Les productions de céramique à pâte calcaire entre la fin du Ier s. avant n. è. et la fin du Ier s. de n. è. à partir des ateliers de Saint-Lambert / Valescure et de Sainte-Croix 2 (Fréjus, Var)
p. 191-231
Résumé
De nombreux ateliers de potiers ont été reconnus à l’intérieur des remparts de Fréjus ou à proximité immédiate de la ville. Mais c’est à la périphérie de la ville antique, vers l’Est, qu’a été implanté dès l’époque augustéenne le complexe artisanal de Saint-Lambert/Valescure qui a fonctionné jusqu’à la fin du Ier s. de notre ère. Les productions de ces fours sont très variées : amphores de type Dressel 2/4, amphores Gauloises (essentiellement G5 et G4 et aussi des formes plus anciennes), mais aussi des tuiles, des éléments architectoniques (plaques Campana, antéfixes), et de la vaisselle. Les analyses faites par le Laboratoire de Céramologie de Lyon ont confirmé l’origine des céramiques produites par ces fours. Il s’agit de revoir les résultats des études précédentes afin d’approfondir la typo-chronologie des productions fréjusiennes, tout en déterminant la part et l’évolution de l’influence italique sur ces dernières.
Texte intégral
1. Le contexte des ateliers de Fréjus
1L’activité potière de la région de Fréjus est attestée depuis l’époque romaine jusque dans le courant du XXe s., favorisée par la présence d’un important gisement d’argile du Pliocène, marnes bleues parfois fossilifères permettant la production de céramique à pâte calcaire. Cette nappe s’étend de la ville antique jusqu’aux pentes de l’Estérel, du quartier de Sainte-Croix à celui de Bellevue au Nord, et comprend les quartiers de Saint-Lambert, Valescure et la Madeleine à l’Est. Plusieurs ateliers et dépotoirs ont été fouillés depuis les années 1980 et l’ensemble des données disponibles en 1994 ont été publiées dans un article de synthèse faisant le point à la fois sur les sites de production, les dépotoirs secondaires, les sites de consommation et définissant les productions céramiques1 (Gébara, Béraud 1996 ; Ardisson et al. 2004 ; voir aussi Botte, Excoffon supra).
2L’étude a confirmé l’importance de Fréjus comme nouveau centre de production régional pour les amphores vinaires et la céramique commune à pâte calcaire, ainsi que pour les terres-cuites architectoniques, souvent associées dans un même atelier, dès la fin du Ier s. avant J.-C. Elle a permis de mettre en évidence l’installation de potiers italiques dans le sillage de la déduction de la colonie, arrivant avec leur répertoires propres (Dressel 2/4, formes de céramique commune) et notamment celui des plaques décoratives dont les modèles et les cartons sont italiens. L’évolution de leur production par un enracinement progressif des répertoires à travers l’adoption de formes locales (amphores gauloises notamment), puis la standardisation croissante de certaines formes s’est développée à partir du milieu du Ier s. après J.-C. Le répertoire fréjusien qui s’établit dès l’époque augustéenne s’est sans doute étendu ensuite à la proche région, stimulant une activité artisanale somme toute assez homogène dans le Var, que l’on retrouve aussi dans les départements avoisinants (voir à ce propos Excoffon supra). Outre la présence de ces productions sur les sites fréjusiens et varois, la cargaison d’une épave se dirigeant vers la Provence orientale ou la Ligurie a confirmé la diffusion régionale d’une marchandise qui pouvait paraître à priori de peu de prix au vu de son caractère utilitaire et plutôt ordinaire.
3Cette première étude se devait d’être complétée du point de vue du répertoire des formes, car une partie des productions recueillies dans les dépotoirs n’avait pas pu être complètement examinée, et le répertoire présenté, surtout pour la fabrique de Saint-Lambert 3/Valescure 1 (que nous appellerons Saint-Lambert/Valescure), ne prenait en compte que les éléments les plus complets ou les plus caractéristiques. De même, nous nous devions de réexaminer en détail les productions de fours fouillés plus anciennement. Les comptages devaient être précisés, ainsi que les typologies, de nouvelles analyses devaient être réalisées. Enfin le rapprochement avec du matériel comparable trouvé dans des ensembles bien datés (fouilles de la Porte d’Orée, du Clos de la Tour, des Aiguières, des deux nécropoles de Fréjus), se devait d’être tenté. Cette étude nous permet aujourd’hui de compléter et de mieux définir cette production de céramiques communes à pâte calcaire et surtout de créer une typologie propre à Fréjus, leur principal lieu d’origine. L’échange avec les autres chercheurs réunis dans l’ACR et notamment avec le Laboratoire de Céramologie de Lyon, a permis de mettre en évidence, hormis l’existence probable d’un autre centre de production dans les Alpes-Maritimes, non encore caractérisé, l’importance régionale du centre de Fréjus.
1.1. Ateliers et lieux de production choisis pour l’étude
4Afin de pouvoir créer une première typo-chronologie des productions fréjusiennes, nous avons restreint notre étude aux productions de fours ou d’ateliers avérés, complétée avec les céramiques des dépôts secondaires (décharge, comblement) ; cela si le contexte ne laissait pas ou peu de doute sur leur atelier ou zone de production d’origine. Ont été écartés les ateliers dont la production n’était pas caractérisée ou mal caractérisée2. La période chronologique s’est, de ce fait, resserrée : de la fin du Ier s. avant J.-C. à la fin du IIe après. Le premier lieu de production, le plus important en taille, en organisation et couvrant une période chronologique de plus d’un demi-siècle, est celui de l’officine de Saint-Lambert / Valescure, dont on connaît, tout au moins pour l’époque augustéenne, le propriétaire, et la production. Le dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7 (Les Allées Auréliennes), et les éléments de destruction de four de Saint-Lambert 8 (L’Ile Blanche) situés entre Sainte-Croix 2 et Saint-Lambert / Valescure, se rattachent aussi à ce site. Le regroupement de gisements jusqu’alors dissociés a pu être effectué à la faveur des analyses et de l’étude du contexte et de la typo-chronologie, il s’agit des sites de Sainte-Croix 2 (atelier présumé, dépotoirs, bassin de décantation) et de Sainte Croix 6 (dépotoir), ainsi que l’indice de four de Sainte-Croix / Avenue du XVe Corps. A ce groupe ou à celui de Saint-Lambert / Valescure pourrait se rattacher la grande quantité de céramiques comblant les fossés de la voie romaine traversant la nécropole de Saint-Lambert 1, et qui provenait de manière évidente, même si secondairement, d’un dépotoir de potiers. Enfin, la production de l’atelier du Pauvadou a pu être réexaminée et intégrée à la typologie générale.
1.2. Lieux de production et gisements associés
5Les sites dont il est question dans cet article ayant fait l’objet d’une publication synthétique en 1996, nous présentons pour chacun un court résumé permettant de les caractériser en les regroupant par centre de production (Gébara, Béraud 1996) (fig. 1).
1.2.1. Le groupe de Saint-Lambert/Valescure
6Tous les sites liés à ce groupe se trouvent à proximité immédiate du tracé d’une voie reliant Fréjus au littoral et à l’Italie et qui, à la sortie de la ville antique, traversait également la nécropole de Saint-Lambert.
1.2.1.1. L’officine Saint-Lambert/Valescure
7Les ateliers de Saint-Lambert/Valescure, situés au cœur du gisement de marnes du Pliocène (Avenue André Léotard au nord-est de la ville antique) formaient une véritable zone artisanale vouée à la production de céramique commune à pâte calcaire, sur une période allant du Ier s. avant J.-C. à la fin du Ier s. de notre ère. Elle avait été installée en pied de pente, à la jonction du substrat rocheux et de la nappe d’argile, en bordure immédiate du Valescure, ruisseau qui à l’époque antique devait connaître un débit plus important3. A Saint-Lambert 3 ont été sondés puis fouillés entre 1991 et 1995 deux fours d’époque augustéenne, leurs annexes ainsi que des dépotoirs, qui ont permis de sérier les productions. Il s’agit de céramique commune (cruches, coupes et mortiers) et amphores gauloises de types précoces (G1, G8 et G9), mais surtout d’une forme d’amphore vinaire de type Dressel 2/4 à anses faussement bifides, portant l’estampille du propriétaire de l’officine, Marcus Julius Licinius, très certainement citoyen romain appartenant à la gens Iulia, attestée dans la région de Fréjus. Ces fours produisaient également du matériel de construction, briques et tuiles, et aussi trois séries de plaques architecturales en terre cuite, connues sous le nom de « zophoros » ou « plaques Campana », rares en Gaule, présentant un décor de têtes de Gorgone et d’Apollon (ou Persée) alterné. Ces plaques, constituant une frise décorative, étaient destinées à orner l’architrave d’un bâtiment public important. L’abandon de l’officine de Saint-Lambert 3 est situé vers les années 30 après J.-C. L’officine de Valescure 1 prend la relève de celle de Saint-Lambert, avec peut-être un hiatus de 10 ans dans le fonctionnement des fours. Cependant une partie des structures est datée de l’époque augustéenne (possibles boutiques, carrière d’argile, éléments de destruction d’un four plus ancien), permettant de mettre les deux sites en relation étroite. Vers 40 après J.-C., un four, ses annexes, des dépotoirs, ainsi qu’un grand hangar englobant les boutiques de l’époque précédente, se développe autour d’une voirie secondaire provenant de la route qui reliait Forum Julii au littoral. Le matériel issu des dépotoirs est constitué en grande partie d’amphores vinaires de type Gauloise 4, mais aussi de G. 5 et variantes, de céramique commune (cruches, coupes et mortiers), ainsi que de matériaux de construction (tuiles, pesons). Cet atelier est abandonné vers la fin du Ier s. après J.-C., bien que le site continue à être fréquenté jusqu’au IIe siècle.
8Ces deux fouilles ont permis de déterminer une zone couvrant une superficie minimum de 7000 m2, représentant une véritable fabrique regroupant plusieurs unités de production s’échelonnant dans le temps, accompagnées d’annexes de plus en plus complexes, et recouvrant un siècle de production. L’existence de cette zone artisanale constitue une forme inédite à Fréjus et relativement originale, dépendant vraisemblablement directement de l’agglomération antique.
