Chapitre 4. Les conteneurs de transport
p. 105-168
Texte intégral
« Pour l’utilisation historique des données archéologiques, la céramique est un piège, parce qu’elle se conserve mieux que les autres matériaux. »
A. Tchernia, Le vin de l’Italie romaine, BEFAR, 261, 1986, p. 304.
1Cerner la diffusion des productions des ateliers de salaison qui viennent d’être évoqués nécessite un examen critique des amphores qui ont servi à les transporter. Entre la fin de la période archaïque et celle de la première Guerre Punique, où Carthage est contrainte de céder à Rome la totalité de ses territoires en Sicile, il faut prendre en compte à la fois les productions grecques et puniques puisque les ateliers de salaison se trouvent sur les deux territoires au moins à partir du IVe siècle avant notre ère.
2La difficulté d’attribuer un contenu à chaque type d’amphore punique m’a conduit à passer en revue tous les types dont la production est attestée sur le territoire sicilien. À partir de cette base, j’ai collationné les différentes informations disponibles pour déterminer quels types amphoriques étaient susceptibles d’avoir transporté des salaisons ou des sauces de poissons.
1. Les amphores de l’époque archaïque à la fin de la période républicaine
4. 1. 1. Amphores Puniques
3La recherche sur l’occupation punique en Sicile est freinée par le manque de données publiées sur des sites aussi importants que Panormos (Palerme), Drepana (Trapani), Solus (Solonte), Erix (Erice) et Lilybée (Marsala). Le seul site bien documenté est la petite île de Mozia, à l’ouest de la côte sicilienne en face de Marsala. Cependant, la thèse de J. Ramon Torres sur la production des amphores phénicopuniques en Méditerranée centrale et occidentale a établi de façon certaine que neuf types d’amphores au moins ont été produits en Sicile occidentale durant l’Antiquité1. Ce résultat a été obtenu grâce à l’analyse de la pâte des amphores. Plus récemment, de nouvelles données acquises lors des fouilles de Mozia et de Solonte et surtout par les analyses chimiques de certains types d’amphores puniques locales ont montré que l’artisanat céramique y était très actif2. En conséquence, le nombre de types amphoriques assurément produits en Sicile est passé à vingt.
Les ateliers et la pâte des amphores de Mozia
4Plusieurs fours de potiers ont été mis au jour sur l’île de Mozia ; la majorité se trouve dans le quartier dénommé « la zona industriale » ou zone K dans la partie septentrionale de l’île, entre le tophet et la nécropole archaïque, au pied du mur d’enceinte (fig. 4-01).
5Dans ce secteur, il semble qu’une autre activité artisanale ait précédé celle des potiers : la fabrication de pourpre ou en tout cas l’extraction de la glande tinctoriale des murex. En effet, en plusieurs points de la zone, les fouilles ont mis au jour des amoncellements importants de restes de coquilles de murex3.
6Deux premiers fours ont été découverts durant les campagnes de 1972 et 1974 dans la partie méridionale4 ; ils appartiennent au type 1b de la typologie de N. Cuomo di Caprio5. Il semble que l’un d’eux ait été installé dans une fosse déjà existante et, selon V. Tusa, consacrée antérieurement à la teinture ou à la tannerie de peaux6. Ils sont tous deux de forme elliptique et mesurent 2,90 x 3,15 m et 2,10 x 2,40 m7. Pour le premier, la chambre de chauffe et une petite partie de la sole étaient conservées, et cette dernière possèdait quatorze perforations circulaires d’un diamètre moyen de quinze centimètres. Pour le second four, seule la chambre de chauffe était conservée et une couche d’argile tapissait sa paroi. Dans les deux cas, la chambre de chauffe est dite bilobée car un mur est bâti dans l’axe de la gueule du four, pour servir de support à la sole.
7Un autre four a été découvert le long de l’enceinte, dans le secteur K situé entre la « zona industriale » précédemment évoquée et la porte Nord. Il présente le même plan que les deux autres fours, et son comblement s’est révélé très intéressant car il a livré du mobilier comprenant une majorité de fragments d’amphores puniques reposant sur un niveau de cendres. Certains de ces fragments étaient crus et d’autres surcuits8. À proximité du four, les fouilleurs ont mis au jour un bassin en pierre de plan rectangulaire contenant de l’argile et des fragments de vases encore non cuits.
8Les analyses pétrographiques menées sur des fragments d’amphores puniques découverts sur l’île ont permis d’identifier au moins onze types locaux de ces conteneurs datés entre le VIIe et le IVe siècle, soit depuis la fondation du site jusqu’à sa destruction par Denys de Syracuse en 397 avant notre ère.
9La pâte des amphores du groupe dénommé « Mozia - Sicile occidentale » par J. Ramon Torres est caractérisée par une cuisson moyenne à forte et se révèle dure et rugueuse au toucher. De couleur marron à rouge sur ses parois, celle du centre oscille entre gris et marron foncé. On distingue également, mais pas systématiquement, une surface de couleur blanchâtre à jaune pâle, très probablement involontaire. Sa composition minéralogique est la suivante : sable de quartz de grain irrégulier moyen à épais ; abondants nodules de chaux blancs ; rares nodules de matière ferreuse et fragments de calcaire blanc irréguliers.
Les ateliers de potiers et la pate des amphores Solonte
10À ce jour, quatre fours de production céramique ont été repérés et fouillés à Solonte, dans la localité de San Cristoforo, à deux kilomètres environ au sud des ruines hellénistiques et romaines de la cité. À San Cristoforo se trouve certainement l’emporion archaïque que Thucydide mentionne comme la plus ancienne implantation phénicienne sur le sol sicilien9. La présence d’ateliers de potiers sur le site était déjà suspectée du fait de la grande quantité de morceaux d’argile vitrifiée et de rebuts de cuisson jonchant le sol, qui appartenaient aussi bien à des amphores qu’à de la vaisselle.
11L’emplacement de cette industrie s’explique par la présence de deux des trois composants indispensables : l’argile et l’eau. Un cours d’eau et des bancs d’argile sont en effet situés non loin du port. Les prospections et les fouilles prouvent la permanence de cet artisanat dans la zone depuis la fin du VIIe jusqu’au IIIe siècle avant Jésus-Christ, et même au-delà10.
12Les fours mis au jour (F1 à F4) ont des plans différents selon leur période de fonctionnement11. Le four F2 a un plan bilobé, identique à la majorité des fours de Mozia. Il est vraisemblablement installé à la fin du Ve siècle et détruit ou abandonné au début du IVe siècle avant J.-C., à l’époque de l’expédition de Denys Ier de Syracuse contre la cité punique.
13Dans la zone des ateliers, deux fosses contenaient des tessons surcuits. La première était remplie par des amphores du type Ramon 1.1.2.1, daté de la fin du VIIe et de la première moitié du VIe siècle avant J.-C. Dans la seconde fosse, le matériel découvert consiste en amphores du type Ramon 4.2.1.4 et en skyphoi siciliotes à vernis noir, ce qui fixe la chronologie vers les IVe et IIIe siècles avant notre ère.
14La composition et l’aspect de la pâte des amphores produites à Solonte évoluent au cours du temps. La matière première, l’argile, reste la même, de couleur gris-bleu et provenant de bancs datés du Pléistocène inférieur. Les différences consistent dans la nature et la quantité des dégraissants utilisés selon les périodes12. Ainsi, les exemplaires produits à l’époque archaïque présentent un dégraissant de sable de grain moyen (0,25 à 0,5 mm), tandis que celui des amphores des époques classique et hellénistique est constitué d’un sable plus fin (0,06 à 0,125 mm). De plus, les analyses ont révélé la disparition de certains composants calcaires qui ont modifié l’aspect visuel de la pâte au microscope. Cette disparition s’explique par les différences de température de cuisson. Les vases cuits dans des fours où celle-ci n’a pas dépassé les 800° C ont conservé un aspect « normal », tandis que ceux qui ont été cuits à des températures supérieures à 900° C ont perdu toute trace de leur composante calcaire13.
15D’après les analyses, la pâte des amphores siciliennes présente des similitudes avec celle du groupe « Carthage-Tunisie » de Ramon Torres, à savoir une stratification et la présence abondante de chaux et de sable de quartz. Cependant, la production sicilienne se démarque par la prolifération exubérante d’« éruptions » calcaires résultant d’une cuisson des céramiques à une température élevée14.
Type Ramon Torres 1.1.2.115 (fig. 4-02)
16Conteneur à la silhouette trapue (hauteur moyenne 45 cm), il est marqué par un épaulement dans sa partie supérieure et par l’absence de col. Son diamètre maximum se situe dans la moitié inférieure et mesure 33 cm. La lèvre des amphores de ce type est un bandeau de profil vertical d’environ 1 cm de haut directement réservé au sommet de l’épaulement. Le diamètre d’ouverture au niveau du bord est de 10 cm. De part et d’autre de la ligne entre l’épaulement et la panse sont fixées deux anses de section circulaire. Le pied de cette amphore est inexistant ; le fond, arrondi, est dans la continuité de la panse.
17Les analyses effectuées sur plusieurs échantillons de Solonte ont montré que la production était locale. La pâte comporte des inclusions sableuses de grain moyen (0,25 à 0,5 mm) avec du quartz et de rares traces de feldspath et de mica.
18En ce qui concerne la période de production de ce type, on note qu’un exemplaire provient de la nécropole de Mozia dans un contexte daté entre la seconde moitié ou la fin du VIIe et la première moitié du VIe siècle avant notre ère. On peut y ajouter les fragments de la même période découverts à Solonte. Un autre exemplaire provient d’une nécropole de Palerme, dans une tombe datée de la première moitié du VIe siècle16.
