L’atelier de potier antique d’Amphoux (Fox–Amphoux, Var)
p. 33-56
Résumé
Les sondages et la fouille d’une partie de l’atelier de potier d’Amphoux effectués en 2003 et 2005, ont permis d’en cerner l’organisation, la chronologie et les productions. Pour ces dernières, il est possible de dégager des spécificités par rapport à l’ensemble des terres cuites issues des officines proches du bassin de l’Argens.
Texte intégral
1. Introduction
1. 1. Historique de l’opération
1L’atelier de potier du hameau d’Amphoux (commune de Fox-Amphoux) a été repéré en 1994 dans le cadre de prospections archéologiques (Brun, Borréani 1999, p. 412-417). Le mobilier alors récolté s’est avéré très proche par la pâte et la typologie des céramiques communes provençales produites dans les fours de potiers du Bassin de l’Argens. La fouille précédée d’une étude géophysique s’est déroulée durant les années 2003 à 2005.
1. 2. Cadre historique et archéologique
2L’officine d’Amphoux est située à environ 1,5 km à l’ouest de l’agglomération secondaire antique du Logis/Clastre, en bordure de la voie qui reliait la ville de Riez à la voie « Aurélienne » menant de Fréjus à Aix-en-Provence (fig. 1). La fouille partielle du site a révélé les vestiges importants d’un temple inscrit dans un quadrilatère mesurant 90 sur 45 m et comportant une esplanade centrale dans lesquels ont été découverts une tête et les fragments d’une statue de Minerve. Cet ensemble érigé au Ier s. de n. è. et fréquenté jusqu’au IIIe s., aurait été transformé en habitations aux IVe-Ve s. de n. è. Immédiatement vers l’est se trouvait un quartier avec maisons à péristyle et une voie dallée utilisée au cours des Ier-IIe s. de n. è. (Gallia 1969). Des ratés de cuisson de céramiques laissent supposer qu’un atelier de potier se trouvait à proximité.
3Par ailleurs, les prospections menées sur la commune de Fox-Amphoux montrent autour de l’agglomération un maillage serré de 38 implantations antiques installées dans les zones cultivables1 plantées aujourd’hui d’oliviers, de vignes, produisant aussi des céréales et où l’élevage est pratiqué.
1. 3. Cadre géographique
4Situé dans le haut Var, le territoire de Fox-Amphoux est traversé à partir du sud-est par une vallée résultant d’un fossé tectonique qui conduit vers la fracture du Verdon au nord-ouest. Il est arrosé par le ruisseau des Rayères et par la rivière de La Bresque, ainsi que par plusieurs sources pérennes nichées en pied de pente. Les hauteurs qui dominent ce terroir culminent à 690 m pour les Trois Croix au nord-ouest, à 546 m pour le Capelet au nord, et à 490 m pour le Défens du côté méridional.

Fig. 1 – Carte de situation et ateliers de potiers du Bassin de L’Argens (plan P. Excoffon)
5Le site2 en pied de pente, est orienté au couchant, en limite des terres cultivables et des zones boisées. Le flanc de la butte est argileux et une résurgence apparaît en surplomb.
2. L’atelier
6L’atelier qui couvre une superficie de 3000 m ² a été exploré en deux fois. La partie nord par des sondages en 2003 et la partie sud fouillée systématiquement en 2005 (fig. 2).
2. 1. Description des vestiges
7Au sud autour du four 1, dans la zone fouillée, se trouvent de nombreux aménagements : la construction 3, la fosse d’extraction d’argile 4, avec au fond le bassin de décantation 5, le sol d’accès 6 au laboratoire du four, la fosse sableuse 7 et le dépotoir 24. Côté nord les bassins de décantation 8 à 12 et 28, le sol de tuileau 13 et la fosse 14.

Fig. 2 – Plan de l’atelier d’Amphoux (relevé F. Laurier et M. Borreani CAV)

Fig. 3 – Le four 01 d’Amphoux (cliché J.-M. Michel)

Fig. 4 – Plan du four 01 (relevé M. James)

Fig. 5 – L’alandier et les deux drains 26 et 27 du four 1, vue de l’intérieur (cliché J.-M. Michel)

Fig. 6 – Drain 27, vue de l’intérieur du four 1 (cliché J.-M. Michel)

Fig. 7 – Départ des arceaux et évents du four 1 (cliché J.-M. Michel)
8Autour du four 2 la partie non fouillée comprend, les fosses 15-16, les caniveaux 17, 20 et 21, les bassins 18-19 et 22 et la fosse 23.
2. 2.Le four 1
9La chambre de chauffe du four de forme quadrangulaire, est creusée dans le sol et ouverte au sud-ouest. Seul le laboratoire était en élévation (fig. 3-4). Le creusement dans le substrat argileux est long de 5,10 m, large de 4,28 m et profond de 1,55 m. L’ensemble a été construit à l’aide de tegulae liées à l’argile. L’alandier, de profil ovoïde, avec un fond incurvé, est long de 2,20 m, large de 1,25 m et d’une hauteur estimée à l’intrados de 1,72 m (fig. 5). Il comportait dans son premier état une tranchée en plan incliné qui assurait un accès au couloir de chauffe et à un premier drain 26 (fig. 6). Le départ de ce drain est situé entre le premier et le deuxième arceau de la chambre de chauffe, puis il part en direction de la pente ouest. Creusé dans le substrat de façon irrégulière et dans l’axe du couloir, il était recouvert par des tegulae posées en bâtière, bords vers l’intérieur, dans le sens de la longueur (largeur 0,22 à 0,30 m et 0,12 m de profondeur).
10On retrouve des collecteurs d’un type proche et installés selon cette technique à Valescure entre les fours 1 et 2 et rue du Suveret (Fréjus, Var), ainsi qu’à Sivier (Istres, B. du Rh.) (Béraud, Gébara, Dumont 2001, p. 206 ; Pasqualini, Botte, Excoffon 2004, p. 29 ; Marty 2003, p. 265). Obstrué par l’accumulation des cendres et la difficulté de le vidanger une deuxième évacuation a été installée, obturant, jusqu’à une hauteur de 0,74 m, la gueule du four. Plus élaboré, ce second drain 27, superposé au premier, suit un tracé identique au précédent (fig. 6). Il est fait d’un alignement d’imbrices posées sur le sol et de tegulae posées en bâtière et coiffées de tuiles rondes.