1.2.1.2. Le dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7 (Les Allées Auréliennes)
9Situé au sud de l’Avenue André Léotard, à mi-chemin entre l’officine de Saint-Lambert/Valescure et de la nécropole de Saint-Lambert, c’est un terrain en pente bordé par le ruisseau du Valescure. Un dépotoir d’atelier de potiers ayant produit de la céramique commune à pâte calcaire (cruches de plusieurs modules, grandes coupes) ainsi que des amphores de type G4, G5 et variantes, était localisé vers le sommet de la pente, à faible profondeur. Le matériel avait été jeté dans une fosse à raison de plusieurs couches superposées, indiquant des apports distincts mais peu éloignés dans le temps. Des tuiles vitrifiées et des tubulures étaient mêlées aux éléments mal cuits ou surcuits. Cet ensemble homogène représente une partie au moins du répertoire d’un atelier datable du milieu du Ier s. après J.-C., que nous identifions aujourd’hui au groupe de Saint-Lambert/Valescure.
1.2.1.3. Le four (?) de Saint-Lambert 8 (L’Ile Blanche)
10Non loin de Saint-Lambert 7 en bordure de l’Avenue André Léotard, ont été trouvés en vrac de nombreux surcuits et scories de tuiles, des briquettes, des surcuits et des tessons d’amphore, des moellons rubéfiés, s’apparentant à une décharge qui pourrait provenir de la réfection ou de la destruction d’un four de potiers. Ce site, daté très largement du Ier-IIe s. après J.-C., pourrait se rattacher à un nouveau four ou provenir de l’officine de Saint-Lambert/Valescure, proche d’une centaine de mètres.
1.2.2. Le groupe de Saint-Croix
11Plusieurs éléments permettent de relier un atelier, des structures annexes et un vaste dépotoir situés de part et d’autre de l’Avenue du XVe Corps d’Armée, dans la petite dépression immédiatement adjacente à la Porte de Rome d’où était issue la voie aurélienne (ou plus précisément la via per Alpes maritimas).
1.2.2.1. Le four (?) de Sainte-Croix Avenue du XVe Corps
12En 1979, un dépotoir de four de potiers a été observé dans une tranchée ouverte dans la RN7 ou à proximité, associé à des murs, des scories, des fragments de briques de sole et des surcuits d’amphore (types G5 et G4), ainsi que des tuiles et des tubulures (Brentchaloff 1980, p. 78).
1.2.2.2. Le bassin de décantation de Sainte-Croix
13Lors d’une campagne de fouille en 1984 a été trouvée à proximité du site précédent une aire formée de tuiles plates à rebords retaillés ou placées à l’envers, bordée de tuiles placées de chant. Ce bassin, interprété comme lieu de décantation, de stockage ou de malaxage d’argile, mesurait 3 m sur 2,30 m. Le matériel jeté dedans lors de l’abandon, comportant des éléments divers, indiquait que la structure avait servi de décharge. Il a permis de situer sa datation avant 60 après J.-C.
1.2.2.3. Le dépotoir de Sainte-Croix 2
14Au nord de l’Avenue du XVe Corps, en face du site précédent, des sondages puis des fouilles effectuées en 1980 ont révélé un vaste dépotoir d’atelier de potiers situé à 150 m environ de la Porte de Rome (Gallia Informations 1981, p. 534-535). Ce gisement comprenait un pourcentage important d’amphores de type G5 et G4, ainsi que de la céramique commune qui n’avait pas été étudiée jusqu’à présent. Ce matériel était mêlé en outre à des fragments de supports de sole, des briques de four, des scories et des surcuits, ainsi que du matériel divers lié à des décharges urbaines. Il semble que le site ait servi de déchetterie commode aux portes de la ville. L’impressionnante surface de l’épandage ainsi que les éléments épars semblent provenir aussi de la destruction d’un four de potiers. Ce fractionnement peut avoir été le fait des mises en culture postérieures, notamment des murs et des drains médiévaux et modernes réutilisant du matériel antique.
1.2.3. Le groupe du Pauvadou
1.2.3.1. L’atelier du Pauvadou 1
15Fouillé en 1978, cet atelier est situé au nord-ouest de la ville antique, à une centaine de mètres du rempart, sur une pente douce (Brentchaloff 1980). Il comprenait quatre fours regroupés dans un bâtiment rectangulaire de 9 m sur 20,30 m. Les trois fours principaux ont commencé à fonctionner dans les années 40 après J.-C., le quatrième serait légèrement plus tardif. Plusieurs dépotoirs à l’intérieur de l’atelier et à l’extérieur ont permis de déterminer sa production : essentiellement amphores de type G5 et céramiques communes, quelques fragments d’amphores de type G4 et des ratés de cuisson de paroi fine grise sablée. L’atelier, qui cohabite pendant quelques décennies avec la nécropole du Pauvadou/Lagon Bleu (utilisée du Ier au IVe s. après J.-C.), a été détruit puis recouvert par l’extension du site funéraire à partir du deuxième tiers du IIe s. après J.-C. Il bénéficiait d’une source à proximité et probablement d’une fontaine qui se situait au sommet de la butte, dans la nécropole.
1.2.3.2. Le dépotoir du Pauvadou 2
16À une vingtaine de mètres du rempart, une décharge urbaine trouvée en 1978 et datée de la deuxième moitié du Ier s. après J.-C., contenait, parmi de nombreux tessons et matériel divers, des déchets provenant des fours voisins, dont « des vases à paroi fine sablée, des ustensiles de potiers, des débris de fours » (Gallia Informations 1981, p. 534). Une série d’observations dans les années 1990 a permis de déterminer que cette décharge existe de manière discontinue tout le long du rempart. Elle est à rattacher à la fois à l’atelier du Pauvadou et au quartier d’habitation du Clos de la Tour.
1.2.4. Le cas de Saint-Lambert 1 (nécropole et voie)
17À l’est de la ville antique, à environ 200 m de la Porte de Rome, la nécropole est en fonction du Ier s. avant J.-C. au IIe s. après. La partie fouillée entre 1983 et 1987 était traversée par une voie qui se dirigeait vers le littoral, passant devant les sites potiers de Saint-Lambert et Valescure, bien qu’aucune trace n’ait pu en être repérée en dehors de la nécropole, occultée sans doute par l’Avenue André Léotard. Un très grand nombre de céramiques concassées ont été retrouvées dans les recharges du statumen ainsi que dans les fossés latéraux. Il s’agit majoritairement de céramique commune à pâte calcaire. Une demi-amphore de type G5 a même été utilisée pour boucher un nid de poule. La chaussée, large de 7 m environ, était bordée par deux fossés de 1 m de large chacun. Ceux-ci avaient été peu à peu comblés, au fur et à mesure de l’exhaussement de la chaussée, par des décharges d’amphores et de céramiques à pâte calcaire de production locale (Ricq de Bouärd 1996, p. 13-19). La première couche de la chaussée est datée postérieurement à 49 avant J.-C. par une monnaie de Marseille. Le comblement des fossés semble dater de la deuxième moitié du Ier siècle après J.-C. Les formes représentées sont en majorité des G5, des Dressel 2/4 à anses faussement bifides, et des petits vases aux formes variées qui n’avaient pu, jusqu’à présent, être étudiés que très sommairement. Dans la précédente étude, le matériel provenant de la voie et de ses fossés et la fourchette chronologique de la stratigraphie de la chaussée, nous avait fait pencher pour un rattachement au groupe de Saint-Lambert/Valescure. Cependant, l’étude présente montre que d’autres éléments se rapprochent du groupe de Sainte-Croix. Enfin, une partie des formes pourrait provenir d’un atelier encore inconnu.
2. Introduction à l’étude de la céramique de Fréjus
2.1. Méthodologie
18L’étude des productions de céramique commune à pâte calcaire de l’officine de Saint-Lambert/Valescure et de l’atelier de Sainte-Croix 2, auxquels s’ajoute le mobilier du dépotoir de Saint-Lambert 7 et de la recharge de voie traversant la nécropole de Saint-Lambert 1, s’est faite à partir d’un comptage de l’ensemble des tessons de céramique commune (NR), suivi du décompte des lèvres et des cols sans collage préalable (NMI*) (Arcelin, Tuffreau-Libre 1998)4. L’ensemble du matériel provient des dépotoirs de potiers ainsi que des structures qui forment les ateliers fouillés (aire de tuiles, cuve de décantation, four et autres). Une partie vient aussi de dépotoirs secondaires et de décharges dépendants directement de centres de production. Le mobilier traité compte 1118 vases (NMI*) sur un total de 2211 objets - amphores comprises-avec pour la céramique commune, un trio dominant de pichets, cruches et coupes (fig. 2). Une partie de la céramique de l’atelier du Pauvadou a été replacée dans le contexte des productions fréjusiennes.
2.2. Pâtes et décor
19Les analyses physico-chimiques et pétrographiques faites sur les productions de Saint-Lambert/Valescure décrivent une vaisselle céramique composée d’une pâte calcaire issue des argiles marines du pliocène5. Le terme de céramique à pâte calcaire est celui qui s’applique à toutes les céramiques de ce type, mais les productions de Fréjus sont majoritairement à pâte claire, avec un mode de cuisson en milieu oxydant qui donne une coloration allant du beige à l’orange. Les céramiques à pâte calcaire et à cuisson réductrice, assez limitées, sont appelées ici « pâtes grises ». D’après les observations de M. Picon, confirmées par les analyses complémentaires de 1993 et 2006, les pâtes des vases de Saint-Lambert 7 s’apparentent aux productions de l’officine de Saint-Lambert/Valescure alors que celles de Saint-Lambert 1 forment un ensemble homogène d’origine fréjusienne mais dont l’atelier de production n’a pas été identifié. Très peu de vases sont décorés, seuls certains conservent un décor de bandes incisées sur la panse ou sur la lèvre alors que d’autres portent encore des traces d’un engobe rouge. La céramique commune engobée est peu représentée, les principaux exemplaires proviennent de l’atelier de Sainte-Croix 2 avec 11 fragments de vases engobés : 1 cruche, 7 coupes, 2 mortiers et 1 couvercle (voir infra) ; et seules les coupes reproduisent une forme de céramique fine campanienne ou de sigillée italique, la forme Goudineau 21 (Rivet 2002).