19Enfin, son aire de distribution est limitée à la Sicile occidentale puisque les seuls exemplaires connus proviennent de Mozia, Solonte et Palerme.
Type Ramon Torres 1.3.1.217 (fig. 4-02)
20Les amphores du type 1.3.1.2 ont un profil bitronconique marqué par une inflexion située légèrement au-dessus du milieu de l’amphore. La hauteur des exemplaires connus varie entre 65 et 85 cm. Le diamètre maximum se situe généralement dans la partie inférieure de la panse, et mesure de 38 à 44 cm. Le bord de ces amphores est un simple bourrelet modelé dans la continuité de la panse. De forme arrondie, il mesure 1,5 à 2 cm d’épaisseur pour une hauteur équivalente. Le diamètre d’ouverture est compris entre 11 et 13 cm. Les anses, de forme arrondie, sont appliquées près du bord. Elles ont une section circulaire plus ou moins régulière et mesurent 10 à 15 cm de hauteur. Le fond est le simple prolongement de la panse, formant un angle ouvert.
21Les analyses de la pâte ont révélé une production à Solonte et à Mozia, mais ce type est également fabriqué à Ibiza18. Il est produit depuis la fin du VIe et durant la première moitié du Ve siècle avant J.-C. Le type est surtout fréquent dans les Baléares ; de nombreux exemplaires ont été mis au jour à Ampurias.
Types Ramon Torres 1.4.2.1, 1.4.3.1, 1.4.4.1 et 1.4.5.119 (fig. 4-02)
22Les amphores regroupées ici possèdent un profil relativement régulier avec un resserrement au niveau central plus ou moins marqué selon le type. L’épaulement consiste en une simple inclinaison de la panse vers l’intérieur du vase. Les exemplaires ayant conservé un profil complet ont une hauteur comprise entre 0,75 m et 1,05 m. Le diamètre maximum de la panse se situe dans la partie inférieure et mesure de 30 à 38 cm. La lèvre est pour chaque cas dans la continuation de la panse. Elle est un bourrelet modelé au profil arrondi plus ou moins régulier pour les trois premiers types et se présente comme un bandeau aplati légèrement oblique pour le dernier. Le diamètre d’ouverture est compris entre 11 et 16 cm. Les anses, au profil arrondi et à la section circulaire à ovale, sont appliquées près du bord et mesurent entre 15 et 20 cm de haut. Le fond de ces amphores n’est que le prolongement de la panse formant un angle ouvert.
23En ce qui concerne la provenance, les analyses attestent que le type 1.4.2.1 a été produit dans plusieurs ateliers méditerranéens, notamment en Sardaigne et en Tunisie, mais également à Solonte et à Mozia20. Le type 1.4.3.1 est assurément produit à Mozia et à l’heure actuelle aucune autre zone de production n’est recensée21. Le type 1.4.4.1 est produit en Sardaigne et d’après les analyses pétrographiques également à Solonte22. Enfin, la production du dernier type est attestée en Sicile occidentale mais, en l’état des données, on ne peut pas pour l’instant l’attribuer plus précisément à une des cités de l’île23.
24Le type 1.4.2.1 semble avoir été produit durant la majeure partie du VIe siècle et au début du Ve siècle avant notre ère. Les types 1.4.3.1 à 1.4.5.1 sont tous produits durant le Ve siècle.
25Concernant l’aire de distribution, les amphores des types 1.4.2.1 et 1.4.4.1 ont été trouvées en grande quantité principalement en Sardaigne méridionale et dans des contextes de Carthage et ses alentours. Quelques spécimens ont également été mis au jour en Sicile occidentale. Tous ceux connus du type 1.4.3.1 ont été découverts à Mozia. Enfin, seuls quelques uns du type 1.4.5.1 sont recensés. L’un provient de la nécropole de la Contrada Diana à Lipari, où il a servi de sépulture à un enfant. Près du corps mal conservé étaient déposés un vase plastique en forme de rat et un petit stamnos achrome décoré de bandes, qui incitent à proposer une datation de la sépulture au Ve siècle avant notre ère24. Plusieurs exemplaires ont été mis au jour dans une nécropole de Palerme25. Un autre provient de Tunis, sans plus de précisions, et plusieurs ont été découverts à Corinthe.
Types Ramon Torres 2.1.1.1 et 2.1.1.226 (fig. 4-03)
26Il s’agit d’une amphore de profil elliptique, sans col et sans épaulement franchement marqué. Les dimensions générales du premier type sont sensiblement inférieures à celle du second type. La hauteur totale varie entre 42 et 60 cm pour l’un, et 55 à 65 cm pour l’autre. Le diamètre maximum de la panse, à mi-hauteur, oscille respectivement entre 22 et 33 cm, et 33 et 38 cm. La lèvre de l’amphore n’est qu’un bourrelet bordant l’ouverture de la panse, dont elle ne se distingue que par un sillon plus ou moins bien marqué. Son profil, qui varie peu d’un exemplaire à l’autre, consiste en un bourrelet vertical mesurant 1,5 cm de hauteur et d’épaisseur. Le diamètre d’ouverture est compris entre 9,5 et 13 cm pour les deux types. Les anses ont un profil arrondi et sont appliquées près du bord. Elles ont une section en amande et mesurent en général une quinzaine de centimètres de haut. Le fond des amphores de ce type est dans la continuité de la panse et forme un angle ouvert.
27La production du type 2.1.1.1, connue à Carthage et supposée à Malte par Ramon Torres, est désormais attestée par les analyses pétrographiques à Mozia27. Les mêmes analyses ont confirmé qu’une partie de la production du type 2.1.1.2 provenait de Solonte et de Mozia28, mais d’autres centres de production ont pu exister en Sardaigne et en Tunisie.
28D’après Ramon Torres, le type 2.1.1.1 est produit depuis le premier ou le second quart et jusqu’à la fin du VIIe siècle avant notre ère. Le type 2.1.1.2 lui succède à cette période et sa production est attestée jusqu’au premier tiers du VIe siècle avant Jésus Christ.
29Concernant l’aire de distribution, le type 2.1.1.1 est principalement connu dans la région de Carthage et désormais en Sicile. Sa présence est également attestée en Étrurie et à Malte. On connaît beaucoup plus d’amphores du type 2.1.1.2. Leur diffusion ne semble concerner que la Méditerranée occidentale, notamment les Baléares, sur les littoraux de la péninsule Ibérique et d’Afrique du Nord. Plusieurs amphores de cette catégorie ont également été mises au jour dans le sud de la Sardaigne et en Sicile.
Type Ramon Torres 2.2.1.229 (fig. 4-03)
30L’amphore du type 2.2.1.2 est de forme ovoïde. Sa hauteur est comprise entre 60 et 65 cm. Un petit épaulement est marqué dans la partie supérieure. Le diamètre maximum, à mi-hauteur de la panse, mesure 30 à 34 cm.
31Les exemples présentés par J. Ramon Torres montrent une certaine diversité du bord, en bandeau, souligné à sa base par un sillon plus ou moins profond. Haut de 2,5 à 3 cm, il présente un diamètre de 12 à 14 cm. Les anses, de section elliptique, sont apposées au niveau de la ligne d’épaulement et rejoignent rapidement la panse. Leur hauteur est de 12 à 15 cm. Il n’y a pas de pied à proprement parler. Le fond de cette amphore est dans le prolongement de la panse.
32Plusieurs timbres ont été relevés. Ils sont appliqués sur l’anse et ont une forme rectangulaire. Cependant, leur mauvaise impression sur l’argile les rend illisibles30.
33Les amphores du type 2.2.1.2 ont vraisemblablement été produites en Tunisie, mais des ateliers en Sicile et peut-être à Malte sont aussi à envisager.
34Elles semblent avoir été produites dans la première moitié du IVe siècle avant notre ère, mais J. Ramon Torres considère qu’elles ont pu apparaître dans les deux dernières décennies du Ve.
35Concernant l’aire de diffusion, on remarque que plusieurs exemplaires proviennent des îles Baléares (Majorque et Ibiza), de la côte catalane et de Tunisie. De nombreux exemplaires ont également été trouvés à Malte et en Sicile.
Type Ramon Torres 3.1.1.231 (fig. 4-03)
36La morphologie de cette amphore est très proche du celle du type précédent. Elle se caractérise par un épaulement beaucoup moins marqué et par un bord plus uniforme d’un exemplaire à l’autre. Le diamètre à l’ouverture est compris entre 11 et 13 cm. Elle mesure de 45 à 70 cm de haut et son diamètre maximum, compris entre 26 et 35 cm, se situe au niveau de l’attache des anses ou en-dessous de celles-ci. La lèvre est un bourrelet dans le prolongement de l’épaulement. De section relativement arrondie aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, elle mesure en général 1,5 à 2 cm en largeur comme en hauteur. Le diamètre de l’ouverture mesure de 11 à 13 cm. Les anses, de section circulaire et de petites dimensions, 10 à 12 cm de haut, sont appliquées au niveau de l’épaulement. Le fond est dans le prolongement de la panse et lui donne une forme en ogive.
37La production de ce type est attestée à Mozia et envisageable également dans des ateliers de Carthage.
38J. Ramon Torres fait remonter la production de ce type à la seconde moitié du VIIIe siècle ; il semble fabriqué jusque dans le courant du VIIe siècle avant J.-C.
39Sa distribution concerne la côte tyrrhénienne, la Sicile occidentale, la Sardaigne, Malte et Carthage. Quelques exemplaires ont été découverts dans la péninsule Ibérique.
