquité, voir G. DINDORF, s. v. Elektron, dans ThLG, vol. V, c. 126-128: K. BLÜMNER, s. v. Bernstein, dans RE, III, I, c. 295 sqq.
3 Sur le caractère indigène du commerce et du travail de l’ambre : LA GENIÈRE 1968, 203-204 ; GRECO PONTRANDOLFO 1977.
4 G. GUERRESCHI, dans Actes Florence 1972, 39.
5 La question de la provenance de l’ambre fut discutée pour la première fois au Congrès d’Anthropologie et d’Archéologie Préhistorique de 1874 à Stockholm. Les chercheurs italiens soutenaient la provenance locale de l’ambre ; les chercheurs Scandinaves affirmaient l’origine nordique de cette matière, en dessinant trois possibles itinéraires reliant le Nord au Sud : l’un partait de la Mer du Nord et rejoignait l’embouchure du Rhône ; l’autre allait de la Vistule jusqu’à la Haute Adriatique ; le troisième reliait la mer Baltique à la Mer Noire (Olbia). Sur ces thèmes voir NEGRONI CATACCHIO 1989, 660.
6 Cet examen est fondé sur le principe de l’analyse spectrophotométrique à rayons infra-rouges, élaboré par Ch. W. Beck ; voir à ce propos N. NEGRONI CATACCHIO, Il problema dell’ambra nella protostoria italiana. Metodo sperimentale per la determinazione della sua provenienza, dans Sibrium 9, 1967/69, 377-381 ; K. SCHWOCHAU, T. E. HAEVERNICK, D. ANKER, Zur infrarot-spektrographischen Herkunftsbestimmung von Bernstein, dans JbMainz, 10, 1963, 171-176 ; NEGRONI CATACCHIO 1989, 660.
7 Il est regrettable de ne pas disposer d’un rapport détaillé à propos des analyses effectuées, des exemplaires analysés et des critères de choix des échantillons. G. GUERRESCHI, dans Actes Florence 1972, 40, signale que la majorité des exemplaires analysés, provenant de la Vénétie, du Picenum et des Pouilles, sont d’origine sûrement baltique, mais qu’il y a aussi des exemplaires d’origine différente.
8 NEGRONI CATACCHIO 1989, 660. Son origine précise n’a pu être établie.
9 NEGRONI CATACCHIO 1976, 16.
10 NEGRONI CATACCHIO 1976, 17-18. Les ambres examinés appartiennent à l’atelier du « Groupe du Satyre et de la Ménade », voir infra, 163 sqq.
11 J. M. TODD, M. H. EICHEL, C. W. BECK, A. MACCHIARULO, Bronze and Iron Age Amber Artifacts in Croatia and Bosnia-Hercegovina, dans JFA 3, 1976, 313 sqq. ; voir notamment les tableaux des pages 318-319.
12 P. PÉTREQUIN et al., L’importation d’ambre balte : un échantillonage chronologique de l’est de la France, dans RAE XXXVIII, 1987, 273-284.
13 YON 1977, 607.
14 NEGRONI CATACCHIO 1972, 5-9 ; F. RITTATORE VONWILLER, dans Studi ambra, 218-219; NEGRONI CATACCHIO 1989, 660.
15 T. MALINOWSKY, Yougoslav Amber Relics and the Problem of their Origin, dans Fontes Archaeologicae Posnianenses, XXI, 1970, 227-228 (rés. français), 228-229 (rés. anglais).
16 J. FOGEL, T. MAKIEWICZ, La sconosciuta importazione etnisca in Cujava (Polonia centrale) e la questione della presenza degli Etruschi sul Baltico, dans SE LV, 1987-1988, 123-130. Les Auteurs datent ce vase, découvert en 1889 dans une aire d’ancien marais en bord de la mer Baltique, entre 620 et 580 av. J.-C. ; il a dû être enseveli dans une sorte de thésauros ou de dépôt votif au Ve siècle av. J.-C.
17 NEGRONI CATACCHIO 1975, 5.
18 Voir à ce propos BRACCESI 1988, 143 ; NEGRONI CATACCHIO 1972, 3 sqq. ; NEGRONI CATACCHIO 1989, 660, qui souligne qu’à Fratte Polesine convergeaient l’ambre du Nord, les vases mycéniens, et d’autres matériaux précieux comme l’ivoire et les œufs d’autruche. Pour les découvertes d’ambre dans la région du delta du Pô à l’Âge du Bronze Final voir aussi L’antico Polesine. Testimonianze archeologiche e paleoambientali, catalogue de l’exposition Adria-Rovigo 1986, notamment 117 sqq. (sur l’habitat protohistorique), 126, pl. 9-10 (sur l’ambre); voir aussi BRACCESI 1988, 135.
19 Le recueil et le commentaire des sources anciennes sur les îles Électrides est dans BRACCESI 19772, 30 sqq., qui pour son compte accepte la théorie du Pseudo Aristote (de mie ausc. 81) : selon ce dernier, les Electrides seraient les petits îlots sableux formés par des dépôts alluviaux, situés près du delta du Pô et actuellement disparus. Sur ces thèmes, voir aussi BRACCESI 1988, 142-143.
20 Comme le remarque NEGRONI CATACCHIO 1972, 10.
21 Voir à ce sujet : A. GRILLI, La documentazione sulla provenienza dell’ambra in Plinio, dans Acmé XXXVI, 1983, 5-17 : autour de 5 av. J.-C., les Romains commencèrent à explorer la Mer du Nord et, autour de 55 apr. J.-C., la Mer Baltique ; pour la description de l’itinéraire de l’ambre voir Pline XXXVII, 42. Il reste célèbre le récit de Tacite (Germania XLV, 4-5) sur l’expédition du chevalier romain envoyé en Germanie pour se procurer l’ambre nécessaire au décor fastueux des jeux donnés par Néron ; l’épisode est relaté aussi par Pline XXXVII, 45.
22 Il est intéressant de souligner que les itinéraires de l’ambre parcouraient exactement cet axe que BRAUDEL 19909, 185 sqq. a appelé l’« isthme allemand », sur lequel nous reviendrons plus loin (voir infra, 368 sqq.). Ce découpage de l’espace continental traverse toute l’Europe centrale, en reliant les mers septentrionales (la Mer du Nord et la mer Baltique) à celles méridionales (la mer Tyrrhénienne et la mer Adriatique).
23 Sur les problèmes méthodologiques de typologie des ambres, voir l’étude de E. SPRINCZ, C. W. BECK, Classification of the Amber Beads of the Hungarian Bronze Age, dans JFA 8, 1981, notamment 469-471. Les auteurs soulignent les difficultés d’établir une classification des perles d’ambre fondée sur leur forme, car « the infinite variety of actual shapes seems to defy any a priori scheme » (470).
24 BAUMGARTEL 1953, 22-23. On ne connaît pas la quantité exacte des objets retrouvés ; E. Baumgartel remarque qu’ils étaient moins nombreux par rapport au trouvailles du Picenum préromain, mais elle attribue au contexte de Manaccora une datation au premier Âge du Fer, beaucoup plus tardive que sa chronologie réelle. La typologie des objets est décrite de manière sommaire : il s’agit de perles de forme circulaire.
25 N. NEGRONI CATACCHIO, dans Studi ambra 1975, 227 ; NEGRONI CATACCHIO 1972, 18-20 ; NEGRONI CATACCHIO 1989, 660. L’appellation de ce type d’ambre est due au fait que plusieurs exemplaires ont été retrouvés à Tirynthe. Il s’agit d’une perle en forme cylindrique qui s’épaissit au milieu. Pour la découverte de Coppa Nevigata voir MOSSO 1909, pl. XIII, 99.