2.3. La typologie des céramiques communes à pâtes calcaires de Fréjus
20À partir de cette étude des céramiques communes issues des contextes d’ateliers précités, l’étude des productions permet de créer un premier répertoire de formes dites « de Fréjus », bien datées et dont on sait qu’elles sont largement diffusées à partir d’un centre de production majeur. Certaines formes ont été répertoriées dans diverses publications (Rivet 1980 ; Pasqualini 1993 et 1998a ; Béraud, Gébara, Landuré1991). La synthèse la plus importante a permis d’établir une typologie des céramiques communes en Provence de la fin du Ier s. au début du IIe s. de n. è. (Pasqualini 1988, 1996 ; 1998 a et b). Cependant, les céramiques de la nécropole de Saint-Lambert et des ateliers de Saint-Lambert/Valescure et de Sainte-Croix n’ont pas été intégrées dans ces recherches. Si certaines formes de ce répertoire de Fréjus ainsi créé trouvent des équivalences dans la typologie existante, d’autres la renouvellent et la complètent, en mettant en évidence leur origine locale.
21À partir de l’observation des lèvres et cols, 44 formes « Fréjus » ont été définies, dont 20 formes fermées, 24 formes ouvertes. Le répertoire ainsi créé évolue du début du règne d’Auguste, avec la production du site de Saint-Lambert 3, jusqu’à la fin du Ier s. de n. è. avec les sites de production de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2. Le corpus des céramiques communes à pâte calcaire de Fréjus se compose d’une vaisselle de table et de service qui rassemble les cruches, les pichets et les bouteilles, de coupes (grandes coupes, coupelles, bols, coupes à pied) et de plats avec couvercles. La vaisselle de cuisine comprend des vases pour la préparation des aliments (mortiers, pots, urnes, plat et grandes coupes), la vaisselle de stockage et de conservation, des vases de réserve de type amphorettes, pots et pichets à 2 anses, de grands récipients pouvaient être également réservés au transport. On trouve aussi des cruches pour le puisage de l’eau dans les divers bassins, cuves et fontaines de la cité. S’ajoute à cet ensemble un autre type de vaisselle domestique, celle destinée à la toilette (ou lavage) et essentiellement représenté dans cette étude par les bassins. Malgré cette classification très générale, il reste difficile d’associer une forme de céramique à sa fonction d’origine et de déterminer son usage réel.
22Ces groupes de vases se partagent entre formes fermées, majoritaires (au nombre de 652), et formes ouvertes (au nombre de 460). Les premières comptent une forte proportion de pichets (306) et de cruches (273) puis d’amphorettes (47) et de pots (26) et les secondes se composent de coupes (271) suivie d’un nombre moindre de couvercles (66), de plats (55), de mortiers (34) et de bassins (34) (fig. 3).
2.4. Répertoire des formes de céramiques communes à pâte calcaire de Fréjus
2.4.1. Les formes fermées
23Les formes fermées regroupent 6 catégories de vases différentes, les cruches, pichets, pots et amphorettes mais aussi le flacon et la bouteille. La catégorie de pichet a été élargie à celle de pot par l’absence, pour certaines formes retenues, de moyen de préhension, tandis que celle de pot a été rapprochée du modèle « urne ».
2.4.1.1. Les cruches
Forme Fréjus 1
24Cruche globulaire à lèvre simple légèrement déversée, col haut et renflé, à une anse (fig. 4).
25Vase d’un diamètre d’ouverture qui varie de 4 à 6 cm.
26Nombre d’exemplaires : 4.
27Équivalence : Pasqualini A1 c. c, A1d. d (Pasqualini 02.01.021, 02.01.013).
28Cette forme est essentiellement produite dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3. Des exemplaires ont été trouvés dans les nécropoles de Saint-Lambert 1 (en dépôt dans la tombe T60 n. 12) (fin du Ier s. av. n. è.) et du Pauvadou 3 (milieu du Ier s. de n. è.) (Gébara, Béraud 1996, p. 322-323) ainsi que sur les sites de Villeneuve-les-Aiguières (dans des niveaux du milieu du Ier s. de n. è.) et du Clos de la Tour (couches datées de 70 de n. è.) (Rivet 1980, p. 110). Six exemplaires sont présents dans la cargaison de l’épave des Roches d’Aurelle, fouillée au large d’Agay à Saint-Raphaël (fin Ier s. de n. è.) (Bérato et al. 1986b, type 5,). Ces vases sont poissés et présentent 2 modules différents, l’un de 29 cm de hauteur (3,35 l) et l’autre de 31 cm (4,8 l). En Ligurie, dans la nécropole de Vintimille, des cruches à col renflé ont été découvertes dans les tombes de la deuxième moitié du Ier s. de n. è. (Olcese 1993, p. 271-272).
29Variante Fréjus 1.1
30Cruche globulaire à lèvre arrondie et col étroit, légèrement renflé, à une ou deux anses (fig. 4).
31Diamètre d’ouverture de 2,5 à 4 cm.
32Nombre d’exemplaires : 3 dont 1 cruche engobée (n. 2).
33Cette variante se différencie de la cruche à col renflée forme Fréjus 1 par un col plus court et moins renflé. Le modèle forme F. 1.1 n. 2 est engobé. Cette forme de cruche est produite dans les fours de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou du milieu du Ier s. de n. è. jusqu’à la fin du Ier s.
Forme Fréjus 2
34Cruche globulaire à lèvre en calice (ou à profil convexe) légèrement pincée et col renflé, à une anse (fig. 4 et 5).
35Diamètre d’ouverture de 4 cm à 6 cm.
36Nombre d’exemplaires : 4.
37Équivalence : proche de la cruche A9 du site de Sallèles d’Aude (Laubenheimer 1990a).
38Cette cruche apparaît dans l’atelier de potier augustéen de Saint-Lambert 3.
39La forme perdure jusqu’au Ier s. de n. è. avec l’existence d’un exemplaire assez proche sur le site de Sainte-Croix 2. Certains des vases de cette forme de céramique commune sont à pâte grise calcaire. Les 2 exemplaires du site de la place Formigé à Fréjus (augustéen - Ier s. de n. è.) (Pasqualini 1993) et de l’épave des Roches d’Aurelle (Bérato et al. 1986b) (milieu du Ier s. de n. è.) conservent un engobe marron foncé, alors que les deux modèles de cruches à pâte grise du four du Pauvadou ne portent pas de traces d’engobe et se caractérisent pas un bec trilobé (fig. 5). Un exemplaire a aussi été trouvé sur le site de la Porte d’Orée dans une couche datée du dernier quart du Ier s. de n. è. (Béraud, Gébara, Landuré 1991, p. 186, fig. 27, n. 11).
Forme Fréjus 3
40Cruche globulaire à lèvre arrondie et col étroit biconcave, à une ou deux anses (fig. 6).
41Diamètre d’ouverture de 4 à 9 cm
42Équivalence : Pasqualini A1c (Pasqualini 02.01.011).
43Variante 3.1
44Cruche globulaire à lèvre déversée (ou plate) et col étroit biconcave, à une ou deux anses (fig. 6).
45Diamètre d’ouverture de 4 à 7 cm.
46Équivalence : Pasqualini A1d (Pasqualini 02.01.012 ou 02.01.022).
47Nombre d’exemplaires de la forme F. 3 et variante F. 3.1 : 266.
48Ce type de cruche est présent dans les ateliers de production de Saint-Lambert 3 (21), Valescure 1 (183), Sainte-Croix 2 (21) et du Pauvadou (une dizaine) ; une trentaine ont été recueillies dans les dépotoirs secondaires de Saint-Lambert voie et Saint-Lambert 7. Ce modèle courant en Provence et en Italie du Nord (Olcese 1993, p. 272, fig. 66, n. 260) se retrouve jusqu’au milieu du IIe s. de n. è. sur des sites de consommation comme le Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 827). Cette forme de cruche présente 2 modules différents : un petit modèle d’un diamètre compris entre 4 et 6 cm et un modèle plus grand avec une ouverture de 7-8 cm de diamètre. Les ateliers de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou produisent des modèles de « grande cruche » qui peuvent être utiles à la cuisine comme vase de stockage et de puisage de l’eau, mais servir aussi au transport, de petites quantités de vin par exemple, car ces cruches sont en effet souvent associées aux amphores (Pasqualini 1993). Un usage particulier et courant, de type funéraire de la cruche forme F. 3 est à noter à travers la présence de ce type de cruches dans la nécropole du Pauvadou, souvent groupées par 3 (pour exemple T59 ; T95 n. 2 et T48 de la 2e moitié du Ier s. de n. è).
49Variante 3.2
50Cruche globulaire à lèvre simple et col étroit, à deux anses (fig. 6).
51Diamètre d’ouverture de 3,5 cm.
52Nombre d’exemplaires : 1 exemplaire entier sur le site de dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7 dont les productions d’après les analyses de pâtes, nous l’avons dit, proviennent de l’officine de Saint-Lambert-Valescure.
2.4.1.2. Les flacons
53Les flacons présentés sont produits au cours du Ier s. de n. è. sur les sites de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2 (fig. 7).
Forme Fréjus 4
54Flacon à lèvre à double inflexion et col étroit.
55Diamètre d’ouverture de 7 cm.
56Nombre d’exemplaires : 2.
57Ce vase est produit tout au long du 1er siècle de n. e. dans l’officine de Valescure 1.
Forme Fréjus 5
58Grand flacon à col évasé. Les deux exemplaires présentent une forme de lèvre simple plus ou moins déversée ; et l’un d’eux porte des anses latérales.
59Diamètre d’ouverture de 13 cm.
60Nombre d’exemplaires : 2.
61Vase produit dans l’atelier de Valescure 1.
Forme Fréjus 6
62Flacon à col étroit et lèvre épaisse.
63Diamètre d’ouverture de 6,5 cm et 12 cm.
64Nombre d’exemplaires : 2.
65Vase produit dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
2.4.1.3. Les bouteilles
Forme Fréjus 7
66Cruche ou bouteille (fig. 7).
67Diamètre d’ouverture de 7 à 8 cm.
68Nombre d’exemplaires : 2.
69Ces vases sont produits dans le four de Sainte-Croix 2.
70Ces fragments de cols se rapprochent de modèles de bouteille de Campanie romaine : une bouteille à panse ovoïde et long col évasé avec lèvre cannelée (diamètre d’ouverture de 5,6 cm) provenant de Pompéi (Gasperetti 1996, p. 43, fig. 7) ; et des bouteilles à cols courts et cylindriques avec lèvre cannelée (diamètre d’ouverture de 8,5 à 9, 5 cm) qui apparaissent dès le Ier av. n. è. et se répandent au cours du Ier s. de n. è. (Federico 1996, p. 197, fig. 9).