Types Ramon Torres 4.2.1.4, 4.2.1.6 et 4.2.1.732 (fig. 4-04)
40Ces trois types d’amphores sont regroupés car ils présentent un profil général assez similaire ; seuls quelques points de détail les distinguent. Il s’agit d’une amphore de profil cylindrique sans véritable épaulement mais simplement une inclinaison de la panse au sommet. Les exemplaires conservés intégralement appartiennent aux premier et dernier type et mesurent respectivement 92 et 116 cm de haut, tandis que celui du second est conservé sur 65 cm. Le diamètre maximum se situe sur la partie centrale de la panse, très régulière à ce niveau, et mesure 23 à 25 cm pour les types 4.2.1.4 et 6, et 32 cm pour le dernier. La lèvre est pour les trois variantes le simple prolongement de la panse. Les premier et troisième types présentent une lèvre en forme de bandeau aplati mesurant 2,5 cm de long pour 2 cm d’épaisseur, parfois retombant vers l’intérieur du vase. La lèvre du second type est un bord arrondi dans le prolongement de la panse, souligné par un sillon à 1,5 cm de l’ouverture. Les diamètres sont de l’ordre de 13-15 cm. Les anses sont appliquées grossièrement sur le bord de l’amphore. De petites dimensions, inférieures à 15 cm, elles ont une section elliptique. Le fond des amphores est dans le prolongement de la panse et se termine par un bouton d’environ un centimètre de haut (pour les types 4.2.1.4 et 4.2.1.7).
41D’après les analyses pétrographiques, la production des type 4.2.1.4 et 4.2.1.7 est attestée à Mozia33. Le type 4.2.1.6 est lui aussi très probablement fabriqué en Sicile occidentale, mais les ateliers n’ont pas encore été découverts.
42La période de production est la même pour les trois types : entre la fin du Ve siècle et la première moitié du IVe siècle avant notre ère.
43Concernant l’aire de diffusion, on note que le premier type n’est connu que par des exemplaires siciliens, mis au jour sur l’île de Mozia. Le second est en revanche attesté dans le sud de la péninsule Ibérique, sur la côte catalane, en Sardaigne, à Carthage et dans sa périphérie, et en Sicile. Enfin, le type 4.2.1.7 est attesté par quelques exemplaires en Tunisie, à Mozia, et peut-être dans une épave découverte au large de Marseille (Plane 2)34.
Types Ramon Torres 4.2.2.1, 4.2.2.3 et 4.2.2.635 (fig. 4-04)
44Ces trois types ont un profil général semblable aux exemplaires de la famille 4.2.1. Il s’agit d’amphores au profil cylindrique, sans col ni véritable épaulement. Celles du premier type ont une hauteur comprise entre 90 et 100 cm ; l’unique exemplaire conservé du second type mesure 137 cm ; l’exemplaire du troisième n’est pas conservé intégralement. Le diamètre maximum de la panse est de 25 à 28 cm pour le premier type, de 32,5 cm pour le second, et de 29 cm pour le dernier. La lèvre des amphores du premier type forme un bourrelet aplati dans la continuité de la panse. Il mesure de 1,5 à 2 cm d’épaisseur et a les mêmes dimensions en longueur. La lèvre des amphores du second type est rentrante et un sillon marque sa limite sur la paroi interne. Elle mesure 3 cm d’épaisseur sur 5 cm de long. Le bord des individus du troisième type forme un bandeau aplati de 1,5 à 2 cm d’épaisseur sur 4,5 à 6 cm de long. Le diamètre à l’ouverture des amphores est de 12 à 14 cm pour le premier type, de 20 cm pour le second et de 15 cm pour le troisième. Le fond des amphores 4.2.2.1 et 4.2.2.3 est composé d’un bouton dans le prolongement de la panse et il n’excède pas 2 cm de hauteur. Le fond de l’amphore du type 4.2.2.6 n’est pas conservé.
45Le type 4.2.2.1 a assurément été produit à Mozia et peut-être ailleurs en Sicile occidentale. Le type 4.2.2.3 est également fabriqué en Sicile occidentale, mais nous ne connaissons pas les ateliers. Enfin, la production du type 4.2.2.6 est attestée à Solonte et à Mozia36.
46Du point de vue chronologique, le type 4.2.2.1 semble avoir précédé le 4.2.2.3. On trouve le premier dans des contextes datés du IVe siècle avant notre ère, mais la production a pu commencer dès la fin du Ve siècle. Le second type est plus courant dans des contextes de la seconde moitié du IVe et de la première moitié du IIIe siècle avant J.-C.
47Des exemplaires du premier type ont été découverts surtout à Mozia, à Camarina et à Carthage. Ceux du second type proviennent de Mozia et de Carthage.
Types Ramon Torres 7.1.1.2 et 7.1.2.137 (fig. 4-05)
48Le profil général de ces deux types est assez semblable. Il s’agit d’un conteneur dont la panse cylindrique est marquée par un léger épaulement mais qui ne présente pas de col à proprement parler. L’unique exemplaire complet du premier type est haut de 73 cm ; ceux du second type mesurent entre 65 et 71 cm. Le diamètre maximum à mi-hauteur de la panse est de 31 cm pour les exemplaires du type 7.1.1.2 et de 26 à 29 cm pour ceux du type 7.1.2.1. Les deux variantes présentent un léger épaulement séparant la panse du bord de l’amphore. Celui-ci forme un bandeau plus ou moins aplati marqué par un sillon créant une gorge peu profonde sous sa face externe. La lèvre des amphores du type 7.1.1.2 mesure 4 cm de haut pour 1,5 cm d’épaisseur. Celle des spécimen du type 7.1.2.1 a une hauteur de 2 à 2,5 pour 1 à 1,5 cm d’épaisseur. Le diamètre d’ouverture est de 13-14 cm pour les exemplaires des deux types. Les anses sont appliquées immédiatement sous la ligne marquant l’épaulement. Elles sont de forme arrondie et ont une section ovale. Elles mesurent en moyenne une quinzaine de centimètres de hauteur. Le fond est dans le prolongement de la panse ou caractérisé par un bouton plein d’environ 2 cm de haut.
49J. Ramon Torres avait noté pour le premier type une production dans le Sahel en Tunisie, mais les analyses de R. Alaimo et de ses collaborateurs attestent qu’il était également produit à Solonte38. De même, le type 7.1.2.1, lui aussi fabriqué à Solonte mais aussi à Mozia, l’était peut-être également en Tunisie39.
50Le type 7.1.1.2 a été produit au IIIe siècle avant notre ère, mais ses bornes chronologiques ne sont pas encore suffisamment établies. La production du type 7.1.2.1 a lieu durant la seconde moitié du IVe et peut-être au début du IIIe siècle avant J.-C. Nous en connaissons deux exemplaires découverts dans une tombe familiale de Palerme, dont l’utilisation est fixée entre la première moitié du Ve siècle et le début du IIIe siècle avant notre ère40.
51Peu d’exemplaires du type 7.1.1.2 sont connus, limitant sa distribution à Ampurias et Solonte. En revanche, le type 7.1.2.1 est mieux diffusé. Des exemplaires ont notamment été mis au jour sur la côte catalane (Ampurias), dans les Baléares, à Carthage et dans sa région, et surtout en Sicile (Palerme, Mozia, Erice, San Vito lo Capo, Gela, Milazzo41).
Type Ramon Torres 7.2.1.142 (fig. 4-05)
52L’amphore a un profil cylindrique régulier marqué par un court épaulement et un col faiblement marqué. La hauteur des exemplaires conservés oscille entre 55 et 86 cm. Le diamètre maximum, mesuré sur la partie centrale de la panse, très régulière, mesure de 20 à 25 cm. La lèvre repose sur un col n’excédant pas 5 cm de hauteur. Elle consiste en un double bourrelet à bord tombant vers l’extérieur du vase. Le premier mesure moins d’un demi-centimètre de hauteur, tandis que le second mesure environ 2 cm. Sous ce dernier, un sillon a été marqué. L’épaisseur de la lèvre est d’environ 2 cm. Le diamètre d’ouverture est compris entre 11 et 14 cm. Les anses, de forme arrondie et de section en amande, longues de 10 à 15 cm, sont appliquées sur la panse, immédiatement au-dessus de l’épaulement. Le fond de ces amphores est le simple prolongement de la panse, ce qui donne à celle-ci une forme d’ogive.
53Un exemplaire découvert sur l’agora d’Athènes portait une estampille au sommet d’une anse. De forme elliptique, elle est composée de deux caractères puniques dont la lecture est BY ou YB43.
54Même s’il semble que la majorité des exemplaires aient été fabriqués en Tunisie, les analyses pétrographiques ont révélé qu’il y avait également une production à Solonte44.
55Les limites chronologiques de la production ne sont pas encore clairement établies. On peut simplement attester que le type est fabriqué entre le dernier tiers du IIIe et les premières décennies du IIe siècle avant notre ère.
56Le type 7.2.1.1 est très répandu en Méditerranée occidentale. On le trouve sur les côtes de la péninsule Ibérique, de Sicile et de l’Italie sur son versant tyrrhénien. Le littoral tunisien en a livré des quantités importantes.
Type Ramon Torres 7.5.2.145 (fig. 4-05)
57L’amphore a une panse cylindrique régulière, un fond bien marqué et un court épaulement supportant un bord tombant. Les exemplaires qui nous sont parvenus ont une hauteur comprise entre 75 et 90 cm. Le diamètre maximum, au niveau de la panse, est de 21 à 23 cm. La lèvre est dans le prolongement de la panse marquée par un léger épaulement et un col ne dépassant pas 5 cm de hauteur. Elle est faite d’un double bourrelet souligné par deux sillons plus ou moins profondément marqués. Elle mesure 3 à 4 cm de long pour 1,5 cm d’épaisseur en moyenne. Le diamètre à l’ouverture est de l’ordre de 17 à 19 cm. Les anses sont appliquées sur la panse, peu après la ligne marquant l’épaulement. De forme arrondie et de section ovale, elles mesurent de 8 à 10 cm de longueur. Le pied est ici véritablement marqué. Mesurant de 10 à 15 cm de haut, il est creux à l’intérieur et se termine à l’extérieur par un bouton de 2-3 cm de hauteur.
