III. La topographie des sites côtiers
p. 89-148
Texte intégral
1Si nous nous penchons à présent sur le peuplement humain de l’espace géographique décrit dans les pages qui précèdent, c’est pour deux raisons essentielles. La première est la volonté d’explorer les relations éventuelles entre le développement des habitats et la distribution des principales voies de circulation des biens. Le deuxième but est de donner un aperçu du contexte archéologique où ces phénomènes d’accumulation et d’échange se sont produits. On pourra ainsi constater que les « microrégions », les réseaux d’habitats qui constituent ce territoire adriatique, correspondent seulement en partie aux unités géographiques qu’on vient de décrire. Les habitats situés à la limite entre ces régions montrent des caractères mixtes et constituent une sorte de liaison entre deux territoires proches.
2Ce bilan permettra aussi de constater à quel point notre documentation est lacunaire dans ce domaine. En effet, si les fouilles ont été relativement nombreuses dans les derniers vingt ans, elles ont souvent eu le caractère d’interventions de sauvetage, limitées donc dans le temps et dans l’espace. La rareté des programmes de longue haleine a eu des conséquences particulièrement lourdes pour la connaissance des habitats ; comme on le verra, leur existence doit souvent être postulée sur la base de la découverte de leurs nécropoles, mais leurs caractères et leur organisation restent la plupart des fois inconnus. La deuxième lacune concerne les publications systématiques des matériels et des contextes ; ceci réduit remarquablement notre champ d’enquête car, malheureusement, « unpublished evidence is no evidence »1. Ainsi, il faut souvent recoller les données dispersées dans une série de notes et de communications préliminaires pour obtenir un cadre qui reste lacunaire et de toute façon provisoire. C’est une limite dont il faudra constamment tenir compte tout au cours de cette étude et qui nous invite à doubler la prudence qui est toujours de mise. Nous en viendrions à souhaiter que cette enquête puisse néanmoins mettre en évidence les domaines et les questions prioritaires de la recherche topographique à poursuivre dans le territoire.
LA BASSE VALLÉE DU BIFERNO
3Les habitats de la basse vallée du Biferno demeurent à l’heure actuelle peu connus, à l’exception de Campomarino, où des découvertes fortuites de la fin des années 19702 ont été suivies de fouilles régulières au cours des années 19803. Le site protohistorique est situé juste au sud de l’embouchure du Biferno (fig. 18 et 19) dans la localité Defensola-Arcora, 1,5 km environ à l’est de la ville moderne, sur l’une des terrasses plates qui bordent la mer. Le village était placé sur une petite colline allongée, parallèle à la côte, constituée par des dépôts sédimentaires d’origine marine. La position du site apparaît particulièrement favorable au contrôle du territoire côtier, jusqu’à la pente du Monte Gargano4. Il est d’ailleurs fort probable que ce plateau était, à l’époque, beaucoup plus avancé vers la mer, comme le laisse supposer l’acienne conformation de la côte5. Le site occupe une aire de 400 hectares environ; il serait formé par plusieurs noyaux de cabanes, fouillés seulement en partie. L’habitat était protégé sur le côté S-E par une vallée (le « Vallone del Giardino »), sur le côté N-0 par un mur plutôt irrégulier, constitué d’une palissade en bois remplie de pierres, jouxtée d’un fossé. Ni le plan ni l’emplacement exact de cette structure n’apparaissent dans les rapports des fouilles. Il convient ainsi d’avoir recours à l’examen des photographies aériennes pour avoir des données plus approfondies sur la topographie de l’habitat. Or dans le cliché aérien de 1954, on aperçoit une trace bianche assez évidente qui entoure deux côtés de la terrasse sur laquelle se trouve l’habitat de Campomarino (fig. 4 C, p. 51). Cette trace, au profil légèrement irrégulier (fig. 4 F), constitue à peu près l’hypoténuse d’un triangle, dont les deux côtés sont formés respectivement par la pente N-E du plateau, qui borde la mer, et par la pente O, qui surplombe le lit du fleuve Biferno. Nous croyons qu’on peut probablement y reconnaître la structure défensive qui protégeait le site ancien.
4Si nous revenons aux rapports de fouilles, nous apprenons que l’habitat était constitué par deux noyaux principaux, dont l’un disposé selon une orientation parallèle à la pente de la colline, l’autre adossé au mur d’enceinte du village. Sur la base de ces données, on a supposé l’existence d’un réseau de petits sites situés à brève distance l’un de l’autre sur le plateau allongé, parallèle à la mer, coupé en direction orthogonale par une série de canaux et de petits cours d’eau6. Ces noyaux d’habitat auraient reçu dans un deuxième temps un système de défense commune : les relations chronologiques entre ces différentes structures restent difficiles à préciser7 ; quant à la chronologie d’ensemble du site, les fragments céramiques retrouvés dans les fouilles prouvent son occupation entre les IXe et VIIe siècles8, mais les résultats des prospections sur le terrain suggèrent une continuité de fréquentation au cours du siècle suivant9. Les espaces libres qui séparaient les noyaux d’habitations ont pu être exploités pour implanter des cultures ou pour abriter du bétail10 : cette distribution rappelle de près la forme de certains habitats dauniens, par exemple Arpi11. Les plus anciennes cabanes de Campomarino montrent déjà la forme absidiale12 (fig. 20 A) qui caractérisait à la même époque d’autres sites de la côte adriatique méridionale, par exemple Salapia13 (fig. 20 D) et Cavallino14. Ainsi, sous certains aspects, le site de Campomarino pourrait apparaître comme le plus septentrional des gisements apuliens.
5Fait important à souligner, l’une des habitations de Campomarino contenait des grands pithoi avec des restes de denrées alimentaires, en particulier des céréales, signe peut-être de l’accumulation d’un surplus agricole de la part de la communauté indigène. Reste naturellement ouverte la question de la gestion sociale de ce surplus : pour G. Tagliamonte, il s’agirait de productions et d’échanges reglés par des rapports de « produzione comunitariae di forme di possesso collettivo della terrae degli altri mezzi di sussistenza »15. En revanche, dans un autre site indigène d’Italie méridionale, à Cairano, des structures analogues du VIe siècle ont été interprétées comme les effets d’un processus de différenciation sociale au sein des groupes indigènes16.
6Quant aux autres sites protohistoriques de la vallée du Biferno (Termoli, Larino et Guglionesi) leur existence doit être postulée par la découverte des nécropoles respectives. La nécropole de Termoli-Porticone est la plus vaste parmi celles qui ont été fouillées jusqu’ici (fig. 21). Elle a livré une quantité considérable de sépultures (137 tombes, dont 86 intactes et 25 publiées) qui datent entre le VIe et le IVe siècle17. Le nombre élevé des sépultures du VIe siècle laisse supposer l’existence d’un habitat de proportions considérables18, alors que la diminution et la pauvreté des mobiliers du Ve siècle pourraient signifier le déclenchement d’une crise démographique et économique à cette époque19. La quantité réduite des tombes et des plans publiés (fig. 22 A-B) n’encourage guère à établir une évolution topographique de la nécropole par rapport aux différentes phases chronologiques. Il est toutefois certain que la nécropole s’étend le long de la pente nord-occidentale d’une petite colline située au nord du fleuve Biferno et aussitôt au sud du torrent Sinarca (fig. 21). Un autre groupe plutôt réduit de sépultures occupe le côté sud-oriental de la même colline, en direction du torrent Rio ; la localisation de cette nécropole est encore plus approximative (fig. 21). A. Di Niro y constate un type de disposition « annulaire », qui caractériserait même d’autres nécropoles frentanes, souvent disposées en position dominante sur des vallées ou sur la mer20. La terrasse plate au sommet de la colline de Termoli semble n’avoir jamais été exploitée comme nécropole ; Di Niro suppose que ce plateau a pu être intentionnellement laissé libre pour la culture21. Elle n’exclut guère la possibilité que l’espace vide entre les deux nécropoles ait pu être occupé par des habitations. Cette exploitation mixte de la même aire, déjà remarquée à Campo-marino et très courante dans les habitats dauniens de l’Âge du Fer22, peut être d’ailleurs observée à Termoli quelques temps plus tard, au cours du IIIe siècle23.
7Deux autres sites de la vallée du Biferno, Larino et Guglionesi sont en large partie à découvrir. On ignore tout de l’habitat ancien de Guglionesi, alors qu’une zone de nécropole a été découverte sur la rive nord du fleuve Biferno24 (fig. 23). Malgré le nombre réduit des sépultures fouillées (9 en total), la richesse de certains mobiliers est tout à fait impressionnante. Ces derniers, ainsi que des trouvailles fortuites du début du siècle25, permettent d’entrevoir le grand intérêt archéologique d’un site qui mériterait d’être exploré de façon plus approfondie et systématique. Une phase importante de sa fréquentation pourrait être datée, d’après le matériel retrouvé, entre le VIIe et le VIe siècle26.
8Situé dans la basse vallée du fleuve Biferno à 21 km de la côte adriatique, Larino est le plus intérieur des villages frentans que nous allons considérer. Il est aussi le mieux connu, car il a fait l’objet d’une étude récemment publiée par E. De Felice dans la collection de la Forma Italiae27. Cette enquête, dressant une liste complète des découvertes archéologiques dans le site, amène à des conclusions intéressantes sur la période qui nous concerne. La première est qu’il n’y aurait aucune rupture apparente dans l’occupation du site entre l’Âge du Bronze, le premier et deuxième Âge du Fer et la phase romaine28. La deuxième est qu’après une longue phase de stagnation (IXe-première moitié du VIe siècle av. J-C.), Larinum semble connaître une période d’expansion. Cette reprise s’accompagne des contacts renouvelés avec la Daunie, prouvés par les trouvailles de céramique archaïque venant de cette région29. Le troisième constat est que la phase d’occupation du Ve siècle est relativement mal documentée, alors que les objets remontant à la même époque —tels les stamnoi en bronze de production étrusque— montrent une certaine prospérité, ainsi que l’existence de contacts importants30.
9Si la chronologie des découvertes ne peut parfois être précisément définie, des tendances générales se dégagent. La première est l’existence de trois noyaux principaux, concentrés autour de Monte Arcano (fig. 24), San Leonardo et Montorio dei Frentani. L’aire de Monte Arcano, une petite colline dominant le cours du fleuve Biferno semble avoir eu une destination notamment funéraire. Les fouilles de 1977 y ont mis au jour 17 tombes, datées entre le VIe et le Ve siècle31. Les prospections ont livré des fragments de céramique daunienne32 et de céramique proto-apulienne à figures rouges33. Au sommet de la colline de Monte Arcano, une vaste zone de fragments de céramique en « impasto » datée de la fin de l’Âge du Bronze ou du début de l’Âge du Fer, pourrait indiquer l’existence de quelque forme d’habitat34. Un cratère protoapulien à figures rouges a été fortuitement découvert dans cette même zone35. Mais les traces les plus considérables de l’habitat archaïque ont été incontestablement reconnues dans la plaine de San Leonardo (fig. 24)36, là où sera plus tard installé le centre de la ville romaine. Ici on a retrouvé les restes d’un sol en cailloux, daté de l’époque archaïque sur la base de la stratigraphie37, ainsi que plusieurs tessons céramiques provenant d’explorations de surface38 ; d’autres traces de l’occupation archaïque ont été décelées autour de l’amphithéâtre romain39. Dans cette même zone se trouvent au moins cinq regroupements de tombes, dont la chronologie n’est pas précisée40 ; d’autres noyaux funéraires se trouvent entre les collines de Monte Aitino et de Monterone41. Un autre noyau archaïque, constitué notamment de tombes, se situe autour de la petite colline de Montorio dei Frentani, d’où proviennent d’ailleurs des objets d’une certaine importance, comme les stamnoi de Ve siècle de fabrication étrusque42. Un résultat important des recherches récentes sur Larinum est la découverte d’un agger dont le parcours a été partiellement reconstitué43. Si la phase la plus imposante, constituée par un terre-plein limité par un mur de rempart en blocs polygonaux, remonte seulement au IVe siècle, elle semble toutefois se superposer à une œuvre de défense préexistante, peut-être du VIIe ou du VIe siècle44. Ces deux phases chronologiques seraient prouvées par les différentes techniques utilisées pour la construction de la base et de l’élévation du mur, phénomène qu’on observe dans plusieurs enceintes du Latium archaïque. En conclusion, on pourrait reconnaître à Larino aussi la présence de plusieurs noyaux contemporains d’habitats et de nécropoles, ainsi que la présence d’une large œuvre de défense45. Encore une fois, cette organisation évoque de près la physionomie des habitats dauniens proches.
10Dans le cas de Larinum, la définition du parcours routier mérite une attention particulière, car elle s’entremêle avec la question des routes de la transhumance qui assuraient la liaison entre la plaine des Pouilles et les Apennins. Deux de ces routes passaient immédiatement à côté de Larino, suivant une orientation parallèle à la mer46. Cet itinéraire, certainement exploité à l’époque romaine républicaine47 aurait pu être parcouru même à une époque plus ancienne. La Tabula Peutingeriana, ainsi que les Itinéraires du Moyen Âge mentionnent une route qui reliait Larinum à la côte adriatique près de l’embouchure de l’Ofanto (Salinis et Bardulos), passant par Teanum Apulum (correspondant à la ville actuelle de S. Paolo Civitate), Ergitium (San Severo ?), Sipontum et Anxanum48. Un autre parcours passait par Larinum et se dirigeait vers les Apennins, en direction de Boiano49.
11La topographie de la basse vallée du Biferno a été explorée au cours des prospections menées par les chercheurs de l’Université de Sheffield pendant les années 1970. Cette enquête a pris en compte le territoire du fleuve Biferno, partagé en trois régions, haute, moyenne et basse vallée50, cette dernière correspondant au littoral adriatique. Dans chaque secteur, une aire échantillon a été examinée par des sondages approfondis51 ; la période étudiée s’étale de l’Âge du Bronze à l’époque romaine impériale. En ligne générale, on remarque que l’Âge du Fer a laissé des traces archéologiques bien plus réduites que l’Âge du Bronze ou l’époque classique et romaine52. Les données archéologiques ont été croisées à l’étude de la géomorphologie et du paléoenvironnement53. La recherche a révélé l’existence d’un réseau de petits établissements ruraux, dans la zone côtière comme dans la vallée intérieure, souvent placés à proximité des itinéraires fluviaux et routiers qui marquent les voies de la transhumance54. Cette occupation relativement intense du territoire paraît contredire l’image traditionnelle, transmise par les sources anciennes55 et reprise par les historiens modernes56, d’une zone côtière bien peuplée et d’un arrière-pays occupé uniquement par des communautés de bergers. Les différences entre les tribus samnites de la côte (les Frentans) et celles de l’intérieur (les Pentres) paraissent donc s’estomper. En revanche, ce cadre confirme la rareté des agglomérations qu’on pourrait appeler « urbaines » : dans cette région adriatique, c’est le petit établissement rural qui prévaut, ou bien la petite ferme, exploitée pour la culture des céréales et des légumes ainsi que pour l’élevage57. Ces fermes se disposent selon un rythme serré et régulier, le long des pentes qui descendent vers la plaine côtière, sans modifications apparentes jusqu’à l’époque impériale58. Celles de l’arrière-pays exploitent les pâturages et pratiquent la cultures des céréales, celles de la zone côtière s’adonnent principalement à la culture mixte: olives, vignes, fruits et blé59. Deux sites —d’époque républicaine et impériale— se détachent de ce cadre, puisqu’ils révèlent des dimensions considérables ; ils sont situés près de Larino et de Guglionesi60. Les chercheurs proposent d’identifier ce dernier site avec l’ancien Uscosium, mentionntionné par l’Itinerarium Antonini61. D’autres considérations importantes ressortent de cette recherche. Les formes de l’occupation du territoire ne révèlent aucun changement sensible tout au cours de la période comprise entre la fin du Ve siècle et la fin de la République romaine. Pourtant, cette région est directement touchée, pendant cette période, par des évènements historiques d’importance primordiale, des guerres samnites jusqu’au bellum sociale62. Nous sommes apparemment en présence d’un décalage sensible entre l’histoire des événements et l’histoire du paysage, si les choix d’occupation du territoire continuent à obéir à des critères qui sont liés plutôt à la nature des lieux. Tout en mettant en garde contre des explications de type déterministe63, les chercheurs anglais notent que les choix des établissements humains apparaissent constamment orientés vers un type de terrain sableux, qui paraît mieux convenir au potentiel technologique disponible64. Des modifications importantes peuvent être observées seulement dès le début de l’âge impérial, lorsque des agglomérations se forment autour des plus grandes villae. C’est probablement le moment où Rome s’enracine de manière durable dans le territoire, opérant des transformations profondes dans l’organisation du paysage65.
12En définitive, la physionomie des sites dans cette partie du Samnium apparaît très variée et fortement liéé aux caractéristiques du paysage. La prospérité d’un site comme Guglionesi peut s’expliquer, au moins en partie, grâce à son emplacement dans la basse vallée du Biferno, probablement navigable dans l’Antiquité66 (fig. 1, p. 44). Sur les deux côtés de l’embouchure de ce même fleuve, les habitats de Termoli et de Campomarino étaient accrochés aux terrasses en surplomb qui permettaient le contrôle du littoral, jusqu’à la pente du Monte Gargano (fig. 5, p. 53). Ainsi, l’image du « rocher à pirates »67, que Strabon emploie pour décrire la côte frentane, paraît particulièrement convenir à cette partie du paysage adriatique68. La communauté de Campomarino semble fonder les bases de sa prospérité sur l’activité agricole69, mais elle participait aux réseaux d’échanges maritimes venant de l’Apulie, comme le montre la présence de céramiques peintes. A l’intérieur de la vallée du Biferno, Larino domine un tissu de petites fermes et d’établissements ruraux70. Les parcours qui y mènent sont probablement les routes traditionnelles de la transhumance, qui relient les Apennins à la grande plaine du Tavoliere et aux sites de l’arrière-pays daunien (Lucera, Ordona).
LE LITTORAL DU MONTE GARGANO
13La topographie des sites du Monte Gargano demeure à l’heure actuelle assez vague et mal connue, notamment en ce qui concerne la partie septentrionale du promontoire. Un certain nombre d’habitats devaient border l’ancien golfe de Varano, où les érudits du siècle dernier mentionnent, de manière assez imprécise, la présence de sépultures du premier Âge du Fer71. D’après M. Marin, ces tombes avaient été découvertes autour de la Masseria Di Vita, mais aucun élément précis n’est apporté en soutien de cette affirmation72. V. Russi signale la présence de quelques noyaux de tombes sulle littoral des lacs de Lesina et de Varano73 ; il s’agit probablement d’une forme d’occupation des ilôts qui constituaient l’ancienne lagune, selon une disposition qu’on retrouve plus au sud, autour de Siponto-Salapia. Mais c’est sur le bord intérieur du lac de Varano, dans le lieu-dit Bagni di Varano, qu’il nous semble pouvoir reconnaître l’emplacement le plus dense et structuré de ce territoire. Une vingtaine de tombes a été découverte ici, sur la rive de l’ancien golfe ou lagune (fig. 25). La forme des tombes, en base de pyramide creusée dans la roche, est caractéristique de plusieurs nécropoles du Gargano, de Monte Civita à Monte Saraceno74. Leur chronologie a été fixée, sur la base du mobilier métallique, aux VIIe-VIe siècles, mais on pourrait se demander si l’origine de la nécropole ne pourrait être même plus ancienne75. Qui plus est, on remarque dans cette nécropole —partiellement détruite par une carrière moderne— l’ébauche d’une organisation spatiale. Les tombes, séparées par des canaux d’écoulement, semblent longer une route dirigée vers l’habitat ; de ce dernier on a retrouvé uniquement quelques fonds de cabanes76.