26 DE JULIIS 1977 D, 517 ; L. VAGNETTI, dans Bronzo Finale, 541-545 ; PUGLISI 1982, 49-51, pl. IX.
27 La question de la provenance de la perle de Reggio Emilia est traitée dans NEGRONI CATACCHIO 1975, 316-317 : l’attribution à Coppa Nevigata est justifiée par le fait qu’on y a retrouvé un autre exemplaire du même type, tandis que la provenance de Salapia repose sur l’hypothèse de la fondation rhodienne du site. Mais, nous l’avons vu dans le chapitre I (19-20), cette tradition est probablement légendaire.
28 Voir la carte de distribution dans NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. II.
29 Voir supra, 153.
30 La carte de distribution démontre en fait que les ambres « type Tirynthe » sont diffusés également sur les deux bords de l’Adriatique. C’est donc encore une fois le préjugé sur les importuosa Italiae litora qui fait affirmer (NEGRONI CATACCHIO 1972, 9), que le courant des échanges mycéniens a dû longer la côte adriatique orientale, plus riche de ports.
31 À savoir le grand nombre d’ornements en ambre dans la sépulture collective retrouvée près de Madonna di Loreto : voir à ce sujet TUNZI SISTO 1988 A, 49 ; 59 ; TUNZI SISTO 1988 Β, 12.
32 BATOVIC 1973 A, 403 ; 409 ; S. BATOVIC, dans Yougoslavie. Recherches, 114-116. Dans ce site sont très répandues les fibules à arc décoré par un grain d’ambre, également typiques de la culture picène.
33 Au VIIIe s. (phase Picène II) apparaissent les premiers exemplaires de fibules à arc revêtu par un grain d’ambre (LOLLINI 1976, 129); une plus grande variété d’objets —boucles d’oreilles, perles de collier— se retrouve dans la phase du Picène IV A (LOLLINI 1976, 143). Un utile graphique de synthèse sur les. ornements des différentes phases de la civilisation picène est dans LANDOLFI 1988, pl. VI. Il faut en outre ajouter aux exemplaires venant des contextes archéologiques picéniens les objets du marché d’art et des collections privées qui pourraient provenir de la même région. Voir par exemple les conclusions de P. G. WARDEN, Amber, Ivory, and the Diffusion of the Orientalizing Style along the Adriatic Coast. Italic Amber in the University Museum (Philadelphia), dans Murlo and the Etruscans. Art and Society in Ancient Etruria, sous la dir. de R. D. De Puma et J. P. Small, Madison 1994, 134-143, qui attribue au Picenum quatre pendentifs en ambre du Musée de Philadephie.
34 BRIZIO 1895, c. 134 ; pl. VIII, n. 35, 41.
35 ANNIBALDI 1960, 373 : la datation proposée pour ce mobilier est environ le milieu du Ve siècle, mais la présence de bronzes avec un décor orientalisant pourrait suggérer une datation plus ancienne ; pour d’autres attestations d’ambre dans la même nécropole voir ibidem, 387 ; 389.
36 LOLLINI 1976, 168-169; LANDOLFI 1988, 358. L’importance de l’ambre ponila civilisation picénienne était déjà soulignée dans MARCONI 1933, c. 406-430.
37 En fait Loreto Aprutino, situé près du fleuve Tavo, est le site le plus riche en objets d’ambre : voir O. TERROSI ZANCO, dans Antiche civiltà Abruzzo, 21-22 ; 55-57, n. 52-54.
38 À Alfedena se trouve un type caractéristique de collier formé de perles trapézoïdales ; voir PARISE & RUGGERI GIOVE 1980, tombe 76, 60 ; pl. 24, n. 2 ; tombe 93, 88-90, pl. 34, n. 2 ; tombe 101, 96-97, pl. 37, n. 1 ; tombe 106, 109, pl. 41, n. 1 ; tombe 111, 112, pl. 43, n. 3. Moins courants les pendentifs en forme de bulle (ibid., tombe 104, 106-107, pl. 39, n. 3). Sur la présence des ambres à Alfedena et dans son territoire voir aussi la svnthèse plus récente de TAGLIAMONTE 1996, 78-98.
39 RUGGERI GIOVE & BALDELLI 1982, 641 ; 646. Les auteurs proposent d’expliquer la présence de l’ambre dans cette nécropole grâce aux relations avec le Picenum.
40 Nécropole archaïque de Capestrano (VIIe-VIe siècle av. J.-C.) : collier en ambre de la t. 2, féminine (MORETTI 1936/37, pl. IV, n. 2).
41 Une tombe féminine de particulière richesse contenait un diadème en fer et en ambre, ainsi que deux colliers composés respectivement par 13 et 38 perles d’ambre ; une autre tombe comportait aussi un collier de 13 perles. Les deux contextes ne sont pas datés (O. TERROSI ZANCO, dans Antiche civiltà Abruzzo, 55-57, n. 52-54.
42 Pour ces fibules voir infra, chapitre V, 220-223.
43 Tombes 52, 117, 135 (inédites).
44 Pline est à ce sujet notre source la plus complète : il rappelle que l’ambre était censé guérir les maux de la gorge (n. h. XXXVII, 44), qu’il était employé contre les délires et contre les difficultés de la miction ; une qualité particulière de l’ambre, le chryselectrum, porté comme pendentif, était un remède efficace contre les fièvres et les maladies. Mélangé avec le miel d’Attique, l’ambre soignait les problèmes de la vue ; réduit en poudre et mélangé avec de l’eau, il était employé contre les maux de l’estomac (n. h. XXXVII, 51).
45 Les propriétés magiques attribuées à l’ambre sont en partie responsables des nombreuses légendes et récits fabuleux sur son origine, dont Pline (n. h. XXXVII, 31-43) nous transmet un résumé très érudit. Voir aussi, à ce propos, le recueil et le commentaire des sources sur le mythe des Électrides, dans BRACCESI 19772, 30 sqq. Je rappellerai également, de façon incidente, une tradition qui associe l’ambre à une mystérieuse matière, le liggurion, qui serait l’urine des lynx à l’état fossile, utilisé dans le domaine médical : voir à ce sujet Les lapidaires grecs, texte établi et traduit par R. Holleux et J. Schamp, Paris 1985, 295, suppl. 32, et 339, notes complémentaires. Les pendentifs en ambre étaient particulièrement efficaces, d’après Pline (n. h. XXXVII, 50), pour protéger les enfants : (...) infantibus adalligari amuleti ratione prodest.
46 Ce sont les tombes n. 4, 8, 11, pour lesquelles voir DI NIRO 1981 B.
47 La tombe était en fosse, avec le squelette allongé sur le dos. Ce contexte exceptionnel est jusqu’à présent presque totalement inédit. Une brève note est dans DI NIRO 1986, 153-156, pl. 2.
48 D’après les registres des Archives de la Surintendance, la liste des ornements en ambre de la t. 1 de Guglionesi comprend :
29 pendentifs en forme de bulle, n. inv. 30478 ;
3 pendentifs à bulle, n. inv. 30479 ;
7 pendentifs à goutte, dont six comportent un trou passant à l’extrémité supérieure, n. inv. 30480 ;
1 pendentif à goutte avec une cannelure longitudinale, n. inv. 30481 ;
1 perle ellipsoïdale, n. inv. 30482 ;
1 plaque circulaire à 4 trous, n. inv. 30483 ;
1 perle cylindrique, n. inv. 30484 ;
65 petites perles de forme sphérique aplatie, n. inv. 30487.