58Une production tunisienne est avancée par J. Ramon Torres, mais un atelier peut être localisé à Solonte d’après les analyses de pâtes46.
59Peu de contextes bien datés ont livré ce type d’amphores : la chronologie semble couvrir le IIe siècle avant Jésus-Christ.
60Les exemplaires connus viennent des littoraux français et catalan, mais on en a également découvert en Tunisie et en Sicile.
Les amphores puniques et les enseignements des épaves
61Une partie de ce titre, empruntée à J. -P. Morel47, souligne la place des vestiges sous-marins dans la recherche sur le contenu et le commerce des amphores dans l’Antiquité.
62Peu de navires puniques armés au commerce ont été découverts à ce jour et rares sont les amphores d’origine sicilienne ayant conservé des traces de leur contenu. Dans le lac de Santa Giusta (côte occidentale de la Sardaigne), une amphore de type 1.4.2.1 ou 4.1.1.3 contenait des os de faune domestique48. De même, une amphore de forme 2.1.1.2 découverte dans le gisement marin de Torre la Sal (au nord de Valence) contenait des os d’ovicapridés49. Pour les autres types, tout au plus pouvons-nous faire des rapprochements avec des formes voisines : plusieurs amphores du type 1.4.4.1, découvertes dans l’épave de Scoglio del Coltellazzo au large de Nora en Sardaigne, contenaient des morceaux de viande ovine et de viande bovine conservés dans du vin50.
63Si l’on élargit la recherche à l’ensemble des conteneurs puniques – quel que soit leur lieu de fabrication, les résultats sont peu différents. À Olbia (Sardaigne), ce sont des os de bœuf et de cochon qui ont été mis au jour dans une amphore punique dont le type n’est pas précisé. Dans les environs d’Eivissa (Baléares), un puits a livré une amphore du type 8.1.3.1 avec des restes de porc. Enfin, on a retrouvé des os de lapin dans des amphores du type 8.1.1.1 et 8.1.2.1 sur un site terrestre à Ullastret (près de Girone).
64Bien que ces attestations soient trop rares pour qu’on puisse en tirer des conclusions générales, on peut faire plusieurs observations. La place occupée par les salaisons de viande, qui sont mentionnées dans la majorité des découvertes, est frappante. Malgré ces attestations, il convient de rester prudent avant d’attribuer à ces amphores des salaisons de viande comme contenu originel. En effet, le vin, l’huile et les sauces de poissons ne se conservent jamais puisque ce sont des liquides, et la découverte d’ossements dans des amphores qui ont pu être des provisions de bord sur des navires, ou de simples remplois dans d’autres contextes, risque de fausser les données.
65Cadix, Corinthe et Pompéi ont en revanche livré des amphores ayant contenu des salaisons de poissons. À la Plaza de Asdrubal à Cadix et dans le « Punic Amphora Building » à Corinthe, il s’agit d’amphores du type 11.2.1.3 contenant des restes de thons (arêtes, vertèbres). À Pompéi, une amphore du type 5.2.3.1 ou 2 mise au jour dans la tannerie (Reg. I, ins. 5, 2) contenait des écailles de poissons collées à la paroi51.
66Nous avons vu plus haut que la production d’au minimum onze types de la classification de J. Ramon Torres est attestée sur l’île de Mozia, comme le confirment également les « moutons », certains exemplaires surcuits et d’autres crus qui y ont été mis au jour dans le quartier industriel52. Cette production d’amphores existe depuis la première occupation phénico-punique du site au début du VIIe siècle jusqu’au début du IVe siècle avant notre ère, et il faut donc s’interroger sur le contenu de ces amphores.
67Il est vraisemblable que le contenu de ces amphores a été produit sur l’île ou dans sa proche périphérie. Celle de la pourpre y était très active et une grande quantité de restes de coquilles de murex a été mise au jour, notamment dans la « zona industriale ». De plus, N. Cuomo di Caprio précise dans un de ses articles que « le conchiglie sembrano rotte non semplicemente per estrarne il mollusco a scopo edule, ma con una tecnica più precisa, come se particolare attenzione fosse stata posta nel non danneggiare all’interno il mollusco. »53 Si l’on a fait attention à extraire la glande tinctoriale sans abîmer le reste du mollusque, cela tendrait à indiquer que l’on comptait l’utiliser. J’ai déjà évoqué que la consommation de la chair des murex existait54, et on est alors tenté de tisser un lien entre les amphores produites sur place et le mollusque privé de sa glande tinctoriale. Ainsi, un commerce de la chair du murex, sous forme de salaison, semble envisageable. Pour appuyer cette hypothèse, on peut mentionner deux ateliers du sud de la péninsule Ibérique (Saltès et El Eucaliptal) que l’on soupçonne d’avoir produit des salaisons de mollusques, du fait des grandes quantités de coquilles trouvées sur place55. Le site d’El Eucaliptal a notamment livré d’importants amas de coquilles de murex, toutes brisées de la même manière, qui me fait penser que le mollusque, une fois la glande tinctoriale prélevée, a pu être salé pour être commercialisé56.
Les types d’amphores puniques dans les ateliers de transformation du poisson : amphores à salaisons ?
68Comme nous venons de le voir, les données dont nous disposons pour établir le contenu des amphores puniques sont encore insuffisantes. Une piste consiste à examiner les types d’amphores puniques que l’on rencontre dans les ateliers de salaison. Un même type présent dans plusieurs fabriques pourrait indiquer qu’il était destiné au transport des salaisons siciliennes.
69Ainsi, les amphores des types 5.2.3.1 et 2 (correspondant au type Maña D), et celles des types 7.1 à 7.5 (correspondant aux types Maña C1b à C2) sont attestées sur la plupart des ateliers de salaison installés en territoire punique : on peut dès lors émettre l’hypothèse que ces amphores étaient destinées au transport de sauces et/ou salaisons de poissons, ce qu’ont déjà confirmé les inscriptions peintes sur le dernier type57.
4. 1. 2. Les conteneurs magno-grecs
70La détermination du contenu des amphores de type grec est encore plus malaisée que celle du contenu des amphores puniques. Pourtant, les sources attestent qu’il y avait bien une exportation des salaisons siciliennes, puisque Hiéron II fait envoyer à Alexandrie dix mille jarres de salaisons58. Même si ce passage relate un phénomène exceptionnel, il est peu vraisemblable que les ateliers situés en territoire sous domination grecque n’aient produit que pour la consommation locale. Se posent alors plusieurs questions sur le mode de transport des productions excédentaires :
- connaît-on dans ces territoires des productions d’amphores susceptibles d’avoir transporté des salaisons de poissons ?
- si non, les productions des ateliers ont-elles pu être transportées dans des amphores de remploi ?
- quel autre type de conteneur a pu être utilisé ?
71Il faut d’emblée rappeler que l’étude des amphores grecques de Grande Grèce et de Sicile a montré qu’il s’agit principalement de conteneurs à vin. En effet, leur évolution est claire depuis le type MGS I de la classification de Christian Vandermersch jusqu’aux amphores gréco-italiques et Dressel 159. Que celles-ci aient servi au transport de vin, les analyses chimiques l’ont démontré60. De plus leur embouchure étroite interdit d’y placer des pièces de poisson salé.
72Peut-on envisager un système de récupération d’amphores produites dans d’autres territoires pour le transport de salaisons ? La Sicile et la Grande Grèce constituent des centres commerciaux très actifs dès la fondation des colonies et de grandes quantités d’amphores de toutes provenances y arrivent. Le nombre des amphores importées sur ces territoires aurait-il été suffisant pour rendre inutile la fabrication d’amphores à salaisons qui auraient été entreposées et exportées dans des conteneurs étrangers ? La réponse à cette question reste en suspens. En effet, on ne connaît aucune épave ou site ayant livré des amphores grecques avec des restes de poissons pouvant attester un remploi, et ceci pour toute la période qui nous occupe ici.
73Cependant, si certaines cités grecques possédaient une production excédentaire, pourquoi n’ont-elles pas développé une production d’amphores spécifiquement destinées au transport de ces denrées ? La fabrication d’amphores est un artisanat peu onéreux et si nous n’en avons pas pour les salaisons de poissons, peut-être qu’un autre type de conteneur a été utilisé.
74Il faut alors envisager la possibilité que les salaisons aient été placées dans des conteneurs en céramique commune, des pots de dimensions variables mais comportant une ouverture suffisamment large pour stocker des tranches de poisson, ainsi que des bouteilles pour conserver les sauces. Pour les salaisons, deux types de conteneur pourraient convenir, les ollae, pour les petits poissons et les pithoi, de dimensions variables, pour le stockage de poissons plus grands, de thon principalement. Pour exemple, les Italiens produisent aujourd’hui des salaisons d’anchois qu’ils conservent et exportent dans des pots de terre cuite de forme cylindrique et bouchés par des opercules en liège.
4. 2. Les amphores au Haut-Empire
75Il y a quelques années encore, le transport des salaisons de ces régions, citées par les auteurs anciens, ne pouvait revendiquer aucune amphore produite durant le Haut-Empire en Italie ou en Sicile. En effet, jusqu’à mes recherches, les amphores Dressel 21-22 étaient considérées comme des conteneurs destinés au transport des fruits, fabriqués dans le Latium et en Campanie. Les travaux que j’ai effectués dans le cadre de mon DEA ont remis en cause cette identification traditionnelle : il convient d’attribuer ces amphores au transport de salaisons de poissons produites en Italie et en Sicile61.