14D’autres sites importants se trouvaient sur ce versant du Gargano. L’ancien habitat de Monte Civita occupait une petite hauteur (476 m) sur la rive occidentale du torrent Romandato, à l’est du lac de Varano. Les trouvailles fortuites qui se poursuivent depuis le XIXe siècle, laissent supposer une extension originaire du site sur une aire de dix hectares environ, sans organisation urbaine bien définie, mais protégé probablement par une fortification sur le versant S-E de la colline77. La description des mobiliers, bien que sommaire, laisse entrevoir l’intérêt du matériel et paraît suggérer une datation allant du premier au deuxième Âge du Fer78. Aux Ve-IVe siècles pourrait remonter une autre tombe découverte en 1978 dans la même zone79. Le site de Monte Civita apparaît intégré dans un réseau d’axes de communication assez complexe : l’une de ces routes semble descendre vers le lac, à la hauteur du lieu-dit « Crocifisso di Varano »80.
15Le site de Monte Tabor, situé près de la ville moderne de Vico del Gargano (fig. 26), a dû certainement avoir une importance considérable dans l’économie de la région. Bien qu’en grande partie pillée et détruite, au moins à partir du siècle dernier81, sa nécropole est assez vaste pour qu’on puisse supposer la proximité d’un habitat archaïque de proportions notables. Le nombre des tombes retrouvées, presque totalement inédites, dépasse en effet la centaine et chacune contenait plusieurs dépositions. La chronologie proposée pour cet important contexte est le VIe-Ve siècle, mais la présence de fibules en archet de violon pourrait faire remonter la date initiale d’utilisation de la nécropole82. D’autres élément viennent confirmer l’importance du site. Les mobiliers ont livré une quantité considérable d’ornements en ambre, dont au moins trois pendentifs sculptés d’excellente qualité (fig. 39 D-E). Les analyses ont prouvé l’origine nordique de l’un d’eux83 : ce fait montre que ce site du Gargano a dû être intégré, vers la fin du VIe et au cours du Ve siècle, dans un réseau de circulation de biens de remarquable ampleur84.
16Cette déduction est confirmée par les données d’une autre installation côtière, Grotta Manaccora. Ce « grottone » ou « grotta » est une grande cavité naturelle85, creusée dans le versant oriental du promontoire de Punta Manaccora, la pointe la plus saillante du promontoire du Gargano (fig. 26). On y accédait directement du littoral sableux, au pied du surplomb rocheux sur lequel se trouve le village protohistorique. La grotte, découverte au cours des années 1930, est surtout célèbre pour les découvertes de l’Âge du Bronze, mais son exploitation s’est prolongée au cours des VIIe et VIe siècles, en rapport avec l’habitat proche de Punta Manaccora. Utilisée comme nécropole pendant l’Âge du Bronze Moyen et Bronze Récent86, elle a retrouvé après cette phase sa destination originelle qui était probablement liée à son emplacement côtier. C’est dire qu’avant et après son utilisation en tant que nécropole, elle a dû être utilisée par la communauté qui occupait le sommet de la colline de Punta Manaccore, comme abri pour les embarcations et pour les outils de la pêche et de la navigation87. Il est donc important de constater la présence dans la couche III du « Grottone » de six fragments datés du Mycénien Ancien, qui restent l’un des rares indices des échanges mycéniens en Adriatique88. L. Vagnetti estime que Grotta Manaccora, tout comme d’autres escales côtières des Pouilles, a pu être une étape importante de l’itinéraire mycénien dirigé vers la côte nord de l’Adriatique, notamment vers le delta du Pô89. Mais ce n’était pas la seule fonction de ce site : d’autres objets attestent des liens étroits avec les cultures de l’autre rivage adriatique. C’est le cas des ornements en fil de bronze enroulé, proches des exemplaires retrouvés à Nin90 et dans le tumulus XC de Podlaze (Glasinac IIIa)91 ; ces mêmes ornements reviennent dans la basse vallée de l’Ofanto, près de Trinitapoli92. À l’époque archaïque, la fréquentation de la « Grotta » est attestée par des tessons de céramique géométrique protodaunienne93 et daunienne94 provenant de la couche II. D’autres fragments céramiques appartiennent à la « Foot-Krater Class », une production de la Daunie méridionale qui a été exportée dans une vaste région de l’Adriatique pendant plus d’un siècle, environ dès le milieu du VIIe jusqu’au troisième quart du VIe siècle95. Quant au village de Punta Manaccora, il est situé sur un promontoire rocheux faisant saillie dans la mer, aujourd’hui entouré par un cordon littoral sableux qui n’existait probablement pas à l’époque protohistorique96. Le site était protégé par un mur d’enceinte en pierres sèches. Les restes de quatre cabanes rectangulaires remontent probablement à l’Âge du Fer. Les notes sommaires publiées sur les fouilles datent la céramique du « protoap-penninico Β » jusqu’à l’Âge du Fer. Quelques tessons pourraient appartenir à des productions dauniennes à décor géométrique, dont la chronologie est difficile à préciser97.
17En définitive, ces habitats du versant septentrional du Gargano forment un ensemble relativement cohérent. Ce sont, pour la plupart, des sites de hauteur (Monte Civita, Monte Tabor, Punta Manaccora)98 ; les seuls sites de plaine se trouvaient autour du lac de Varano. Même la typologie des tombes est assez homogène99. Sur ces côtes arrivent plusieurs objets d’importation : les ambres et les métaux à l’Âge du Bronze, la céramique des ateliers méridionaux au premier Âge du Fer. Quant à la chronologie de ces sites, aucune donnée n’est définitive mais on peut entrevoir une certaine dynamique d’alternance dans le contrôle du territoire. Les trouvailles du lac de Varano indiquent une occupation au premier Âge du Fer mais aussi plus tardive. À Monte Civita, l’habitat des VIIe-VIe siècles est encore fréquenté, semble-l-il, aux siècles IVe-IIIe. À Punta et à Grotta Manaccora, la phase de l’Âge du Bronze Récent et Final est probablement la plus importante.
18Sur le versant méridional du Monte Gargano, à l’exception de quelques traces venant de Vieste100, les témoignages concernant l’Âge du Bronze et le premier Âge du Fer sont concentrés autour du lieu-dit Monte Saraceno (fig. 27), qui domine la pointe extrême d’un haut plateau rocheux en surplomb sur la mer, au sud de l’anse de Mattinata101. Fouillé à plusieurs reprises, ce site n’a pas encore été publié de manière intégrale102. L’habitat protohistorique était situé au sommet de la hauteur rocheuse; son versant intérieur était protégé par un large fossé et par une grande muraille en pierre, probablement soutenue à l’origine par une palissade en bois103. Les matériaux retrouvés dans les couches de remplissage du fossé datent dès le Xe jusqu’au VIe siècle104. D’après M. L. Nava, la construction de cette structure défensive remonterait à l’Âge du Bronze Final105. Les restes de cabanes retrouvés jusqu’à présent sont assez pauvres106. Une route creusée dans le rocher reliait directement le village au littoral, où la côte forme une petite anse qui a bien pu être utilisée comme escale maritime107. Si l’habitat est assez mal connu, la nécropole a été explorée de façon plus approfondie. L’ensemble des tombes s’étend sur les pentes de la colline, depuis le mur d’enceinte jusqu’au littoral ; les tombes fouillées jusqu’à présent se montent à plusieurs centaines108. À l’exception d’une grande sépulture collective isolée datée entre le Bronze Final et le premier Âge du Fer, retrouvée près de la Masseria Fandetti (fig. 27)109, la plus vaste partie de la nécropole a été découverte vers le sommet de Monte Saraceno. Apparemment, les sépultures plus anciennes se trouvent immédiatement à l’extérieur du mur d’enceinte, tandis que les tombes les plus tardives semblent occuper la pente de la montagne110. Cette nécropole a des proportions tout à fait remarquables. Elle comprend plusieurs centaines111 de tombes à fosse, à section de pyramide, parfois entourées d’un réseau de petits canaux d’écoulement112. Chaque tombe contenait plusieurs corps inhumés, en position recroquevillée113. Les mobiliers comprenaient notamment des ornements en métal, surtout en bronze, ainsi que des perles en verre et en ambre114 ; intéressante est la présence d’un scarabée en ivoire et d’une plaque en or dans une tombe de la fin du VIIIe siècle115. En général, les ornements les plus répandus sont les fibules, dont la chronologie s’étale du dernier Âge du Bronze jusqu’au premier Âge du Fer. À l’intérieur d’une typologie très variée116, les fibules à spirale sont très fréquentes117. D’autres ornements en métal, tels les pendentifs anthropomorphes en lame de bronze, révèlent des similitudes avec les produits de l’Adriatique orientale118. Des importations arrivaient aussi de l’Adriatique méridionale, comme le montre la présence d’un cratère de la « Foot-Krater Class »119 et d’autres fragments appartenant aux productions dauniennes méridionales de 700-550 av. J.-C.120. Phénomène caractéristique de cette nécropole sont les sculptures en pierre, retrouvées au-dessus des tombes ou même à l’intérieur de celles-ci, datant de la fin du Xe au VIIIe siècle121. Il s’agit-là, probablement, de l’apparition précoce d’un rituel funéraire qui se prolonge au siècle suivant dans la riche production des stèles dauniennes, particulièrement répandues dans les centres de la lagune côtière de Siponto, située plus au sud122. De ce fait, M. L. Nava déduit que la communauté de Monte Saraceno a pu influencer, au premier Âge du Fer, certains aspects culturels des habitats dauniens de la plaine méridionale, tel le site de Cupola Beccarini, qui vont émerger seulement au cours du deuxième Âge du Fer123. Cette hypothèse s’appuye sur la chronologie de l’habitat de Monte Saraceno et de sa nécropole : leur installation daterait en effet de la fin de l’Âge du Bronze et la phase de majeure importance pour cet habitat ne dépasserait pas la fin du premier Âge du Fer. C’est justement à partir de cette époque que les habitats de la lagune côtière semblent atteindre le sommet de leur prospérité. L’hypothèse est à coup sûr intéressante, bien que l’absence de la publication définitive du matériel impose une très grande prudence dans l’utilisation de ces données. En conclusion, Monte Saraceno apparaît un cas évident de communauté de frontière : il est à plusieurs égards un habitat typique du promontoire du Gargano, tout en étant en même temps le foyer le plus ancien de la sculpture en pierre qui s’est développée quelques siècles après dans la lagune proche.
19Nous pouvons donc remarquer en conclusion que la côte du Monte Gargano, âpre et apparemment difficile à aborder, présentait toutefois deux « failles » faciles à pénétrer. Ainsi, deux anses symétriques, l’ancien Golfe de Varano124 (fig. 1) et le Golfe de Manfredonia permettaient l’accès aux sites bien protégés de l’arrière-pays : Monte Tabor, au nord, et Monte Saraceno au sud. Depuis l’Âge du Bronze125 et au moins jusqu’au deuxième Âge du Fer126, le Gargano a constitué l’une des étapes principales du cabotage en Adriatique, intégrée dans les parcours de circulation des ambres et des métaux. L’économie de cette région devait probablement se fonder sur l’élevage et sur l’agriculture, mais aussi sur l’exploitation du bois des riches forêts de la montagne ; ressource dont on ne saurait trop souligner l’importance pour toutes les sociétés anciennes.
DE LA LAGUNE DE SIPONTO À L’EMBOUCHURE DE L’OFANTO
20La vaste zone lagunaire qu’on rencontre au sud du Gargano abritait plusieurs sites protohistoriques. Le plus septentrional est le village de Coppa Nevigata, qui se trouve aujourd’hui quelques kilomètres à l’intérieur des terres, sur le bord du lac Salso (fig. 12-13). Les fouilles, commencées au début du siècle127, ont repris entre 1955 et 1975128. Une nouvelle campagne, entamée pendant les années 1980 et bien documentée par des études et des rapports préliminaires129, est encore en cours.
21Les découvertes très importantes dans ce site s’accompagnent presque constamment à des problèmes d’interprétation des fouilles plus anciennes130. Nous allons prendre en compte les aspects essentiels de la dernière phase d’occupation du site, qui concerne plus directement notre recherche. Il y a un premier fait à remarquer: Coppa Nevigata est l’un des rares sites adriatiques à montrer les signes de contacts avec le monde égéen, car des fragments de céramique attribués au Mycénien III Β et III C131 et une perle d’ambre apparentée au type Tyrinthe132 y ont été retrouvés. Cette dernière trouvaille n’est probablement pas un cas isolé : la provenance de Coppa Nevigata a été proposée aussi pour une perle d’ambre du même type, conservée au Musée de Reggio Emilia133. Ces objets d’origine égéenne laissent donc supposer que ce site adriatique, comme celui de Manaccora, a pu être intégré vers l’Âge du Bronze Final dans un réseau d’échanges de grande importance134. D’ailleurs, cette ouverture aux échanges ne saurait nous surprendre : les recherches sur le paléoenvironnement ont bien montré que l’économie de l’habitat protohistorique était décidément orientée vers l’exploitation de la mer et du milieu lagunaire135.
22Autre fait important, la découverte des débris d’un four utilisé pour la fabrication du fer, comme le prouvent les nombreuses scories de ce métal136. Il s’agit, en réalité, « del rinvenimento più discusso del Mosso », car cette découverte obligerait à admettre que cette activité artisanale était déjà pratiquée à Coppa Nevigata dès la première moitié du XIe siècle137. Il faudrait donc supposer qu’un réseau d’importation et de production de ce matériau était déjà actif à cette haute époque.
23L’autre question essentielle concerne les différentes phases de l’habitat et notamment l’époque de son abandon; autant de questions liées aux dynamiques d’occupation de l’espace lagunaire. La physionomie de l’habitat a certainement changé au fil des différentes époques. Des structures de défense ont existé depuis l’Âge du Bronze138 et ont été plusieurs fois reconstruites139. Au cours du « protoappenninico », une petite agglomération d’habitations était probablement située près d’une anse de la lagune, entourée par des structures de défense sur plusieurs côtés. Le village de l’« appenninico » s’étendait sur la totalité du promontoire de Coppa Nevigata : sa seule protection semble avoir été orientée vers l’intérieur des terres140. Celte phase est contemporaine de l’abandon du site de Cupola Beccarmi; à ce moment-là, Coppa Nevigata est peut-être devenu le centre hégémonique de ce petit espace lagunaire141.
24Le phénomène inverse se vérifie au tout début de l’Âge du Fer: l’abandon de Coppa Nevigata coïncide avec l’importance accrue de Masseria Cupola et de Salapia142. Mais cette question est extrêmement délicate, car elle entraîne le problème de la date finale du site de Coppa Nevigata, qui est loin d’être établie avec certitude. Le dernier niveau d’occupation correspond à la couche supérieure des fouilles Mosso, qui remonte au Bronze Récent et Final et se prolonge jusqu’au premier Âge du Fer, ne dépassant pas le début du VIIIe siècle143. Toutefois, il y a des raisons de croire à une possible continuité de la fréquentation du village, même au-delà de cette période. Il faut d’abord considérer que le site est sujet à des profonds phénomènes d’érosion, qui ont pu détruire les couches plus récentes d’occupation144.
25En outre, la chronologie de quelques objets pourrait attester la fréquentation de Coppa Nevigata au-delà du VIIIe siècle. C’est le cas du vase égyptien en schiste145 découvert sur le site au début de ce siècle et conservé depuis au Musée de Tarente146. Une inscription en caractères hiéroglyphiques gravée sur ce vase évoque un personnage de très haut rang de la cour du pharaon Psammétique II, Bokourinef, connu uniquement par ce document147. Le vase daterait ainsi du règne du pharaon (595-589 av. J-C.) ou du milieu du VIe siècle au plus tard. Nous reviendrons sur les possibles explications de la présence en Daunie de cet objet rare et insolite148.
26Près de Cupola-Beccarini149, on retrouve les restes d’un autre site majeur qui bordait l’ancienne lagune transformée aujourd’hui en lac (lac Salso) (fig. 12 et 28). Le village était accroché à une basse colline (Coppa ou Cupola) entourée à l’époque par les bras de la lagune (les lacs actuels de Versentino, Contessa et Salso) et par les plaines alluviales des fleuves Cervaro et Carapelle150. Le noyau le plus ancien de l’habitat se trouverait près de la Masseria Cupola, où les sondages ont révélé les traces de cabanes du Xe siècle151, alors que l’habitat des IVe-IIIe siècles apparaît plutôt concentré à proximité de Beccarmi. L’habitat de Cupola était apparemment dépourvu de structures de défense, car il était probablement protégé par les canaux de la lagune, à l’intérieur de laquelle devait se trouver le port152.
27Autre fait à remarquer, du VIe au IIIe siècles, les tombes sont constamment disposées à côté des habitations sur la colline de Cupola153. Cette organisation du site archaïque de Cupola se constate dans d’autres villages dauniens, tel Herdonia154. Les tombes retrouvées sont toutes à fosse et datent dès la fin du Xe siècle à la deuxième moitié du VIe siècle. Les mobiliers les plus anciens montrent plusieurs analogies avec des productions balkaniques155, tout comme ceux de la voisine Salapia. Les mobiliers du deuxième Âge du Fer comportent quelques objets d’importation, comme les coupes « ioniennes » Β 2, à côté de la céramique subgéométrique indigène156. Les restes d’une cabane, apparemment contemporaine aux tombes et plusieurs fois reconstruite, ont été découverts à côté de la nécropole157 (fig. 20 F). Un autre contexte funéraire isolé a été retrouvé près de la Masseria Lauriola en 1982, entouré de restes d’habitations158. Cette tombe, appartenant à une femme159et datée du VIIe ou du VIe siècle, se distinguait par son caractère fastueux ; nous l’évoquerons plusieurs fois au cours de notre recherche.
28Le mobilier comportait de la céramique géométrique et en « impasto » indigène160, une quantité absolument remarquable de bassins en bronze (neuf exemplaires)161 (fig. 62 G, p. 241) et des ornements personnels d’exceptionnelle importance : plusieurs perles en ambre, en or, des pendentifs et même un sceptre en argent. Enfin, un autre secteur de la nécropole archaïque se trouve quelque peu plus isolé, à l’est de Cupola, près du Canal Roncone162 (fig. 28).