49 Voir infra, 243 sqq. Le même mobilier contenait une coupe d’imitation du subgéométrique daunien, objets qui marquent souvent les mobiliers frentans les plus riches ; voir à ce propos infra, 304 sqq.
50 La datation est proposée sur la base de la chronologie des bassins en bronze ; voir infra, 243 sqq. DI NIRO 1986, 153, proposait une datation au cours du VIe siècle.
51 NAVA 1984, 122-123 ; DE JULIIS 1984 B, 579. Dans les t. 59 et 44 de Monte Saraceno, des perles d’ambre étaient associées à des fibules à spirale : NEGRONI CATACCHIO 1970, 44-45, pl. 4 et 8.
52 NEGRONI CATACCHIO 1970, 43, pl. 2 ; voir aussi le mobilier de Monte Civita publié par FIORENTINO 1981, 27 sqq., dont la datation proposée (Ve siècle) pourrait descendre, sur la base de la typologie des fibules, au début du siècle suivant.
53 Cette tombe est toujours pratiquement inédite : une brève note a été publiée par DE JULIIS 1982, 528. On reviendra encore sur cette sépulture (infra, 241-242, 254), qui comportait un mobilier extrêmement riche et intéressant : entre autre, 9 bassins en bronze avec des broches et des chenets en fer et 2 pendentifs en argent. La céramique est attribuée par De Juliis à la phase la plus ancienne du Subgéométrique Daunien (« Daunio I »),
54 Voir DE JULIIS 1977B ; en particulier, à la page 348 et sqq., les mobiliers très riches des tombes Ia et Ib, datées respectivement de la fin Xe-IXe siècle et du premier quart du VIIIe siècle.
55 Voir par exemple le mobilier de la t. 231 de Salapia : TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1972, pl. 7-8 ; TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 145.
56 La datation est attribuée sur la base de la typologie de la céramique subgéométrique indigène ; voir M. CORRENTE, dans Principi, 70.
57 Voir infra, 256 sqq. les considérations sur la vaisselle en métal précieux.
58 Sur la typologie et la chronologie des stèles dauniennes voir chapitre III, 121-122.
59 Voir les exemplaires publiés par NAVA 1980, pl. LXIV, n. 222 ; pl. CXCVI, n. 62 ; NAVA 1988 B, 62, n. 73-74 ; 93, n. 121. Ces stèles appartiennent aux types II et III de la classification Nava.
60 Voir les stèles : NAVA 1980, pl. CLVIII, n. 565; pl. CXC, n. 615 ; NAVA 1988 B, 90, n. 116; 92, n. 119; 94, n. 123 ; 124, n. 155 ; 127, n. 157 ; 156, n. 177 ; la plupart de ces stèles appartiennent aux types II et III de la classification de Nava. Un répertoire des fibules avec pendentifs est dans NAVA 1988 B, 208, n. 226.
61 NAVA 1988 B, 146, n. 170-171 ; 184, n. 198-199.
62 Sur le concept d’habrosyne dans le monde grec voir M. LOMBARDO, Habrosyne e habrà nel mondo greco arcaico, dans Modes de contacts, 1077 sqq.
63 Pline, n. h. XXXVII, 49 : Taxatio in deliciis tanta, ut hominis quamvis parva effigies vivorum hominum vigentiumque pretia exsuperet, prorsus ut castigatio una non sit satis.
64 Comme le remarque NEGRONI CATACCHIO 1989, 680, les ambres figurés retrouvés dans les Abruzzes se limitent à deux sujets (protomes de bélier et têtes féminines) traités de manière assez schématique, datés pour la plupart du IVe siècle.
65 Voir DI NIRO 1981 B, tombe 23, 48-50, n. 14-15 ; 56 ; pl. 8, n. 14. Le mobilier personnel de la défunte comprenait aussi trois fibules en bronze et une en fer, une « fuseruola a impasto », une bague en bronze, un petit anneau en bronze —qui faisait vraisemblablement partie d’un collier— 5 perles en pâte de verre et un pendentif en os. Au pied du squelette se trouvaient une cruche et une petite coupe avec un décor à vernis rouge et noir dilué.
66 Voir le mobilier conservé au Musée d’Ancône, avec l’indication de provenance de Vasto, publié par DALL’OSSO 1915, 361 ; PAPI 1979, 18-19, précise que ce mobilier proviendrait plutôt de Villalfonsina, localité située 2 km au N-O de Vasto.
67 Ce site se trouve un peu à l’intérieur des terres, le long du cours du fleuve Aterno, dans une position favorable au contrôle des voies de communication avec l’intérieur. Le protome en ambre était suspendu à l’aiguille d’une fibule et faisait partie du mobilier d’une tombe des IVe-IIIe siècles av. J.-C. (D’ERCOLE 1988, 65, note 58).
68 Comme le remarque NEGRONI CATACCHIO 1989, 680, qui émet l’hypothèse d’une origine campanienne des protomes de Termoli.
69 Ces ambres, faisant partie de la collection du prince Sangiorgio Spinelli, auraient été retrouvés au début du XIXe siècle. Ils ont été acquis par A. Castellani et ensuite par le British Museum (STRONG 1966, 25 ; 68).
70 W. HELBIG, Antichità del sig. A. Castellani, dans Ballettino dell’Istituto di Correspondenza archeologica 1868, 214-221 ; description des ambres : 220-221.
71 STRONG 1966, 62-63, n. 36, pl. XVI.
72 STRONG 1966, 64, n. 38, pl. XVIII.
73 Ces exemplaires ont été reproduits dans le catalogue de POLLAK & MUNOZ 1912, 78-79, pl. XLVII, n. 1-3 ; l’attribution à Canosa remonte à W. HELBIG, dans le Ballettino dell’Istituto di Correspondenza archeologica 13, 1877. L’une de ces pièces, le couple de la fig. XLVII, 1, se trouve aujourd’hui au Louvre selon BOTTINI 1987, 14, note 15, n. 2.
74 Les exemplaires du British Museum ont été publiés par STRONG 1966 : n. 36 (Satyre vendangeur), 37 (Atlas), 38 (quadrige), 39 (figure féminine ailée). Une présentation synthétique des ambres de Canosa a été récemment publiée par DE JULIIS 1992, 128-129, n. 1-12.
75 L’attribution de cette célèbre pièce, conservée au British Museum, est très discutée. STRONG 1966, n. 35, pl. XV, attribue la pièce à Canosa ou à Ruvo. Pour l’attribution à Ruvo voir Th. PANOFKA, Antiques du Cabinet du Comte de Pourtalès-Gorgier, Paris 1834, 24-25, pl. XX : l’ambre proviendrait de la même tombe de Ruvo à laquelle appartenait une couronne en or, conservée au Musée de Munich ; cette même couronne est censée provenir d’Armento selon W. Christ. De toute manière, l’origine méridionale paraît indubitable. Un autre groupe de Satyre et Ménade, de provenance inconnue, se trouve au Louvre : BOTTINI 1987, 14, note 15.
76 C’est un protome féminin de profil (STRONG 1966, n. 51) qui n’a pas été considéré jusqu’à présent, parmi les produits de cet atelier (voir par exemple la liste dans BOTTINI 1987, 14, note 15).
77 Publiée par NEGRONI CATACCHIO 1970, pl. 3, 9 ; NEGRONI CATACCHIO 1973 C, 310-311, tav. 86, 4 ; NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. X, B.