Fig. 8 – Four 1, comblement (Us 24) en cours de fouille (cliché J.-M. Michel)
11La chambre de chauffe présente un mode de construction proche du four d’époque augustéenne dégagé dans l’atelier de Saint Lambert/Valescure à Fréjus et dans celui de Sivier à Istres, un peu plus tardif. Des parois en tegulae ont été construites contre l’argile naturelle, puis deux banquettes ont été appuyées contre les murs latéraux. Ces maçonneries faites de fragments de tuiles de récupération et d’argile comportent des paliers irréguliers de 5 à 9 cm d’épaisseur, chacun en retrait par rapport au précédent. Le fond est incurvé, probablement pour ramener les infiltrations d’eau vers les drains.
12Sept arcs de soutènement ont été bâtis contre les banquettes selon un mode de construction identique à ces dernières et sont séparés par des évents de 0,23 à 0,27 m (fig. 7)3. L’ensemble est recouvert jusqu’à environ 0,60 m de hauteur par un dépôt solide blanchâtre. Celui-ci couvre un « lutage » composé d’une succession de couches d’enduit à l’argile de teinte verdâtre de 5 à 7 cm d’épaisseur sur lequel des traces digitées sont conservées. D’une épaisseur de 17 cm, la sole était constituée par des carneaux circulaires de 3,8 cm de diamètre. La surface utile de 16 m ², est un peu supérieure à celle de Sivier à Istres (3,20 m x 3,40 m), à celui de la rue du Suveret et de St. Lambert/Valescure à Fréjus (3,80 m x 2,50 m. Il ne subsiste rien d’autre du laboratoire et aucun mur périmétral n’est apparu. Les nombreux moutons de tuiles récoltés dans la fosse voisine proviennent certainement des parois, ce qui apparente ce four aux fours à laboratoire non permanent du type Le Ny E (Le Ny 1988).
2. 3. Les installations de l’atelier
13À quelques mètres à l’ouest de la gueule du four 1, se trouvait la fosse 4, utilisée plus tard comme dépotoir (24). D’une profondeur de 0,80 m, et dégagée sur une surface d’environ 40 m2, elle résulte probablement d’une extraction d’argile contemporaine de la construction du four 1. À l’intérieur de cette fosse était conservé un petit bassin de décantation 5 dont les mesures conservées sont de 0,63 m sur 0,55 m. Parmi les matériaux qui ont recouvert le bassin de décantation lui-même installé dans la carrière, se trouvaient de nombreux débris rubéfiés de construction.
14Sur le côté méridional du four, le sol de circulation 6 pouvait être utilisé pour l’enfournement des terres cuites à l’intérieur du laboratoire. On ignore si ce sol se poursuivait autour du laboratoire, le côté nord ayant été occupé par la construction 3 et celui de l’est, recouvert par une voie moderne. Le sol 6 était occulté par un dépotoir très perturbé par les labours, il mêlait des rebuts de cuisson à de la vaisselle et à des matériaux architectoniques provenant de l’atelier. La fosse 7, creusée dans cet amas après son abandon, contenait un sable résiduel constellé de particules brillantes et fines (quartz ?) destiné sans doute à être mêlé à l’argile. À l’intérieur se trouvait une monnaie d’Antonin du milieu du IIe s. de n. è.
15Dans la partie nord-ouest de la zone fouillée (fig. 8), qui correspond à un espace de travail, les vestiges de six bassins sont conservés (8 à 12). Cinq sont de forme quadrangulaire, construits avec des tegulae posées à plat et à l’envers, dont les parties conservées ne dépassent pas 1,60 m de côté. Ces aménagements sont semblables aux bassins de Valescure 3 à Fréjus4. Du dernier bassin 28 reste seulement un alignement de lauzes plantées de chant d’une longueur de 6,30 m, sur lesquel adhérait encore de l’argile rouge. À proximité immédiate, le vestige de sol 13, fait de tuileau et d’argile, est conservé sur environ 2 m2, il peut correspondre à un espace de séchage ; la fosse 14 creusée sur sa limite est contenait des matériaux divers et du charbon.
16Sur le sol de cette zone, se trouvaient quatre monnaies de bronze parmi lesquelles trois sont d’époque augustéenne et la dernière du IIe s. de n. è.