29C’est justement dans ce territoire, entre Masseria Cupola et Beccarmi, qu’on a découvert la plupart des stèles sculptées163, qui constituent sans doute l’une des manifestations les plus originales de la culture daunienne (fig. 29 et 49). Même si aucune de ces sculptures n’a jamais été retrouvée dans sa position originaire164, leur présence fréquente dans les aires de nécropole suggère une probable destination funéraire : ces monuments étaient, vraisemblablement, des représentations des défunts165. À Cupola, les stèles ont été remployées comme dalles de couverture des tombes dès le milieu du VIe siècle, voire dans la première moitié du siècle166 ; cette époque pourrait donc marquer la fin de leur production. Des éléments très intéressants peuvent être déduits de la distribution des fragments retrouvés. Une grande partie d’entre eux proviendrait de la localité Beccarini, en particulier du territoire situé autour de la Masseria Giordano et de la Masseria Jaconeta167 (fig. 28). M. L. Nava souligne que les stèles les plus anciennes ont été retrouvées aux limites septentrionale et orientale de cette zone, qui correspondrait à une sorte d’insula de l’ancienne lagune. Par conséquent, elle imagine que ces stèles proviendraient des sites bordant la lagune, comme Coppa Nevi-gata, d’où elles auraient été transportées, au cours du rite funéraire, en longeant les bords de la lagune168. Cette hypothèse, très suggestive, permettrait de reconstituer un lien direct avec les sites qui occupaient la lagune au nord du Carapelle.
30Salapia est l’autre site protohistorique majeur de ce milieu lagunaire. Les restes de l’habitat de l’Âge du Fer ont été découverts dans les localités Lupara-Giardino et Torretta dei Monaci (fig. 30), situées, comme Masseria Cupola, à l’intérieur de la ligne côtière actuelle, sur le bord de l’ancienne lagune remplacée aujourd’hui par le lac de Salpi et par plusieurs canaux et nappes aquifères (Fosso Marana di Castello; Marana di Lupara). L’identification du site n’a pas été facile. Pendant longtemps on a hésité à reconnaître les restes de ce qui devait être, d’après Strabon, l’un des plus importants ports de la Daunie169. En 1964, G. Schmiedt a reconnu sur les photographies aériennes un habitat en forme de croissant près de Marana di Lupara-Torretta dei Monaci, qu’il a supposé être le site daunien170. Les fouilles lui ont donné raison, car c’est là qu’on a mis au jour l’habitat et la nécropole indigènes171. Il paraît désormais certain que l’habitat protohistorique, comme celui de la fin de l’Âge du Bronze172, s’étendait sur trois langues de terre de forme irrégulière. Il s’agit de sortes de « péninsules », entourées par les eaux de la lagune et reliées par des canaux artificiels, dont la chronologie demeure toutefois incertaine173. Une fortification, probablement bâtie dès la fin du VIIe siècle, protégeait l’habitat sur deux côtés174. Les restes des structures du port lagunaire de Salapia ont été retrouvés près de la péninsule I. Il s’agit d’un mur qui s’avance dans la lagune sur une vingtaine de mètres environ, interprété comme une sorte de débarcadère utilisé pour accoster les bateaux175. Cette structure pourrait être datée, d’après les fragments céramiques retrouvés, entre la fin du VIIIe et le VIIe siècle176.
31Salapia est l’un des sites dauniens dont on connaît mieux la typologie des habitations. Il s’agit de cabanes à plan rectangulaire177 ou en forme d’abside (fig. 20 D-E). Ces dernières sont de dimensions plus importantes et gardent souvent les traces d’un foyer-dans un cas, même d’un four178. Ces habitations en abside sont intéressantes, car leur plan est relativement rare en milieu indigène. Sur la côte adriatique, il est attesté à Otrante déjà au IXe siècle179, et probablement, comme on l’a vu, à Campomarino.
32Il est difficile de cerner quels pouvaient être les rapports topographiques entre l’habitat de Salapia et sa nécropole. Cette dernière, en partie ravagée par les fouilleurs clandestins, a néanmoins livré, dans la seule péninsule II, 233 tombes, dont quelques-unes pourvues de très riches mobiliers180. Dans la péninsule II, les tombes à fosse et les tombes à enchytrismos des Xe-IXe siècles coexistaient apparemment à côté de l’habitat de la même époque. Du VIe au IIIe siècle, cette même zone est réservée aux tombes ; dès le IIIe siècle, l’aire est encore une fois occupée par l’habitat181. Il paraît toutefois certain que la nécropole était morcelée en plusieurs noyaux, dont le plus vaste se trouvait probablement dans la péninsule II182. Les tombes du premier Âge du Fer sont à fosse rectangulaire, ou à enchytrismos. Dans quelques cas, le fond des fosses était revêtu de galets, selon un usage qui se retrouve dans d’autres régions de la côte adriatique183. D’autres signes marquent parfois les tombes les plus prestigieuses de la nécropole184. Certains mobiliers sont tellement riches qu’ils pourraient être appelés « princiers »185 : c’est le cas de la t. 14, (fin Xe-début IXe siècle) qui comportait des ornements en bronze, assez proches des types liburniens et des objets de la riche tombe fouillée à Cupola en 1974186. D’autres tombes de la première moitié du VIIIe siècle ont dû appartenir aux membres de l’élite guerrière de Salapia. C’est le cas de la t. 115187 et de la t.231188, qui étaient probablement recouvertes, à l’origine, par un tumulus189. Elles montrent quelques analogies avec le riche mobilier d’un tumulus d’Arpi190, l’importante ville daunienne qui était liée à Salapia par des relations commerciales directes, selon le témoignage de Strabon191. Les tombes du VIe siècle se rapprochent de celles d’autres nécropoles de la région. L’association de la céramique de production locale et d’importation, comme les coupes « ioniennes » du type B2192, y est fréquente.
33L’existence d’une stratification sociale est donc bien évidente dans la nécropole de Salapia et non seulement du fait des différences entre les mobiliers. Un autre indice de ce phénomène est la présence des stèles sculptées, dont Salapia est le centre de production le plus important après Cupola193 (fig. 29). Bien que la typologie des sculptures de Salapia soit encore mal connue, le décor est assez caractéristique pour qu’on puisse parler de l’existence d’un atelier autonome dans ce site194. Comme on le verra par la suite, l’armement représenté sur quelques-unes de ces stèles correspond précisément aux objets des mobiliers des riches guerriers de Salapia195 (fig. 50). La limite chronologique de cette production est probablement le milieu du VIe siècle. À cette époque, des fragments de stèles ont été remployés pour les couvertures de quelques tombes de Salapia, ce qui paraît confirmer qua ce moment-là, cette production était déjà tombée en désuétude196.
34La physionomie de Salapia peut être mieux précisée grâce à d’autres éléments. Des fragments de céramique indigène, attribuables au « South Italian Proto-Geometic » (XIIe-Xe siècles) et au « Daunian Middle-Geometric » (VIIIe siècle)197 ont été retrouvés dans les péninsules II et III198. Cette céramique a dû avoir, selon Yntema, plusieurs centres de production199. On pourrait se demander si l’un d’eux n’était justement Salapia, d’autant plus que ce site a livré des restes de fours à céramique datant des IXe-VIIIe siècles, donc à peu près contemporains de ces productions céramiques. Déjà F. Tinè Bertocchi, décrivant ces structures artisanales relativement complexes, avait émis l’hypothèse que la céramique produite localement aurait pu être aussi destinée à l’exportation200.
35L’abandon définitif du site se produit, selon toute probabilité, au cours du Ier siècle av. n. è., car les traces d’habitations ne semblent pas dépasser cette époque201. Pour une fois, les résultats de la recherche archéologique sembleraient s’accorder avec le récit des sources littéraires anciennes. Vitruve (I, 4, 12) affirme que la ville avait dû être transférée in salubri loco, car l’environnement lagunaire était désormais devenu très malsain. L’identification du nouvel emplacement de la ville avec le site dit Monte di Salpi près de Trinitapoli202 est aujourd’hui unanimement acceptée203 (fig. 10, 4). Son port serait à identifier avec les restes de structures romaines, en partie submergées par la mer, découvertes près de l’actuelle Torre Pietra204.
36Le tableau de l’occupation archaïque dans cette région ne serait pas complet sans une brève note sur un site, Madonna di Loreto qui, même si son occupation ne paraît pas dépasser l’Âge du Bronze Final, est important pour comprendre les dynamiques du peuplement ancien de la lagune de Salpi. Près de Trinitapoli, à Madonna di Loreto (fig. 31), les fouilles récentes ont permis de découvrir un intéressant contexte, daté entre le Bronze Moyen et le Bronze Récent. Il s’agit d’un hypogée constitué par des galeries creusées dans le banc de calcaire, qui n’a pas encore été complètement exploré205. À l’intérieur de l’hypogée se trouvaient plusieurs (au moins 72) squelettes en position recroquevillée, appartenant pour la plupart à des adultes des deux sexes206. Le mobilier, assez riche, comportait surtout des objets de métal et d’ambre207. Plusieurs d’entre eux montrent des affinités assez précises avec quelques objets de la couche III de Grotta Manaccora. C’est le cas des épées type Pertosa, et, surtout, des pendentifs à spirale en bronze qui trouvent des parallèles assez précis sur la côte illyrienne208. Les ornements en ambre, pendentifs ou perles de colliers, sont assez nombreux. Là aussi, on a la preuve de l’intégration précoce de cette communauté dans un réseau d’échanges de vastes proportions, reliant l’Europe continentale à la mer Egée209. Or, le site de Madonna di Loreto était très probablement situé au bord de l’ancienne lagune, comme on le voit dans la restitution graphique que nous avons proposée (fig. 10). Cette hypothèse semble d’ailleurs être confirmée par un autre indice, à savoir les effets de résidus saumâtres sur l’état de conservation du mobilier210.
37En définitive, les sites de la lagune côtière au sud du Gargano montrent une vocation maritime indéniable et assez précoce. C’est le cas de deux communautés situées aux deux extrémités opposées de la lagune : Coppa Nevigata (ambres, métaux, céramiques mycéniennes) au nord, et Madonna di Loreto (ambres, métaux) au sud. Dans cet espace lagunaire, des dynamiques assez complexes d’occupation du territoire peuvent être envisagées. S’il est vrai, comme le remarque M. L. Nava, que l’occupation de plusieurs sites (Masseria Fandetti-Monte Saraceno, Salapia) ne connaît aucune solution de continuité entre l’Âge du Bronze final et le premier Âge du Fer211 on remarquera aussi qu’au cours du deuxième Âge du Fer, les deux sites de la plaine côtière, Cupola-Beccarini et Salapia, sont devenus les centres les plus importants de ce territoire, tandis que les autres semblent désormais avoir été abandonnés. Cette relation entre les sites pourrait trouver une confirmation dans l’unité culturelle très nette qui relie les centres de cette région. On peut situer ici le foyer de la production et de la diffusion des stèles dauniennes212 (fig. 29), phénomène qui est en revanche inconnu ou presque dans les sites, pourtant très proches, de la vallée de l’Ofanto. L’introduction d’éléments de provenance illyrienne est une autre caractéristique de ce territoire lagunaire, dès l’Âge du Bronze (Madonna di Loreto) mais aussi pendant le premier Âge du Fer, à Cupola et à Salapia : ces derniers sont, sous certains aspects, deux véritables sites « jumeaux ». Les mobiliers de leurs tombes princières sont dans quelques cas assez proches, sans compter qu a Cupola et à Salapia se trouvaient, avec toute probabilité, deux ateliers autonomes de production des stèles dauniennes. Toutefois, si leur importance est à peu près égale au cours du premier Âge du Fer, vers la fin du deuxième Âge du Fer, Salapia est devenu le centre le plus important de cet espace, lié peut-être aux importants sites de l’arrière-pays, à travers des réseaux qui ne sont pas faciles à reconstituer. Quant à l’organisation de l’espace urbain, les sites sont encore trop mal connus pour que l’on puisse arriver à des conclusions sur leur extension et sur les relations entre habitats et nécropoles. À Cupola ils semblent avoir occupé des aires contiguës. À Salapia il faudrait en revanche supposer une alternance d’habitat et de nécropoles, plutôt qu’une véritable coexistence. Dans ce dernier site des structures communes —le port et une fortification— sont installées déjà au VIIe siècle.
38L’axe qui relie Siponto et Salapia semble se prolonger vers l’arrière-pays, à travers le fleuve Candelaro, comme il apparaît, par exemple, dans l’image du satellite (fig. 14). Cette voie de communication signifiait l’accès à l’immense « cellier de blé » qu’est la plaine du Tavoliere, dominée par l’un des plus importants sites de l’arrière-pays, Arpi. Les relations entre ces sites côtiers et Arpi, attestée par Strabon (VI, 3, 9), semblent être confirmées par la reconstitution du paysage que nous avons proposée : Arpi pouvait être reliée aux habitats côtiers à travers le cours du Candelaro, qui avait son embouchure justement dans la lagune de Sipontum213. Ce lien avec l’arrière-pays peut d’ailleurs trouver une confirmation dans les événements historiques de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. : Sipontum est en effet la seule ville daunienne que les sources anciennes enregistrent parmi les conquêtes italiques d’Alexandre le Molosse. Comme le remarque F. Grelle, l’intérêt particulier du condottiere s’explique par le fait que ce site était le port de la vaste région fertile, dont Arpi était justement la ville dominante214.
LA BASSE VALLÉE DE L’OFANTO
39Le peuplement archaïque de la basse vallée de l’Ofanto est constitué par une série d’habitats relativement homogènes, qui montrent, pendant plusieurs siècles, les signes de l’influence culturelle et économique de Canusium, vraisemblablement le centre majeur de cette région (fig. 32).
40Malgré son énorme importance, le Canosa archaïque n’a jamais été étudié de manière systématique, pour des différentes raisons. Il faut d’abord considérer que la ville moderne s’est superposée en grande partie au site ancien, provoquant la destruction partielle de ce dernier. Les fouilles clandestines ont largement contribué à achever cette œuvre de dévastation. Il faut enfin ajouter que la topographie du site archaïque a été souvent négligée en faveur d’autres domaines d’enquête. Ainsi, si le Canosa hellénistique et romain a été très apprécié par les antiquaires du XIXe et par les archéologues du XXe siècle215, l’habitat de l’Âge du Fer a été fouillé seulement en moindre partie et de manière occasionnelle. Heureusement, on remarque aujourd’hui une reprise de l’intérêt sur cette question, qui doit beaucoup aux recherches menées sur le terrain par la Surintendance des Pouilles216. Quels sont donc les vestiges de l’habitat archaïque que nous connaissons à présent ? Un premier noyau se trouve dans la plaine qui a abrité le forum de la colonie antonine au IIe siècle apr. J.-C. Une cabane au fond arrondi (fig. 20 Β) a été ici partiellement fouillée217. Sa forme en abside n’est pas sans rappeler les huttes de Salapia218 ; à l’intérieur de la cabane, un grand pithos était installé dans une fosse revêtue d’argile crue. Les tessons céramiques retrouvés sur le sol pourraient dater du VIIIe siècle219. Aussitôt à l’ouest de cette zone, près du temple de Giove Toro, on avait retrouvé quelques années auparavant les restes de fours de potiers220, datés probablement entre le VIIIe et le milieu du VIIe siècle221, qui comportaient plusieurs tessons de la « Foot-Krater Class »222 (fig. 76, p. 299). C’est une confirmation du fait que cette importante céramique destinée en large partie à l’exportation, a été produite à Canosa. Les découvertes dans cette aire se poursuivent : très récemment, on a mis au jour plusieurs fragments de céramique qui paraissent confirmer une fréquentation ininterrompue dès le VIIIe siècle av. J.-C., jusqu’à l’Antiquité tardive223.
41Mis à part ce noyau assez cohérent, d’autres vestiges de la Canosa archaïque ont été décelés dans plusieurs secteurs de la ville moderne. Il s’agit des restes d’habitations et de tombes, datant du tout premier Âge du Fer jusqu’au début du Ve siècle224.
42Des noyaux funéraires ont été retrouvés au-delà des limites de la ville moderne. Dans la plaine proche du Trattura Regio, des tombes archaïques ont été retrouvées à la fin du siècle dernier. Au moins l’une d’entre elles pourrait se dater entre le milieu du VIIe et le milieu du VIe siècle225. Une tombe de la fin du VIe-milieu du Ve siècle, a été retrouvée près de la route moderne en direction de Lavello226.
43Mais le noyau le plus important de Canosa protohistorique a été certainement découvert à Toppicelli, un plateau situé à brève distance (2 km) d’une courbe du fleuve Ofanto (fig. 32). Les fouilles ont ici mis au jour des restes de fours, des bassins pour le décantage de l’argile, des fosses remplies de fragments céramiques. Il s’agit, évidemment, de structures destinées à la production céramique. Les tessons retrouvés dans les dépotoirs annexés au four appartiennent aux groupes « South-Daunian Subgeometric » I et II de la classification Yntema (compris entre le milieu du VIIe et le milieu du Ve siècle)227. Il est surtout à remarquer la présence de fragments du « South Daunian Subgeometric I » —ou « Foot-Krater Class »— céramique qui a été largement exportée, en Adriatique et dans la Péninsule228 (fig. 75). Or, le choix de l’emplacement de ces structures artisanales a certainement tenu compte de la possibilité d’utiliser les eaux du fleuve, soit pour la fabrication des vases, soit pour leur exportation maritime, car l’Ofanto était probablement navigable à l’époque. Strabon (VI, 3,9) parle d’un emporion fluvial de Canosa situé sur l’Aufidus à 90 stades (16 km environ) de son embouchure. Bottini et Lo Porto ont proposé d’identifier ce port précisément avec Toppicelli229 ; on reviendra plus tard sur cette proposition230.
44L’importance de ce noyau du Canusium archaïque est en tout cas confirmée par la richesse des objets retrouvés dans la nécropole située à côté de l’habitat. Les tombes fouillées, au nombre de treize, sont toutes à fosse rectangulaire, creusées dans le banc de tuf231. Elles sont concentrées sur le côté sud du « quartier artisanal » et, d’après la chronologie des mobiliers, elles semblent dater de la même époque. Cet ensemble funéraire est à plusieurs égards remarquable. Par exemple, la tombe 1/75 montre un rituel assez rare dans la région232 : les restes du défunt avaient subi une crémation partielle et avaient été déposés dans un lebès en bronze (fig. 62 Β), recouvert par un autre bassin à rebord perlé. Ce rituel renvoie, comme l’a bien vu M. Corrente, aux usages du côté tyrrhénien de la Péninsule, pratiqués par les élites de Cumes et de Pontecagnano233. Le mobilier funéraire comportait une riche série de vaisselle en bronze, elle aussi, de probable provenance tyrrhénienne, accompagnée par des vases indigènes, appartenant précisément à la « Foot-Krater Class »234 (fig. 76). L’importance de ce noyau de la nécropole de Toppicelli est d’ailleurs confirmée par la présence des kylikes attiques à figures noires (fig. 72 G) et de coupes B2, probablement d’origine coloniale235, dans les tombes de la deuxième moitié ou de la fin du VIe siècle.