78 L’attribution de l’ambre de Monte Tabor au « Groupe du Satyre et de la Ménade » a été proposée par BOTTINI 1987, 14, note 15.
79 NEGRONI CATACCHIO 1970, 46, pl. 4, 10 ; 14 ; NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. X, C.
80 NEGRONI CATACCHIO 1970, 46-47, pl. 11, 15-16 ; NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. X, A.
81 NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. XI A.
82 Une simple mention de cet ambre est dans CORRENTE 1992, 250.
83 Pour l’ambre et le contexte funéraire de la tombe 43 de Melfi-Pisciolo voir G. TOCCO, dans Popoli anellenici, 120-124, pl. XLIX, n. 52811.
84 Comme le propose BOTTINI 1987, 3.
85 Une quantité remarquable d’ambres attribués à cet atelier est de provenance inconnue. Ils ont été achetés sur le marché des antiquités et font partie des collections des Musées de Rome, New York et Londres. La liste de ces exemplaires, dressée par BOTTINI 1987, 14, note 15, comprend : la figure d’Héraklès avec le serpent du Cabinet des Médailles, une figure féminine ailée à Newcastle, une figure masculine assise de profil, à Londres ; un satyre avec un pithos du Musée du Vatican ; une figure féminine couchée et un protome féminin du Metropolitan Museum ; un protome féminin du Louvre.
86 Il s’agit d’une figure féminine provenant de la tombe 9 de Rutigliano, datée de la deuxième moitié du Ve siècle : voir Actes XVI CSMG, pl. CXV.
87 Il s’agit d’un personnage viril recroquevillé, trouvé à Tolve (BOTTINI 1987, 14, note 15, n. 14).
88 Voir la liste et la bibliographie dans BOTTINI 1987, 14, note 15, n. 6, 8.
89 SESTIERI 1952, 65 ; 85, date cette ambre de la fin du VIe siècle; BOTTINI 1987, 14, note 15, attribue le mobilier à la deuxième moitié du Ve siècle.
90 Cette attribution a été proposée par BOTTINI 1987, 14, note 15, n. 17-18. Contra voir STRONG 1966, 30, qui remarque une différence entre les têtes des Harpies de Sala Consilina et celles de l’atelier « du Satyre et de la Ménade ». Voir aussi MASTROCINQUE 1991, 114, pl. 44-47, qui propose plutôt de classer les ambres de Sala Consilina avec le groupe de Falconara au Musée de New York et avec les têtes du « type Armento », tous ces exemplaires étant caractérisés par la forme étroite et allongée des yeux.
91 Cet ambre a été attribué au groupe du « Satyre et de la Ménade » par CORRENTE 1992, 250 ; aucune reproduction photographique de cet objet n’a été toutefois publiée. La datation du mobilier se fonde sur la présence d’une olla et d’un « attingitoio » du Subgéométrique Daunien II.
92 C’est le cas des tombes 43 et 48 de Melfi, de la deuxième moitié du Ve siècle, de la tombe de Rutigliano, de la tombe 164 de Banzi, piano Carbone, où les ambres appartiennent à la deuxième déposition, datée de la fin du Ve siècle (BOTTINI 1987, 1-2, pl. Ia).
93 Comme le remarque BOTTINI 1987, 14, note 16, à propos des tombes 43 et 48 de Melfi-Pisciolo : « cronologia certamente non vincolante per i singoli pezzi, com’è del resto normale per simili contesti “principeschi” ».
94 Tous ces protomes sont publiés dans LA GENIÈRE 1961 et sont datés de la fin du VIe siècle.
95 On a récemment proposé de reconnaître des représentations de Ménades dans les protomes féminins qui font le pendant parfait des têtes de Satyre : voir à ce sujet A. BOTTINI, Le ambre intagliate a figura umana del Museo Archeologico Nazionale di Melfi, dans Archeologia XLI, 1990, 65.
96 LA GENIÈRE 1961 : les exemplaires les plus proches de l’ambre de Canosa sont reproduits à la page 77, n. 2, pl. 3, et n. 3, pl. 4. Les autres têtes, féminines et de Silène, reproduisent le même type mais en forme beaucoup plus schématisée ; il est donc possible d’entrevoir une évolution interne même dans ce groupe, à l’apparence très homogène. La datation proposée par J. de La Genière est la fin du VIe siècle, tandis que NEGRONI CATACCHIO 1989, 694, propose une datation au Ve siècle pour ces deux protomes et pour celui de Silène, au IVe siècle pour les autres, plus schématisés, qui se rapprochent plutôt de celui de Paestum.
97 Une tête de Satyre a été retrouvée à Spina, dans un mobilier de la fin du Ve siècle : Actes Ferrare 1957, 367, n. 1190, t. 740 B.
98 Le protome a été publié par N. NEGRONI CATACCHIO, Un pendaglio di ambra in forma di protome maschile, dans Rassegna di studi del civico museo archeologico e del civico gabinetto numismatico di Milano, XV-XVIII, 1975-1976, 33-40, fig. 1.
99 Les affinités avec les ambres de Spina, (tombes 640 et 514a) ont été remarquées par LA GENIÈRE 1961, 84 (qui souligne que l’un de ces protomes est pratiquement identique à ceux de Roscigno) ; par STRONG 1966, 29, par NEGRONI CATACCHIO 1989, 694. Sur les protomes de Spina voir Actes Ferrare 1957, 370-371, n. 1201, tombe 514 A, n. 1202. Voir aussi, sur deux protomes en ambre, provenant de la tombe 740 Β de Valle Pega de Spina, NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. 470-471 ; Donne Italia antica, 74, n. 20-21, 83, fig. 20-21.
100 MUFFATTI 1967, pl. LXVI b ; LXVII c. Un protome de provenance inconnue au Metropolitan Museum (RICHTER 1940, 32, pl. 102) montre des caractères identiques aux ambres de Marzabotto.
101 M. C. DE ANGELIS, Le necropoli di Colle del Capitano. Nuove acquisizioni, dans Romagna tra VI e IV sec., 283 sqq. ; 288, fig. 8.
102 Avec la remarquable exception du groupe d’ambres provenant d’Aléria : YON 1977, 590 sqq. ; J. et L. JEHASSE, The Etruscans and Corsica dans, Italy Before the Romans, 338. Il n’est pas impossible que ces ambres, associés dans les mobiliers à des têtes de bélier, proviennent d’un atelier nord-adriatique.
103 Tesori Croazia, 108-109, n. 76 a, b, c, de la tombe n. 47 de Kompolje, fouillée en 1955-56. Aucune indication n’est donnée sur le contexte funéraire et sur sa datation.
104 Mentionnés par LA GENIÈRE 1961, 85, note 5.
105 BOTTINI 1987, 5, E, pl. II, c (protome féminin); 9, G, pl. III, a (tête de Satyre). Malheureusement les contextes des ambres de Banzi ne sont pas précisément datés : la première tombe avait été pillée avant les fouilles; la deuxième, t. 317 de Piano Carbone, comportait plusieurs sépultures. Bottini propose une datation aux dix premières années du Ve siècle pour la présence de deux kylikes à vernis noir.
106 Il s’agit de cinq têtes féminines de profil, retrouvées dans une tombe de la deuxième moitié du Ve siècle : voir à ce sujet Testimonianze archeologiche nel territorio di Tolve, catalogue de l’exposition Potenza 1982, Matera 1982, 44-46, pl. XII, n. 1-5. Le mobilier était très riche, puisqu’il comportait aussi un pendentif en or et deux fibules en argent ; il appartenait à une femme, probablement très jeune, comme le montre la présence d’un vase de forme particulière, « una sorta di biberon, in genere rinvenuto in tombe infantili ad enchytrismos ».