2.4.1.4. Les pichets ou pots
Forme Fréjus 8
71Pichet à une anse ou pot à lèvre en baïonnette et panse piriforme (fig. 8).
72Diamètre d’ouverture de 7-10 cm ; 11-16 cm ; 17-26 cm.
73Nombre d’exemplaires : 176.
74Équivalence : Pasqualini B1a/b/d, Pasqualini B2a/b, Pasqualini B3 (Pasqualini 02.03.010, 02.030011/02.03.020, 02.03.021/02.04.010).
75Ce pichet est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et sur les sites du Ier s. de n. è. de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou. Des exemplaires ont été retrouvés sur les sites de dépotoirs secondaires de Saint-Lambert 7 et de Saint-Lambert voie. De tels pichets à baïonnette se retrouvent dans des couches datées du IIe s. de n. e. au Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 824) et à la Place Formigé (Rivet 2004, p. 177, fig. 16). Ce vase présente 3 modules différents qui se répartissent comme suit : un petit module d’un diamètre de 7 à 10 cm ; un deuxième avec des vases de 11 à 16 cm d’ouverture. Et un 3e module avec des pichets (qui sont en fait de véritables pots) à lèvre en baïonnette d’un large diamètre d’ouverture allant de 17 à 26 cm (à Valescure 1 et Sainte-Croix 2). On trouve, notamment sur le site de Villeneuve-les-Aiguières, plusieurs pichets à lèvre en baïonnette à deux anses d’un grand diamètre d’ouverture (de 17 à 19 cm) voire très grand (de 26 cm). Ce vase à usages variés offre la possibilité de fermeture par un couvercle et peut allier une fonction de stockage et de conservation (2 anses) à celle de transport. Des exemples poissés ont d’ailleurs été retrouvés à Fréjus (Pasqualini 1993). Une des utilisations fréquentes est celle d’urne cinéraire dans les nécropoles du Pauvadou.
76À partir de ce modèle de pichet ou pot à baïonnette 3 variantes ont été déterminées (fig. 8) :
77Variante 8.1
78La variante 8.1 qui est un « pichet à une anse ou pot à lèvre en baïonnette et panse piriforme » avec décor
79Diamètre d’ouverture de 11 à 16 cm.
80Nombre d’exemplaires : 3.
81Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et dans celui de Valescure 1 ; un exemplaire a aussi été trouvé dans le dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7.
82Variante 8.2
83La variante 8.2 qui est un « pichet à une anse ou pot à lèvre en baïonnette et panse piriforme » avec poucier.
84Diamètre d’ouverture de 17 cm.
85Nombre d’exemplaires : 1.
86Le seul exemplaire est issu du dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7 (officine Saint-Lambert-Valescure).
87Variante 8.3
88La variante 8.3 qui est un « pichet à une anse ou pot à lèvre en baïonnette et panse piriforme » avec lèvre évasée.
89Diamètre d’ouverture de 14 cm.
90Nombre d’exemplaires : 1.
91Le seul exemplaire est issu de la recharge de voie de Saint-Lambert 1.
Forme Fréjus 9
92Pichet à une anse ou pot à lèvre déversée et panse piriforme (fig. 9).
93Diamètre d’ouverture de 9 à 13 cm.
94Nombre d’exemplaires : 4.
95Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 ; des exemplaires ont été trouvés dans la recharge de voie de Saint-Lambert 1. Cette forme de pichet est présente sur le site du Clos de la Tour dans des niveaux du Ier s. de n. è. (Rivet 1980, p. 826 et 830).
96Aucun des fragments retrouvés sur ces sites ne conservent d’anses alors que d’après des exemples italiens, notamment en Campanie romaine, cette forme de vase à lèvre déversée existe avec 1 ou 2 anses (Gasperetti 1996, p. 29, fig. 2, n. 13). Ce pichet ou pot peut supporter un couvercle et être destiné à une conservation de victuailles de courte durée. Il présente une variante avec poucier, la variante 9.1, retrouvée dans la recharge de voie Saint-Lambert 1, dont le diamètre d’embouchure est de 12 cm (fig. 9). Sa présence dans la nécropole augustéenne de Saint-Lambert 1 à Fréjus, associé à une grande coupe (T165) lui confère un caractère funéraire (urne funéraire).
Forme Fréjus 10
97Pichet avec col en calice à une ou deux anses (fig. 9).
98Diamètre d’ouverture de 10 à 12 cm.
99Nombre d’exemplaires : 4.
100Trois des pichets sont avec poucier et un possède deux anses. Ce vase a été retrouvé dans la recharge de voie de Saint-Lambert 1.
Forme Fréjus 11
101Pichet à lèvre déversée et panse globulaire à une ou deux anses (fig. 10).
102Diamètre d’ouverture de 10 à 12 cm.
103Nombre d’exemplaires : 45.
104équivalence : Pasqualini B2c/d (Pasqualini 02.03.020, 02.03.022) pour le vase à 2 anses mais avec lèvre en baïonnette.
105Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et dans les officines du Ier s. de n. è. de Valescure 1 et Sainte-Croix 2. Des exemplaires ont été trouvés sur les sites de dépotoir et recharge de voie de Saint-Lambert 7 (1) et de Saint-Lambert 1 (3). L’exemplaire complet à 2 anses et fond plat (d’un diamètre de 12 cm et d’une hauteur de 18 cm) présent sur le site de la Porte d’Orée, dans des couches datées de la première moitié du IIe s. de n. è. (Béraud, Gébara, Landuré 1991, p. 192, fig. 35, n. 9) se rapproche de cette forme F. 11. L’on retrouve ce modèle dans le quartier du Clos de la Tour jusqu’au milieu du IIe s. (Rivet 1980, p. 823). Tout comme les grands modèles de pichets baïonnette, ces grands pichets à lèvre déversée peuvent être utilisés comme récipients de stockage et de conservation dans la cuisine mais aussi comme vases de transport (au même titre que les amphorettes). En effet, des exemplaires de pichets à 2 anses découverts dans le port de Toulon et dans l’épave de la Chrétienne H conservent des traces de poix (Marty 2002 ; Santamaria 1984). Ce vase présente une variante avec une lèvre en baïonnette et deux anses, la variante 11.1 dont le diamètre d’embouchure est de 12 cm (fig. 10). L’unique exemplaire retrouvé dans l’atelier de Valescure 1 se rapproche d’une forme italienne d’amphorette destinée à la conservation de fruits d’après une nature morte Pompéienne (Cipriano, Di Fabrizio 1996, p. 209, fig. 74.5).
2.4.1.5. Les pots
Forme Fréjus 12
106Pot ou urne globulaire à lèvre simple déversée (fig. 11).
107Diamètre d’ouverture de 6 à 12 cm.
108Nombre d’exemplaires : 21.
109Équivalence : Pasqualini C avec une anse (Pasqualini 02.05.010)
110Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et dans les officines du Ier s. de n. è. Valescure 1 et de Sainte-Croix 2. Un exemplaire entier (d’un diamètre de 20 cm et d’une hauteur de 26 cm) retrouvé dans la nécropole Saint-Lambert 1 est utilisé comme urne cinéraire (T 145 n. 1) alors que d’autres, dans la nécropole du Pauvadou, appartiennent au mobilier funéraire des tombes (Nécropoles de Fréjus 1985).
Forme Fréjus 13
111Pot ou urne globulaire à lèvre droite et légère carène (fig. 11).
112Diamètre d’ouverture de 16 cm.
113Nombre d’exemplaires : 3.
114Ce vase est produit dans l’atelier de Sainte-Croix 2.
115La forme rappelle très fortement les modèles d’urne en céramique non tournée (Bérato 1993a, p. 324, fig. 5, n. 31).
116Variante Fréjus 13.1
117Ce pot ou urne présente une variante sans carène, la variante 13.1 dont le diamètre d’ouverture est de 11 cm (fig. 11). Les deux exemplaires retrouvés proviennent également de l’atelier de Sainte-Croix 2.
Forme Fréjus 14
118Pot ou urne à lèvre simple rentrante (fig. 11).
119Diamètre d’ouverture de 19 cm.
120Nombre d’exemplaires : 1.
121Ce vase est produit dans l’atelier de Sainte-Croix 2.
2.4.1.6. Les amphorettes
Forme Fréjus 15
122Amphorette à lèvre arrondie et col large (fig. 12).
123Diamètre d’ouverture de 10 à 11 cm.
124Nombre d’exemplaires : 6.
125Ce modèle est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3.
126Ce vase s’inspire de modèles italiens de type brocca a corpo globulare (diam. de 8,1 cm, haut. de 24,9 cm) et pied annulaire hérité du répertoire hellenistique et de formes dérivées de la vaisselle métallique (à Pompei notamment) (Gasperetti 1996, p. 37, fig. 5). Cette amphorette peut être utilisée à la maison comme vase de stockage et de conservation d’aliments (col large) ou de liquide à déverser ainsi que dans l’activité de commerce pour le transport et le stockage de produits alimentaires (fruits, olives, miel, poissons…).
Forme Fréjus 16
127Amphorette à bandeau d’inspiration G9 (fig. 12).
128Diamètre d’ouverture de 12 à 14 cm.
129Nombre d’exemplaires : 4.
130Ce modèle est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et dans l’atelier du Pauvadou. Il est possible de restituer sa forme entière à partir d’un exemplaire retrouvé sur le site de la Porte d’Orée à Fréjus (Ier s. de n. è.). Ce type de vase présente une panse globulaire et un fond plat muni d’un pied annulaire (Gébara, Béraud 1996, p. 307, fig. 5, n. 3). Des amphorettes de cette forme se retrouvent sur le site du Clos de la Tour dans des contextes des Ier et IIe s. de n. è. (Rivet 1980, p. 857).
Forme Fréjus 17
131Amphorette avec lèvre à double inflexion d’inspiration G8, anses arrondies (fig. 13).
132Diamètre d’ouverture de 9 à 15 cm.
133Nombre d’exemplaires : 9.
134Cette amphorette est produite dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 puis à Valescure 1 et Sainte-Croix 2.