45À courte distance de ce noyau de la nécropole de Toppicelli, une deuxième tombe princière archaïque a été découverte en 1989. La tombe était probablement surmontée à l’origine, par un tumulus236. Bien qu’en partie ravagée par les fouilleurs clandestins, la parure personnelle de la défunte reste très somptueuse237, ainsi que son mobilier funéraire. Ce dernier comprenait un lebes avec un bassin en bronze à large rebord décoré, sept bassins en bronze à rebord perlé, des broches et un couteau en fer. La vaisselle céramique était également extrêment riche : à remarquer la présence d’une grande olla et d’une quantité exceptionnelle de vases (environ 80) à décor géométrique, appartenant pour la plupart à la « Foot-Krater Class »238. Une coupe d’argent retrouvée en fragments a pu servir pour des libations rituelles ; elle est probablement le produit d’un atelier de la Campanie étrusque, influencé par des modèles phéniciens et nord-syriens239. La datation de ce complexe est fixée au dernier quart du VIIe siècle240. Dès lors, il serait extrêmement intéressant d’approfondir les relations topographiques de la tombe 1/89 avec le noyau fouillé en 1975, en particulier avec l’autre tombe princière, la t. 1/75. L’espace qui sépare les deux tombes princières est de 170 mètres environ. Si la présence d’une aire vide entre ces deux zones devait être confirmée par des sondages ultérieurs, on pourrait supposer l’existence de plusieurs groupes de sépultures, chacun disposé autour d’une tombe principale (t. 1/75 ; t. 1/89)241. Ce phénomène a été observé à la même époque dans d’autres centres de la vallée de l’Ofanto. À Lavello, tout au cours du VIIe siècle, les tombes sont disposées en plusieurs noyaux autour des habitations ; deux tombes princières, 277 et 279, sont situées à courte distance (13 m environ) et sont entourées d’autres sépultures. Cette organisation de la nécropole de Lavello a été expliquée comme la repercussion de l’articulation existante dans la société indigène242. Dans le cas de Toppicelli, on a envisagé une division sur la base de l’appartenance à différents groupes familiaux243.
46Les fouilles de Toppicelli ont décelé encore d’autres éléments importants pour la connaissance de la Daunie archaïque. Au-dessus d’un four de la deuxième moitié du VIIe siècle, se trouvaient les fondations d’un petit oikos, constituées de blocs carrés de calcaire, avec un appareil très soigné244 (fig. 33 C). Le plan de la structure —dont les mesures correspondent à un multiple du pied attique245 — ainsi que son décor architectural —sur lequel nous reviendrons par la suite— montrent une influence évidente de modèles grecs, probablement grecs d’Occident. Certes, les terres cuites architecturales ne peuvent, à elles seules, constituer la preuve de l’existence d’édifices de type grec246. Mais puisque les analogies concernent ici également le module choisi pour la structure de l’édifice, l’intervention d’artisans formés en milieu grec, probablement colonial, est assez vraisemblable. Quant à la reconstitution de cette structure, les opinions sont divergentes et il est particulièrement à regretter l’absence de relevés et d’une édition systématique du matériel247. Voyons donc quelles sont les principales interprétations qu’on a proposées. F. G. Lo Porto interprète la structure de Toppicelli comme un « probabile naiskos » avec un plan à oikos comme à Serra de Vaglio ou bien à megaron comme à Lavello et Rutigliano. Les murs qui entourent cette structure, respectant son orientation, sont interprétés par Lo Porto comme un portique avec des locaux annexes, peut-être des entrepôts248. A. Russo a proposé une reconstitution très différente de ce complexe architectural. Elle envisage l’existence de deux oikoi à plan rectangulaire, de différentes dimensions249, reliés par un mur, faisant probablement partie d’un grand portique, de 49 mètres de longueur250 (fig. 33 Β).
47Le module de base de ce complexe —l’oikos à plan rectangulaire— est bien attesté dans les sites indigènes des VIe-Ve siècles, comme Monte San-nace ou Lavello-San Felice251. Mais l’ensemble oikoi-portique disposés selon un plan orthogonal a une seule comparaison possible en Italie Méridionale, à savoir l’édifice de Braida di Serra di Vaglio. En revanche, il peut être mieux rapproché des palais d’Étrurie méridionale (par exemple Murlo) datés de la deuxième moitié du VIIe siècle252.
48Évidemment, la reconstitution de cette structure touche aussi à la question très complexe de son utilisation, sur laquelle nous reviendrons plus tard253. Pour le moment, nous allons approfondir quelque peu le riche décor de l’oikos. Le couronnement du bâtiment était décoré de simae « à baldaquin » polychromes (fig. 34 A-B), qui devaient mesurer à l’origine 60 cm environ, longueur correspondant à peu près à deux pieds attiques254. Le bord supérieur était décoré de palmettes et de fleurs de lotus ajourées. Le profil de la sima montre un élément à bec de courbin décoré de feuilles lancéolées. Le bord inférieur est peint avec un motif de méandres à svastikas et carrés, où sont inscrites des rosettes à six pétales255. Des gouttières en forme de protomes de lions et des appliques en forme de rosettes complétaient ce riche décor. Ces éléments décoratifs représentent une nouveauté absolue dans l’architecture des sites indigènes de la Daunie. Un rapprochement très précis a été remarqué par A. Russo avec les fragments architecturaux provenant de l’acropole de Monte Sannace256, en Peucétie, datés de la seconde moitié du VIe siècle. A. Russo a proposé d’attribuer les terres cuites de Monte Sannace et de Canosa au même atelier257. Ceci nous paraît très probable, aussi en raison de la nature particulière de ce travail artisanal, qui suppose une maîtrise technique qui ne devait pas être très répandue. À cette série très homogène de décors architecturaux, nous ajouterions un fragment architectural de Gravina datant de la fin du VIe ou du début du Ve siècle258 qui montre exactement le même décor des terres cuites de Toppicelli. Or, c’est bien dans les cités coloniales d’Occident que nous trouvons les meilleures comparaisons pour ces décors indigènes. Les terres cuites de Toppicelli et de Monte Sannace sont effectivement très proches de quelques simae de Tarente259 et de quelques toits de Métaponte (fig. 34 E) et de Poseidonia260, qui datent autour de la fin du VIe siècle ou du début du Ve siècle. Les affinités sont très pointues: on y retrouve le motif du méandre alterné à des fleurs, ainsi que les appliques plastiques en forme de rosettes et de protomes de lion. Nous ajouterions à ces comparaisons un autre fragment de Tarente, conservé dans une collection allemande261, une sima d’Hipponion de la fin du VIe siècle262, ainsi qu’un fragment de sima du temple d’Hera Lacinia à Crotone263.
49Peut-on reconnaître l’influence prépondérante d’une colonie d’Occident dans la transmission de ces modèles ? Les éditeurs de Monte Sannace attribuent un rôle important à Tarente, soulignant en même temps la fonction décisive de Métaponte264. Il est vrai que, pendant l’archaïsme récent, les terres cuites architecturales de Tarente sont elles-mêmes profondément influencées par la cité achéenne, comme G. Andreassi l’a souligné265. En fait, c’est à Métaponte qu’on peut situer non seulement le foyer d’une tradition architecturale, mais aussi le point de croisement de plusieurs courants de style, attestés depuis la Sicile jusqu’au côté tyrrhénien, à Poseidonia266. C’est certainement Métaponte qui « exporte » modèles, moules, voire artisans spécialisés en direction d’un autre site indigène d’importance fondamentale, Serra di Vaglio267. Il nous semble donc probable que Métaponte a pu être le centre de rayonnement de ces influences même dans nos régions268. D’autant plus que la diffusion des terres cuites dans certains sites indigènes (Botro-magno) semble correspondre à un chemin traditionnellement exploité par la cité achéenne, à savoir l’itinéraire fluvial du Bradano.
50Les relations topographiques de l’ensemble architectural de Toppicelli avec le site antique de Canosa restent problématiques. A. Russo a souligné la marginalité de ce contexte par rapport au centre urbain, qui s’expliquerait par l’ensemble des fonctions —religieuses et commerciales— qu’il faut attribuer à Toppicelli269. L’hypothèse est sûrement séduisante. Nous y reviendrons dans notre bilan conclusif, car cette question s’entremêle avec celle de la définition de l’emporion de Canosa, évoquée par Strabon270. Une question se pose néanmoins, d’ores et déjà : si Toppicelli est en position marginale, où se trouve le « centre » de la ville antique et quelle était son extension? En fait, la colline qu’on appelle couramment l’acropole —ou l’acropole naturelle— de Canosa n’a jusqu’ici livré presque aucune trace de fréquentation archaïque271, si on exclut un fragment architectural similaire à ceux de Toppicelli, conservé au Musée de Canosa272. À l’heure actuelle, il nous paraît plus convaincant de suivre la conjecture de De Juliis273, qui souligne que les restes de l’habitat de l’Âge du Fer ont tous été retrouvés dans la plaine, comme nous l’avons vu plus haut, tandis que l’occupation de « l’acropole » ne semble pas être antérieure au IVe siècle, comme d’ailleurs à Cannes. Toppicelli pourrait donc avoir été l’un des noyaux dont le Canosa archaïque se composait. Ce qui n’empêche nullement d’attribuer à cet établissement une importance décisive pour les productions artisanales et les échanges, ainsi que pour les implications sociales déjà soulignées. Ce n’est pas un hasard si l’on trouve justement sur ce site les seules importations grecques —notamment attiques— connues à Canosa.
51En remontant vers l’embouchure de l’Ofanto, sur sa rive droite, on rencontre d’abord le site de Cannes (fig. 35). L’habitat de l’Âge du Fer a dû comprendre plusieurs noyaux épars dans la plaine qui entoure le fleuve. L’occupation de la colline qui domine cette plaine, Monte Canne, ne semble pas antérieure au IVe siècle. Elle coïncide ou suit de près l’abandon des secteurs plus anciens de l’habitat, situés dans la plaine274. Les fouilles commencées au cours des années 1930 se sont poursuivies de façon assez irrégulière jusqu’à ces dernières années ; les résultats des fouilles réalisées pendant les années 1930 sont mal connus275. De la zone de la Masseria Boccuta proviendraient des fragments de céramique attique de la fin du Ve siècle, un chapiteau dorique en tuf et des vases en « impasto » du premier Âge du Fer, utilisés pour des enchytrismoi, ainsi que leurs mobiliers en bronze, en ambre et en os, jamais publiés276. Des restes de la nécropole archaïque ont été découverts au lieu-dit Pezza del Monte277. Les recherches récentes ont toutefois repris et mieux précisé les observations de Gervasio ; ainsi, un secteur de la nécropole du premier Âge du Fer a été retrouvé au pied de la colline de Saint Mercure à proximité de la gare de Cannes, dans une zone qui avait été partiellement explorée. Il s’agit d’un tumulus entouré par un cercle de pierres, qui couvre une sépulture destinée à plusieurs defunts adultes ; le mobilier comportait de la céramique du Protodaunien278.
52On dispose de données plus détaillées sur un autre noyau important du site archaïque, découvert en 1985 près de la Masseria Antenisi279 (fig. 35). On y a retrouvé une tombe du premier Âge du Fer280, ainsi que des cabanes au plan arrondi, délimitées par de nombreux trous de poteaux qui témoignent de leurs réfections successives (fig. 20 C). Leur typologie a été comparée à celle d’un autre site de la vallée intérieure de l’Ofanto, Lavello281. La datation des huttes, faute d’une analyse intégrale de tout le matériel de la fouille, demeure imprécise. Des fragments classés par les éditeurs comme « proto-dauniens »282 et « de tradition protovillanovienne »283 se trouvaient à l’intérieur des cabanes plus anciennes. Dans les couches les plus récentes, on a retrouvé des tessons attribués au « Daunio » I et II de la classification De Juliis284. Grâce à cette fourchette chronologique, on arrive à conclure que ce site aurait été occupé dès les IXe-VIIIe siècles jusqu’au Ve siècle, lorsque les cabanes auraient été remplacées par des habitations aux fondations en pierre, qui semblent imiter le plan arrondi des cabanes plus anciennes285. Quelques toits étaient décorés par des terres cuites architecturales286 ; des antéfixes du même type avaient d’ailleurs déjà été retrouvées hors contexte, dans l’habitat287. Elles pourraient bien être comparées à des antéfixes de Gravina, datées de la fin du VIe siècle288. Cette évolution architecturale du site semble maintenant confirmée par une importante découverte réalisée en 1995 par M. Corrente. À peu de kilomètres du site ancien, entre Cannes et Barletta (au lieu-dit Pezza la Fontanella), les sondages de M. Corrente ont mis au jour les fondations et le dallage d’un imposant édifice de la fin du VIe siècle, décoré par des simae en terre cuite, comparables aux terres cuites architecturales de Toppicelli289. Ces découvertes montrent que Toppicelli n’était peut-être pas isolé dans la vallée de l’Ofanto mais qu’il était intégré dans un réseau d’habitats qui longeaient le cours du fleuve.
53Sur la côte adriatique, près de l’embouchure de l’Ofanto, on retrouve un autre site indigène en rapport très étroit avec Canosa, qui apparaît dans la Tabula Peutingeriana sous le nom de Bardulos (fig. 11) et correspond à la ville moderne de Barletta. L’étude des mobiliers funéraires ainsi que les recherches d’archives sur les découvertes dans le centre urbain amènent à conclure que ce site côtier a été fréquenté au moins à partir du dernier quart du IVe siècle290. Cette conclusion a été confirmée par les fouilles réalisées dans les années 1990, à l’occasion des travaux de restauration dans la Cathédrale291. Or, la typologie des tombes et des mobiliers montre des analogies indiscutables entre Barletta et Canosa : il est certain que Bardulos a été à partir du IVe siècle l’escale maritime du site plus important de l’arrière-pays292. Peut-on supposer que ce rapport existait déjà à une époque plus ancienne? D. Yntema pense que Barletta et Salpi étaient, déjà aux VIIe-VIe siècles, les principaux débouchés côtiers pour l’exportation de la céramique indigène293. Cette hypothèse se fonde sur l’existence de trois vases de la « Foot-Krater Class », conservés au Musée de Bari, que Mayer considère comme provenant de Barletta294. Toutefois, les contextes funéraires retrouvés dans la ville ne permettent pas, à l’heure actuelle, de remonter au-delà de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Nous croyons que nous sommes finalement obligés de laisser ouverte la question : nous espérons qu’elle sera prise en compte dans les enquêtes futures sur le site.
54En définitive, une large unité culturelle paraît marquer aussi les centres de la basse vallée de l’Ofanto au long des différentes périodes historiques. Les sites de cette région ont une structure caractéristique, répartie dans plusieurs noyaux indépendants d’habitations et de nécropoles. On retrouve cette même organisation à Cannes (Masseria Antenisi, Madonna del Petto), à Lavello (S. Felice, Contrada Casino), à Canosa elle-même (Toppicelli, Regio Trattura, rue Bacone). Cette fragmentation pourrait correspondre à une articulation sociale par groupes familiaux ou claniques, chacun dominant une partie du territoire. On a par exemple remarqué à Lavello une coïncidence significative entre la mise en place d’une telle division de l’espace et l’essor d’une forte hiérarchisation sociale, au cours du VIIe siècle av. J.-C.295. Aux confins avec la Peucétie, la communauté de Minervino a dû jouer un rôle clé au moins à partir des VIIe et VIe siècles, et peut-être même avant, comme M. Corrente l’a bien montré par ses recherches récentes296.
55Au cours du premier Âge du Fer, le même type de cabane à profil « subcirculaire » se trouve à Cannes et à Lavello297. Vers la fin du VIe siècle à Cannes et, de manière encore plus radicale, à Canosa, on assiste à une profonde transformation des édifices. Leur décor architectonique est probablement l’œuvre d’artisans grecs d’Occident, qui ont dû prêter leurs services aussi auprès des élites indigènes de la Peucétie, à Gravina et à Monte San-nace. À Cannes et à Canosa, l’espace des habitations et des relatives nécropoles apparaît morcelé en plusieurs noyaux dont les rapports réciproques sont à vérifier. S’agit-il, comme l’on a supposé pour Banzi, d’un réseau continu de petites agrégations de cabanes298 ? Ou faut-il imaginer plutôt un phénomène de synoecisme entre plusieurs villages ? Cette deuxième hypothèse est peut-êtreêtre la plus probable, car les habitations sont parsemées dans un espace trop vaste pour pouvoir supposer un tissu urbain continu. En outre, des structures identiques —fours de potiers— se retrouvent dans les différents quartiers de certains habitats —par exemple à Canosa— ce qui fait penser plutôt à l’existence de plusieurs milieux indépendants. Il faut peut-être se figurer pour cette époque des réseaux de sites qui peuvent avoir exercé des fonctions urbaines et collectives —de défense et de productions— avant d’avoir atteint une forme urbaine proprement dite299. Dans ce réseau, Toppicelli doit avoir joué un rôle sans doute fondamental. Soit qu’on suppose, avec Lo Porto et Bottini, que c’était l’emporion fluvial de Canosa, soit qu’on préfère y reconnaître, avec De Juliis, l’un des noyaux du village archaïque, la fonction essentielle de ce site dans les activités de production et d’échange est indiscutable. Une profonde modification dans l’organisation de l’espace peut être aperçue au cours du IVe siècle, probablement en rapport avec la pénétration romaine dans la région. À ce moment, Toppicelli et Cannes-Antenisi sont utilisés comme des nécropoles, alors qu’en même temps les « acropoles » qui leur correspondent sont occupées de manière définitive et pourvues de mur d’enceinte300. Les petits noyaux de la plaine sont apparemment abandonnés en faveur des sites de hauteur, mieux protégés. Ces dynamiques de réorganisation de l’espace pourraient expliquer l’attribution d’un rôle plus actif à l’escale maritime de Bardulos, à l’embouchure de l’Ofanto301.
CARACTÈRES ET DISTRIBUTION DU PEUPLEMENT CÔTIER
56L’image des importuosa litora ne paraît plus convenir à l’espace adriatique que nous avons redessiné, où la mer et l’exploitation de ses ressources semblent avoir compté beaucoup plus qu’on n’a pu souvent l’affimer. D’autre part, ce paysage est beaucoup moins unitaire et homogène qu’il n’apparaît à un premier regard. Il se compose d’une série de petites unités territoriales, que les éléments naturels, tels les cours des fleuves, ont contribué à définir. Une large partie des activités de subsistance et de production dans ces régions côtières était fondée sur les précieuses ressources de la mer. Les nombreux sites installés sur la côte, à proximité de lagunes et de fleuves, semblent avoir profité au mieux de leur environnement. L’Adriatique alimenos paraît ainsi le produit d’une construction mentale de la culture géographique ancienne302 plus que d’une véritable réalité spatiale. Quelles conclusions pouvons-nous en tirer ? Il n’est pas question de remplacer une forme de déterminisme géographique par une autre ; ainsi, il serait bien sûr erroné de conclure que si des points d’abordage ont existé, une activité commerciale a dû nécessairement exister. Mais il n’est plus question aussi, d’évoquer l’absence des ports pour rendre raison des formes économiques qui se sont développées sur cette côte adriatique : c’est désormais dans le domaine historique qu’il faut chercher l’explication à la présence ou à l’absence du commerce dans nos régions côtières.