107 BOTTINI 1987, 11, L-M, pl. III c-d.
108 C’est une tête de Silène conservée au Musée de Naples, mentionnée par LA GENIÈRE 1961, 84.
109 F. G. LO PORTO, Actes XVI CSMG, 742-743, pl. CXV. Cette pièce provient d’une tombe de la fin du Ve siècle.
110 Voir deux pendentifs en tête de Satyre de la tombe 1/1987, datée autour du milieu du Ve siècle : RICCARDI 1987, 122-123, pl. XXXV, 2.
111 Il s’agit d’au moins deux têtes de Satyres, inédites, qui ont été mentionnées par N. Negroni Catacchio, dans l’article cité supra, 168, note 98. La provenance locale des ambres est fort probable. La collection Polese a été en fait constituée par M. A. Polese, directeur des travaux de construction de la voie ferrée entre Bari et Taranto : la plupart des pièces de la collection, acquise en 1925 par le Musée de Bari, ont été retrouvées au cours de ces travaux, notamment dans le territoire de Bari et de Gioia del Colle (l’ancienne Monte Sannace) : voir à ce propos R. STAZIO, dans Collezione Polese, 7. Cette collection comprend aussi des protomes féminins (voir dans le même volume, E. BOTTIGLIONE, 106, pl. LXIII, n. 429), dont l’appartenance au « Groupe de Roscigno » me semble néanmoins plus douteuse.
112 Il s’agit du mobilier féminin de la tombe 6 « ex tenuta Corsi » : voir CORRENTE 1993, 46-47, 51, pl. 6.
113 LA GENIÈRE 1967, 301, pl. 5.
114 GABRIO 1913, c. 609, t. CXXXIX, fig. 220. L’ambre proviendrait du groupe des mobiliers les plus récents, datés après 420 av. J.-C.
115 Mentionnées par MASTROCINQUE 1991, 131-132, pl. 73-74.
116 Publié par A. MINTO, Populonia. Lavori e trovamenti archeologici durante il 1925-26, dans NSA, série VI, II, 1926, 366, fig. 5.
117 YON 1977, 615 sqq., pl. 9, e, f, g, h, i.
118 SANTORO 1977, 276, pl. 81. La tombe comportait un fragment de bucchero, daté du dernier quart du VIIe-début du VIe siècle.
119 VASIC 1969, 639 ; aucune datation n’est proposée dans le catalogue de l’exposition Tesori Croazia.
120 LA GENIÈRE 1961, 76 sqq.
121 NEGRONI CATACCHIO 1989, 662.
122 Sur ce mobilier voir supra, 170, note 106.
123 Cette datation ressort de l’analyse typologique des mobiliers et des ambres de Paestum : voir GRECO PONTRANDOLFO 1977 ; PONTRANDOLFO & ROUVERET 1992, 305, pl. 9 ; 437.
124 La définition du groupe a été attribuée par LA GENIÈRE 1967, 298, du nom du centre de la Lucanie d’où provient un ambre conservé au Musée de Tarente. Pour les pièces de Canosa au British Museum, voir STRONG 1966, 67-69, pl. XX, n. 44, 45, 47,
125 LA GENIÈRE 1967, 298.
126 D’autres exemplaires, conservés au Musée de Berlin et au Cabinet des Médailles, sont de provenance inconnue : voir LA GENIÈRE 1967, 298-299, n. 2-3.
127 Cette hypothèse se fonde sur l’observation des analogies formelles entre un ambre de Lavello et des antéfixes archaïques de Tarente. Ce protome pourrait être, à mon sens, à l’origine de la production du « Groupe de Roccanova ». Voir, sur ces thèmes, D’ERCOLE 1995, 265 sqq.
128 NEGRONI CATACCHIO 1989, 662 signale la provenance d’un ambre de ce tvpe de Canosa, sans donner des détails plus précis.
129 M. C. DE ANGELIS, dans Romagna tra VI e IVsec., 288, fig. 9.
130 NEGRONI CATACCHiO 1989, 662 ; sur les ambres du riche tumulus de Novi Pazar, voir aussi MANO ZISI & POPOVIC 1959, 77 ; MANO ZISI & POPOVTC 1969, 206-207, pl. 100, 2a.
131 Comme les objets en bronze de Capoue ou les scarabées incisés des collections du British et du Metropolitan Museum : STRONG 1966, 29-31.
132 STRONG 1966, 30.
133 LA GENIÈRE 1967, 304.
134 LA GENIÈRE 1961,87-88.
135 Comme le souligne LA GENIÈRE 1967, 300, qui refuse, en revanche, le lien entre le « Groupe de Roccanova » et celui « du Satyre et de la Ménade ».
136 BOTTINI 1987, 1 sqq. : les contextes considérés ont été retrouvés à Banzi et à Ripacandida, dans des contextes du Ve siècle.
137 Voir BOTTINI 1987, notamment 11-12.
138 NEGRONI CATACCHIO 1989, 695.
139 NEGRONI CATACCHIO 1989, 696.
140 NEGRONI CATACCHIO 1989, 662.
141 NEGRONI CATACCHIO 1989, 693 ; 695. Dans un précedent article (NEGRONI CATACCHIO 1970, 49), le centre de production de ces ambres figurés était situé autour de Melfi, sur la base des découvertes de la nécropole de Melfi-Pisciolo.
142 NEGRONI CATACCHIO 1989, 694.
143 YON 1977, 617.
144 MASTROCINQUE 1991, 109 sqq. Le groupe est défini comme « gruppo con occhi piccoli e normali ».
145 MASTROCINQUE 1991, 118-136 : « teste con grandi occhi ».
146 MASTROCINQUE 1991, 117 ; aux pages 137-138, il propose de situer à Tarente un atelier de fabrication d’ambres sculptés, pour plusieurs raisons :
- Tarente est la seule colonie d’Occident où on connaît des trouvailles d’ambres sculptés de la fin du VIe-Ve siècle ;
- Tarente possédait une tradition d’artisanat spécialisé, notamment dans l’orfèvrerie;
- Servius situe près de Tarente l’une des îles Électrides, lieux mythiques d’origine de l’ambre.
147 MASTROCINQUE 1991, 140 sqq. : aux ateliers de l’Étrurie padane sont attribuées tous les protomes féminins de l’Italie Méridionale et de la côte slave, ainsi que les têtes de Satyres et de béliers, et les représentations des sphinx ailés.
148 Une recherche de ce type suppose la publication intégrale des pièces et de leurs contextes de provenance. Sera extrêmement utile, pour ces études, la publication du Corpus des ambres italiques, qui est depuis quelques années en préparation par le soin de Mme Negroni Catacchio.
149 Sur ce sujet, voir aussi les considérations de BOTTINI 1987, 14, note 16, sur le décalage chronologique des objets appartenant aux tombes 43 et 48 de Melfi-Pisciolo, datées de la deuxième moitié du Ve siècle. La tendance à conserver des caractères archaïsants est évidente d’ailleurs même dans la production des intailles étrusques : voir à ce propos BOARDMAN 1968, 16. Un problème identique se pose aussi pour les objets en bronze : voir les remarques de ROLLEY 1990, 192, concernant le mobilier « princier » d’Ugento, daté du début du Ve siècle, qui comportait une oenochoé étrusque datant au moins d’un siècle plus tôt.