Fig. 9 – Fond du bassin 08 (cliché O. Mignot)
17Orienté sud-ouest/nord-est, le bâtiment 3 de plan quadrangulaire atteint une surface de 26 m2. Il est le seul édifice de l’atelier qui ait été construit en moellons liés au mortier (fig. 9). Il possédait une ouverture de 0,60 m sur la face nord-est, condamnée dans un deuxième temps par un muret en pierres sèches. Aucun autre accès n’a été retrouvé. À l’intérieur de cet édifice, une tranchée comblée de blocs grossiers double les fondations sur une largeur de 0,35 m à 0,42 m5. Il s’agit certainement d’un drain destiné à maintenir ce lieu au sec, suggérant une probable fonction de stockage. Cette construction a entamé l’angle nord-est du four 1 avec lequel elle n’est pas alignée.
2. 4. Le four 2 et la zone sondée
18Dans la partie nord-ouest de l’atelier, le four 2, bâti à l’intérieur d’une tranchée rectangulaire et orienté sud-ouest/nord-ouest, n’a été que partiellement dégagé. Construit avec des briques liées à l’argile, ses dimensions et le plan interne du four n’ont pu être relevés. Cet ouvrage semble d’une qualité supérieure au four 1 et correspond probablement à une deuxième phase de l’atelier. La succession de fours sur une même fabrique est courante (Béraud, Gébara, Dumont, 2001 ; Pasqualini, Botte, Excoffon 2004 ; Laubenheimer 1990a et b, p. 32-40). Au sud de ce four d’autres aménagements caractéristiques de ce type d’installation ont été repérés : le bassin 18 creusé à même la terre ; les bassins 19 et 22 construits de tegulae ; le drain 17 constitué de blocs bruts ; les collecteurs 20 et 21 quasiment parallèles et axés nord-est/sud-ouest, qui sont construits en bâtière et espacés de 0,35 m ; les fosses 15, 16 et 23 de fonction indéterminée.
Céramiques | Fragments | % | Individus | % |
Total des céramiques | 376 | 183 | ||
Les cales d’enfournement et le matériel architectonique | 69 + 3 | 72 | ||
Total de la vaisselle | 304 | 111 | ||
Total de la vaisselle importée | 62 | 21 % | 29 | 26 % |
La vaisselle commune produite par l’atelier d’Amphoux | 242 | 79 | 82 | 73,80 % |
La vaisselle commune importée | 4 3 | 14,80 % | 17 | 15,20 % |
Total de la vaisselle commune | 285 | 93,80 % | 99 | 89 % |
La vaisselle fine (importée) | 19 | 6,20 % | 12 | 10,80 % |
Tab. 1 – Origines et types de céramique
3. Etude des céramiques découvertes dans l’atelier d’Amphoux
3. 1. Généralités
19L’ensemble du matériel récolté dans la partie fouillée, regroupe 376 fragments pour 183 individus. Le total de la céramique importée compte 62 fragments pour 29 individus et celle produite par l’atelier 314 fragments pour 154 individus. Parmi ce matériel les cales d’enfournement sont au nombre de 71, les éléments architectoniques au nombre de 3, les pesons de tisserand 2 et les pots horticoles 2, soit 78 individus. La vaisselle seule totalise 298 fragments (79 % de l’ensemble des céramiques) pour 105 individus (57,3 % de l’ensemble des objets). Les céramiques importées représentent 62 fragments (21,2 %) pour 29 individus (25,8 %), dont 19 fragments (6 %) pour 12 individus (11,4 %) de céramiques fines et 43 fragments (15 %) pour 17 individus (16 %) de céramiques communes. On compte 236 fragments (78,8 %) pour 78 individus (74,2 %) da vaisselle produite par l’atelier (tab. 01).
3. 2. La vaisselle
3. 2. 1. La vaisselle importée
3. 2. 1.1. Les céramiques fines
20Comblement du four 1 : une coupe (fig. 10.1) en sigillée italique Ettlinger 18.2 (Oxé, Comfort 1968) ; 2 bols en paroi fine (fig. 10, 2 et 4), le premier de forme Mayet XXXVII A, à décor floral, le second Mayet XXXVII, à décor sableux (Mayet 1975) et de 3 bols (fig. 10, 5) en sigillée sud-gauloise drag. 24/25 (Bémont, Jacob, 1986).
21Niveaux d’utilisation de l’atelier (sol 6, cour A et cour B) : ce lot réunit 6 plats et coupes en sigillée sud–gauloise : un plat Drag. 18/31 (fig. 10, 3), un plat Drag. 27, un bol Drag. 33 (n. 6), une coupelle Drag. 35/36 et un bol Ritt. 8.
3. 2. 1.2. La vaisselle commune
22Comblement du four 1 : 2 pots en céramique brune provençale classe Nin 5220 (fig. 10, 7) et 5300 (Nin 2001) ; une cruche de Fréjus (fig. 10, 8), proche du type Pasqualini 02. 03. 010. (Pasqualini 1996, 1998a) ; une urne carénée tournée (fig. 10, 11) d’un type trouvé à la nécropole de la Gatasse à Martigues (Chausserie Laprée, Nin 2004) et à Sainte-Barbe à Marseille (Moliner et al. 2003) et un lot de céramiques mal identifiées que nous dénommons « céramique à pâte noire d’Amphoux » et qui représente 7 individus.
3. 2. 1.3. Les céramiques communes tournées à pâte noire d’Amphoux
23L’origine de ce lot qui compte 24 fragments et 7 objets est incertaine. Les formes se répartissent en trois groupes, deux formes avec une grande ouverture, quatre pots à col resserré et 1 couvercle, tous ces objets sont incomplets. De facture grossière, la pâte rugueuse au toucher n’est pas soignée, elle compte de nombreux grains de quartz et des vacuoles sont présentes sur la face interne, la teinte varie du gris au noir et le cœur généralement foncé peut recéler des veines de couleur rougeâtre. Le façonnage est fait au tour, les formes sont globulaires, l’ouverture mesure 19,8 cm à 22,8 cm de diamètre, un seul fond plat nous est parvenu et l’épaisseur des parois atteint 0,8 à 16 mm.
24La fonction de ces ustensiles doit être culinaire. À notre connaissance les seuls autres témoins de cette production proviennent de la fouille de l’établissement vinicole du Clos Sainte-Anne à Rougiers, Var (fouilles inédites Chapon Michel 2005). Ce matériel était mêlé à un mobilier varié qui se répartissait de l’époque augustéenne au IIIe s. de n. è. Il est remarquable qu’aucun fragment de ce type n’ait été récolté à Amphoux en dehors du four 1.
25Forme Ia (fig. 11, 12) : La lèvre est plate et son bord arrondi, l’embouchure large, d’un diamètre de 31,5 cm, le col rétréci, la panse globulaire.