57Les caractères du peuplement, quant à eux, invitent à une réflexion ultérieure. À l’époque archaïque, les confins entre le Samnium et la Daunie côtiers n’étaient pas une ligne nettement définie. En tout cas, ils échappaient aux formes nettes de démarcation qui semblent s’affirmer beaucoup plus tard, avec l’organisation administrative d’Auguste. Ettore Lepore l’avait bien vu : la frontière du Samnium avant les Romains « era tutto il contrario di una frondera : si trattava invece di poli di apertura di una frontiera »303. Ainsi, Campomarino paraît être le plus septentrional des sites dauniens, par l’organisation de son habitat, par la structure de ses cabanes, par sa céramique peinte. Larino semble plutôt graviter vers l’intérieur et Termoli est plus décidément tourné vers le nord, vers cette région moyenne de l’Adriatique où l’influence picénienne est dominante304. D’ailleurs, ces mêmes problèmes de définition culturelle et ethnique se retrouvent à propos des confins entre le territoire samnite et le Picenum305. Il faudra tenir compte de tous ces aspects spécifiques de ces régions pour pouvoir correctement aborder, dans les prochains chapitres, le thème de la circulation des objets et des biens.
Notes de bas de page
1 En paraphrasant YNTEMA 1990, 111.
2 Les fouilles furent effectuées à la suite des découvertes fortuites, en occasion des travaux de construction d’une route dans la localité de Difensola. En effet, plus que de véritables fouilles, il s’agit de la récupération par les membres de l’Archéoclub, du matériel retrouvé au cours des travaux, qui aurait été autrement dispersé ou détruit (GRAVINA & DI GIULIO 1982, 61, note 1 ; GRAVINA 1984,3). Les conditions dans lesquelles les fouilles ont été menées invitent à une grande prudence dans l’utilisation des résultats. On a par exemple des données assez vagues sur la provenance des fragments de céramique et des objets en métal, pour la plupart retrouvés dans les tas de pierres qui entouraient l’habitat sur les côtés nord et ouest.
3 Les fouilles régulières dans cette même zone, effectuées par la Surintendance, commencèrent au début des années 80 ; des résultats partiels ont été publiés dans plusieurs notes et communications : voir DI NIRO 1986, 23 ; DI NIRO 1991.
4 GRAVINA & DI GIULIO 1982, 19.
5 Comme le supposent aussi les éditeurs de la fouille (GRAVINA & DI GIULIO 1982, 19) et comme on a pu le voir dans le chapitre précédent.
6 Ces cours d’eau sont, en direction nord-sud, le Vallone del Giardino, le Vallone della Guardia, le Vallone delle Canne, le torrent Saccione : voir à ce propos A. DI NIRO dans Samnium, 35.
7 Il est difficile de mieux définir les relations chronologiques entre ces parties de l’habitat, le fossé et le mur d’enceinte, car aucun relevé de ces structures n’a été publié. À proximité du fossé on a retrouvé une sépulture d’enfant en position recroquevillée, datée du VIe siècle (DI NIRO 1984, 190), mais les relations stratigraphiques de cette tombe avec le mur ne sont pas mieux précisées (A. DI NIRO dans Samnium, 36).
8 DI NIRO 1989, 23 : « la frequentazione dell’area sembra si sia protratta dal IX al VII secolo a. C. » ; A. DI NIRO dans Samnium, 38 : « per le strutture messe in luce e sopra descritte si può per ora indicare solo una generica attribuzione al Bronzo Finale-prima età del Ferro ».
9 TAGLIAMONTE 1996, 48 ; 105.
10 Comme le suppose DI NIRO 1984, 189 ; A. DI NIRO dans Samnium, 38.
11 DE JULIIS 1984 A, 152. Dans le site daunien on a même reconnu deux phases chronologiques du système de défense de l’habitat. Le plus ancien, constitué par une levée de terre et un fossé, aurait été remplacé après le dernier quart du VIe siècle par un mur en pierre sèches.
12 Les cabanes fouillées jusqu’à présent sont seulement au nombre de trois, dont une seule a été entièrement explorée. Cette dernière aurait un plan de 4 m de largeur et de 8 m de longueur ; voir à ce propos : DI NIRO 1984, 189 ; DI NIRO 1989, 23 ; A. DI NIRO dans Samnium, 36-37. Le plan partiel de la cabane est reproduit p. 37, pl. 3.
13 Sur lesquelles voir plus en détail infra, 124.
14 D’ANDRIA 1988, 657 ; 660.
15 TAGLIAMONTE 1996, 50.
16 BAILO MODESTI 1980, 104-142 ; RUSSO TAGLIENTE 1992, 82.
17 Vingt-deux tombes sont publiées dans DI NIRO 1981 Β ; une autre tombe dans Sannio 1980 ; deux tombes dans Samnium, 85-86. Parmi les sépultures de cette nécropole, 86 étaient intactes, les autres étaient déjà pillées, comme le signale A. DI NIRO, dans Samnium, 67, note 8 ; TAGLIAMONTE 1996, 105.
18 DI NIRO 1981 A, 14 ; DI NIRO 1981 B, 57 ; DI NIRO 1989, 42.
19 DI NIRO 1981 B, 57-58 ; A. DI NIRO, dans Samnium, 71.
20 DI NIRO, dans Samnium, 65.
21 DI NIRO 1981 A, 7 ; 1981 B, 13.
22 Comme l’on verra dans les pages suivantes, 125 ; 131 sqq.
23 A. DI NIRO dans Samnium, 66, note 7 : cette hypothèse s’appuie sur la découverte d’habitations et d’un four du IIIe siècle dans la même zone de la nécropole. On ne précise pas, toutefois, si la nécropole était utilisée en même temps que ces autres structures. À une époque encore plus tardive (IIe-Ier siècles) remonterait un fossé avec un sol en cailloux, dont la fonction n’a pas pu être interprétée avec certitude, à cause des conditions difficiles de la fouille (DI NIRO 1981 B, 13).
24 Des notes concises sur ces fouilles se trouvent dans DI NIRO 1986, 153 ; DI NIRO 1990, 119 ; A. DI NIRO dans Samnium, 65 sqq. ; un résumé est donné dans TAGLIAMONTE 1996, 105-107.
25 Voir le casque de type picénien signalé par DE NINO 1901, 24-25, assez proche d’un autre exemplaire retrouvé à Guglionesi grâce à une découverte fortuite dans les dernières années ; sur ces matériaux voir infra, 193.
26 C’est probablement la datation à attribuer à un type de bassin en bronze de la tombe 1 de Guglionesi et à un casque de type picénien, sur lesquels voir infra, 193, 244 sqq.
27 DE FELICE 1994.
28 DE FELICE 1994, 24-25.
29 DE FELICE 1994, 25 : pour les découvertes de céramique daunienne —ou de type daunien— dans le territoire de Larinum, voir ibid., n. 38 (Colle Masilli), n. 170 (San Barbato), n. 252 (Fonte Giammarco), n. 287 (Fonte Focolare), n. 281 (nécropole de Monte Arcano) ; dans le centre urbain moderne : ibid., n. 1, 19 (S. Primiano), n. 1, 61 (Piano S. Leonardo), n. 1, 79 (Amphithéâtre).
30 DE FELICE 1994, 26 ; pour la typologie des stamnoi voir infra, 261.
31 Il s’agit de tombes en fosse, creusées dans le terrain argileux, peut-être recouvertes à l’origine par un petit tumulus de cailloux. Certaines étaient pourvues de dalles figées verticalement dans le terrain (A. DI NIRO, dans Samnium, 66 ; DE FELICE 1994, 175, n. 281.
32 DE FELICE 1994, 176, n. 287 ; débris du mobilier d’une tombe archaïque ; l’un des vases est comparé aux exemplaires du Subgéométrique Daunien II De Juliis (550-400 av. J-C.). D’autres fragments de céramique daunienne proviennent de prospections dans la même zone.
33 Trouvailles signalées par DE FELICE 1994, 175, n. 278 : il s’agit de fragments de tuiles, de céramique à vernis noir et de céramique protoapulienne, probablement provenant de tombes à fosse couvertes de tuiles, découvertes dans la même aire.
34 DE FELICE 1994, 175, n. 279 ; des traces considérables de fréquentation d’époque romaine sont également présentes dans cette aire.
35 Découverte signalée par A. DI NIRO, dans Sannio 1980, 300-301.
36 DE FELICE 1994, 40 : « (...) è in piano San Leonardo che si trovano sicure evidenze archeologiche di un insediamento abitativo di età arcaica (corrispondente allo strato E di uno scavo effettuato nella zona) ».
37 Pour une brève note sur ces découvertes voir A. DI NIRO, dans Sannio 1980, 289.
38 DE FELICE 1994, 61, n. 1, 61, signale des trouvailles de céramique de type dau-nien près de la Casa di Riposo.
39 DE FELICE 1994, 25, note 62, signale la découverte encore inédite, près de l’amphithéâtre, de tombes et d’un revêtement de sol en galets d’époque archaïque. D’autres « tracce di frequentazione arcaica » ont été retrouvées dans l’aire de l’amphi-téâtre et du Palais de la Préture : elles sont également signalées par DE FELICE 1994, 40, note 181, n. 1, 50, et 1, 79. D’autres trouvailles de céramique daunienne se situent autour de la Casa di Riposo : voir DE FELICE 1994, 40, n. 1, 61.
40 A. DI NIRO, dans Samnium, 65-66 : les mobiliers sont inédits.
41 Ces tombes, retrouvées près du cimetière de la ville moderne, pourraient constituer « l’indizio di una necropoli ». L’une d’elles a livré deux vases de type dau-nien, datés de façon plutôt générique, entre le milieu du VIe et la fin du Ve siècle : DE FELICE 1994, 47-48, n. 1, 19 ; 49, fig. 22-23. Un autre noyau de tombes archaïques pourrait être identifié près du km 199 de la route moderne, Statale Sannitica : ibid., 48-49, n. 21.
42 DE FELICE 1994, 141-142, n. 56, 57, 60. Pour les stamnoi, voir infra, chapitre V, 261-262.
43 DE FELICE 1994, 108-111, n. 139-142, qui a systématiquement vérifié le tracé de cette muraille, mentionnée dans les chroniques locales du siècle dernier. Il a ainsi pu retracer le parcours de cette fortification, s’étalant au nord de l’actuelle Larino pour une longueur de 740 mètres ; la base de ce terre-plein est large en moyenne de 14 à 18 mètres, pour une hauteur de 7-8 mètres environ.
44 Dans cette zone sont aussi signalées par des témoignages oraux, des tombes du premier âge du Fer, comme le signale DE FELICE 1994, 113, η. 148, fig. 139.
45 DE FELICE 1994, 110.
46 BARKER et al. 1978, 47.
47 Les témoignages de Cicéron (Pro Clientio 161) et de Varron (2,2,9) sont explicites à ce sujet : comme le remarquent GABBA & PASQUINUCCI 1979, 51, « (...) la città di Larinum (...) situata presso una delle principali calles, era un punto di passaggio obbligato per il bestiame transumante ». Cet itinéraire de transhumance sera longuement emprunté, jusqu’à l’époque médiévale et moderne ; voir GABBA & PASQUINUCCI 1979, 172 et 177 ; BRAUDEL 19909, 79.
48 Ces parcours, rejoignant Larinum au littoral adriatique, ont été analysés par ALVISI 1970, 50 sqq.
49 Voir ALVISI 1970, 68 sqq. ; une reconstitution de ce parcours se trouve à la fig. 47.
50 Dans ce paysage se poursuivent, en remontant de la côte vers l’intérieur, une vallée plate entre l’embouchure des fleuves Sinarca et Biferno, près de Termoli, une zone de petites collines autour de Guglionesi, la vallée du Biferno et de son affluent, le Cigno, la plaine et les collines de Larino (BARKER et al. 1978, 36).
51 Voir les plans reproduits dans BARKER 1977, 22, pl. 2, et 23, pl. 3 : la zone 3 comprend la plaine près de Termoli et des embouchures du Biferno et du Sinarca ; la zone 2 est celle des collines de la moyenne vallée, près de Larino et de Guglionesi ; la zone 1 se situe près de Campobasso, et comprend les collines et les montagnes au pied du Monte Matese.
52 BARKER et al. 1978, 42 : bien que l’examen de la chronologie du matériel ne soit pas encore définitif, les sites les plus anciens ne semblent pas remonter au-delà de la fin du Ve siècle. Ils auraient livré de la céramique de type attique à vernis noir et de la céramique apulienne à figures rouges.
53 Cette recherche était centrée sur la collecte en surface des tessons ainsi que sur l’analyse sédimentologique du terrain et sur l’examen des restes paléobotaniques ; elle a été suivie par la fouille de quelques zones choisies comme échantillon. La recherche se proposait de confronter les données archéologiques et environnementales pour arriver à définir les choix des établissements humains par rapport à la géographie de la région. Sur les résultats acquis voir BARKER 1977, 20 sqq. ; BARKER et al. 1978, 35 sqq. ; LLOYD & BARKER 1981, 289 ; HODGES & W1CKHAM 1981, 305 sqq. ; BARKER 1995, 285-297.
54 Comme le remarque TAGLIAMONTE 1996, 104.
55 Montani atque agrestes : c’est l’image que Tite-Live (IX, 13, 7) a transmise des Samnites.
56 Voir SALMON 1967, 77, pour lequel la pauvreté de documents archéologiques sur les Samnites s’explique avec le caractère provisoire et la pauvreté des habitations de ce peuple de bergers.
57 BARKER 1977, 24 (résultats des analyses des restes botaniques provenant de la fouille d’une ferme) ; LLOYD & BARKER 1981, 299 sqq.
58 BARKER 1977, 23.
59 BARKER et al. 1978, 43-44.
60 Ce sont les sites Β 102, près de Guglionesi, et A 198, près de Larino ; tous les deux ont une dimension de 500 x 500 m environ (LLOYD & BARKER 1981, 299) ; ils bordent une route moderne qui pourrait avoir repris un itinéraire plus ancien.
61 Ce site est placé par l’Itinerarium Antonini entre Histonium (Vasto) et Larinum ; bien que les distances réelles ne correspondent pas avec précision à celles de l’Itineraire, on peut s’expliquer ces erreurs avec la conformation particulière de la route (LLOYD & BARKER 1981, 299).
62 LLOYD & BARKER 1981, 292 sqq. Comme le remarque BARKER 1977, 22, malgré les changements fondamentaux de caractère historique et politique qui se vérifient dans le Samnium avec la romanisation, aucune modification importante dans l’occupation du territoire ne peut être enregistrée sur la base des données archéologiques.
63 BARKER et al. 1978, 50.
64 BARKER 1977, 21-22 ; BARKER et al. 1978, 45, remarque la préférence de l’agriculture méditerranéenne pour les terrains sableux et friables.
65 BARKER et al. 1978, 48 sqq. ; BARKER 1995, 292-293 : l’expansion démographique et les phénomènes associés (déboisement, implantation de cultures intensives) s’intensifièrent au Ier siècle av. J-C. Ils provoquèrent le déboisement de la région et eurent « a dramatic effect on the landscape in terms of soil erosion ».
66 Comme on peut le supposer d’après les portulans du Moyen Âge : voir supra, chapitre II, 48-49.
67 Strabon V, 4, 2.
68 Cette possible « appropriazione violenta di beni ο di controllo delle vie di comunicazione » est également évoquée par TAGLIAMONTE 1996, 123. En même temps, G. Tagliamonte exclut que cette activité était pratiquée sur les biens circulant par la voie maritime : « nella zona costiera frentana non pare esservi alcuno spazio per attività collegate al mare » (ibid.). Toutefois, la distribution des matériaux picéniens (casques) et dauniens (céramiques) notamment dans les sites côtiers, pourrait contredire cette affirmation.
69 Comme l’attestent les traces d’installation des pithoi retrouvées dans ces cabanes : voir supra, 92.
70 Voir supra, 98 sqq.
71 Sur ces trouvailles nous disposons simplement de quelques mentions assez rapides publiées par ANGELUCCI 1872 et ANGELUCCI 1876. L’Auteur n’étant pas un archéologue, il s exprime quelquefois de façon imprécise, ce qui demande un effort d’interprétation.
72 MARIN 1988, 25-26.
73 V. RUSSI, dans Uria garganica, 76 (Lesina) et 91 (Isola di Varano).
74 Pour la typologie des nécropoles du Gargano, voir DE JULIIS 1984 A, 138.
75 Les mobiliers contenaient en fait des fibules à spirale et des fragments de bracelets à spirale en bronze, ainsi que quelques vases en « impasto » (DRAGO 1959, 322-323).
76 MARIN 1988, 26 ; sur les traces d’une fréquentation romaine et paléochrétienne dans ce même site voir V. RUSSI, dans Uria garganica, 85-86.
77 Selon la reconstitution proposée par V. RUSSI, dans Uria garganica, 93.
78 Pour les découvertes du XIXe siècle, voir ANGELUCCI 1872, 7 ; 45. Les objets décrits sont des perles en verre, des pendentifs (dont le matériel n’est pas spécifié), des armes et des ornements en bronze, dont une lance, des fibules, des bracelets. L’un de ces bracelets, (ibid., 7) était en bronze, à lame plate à rainures parallèles. Un type de fibule peut être identifié à travers la comparaison établie par Angelucci avec des exemplaires provenant d’Ordona (ANGELUCCI 1872, 45, pl. 24). Il s’agit du type à arc serpentant et pied à disque, une typologie déjà connue pour d’autres sites du Gargano (MONTELIUS 1895, pl. XV, n. 214). D’autres mobiliers sont décrits par V. RUSSI, dans Uria garganica, 95 : il s’agit de « tombe a pozzetto a sezione trapezoidale », qui dateraient des Ve et IVe siècles ; les mobiliers comportaient des vases « d’impasto bruno », quelques vases « in stile geometrico ο verniciati in nero, di tipo ellenistico » ainsi que des fibules en bronze, des pendentifs à double spirale et des pointes de lance.
79 La tombe, découverte en 1978, a été publiée par FIORENTINO 1981. Sa forme trapézoïdale est caractéristique des sépultures du Gargano. Le mobilier comprenait des coupelles en « impasto » ainsi que des ornements d’ambre et de métal typiques des nécropoles adriatiques des VIIe-VIe siècles.
80 V. RUSSI, dans Uria garganica, 94-95.
81 Selon ANGELUCCI 1872, 8-9, les tombes de la nécropole de Monte Tabor avaient été déjà largement pillées. L’Auteur avait ramené quelques objets au Musée de l’Artillerie de Turin, à savoir des armes en bronze et en fer et quelques ornements en bronze et en verre.
82 Voir CORRAIN 1981, 13-14 ; à la pl. 2 sont reproduits des bracelets ronds et à spirale, des « saltaleoni », des fibules à spirale et des pendentifs à double spirale, une fibule en arc à pied plat et allongé avec bouton, une fibule du type Certosa, des perles en ambre et en verre décorés à yeux. Les mobiliers comprenaient aussi quelques vases en « impasto » et décorés. La nécropole a été partiellement fouillée ; les tombes « mieux explorées » seraient seulement au nombre de neuf. Elles contenaient une quantité variable de six à sept inhumés.
83 Pour les ambres figurés de Monte Tabor voir le chapitre IV, 164. Il s’agit d’une figure de danseuse, d’un sphinx ailé et d’un fragment d’aile, de qualité tout à fait remarquable, issus de l’atelier « du Satyre et de la Ménade ».