150 C’est le cas d’un beau protome féminin récemment retrouvé à Lavello, dans la tombe 955, dont la date d’ensevelissement remonte au début du IVe siècle. Ce contexte a été publié dans Donne Italia antica ; voir notamment, dans ce volume, A. BOTTINI, La tomba 955 di Lavello Forentum, 63 sqq., et E. SETARI, Schede dei materiali-la tomba 955 di Lavello Forentum, 97 sqq. Quant au protome, j’ai proposé dans une précédente étude une chronologie à la fin du VIe siècle, sur la base de son style : voir D’ERCOLE 1995, 275-280.
151 Voir les considérations du chapitre III, 136-141.
152 D’ANDRIA 1988, 666, suppose que des artisans étrusques ont pu résider à Rutigliano, d’après l’observation d’une tombe où le défunt était allongé sur le dos et non pas recroquevillé selon le rituel indigène ; le mobilier comportait une œnochoé et une kylix en bucchero de la fin du VIIe siècle.
153 Nous reviendrons plus précisément sur ces questions dans les considérations finales : voir infra, 344 sqq.
154 Les relations entre la production des ambres et celle des pierres précieuses incisées ont été bien soulignées par MASTROCINQUE 1991, 97 sqq.
155 Les objets sculptés en ambre et en ivoire sont bien attestés aux époques orientalisante et archaïque : déesse ailée dans la tombe 83 de Belmonte Piceno (MASTROCINQUE 1991, 82, fig. 29), sphinx retrouvé à Grafenbühl (ZÜRN & HERMANN 1966, 83-85, 100-102, tav. 12), datant du VIe siècle, restes d’une kliné de la tombe de Quinto Fiorentino, en Toscane, ainsi que dans la tombe princière du Melone del Sodo près de Cortone (G. CAPUTO, Quinto Fiorentino-La Montagnola. Avori applicativi incastonati d’ambra, dans SE 56, 1991, 49-55 ; A. MASTROCINQUE, Avori intarsiati in ambra da Quinto Fiorentino, dans Bollettino di Archeologia 10, 1991, 1-10 ; ces deux derniers contextes datent de la fin du VIIe-début du VIe siècle av. J.-C.
156 Th. FOLLETT, Amber in Goldworking, dans Archaeology 1985, 38, 1, 64-65.
157 Comme le remarque aussi NEGRONI CATACCHIO 1989, 694.
158 Voir les exemplaires dans LA GENIÈRE 1961, 78 sqq., n. 5-18, pl. 6-19. Le groupe entier est daté par l’auteur, sur la base des caractéristiques stylistiques, à la fin du VIe siècle. Toutefois, les données des fouilles de Paestum pourraient aujourd’hui autoriser à reconsidérer la question, en reconnaissant un éventuel décalage chronologique à l’intérieur de cette production de Roscigno.
159 Ce sont les exemplaires publiés dans LA GENIÈRE 1961, 77-78, n. 2,3,4, pl. 3-5. Comme le remarque LA GENIERE 1961, 84, la tête n. 2 de Roscigno est identique à l’un des protomes de Spina.
160 La localisation d’un atelier d’ambres figurés à Spina a été proposée aussi par NEGRONI CATACCHIO 1989, 662. Cet atelier est apparemment spécialisé dans la production de têtes féminines et de bélier : ce n’est pas un hasard si ces deux sujets se retrouvent associés dans le mobiliers d’Alériaaussi qu’a Novi Pazar. MASTROCINQUE 1991, 120 sqq., exagère sûrement l’importance de cet atelier, qui serait selon son hypothèse le lieu de production de tous les protomes féminins italiques ainsi que d’une bonne partie des ambres du « Groupe du Satyre et de la Ménade ».
161 GRECO PONTRANDOLFO 1977.
162 Voir, par exemple, la liste dressée par BOTTINI 1987, 14, note 15.
163 J’hésiterai, par exemple, à attribuer à cet atelier une pièce comme la figure masculine accroupie provenant de Tolve (voir le catalogue Testimonianze archeologiche nel territorio di Tolve, Potenza 1982, pl. XXI, 1) qui est de tout autre style et qualité par rapport aux autres exemplaires du groupe.
164 STRONG 1966, pl. XV, n. 35.
165 STRONG 1966, pl. XXII, n. 51.
166 STRONG 1966, pl. XVII, n. 39 (figure ailée de Canosa) : RICHTER 1940, 31, pl. 100 (protome de provenance inconnue du Metropolitan Museum).
167 Sphinx de Melfi-Pisciolo : G. TOCCO, dans Popoli anellenici, pl. XLIX ; NEGRONI CATACCHIO 1989, pl. 494.
168 Pour l’hydrophore : Actes XVI CSMG, pl. CXV, 3 ; pour le jeune sur Triton: STRONG 1966’, pl. XVII, n. 40.
169 Pour la pièce de la collection Stroganoff, voir POLLAR & MUNOZ 1912, tav. XLVII,2. Pour celle du British Museum, voir STRONG 1966, 65, n. 40, pl. XVII.
170 LA GENIÈRE 1961 ; STRONG 1966 ; BOTTINI 1987 ; MASTROCINQUE 1991.
171 Parmi les innombrables représentations du tutulus en Étrurie, on pourrait indiquer, par exemple, le riche répertoire des reliefs archaïques (J. R. JANNOT, Les reliefs archaïques de Chiusi, Rome 1984), des figures de korai en bronze (voir par exemple les considérations de ADAM 1984, 87-89, n. 97-98, sur la série des korai du Cabinet des Médailles ; CRISTOFANI 1985, 264, n. 24, korè attribuée à un atelier de Chiusi de 540-530 av. J.-C.).
172 Voir les appliques d’Amazones à cheval qui entourent le couvercle du lébès Barone, de la fin du VIe siècle (voir infra, note 184). Voir aussi la figure d’archer à cheval provenant d’un fragment de lébès de Capoue au Cabinet des Médailles, daté autour du milieu du Ve s. (ADAM 1980, 642-643). Ce type iconographique —l’archer à cheval coiffé d’un bonnet oriental— est sûrement arrivé à Capoue de l’Etrurie, où il est répandu surtout dans des objets d’influence ionisante : voir à ce propos les considérations de ADAM 1980, 645.
173 La coiffure de cette « dame » indigène était un tutulus formé par des lamelles de bronze. Sur la tombe 66 de Bisaccia voir BAILO MODESTI 1976, 806 sqq. ; Β. D’AGOSTINO, dans Italia 1988, 543-544. Les influences tyrrhéniennes du riche mobilier de Bisaccia sont également prouvées par la présence de bassins en bronze et de fibules typiques de Pontecagnano.
174 Le tableau chronologique des ambres sculptés en Italie, esquissé par NEGRONI CATACCHIO 1989, 661-662, montre bien que les exemplaires les plus anciens apparaissent à Véies au cours du VIIIe siècle. Au cours du VIIe siècle, les centres de production se déplacent vers le nord, à Vetulonia, et à cette époque on remarque aussi une diffusion importante dans les mobiliers du Latium. Les sujets représentés sont alors très simples : animaux (chiens, singes, oiseaux) et figurines humaines nues (ibidem, pl. 474, 477-478, 479-483). J’évoquerais aussi un sceau en ambre en forme de grenouille, dans un contexte du Sasso di Furbara, près de Cerveteri : D. BRUSADIN-LAPLACE, G. et S. PATRIZI-MONTORO, Le necropoli protostoriche del Sasso di Furbara. III. Il Caolino ed altri sepolcreti villanoviani, dans Origini XVI, 1992, 241, fig. 13, c, 1 8, n. 5.