26Forme Ib (fig. 11, 13) : La lèvre est en oblique, courte, épaissie, le col est peu marqué, diamètre de l’ouverture de 27,6 cm, le départ de la panse évasé (un fragment d’un type proche a été trouvée à Rougiers, Clos Sainte Anne, sect. III, US04.
27Forme IIa (fig. 11, 14) : La lèvre est réduite et arrondie sur un col vertical court, diamètre de l’ouverture 18 cm et un départ de panse globulaire.
28Forme IIb (fig. 11, 15) : La lèvre déversée en oblique est courte, l’extrémité arrondie, diamètre de l’ouverture de 20,2 cm, le départ de la panse l’annonce globulaire.
29Forme IIc (fig. 11, 16) : La lèvre en oblique est courte et épaissie sur un col court légèrement rétréci ; le diamètre de l’ouverture est de 18 cm.
30Forme IId (fig. 11, 17) : La lèvre en oblique est courte, épaissie à son extrémité, l’ouverture est de 17,4 cm. Fond plat : (fig. 11, 18)
31Forme III (fig. 11, 19-20) : couvercle présentant une paroi en oblique épaisse de 7 à 14 mm, un bord simple et un diamètre de 17 cm, avec un bouton de préhension plein et large.
32Niveaux d’utilisation de l’atelier : 4 pots (fig. 10, 9-10) en brune provençale classe Nin 5300 (Nin 2001) et 2 amphores Dressel 20 (Sciallano, Sibella 1991).
3. 3. la production de l’atelier d’Amphoux et les céramiques communes provençales du bassin de l’Argens.
3. 3. 1. Les argiles
33Les pâtes calcaires employées paraissent identiques, mais peuvent dans le détail et à l’intérieur de chacune des productions présenter quelques variations. Généralement très compactes et dures, certaines pâtes ont une surface crayeuse tendre. Leur teinte est rose clair à gris/rose et peut tirer sur le foncé. Les grains sont peu abondants, généralement fins et de teinte blanche. De minuscules particules de mica apparaissent en nombre variable selon les tessons et certains conservent les traces d’engobe rouge ou noir. Les analyses pratiquées sur des échantillons provenant de l’atelier (voir Schmitt, Quentin, Merle, infra) montrent que ces argiles calcaires paraissent se distinguer nettement de celles des ateliers les plus proches connus que sont Berne et Thuerry sur les communes de Lorgues et Villecroze.
3. 3. 2. Les formes ouvertes
34Bols et coupelles : 65 fragments pour 22 individus. Coupelles avec une lèvre dans le prolongement de la panse (15 fragments pour 8 individus), de type 01 01 010 (fig. 12, 21-22) ; bols dont la lèvre en oblique est soulignée par un léger rétrécissement (54 fragments et 23 individus), de type 01 01 020. (fig. 12, 23-26) ; les bols avec une panse peu concave (1 fragment pour 1 individu), de type 01 01 030 (fig. 12, 27) et ceux dont la lèvre est déversée vers l’intérieur (2 fragments pour 2 individus) de type 01. 01. 040 (fig. 12, 28-29).
35Bols avec anses : 2 fragments pour deux individus, un de type caréné, 01 01 060 (fig. 12, 30) et le second sans carène, de type 01 01 070 (fig. 12, 31).
36Mortiers : à lèvre en bandeau (51 fragments pour 20 individus), de type 01 02 010 (fig. 13, 32-36) ils sont tous incomplets et les becs manquent souvent.
37Plats : à panse évasée (2 fragments, 2 individus), de type 01 03 020, (fig. 14, 37-38).
38Formes indéterminées : grands vases à col peu resserré (2 fragments pour 2 individus), proche de la forme 01 06 010 (fig. 14, 41-42).
3. 3. 3. Les formes fermées
39Cruches : col étroit (19 fragments pour 6 individus), type 02 01 010 (fig. 14, 43-44).
40Vases à lèvre plate : 12 fragments pour 2 individus, type 02 06 010 (fig. 14, 39-40).
41Vases de réserve : avec anses (5 fragments pour 5 individus), type 02 06 010 (fig. 15, 45-48).
42Les amphores : (45 fragments pour 5 individus), 4 gauloises G2 (fig. 16, 49-51) et 5 gauloises G3 (fig. 16, 50, 52-53), dont les deux dernières pourraient correspondre à une transition entre la Gauloise 3 et la Gauloise 5.
3. 3. 4. Formes rares
43Couvercles : 4 fragments pour 2 individus, l’exemplaire complet (fig. 17, 55) présente un diamètre de 29cm de forme plate et comporte un anneau de préhension central. Ce type d’objet est proche de couvercles en céramiques non tournées trouvées dans le Var (forme F821-Ier /IVe s. de n. è.) (Bérato 1993a).
44Jattes ou « gazettes d’enfournement » : 5 fragments pour 2 individus. La fonction précise de cet objet (fig. 17, 54) n’a pu être déterminée. De forme ovale, le fond est plat, la longueur à la base de 37,6cm, largeur 33cm et la hauteur 19cm, la partie supérieure est ouverte avec des parois qui s’infléchissent vers l’intérieur, provoquant un diamètre moindre que celui du fond. Cet objet est proche d’une céramique découverte en Italie dans un contexte artisanal de potiers daté de la fin du Ve s. au début du IVe s avant notre ère (Cracolici 2003, p. 48).
3. 3. 5. Ustensiles divers et matériaux architectoniques (fig. 18-19).
45Pesons de tisserand : de forme circulaire (fig. 18, 62) et de très petit format (Ø 5,3 cm) ; de forme trapézoïdale (fig. 18, 63), haut de 9,4 cm et épais de 5,8 cm à 3,8 cm.
46Pesons circulaires ou cales de four : 71 fragments du même type ont été retrouvés, 51 dans les premiers comblements du four 1 et 20 dans les dépotoirs (fig. 18, 59-61). Le diamètre varie de 8,5 à 11,5 cm, pour une épaisseur de 1,2 à 3 cm, avec un orifice central circulaire qui varie de 2,2 à 5 cm, fréquemment doublé d’un sillon incisé sur le dessus. Cet objet devait être utilisé comme cale, certains ont été employés par les potiers d’autres paraissent neufs, 4 comportent des graffitis ou des marques imprimées avant cuisson : trois sont des impressions d’intaille. L’une de ces impressions ovales en creux (1,4 cm sur 1 cm) présente un motif en relief représentant deux faunes de part et d’autre d’un socle sur lequel repose un buste de personnage. Les deux autres semblent identiques, mais sont très érodés. Ce motif est proche du décor d’une intaille découverte à Saintes (Charente - maritime) (Guiraud 1988, n. 517, p. 147). Sur le dos d’un autre peson c’est un nom, « SEVERUS », qui a été gravé avant cuisson (fig. 18, 59)6.