84 Voir infra, 173 sqq.
85 La grotte a une profondeur de 48 m environ, une largeur maximale de 20 m environ, une hauteur de 12-14 m ; au fond de ce grand espace se trouve une cavité arrondie de 8 m environ de diamètre (dénommée « annexe ») qui amène à une galerie longue et étroite de 10,50 m environ, dénommée « Funerary Cleft », qui contenait les sépultures les plus importantes de ce contexte funéraire (BAUMGARTEL 1951, 26 ; 34 ; 37-38).
86 NAVA 1984, 114-117. La datation de cette phase s’appuie sur la présence de vases typiques du « protoappenninico Β » avec des formes qui remontent au « subappenninico » ainsi que d’épées typiques du Bronze C de l’Europe centrale et du type « Montegiorgio » daté au Bronze Récent. Pour d’autres hypothèses de datation voir BERNABÒ BREA 1985, 172-173. Sur ce contexte voir aussi PERONI 1967, 108.
87 BAUMGARTEL 1951, 29 ; BERNABÒ BREA 1985, 169.
88 Comme l’on voit sur la carte de distribution des importations mycéniennes dans Magna Grecia e mondo miceneo, pl. I, au nord de Manaccora, la céramique mycénienne est présente en Adriatique uniquement près de l’embouchure du fleuve Tronto dans les Âbruzzes, et près du delta du Pô. Pour les importations mycéniennes de Fratta Polesine, voir A. M. BIETTI SESTIERI, Frattesina (Fratta Polesine, Rovigo), ibid., 201-207, et sur les importations du nord de l’Apulie, à Molinella (Myc. II B) et Coppa Nevigata (Myc. III Β et III C) voir L. VAGNETTI, Quindici anni di studi e ricerche sulle relazioni tra il mondo egeo e l’Italia protostorica, ibid., 10 ; M. L. NAVA, Molinella (Vieste, Foggia), ibid., 43-44 ; S. M. PUGLISI, Coppa Nevigata (Manfredonia, Foggia), ibid., 45-51.
89 L. VAGNETTI, dans Bronzo Finale, 545.
90 BAUMGARTEL 1953, 21.
91 Sur ce tumulus voir BIETTI SESTIERI & LO SCHIAVO 1976, 181.
92 Publiés comme fibules par TUNZI SISTO 1988 Β, 13 ; 15.
93 À cette production devrait remonter au moins l’un des fragments provenant de la couche II, publiés par BAUMGARTEL 1953, pl. V, n. 8. Ce tesson montre un motif décoratif à zigzag typique du « Daunian Middle Geometric » (VIIIe siècle) (YNTEMA 1990, 222, pl. 223, n. l) qui correspond en partie au Protodaunien de la classification De Juliis.
94 Voir les cinq fragments reproduits par BAUMGARTEL 1953, 24, pl. VI, 1, qui montrent des motifs à losanges pointillés entre des bandes ou métopes et à petits cercles concentriques, qui sont typiques de la Foot Krater Class (SDS I) : voir YNTEMA 1979, 9, n. 1-5 ; 22, pl. 19, n. 13 ; YNTEMA 1990, 240, pl. 220, n. 5, 18.
95 Sur la distribution adriatique de la céramique daunienne voir chapitre VII, 295 sqq.
96 Sur les fouilles dans ce site voir PUGLIS1 1948, 17 sqq. Les matériaux retrouvés dans ces fouilles, effectuées par Rellini, seraient conservées à Rome, au Musée des Origines.
97 Il s’agit de fragments avec un décor en lignes rouges et brunâtres parallèles ou disposées en triangle, ou avec des lignes pointillées, datés par Puglisi jusqu’aux Ve-IVe siècles (PUGLISI 1948, 17). Les rares reproductions photographiques publiées (PUGLISI 1948, 26, fig. 8 ; 29, fig. 9) semblent suggérer l’appartenance au SIEG Yntema, qui dateraient donc du troisième quart du IXe ou du début du VIIIe siècle. Toute attribution doit être toutefois très prudente, étant donnée la mauvaise qualité des photographies publiées.
98 Pour la typologie des habitats du Gargano, voir aussi DE JULIIS 1984 A, 137.
99 DE JULIIS 1984 A, 138 ; 152. Ces sépultures sont attestées dans les sites du Gargano tout au cours de l’Âge du Fer.
100 Des mobiliers préromains —dont l’un comportant une coupe ionienne Β 2— ont été retrouvés dans des fouilles sous la cathédrale : voir M. MAZZEI & G. VOLPE, dans Uria garganica 120. Une phase importante pour ce centre commence, au IVe siècle, par la construction des remparts et par la définition des espaces religieux (sanctuaire extraurbain consacré à Déméter) ; elle se poursuit à l’époque romaine, par la valorisation du port et par l’exploitation systématique du territoire (ibid., 121 et notamment 125 sqq.).
101 IGM, F. 157, III S-O.
102 L’historique des recherches sur ce site est publié dans IANNANTUONO 1985, 15. Les fouilles remontent aux années 1950 et se sont poursuivies jusqu’à nos jours. Des communications préliminaires sur les fouilles les plus récentes dans la nécropole ont été publiées dans les Actes des XXIe, XXIIe, XXIIIe et XIVe CSMG ; une synthèse de ces résultats est dans NAVA 1984, 119-125.
103 NAVA 1984, 119; NAVA 1988 A, 65 ; 71.
104 Des nombreuses aiguilles en os, qu’on pourrait interpréter comme des outils pour la réparation des filets pour la pêche, proviendraient du remplissage du fossé (E. M. DE JULIIS dans Principi, 51).
105 Cette datation a été proposée sur la base de la présence des fragments de céramique du Protogéométrique Daunien (Xe siècle). Selon YNTEMA 1990, 40, au moins deux de ces tessons apparterraient au « South-Italian Early Geometric » ; ils dateraient donc entre le milieu et la fin du IXe siècle.
106 NAVA 1988 A, 71.
107 E. M. DE JULIIS dans Principi, 51. Cette route se terminait, près de l’habitat, avec une porte creusée dans le rocher.
108 D’après NAVA 1984, 119 et 122, les fouilles des années 60-70 ont amené à la découverte de plus de 400 sépultures ; entre 1982 et 1985 les tombes découvertes étaient déjà plus de 130, entre 1986 et 1987 on en découvrît encore 61, au lieu-dit Coppa di Rienzo (NAVA 1987, 108).
109 La tombe fut découverte et partiellement fouillée en 1959. Elle était en fosse, en forme de L, avec le côté long disposé de l’est vers l’ouest. Les parois étaient revêtues en pierres sèches et à l’intérieur il y avait une couche de galets de remplissage. Elle contenait les restes de plusieurs inhumés, 10-12 selon les rapports de fouilles, au moins 26 selon les résultats des analyses ostéologiques (CORRAIN et al. 1958/59, 142 ; NAVA 1988 A, 69). Le mobilier comportait un vase biconique à impasto et plusieurs fibules en bronze, dont trois à spirale et une à arc serpentant (CORRAIN et al. 1958/59, 142).
110 NAVA 1987, 110.
111 Il est plutôt difficile d’établir sur la base des rapports de fouilles la quantité exacte des tombes retrouvées. CORRAIN 1981, 11, enregistre la présence de 200 sépultures, dont 16 contenaient encore des os. Sur les fouilles de M. L. Nava voir la note 108. Selon la publication de IANNANTUONO 1985, 15, plus de 600 sépultures auraient été découvertes.
112 CORRAIN 1981, 11 ; NAVA 1984, 119; IANNANTUONO 1985, 15.
113 CORRAIN et al. 1958/59, 142 sqq. ; NAVA 1988 A, 71. Selon les calculs effectués par CORRAIN 1981, 11, les 200 tombes fouillées au début des années 1960 auraient contenu en moyenne 6-7 corps chacune, pour un total d’environ 1300 inhumés. Il faut toutefois souligner que ce calcul a été réalisé sur la base des seize tombes réellement fouillées dont seulement neuf ont livré des os et des mobiliers.
114 Qui apparaissent déjà dans des mobiliers datés du IXe siècle, comme la t. 30 ; voir NAVA 1984, 122.
115 M. L. NAVA, Mattinata (Foggia). Monte Saraceno, dans Taras XI, 2, 1991, 214-216, tav. XLVI.
116 On y trouve des fibules en arc serpentant (CORRAIN et al. 1958/59, 142), en arc de violon et en arc simple à deux nœuds (DE JULIIS 1984 B, 580, t. 86), à « navicella avec deux boutons latéraux (DE JULIIS 1984 B, 580).
117 NAVA 1984, 123 ; DE JULIIS 1984 B, 579, pl. LV, 1, t. 90 ; CORRAIN et al. 1958/59, 143-144.
118 Ils seraient très proches des exemplaires de Nin : DE JULIIS 1984 B, 579, pl. LV, 2 ; NAVA 1988 A, 74, t. 111.
119 Le cratère est reproduit dans CORRAIN et al. 1958/59, 144, pl. 10 ; à la 146 est signalée la présence d’autres fragments du même type. Pour l’attribution de ce vase voir YNTEMA 1979, 5. La tombe d’où provenait le vase (t. 41) montrait des signes de distinction par rapport aux autres sépultures, puisqu’elle était entourée par un cercle de pierres.
120 Voir DE JULIIS 1982, 528, qui note la présence d’une petite olla et des fragments céramiques du Subgéométrique Daunien I De Juliis (700-550).
121 Il s’agit surtout de fragments de têtes et de boucliers. Deux têtes ont été retrouvées au-dessus des dalles de couverture des tombes 12 et 22, qui se datent de la fin lXe-début VIIIe siècle ; dans plusieurs d’autres cas (t. 67, 79 et 90) des fragments de boucliers et de petites colonnes se trouvaient à l’intérieur de la sépulture, mêlés au mobilier funéraire (NAVA 1984, 124).
122 Sur les stèles dauniennes voir infra, 121-123.
123 NAVA 1984, 129; NAVA 1988 B, 80.
124 Voir la reconstitution du paysage ancien du versant septentrional du Gargano : chapitre II, 59 sqq.
125 C’est le cas du contexte de Grotta Manaccora, qui a été intégré depuis l’Âge du Bronze Moyen et Récent dans les circuits des échanges de l’ambre, des métaux de type balkanique et de la céramique mycénienne : voir supra, 105 sqq.
126 Sur les ambres figurés de Monte Tabor voir le chapitre IV, 164, fig. 39 D-E. À Monte Saraceno on a retrouvé plusieurs fibules à spirale ainsi que des pendentifs qui imitent des types balkaniques : voir chapitre V, 235-236, fig. 60 D, F.
127 Les fouilles furent commencées par Q. Quagliati en 1904-1905 et poursuivies par A. Mosso en 1909 : voir à ce propos MOSSO 1909 et BERNABÒ BREA 1985, 163.
128 Les fouilles ont été menées par S. Puglisi : voir PUGLISI 1973, 229 ; BERNABÒ BREA 1985, 164.
129 Coppa Nevigata ; CAZZELLA 1991, 39-53, avec une riche bibliographie.
130 Ces problèmes se posent notamment pour l’interprétation des fouilles d’A. Mosso du début du XXe siècle ; sur ces questions voir CAZZELLA 1991, notamment la page 42.
131 DE JULIIS 1977 D, 517 ; L. VAGNETTI, dans Bronzo Finale, 541-545 ; PUGLISI 1982, 49-51, pl. IX.
132 Cette découverte remonte aux fouilles d’A. Mosso (MOSSO 1909, pl. XIII, n. 99) ; pour DE JULIIS 1977 D, 517, cet ambre daterait des XIe et le Xe siècles av. J.-C.
133 Il s’agit d’une perle d’ambre dont on connaît seulement une provenance générique du nord des Pouilles : Mme Negroni Catacchio propose comme lieu probable de découverte Coppa Nevigata ou Salapia ; voir à ce propos NEGRONI CATACCHIO 1973 C, 316.
134 Selon M. MOSCOLONI, dans Coppa Nevigata, 144, cet itinéraire pouvait se poursuivre en direction de l’Italie centrale. Une autre preuve des rapports précoces avec les peuples égéens est selon certains l’introduction de certaines espèces animales —le cheval et l’âne— sur le site : voir à ce propos le chapitre II, 85, note 196.
135 Coppa Nevigata, 54 ; 201-203. Sur les résultats de ces recherches voir le chapitre précédent, 85-86. La présence de nombreuses coquilles dans les couches du village néolithique et énéolithique est indicative du type d’alimentation de la communauté de Coppa Nevigata.
136 Comme le prouve la présence de nombreuses scories de fer : voir MOSSO 1909, c. 311-317 ; BERNABÒ BREA 1985, 164.
137 La discussion a été résumée par CAZZELLA 1991, 50-51, qui rappelle comme des attestations précoces du travail de ce métal se retrouvent aussi en Sardaigne et en Étrurie. En faveur de la chronologie haute des scories de fer à Coppa Nevigata voir F. DELPINO, Siderurgia e protostoria italiana, dans SE LVI, série III, 1991, 3-9, notamment 7 : des restes de scories de fer proviennent aussi d’autres couches de Coppa Nevigata certainement datées du premier Âge du Fer ; une telle découverte n’est pas isolée, puisque d’autres sites méridionaux (Torre Castelluccia, Timmari) ont livré des vestiges analogues et contemporains de ceux de Coppa Nevigata.
138 La construction d’un premier mur d’enceinte remonterait déjà au « protoappenninico Β » selon BERNABÒ BREA 1985, 165; Coppa Nevigata 1987, 113. PUGLISI 1973, 229-230, donne une datation plus générique : le mur reposerait sur une couche archéologique qui a livré des matériaux du « protoappenninico », mais sa fosse de fondation a coupé une couche de l’« appenninico » ; la datation du mur est fixée de manière générique « a un periodo caratterizzato dalla presenza di ceramica di stile appenninico ». Au « mesoappenninico » remonte la construction d’une grande levée de terre détruite au cours du « tardo-appenninico » ; à cette même époque remontent les restes de quelques cabanes avec le sol d’argile compacte et les murs en pierres sèches (BERNABÒ BREA 1985, 166).
139 Lorsqu’une structure circulaire, peut-être un entrepôt, a oblitéré l’un des accès de la fortification ; sur les différentes phases de construction de l’enceinte voir CAZZELLA 1991, 41.
140 A. CAZZELLA, dans Coppa Nevigata, 121 sqq.
141 M. MOSCOLONI, dans Coppa Nevigata, 131.
142 M. MOSCOLONI, dans Coppa Nevigata, 144.
143 Pour cette hypothèse de datation voir PUGLISI 1973, 233 et BERNABÒ BREA 1985, 164, qui n’exclut pas toutefois une éventuelle continuité d’occupation même après le début du VIIIe siècle.
144 BERNABÒ BREA 1985, 166, envisage la possibilité que les couches les plus tardives d’occupation aient été détruites par le phénomène d’érosion qui a concerné une partie de la colline. CAZZELLA 1991, 46, remarque l’étrange absence de strates du « Subappenninico recente » dans le secteur ouest du village.
145 Il s’agit d’un vase en schiste gris avec un pourcentage assez élevé de quartz; conservé au Musée de Tarente sous le numéro d’inventaire 7. 511, il mesure 14 cm de hauteur et son diamètre extérieur est de 31,7 cm. L’inscription, disposée sur deux lignes, entoure le corps du vase. Selon HOELBL 1979, I, 280, il s’agit d’un vase avec une fonction rituelle (Libationvase).
146 Cette circonstance peut nous rassurer sur la provenance de l’objet. Ce dernier se trouvait en fait dans une caisse qui contenait le matériel retrouvé au début du XXe siècle, lors des premières découvertes fortuites dans le site de Coppa Nevigata ; la caisse était restée scellée jusqu’au nouvel aménagement du Musée de Tarente (PALLOTTINO 1951, 584-585). Comme le remarque CAZZELLA 1991, 51, même si il nous manque les données précises sur la découverte, il est certain que le vase provient de Coppa Nevigata ou de son territoire.
147 L’inscription a été publiée par PALLOTTINO 1951, 580 sqq et par HOELBL 1979,I, 209, n. 1035 ; II, 280-283. Le personnage nommé dans le texte était le fils d’une importante autorité religieuse et avait été lui même investi de tâches de grande responsabilité et prestige ; il était chargé de l’administration « des deux chambres » et il se définit aussi « chef de l’armée des Grecs », évidemment les mercenaires au service du Pharaon. Pallottino et Hoelbl remarquent l’analogie avec l’inscription de Pota-simto au Musée du Caire, qui évoque la charge de chef des soldats grecs dans la campagne de Nubie.
148 Voir infra, chapitre XI, 373.
149 La localité est reproduite dans IGM, 1:25 000, F. 164, I S-E, (Fermata di Fratta-rolo).
150 TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 48.
151 Nous disposons d’une simple communication relative à cette découverte, dans TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 48. Il est utile de rappeler que le site de Cupola n’a jamais été exploré de manière systématique, et que les résultats des fouilles restent pour la plupart inédits. Un résumé de l’état de la recherche sur Cupola a été tracé par TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 47-49 : comme on peut le constater, les matériaux des fouilles Tinè 1966-1967, De Juliis 1974, De Juliis-Nava 1978, De Juliis 1982, sont encore inédits.
152 Comme le suppose TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 48-49.
153 Ce sont les conclusions de TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 48, formulées sur la base des différents sondages exécutés par l’A. sur le site de Cupola. Les mêmes conclusions sont formulées par E. M. DE JULIIS dans Actes Foggia 1973, 13-14 ; DE JULIIS 1977 Β ; DE JULIIS 1977 C, qui ne donne, toutefois, aucune indication topographique précise.
154 Voir la reconstitution de la topographie du site donnée par R. IKER, dans Herdonia, 47 sqq.
155 Les deux mobiliers de la tombe I sont particulièrement riches. Le premier, la, comprenait des ornements en bronze : une fibule à arc coudé, un bracelet à large bande côtelée, un torque aux extrémités enroulées (DE JULIIS 1977 B, 347 ; pour les relations avec les t. 14, 76, 9, 75 de Salapia, voir NAVA 1984, 126). Le mobilier Ib (DE JULIIS 1977 B, 347 ; 357 ; pl. 7, n. 2-4) comprenait plusieurs fibules en bronze (à arc serpentant de type sicilien, à arc serpentant à deux pièces, à ogive, à spirale avec une barre de support), ainsi qu’un bracelet à bande plate, une armilla à spirale, deux perles en verre et une cruche indigène. Cette dernière est assignée par De Juliis au Géométrique protodaunien (IXe-VIIIe siècles). Elle pourrait toutefois rentrer dans le « Daunian Middle Geometric » de YNTEMA 1990, 220, daté du VIIIe siècle.
156 Voir par exemple le mobilier de la tombe III, du dernier tiers du VIe siècle, qui comportait une coupe ionienne, une fibule du type Certosa et une fibule en fer à arc simple : DE JULIIS 1977 B, 358. Les t. IV et V comportaient des cruches subgéométriques du « Daunio II » de De Juliis (DE JULIIS 1977 B, 358-365).