135Sur le site du Clos de la Tour, un col d’amphorette (daté du milieu du Ier s. de n. è.) est proche de cette forme Fréjus 17 mais avec une gorge interne bien marquée (Rivet 1980, p. 855). L’amphorette augustéenne est le plus petit modèle de la série (9 cm de diam.) avec des anses fines qui démarrent sous le col. Ce type de vase notamment dans l’atelier de Sainte-Croix 2 présente une grande variété de lèvres dont l’inflexion est plus ou moins accentuée.
136Variantes Fréjus 17. et 17.2
137Deux variantes ont d’ailleurs été créées : l’une avec une lèvre peu infléchie qui forme un léger bandeau (17.1) et l’autre avec une inflexion plus arrondie voire ourlée (17.2) (d’un diamètre d’ouverture de 12 et 14 cm) (fig. 14). La variante 17.1 est représentée notamment par un exemplaire presque complet issu du dépotoir de Valescure 1 (d’un diamètre d’ouverture de 14 et 15 cm). Il est possible d’identifier cette forme d’amphorette F. 17 à un « pichet de barque » ou « pot de barque » conservé dans son intégralité et provenant du four du Pauvadou. Le modèle à deux anses porte un col court avec une lèvre à double inflexion, sa panse large est légèrement carénée et se termine par un fond plat élargi (diam. embouchure : 12 cm, diam. fond : 16,5 cm, larg. panse : 23,5 cm, haut. : 24 cm) (fig. 15). Un autre exemplaire en partie tronqué issu du dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7 peut être identifié à ce type de pichet de barque (fig. 13). Il existe encore deux exemplaires à pâte brune découverts sur le site de la Place Formigé, qui sont d’une forme plus trapue (Rivet 2006), plus proche des vases issus des épave du Rabiou à Saint-Tropez (datée de la fin du Ier s. av. n. è. et début du Ier s. de n. è. ou encore de l’épave 1 de la calanque de l’Âne à Marseille (Rivet 2006). Néanmoins, les ateliers de Fréjus, ville portuaire, ont pu produire des modèles différents de pichet de barque à l’usage des marins.
Forme Fréjus 18
138Amphorette à lèvre en baïonnette, col large et anses verticales (fig. 16).
139Diamètre d’ouverture de 9 à 13 cm.
140Nombre d’exemplaires : 4.
141Ces amphorettes sont produites dans les ateliers de Valescure 1 et du Pauvadou.
142Ces modèles, par leur col large à lèvre évasée et anses verticales rejoignent par leur usage la forme Fréjus F. 15 de pots à conserves (aliments et liquides) ou encore jarre à fruits, et se rapprochent des exemplaires découverts dans le golfe de Fos (Marty 2002, p. 211-212, fig. 9). À Pompéi, cette forme de pot à deux anses est couramment utilisée pour la conservation des aliments, de fruits notamment, comme l’atteste une fresque mais aussi de poissons séchés, de céréales et de légumes (Stefani 1990) ; un autre exemplaire, proche de cette forme Fréjus 18, découvert également dans une demeure Pompéienne, contient du garum (Gasperetti 1996, p. 29, fig. 2, n. 18).
Forme Fréjus 19
143Amphorette à lèvre à double inflexion et col évasé (fig. 17).
144Diamètre d’ouverture de 11 à 12 cm.
145Nombre d’exemplaires : 5.
146Ce modèle est produit dans les ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
Forme Fréjus 20
147Amphorette à col évasé et lèvre arrondie avec ou sans gorge interne d’inspiration G4 (fig. 17).
148Diamètre d’ouverture de 10 à 15 cm.
149Nombre d’exemplaires : 30.
150Ce modèle est principalement produit dans l’atelier de Valescure 1 avec des nuances dans la lèvre dont l’arrondi est plus ou moins marqué, parfois très épais ou plus étiré mais qui s’inspire en grande partie de l’amphore gauloise G4 produite en grand nombre dans cet atelier fréjusien.
2.4.2. Les formes ouvertes
151Les formes ouvertes regroupent 26 catégories de vases différents parmi les coupes, plats, mortiers et couvercles.
2.4.2.1. Les coupes
Forme Fréjus 21
152Coupe à panse évasée et lèvre carrée (fig. 18).
153Diamètre d’ouverture de 18 cm.
154Nombre d’exemplaires : 1.
155Équivalence : forme proche d’une jatte issue de l’officine du Boulevard de la République à Aix-en-Provence datée autour du changement d’ère (Nin, Pasqualini, Pesty 2003, forme 3, p. 289, fig. 8, n. 9).
156Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3.
Forme Fréjus 22
157Coupe à marli et panse arrondie avec ou sans anses latérales (fig. 18).
158Diamètre d’ouverture de 24 cm, 28 cm et 40 cm.
159Nombre d’exemplaires : 10.
160Équivalence : Pasqualini 5 (Pasqualini 01.01.090).
161Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et au cours du Ier s. de n. è. dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
162L’exemplaire entier de l’atelier de Saint-Lambert 3 présente deux anses latérales et un pied annulaire creux. Ce modèle de coupe de table possède un bord large qui facilite la préhension et la pose d’un couvercle. Cette forme de coupe est présente sur le site de Villeneuve-les-Aiguières et dans des couches du IIe s. de n. è. sur le site du Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 799, 800 et 807).
Forme Fréjus 23
163Grande coupe à lèvre triangulaire et gorge interne et panse arrondie avec ou sans anses (fig. 18).
164Diamètre d’ouverture de 32 cm.
165Nombre d’exemplaires : 3.
166Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3.
167Des exemplaires avec anses latérales ont été découverts dans la nécropole Saint-Lambert 1 (Gébara, Béraud 1996, p. 322, fig. 27, n. 1) et sur le site de Villeneuve-les-Aiguières. Les coupes présentes sur le site du Clos de la Tour sont dans des niveaux datés de 10 av. n. è. (Rivet 1980, p. 806). Cette forme s’inspire de modèles italiens provenant de la Campanie romaine (de Pompei) avec une panse qui porte une légère carène et qui est produite avec ou sans anses (Gasperetti 1996, p. 25, fig. 1, n. 7, n. 9).
Forme Fréjus 24
168Coupe à listel (fig. 19).
169Diamètre d’ouverture de 16 à 20 cm.
170Nombre d’exemplaires : 4.
171Ce vase est produit au cours du 1er s. de n. e. dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
172Un exemplaire a été trouvé dans la recharge de voie de Saint-Lambert 1. Cette coupe présente une variante avec un listel en bandeau, la variante 24.1 dont le diamètre d’embouchure est de 12 cm (fig. 19). Les deux exemplaires issus de l’atelier de Valescure 1 possèdent un diamètre d’embouchure de 15 et 16 cm.
Forme Fréjus 25
173Coupe ou grand bol à lèvre rentrante et panse arrondie (pied annulaire) (fig. 19).
174Diamètre d’ouverture de 9 cm, 14 à 17 cm et 24 cm.
175Nombre d’exemplaires : 44.
176Équivalence : Pasqualini 1d (Pasqualini 01.01. 050).
177Ce vase est produit dans les ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
178Les 6 exemplaires de l’atelier de Sainte-Croix 2 sont engobés et imitent une forme de céramique campanienne ou arétine forme Goudineau 21 (Goudineau 1968a). Il s’agit d’une forme assez commune sur les sites de consommation (Clos de la Tour, place Formigé) ; elle se retrouve aussi dans les nécropoles de Fréjus : dans les tombes T4 no 13 et T 12 du Pauvadou par exemple. Cette coupe est fabriquée en 3 modules différents : un petit modèle de 9 cm de diamètre d’ouverture ; un moyen de 14 à 17 cm ; et un grand modèle de 24 cm. Deux grands modèles (24 cm de diamètre) ont été retrouvés dans la recharge de voie de Saint-Lambert 1.
Forme Fréjus 26
179Coupe à lèvre arrondie et à panse arrondie (pied annulaire) (fig. 20).
180Diamètre d’ouverture de 15 à 18 cm et de 24 à 30 cm.
181Nombre d’exemplaires : 31.
182Équivalence : Pasqualini 4a /b/c/d (Pasqualini 01.01.080/081/082/083).
183Ce vase est produit dans les ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2. Un des exemplaires de Sainte-Croix est engobé et rappelle une forme de sigillée italique. Un exemplaire a été également retrouvé dans une tombe de la nécropole du Pauvadou (T4, n. 13 : 1ère moitié du Ier s. de n. è.) et d’autres sur des sites de consommation comme le Clos de la Tour (Rivet 1980) ou la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991). Cette coupe présente 2 modules différents : un modèle moyen de 14 à 18 cm et un grand de 24 à 30 cm.
Forme Fréjus 27
184Coupe à lèvre droit et panse arrondie (fig. 20).
185Diamètre d’ouverture de 14 à 15 cm et 35 cm.
186Nombre d’exemplaires : 4.
187Équivalence : proche Pasqualini 3 (Pasqualini 01.01. 070) mais qui est une forme de coupe avec anses.
188Ce vase est produit dans les ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1 (grand modèle) et de Sainte-Croix 2.
189Les petits modèles avec leur forme en carène et leur faible profondeur peuvent être utilisés comme couvercle. Des exemplaires ont été retrouvés dans des couches de la fin du IIe s.-début IIIe s. de n. è. sur le site du Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 805).
Forme Fréjus 28
190Coupe à lèvre biseautée avec ou sans anses (fig. 21).
191Diamètre d’ouverture de 29cm, 34 cm et 39 cm.
192Nombre d’exemplaires : 32.
193Équivalence : Pasqualini 8 (Pasqualini 01.01. 020).
194Ce vase est produit dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2 ainsi que dans le four du Pauvadou.
195Sa présence est attestée dans le dépotoir de Saint-Lambert 7, sur des sites plus anciens, d’époque augustéenne, comme la nécropole de Saint-Lambert 1 (T296, T308 n. 1) et Villeneuve-les-Aiguières mais aussi dans des niveaux plus tardifs du IIe s. de n. e. sur le site de la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991, p. 192, fig. 35, n. 1) et du Clos de la Tour (un modèle sans anses) (Rivet 1980, p. 811 et 812).
Forme Fréjus 29
196Coupe (à pied ?) à décor de collerettes (fig. 22).
197Diamètre d’ouverture de 13 cm, 22 cm à 29 cm, 32 cm.
198Nombre d’exemplaires : 8.
199Ce vase est produit dans les ateliers de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou.