47Pots horticoles (fig. 15, 57-58). Ces objets ne sont pas courants dans le catalogue des ateliers de potiers provençaux (Barat, Morizé, 1999).
48Antéfixes : le premier très endommagé provient de la couche stratifiée du four 1, il s’agit d’un petit fragment avec un décor de bordure torsadée. Deux autres antéfixes quasiment identiques proviennent des dépotoirs7. Le mieux conservé représente une tête de satyre reconnaissable aux deux petites cornes qui pointent à la lisière du front et des cheveux (fig. 19, 64). Le visage est encadré par les vestiges de deux oreilles allongées, très mal conservées. Le front plissé et massif et les arcades sourcilières proéminentes dominent des yeux exorbités à l’expression sévère. Le nez camus présente des narines saillantes. La pointe du nez est abîmée. Concernant la bouche, seule la lèvre supérieure et une partie de la gorge ont été conservées. D’après ces vestiges, il semble que le satyre présentait une bouche béante à l’aspect menaçant (caractère apotropaïque ?). La portion inférieure du visage a disparu. La tête porte une chevelure dense. Au revers, la plaque épaisse de 86 mm montre une surface en croissant de lune allongée et finement aplanie par le potier ( ?). Au dessous, l’épaisseur s’affine jusqu’à 14 mm. Cette plaque d’antéfixe peut être rapprochée de deux autres exemplaires conservés au musée archéologique de Nîmes. Le premier est une pièce de provenance inconnue qui représente la moitié d’une tête de satyre (Zieglé 1983, p. 39). La seconde plaque, dont la localisation reste aussi indéterminée, montre le même type de motif conservé sur la partie supérieure droite. Le rapprochement entre ces deux antéfixes est flagrant compte tenu d’une expression sauvage similaire. Il se manifeste essentiellement par un modelé analogue au niveau de l’œil et de l’arcade sourcilière.
3. 4. Les matériaux de construction
49Les terres cuites destinées à la construction sont abondantes dans les dépotoirs mais il est difficile de différencier les matériaux employés pour construire l’atelier de ceux qui pouvaient être produits sur place.
50Tegulae : les seules tuiles plates complètes sont issues des matériaux de construction du four 1, aucune n’a été retrouvée parmi les déchets de cuisson (dimensions : L. 0,52 cm, l. 0,37 cm, ép. 2,8 cm). Un fragment (fig. 19, 66) portait un nom gravé après cuisson : « OVITIOC », nom de personne celtique en rapport avec le nom d’une divinité8.
51Imbrices : Les seules tuiles rondes récupérées en état proviennent du second collecteur du four 1 (dimensions : L. 54 cm pour 20, Ø. 20,5 cm).
52Briques en quart de rond (pl. 10.65) : seulement deux briques mesurant 12,3 et 14 cm de longueur, 12,5 et 13,5 cm de largeur et 4 à 4,5 cm d’épaisseur proviennent de l’atelier.
53Briquette pour opus spicatum : un seul exemplaire long de 8,2 cm, large de 5,4 cm, épais de 2.2 cm.
3. 5. Métal et matériel lithique
54L’outillage en métal
55Trois outils en métal ferreux ont été découverts, ils peuvent être rapprochés d’un outillage lié aux activités de l’atelier :
56Tige en méplat pourvue à une extrémité d’une courte lame évasée et à l’autre d’un crochet (L. 46 cm, l. 1,5 cm, fig. 20, 67). Un objet proche de ce dernier est signalé dans un atelier de potiers à Aspiran, (Hérault) (Genty 1965 ; Guillaumet 1996).
57Lame arrondie longue de 11cm avec un embout de 3,8 cm, d’un diamètre de1,8 cm qui devait recevoir un manche (fig. 20, 71). Ces deux instruments pouvaient être utilisés pour le grattage des parois de l’alandier.
58Coutelas (longueur totale 27,3 cm, longueur de lame conservée 18 cm (fig. 20, 69). Le tranchant d’une largeur maximale de 4,6cm est arrondi et la soie de forme rectangulaire mesure 9,3 cm de longueur et 0,4 à 0,7 cm de largeur pour 0,15 cm d’épaisseur.
59L’outillage lithique
60Polissoir (fig. 20, 70) : galet en grès de forme ovale, complète ce lot, (Dimensions 15,4 cm de longueur, 11 cm de largeur et 3,8 cm d’épaisseur).
61Objets de parure
62Fibule en bronze (fig. 20, 68) de type Feugère 22 (Feugère 1985, pl. VI, n. 23) des Ier-IIe s. de n. è.
63Anneau plat en tôle de cuivre de 3,5 cm de diamètre.
3. 6. les monnaies
64Quatre monnaies proviennent de l’espace de travail au nord-ouest : un as très usé de 27 av. n. è., un as de Nîmes de 10 avant n. è. à 14 de n. è., un petit bronze du début de l’ère et un bronze de Faustine de 140 à 180 de n. è. Les trois premières monnaies sont en phase avec le fonctionnement du four 1, la quatrième semble trop tardive pour correspondre à l’abandon de l’atelier. Une monnaie en bronze d’Antonin (138/161 de n. è.) provient de la fosse de sable 7.
4. Interprétation
4. 1. l’Atelier, fonctionnement et chronologie
65Le choix d’installer l’atelier dans cette zone, à une certaine distance de l’agglomération, est certainement dû à la présence de facteurs favorables : un sous-sol argileux, une zone boisée pour le combustible, un approvisionnement en eau assuré.
66En ce qui concerne l’organisation, l’ensemble de l’atelier n’est pas établi selon un plan ordonné, les constructions vulnérables à l’humidité (fours) et les drains qui étaient destinés à évacuer l’eau, ont été orientés selon un axe sud-ouest/nord-est, en suivant la pente naturelle qui facilite l’écoulement. Les bassins de stockage et de décantation, le sol de tuileau et le bâtiment en dur, qui ne sont pas tributaires de ces contraintes, ont été édifiés sans précaution ni ordonnance particulière. Le four 1 est construit apparemment avec un laboratoire à parois temporaire mais nous ignorons quelle a été la technique employée pour les parois du four 2. L’évolution de l’atelier se divise en trois phases :
67Phase I
68La fosse d’extraction d’argile 4 est ouverte et probablement utilisée pour la construction des divers aménagements de la fabrique. Le petit bassin de décantation 5 est installé dans son emprise.