157 Un résumé de cette fouille a été publié par DE JULIIS 1977 C, mais il manque toujours une édition du matériel retrouvé. D après la reconstitution de DE JULIIS 1977 C, 375-376, la cabane aurait eu, au cours de la deuxième moitié du VI e siècle, deux phases de construction. La première cabane, plus grande, était à forme polygonale, tandis que la deuxième avait un profil arrondi. La présence d’un fragment d’épée en fer dans une fosse qui contenait les débris brûlés de l’élévation de la première cabane est un fait remarquable. Cette épée est du même type qu’on voit souvent représenté sur les stèles dauniennes (DE JULIIS 1977 C, 378). On pourrait se demander si on n’est pas en présence d’un contexteplus important qu’une habitation privée, peut-être une structure collective avec une destination sacrale. Cette hypothèse est avancée de manière assez nuancée par DE JULIIS 1977 C, 378. Quant à la datation du contexte, le seul fragment céramique publié (DE JULIIS 1977C, 381, pl. 8) se situe parfaitement dans la typologie du SDS I, qui est daté entre la deuxième moitié du VII e et le milieu du VIe siècle (pour les comparaisons tvpologiques voir YNTEMA 1990, 240-241, pl. 220, n. 7, 10, 19).
158 Les données sur l’habitat demeurent totalement inconnues : une simple mention de la découverte est dans IANNANTUONO 1985, 16. Le contexte funéraire est presque totalement inédit. Une description sommaire se trouve dans DE JULIIS 1982, 528. La Masserìa Lauriola n’est pas indiquée sur les cartes de l’IGM.
159 La tombe était à fosse ; elle était revêtue par des murets en pierres sèches et recouverte par un amas de pierres. Une couche de cailloux et de sable avait été soigneusement disposée au fond de la sépulture, qui contenait les restes d’un corps inhumé, presque certainement de sexe féminin : sur cette découverte voir DE JULIIS
160 Plus précisément une olla, un « attingitoio », un fragment d’une cruche attribuée au « Daunio I » (700-550), un gobelet en « impasto » à trois pieds (DE JULIIS 1982, 528).
161 D’après DE JULIIS 1982, 528, 5 bassins étaient à rebord perlé ; quelques-uns avaient un décor à cercles concentriques sur le fond et l’un d’eux était installé sur un trépied en fer.
162 Il s’agit d’un groupe de 6 tombes fouillées en 1936, dont 4 remontent à l’Âge du Fer (DRAGO 1936, 62-65). En particulier la t. 2, à enchytrismòs, contient un askòs du « Daunian Late Geometric » (pour la reproduction de l’askòs voir DRAGO 1936, 63, pl. 5 ; pour la typologie voir YNTEMA 1990, 233, pl. 213). La cruche de la t. 4 (DRAGO 1936, 64, pl. 7) semble appartenir au SDS IIA (YNTEMA 1990, 258, note 315).
163 Les premières études sur les stèles dauniennes, dues à S. Ferri, ont été poursuivies par M. L. Nava, qui a publié l’édition complète du matériel : voir le catalogue publié par NAVA 1980 ; voir aussi NAVA 1988 B, qui comprend une mise à jour du matériel et une nouvelle édition des écrits de S. Ferri. Voir aussi, en dernier, M. L. NAVA, La Daunia e l’evoluzione della scultura indigena, dans Donne Italia Antica, 19-28.
164 NAVA 1988 B, 162, note 1, aucune des pièces de Siponto n’a été retrouvée in situ ou mise au jour par des fouilles ; les stèles retrouvées pendant les années 1954-1963 ont été découvertes à la suite des travaux agricoles et plusieurs d’entre elles ont été dispersées.
165 Voir par exemple, en dernier, M. L. NAVA, dans Donne Italia Antica, 22-23 : les stèles sont « destinate a rappresentare uno specifico defunto, di cui recano le specifiche insegne distintive ».
166 Sur le remploi des stèles dans les lombes de Cupola et de Salapia voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1969, 173, n. 2601 ; TINÈ BERTOCCHI dans Actes Belgrade 1971, pl. 10 ; TINÈ BERTOCCHI 1973, 374 ; TINÈ BERTOCCHI 1989 A, 48. S. Ferri (Stele Daunie VII, dans ΒΑ 4, 1967, 209-221) mentionne un cas de remploi dans une tombe de Cupola qui daterait déjà de la première moitié du VIe siècle. Un fragment de stèle a été remployé à Lavello dans un muret de plein VIe siècle (BOTTINI 1982, 35 ; TAGLIENTE 1989, 53). Le remploi des stèles est attesté à Ordona dans une tombe qui remonte au premier tiers du VIe siècle (R. IKER, dans Herdonia, 111; YNTEMA 1983, 205). J’ajouterais à cette liste le fragment sculpté retrouvé dans une tombe de Monte Saraceno datée entre le VIIe et le VIe siècle av. J.-C. : « frammento con decorazione geometrica su due facce e un basamento (?) utilizzato per riparare il fianco di una tomba » (sic) (CORRAIN et al., 1959, 324). Malgré la description assez vague, on peut reconnaître à mon sens dans cette sculpture un fragment de stèle.
167 Comme on peut le déduire, à défaut de cartes de distributions et d’indications topographiques précises, des noms des propriétaires des terrains qui ont livré la plus grande partie des stèles : voir NAVA 1988 B, 167, note 1.
168 NAVA 1988 B, 167, note 11.
169 Pour Strabon VI, 3, 9, Salapia était le port d’Arpi (tò ton Argyrippenon epi-neion). Un résumé des hypothèses sur l’emplacement de Salapia, avant les fouilles des années 60-70, est dans MARIN 1973, 376 : Philipp, Nissen et Degrassi supposaient que la ville se trouvait au sud-est du Monte di Salpi, près de la ville actuelle de Tri-nitapoli ; pour Mingazzini elle devait se trouver sur la bande côtière entre Torre Rivoli et Torre Pietra.
170 IGM, F. 164, II S-E (Tressanti).
171 Les fouilles menées à des époques différentes et par plusieurs chercheurs (Tinè Bertocchi, Nava, De Juliis) sont pour la plupart inédites. L’édition intégrale des importantes fouilles Tinè est actuellement en préparation (La necropoli di Salapia, sous la dir. de F. Tinè Berlocchi, sous presse).
172 Au Bronze Final remonte un dépôt de haches en bronze retrouvé au lieu-dit Giardino-Risaia au cours des fouilles Nava 1977 (NAVA 1981, 7 sqq.). Dans les péninsules II et III (lieu-dit Lupara-Giardino) se trouvent aussi les restes d’habitations qu’on peut dater à partir du XIe-Xe s. Sur les fouilles de la péninsule II voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 132 sqq. ; pour les fouilles de la péninsule III voir TINÈ BERTOCCHI 1981, 470 sqq. ; ALBERTI et al. 1981, 160 sqq.
173 Voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 132 : les canaux, visibles sur la photographie aérienne, avaient probablement la fonction de protéger l’habitat ou même de favoriser la circulation des eaux de la lagune. Toutefois rien n’est certain, puisque la zone n’a jamais été fouillée. On ne peut donc pas exclure une chronologie au courant des IIIe-IIe siècles, pendant la dernière occupation du site.
174 F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 274, pl. 66, n. 4.
175 TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 136 ; TINÈ BERTOCCHI 1989 B, 169.
176 F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 275 ; 282-283.
177 RUSSO TAGLIENTE 1992, 30, affirmé que les cabanes à plan rectangulaire pourraient être légèrement plus récentes. En effet les cabanes des deux types semblent coexister dans les niveaux des IXe-VIIIe siècles ; dans la péninsule III, les deux plans se retrouvent dans le niveau du Xe siècle, tandis que dans la phase successive (IXe-VIIIe siècle) on retrouve seulement les restes d’une structure quadrangulaire (voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 146 ; ALBERTI et al. 1981, 160-161). Toutefois, les données dont nous disposons sont très limitées : les fouilles de la péninsule III ont exploré une surface plutôt réduite (96 m2) de l’habitat, elles ont été menées par niveaux et non pas par couches stratigraphiques (ALBERTI et al. 1981, 160 sqq.) et seul le plan de trois cabanes a été intégralement reconstitué.
178 Sur la typologie des cabanes de Salapia voir : TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 139 ; F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 274 ; ALBERTI et al. 1981, 160-162 ; DE JULIIS 1984, 137.
179 Ce type pourrait montrer une certaine dépendance de modèles grecs d’habitation plus anciens. Sur ce thème et pour les comparaisons en milieu grec, voir RUSSO TAGLIENTE 1992, 30 ; 32-33.
180 TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 136 : les mobiliers comprendraient plus de « 2000 tra vasi e bronzi ». Le danger des fouilles clandestines a donné aux sondages archéologiques effectués dans la nécropole le caractère d’une véritable intervention de sauvetage.
181 TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 137 ; 146.
182 ΤΙΝÈ BERTOCCHI 1989 B, 170.
183 Cette même pratique se retrouve à Termoli et dans le Picenum : voir à ce sujet DI NIRO 1981 B, 15-16, note 11.
184 Dans la t. 14 le défunt était déposé sur une natte de fibres végétales ; dans quelques tombes une pierre était placée au-dessous de la tête (TINE BERTOCCHI & TINÈ 1973, 144-145 ; TINÈ BERTOCCHI 1989 B, 170).
185 Comme le remarque F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 282-283.
186 Dans la tombe de Salapia ont été retrouvés : une fibule à arc incisé à « spina di pesce », un bracelet à lamelle haute et plate, un bracelet à section angulaire. Pour la tombe de Cupola voir supra, 120, note 155.
187 Sur cette tombe voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 145, pl. 12 ; pour la description du mobilier voir en particulier la note 14. Les mors sont reproduits aussi par DE JULIIS 1984, 147, pl. 178. Pour la typologie des mors voir le chapitre V, 207 sqq.
188 TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1972, pl. 6 et 8 ; TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 145. F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 282-283 ; 375, pl. 72. On reviendra sur le mobilier de cette tombe dans le chapitre V, 203 ; 257 sqq.
189 F. TINÈ BERTOCCHI, dans Actes Belgrade 1971, 276.
190 En particulier, on retrouve dans le mobilier 231 de Salapia et dans le tumulus d’Arpi plusieurs exemplaires du même type de fibule, à arc serpentant à deux pièces : voir TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1972, pl. 2 et 7.
191 Selon le récit de Strabon VI, 3, 9, Salapia aurait été le port (epineion) d’Arpi.
192 C’est le cas de la tombe 1 de Lupara, qui comportait une coupe du type Β 2, une fibule et un pendentif en argent ainsi que le couple de vases (olla et « attingitoio ») typique des mobiliers indigènes (DE JULIIS 1974, 486).
193 La plupart de ces exemplaires demeurent malheureusement encore inédits. Pour les communications des découvertes (fouilles Tinè 1967-1968 et découvertes occasionnelles) voir NAVA 1988 B, 171, 203, note 117. Les stèles des fouilles Tiné sont conservées au Musée de Foggia ; d’autres exemplaires sporadiques se trouvent dans le même musée et dans des collections privées de Trani et de Bari, ainsi qua l’Archéoclub de Trinitapoli. Des reproductions de stèles de Salapia sont publiées dans MARIANI 1909, 412-415, publié par la suite dans NAVA 1988 B, 195, pl. 214 ; voir aussi TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 155, pl. 16 ; NAVA 1988 B, 194, pl. 210-213 ; 196-197, pl. 215-216.
194 NAVA 1988 B, 193 sqq. : les caractéristiques propres à l’atelier de Salapia seraient l’absence quasiment totale des scènes figurées et le décor géométrique de la tunique, avec une bande en carré sur le bord, qui se prolonge sur le dos sans solution de continuité ; voir par exemple NAVA 1988 B, 194-195, pl. 212-214.
195 Voir notamment le pectoral de la t. 231, qui trouve un parallèle très précis dans le kardiophylax incisé sur des stèles de Salapia : voir le chapitre V, 203 ; 205.
196 TINÈ BERTOCCHI & TINÈ 1973, 151. Selon l’A. la « sconsacrazione » et le remploi des stèles s’expliqueraient avec un épisode violent ou au moins avec un changement soudain des groupes au pouvoir dans la société indigène.
197 Selon la classification céramique établie par YNTEMA 1990. Pour les attributions des fragments de Salapia voir YNTEMA 1990, 30 ; pour les motifs décoratifs voir en particulier 22, pl. 6, n. 2 (triangle pointillé), n. 3 (triangle en réticulé), n. 8 (rangée de triangles encadrés par deux lignes), n. 10 (ligne de points entre deux bandes).
198 ALBERTI et al. 1981, 164, TINÈ BERTOCCHI 1981, 470, pl. LXX. Ces fragments montrent des analogies précises avec les trouvailles d’un autre site daunien méridional, S. Maria di Ripalta, publiées par TUNZI SISTO 1987, 32, fig. 7.
199 YNTEMA 1990, 24. Il est toutefois difficile, dans la plupart des cas, d’identifier ces centres avec certitude.
200 TINÈ BERTOCCHI 1981, 470 ; TINÈ BERTOCCHI 1989 B, 169. L’un de ces fours, de dimensions considérables, était situé près de bassins de décantation et d’un amas d’argile crue.
201 TINÈ BERTOCCHI 1989 B, 169.
202 IGM, 1:25 000, F. 165, III S-O.
203 MARIN 1973, 384 ; TINÈ BERTOCCHI 1989 B, 171.
204 Les explorations sous-marines effectuées par G. Volpe ont amené à la découverte d’une structure en pierre en partie submergée par la mer, qui serait à identifier avec l’un des quais du port romain. Une telle supposition est confirmée par la présence de plusieurs épaves à quelque distance de la côte, qui ont livré des fragments d’amphores qui se datent entre le Ier siècle av. et le IIe siècle ap. J.-C. (G. VOLPE, Ricerche subacquee lungo il litorale di Salapia, dans Profili della Daunia Antica 5, Foggia 1989, 59 sqq.). Selon l’A. (ibid., 63), ce mur pourrait bien être identifié avec le canal artificiel qui reliait la ville d’époque romaine à la mer ; sur le même sujet voir aussi VOLPE 1990, 97.
205 Cet hypogée a été découvert et partiellement fouillé en 1973 ; les fouilles ont repris en 1987 ; elles ne sont pas encore terminées (voir TUNZI SISTO 1988 A, 39 ; TUNZI SISTO 1988 Β, 5). Il s’agit précisément d’une galerie voûtée divisée en deux branches, dont celle située à l’ouest se terminait par une chambre ovale qui a été explorée seulement en partie, sur 7,20 m de longueur et 3,50 m de largeur. Cette chambre était probablement pourvue d’un système de couverture en bois, comme le laisseraient supposer des trous de poteaux retrouvés le long des parois (TUNZI SISTO 1988 A, 45 ; TUNZI SISTO 1988 Β, 8-10).
206 TUNZI SISTO 1988 A, 49 ; TUNZI SISTO 1988 Β, 11.
207 Seulement une partie très réduite du mobilier a été publiée. Les vases retrouvés dans la tombe rentrent dans la production typique du « Protoappenninico Β » et du « Subappenninico » (TUNZI SISTO 1988 A, 49 ; 59).
208 Pour les exemplaires de l’Hypogée des Bronzes voir TUNZI SISTO 1988 A, 58 (où ils sont considérés comme des pendentifs) ; TUNZI SISTO 1988 Β, 13 ; 15 (où ils sont interprétés comme des fibules). Pour les objets de Grotta Manaccora et les comparaisons avec la culture illyrienne voir supra, 109-110.
209 Comme le souligne TUNZI SISTO 1988 A, 59 ; TUNZI SISTO 1988 Β, 12.
210 Le mauvais état de conservation des restes organiques et des objets du mobilier dépend probablement d’infiltrations d’eau saumâtre : voir à ce sujet TUNZI SISTO 1988 A, 45.
211 NAVA 1981, 14.
212 Comme le montre bien la carte de distribution des stèles dans NAVA 1988 B, 204, pl. 220.
213 Aux mêmes conclusions arrive E. ANTONACCI SANPAOLO, dans MAZZEI 1995, 23, qui souligne l’existence d’un réseau continu de cours d’eaux (Celone-Candelaro) reliant Arpi à la côte.
214 F. GRELLE, dans MAZZEI 1995, 55, à commentaire de Tite-Live VIII, 24.
215 Comme le remarque bien PAOLETTI 1985, 367 sqq. ; 371-372, dans son historique sur la recherche archéologique à Canosa.
216 Voir sur ces thèmes les contributions de M. CORRENTE, E. M. DE JULIIS et F. G. LO PORTO, dans Principi. Particulièrement intéressante est la synthèse consacrée à ce sujet par M. CORRENTE, Nuovi dati di scavo per lo studio del sito arcaico di Canosa-Toppicelli, dans Profili della Daunia Antica 6, Foggia 1990, 87-100.
217 Pour le rapport préliminaire sur les fouilles voir ROSSI 1982, 41-50 ; l’extension du sondage était assez limitée (1,20 x 2 m) ; le sol de la cabane était constitué par un compactage de tuf, d’argile et de boue, avec des fragments de charbon. Les parois devaient être revêtues par un enduit d’argile et de torchis.
218 Aucune précision n’est donnée sur la forme de cette cabane. D’après le plan publié par ROSSI 1982, pl. II, l’on peut toutefois déduire qu’il s’agit d’une hutte au fond arrondi. Le périmètre est constitué par deux sillons parallèles, ce qui pourrait représenter une analogie supplémentaire avec les cabanes de Salapia.
219 Les fragments sont publiés dans Pittura romana a Canosa (catalogue de l’exposition Canosa 1982-83), 25, pl. 13 ; ROSSI 1982, pl. III, VI, VII. Les fragments de céramique sont classés dans le « Protodaunio » par ROSSI 1982, 47-48, dans le « Daunian Middle Geometric » par YNTEMA 1990, 220.
220 DE JULIIS 1978, 14, n. 6 ; DE JULIIS 1980, 15. Cette découverte a été très importante pour la classification de la céramique indigène, comme elle a permis d’attribuer finalement à Canosa la production qui, d’après Mayer, était couramment définie « gruppo di Ruvo ».
221 La céramique n’a jamais été publiée de manière détaillée. D’après la reproduction photographique de DE JULIIS 1980, 15, pl. 1, on déduit que la plus grande partie des fragments est attribuable à la « Foot-Krater Klass » (YNTEMA 1990, 234 sqq.), mais il y en a quatre qui pourraient être plus anciens, qui semblent appartenir au « Daunian Middle Geometric », qui se date au cours du VIIIe siècle av. J.-C. (YNTEMA 1990, 220 sqq. ; pour les décors des fragments de Canosa, 222, pl. 203, n. 4,11, 23).
222 Selon la typologie de la céramique daunienne élaborée par YNTEMA 1990, le « South-Daunian Subgeometric I » (abrégé SDS I) date de 650-625 à 550-525 av. J.-C. ; il s’agit d’une céramique produite en Daunie méridionale, largement exportée vers les régions tyrrhéniennes méridionales et, notamment, en Adriatique : voir à ce propos YNTEMA 1990, 234 sqq. ; voir aussi infra, chapitre VII, 297 sqq.