175 Sur les circonstances historiques et sur les caractères exceptionnels de cette « migration » ionienne, ainsi que sur le rôle des artisans phocéens en Occident, voir l’intéressante synthèse de M. GRAS, Occidentalia. Le concept d’émigration ionienne, dans ArchClass XLIII, 1991, 269-278.
176 Pour les relations entre la glyptique étrusque et l’artisanat ionien : RICHTER 1956, 43 ; BOARDMAN 1968, 13 sqq. ; ZAZOFF 1983, 217. Cette hypothèse se fonde sulle constat que l’art de la glyptique apparaît en Étrurie de manière très soudaine, et en forme déjà achevée, vers la fin du VIe siècle, ce qui rend probable l’apport d’artisans venus de l’extérieur. Boardman souligne aussi des liens stylistiques très marqués —par exemple dans le dessin des chevelures— entre les premières gemmes sculptées étrusques, la sculpture ionienne et les hydriai de Caere (BOARDMAN 1968, 14, n. 1).
177 La relation entre les ambres et les graveurs de pierres précieuses a été traitée par MASTROCINQUE 1991, 97 sqq. Il me paraît toutefois un peu forcé d’attribuer, comme Mastrocinque le propose, plusieurs ambres du « Groupe du Satyre et de la Ménade » au « Maître de Dédale et d’Icare », qui a réalisé un pendentif en or provenant de Comacchio, conservé à Baltimore (reproduit dans MASTROCINQUE 1991, 92, pl. 30).
178 Sur lequel voir J. BOARDMAN, Intaglios and Rings. Greek, Etruscan and Eastern from a Private Collection, Londres 1975, 38-39; ZAZOFF 1983, 216-217, pl. 55, 3. La ressemblance entre ce scarabée et les ambres de Canosa avait déjà été remarquée par MASTROCINQUE 1991, 99-100, qui souligne l’analogie entre le Dionysos et l’Atlas de Canosa. Pour les relations entre les ambres et les scarabées, voir aussi STRONG 1966, 31.
179 Voir la représentation d’Achille sur un scarabée du British Museum de l’archaïsme tardif (RICHTER 1968, 201, n. 816) et le scarabée du Metropolitan avec deux figures ailées qui transportent un guerrier mort, daté autour de 480 av. J.-C., provenant de l’Étrurie Méridionale (RICHTER 1968, 200, n. 809).
180 BOARDMAN 1968, 15-16, n. 3. En fait, cette représentation est tellement hybride qu’elle est difficile à relier à un sujet mythologique ; Boardman préfère la définir comme « a girl-cock with spread wings ». La présence du tutulus et même l’aspect global du personnage trouvent, à mon avis, des parallèles étroits avec certaines créations, aussi extraordinaires, des ambres : je pense par exemple aux ambres de Sala Consilina au Petit Palais.
181 Voir sur ces thèmes D’ERCOLE 1995, 272 sqq.
182 L’éphèbe de Monteguragazza est couramment attribué aux ateliers étrusques septentrionaux du premier quart du Ve siècle : voir à ce propos E. RICHARDSON, Etruscan Votive Bronzes. Geometric, Orientalizing, Archaic, Mayence 1983, 240, fig. 546-548 ; S. HAYNES, Etruscan Bronzes, Londres 1985, 181, 282, n. 101 ; CRISTOFANI 1985, 108-109, pl. 5. 1, 257.
183 LA GENIÈRE 1961, 88 ; ΒΟΤΤIΝΙ 1987, 12.
184 BOTTINI 1987, 11-12. Les éléments ioniens sont très évidents dans la culture artistique étrusco-campanienne vers la fin du VIe siècle : le lébès Barone de Capoue en est peut-être l’exemple le plus connu. Le couvercle de cette célèbre pièce, qui date des dernières années du VIe siècle, est décoré par des appliques en bronze, un groupe de Satyre et de Ménade dansant, entouré par des Amazones à cheval : voir P. J. RIIS, Some Campanian Type of Heads, dans From the Collection of the Ny Carlsberg Gliptotek II, 1938, 157, A2 ; B. d’AGOSTINO, dans Italia 1988, pl. 556.
185 C’est le cas du groupe splendide dit d’Aphrodite et Adonis provenant de Falconara, appartenu à la Collection Morgan et conservé au Metropolitan Museum. L’identification de son milieu d’origine est discutée. En faveur de la provenance étrusque se déclarent NEGRONI CATACCHIO 1988, 662 et MASTROCINQUE 1991, 118 ; plus nuancée est la position de RICHTER 1940, 31, pl. 97-98, qui attribue cette pièce à l’activité d’artisans grecs ou étrusques en Italie. F. KREDEL, Ein archaisches Schmuckstück aus Bernstein, dans JDAI 38-39, 1923-1924, 169 sqq., notamment 177-178, pense plus résolument au produit d’un artisan grec de formation ionique ; sur la même ligne LANDOLFI 1988, 332.
186 Pour la liste des objets importés en Daunie et en Peucétie (orfèvrerie, plaques en ivoire, ambres sculptés) voir DE JULIIS 1993, 548-554.
187 Sur les importations étrusques en milieu indigène au cours de l’Âge du Fer voir TAGLIENTE 1987, 135 sqq. ; en particulier, pour le candélabre de Monte Pruno, daté de la fin du VIe siècle, voir les pages 148-149, pl. 181-182 ; voir également B. d’AGOSTINO, dans Italia 1988, pl. 163.
188 Voir le pendentif en or de la tombe 113 de Canosa-Toppicelli, daté de la fin du VIe siècle : F. G. LO PORTO, dans Principi, 100-102, n. 1 et infra, chap. V, 238-240. Cet objet est assez proche des ornements en or retrouvés à Ruvo, qui proviendraient du même atelier.
189 Voir à ce sujet D’ANDRIA 1988, 665, pl. 667-668 : l’auteur souligne l’importance de la voie fluviale reliant la Campanie étrusque aux Pouilles qui devait aboutir dans les deux centres les plus importants de la Daunie et de la Peucétie, c’est-à-dire à Canosa et à Ruvo. Voir aussi les fibules en or retrouvées à Cavallino, analogues à des exemplaires de Ruvo ; le site peucétien aurait pu être l’intermédiaire de la transmission de ces objets, comme le suggère ARIAS 1969, 2.
190 POLLAK 1906, 314 sqq. : la plaquette représente sur la face antérieure deux femmes à banquet avec un tutulus, et un cavalier sur la face postérieure. L’importance de cette plaque en ivoire pour reconstituer les circuits commerciaux étrusques en Italie méridionale a été bien soulignée par M. MARTELLI, Gli avori tardo-arcaici : botteghe e aree di diffusione, dans Il commercio etrusco arcaico, Quaderni del centro di studio per l’archeologia etrusco-italica del CNR, 9, 1985, 237 : « (...) Lo scrigno di Ruvo, forse da una tomba della emergente aristocrazia peucezia, fa da efficacissimo pendant alle contemporanee oreficerie etrusche restituite dallo stesso sito : nel suo insieme questo gruppo di oggetti accredita la possibilità di un’importazione diretta, tramite la Campania etruschizzata e attraverso la Lucania interna, in particolare Melfi ».
191 Sur la production et la circulation des plaquettes étrusques en ivoire et en os voir J-R. JANNOT, dans Italian Iron Age, 405 sqq., en particulier 408. L’auteur considère ces plaquettes comme l’indice d’un véritable courant d’échange établi avec le sud de la Péninsule, qui devait rapporter à l’Étrurie des biens périssables, comme par exemple des tissus. En revanche, les plaquettes exportées en Italie septentrionale étaient de qualité inférieure.