4. 2. 1. Les Dressel 21-22 : nouvelle typologie pour les amphores à salaisons italiennes et siciliennes du Haut-Empire62
Historique des recherches
La première représentation du type : les grandes fouilles de Pompéi (fig. 4-06)
76Au cours des fouilles de la cité vésuvienne ensevelie durant l’automne 79 de notre ère63, Robert Schoene dresse une table typologique des amphores les plus fréquemment mises au jour et la publie dans le CIL IV64. Le type qui nous intéresse correspond à la forme IV. L’amphore utilisée comme modèle a été retrouvée par Clementina Panella65 qui confirme l’exactitude du dessin66. Pour être aux normes modernes, il ne manque à ce dernier que la coupe de l’amphore et la section de l’anse. En revanche, les deux planches typologiques publiées par August Mau en 190967 sont de moindre qualité. Les types qui nous concernent – ou qui semblent nous concerner –, portent les numéros XLIII et XLIV. Comme le souligne Cl. Panella68, il semble clair que le dessinateur de la planche typologique de Schoene a vu l’amphore et a pu la reproduire correctement, tandis que celui qui a travaillé pour Mau n’a dessiné qu’à partir de mesures et de croquis pris sur le conteneur, s’aidant peut-être d’un bref commentaire sur la forme générale de l’objet.
77Une quarantaine d’exemplaires découverts dans la ville portaient des inscriptions peintes pour une population d’environ quatre-vingts individus. La quasi-totalité d’entre eux est regroupée sous le type IV, et seulement quelques-uns sous le type XLIII-XLIV de la table de Mau.
Les travaux d’Heinrich Dressel ou l’acte de naissance de la forme 21-22 (fig. 4-07)
78À la fin du XIXe siècle, Heinrich Dressel étudie les inscriptions peintes et les marques apposées sur les amphores découvertes lors de la construction du nouveau quartier du Castro Pretorio69. Les amphores sont renversées et disposées en files sur plusieurs niveaux (de trois à six). L’hétérogénéité des formes incite Dressel à conclure qu’elles font partie d’un système de drainage et que le comblement a été effectué en une seule fois, durant le second quart du Ier siècle de notre ère70. Son intérêt ne portant pas sur les amphores elles-mêmes mais sur les inscriptions, il ne donne pas le total des exemplaires du type correspondant à la Schoene-Mau IV qui en sont issus, mais seulement le nombre de celles qui étaient inscrites, en l’occurrence neuf. Dans la planche présentant les différents types d’amphores exhumées, les exemplaires qui nous intéressent portent les numéros 15 et 1671.
79Vingt ans plus tard, lors de l’édition du CIL XV, H. Dressel donne l’inventaire général des objets en céramique de la ville de Rome portant des inscriptions peintes et/ou des estampilles. Il publie alors la version définitive de sa table typologique des amphores72, attribuant cette fois-ci aux exemplaires nous concernant les numéros 21 et 22, sous lesquels elles sont génériquement dénommées aujourd’hui.
80La forme 21 possède un profil en forme d’obus et l’absence de col est sa principale caractéristique. L’embouchure est large, la lèvre épaisse. Un ressaut est marqué directement sous la lèvre, entre 1 et 2 cm environ. Les anses sont attachées directement sous ce dernier et viennent rejoindre la panse rapidement. Le pied est fin et se termine en pointe.
81La forme 22, également caractérisée par un col à peine marqué, possède une taille inférieure à la forme 21. La lèvre est ici aussi épaisse et un ressaut est présent sous celle-ci. Cependant, la forme des anses est quelque peu différente de celles du type 21. De taille plus importante, elles sont plus anguleuses et rattachées à la panse audessus d’un ressaut.
82Dans le CIL XV, H. Dressel recense dix-neuf inscriptions peintes sur ces amphores, sur lesquelles je reviendrai plus loin.
Autres dénominations du type : de l’Ostia LIV à la Peacock-Williams Class 7
83Après la publication de Dressel en 1899, les découvertes de types 21-22 n’ont pas été très nombreuses, de même que les recherches sur ce type de conteneur. Un exemplaire publié par Holwerda en 1936 proviendrait de Cumes, sans plus de précisions73. N. Lamboglia a réuni les types 21 et 22 sous un seul type 2174 ; il l’inscrit dans la catégorie des amphores produites après le IIIe siècle de notre ère pour une raison inconnue, alors que cette attribution est manifestement en contradiction avec les découvertes du Castro Pretorio et de Pompéi. Callender, dans son ouvrage Roman Amphorae paru en 196575, classe les deux types en un seul, à l’instar de Lamboglia ; il le nomme « forme 4 » sans aborder les questions de chronologie, en se limitant aux inscriptions peintes de Pompéi et Rome déjà signalées.
84Il faut attendre l’article de Fausto Zevi en 196676 pour obtenir une analyse plus approfondie de l’ensemble de la typologie de Dressel, mais, sur ce type en particulier, l’article n’apporte guère d’éléments nouveaux. Son étude reprend surtout les inscriptions peintes et les interprétations qu’en avait faites Dressel, mais sans les critiquer. Le cas des Dressel 21-22 est encore plus rapidement abordé dans l’ouvrage de D. Peacock et D. Williams77 qui les rangent dans leur typologie sous la classe 7 et reprennent en quelques lignes l’article de Zevi. Quant à la photographie de la pâte et à sa description, nous ne sommes pas en mesure d’en tirer des informations utilisables car l’origine du fragment étudié n’est pas précisée et aucun dessin n’en est donné. On ne peut donc pas le rattacher à un groupe précis.
85Les monographies de fouilles ont porté à notre connaissance des exemplaires supplémentaires, notamment les publications Ostia II78 et Ostia III79 qui présentent le résultat des fouilles des Thermes du Nageur à Ostie menées sous la direction d’Andrea Carandini durant les années 1970. Peu de fragments de Dressel 21-22 en sont issus et Clementina Panella, qui a rédigé la partie sur les amphores, reprend surtout l’article de Zevi. Les mêmes observations et réflexions sont effectuées par S. Lusuari Siena sur les fragments de Dressel 21-22 découverts dans les fouilles de Luni80.
86Le récent article de Clementina Panella sur les amphores produites en Occident à l’époque impériale81 aborde les Dressel 21-22 mais les quelques lignes qui leur sont consacrées sont un résumé des idées déjà présentées. Signalons que la production d’« imitations » de Dressel 21-22 qu’elle attribue à la Bétique82 concerne en réalité la production des fours publiés par M. Sotomayor, fours qui ont servi à cuire des Dressel 7 et 12 et non des 21-2283.
87Un des derniers ouvrages en date traitant des Dressel 21-22 a été rédigé par Piotr Dyczek84. Ce dernier propose une nouvelle typologie des amphores du Haut-Empire romain découvertes dans la région du Bas-Danube. Les Dressel 21-22 sont rebaptisées « type 9 »85. Dyczek donne un résumé des connaissances sur ce type d’amphore, s’appuyant à nouveau sur l’article de F. Zevi et sur les travaux de Cl. Panella à Ostie. Ses remarques n’apportent rien car le type est peu fréquent dans la zone qu’il a étudiée (deux exemplaires).
88En 2003-2004, dans mon DEA, j’ai établi une nouvelle typologie de ces amphores à partir des exemplaires de Pompéi et de ceux fraîchement mis au jour dans un dépotoir d’époque flavienne à Cumes86. Les principales conclusions sont les suivantes :
- l’appellation Dressel 21-22 regroupe en fait plus de deux types amphoriques,
- ces conteneurs étaient probablement destinés au transport de salaisons de poissons,
- une partie de ces amphores a été produite en Sicile, une autre en Campanie, et une dernière dans une zone qui reste à préciser.
89La découverte d’un atelier de production d’amphores Dressel 21 à Alcamo Marina en Sicile est venue par la suite confirmer les hypothèses que j’avais émises à propos de l’origine sicilienne d’une partie de ces conteneurs. Cet atelier, qui a produit diverses catégories de mobilier céramique, a fonctionné depuis l’époque augustéenne jusqu’au Ve siècle de notre ère. Il sera étudié en détail à propos du type 1.
Le contenu des Dressel 21-22
90Les inscriptions peintes originales sont toujours en rouge. Les plus fréquentes sont « MAL CVM » et « CE » (fig. 4-08). Dressel a proposé de restituer, pour la première, « MAL(A) CVM(ANA) », des pommes de Cumes87, et, avec plus d’hésitation, « CE(RASA) », des cerises, pour la seconde88. Depuis, les Dressel 21-22 sont systématiquement considérées comme des amphores à fruits.
91L’idée de conserve de fruits était fondée sur le rapprochement de ce type d’amphore avec le terme de cadus, plusieurs textes antiques témoignant de conservation de fruits dans des cadi89. Cependant, aucune découverte archéologique n’a permis de déterminer avec certitude le contenu des amphores Dressel 21-22. Une épave découverte à Mljet en Croatie comptait dans sa cargaison 9 amphores de ce type, mais elles étaient vides et les dessins publiés ne sont pas rigoureux90.
92La présence de poix est un indice important dans la détermination du contenu des amphores, et on sait notamment que celles destinées au transport d’huile ne sont pas poissées. À Pompéi, toutes les amphores, quel que soit leur type, ont perdu leur revêtement interne : c’est aussi le cas des Dressel 2-4 conservées dans les dépôts des Granai. La publication des amphores de l’épave de Mljet ne signale pas la présence de poix. À ma connaissance, une seule amphore Dressel 21-22, provenant des berges du Rhône à Arles, a conservé de la poix sur une grande partie de sa paroi. Mais on ne peut pas tirer de conclusion sur la base d’un seul individu et la poix ne peut donc être utilisée comme critère de détermination du contenu des amphores Dressel 21-22.