223 M. CORRENTE, Canosa, Via Imbriani, dans Taras XV, 1, 1995, 58.
224 Voici la liste détaillée des découvertes :
- des restes d’habitations et une tombe, datés du VIe siècle, entre les rues Federico II et N. Amore : (M. CORRENTE, Notiziario. Canosa di Puglia, dans Taras XII, 2, 1992, 245-249) ;
- des tombes datées à partir du VIIe siècle dans la rue Esquilino (M. LABELLARTE, Notiziario, dans Taras VIII, 1-2, 1988, 89-91) ; parmi les objets des mobiliers il y avait aussi de la céramique daunienne des VIIe-VIe siècles (« Daunio I ») et des ambres ;
- un noyau important de tombes du Ve siècle se situe entre les rues San Martino et Aristofane (M. CORRENTE, M. LABELLARTE, Ipogeo di Vico San Martino, dans Principi, 429).
225 Ce sont les tombes retrouvées en 1892-1893 à proximité du parcours du chemin de fer Barletta-Spinazzola (MAYER 1898, 195 sqq.). Les tombes contenaient des objets en bronze et des vases. L’un des deux vases reproduits dans MAYER 1 898, 196, pl. 1, est un « attingitoio » du SDS I (voir YNTEMA 1990, 235, forme 2 ; pour le décor voir 240, pl. 220, n. 9 ; n. 24). La photographie de l’autre vase est presque totalement illisible (MAYER 1898, 197, pl. 2).
226 LABELLARTE 1988, 113 ; M. LABELLARTE, dans Principi, 152 sqq. La tombe a été retrouvée au lieu-dit Costantinopoli. Il faut remarquer, dans ce mobilier, la présence d’un skyphos de la fin du VIe-milieu du Ve siècle, qui proviendrait probablement de Métaponte (M. LABELLARTE, dans Principi, 153, n. 4)
227 Pour l’attribution des fragments céramiques : LO PORTO 1971, 493 ; LO PORTO 1975, 639 ; F. G. LO PORTO, dans Principi, 72. Pour la classification de cette production céramique, voir infra, chapitre VII.
228 J’attribuerais au SDS I au moins les fragments publiés par F. G. LO PORTO, dans Principi, 74, avec les n. 1, 2 (six fragments) et 4.
229 LO PORTO 1975, 639; F. G. LO PORTO dans Principi, 77 ; BOTTINI 1982, 102, note 42.
230 Voir chapitre X, 357 sqq.
231 Le plan de la nécropole n’a jamais été publié de manière complète ; des esquisses, à vrai dire peu lisibles, sont reproduites par F. G. LO PORTO, dans Principi, 72-73 ; les photographies de quelques tombes se trouvent à la pl. 77.
232 Même si les témoignages de cette pratique commencent maintenant à se multiplier dans la région. Voir par exemple la découverte récente des restes de trois corps partiellement incinérés, dans une tombe archaïque d’Ordona : M. MAZZEI, dans Actes San Severo 13, 1991, Foggia 1993, 76.
233 M. CORRENTE, dans Principi, 71.
234 Précisément trois cratères, deux « attingitoi », deux coupes à deux anses, trois askoi, une cruche (F. G. LO PORTO, dans Principi, 78-83). Le schéma du décor appartient au type A, le plus élaboré, celui qui est le plus souvent exporté hors de la Daunie : voir à ce propos YNTEMA 1979, 19 ; YNTEMA 1990, 239 ; voir aussi infra, chapitre VII, fig. 76 A, C, D.
235 La t. 2 comportait une oenochoé du Corinthien Récent et deux kylikes B2 ; la t. 4 contenait trois coupes B2, une oenochoé coloniale, une coupe attique du type Kassel ; la t. 9 comportait une coupe B2.
236 Comme pourrait le montrer la présence de nombreux cailloux et galets à l’intérieur de la fosse. Cette dernière était délimitée sur deux côtés par des blocs en pierre, qui entouraient probablement la base du tumulus (M. CORRENTE, dans Principi, 68).
237 Le mobilier n’a pas été publié intégralement, du fait qu’il n’a pas encore été restauré. Des perles d’or, appartenant à un collier, et quelques fibules à spirale sont reproduites par M. CORRENTE, dans Principi, 67, pl. 8, 69, pl. 9. D’autres objets sont décrits ibid., 66 sqq. : il s’agit de fibules revêtues d’ambre et d’os et d’une ceinture en mailles de bronze, comparable à des exemplaires d’Alianello et d’Armento. La présence d’objets en or dans des mobiliers indigènes est exceptionnelle : ils ne se retrouvent en effet que dans les tombes princières de Cupola-Beccarini et de Lavello, ainsi que dans la t. 13 de Canosa Toppicelli : voir chapitre V, 238-240.
238 Seuls cinq de ces vases sont publiés par M. CORRENTE, dans Principi, 70, n. 11-15. Trois poids en terre cuite étaient aussi compris dans le mobilier funéraire.
239 L’attribution est de M. CORRENTE, dans Principi, 67-68 ; aucune reproduction de la coupe n’apparaît dans l’article.
240 C’est la chronologie attribuée à la céramique indigène du mobilier (M. CORRENTE, dans Principi, 70). Il faut rappeler que la date fixée par YNTEMA 1990, 241, pour la production à laquelle appartiennent les vases du mobilier de Toppicelli (SDS I) est comprise entre 650/625 et 550/525 av. J.-C. Un autre élément chronologique, moins précis, est constitué par les perles en or. Des exemplaires semblables à celles du collier de Toppicelli se retrouvent à Ordona dans des mobiliers de la fin du premier quart du VIe siècle (M. CORRENTE, dans Principi, 68).
241 Comme le propose M. CORRENTE, dans Principi, 63.
242 BOTTINI 1982, 34. Il faut remarquer que cette disposition des tombes à côté des habitations s’observe à Lavello au cours du VIIe siècle, alors qu’au siècle précédent la nécropole était située dans un espace isolé (BOTTINI 1982, 98).
243 M. CORRENTE, dans Principi, 63.
244 Seuls trois côtés du bâtiment ont été conservés ; la seule dimension complète est la largeur ; voir F. G. LO PORTO, dans Principi, 72 ; un plan et une photo de l’oikos sont publiés à la p. 73.
245 Précisément 25 pieds attiques de 29,6 centimètres (RUSSO TAGLIENTE 1992, 75).
246 Comme le soulignent à juste litre WHITEHOUSE & WILKINS 1989, 109-110 : « no such buildings have yet been found on any native site, and their presence cannot be assumed on the basis of the architectural terracottas alone. (...) these terracottas may have been traded as elements in their own right, along with other kiln products such as pottery vessels and votive figurines ; they may have been attached to buildings of non-Greek type ».
247 La fouille de cet édifice, effectuée en 1971 et 1975, a été publiée sous forme de notes préliminaires dans LO PORTO 1971, 493 ; LO PORTO 1975, 635-645 ; l’analyse la plus détaillée est dans F. G. LO PORTO, dans Principi, 75-76. Pour une révision de ces données voir RUSSO TAGLIENTE 1992, 73 sqq.
248 LO PORTO 1975, 639 ; F. G. LO PORTO, dans Principi. On trouverait une confirmation de cette possible utilisation dans la présence de structures artisanales plus tardives, caractérisées par des grands pithoi et des pesons de métier à tisser et interprétées comme « un opificio specializzato nella lavorazione della lana » (ibid., 72).
249 Bâtiment A : 7,40 m x 14,80 m ; bâtiment Β : il en reste simplement le côté court, de 7,80 m (RUSSO TAGLIENTE 1992, 73).
250 RUSSO TAGLIENTE 1992, 74, pl. 32.
251 RUSSO TAGLIENTE 1992, 78.
252 RUSSO TAGLIENTE 1992, 73.
253 Voir le chapitre X, 353 sqq.
254 F. G. LO PORTO dans Principi, 75.
255 Pour la typologie de ce décor voir R. GINOUVÈS, Dictionnaire méthodique de l’architecture grecque et romaine, vol. II, pl. 84, n. 2.
256 Voir les exemplaires publiés dans Monte Sannace, 142, n. 1 ; 145, pl. 298 ; pl. 257.
257 RUSSO TAGLIENTE 1992, 73.
258 Gravina II, 205, n. 1621, pl. XV1I1 : fragment hors contexte d’une sima à « baldacchino » avec tête de lion et décor peint à méandre, comparée par les éditeurs à des fragments provenant de Tarente et Paestum.
259 Voir notamment une sima du Musée de Tarente avec un décor identique à celui des terres cuites de Toppicelli. Elle présente le motif à méandres à svastikas avec des fleurs inscrites dans les carrés, ainsi que les protomes de lions et les appliques à forme de rosette, et même le couronnement à palmettes ajourées. Cette sima a été publiée par G. ANDREASSI, dans Actes X CSMG, 419-420, pl. LXVII ; voir aussi, pour le motif du méandre, les fragments aux pl. LXVI, 1-4, et LVIII, 1, 3.
260 F. G. LO PORTO, dans Principi, 75. Pour les terres cuites architecturales de Poseidonia voir aussi les fragments de simae datés du VIe ou du début du Ve siècle, retrouvés dans les fouilles de l’édifice circulaire de l’Agora (D. THEODORESCU, dans Poseidonia-Paestum II, 134-135, n. 241-245, pl. 83). Plus en général sur les simae peintes de Grande Grèce et de Sicile : M. MERTENS-HORN, Archaische Tondächer westgriechischer Typologie in Delphi und Olympia, dans Hesperia 59, 1990, 235 sqq.
261 Voir une sima de Tarente au Musée de Karlsruhe, datée de la première moitié du Ve siècle : W. SCHURMANN, Katalog der antiken Terrakotten im badischen Landes-museum Karlsruhe, Goteborg 1989, 86, pl. 50, n. 294. Cette sima est décorée avec le même motif du méandre à svastikas et des fleurs inscrites dans les carrés, ainsi qu’avec une gouttière à protome de lion.
262 Cette sima présente en effet le même bord ajouré et la gouttière en forme de protome de lion : voir à ce sujet F. BARELLO, Resti di architettura greca a Hippo-nion, dans ASNP, série 3, 19, 2, 1989, 535 sqq. : voir notamment les pl. XX, n. I (toit Β) et XXI, n. 1 (toit D).
263 Ce fragment, décoré d’un méandre à svastika et d’une rose à six pétales, a été publié par M. CRISTOFANI, Le terrecotte architettoniche provenienti dal santuario di Hera Lacinia a Capo Colonna, dans ArchClass XIX, 2, 1967, 313-319, pl. C, 1. Il faut bien dire qu’un motif identique revient aussi sur une frise architecturale étrusco-italique du dernier quart du VIe siècle : je pense à un exemplaire très connu de Velletri, sur lequel voir A. ANDREN, Osservazioni sulle terrecotte architettoniche etrusco-italiche, dans Opuscula Romana VIII, 1974, 1-16.
264 Monte Sannace, 144 ; 152.
265 G. ANDREASSI, dans Actes X CSMG, 421.
266 Voir à ce sujet D. MERTENS, L’architettura, dans Metaponto, Actes XIII CSMG, Naples 1974, 187-237, 221.
267 GRECO 1991, 38, signale à Serra di Vaglio la présence d’un four et de restes de terres cuites architecturales non finies, travaillées certainement sur place, tout à fait correspondant aux types qu’on trouve à Métaponte.
268 Sur le rôle de Métaponte dans la diffusion de modèles architecturaux, mais aussi culturels vers l’arrière-pays indigène, de la côte ionienne (S. Biagio alla Venella, Serra di Vaglio) à tout le territoire lucanien et daunien, voir I. RAININI, Terrecotte architettoniche dal Melfese, dans BA 62-63, 1990, 64.
269 C’est le modèle d’explication qu’on a proposé, par exemple, dans le cas des oikoi retrouvés dans un site proche, à Lavello, dans les quartiers Casino et San Felice. Voir à ce sujet RUSSO TAGLIENTE 1992, 77-78, avec renvois à la bibliographie précédente.
270 Voir infra, 358 sqq.
271 Comme l’admet d’ailleurs RUSSO TAGLIENTE 1992, 229 : « dell’acropoli di Canosa si conosce poco ο nulla ».
272 DE JULIIS 1990, 70 ; RUSSO TAGLIENTE 1992, 73-75. Je ne suis toutefois pas persuadée que ce seul fragment puisse constituer la preuve que des édifices comme celui de Toppicelli se trouvaient aussi sur l’acropole de Canosa, comme le suggère A. Russo Tagliente.
273 DE JULIIS 1990, 70 ; voir aussi E. M. DE JULIIS, L’assetto urbano, dans Principi, 142 sqq.
274 C’est l’hypothèse de DE PALO & LABELLARTE 1985, 128. Pour la cartographie des localités mentionnées voir IGM, F. 176, IV N-E.
275 Les fouilles des années 1930 (GERVASIO 1938) ont été reprises aux cours des années 1960 par F. Tinè Bertocchi : la zone concernait deux nécropoles médiévales considérées à tort comme romaines par Gervasio, nommées « Campo A » et « Campo Β ». Les fouilles des années 1960 sur l’acropole sont dues à N. Degrassi. Pour un résumé des découvertes plus anciennes, voir DE JULIIS 1985, 360-361.
276 Sur ces mobiliers voir GERVASIO 1938, 18 ; DE JULIIS 1985, 360.
277 Il s’agit d’une tombe en fosse rectangulaire, avec trois inhumés. Le mobilier était constitué par deux vases indigènes du VIe siècle et une fibule en bronze à « navicella » (DE JULIIS 1985, 361). D’autres découvertes sont très douteuses. Il nous manque les indications sur la provenance des antéfixes publiées dans GERVASIO 1938, 478, pl. 49.
278 M. CORRENTE, Barletta (Bari), Canne della Battaglia, dans Taras XVII, 1, 1997, 110-112.
279 Sur les fouilles des années 1980 à Antenisi voir DE PALO & LABELLARTE 1985, 103 sqq. ; M. LABELLARTE, dans Principi, 103-108.
280 La tombe 84/7 comportait en fait un cratère et une cruche subgéométrique (DE PALO & LABELLARTE 1985, 125, fig. 18-19 ; M. LABELLARTE, dans Principi, 103 ; 106-107). Le vase est assigné par M. Labellarte au « Daunio II » De Juliis (première moitié du VIe siècle). Toutefois le décor du cratère —une ligne de losanges pointillées sur l’épaule— rentre dans le schéma Β de la « Foot-Krater Class », une céramique produite probablement à Canosa entre 650/625 et 550/525 av. J-C. : voir YNTEMA 1990, 239, pl. 219, 240, pl. 220, n. 5. D’autres pièces du mobilier céramique (un askos et un « attingitoio » : voir M. LABELLARTE, dans Principi, 105, n. 2) peuvent appartenir à ce même groupe.
281 DE PALO & LABELLARTE 1985, 127 ; RUSSO TAGLIENTE 1992, 30. Les cabanes de Cannes et de Lavello étaient en forme arrondie, avec des poteaux en bois le long du périmètre. Le sol était revêtu en bois. Le plan de la cabane reconstituée à Cannes serait de 9 mètres carrés environ.
282 DE PALO & LABELLARTE 1985, 127 ; M. LABELLARTE, dans Principi, 103. Le seul fragment publié (DE PALO & LABELLARTE 1985, 128-129, pl. 21) pourrait bien être encadré dans le SIEG (YNTEMA 1990, 40-44) : pour le motif des triangles hachurés, voir YNTEMA 1990, 33, pl. 17, n. 2 ; voir aussi une olla d’Otrante, datée vers la fin du IXe siècle, ibid., 43, pl. 25. Cannes peut être ainsi ajouté à la liste déjà connue des sites qui ont livré de la céramique du « South-Italian Early Geometric » (YNTEMA 1990, 40-44). Pour la présence de céramique du « South-Italian Protogeometric » voir YNTEMA 1990, 27.
283 Dont le seul fragment publié est dans DE PALO & LABELLARTE 1 985, 130-131, pl. 22.
284 DE PALO & LABELLARTE 1985, 121 ; 123, pl. 16. Ce dernier fragment, le seul publié, pourrait être classé de manière plus précise dans le SDS I Yntema, daté de la deuxième moitié du VIIe au milieu du VIe siècle (voir pour le motif décoratif YNTEMA 1990, 240, pl. 220, n. 5).
285 Comme le propose RUSSO TAGLIENTE 1992, 110; voir aussi la restitution graphique à la pl. 59.
286 DE PALO & LABELLARTE 1985, 127-128. L’introduction des antéfixes en terre cuite est considérée comme la conséquence d’une influence hellénisante, qui comporte aussi l’arrivée de céramique à figures rouges et à vernis surpeint.
287 Voir quelques-unes des antéfixes publiées par GERVASIO 1938, 478, pl. 49.
288 Les analogies sont assez précises avec un fragment daté de la fin du VIe siècle comparé avec des types de Metaponte, de Syracuse et de Monte Sannace : Gravina I, 205, n. 1619, pl. XVII.
289 CORRENTE 1995, 54-56 : il s’agit d’une sima décorée d’une tresse et d’un kyma dorique, comparée à des exemplaires de Tarente, Métaponte et Paestum.
290 Les résultats de cette enquête ont été publiés dans D’ERCOLE 1990.
291 Voir M. CORRENTE, Barletta. Cattedrale, dans Taras XV, 1, 1995, 51-54.
292 Voir D’ERCOLE 1990, notamment 143-155.
293 YNTEMA 1979, 33.
294 Ce sont les exemplaires publiés par MAYER 1914, 118, n. 6, 119, n. 3, 159, n. 7.
295 BOTTINI 1982, 97-98.
296 Une utile synthèse sur la question est dans CORRENTE 1993, 41-55, notamment 43 sqq.
297 Pour la comparaison entre les cabanes de Cannes et de Lavello, voir RUSSO TAGLIENTE 1992, 30.
298 BOTTINI 1982, 97 constate la présence à Banzi d’un réseau continu de noyaux assez réduits d’habitations, situés sur la colline à quelques mètres de distance entre eux, sans aucun système de défense commun.
299 WHITHEHOUSE & WILKINS 1989, 123.
300 Comme le souligne DE JULIIS 1990, 70.
301 C’est en effet à ce moment que la documentation archéologique de l’habitat côtier devient considérable ; la typologie des matériaux ne laisse nul doute sur les liens avec Canosa (D’ERCOLE 1990, 143 sqq.). Sur les découvertes récentes de sépultures du IIe siècle av. J.-C. dans la cathédrale de Barletta : CORRENTE 1995, 53-54.
302 Le poids de la construction mentale et de la représentation littéraire des lieux dans la description strabonienne de l’Adriatique a été récemment bien mis en valeur par TRAMONTI 1993, notamment 125 sqq.
303 E. LEPORE, Conclusioni, dans La romanisation du Samnium aux IIe et Ier siècles av. J.-C., Actes du Colloque Naples 1988, Naples 1991, 261.
304 Sur la définition difficile des caractères de la société frentane et des limites de son territoire voir A. LA REGINA, Aspetti istituzionali nel mondo sannitico, dans Sannio 1984, 17-20, qui souligne la centralité des aspects institutionnels pour établir les confins et les différences entre les ethne anciens. La pluralité d’influences dans la culture archaïque des Frentans a été bien soulignée aussi par TAGLIAMONTE 1996, 115.
305 Comme le remarque SUANO 1991, 66, certains sites du Picenum méridional sont plutôt proches des rituels samnites que des coutumes picéniens : ainsi, « Campo-valano and Loreto Aprutino/Contrada Farina are clearly not Picene ».
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