Fig. 21 – Fondation du bâtiment 03 (cliché J.-M. Michel)
69Phase II
70Phase de production de l’atelier au cours de laquelle la fosse 4 et le bassin 5 sont recouverts par le dépotoir 24 dont l’essentiel semble provenir de la destruction des parois du laboratoire temporaire (fig. 21). Le second dépotoir 25 contenant de nombreux fragments de vaisselle, se constitue et occulte le sol de circulation 6 qui donne l’accès au laboratoire, sur le côté sud. Les trois monnaies découvertes sur le sol de l’espace de travail nord-ouest, ainsi que l’empreinte d’intaille d’époque augustéenne, peuvent correspondre à cette période. Le second drain 27, aménagé dans le four 1, est destiné à compenser l’obstruction du premier drain 26 par un amas de cendres (fig. 5-6). Cet aménagement a pour conséquence un rehaus-sement de la fermeture de la gueule du four ainsi que celui de l’espace attenant.
71Phase III
72Abandon du four 1 transformé en dépotoir. Le mobilier découvert dans les couches d’abandon de la chambre de chauffe date l’arrêt de son activité. Il s’agit d’une coupe Ettlinger18.2, de sigillées Dragendorff 24/25, de vases à paroi fine Mayet XXXVII et d’un bol à carène de type Pasqualini 01 01 060. En revanche, nous ignorons, si le four 2 et la construction du bâtiment 3 qui entame le premier four sont concomitantes, et si les deux fours ont pu fonctionner ensemble. La fosse d’extraction 4 reçoit toujours des déchets, la fosse sableuse 7 est creusée au travers du dépotoir 25 et les bassins de décantation de l’espace de travail sont encore utilisés, ce qui montre que l’atelier est toujours en activité. Par la suite, l’ouverture à l’est du bâtiment 3 sera fermée mais l’on ignore où se trouvait le nouveau seuil. Le mobilier retrouvé dans les couches d’abandon des bassins de l’espace de travail nord-ouest, sigillées Dragendorff 18/31, Dragendorff 33 et Dressel 20, indique la dernière phase de fonctionnement de cette fabrique.
4. 2. Typo/chronologie des productions de l’atelier d’amphoux
73Il faut inclure l’atelier d’Amphoux dans les ateliers du bassin de l’Argens et de Fréjus. Ainsi les coupes et coupelles de formes 01. 01. 010 et 01. 01. 020, fréquentes dans les officines de Fréjus, Les Arcs, Lorgues, Villecroze et Fox-Amphoux, sont abondantes à Amphoux et les formes 01 01 030 plus rares. Cela confirme la datation haute, dans la deuxième moitié du Ier s. av. n. è., que leur attribue Michel Pasqualini (Pasqualini 1993).
74En revanche les bols à bord rentrant du type 01 01 040, peu nombreux et datés du début de la période flavienne, semblent plus précoces à Amphoux.