Aire de distribution des Dressel 21-22
93La distribution des Dressel 21-22 semble surtout concerner, sauf quelques exceptions, l’Occident. Les découvertes sont relativement fréquentes en Italie et en Sicile (fig. 4-09). Cependant, la méconnaissance de ce type amphorique entraîne le rejet des fragments d’amphores Dressel 21-22 dans des catégories de matériel non identifié. De ce fait, l’aire de distribution de ces amphores doit souffrir de nombreuses lacunes.
Pour une nouvelle typologie
Les raisons d’une nouvelle typologie
94L’un des principaux enjeux de cette étude repose sur l’établissement d’une nouvelle typologie des Dressel 21-22. Sur cette base, il s’agira de suivre les routes commerciales des salaisons italiennes. En effet, depuis la classification établie par Dressel, l’existence des deux formes est considérée comme un acquis jamais remis en cause, alors que Dressel publie dans le CIL XV plusieurs types d’inscriptions peintes91. Le problème se pose dans les mêmes termes pour les amphores de Pompéi. La quarantaine d’inscriptions peintes relevées sont reliées à seul type d’amphore, le type IV de la planche de Schoene, alors qu’il existe toute une variété d’inscriptions peintes et quatre types d’amphores aux formes et pâtes différentes.
95À cette première remarque, il faut ajouter les difficultés d’identification de ce conteneur. Sa large embouchure et l’absence de col véritablement marqué ont souvent incité les céramologues à y voir des tuyaux – ce qui bien souvent a été une de leur nouvelle fonction une fois vidé de leur contenu – ou à les laisser de côté dans la catégorie des productions indéterminées.
Les différents types
96Avant d’aborder le classement des Dressel 21-22, il faut recenser les caractéristiques communes aux amphores regroupées sous cette appellation ainsi que les propriétés qui les distinguent des autres amphores.
97Les caractéristiques de toutes ces amphores sont l’absence de col à proprement parler et la large embouchure. Les observations faites sur les amphores de Cumes et de Pompéi ont permis de déceler des différences permettant une révision des deux types proposés par Heinrich Dressel.
98L’étude s’est déroulée en plusieurs étapes. Premièrement, examinant les amphores d’un dépotoir d’époque flavienne à Cumes, j’ai constaté qu’il existait au minimum quatre types de pâtes correspondant à des formes légèrement différentes. Dans un second temps, le recensement des inscriptions peintes publiées dans les CIL IV et XV a montré que plusieurs types d’inscriptions étaient tracées à l’encre rouge. Dans un troisième temps, l’étude des amphores de Pompéi et d’autres sites a permis de restituer le lien entre les inscriptions peintes et les types amphoriques.
99Outre les mesures prises sur les amphores de Pompéi, j’ai également calculé leur contenance en utilisant la méthode proposée par Yves Rigoir92 grâce à un programme informatique créé par le Centre d’Études Alexandrines.
Type 1, variantes a et b
100La forme et la morphologie générales des amphores des types 1a et 1b sont assez proches, surtout pour leurs parties supérieures. Elles n’ont pas de col marqué ; elles possèdent des anses de petite taille et une lèvre épaisse sous laquelle le potier a marqué un ressaut.
101L’existence de deux groupes de pâte incite à rechercher deux zones de production. Du fait de leur ressemblance, les amphores de type 1a et 1b ont jusqu’à présent été classées dans la même catégorie, ce qui entraîne des confusions tant dans la définition des chronologies que des aires de diffusion. J’ai tenté de rétablir, en fonction des cas et des informations données selon les contextes de fouille, une répartition correcte.
102Récemment, notre connaissance du type 1 a été fortement enrichie par la découverte d’un atelier de production à Alcamo Marina en Sicile occidentale.
L’atelier de potier d’Alcamo Marina (Sicile)93
103En octobre 2003, l’Université de Bologne a entamé une série de prospections sur l’aire côtière d’Alcamo Marina, ville située immédiatement à l’est de Castellamare del Golfo. Les travaux de reconnaissance du terrain ont permis de découvrir un atelier de potiers qui a par la suite fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles, de 2004 à 200694.
104Le site se trouve près de l’embouchure du fleuve San Bartolomeo, au pied de la voie ferrée reliant Trapani à Palerme95. Les premières campagnes ont mis au jour deux fours (A et B) et deux espaces de circulation (C et D) (fig. 4-10).
105L’atelier de potiers s’étend sur 2500 m2 et l’organisation structurelle des fours, encadrés par un damier de murs, conduit à certaines observations :
- a) il semble que l’atelier ait fonctionné assez longtemps, mais peut-être de façon discontinue, entre la fin du Ier siècle avant J.-C. et le milieu du Ve siècle de notre ère.
- b) Les dimensions de l’aire de l’atelier permettent de penser qu’à proximité doivent se trouver les bassins destinés à la décantation de l’argile, des espaces de tournage pour les potiers, ainsi que des aires de séchage. Une estimation porte à une quinzaine le nombre de fours qui doivent se trouver dans la zone, certainement répartis en espaces de production.
106Dans la première phase de fonctionnement de l’atelier, seul le four B existe. Sa chambre de chauffe, d’un diamètre de 3 m environ, est encadrée de murs disposés orthogonalement dans une couche d’argile qui devait servir d’isolant thermique.
107Sur son côté occidental se trouvent deux murs parallèles, d’orientation est-ouest, qui forment un alandier (long. 2,60 m, larg. 0,80 m) entre l’espace D et la chambre de chauffe. Construits avec des blocs quadrangulaires de calcaire, ils présentent en certains endroits des reprises faites avec des fragments de tuiles. A l’extrémité orientale de cet alandier, un revêtement d’argile couvre la face externe de la paroi en brique de la chambre de chauffe au niveau d’une porte d’accès qui a été bouchée dans la seconde phase d’utilisation du four.
108L’alandier est comblé par un niveau d’argile limoneuse très rubéfiée, de couleur rougeâtre, mêlée à de nombreux fragments d’amphores de grandes et moyennes dimensions (fig. 4-11). Une grande majorité de ces fragments sont surcuits et rattachables à la forme Dressel 21-22, et plus précisément au type 1a.
109La période de production du type 1a dans l’atelier d’Alcamo est établie à partir de l’étude du mobilier céramique associé aux amphores. Du comblement de l’alandier du four B provient également une coupe fragmentaire en céramique à paroi fine, datée entre la fin du Ier siècle avant J.-C. et la période tibérienne. Celle-ci correspond probablement à une imitation locale de la forme Mayet XXIX, qui coïncide généralement avec les formes Ricci 2/219 et 2/22196. Le vase présente lui aussi des traces de surcuisson. Du même niveau provient également un rebut de cuisson d’un col d’amphore Dressel 2-4.
110Durant la seconde phase de fonctionnement de l’atelier, un second four (A) est construit à huit mètres du premier. L’accès au four B, toujours en fonction, se fait désormais depuis un autre alandier – qui reste à découvrir – puisque le premier est comblé.
111Le matériel céramique provenant des niveaux de fréquentation les plus récents à l’intérieur de la chambre de chauffe (US 78) est attribuable à une période comprise entre la fin du IIe s. et le début du IVe s. après J.-C., postérieure par conséquent à la période de production des Dressel 21-22. Les quelques marmites, quasiment complètes, découvertes dans les derniers niveaux fouillés au-dessus de la sole, sont d’époque tardive, comme le suggèrent les comparaisons typologiques97.
112La production de Dressel 21-22, et plus précisément du type 1a, dans l’atelier d’Alcamo est attestée par de nombreuses découvertes sur le site de tessons surcuits de cette forme. Le comblement de l’alandier du four B a notamment livré un matériel céramique très homogène dont les données typologiques s’accordent parfaitement avec celles que j’ai établies pour le type 1a98. Le croisement des données chronologiques permet d’établir que l’on a produit ces amphores dans cet atelier au moins durant la première moitié du Ier siècle de notre ère. La production a peut-être démarré plus tôt mais il est pour le moment difficile d’en être certain.
Type 1a
Morphologie générale (fig. 4-12 et 4-13)
113La hauteur moyenne des amphores est de 88 cm, comprise entre 84,5 cm pour les exemplaires les plus petits, et 94 cm pour les plus grands. Le diamètre maximal de la panse mesure environ 22 cm. Cette dernière est marquée d’un sillon placé en moyenne au 1/5 de sa hauteur, c’est-à-dire à environ 16-18 cm de l’embouchure. La contenance maximale des amphores du type 1a est comprise entre 15 et 18 litres pour la majorité des exemplaires pompéiens.
Morphologie de la partie supérieure (fig. 4-14)
114On ne distingue pas de séparation entre la panse et le col de l’amphore. Seul le sillon évoqué plus haut peut servir de repère. La paroi est épaisse en moyenne de 1 cm.
115Le diamètre externe, pris au niveau de la lèvre, mesure entre 16 et 17,5 cm, tandis que le diamètre interne à l’ouverture mesure en moyenne 12 cm, oscillant entre 11,5 et 13 cm.
116La lèvre est un bourrelet parfois évasé de 2 cm d’épaisseur en moyenne. Elle mesure entre 1,5 et 2,3 cm de hauteur. Environ 1 cm sous celle-ci, le potier a marqué un ressaut, qui ne dépasse pas 0,5 cm de hauteur. Ce ressaut constitue l’un des éléments les plus caractéristiques de ces amphores et nous le retrouvons sur la plupart des types.
117Les anses ont une section en amande et une nervure centrale sur leur face extérieure. Elles mesurent 11 à 13 cm de hauteur, sont attachées sous et parfois sur le ressaut évoqué ci-dessus, et rejoignent la panse au niveau du sillon tracé sur celle-ci.