200Les coupes de Sainte-Croix 2 sont pourvues de lèvres garnies de deux à trois collerettes alors que les exemplaires de coupes à pied issues de la fouille du four du Pauvadou, dont l’une est à pâte grise, présentent un décor plus simple d’une à deux collerettes.
Forme Fréjus 30
201Coupe (à pied ?) à lèvre déversée et paroi évasée (en calice) (fig. 22).
202Diamètre d’ouverture de 13 cm, 21 cm et 24 cm.
203Nombre d’exemplaires : 3.
204Équivalence : Pasqualini 9 (Pasqualini 01.03. 010).
205Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1. Ce modèle de coupe pour certains auteurs est décrit comme une coupe avec un haut pied ou comme un couvercle conique (Bérato et al. 1986b, type 7). Il semble finalement que ce vase puisse servir à la fois de coupe et de couvercle est puisse être défini comme le font les Italiens comme une coupe-couvercle (coppa-coperchio). Des exemplaires se trouvent sur les sites de la Porte d’Orée (Gébara, Béraud, Landuré1991, p. 186, fig. 27, n. 9), du Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 848) et de la place Formigé (Pasqualini 1993) dans des niveaux du dernier quart du Ier s. de n. e.
Forme Fréjus 31
206Coupe à pied à décor de guillochis (fig. 23).
207Diamètre d’ouverture de 18 cm à 35 cm (préciser les modules).
208Nombre d’exemplaires : 100.
209Ce vase est produit dans l’atelier du Ier s. de n. è de Valescure 1. Un exemplaire a été retrouvé dans le dépotoir secondaire de Saint-Lambert 7. D’autres dans la nécropole du Pauvadou-T113 (40-160) et sur le site de Villeneuve-les-Aiguières et semble perdurer aux IIe-IIIe siècles (Place Formigé : Rivet 2004a, p. 176, fig. 15). Des exemplaires de vases à décor de guillochis ont été retrouvés en Lombardie à Milan pour les périodes des Ier-IIe s. de n. e. jusqu’au milieu du IVe s. (Olcese et al. 1998, p. 479-480, tav. CLV à CLVI). Les vases retrouvés dans le golfe de Fos portent des traces noires sur les parois intérieures ce qui suppose une fonction de brûle-parfum (Marty 2002, p. 217, fig. 13). En effet, cette interprétation de brûle-parfum peut être donnée et être étendue à celle de brûle-encens ou encore de lampe (Olcese 1993) et venir en complément d’un usage plus classique de coupe de table pour aliments ou liquides divers.
2.4.2.2. Les mortiers
Forme Fréjus 32
210Mortier (fig. 24).
211Diamètre d’ouverture de 24 à 32 cm.
212Nombre d’exemplaires : 20.
213Équivalence : Pasqualini 6 (Pasqualini 01.02.010).
214Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3, dans les ateliers de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou.
215Parmi les vases fabriqués dans les fours de Sainte-Croix 2, deux modèles sont engobés. Dans la nécropole de Saint-Lambert 1, un mortier fait partie d’un dépôt funéraire (T 118 n. 1) (Nécropoles de Fréjus 1985).
216Variante Fréjus 32.1
217Mortier avec bec verseur (fig. 24).
218Diamètre d’ouverture de 26 à 32 cm et 34 cm.
219Nombre d’exemplaires : 12.
220Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3, dans les ateliers de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou.
221Les mortiers de ce type sont bien représentés à la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991) pour le deuxième quart du Ier s. de n. è. et au Clos de la Tour jusqu’à la fin du IIe s.-début IIIe s. de n. è. (Rivet 1980).
2.4.2.3. Les plats
Forme Fréjus 33
222Plat à rebord plat (lèvre horizontale) et paroi oblique (fig. 25).
223Diamètre d’ouverture de 30 cm, 37,50 cm, 40 à 50 cm.
224Nombre d’exemplaires : 10.
225Ce vase est produit dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.6
226Variante Fréjus 33.1
227Il présente une variante à lèvre carrée, la variante 33.1 dont l’unique exemplaire est produit dans l’atelier de Valescure 1 (diamètre d’embouchure de 45 cm) (fig. 25).
Forme Fréjus 34
228Plat à lèvre simple et paroi très évasée (fig. 26).
229Diamètre d’ouverture de 19 cm à 21 cm, 35 cm et 50 cm.
230Nombre d’exemplaires : 3.
231Équivalence : proche Pasqualini 1a (Pasqualini 01.01.010 à 014).
232Ce vase est produit dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
Forme Fréjus 35
233Plat à lèvre rentrante et décor de guillochis (fig. 27).
234Diamètre d’ouverture de 25 cm.
235Nombre d’exemplaires : 1.
236Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
Forme Fréjus 36
237Plat à lèvre horizontale et panse arrondie, avec ou sans carène (fig. 27).
238Diamètre d’ouverture de 22 cm à 28 cm.
239Nombre d’exemplaires : 7.
240Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
241Ce récipient pourtant à pâte calcaire évoque par sa forme à panse bombée et lèvre déversée, la forme d’une marmite culinaire. Un exemplaire à pâte grise calcaire, d’un grand module (36,5 cm), provient du four du Pauvadou (fig. 28).
Forme Fréjus 37
242Plat à lèvre simple et paroi évasée (fi g. 29).
243Diamètre d’ouverture de 21 cm à 27 cm, 30 à 37 cm et 40 à 46 cm.
244Nombre d’exemplaires : 10.
245Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1 qui offre une variante décorée de liserets, la variante 37.1 (fig. 29). L’atelier conserve un exemplaire entier d’un diamètre de 37 cm et d’une hauteur de 7 cm. Ces grands récipients de cuisine peuvent à la fois servir à la préparation et à la conservation.
Forme Fréjus 38
246Plat à lèvre triangulaire et panse oblique.
247Diamètre d’ouverture de 25 à 28 cm et de 34 à 38 cm.
248Nombre d’exemplaires : 8.
249Ce vase est produit dans l’atelier de Sainte-Croix 2.
250Des exemplaires ont été retrouvés dans la décharge de voie de Saint-Lambert 1. Et d’autres sur le site du Clos de la Tour, dans des couches datées des années 70 de n. è. (Rivet 1980, p. 814).
Forme Fréjus 39
251Plat à lèvre en amande et panse arrondie (fig. 30).
252Diamètre d’ouverture de 16 cm et de 22 à 28 cm.
253Nombre d’exemplaires : 7.
254Ce vase est produit dans les ateliers de Valescure et de Sainte-Croix 2.
Forme Fréjus 40
255Plat ou pot à lèvre épaisse et décor digité, fond plat (fig. 30).
256Diamètre d’ouverture 16 et 30 cm.
257Nombre d’exemplaires : 2.
258Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
259Il possède une paroi très épaisse avec un décor digité à la base. Le fond du plus petit n’est pas conservé.
Forme Fréjus 41
260Marmite à anses latérales (fig. 31).
261Seule la partie inférieure est conservée. Elle se caractérise par un fond plat d’un diamètre de 45,5 cm et l’applique de deux anses latérales creuses ; les parois conservées sont rectilignes.
262Nombre d’exemplaires : 1.
263Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
264Des exemplaires proches mais sans anses ont été découverts dans l’atelier de Fox-Amphoux et sont interprétés comme des jattes ou des casettes (voir Michel supra).
2.4.2.4. Les bassins
Forme Fréjus 42
265Bassin tronconique à lèvre déversée (ou à marli) et à fond plat (ovalaire ?) (fig. 31).
266Diamètre d’ouverture de 18 à 30 cm, 32 à 40 cm et de 40 à 68 cm (3 modules).
267Nombre d’exemplaires : 34.
268Équivalence : Pasqualini 10 (Pasqualini 01.04.10/01.04.11).
269Ce vase est produit dans les ateliers de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou. Un exemplaire a été retrouvé dans une des tombes de la nécropole du Pauvadou (T 66). Deux exemplaires sont présents dans la cargaison de l’épave des Roches d’Aurelle (Bérato et al., 1986b), et pour les IIe-IIIe siècles à la Place Formigé (Rivet 2004a, p. 179, fig. 18). Ce récipient évoque les grandi recipienti italiens (Olcese 1998, p. 400). L’usage domestique qui lui est souvent attribué en Provence est celui de « pot de chambre » (Pasqualini 2002 ; Nin, Pasqualini, Pesty 2003). Et il est vrai que son utilisation comme vase d’aisance est attesté à Pompéi. Néanmoins, il peut aussi dans ce contexte d’ustensile de toilette avoir servi à contenir de l’eau et être interprété comme une bassine (Dicocer 1993). En effet, les exemplaires découverts dans le golfe de Fos ont les parois du fond entartrées (Marty 2002, p. 216, fig. 12, n. 60). On pourrait même imaginer pour le plus grand module (68 cm de diamètre d’ouverture) et par cette forme ovale que ce récipient présente parfois, un usage détourné comme celui de baignoire pour enfant.
2.4.3. Les autres vases
Forme Fréjus 43
270Pot ou godet à lèvre rentrante et panse arrondie (fig. 32).
271Diamètre d’ouverture de 9 cm, hauteur de 4 cm.
272Nombre d’exemplaires : 1.
273Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
274Ce petit plat ou godet peut être réservé à la consommation d’aliments ou de liquide. Mais il a pu servir aussi de pot à couleur. Une série de pots à peinture ont été retrouvés intacts à Pompéi et en Campanie romaine (Gasperetti 1996, p. 25, fig. 1, n. 1 ; Truffeau-Libre, Barbet 1997). L’exemplaire fréjusien ne présente pas du tout la même morphologie que les petits vases pompéiens, il est moins haut et sa lèvre est moins recourbée, et il est plus proche que le modèle à fond légèrement concave présenté par Gabriella Gasperetti.
Forme Fréjus 44
275Faisselle (fig. 32).
276Diamètre d’ouverture de 14 cm.
277Nombre d’exemplaires : 1 exemplaire incomplet.
278Ce vase est produit dans l’atelier de Valescure 1.
Forme Fréjus 45
279Petite gargoulette ou biberon(fig. 32).
280Nombre d’exemplaires : 1 exemplaire incomplet.
281Ce vase est produit dans l’atelier du Pauvadou.
282Seule sa base est conservée (d’un diamètre de 21 cm), il n’y a ni anses ni bec. Des exemplaires complets ont été trouvés dans les nécropoles du Pauvadou et de Saint-Lambert (Nécropoles de Fréjus 1985).