Fig. 22 – Drains parallèles en bâtière 20 et 21 (cliché J.- M. Michel)
75La datation à l’époque augustéenne de la coupe carénée de type 01. 01. 060 est aussi confirmée ; la seconde coupe de type 01.01.070, trouvée couramment à Villecroze et Fréjus serait plus ancienne à Amphoux. L’apparition des mortiers de type 01. 02. 010. vers le début du Ier s. de n. è, communs à plusieurs ateliers de la région proche comme Villecroze et Lorgues, concorde aussi. Il en va de même pour les plats de type 01. 03. 020. datés à partir du début de l’ère. Quant aux bassins de forme 01. 04. 010. et aux vases de réserve forme 02. 06. 010., ils apparaissent à Amphoux de façon plus précoce que dans les ateliers du Centre Var où on ne les connaît pas avant le milieu du Ier s. de n. è. Les cruches de type 02 01 010 fréquentes à Fréjus à partir de l’époque flavienne, sont rares mais antérieures à Amphoux. Les amphores gauloises sont représentées par le type 2 produit par l’atelier de Saint-Lambert à Fréjus durant l’époque augustéenne et le type 3 à Sallèles-d’Aude dans le courant du Ier s. de n. è. (Béraud, Gébara, Landuré 1991, p. 189 ; Béraud, Gébara, Dumont 2001 ; Laubenheimer 1985, fig. 114). Ces dernières étant généralement rares sur les sites d’habitat situés à l’intérieur des terres, il est possible que le stockage de produits liquides, vin et huile, et leur transport, faisaient appel à d’autres moyens comme les outres ou tonneaux (Brun 2003, p. 100-101). Il existe dans la production des formes de vases rares et même des céramiques dont la fonction est énigmatique, c’est le cas de l’objet interprété comme une gazette (fig. 17, 54). Cet objet est proche d’une céramique découverte en Italie dans un contexte artisanal de potiers de la fin du Ve s. au début du IV e s. avant n. è. et probablement destiné à cuire de petits objets (Cracolici 2003, p. 48). Pour ce qui est du couvercle (fig. 17, 55) et des pots horticoles (fig. 17, 57-58), le module des premiers et l’extrême rareté des seconds dans notre région en fait des objets remarquables (Barat, Morizé 1999). Par ailleurs Amphoux confirme s’il était nécessaire que les cales circulaires certainement utilisées comme peson pour métiers à tisser dans les habitats sont à l’origine des cales de four.
76Les ateliers fournisseurs de matériaux architectoniques sont fréquents comme le montre les recherches effectuées par Pierre Excoffon, mais leur association avec une production de vaisselle est rarement attestée. L’officine de Saint-Lambert à Fréjus a produit des plaques Campana, à Thuerry à Villecroze les matériaux de construction voisinent avec de la vaisselle de table. Il en va de même à Sivier à Istres où la production comprend aussi des éléments de canalisation, mais aussi à Saint-Jean aux Arcs et à Pardigon à La Croix-Valmer, où amphores et matériaux se côtoient, dans des contextes toutefois mal déterminés. La fabrication d’antéfixes apparaît rarement dans les ateliers. Plusieurs ont été récoltés dans l’agglomération antique de Forum Julii mais aucun n’est signalé dans les divers ateliers fouillés (Zieglé 1983).
5. Conclusion
77L’abandon du four 1 à l’époque augustéenne marque la fin de la première période d’activité de l’atelier d’Amphoux. La désertion totale de l’atelier intervient à la charnière des Ier et IIe s. de notre ère, comme le montre le mobilier issu des couches d’abandon. L’installation de cette fabrique est probablement en relation avec l’édification de l’agglomération du Logis/Clastre. Elle a certainement fourni les matériaux nécessaires à l’édification du bourg et procuré d’autre part les terres cuites destinées à l’artisanat, l’agriculture et la vaisselle domestique de la population locale. La présence d’un sanctuaire, d’une voie de circulation importante et certainement d’un marché, avec une population répartie dans les nombreux habitats qui constellent le terroir, facilitait le commerce de ces marchandises.
78Les ateliers qui proposaient une gamme aussi étendue de terre cuites sont peu nombreux et souvent liés à des agglomérations comme Fréjus, ou à des zones à population dense (Étang de Berre). Certaines céramiques sont communes aux ateliers de la vallée de l’Argens cependant, des modèles plus rares se distinguent. Il en va de même pour le matériel architectonique où les ateliers de tuiliers sont fréquents, mais la production d’éléments décoratifs inhabituelle.
79Au-delà de l’agglomération romaine (Boyer 1981) l’aire de diffusion de ces terres cuites se confond avec celles des ateliers voisins. La fouille de la fabrique a permis de préciser la chronologie des premières productions, cependant, cette recherche porte sur une partie de l’atelier, ce qui limite les connaissances concernant les produits qui en étaient issu, continuité et abandon de certains modèles et créations d’autres. De même l’existence probable d’un autre atelier à Clastre présentant les mêmes caractéristiques ne facilite pas la tâche.
80L’atelier du bassin de l’Argens qui semble actuellement le plus proche techniquement de celui d’Amphoux est l’atelier de Saint-Lambert à Fréjus : similitudes dans les techniques de construction des premiers fours d’Amphoux et ceux de Saint-Lambert, dans les divers aménagements de l’officine comme les bassins et les drains. Les productions de ces deux fabriques qui ont fonctionné à l’époque augustéenne, associent de la vaisselle à des amphores gauloises de type 2 et Dressel 2/4 à des matériaux architectoniques, antéfixes pour l’un et plaques Campana pour l’autre. Dans les deux cas le premier four sera abandonné, mais à Amphoux un autre est rebâti dans les limites de l’atelier, alors qu’à Valescure à Fréjus c’est tout l’atelier qui se déplace à proximité. Ces installations correspondent aux périodes où l’agglomération de Fréjus et du Logis/Clastre, se développent et mettent leur terroir en valeur.