Morphologie des fonds
118Le fond des amphores du type 1a se termine en pointe ; celle-ci est pleine et sa hauteur varie entre 9 et 12 cm. Son profil est concave. L’extrémité de la pointe est évasée, sa face inférieure légèrement concave.
Pâte (planche couleur hors-texte, no 1)
119La pâte des amphores du type 1a diffère peu de celle appartenant au type 1b : elle contient un peu de quartz éolien et de calcaire anguleux (observations effectuées par Claudio Capelli99). Sa couleur orangée reste identique en surface comme en son centre (Code Munsell : compris entre 5 YR 7/2 et 5 YR 5/2).
120Les exemplaires découverts dans l’atelier de potiers d’Alcamo Marina présentent une pâte comportant essentiellement des grains de quartz anguleux et des restes de microfossiles calcaires100. L’argile est extraite de bancs du Pléistocène, connus dans la zone de Castellamare del Golfo (territoire dont dépend aujourd’hui Alcamo) pour être riches en quartz. Le dégraissant utilisé est caractérisé par la présence de quartz arrondi provenant du Flysch numidique101. Ce dernier est présent en Tunisie et en Sicile, d’où la similitude des pâtes de Sicile et d’Afrique du Nord.
Estampilles, inscriptions peintes
121À l’heure actuelle une seule estampille sur amphore de type 1a est connue102.
122Le timbre a été découvert dans l’atelier de potier d’Alcamo Marina (fig. 4-15). Il est de forme quadrangulaire et seul l’angle supérieur gauche est conservé. Il est composé de deux lignes de lettres en relief. Du fragment qui nous est parvenu, on peut lire que la première ligne débute par un F, et la seconde par un A. Ces données sont insuffisantes pour que nous puissions en tirer le moindre élément sur le reste de l’inscription.
123Dans le CIL XV, H. Dressel a recensé pour le type 21 onze inscriptions peintes103. Le dessin d’amphore fourni pour la forme 21 correspond au type 1a104. On peut donc considérer que les inscriptions données par Dressel ne concernent que ce type de conteneur, même si des amphores du type 1b ont certainement été rattachées à ce type. Cette notation a son importance car des inscriptions peintes sur amphores du type 1 de Pompéi, une seule faisant référence à son contenu est conservée (no inv. 43091, fig. 4-16). Ainsi, cet exemple nous permet de rattacher certaines inscriptions du CIL IV à celles publiées par Dressel.
124Les cinq inscriptions lues par Dressel (no 4787 à 4791) sont composées de la manière suivante (fig. 4-17) :
125Les informations correspondant à chaque lettre sont les suivantes :
126Les lettres A à G correspondent à la classification établie par S. Martin-Kilcher pour les inscriptions sur amphores105. Il existe également un autre système, utilisé par R. Étienne et Fr. Mayet, mais qui s’adapte moins bien aux inscriptions sur Dressel 21-22106.
A | Un mot abrégé de deux lettres, que Dressel a lu CE |
B | Aucune inscription B n’a été mise au jour sur des exemplaires du type 1. |
C | Un chiffre compris entre LXX et LXXXII |
D | Un nom |
E | Sur le côté, entre le chiffre C et le nom D, un autre nom est inscrit. |
F | Le long de l’anse, un chiffre et/ou un nom apparaissent parfois (pour le type 1, uniquement sur l’inscription no 4788 du CIL XV : CIIX) |
G | Un chiffre est également inscrit de l’autre côté de l’amphore, entre les anses, souvent sous le ressaut caractéristique du type amphorique étudié. Celui-ci est compris entre XXXI et XXXIIX. |
127Selon H. Dressel, le mot inscrit sur la première ligne, CE, désignait un fruit, mais il ne savait pas lequel. Il proposa, sans certitude, CERASA, des cerises107.
128Je pense qu’au lieu de CE il faut lire CET, avec le E et le T ligaturés. Dans ce cas, le mot CET devrait être développé en CETUS, qui en latin signifie « gros poisson de mer » et désigne également un thon de grande taille108. Aux exemplaires de Rome et Pompéi on peut ajouter un fragment portant l’inscription CET découvert sur l’agora d’Ephèse, et dont l’analyse pétrographique a révélé une probable origine sicilienne109.
129Je pense qu’il faut interpréter les chiffres C et G comme des poids en livres, à l’instar des inscriptions sur les amphores Dressel 20. Sur ces dernières, l’inscription α désigne le poids de l’amphore vide et l’inscription γ celui de son contenu, l’huile110. Ici, l’inscription G correspondrait à la tare et l’inscription C au poids de son contenu, des salaisons de thon.
130Ainsi, les amphores du type 1, d’après l’inscription G, pèsent lorsqu’elles sont vides entre 10,137 et 12,43 kg (respectivement XXXI et XXXIIX livres, qu’il faut multiplier par la valeur de la livre, 0,327 kg), et leur contenu, d’après l’inscription C, est compris entre 25,67 et 27,96 kg (soit LXXVIII-et XXCV-livres). J’ai réuni dans le tableau qui suit les différentes inscriptions C et G.
N° du CIL XV | Inscr. G | Poids (kg) | Inscr. C | Poids (kg) |
4787 | XXXI ? | 10,137 ? | LXXX- | 26,323 |
4788 | XXXII- | 10,627 | LXXXII- | 26,977 |
4789 | XXXIII | 10,791 | LXXVIII- | 25,67 |
4790 | XXXIV | 11,118 | LXXXI | 26,487 |
4791 | XXXII ? | 10,464 ? | LXXX- | 26,323 |
4793 | XXXIIX ? | 12,43 ? | XXCV- | 27,96 |
131Lors de la pesée des amphores que j’ai étudiées à Pompéi, je me suis rendu compte de la correspondance qui existait entre ces inscriptions et les poids réels des amphores qui n’ont pas conservé d’inscriptions peintes G. Le tableau suivant présente le poids des amphores des types 1a et 1b analysées sur ce site.
N° | Inscr. G | Poids (kg) | observations |
Cumes | - | 9,2 | manque une anse |
14195 | - | 9,9 | |
25435 | - | 7,7 | |
26005 | - | 9,5 | |
29294 | - | 8,9 | manque une anse |
43036 | - | 11,1 | |
43167 | - | 8 |
N° | Inscr. G | Poids (kg) | observations |
26026 | - | 11,8 | |
33186 | - | 13,8 | manque une anse |
132L’inscription D porte un nom qui, selon S. Martin-Kilcher, est celui du negotiator111, que R. Étienne préfère appeler mercator112. Il s’agit de l’exportateur du produit contenu dans l’amphore. De manière générale, il est assez difficile d’identifier ces personnages quand on ne dispose que d’un seul nom. Dans les inscriptions de Rome et de Pompéi qui nous sont parvenues, on trouve des noms courants, dont certains peuvent qualifier aussi bien un nomen qu’un cognomen : Salvius (CIL XV, 4787), Vettius113 (Giordano et Casale 1991, no 383) (fig. 4-18). Zoticio (CIL XV, 4789) et Galaticus (CIL IV, 5841) sont des noms d’origine grecque. Concernant Siculus. Lec F (CIL XV, 4793), il faut le rapprocher de l’inscription Favor. Lec. peinte sur une amphore du type 2 (CIL XV, 4786), ce qui implique un lien entre les deux personnages. Les inscriptions D de Pompéi publiées dans le CIL IV, du fait de l’imprécision de la typologie et de leur effacement, ont pu appartenir aussi bien au type 2. Elles sont regroupées dans le tableau récapitulatif.
133Sur le côté, souvent entre les inscriptions C et D, est inscrit un autre nom (E), qui reste énigmatique. Il pourrait s’agir d’un marchand intermédiaire entre le negotiator et le consommateur, ou encore de l’acheteur/propriétaire de l’amphore. S. Martin-Kilcher y voit le nom du représentant du negotiator responsable du contrôle de la marchandise avant son transport114. Les noms qui apparaissent dans le CIL XV sont sous forme de cognomina isolés ou de tria nomina non développés : L.O.P. (no 4787 et peut-être 4791) ; Secundio (no 4788 mais placé à un endroit qui pourrait aussi correspondre à l’inscription D) ; SOL (no 4789 et 4790) ; Panh mais la transcription n’est pas assurée et il pourrait aussi bien être écrit Panth() (no 4791), qui serait peut-être d’origine grecque. Enfin Iusti (CIL IV, 5841) est certainement la forme abrégée d’un nomen ou d’un cognomen courant.
134L’inscription F présente un chiffre et ou un nom. S. Martin-Kilcher interprète ce groupe comme la signature d’un marchand et le nombre d’amphores qu’il transportait entre le port d’arrivée des conteneurs et les sites de consommation115. R. Étienne et F. Mayet y voient plutôt le nom du producteur et le nombre d’amphores quittant l’atelier de production116. Pour notre étude, seule une amphore du type 1 a conservé une inscription : CIIX, et ce n’est donc pas suffisant pour vérifier ces hypothèses.
135En résumé, ces inscriptions font référence à du poisson (A), vraisemblablement du thon, à sa quantité en livres (C), aux noms du negotiator (D) du producteur ou de l’acheteur (E), et au poids de l’amphore vide (G), lui aussi indiqué en livres. Ces informations sont regroupées dans le tableau ci-dessous.