192 Sur cette découverte voir supra, 151, note 16.
193 Comme le suppose MASTROCINQUE 1991, notamment 140 sqq.
194 Avec STRONG 1966, 31 et BOTTINI 1987, 11-12.
195 M. Gras a dressé la liste des objets (notamment bronzes et ambres) configurés en forme de protome de bélier, soulignant « le lien étroit entre la circulation de ces exemplaires et celle d’objets étrusques » entre les VIe et Ve siècles (GRAS 1985, 509-510).
196 Il s’agit de sept protomes assez schématiques, retrouvés dans les mobiliers lucaniens du début du IVe siècle : voir GRECO PONTRANDOLFO 1977, 66.
197 Des pendentifs en forme de protome de bélier se trouvaient à Pontecagnano dans une riche tombe de jeune fille, qui comportait aussi un autre pendentif en ambre en forme de Korè, de la céramique attique à vernis noir et deux coupes du type « Floral band-cups » : voir A. D’ANDREA dans Presenza etnisca, t. 3958, 440.
198 C’est la provenance attribuée à deux protomes conservés au British Museum (STRONG 1966, 84, n. 87-88, pl. XXXI) où se trouvent d’autres protomes analogues dont la provenance est inconnue (STRONG 1966, 82-84, n. 81-86, pl. XXXI).
199 Pour la liste des protomes de bélier découverts à Spina, mais aussi à Adria et à Marzabotto, voir MASTROCINQUE 1991, fig. 54, 72; NEGRONI CATACCHIO 1989, fig. 465, exemplaire de Bologne ; fig. 472, protome de bélier de la tombe 409 de Valle Trebba, Spina ; sur les protomes d’Adria voir ibid., 662.
200 Pour la liste des trouvailles dans l’Adriatique orientale voir MASTROCINQUE 1991, fig. 55-62 et 65-71. Sur le tumulus d’Atenica, daté du dernier quart du VIe ou du début du Ve siècle, voir DJUKNIC & JOVANOVIC 1966, 2 sqq. (sur le contexte funéraire) et 13 sqq. (catalogue du mobilier) ; pour les protomes de bélier, qui étaient au nombre de 14, voir les pages 9-10, pl. Χ, XVI, XX-XXI. À Novi Pazar, on a retrouvé un nombre assez impressionnant de ces protomes, au moins 25 entiers et d’autres en fragments ; MANO ZISI & POPOVIC 1971, n. 32.
201 A. MINTO, Populonia, Florence 1943, 177;A. DE AGOSTINO, dans NSA 15, 1961, 67, fig. 5.
202 YON 1977, t. 92, 3 exemplaires ; 595, fig. 2, 3, 7, 9. Le matériel de cette tombe, en partie démembré et dispersé, date des Ve et IVe siècles.
203 Pour la typologie et le développement chronologique des antéfixes de Capoue voir la synthèse fondamentale de N. A. WINTER, Archaic Architectural Terracottas Decorated with Human Heads, dans MDAI(R) LXXXV, 1978, 32 sqq. Voir aussi, silices mêmes thèmes, J. HEURGON, Les antéfixes archaïques de Capoue, dans Italian Iron Age, 171-178 ; N. WINTER, Etruscans at Capua: Reflections of History in Artistic Productions, dans Italian Iron Age, 179-184 ; une analyse très fine sur la chronologie et la typologie des antéfixes de Capoue a été faite par R. R. KNOOP, Antefixa Satricana. Sixth-Century Architectural Terracottas from the Sanctuary of Mater Matuta at Satricum (Le Ferriere), Assen/Maastricht 1987, 111 sqq.
204 Les relations entre les terres cuites architecturales de Capoue et les antéfixes dauniennes ont été bien analysées par M. MAZZEI, Appunti preliminari sulle antefisse fittili « etrusco-campane » nella Daunia preromana, dans Taras I, 1981, 1, 17-33.
205 Sur ces thèmes voir BOTTINI 1987, 11-12, qui souligne l’importance de ces voies de communication avec la Campanie étrusque vers la fin du VIe siècle.
206 Voir à ce sujet D’ERCOLE 1995, 277 sqq. Sur la présence d’un atelier d’ambres sculptés à Tarente, voir aussi MASTROCINQUE 1991, 137-138.
207 Plusieurs ambres sculptés provenant de la Grande Grèce sont mentionnés et reproduits, malheureusement de façon presque illisible, par F. CAUSEY FREL, Studies on Greek, Etruscan and Italic Carved Ambers, Santa Barbara 1984, 21 : protome féminin du type Roccanova et statuette de guerrier, retrouvée « not far from Taranto », dans une collection privée de Bâle ; 81, note 10 : korè de Tarente dans une collection privée de Genève, datée vers le milieu du Ve siècle, provenance incertaine ; 82, note 11 : korè de Métaponte.
208 F. G. LO PORTO, Ceramica arcaica dalla necropoli di Taranto, dans ASAA XXXVII-XXXVIII, 1959/1960, 213, n. 7, fig. 183 d (très mal lisible).
209 Comme GRECO PONTRANDOLFO 1977 l’a bien déomontré par ses analyses des mobiliers de Poseidonia-Paestum entre le Ve et le IVe siècle av. J.-C., et comme le confirme la presque totale absence de ces productions artistiques dans les colonies grecques d’Occident.
210 Pour ce groupe de têtes de Banzi et de Lavello: BOTTINI 1987, 2-3, pl. I ; NEGRONI CATÂCCHIO 1989, n. 491-493.
211 BOTTINI 1987, 12, a avancé l’hypothèse de l’installation à Canosa des principaux ateliers des graveurs d’ambre au cours du Ve siècle. Cette hypothèse est admise par’NEGRONI CATACCHIO 1989, 696. DE JULIIS 1992, 128, estime que cette théorie « reste à vérifier ».
212 D’ERCOLE 1995, 288.
213 Rôle envisagé aussi par GUZZO 1994, 259-260.
214 Oliveto Citra représente un nœud fondamental des échanges entre les versants adriatique et tyrrhénien. On y retrouve des objets de provenance adriatique, tels des fibules à spirale et des pendentifs de type picénien (SESTIERI 1952, 60 ; 62, pl. 11 ; 79, pl. 27 ; 80) ainsi qu'une cruche subgéométrique daunienne du SDS I (SESTIERI 1952, 75, pl. 24 b). Mais d'autres objets, telles les œnochoés en bronze avec anses à rondelles, peuvent être plutôt considérés comme tyrrhéniens (SESTIERI 1952, 59, pl. 6). Toujours sur le versant tyrrhénien, à Pontecagnano, il faut retenir la présence de deux pendentifs en ambre en forme de poissons et de sphinx que L. CERCHIAI attribue à des ateliers étrusques, tout en soulignant les analogies avec des exemplaires du Picenum (L. CERCHIAI, L’organizzazione delle necropoli arcaiche di Pontecagnano, dans Presenza etrusca, 427).
215 Comme NEGRONI CATACCHIO 1989, 680; 693, le suppose à propos d’une figure féminine ailée retrouvée dans une tombe d’Ortona, dans les Abruzzes, du IVe siècle.
216 CORRENTE 1993, notamment 46-47. Pour les découvertes de bijoux en ambre à Minervino, voir LO PORTO 1999, tombe OC 10, Contrada Cappucini, 68, n. 58-61, pl. II c-d (mobilier de la première moitié du VIe siècle av. J.-C.).
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