Fig. 10 – Céramiques en usage dans l’atelier
Mobilier du comblement du four 01
US 29 : n. 1 sigillée italique Ettlinger 182.2 ; Us 24 : n. 2 paroi fine Mayet XXXVII a, n. 4 paroi fine Mayet XXXVII, n. 5 sigillée sud-gauloise Drag. 24, n. 7 Brune provençale Nin 5210, n. 8 céramique commune provençale de Fréjus Pasqualini 02 03 010, n. 9-10 Brune provençale Nin 5300, n. 11 urne carénée type Chausserie Laprée/Nin série 3.
Mobilier de l’atelier hors stratigraphie
Us 12 : n. 6 sigillée sud-gauloise Drag. 33 ; Us 20 : n. 3 sigillée sud-gauloise Drag. 18/31.

Fig. 11 – Céramiques en usage dans l’atelier
Mobilier du comblement du four 01
Us 24 : céramiques à pâte noire d’Amphoux, n. 12 urne forme Ia, n. 13 urne forme Ib, n. 14 pot forme IIa, n. 15 urne forme IIb, n. 16 urne variante de la forme IIb, n. 17 pot forme IIc, n. 18 fond plat, n. 19/20 couvercle forme IIIa.

Fig. 12 – Production de l’atelier d’Amphoux (classée selon la typologie de Michel Pasqualini).
Us 24 : n. 21-22 forme 01 01 010, n. 23-27 forme 01 01 020, n. 28 forme 01 01 030, n. 29 forme 01 01 040, n. 30 forme 01 01 060, n. 31 forme 01 01 070.

Fig. 13 – Production de l’atelier d’Amphoux Us 24/35 : n. 32-36 mortiers forme 01 02 010

Fig. 14 – Production de l’atelier d’Amphoux
Us 24 : n. 37-38 plats forme 01 03 020 ; n. 39-42 vases forme 02 06 010 ; n. 43-44 cruches forme 02 01 010

Fig. 15 – Production de l’atelier
Us 24 : n. 45-48 urnes forme 02 06 010

Fig. 16 – Production de l’atelier
Us 24/35 : n. 49 et 51 Gauloise 2, n. 52-53 transition de la G2 avec la G5 ; Us 14/16 : n. 50 Gauloise 3

Fig. 17 – Production de l’atelier
Us 24 : n. 54 « gazette » (?) ; Us 35 : n. 55-56 couvercles ; Hors stratigraphie : n. 57-58 pots horticoles

Fig. 18 – Production de l’atelier. Hors stratigraphie : n. 59 cale avec graffiti « SEVERUS » ; n. 60 cale avec empreinte d’intaille représentant deux faunes de part et d’autre d’un socle sur lequel repose un buste de personnage ; n. 61 peson circulaire ; Us 24 : n. 62 peson ; n. 63 peson pyramidal.

Fig. 19 – Production de l’atelier
Hors stratigraphie : n. 64 antéfixe avec tête de satyre, n. 65 brique en quart de rond, n. 66 graffiti « OVITIOC », sur un fragment de tegula.

Fig. 20 – Outillage des potiers et autres objets
Us 14/16 : n. 69 coutelas ; n. 68 fibule forme Feugère22 ; US 21 : n. 71 outil de grattage ; Us 35 : n. 67 tige de grattage ; Us 24 : n. 70 polissoir en grès
Notes de bas de page
1 Résultat des prospections menées par Jean-Marie Michel (Brun, Borréani, 1999, p. 411-417). Ces établissements d’importances et de fonctions diverses, comprennent : 3 installations oléicoles ou vinicoles, attestées chacune par la présence d’un contrepoids ; 11 habitats ou fermes de moyenne importance ; 1 four de métallurgiste ; 3 ateliers de potier dont deux produisaient des céramiques communes et un des tuiles, avec à proximité de ce dernier une carrière d’extraction d’argile encore visible ; 7 tombes isolées ou groupées ; 1 aqueduc et 12 zones de fréquentation complètent cet ensemble.
2 Les ateliers de potiers d’Amphoux et du Logis/Clastre sont situés dans un même environnement géologique ; en limite du niveau de l’éocène continental, argiles rutilantes et calcaires lacustres, et du niveau du crétacé supérieur continental, contenant des argiles rouges, des grès et des calcaires lacustres, et du niveau du crétacé supérieur continental contenant des argiles rouges et des calcaires (Carte Géologique de la France 1/50000 Fréjus-Cannes BRGM 1994).
3 Arcs de soutènement : longueur 3,54 à 3,76 m ; entraxe 1,40 m ; flèche 1,24 m ; épaisseur 0,30 à 0,32 m.
4 Bassins de l’espace nord-ouest - Aucune mesure n’est complète : Bs 07, longueur conservée1, 55 m, largeur complète 1,15 m ; Bs 08, longueur et largeur conservée, 1,62 m sur 1,50 m ; Bs 09, longueur et largeur conservé, 1,50 m sur 1 m ; Bs 10, longueur et largeur conservée, 1,25 m sur 0,40 m ; Bs 26, longueur et largeur conservée, 1 m et 0,20 m.
5 Construction F 02 - Longueur et épaisseur des murs – mur nord, 6,30 m et 0,48 m ; mur sud, 5,89 m et 0,49 m ; mur ouest 5,68 m et 0,52 m ; mur est 5,21 m et 0,52 m. Entrée est de F 02 – Ouverture de 0,60 m.
6 Lecture de Bernard Liou
7 Rédaction d’Yvon Lemoine (Conseil général du Var, Service Archéologique (SDA) du Conseil Général du Var).
8 Lecture de Bernard Liou
Auteur
Assistant d’étude, Inrap
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Les bois sacrés
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1993
Énergie hydraulique et machines élévatrices d'eau dans l'Antiquité
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L'Eubea e la presenza euboica in Calcidica e in Occidente
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1998
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Colloque « Velia et les Phocéens en Occident ». La céramique exposée
Ginette Di Vita Évrard (dir.)
1971