2.4.4. Les bouchons et couvercles
Forme Fréjus 46
283Bouchon (fig. 33).
284Diamètre d’ouverture de 9,5 cm.
285Nombre d’exemplaires : 1.
286Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3.
287Cette forme de bouchon peut obturer un col d’amphore, d’amphorette ou de grande cruche.
Forme Fréjus 47
288Couvercle conique à bouton (fig. 33).
289Diamètre d’ouverture de 8 à 16 cm.
290Nombre d’exemplaires : 20.
291Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et au cours du Ier s. de n. è. dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
292Cette forme de couvercle est utilisée pour couvrir les amphores et les amphorettes mais aussi les pots à lèvre en baïonnette si l’on reprend l’hypothèse avancée par F. Marty à partir d’un exemplaire trouvé dans le golfe de Fos de couvercle pour pot à fruits (Marty 2002, p. 218, fig. 14).
Forme Fréjus 48
293Couvercle plat (fig. 33).
294Diamètre d’ouverture de 18, 25, 34 et 40 cm.
295Nombre d’exemplaires : 20.
296Ce vase est produit dans l’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 et au cours du Ier s. de n. è. dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2.
297Un exemplaire engobé provient de l’atelier de Sainte-Croix 2.
298Des petits modèles (8, 5 et 9 cm) ont été retrouvés dans des niveaux datés des années 70 de n. è. sur le site du Clos de la Tour (Rivet 1980, p. 854).
299Cette forme de couvercle est utilisée pour couvrir toutes les grandes formes ouvertes telles coupes et plats. Il a pu aussi servir de plat à l’égal des piatti-coperchi peu profonds retrouvés à Herculanum (Scatozza Höricht 1996, p. 144, fig. 8) mais aussi en Ligurie, à Vintimille (Olcese 1993, p. 245, fig. 54, n. 175).
2.4.5. Évolution typo-chronologique des formes Fréjus de céramique commune à pâte calcaire
2.4.5.1. Les formes fermées
300Parmi les cruches, se distinguent les formes à col renflé (F. 1 et F. 2) et celles à col court biconcave (F. 3) (fig. 34). L’un et l’autre de ces vases apparaît dès l’époque augustéenne dans l’atelier de Saint-Lambert 3. Au cours du Ier s. de. n. è., la cruche à col renflé F. 1 évolue vers une forme au col moins haut et moins renflé (F. 1.1) alors que les modèles F. 2 et F. 3 continuent d’être produits à l’identique dans les ateliers de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2. Si la cruche de forme F. 3 perdure, avec des variantes, tout au long des IIe-IVe s., les cruches de forme F. 1 se raréfient jusqu’à disparaître dans le courant du Ier s. de n. è. Il est difficile de percevoir une évolution pour la catégorie des flacons, car ce récipient offre une gamme très variée (F. 4 à F. 6) dans ses formes dès la période augustéenne sans qu’il y ait apparemment de modèle stéréotypé au cours des périodes suivantes (fig. 34). Les bouteilles de forme F. 7 ne sont présentes que dans un seul atelier et à partir du milieu du Ier s. de n. è (fig. 34).
301Les pichets présentent 3 formes principales (F. 8, F. 9 et F. 11) existant dès le Ier s. av. n. è. Mais seules les modèles F. 8 et F. 11 se retrouvent plus tardivement dans les ateliers du Ier s. de n. è. alors que le pichet à lèvre simple F. 9 issu du four de Saint-Lambert 3 n’est pas attesté dans leur production (fig. 34). Les modèles F. 8 et F. 11 perdurent dans des niveaux datés du IIe s. de n. è. sur les sites de la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991, fig. 35, p. 192) et du Clos de la Tour (Rivet 1980). La forme F. 10, issue de la recharge de voie de Saint-Lambert 1, se situe entre la période augustéenne et le Ier s. de n. è.
302À propos de la catégorie « pot-urne », la forme F. 12 apparaît dès le Ier s. av. n. è. et continue d’être produite dans l’officine de Valescure 1. Les suivantes, F. 13 (et sa variante) et F. 14, dont la forme est plus proche de l’urne, avec l’atténuation de la liaison col-panse, sont elles issues de l’atelier du Ier s. de n. è. de Sainte-Croix 2 (fig. 34).
303Les amphorettes offrent une variété de formes (6 différentes). Trois d’entre elles, F. 15, F. 16 et F. 17 sont produites dès l’époque augustéenne à Saint-Lambert 3 ; la forme F. 17 et ses variantes continuent d’être fabriquées tout au long du Ier s. de n. è. Alors que les modèles F. 18, F. 19 et F. 20 apparaissent au milieu du Ier s. de n. è. principalement dans l’atelier de Valescure 1 (fig. 34).
2.4.5.2. Les formes ouvertes
304La plus large gamme de modèles est donnée par celle des coupes avec 11 formes différentes. Les vases F. 21 et F. 23 ne sont produits que dans l’atelier de Saint-Lambert 3 et seul le modèle F. 22 se retrouve à la fois dans l’atelier augustéen et tout au long du Ier s. de n. è. dans les officines de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2 (fig. 35). Toutes les autres coupes F. 24 à F. 31 sont attestées dans les ateliers à partir du milieu du Ier s. de n. è. Mais avec une forte probabilité de production antérieure, remontant au début du siècle voire autour du changement d’ère pour certaines (F. 28, F. 29 par exemple) (fig. 35).
305La coupe forme F. 28 perdure dans les niveaux du IIe s. de n. è. du site de la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991, fig. 35, p. 192). Elle se retrouve aussi à cette même époque, sur le site du Clos de la Tour accompagnée des formes F. 22 et F. 27 (Rivet 1980) (fig. 35).
306La catégorie de mortiers présente une forme classique F. 32 avec sa variante (bec verseur) produite dès le règne d’Auguste et au cours du Ier s. de n. è. dans les officines de Saint-Lambert - Valescure et les ateliers de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou (fig. 35).
307Le mortier forme Fréjus F. 32 est attesté au IIe s. de n. è. sur les sites de la Porte d’Orée (Béraud, Gébara, Landuré 1991, fig. 35, p. 192) et du Clos de la Tour (fin IIe – début IIIe s.) (Rivet 1980).
308Les plats se caractérisent tous comme les coupes par une grande variété de formes (10). La plupart proviennent des ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1 et Sainte-Croix 2. Bien qu’aucun modèle ne soit attesté pour l’époque augustéenne certains d’entre eux sont probablement plus anciens car présents sur des sites de consommation du début du Ier s. de n. è. (F. 34, F. 38) (fig. 35).
309Parmi les formes ouvertes, il reste le modèle de bassin ou bassine F. 42 produit essentiellement dans les ateliers du Ier s. de n. è. de Valescure 1, Sainte-Croix 2 et du Pauvadou (fig. 35).
310Les dernières formes Fréjus créées concernent des pièces uniques à usage particulier comme un modèle de marmite F. 41, un modèle de petit pot ou godet F. 43, une faisselle F. 44 et une gargoulette F. 45, contemporains du Ier s. de n. è. qui ont d’ailleurs pu être utilisées sur l’atelier même (fig. 35). Les formes F. 46, F. 47 et F. 48 regroupent les divers bouchons et couvercles dont on ne note pas d’évolution marquante du Ier s. av. n. è. jusqu’à la fin du Ier s. de n. è. (fig. 35).
311Pour la période traitée, on observe que parmi les formes Fréjus apparues dès l’époque augustéenne dans l’atelier de Saint-Lambert 3 et tout au long du Ier s. de n. è. dans les ateliers de Valescure 1, de Sainte-Croix 2 et du Pauvadou, peu de vases présentent une évolution formelle, hormis la forme de cruche à col renflé F. 1. Pour l’ensemble du répertoire de Fréjus, les formes restent les mêmes de l’époque augustéenne à la fin du Ier s. de n. è. Par contre une diversité dans les modèles est frappante pour certaines catégories comme les coupes et les plats et dans une moindre mesure pour les amphorettes, pichets et cruches. Il est intéressant de noter que certains groupes de vases ne sont produits que dans un atelier précis et non dans le voisin pourtant contemporain. Il s’agit par exemple des coupes guillochis F. 31 fabriquées uniquement dans les fours de Valescure 1 alors que les coupes à collerettes F. 29 sortent de l’atelier de Sainte-Croix 2. Ce dernier produit également un modèle de grand plat à lèvre triangulaire F. 38 que l’on ne retrouve pas dans les autres officines étudiées. Il en est de même pour deux formes d’amphorettes, la forme F. 20 d’imitation de G4 présente à Valescure 1 et la forme F. 17 d’imitation G8 produite uniquement à Sainte-Croix 2 (présente sous forme de variante à Valescure). Sans doute, faut-il expliquer ces différences par l’originalité des potiers et les influences qu’ils peuvent recevoir à un moment donné, les incitants à réaliser des séries « limitées » qui leur sont propres. Mais il peut s’agir aussi de la vision partielle que donnent les dépotoirs, ne représentant qu’une phase de production et ne contenant qu’un certain nombre de poteries ratées. Ainsi, l’étude des céramiques communes des sites de consommation doit elle venir compléter cet instantané ; celle du site de la Porte d’Orée par exemple, où une production fréjusienne de Dressel 2/4 a été caractérisée par les analyses physico-chimiques, mais dont le lieu de production n’a pas encore été trouvé.
3. La production de céramique commune de Fréjus
3.1. Une production en série
312Dans le répertoire typologique des céramiques communes de Fréjus, certains vases se distinguent par leur production en grand nombre, dans des modules différents, et incitent à parler de production en série : une fabrication en série qui dénote le souci de normaliser les vases pour des raisons liées à la pratique du métier de potier (répétition gestuelle) et qui relèvent aussi d’usages alimentaires et de pratiques commerciales. Il est vrai que certains de ces récipients de modules divers, comme les pichets, peuvent être utilisés comme unités de mesure et/ou de contenants pour la commercialisation de denrées et produits divers (cuisine, apothicaires, cosmétique) (Dufaÿ 1998). En effet, ces séries de céramique commune entrent dans un réseau commercial qui s’organise autour de la vente sur place, la vente locale mais aussi autour d’un commerce à moyenne et longue distance. Les ateliers de Saint-Lambert - Valescure 1 disposent de boutiques et hangars implantés le long d’une voie principale au sein desquels se font une partie des échanges.
313Le commerce à longue distance est attesté notamment par le chargement d’une épave fouillé au large d’Agay (épave des Roches d’Aurelle) ayant transporté une cargaison de mobilier céramique produit dans la cité romaine. Se pose encore la question de la destination d’une telle cargaison, ou des exportations issues de Fréjus, vers la Ligurie, dont on pense qu’elle n’avait pas les argiles nécessaires à une telle production. Ces vases produits en série sont issus essentiellement du trio dominant « pichets, cruches, coupes » observé dans chacun des ateliers étudiés. Ils concernent principalement les pichets baïonnettes de forme F. 8, les cruches globulaires F. 3, les coupes F. 25 et F. 26 ainsi que les coupes guillochis F. 31. Si l’on prend l’exemple de l’atelier de Valescure 1, sur les 222 pichets recensés, 100 appartiennent à la forme F. 8 avec des diamètres d’ouverture de 7 à 26 cm, pour les 218 cruches globulaires, 182 sont des cruches F. 3 (avec des diamètres de 4 à 9 cm) et enfin sur 130 coupes, 103 sont des coupes-guillochis de forme F. 31 (avec ouvertures de 18 à 35 cm de diamètre).
3.2. Diversité des formes de certains vases.. une idée de service ?
314À l’inverse du désir de rationaliser dans le but d’une production en série, se situe la fabrication de vases de céramique commune qui au sein de leur catégorie présentent une grande variété de formes. Cette diversité répond également à des habitudes alimentaires auxquelles se rattache tout un éventail de récipients qui forment un véritable vaisselier comparable aux services de table de céramiques fines, de vaisselle métallique ou de verre. Dans la céramique commune, l’idée de service est surtout représentée par les vases de formes ouvertes, coupes et plats essentiellement qui offrent une gamme de 10 à 11 récipients différents. Il s’agit par exemple d’ensembles de table formés des grandes coupes à anses latérales F. 22 et F. 28 mais aussi des coupes à pied de forme F. 29, F. 30, F. 31 et encore des plats F. 33, F. 35, F. 38, F. 39. Il est vrai que beaucoup de ces vases ont un usage mixte, de service et de consommation par exemple, comme pour les coupes de formes F. 25, F. 26 et F. 27, ou encore de service et de cuisine, avec les plats F. 36 et F. 37. Les céramiques de formes fermées, cruches et pichets ne présentent que trois et quatre modèles qui viennent néanmoins compléter le vaisselier domestique d’une série de vases à liquides.
3.3. Les amphorettes, un produit à part ou complémentaire des amphores ?
315Les amphorettes représentent dans la production des ateliers de Fréjus une part non négligeable et offrent avec 6 modèles différents, une plus grande diversité dans leur forme que les pichets et cruches pourtant fabriquées en grand nombre. Il convient de distinguer les amphorettes de forme F. 15 et F. 18 à col haut et large, interprétées comme des pots à conserves ou jarres à fruits, des autres modèles qui dans leur morphologie ressemblent à des amphores de petite taille. Il est possible de considérer les premières comme un type de récipient particulier alors que les secondes peuvent être vues comme des récipients qui viennent en complément des amphores ; amphores qu’elles imitent d’ailleurs. En effet, les plus fréquentes comme les formes F. 20 reproduisent l’amphore gauloise G4 ; la forme F. 17 est proche de l’amphore G8 tandis que la forme F. 26 de l’amphore G9. Mais à la différence des amphores, la production de ces contenants est beaucoup moins standardisée. L’on trouve au sein d’une même catégorie, des variantes de lèvres nombreuses et des modèles uniques. En fait, cette fabrication de « mini » amphores s’inscrit dans le contexte plus général de l’évolution des productions d’amphores vinaires qui dans les ateliers fréjusiens sont aussi importantes que celles des céramiques communes. L’atelier augustéen de Saint-Lambert 3 produit surtout des amphores Dressel 2/4 d’inspiration italique et ceux de Valescure 1 et de Sainte-Croix 2, à partir des années 40 et tout au long du Ier s. de n. è., des amphores de type Gauloise. (fig. 36).
316C’est pourquoi à Fréjus, région attestée comme viticole dans l’Antiquité, ces amphorettes sont liées à la culture de la vigne, au commerce et à la consommation du vin. Si elles peuvent être transportées dans les cargaisons et retrouvées dans des contextes portuaires (Porte d’Orée mais aussi port de Toulon), il semble que leur usage est surtout local et domestique, pour servir au transvasement du vin et à son commerce sur place mais aussi de vases de réserve dans les cuisines.
4. Conclusion
317Cette étude confirme l’essor d’une production de céramiques communes à pâte calcaire à Fréjus dès l’époque augustéenne et tout au long du Ier s. de n. è. avec un répertoire typologique assez large, mais non exhaustif encore, qui comprend une vingtaine de formes fermées et un peu plus de vingt formes ouvertes. Au-delà du Ier s. de n. è., alors que l’activité de production se poursuit à Fréjus avec la présence de céramiques communes sur des sites de consommation des IIe et IIIe s. de n. è. comme la Porte d’Orée, le Clos de la Tour et la Place Formigé, un seul atelier, celui de Valescure 2, est attesté pour le IIe s. La vitalité de Fréjus comme centre régional de production est mise en évidence par la variété des formes et des usages. On peut dire que les ateliers de Fréjus se sont établis dès la fondation de la colonie parallèlement à sa déduction, à l’époque augustéenne avec l’arrivée de potiers italiens. La production de céramique modelée à pâte micacée est la seule attestée pour les périodes antérieures dans la région, les céramiques à pâte claire et les amphores ne semblant pas produites sur place. Mais ces niveaux anciens sont mal représentés à Fréjus. Le répertoire initial, de filiation italique, s’est étendu au reste de la région proche (Var, Alpes-Maritimes), tout en se transformant au contact des traditions plus anciennes (Rothé, Tréziny 2005, p. 258-259). La timide adoption d’une forme (ou série de formes) d’urne carénée à Sainte-Croix 2 constitue un exemple, avec celui de l’adoption des amphores à fond plat, de cette influence loco-régionale. La céramique produite à Fréjus a été, quant à elle, exportée, soit comme contenant de denrées (amphores vinaires, liquamen), soit comme contenant destiné à la vente (épave des Roches d’Aurelle).
318Hormis les céramiques à pâte claire, d’autres catégories de céramiques communes sont produites à Fréjus. Il s’agit notamment de céramiques à pâte grise calcaire, essentiellement des cruches à col en calice de forme F. 2, une coupe à collerette F. 29 et un plat de forme F. 36. L’ensemble provient de l’officine de Saint-Lambert/Valescure et de l’atelier du Pauvadou. À propos de la céramique commune engobée présente dans l’atelier de Sainte-Croix 2, la question reste posée de l’existence d’une production locale. Le centre de Sainte-Croix serait alors le premier atelier connu à Fréjus7 avec une production qui se situe dans la deuxième moitié du Ier s. de n. è. alors que les principales céramiques engobées retrouvées jusqu’alors dans la cité sont datées de l’époque augustéenne jusqu’au tout début du règne des Flaviens (Rivet 2002) et des IIe-IIIe siècles sur le site de la Place Formigé (Rivet 2004a, p. 183-184).
319Ce corpus dit de Fréjus offre deux visions différentes et complémentaires avec, d’une part, une production de vases aux formes variées, liée aux usages alimentaires et pratiques domestiques et sans doute sensible aux influences du moment, et d’autre part, une production en série de certains types de récipients, aux formes répétitives et normalisées, plus en relation avec le commerce et l’économie locales. Ces productions de céramique commune sont associées durant tout le Ier siècle à celle des amphores très standardisées, et à celles des terres cuites architecturales. L’évolution des formes est lente et il est donc difficile de s’en servir comme marqueur chronologique. Seuls quelques rares modèles peuvent être attribués à des séquences chronologiques plus limitées, telle la cruche à col renflé.
320Alors que les céramiques de Fréjus forment un ensemble homogène et bien caractérisé par leur aspect et leur composition chimique, leur origine ne prête pas à confusion, et il reste un champ de recherche important à explorer. Il devient intéressant de reprendre l’étude de l’ensemble des formes issues des contextes urbains bien datés de Fréjus, afin d’enrichir cette première typologie et de mieux cerner l’évolution des formes et de déterminer par analyse les autres centres de production qui devaient exister dans le Var et les Alpes-Maritimes notamment. L’existence de centres de production à l’est de Fréjus pourrait éclairer sous un jour nouveau l’origine des céramiques communes à pâte calcaire en pays Ligure.
Notes de bas de page
1 L’atelier de Valescure 2 est maintenant désigné sous le nom de Atelier de potiers de la rue du Suveret, Le Jardin d’Ariane. Il s’agit du seul atelier connu à Fréjus postérieur au Ier s. ap. J.-C. et ayant produit des amphores gauloises de type G4 ainsi que des amphorettes à pâte non calcaire atypiques.
2 Notamment l’atelier des Clausses et celui de la Plate-Forme. En effet, il n’est pas évident de rattacher la céramique (essentiellement de l’amphore type G5) trouvée dans la destruction au four lui-même daté du milieu du Ier siècle après J.-C. à sa production. Bien que l’atelier de la Plate-Forme, d’époque augustéenne, ait livré des surcuits de céramique commune à pâte sombre, cette production n’a pas été encore correctement caractérisée ni analysée, et il n’est pas sûr qu’elle appartienne au groupe des pâtes calcaires.
3 Comme en témoignait l’épaisse couche de sédiments recouvrant le paléosol antique.
4 Tri et comptage : Albert Conte, Aurélie Dumont ; dessins : Camille Damon, Yvon Lemoine, Isabelle Béraud, Aurélie Dumont ; infographie : Camille Damon, Françoise Laurier pour les dessins des céramiques ; Yvon Lemoine pour le tableau typo-chronologique.
5 M. Picon en 1996, M. Ricq de Bouard en 1996 et A. Schmitt ainsi que plusieurs variétés en 2006.
6 On retrouve une forme similaire à Marseille, mais dans un contexte du IIIe siècle : Bonifay, Carre, Rigoir 1998, p. 61 et fig. 44, n. 42 et 44.
7 Cette production est jusqu’à présent rattachée à l’atelier de Lorgues (Pasqualini 1985, p. 176).
Auteurs
Responsable d’opération, Inrap.
Conservateur en chef du Patrimoine, Service départemental d’archéologie, Conseil Général du Var.
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