Ligne | Type 1 |
A | CET117 |
C | LXX ≤ X ≤ LXXXII |
D | Salvius ; Zoticio ; Ce[…] s ; |
E | L.O.P. ; Secundio ; SOL ; |
F | CIIX |
G | XXXI ≤ X ≤ XXXIV |
Provenance
136La découverte de l’atelier d’Alcamo Marina atteste qu’une partie au moins de la production est sicilienne, comme je l’avais déjà supposé dès le début de mes recherches, en me fondant sur la découverte de nombreux exemplaires du type 1 en Sicile118. Cette origine avait déjà été proposée d’après les analyses pétrographiques menées sur les échantillons de ce type119. Cependant, on ne peut totalement exclure que l’on en ait également fabriqué dans le Latium et en Campanie septentrionale.
Contenu des amphores du type 1a
137Après avoir présenté les données fournies par les inscriptions peintes, il est intéressant de constater que les amphores du type 1 apparaissent fréquemment sur les sites d’ateliers de salaison de poissons de Sicile occidentale120. Le croisement de ces informations tend à démontrer que le poisson était conditionné dans ces amphores. D’autre part, le diamètre de l’embouchure des amphores du type 1 me fait penser que, si elles ont contenu des produits à base de poisson, il ne devait pas s’agir de sauces du type garum, mais bien de conserves : tranches de poissons mises dans du sel dont la taille nécessitait un conteneur à large embouchure, de sorte qu’elles puissent être placées et retirées sans difficulté.
Données chronologiques
138La distinction entre les types 1a et 1b n’étant pas faite dans les publications, il faut garder pour le type 1 les limites chronologiques fixées pour les deux variantes, à savoir le début et la fin du Ier siècle de notre ère. L’exemplaire le plus ancien provient de La Longarina à Ostie, mais aucun dessin n’étant fourni dans l’article d’Antoinette Hesnard121, on ne peut savoir s’il appartient à la variante a ou b. Le contexte, un drain composé de deux rangées d’amphores disposées horizontalement, est daté des premières années de notre ère122. Il faut également citer l’exemplaire provenant d’un vide sanitaire mis au jour rue de la Favorite à Lyon, dans un contexte de la fin de l’époque augustéenne123. Les exemplaires les plus tardifs sont ceux de Pompéi et de Cumes (dépotoir flavien antérieur à 95 de notre ère, en cours d’étude). Le fragment de bord découvert à Settefinestre dans les couches datées entre les périodes trajane et antonine est vraisemblablement résiduel124.
Aire de distribution (fig. 4-09)
139La zone où les découvertes d’amphores du type 1a sont les plus fréquentes est la Sicile, plus précisément la zone nord-ouest de l’île. En second lieu, on les trouve en Italie péninsulaire : Pompéi, Cumes, Ostie, Rome, Settefinestre, Luni. En Gaule plusieurs individus sont connus à Fréjus et à Lyon. Une amphore d’Alexandrie, une autre de Bodrum (découverte sous-marine) assurent que la distribution a affecté aussi le bassin oriental de la Méditerranée.
Type 1b
Morphologie générale (fig. 4-19)
140La hauteur moyenne des amphores est de 88 cm, comprise entre 86 cm pour les exemplaires les plus petits, et 92 cm pour les plus grands. Le diamètre maximal de la panse mesure environ 26 cm. Cette dernière est marquée d’un sillon placé en moyenne au 1/5 de sa hauteur, c’est-à-dire à environ 18-19 cm de l’embouchure. Ce sillon marque vraisemblablement la limite d’attache des anses. La contenance maximale des amphores du type 1b est de l’ordre de 28 litres.
Morphologie de la partie supérieure (fig. 4-20 et 4-21)
141Il n’y a pas de séparation nette entre la panse et le col de l’amphore. Seul le sillon évoqué plus haut peut servir de repère. La paroi est épaisse en moyenne de 1 cm. Le diamètre externe, pris au niveau de la lèvre, mesure entre 19 et 20,5 cm, tandis que le diamètre interne à l’ouverture mesure en moyenne 15 à 17 cm. La lèvre est un bourrelet d’une épaisseur moyenne de 2 cm. Sa hauteur est comprise entre 1,7 et 2,5 cm. Comme sur les amphores du type 1a, un ressaut est marqué environ 1 cm sous la lèvre. Les anses ont une section en forme d’amande et leur face externe est marquée par une nervure centrale. Elles sont attachées directement sous le ressaut, parfois même débordent sur celui-ci et sont collées à la panse au niveau du sillon. Leur longueur varie entre 14,4 et 15,5 cm.
Morphologie des fonds
142Les fonds des amphores du type 1b sont de petite taille. Ils sont pleins et la hauteur moyenne entre le fond interne et le plan de pose est d’environ 5 cm. Le profil de la pointe est concave et sa face inférieure légèrement convexe.
Pâte (planche couleur hors-texte, no 1)
143La pâte des amphores du type 1b inclut de grandes quantités de micro-fossiles et du quartz éolien. La plupart des amphores présentent une surface de couleur grisâtre (code Munsell : variant entre 5 YR 4/1 et 5 YR 5/4) tandis que l’intérieur de la paroi est rouge (code Munsell : 10 R 5/8). D’après les analyses pétrographiques menées par Claudio Capelli, il faut exclure une origine en Italie du sud (Latium, Campanie, Calabre) et les points communs entre les pâtes des variantes a et b invitent à considérer une origine sicilienne également pour les amphores du type 1b.
Estampilles, inscriptions peintes
144À l’heure actuelle, aucune estampille n’a été signalée sur une amphore de type 1b.
145Un seul titulus est attesté. Il provient de Pompéi (n° inv. 26132) mais il a été tracé sur l’amphore au charbon de bois une fois celle-ci arrivée sur place et il ne nous apprend donc rien sur le contenu. Il est uniquement mentionné, dans une inscription mêlant grec et latin, ΤΥ FΕLΙΧ ΙΟΥ ΔΑΙΚΟΥ (fig. 4-22), et il s’agit donc d’un certain Felix, esclave de Ioudaikos, que Giordano et Kahn considèrent comme un producteur et marchand de vin125. D’autres tituli picti en grec du même genre sont recensés sur des amphores Dressel 21-22 à Pompéi, mais rien ne permet de déterminer le type précis auquel ils appartiennent126.
Provenance
146La Sicile a livré le plus grand nombre d’amphores de type 1 et la nature de la pâte témoigne en faveur de cette origine. Contrairement au type 1a, nous ne connaissons pas d’atelier de potier ayant produit des amphores du type 1b. Cependant, plusieurs indices incitent à penser qu’à Solonte se trouve une officine. Tout d’abord, nous avons vu précédemment que la zone de San Cristoforo a été très active dans la fabrication d’amphores, et ce dès le VIIe siècle avant notre ère. Or il se trouve que dans ce même secteur, une concentration de fragments d’amphores du type 1b a été mise au jour. Ils ont pour la première fois été révélés en 1990 dans un article de P. Lo Cascio qui, n’ayant pas reconnu le type amphorique, l’attribue à une production tardive127.
Contenu des amphores du type 1b
147Comme je l’ai déjà proposé pour les amphores du type 1a, il semble assuré que celles du type 1b ont contenu des salaisons de poissons. Leur présence sur les ateliers de salaison siciliens, leur profil général et leur large ouverture constituent autant d’indices en ce sens.
Données chronologiques
148Les données chronologiques fournies par la plupart des découvertes siciliennes ne peuvent être prises en compte car les contextes ne sont pas suffisamment bien documentés. En effet, dans la bibliographie locale, les exemplaires du type 1b sont attribués sans discussion à l’époque byzantine128. De ce fait, il faut conserver les données dont nous disposons pour le type 1a et y associer celles de Cumes et Pompéi qui attestent que le type 1b est encore produit à l’époque flavienne.
Aire de distribution (fig. 4-09)
149L’aire de distribution des amphores du type 1b est difficilement dissociable de celle des amphores du type 1a, du fait de la confusion faite dans les publications. Les exemplaires publiés montrent une diffusion essentiellement tournée vers l’occident méditerranéen, hormis quelques découvertes orientales.
150Enfin, il faut souligner la découverte récente au large de Capri d’une épave dont la cargaison était uniquement composée d’amphores du type 1 (planche couleur hors-texte, no 2). Elle a fait l’objet d’une campagne de prospection à l’aide d’un robot. Le navire, dont les dimensions visibles sont de 16 m de long sur 8 m de large, gît par 130 m de profondeur. Trois niveaux d’amphores sont visibles mais aucune, à cause d’une avarie technique du robot, n’a pu être remontée à la surface. On peut cependant espérer que cela puisse se faire prochainement ou que l’on puisse explorer de plus près ce gisement exceptionnel.
Type 2
Morphologie générale (fig. 4-23)
151Les amphores appartenant au type 2 mesurent entre 78 et 87 cm, soit une hauteur moyenne de 82 cm. Une séparation entre la panse et la partie supérieure de l’amphore est visible. Cette dernière est caractérisée par un changement d’orientation et parfois par un décrochement marquant l’épaulement. Le col est de forme tronconique. La panse est cylindrique et son diamètre maximal, d’environ 26 cm, est situé à mi-hauteur. La contenance des amphores du type 2 est comprise entre 18 et 22 litres.
Morphologie de la partie supérieure (fig. 4-24)
152Le diamètre externe à l’ouverture mesure entre 14,8 et 16,5 cm, avec un diamètre interne compris entre 11,8 et 13,5 cm. La lèvre est très fine et ne dépasse pas 1,5 cm d’épaisseur. Elle forme un simple bandeau de 1,6 à 2 cm de hauteur. Environ 1 cm sous celle-ci, un fin ressaut est marqué. Les anses, de section en amande, possèdent sur leur face externe une nervure centrale. Elles mesurent entre 16,3 et 19,6 cm de longueur. Elles sont attachées sous ou sur le ressaut situé sous la lèvre et sont collées à la panse au niveau de l’épaulement.
Morphologie des fonds
153Les fonds des amphores du type 2 sont pleins et se terminent en pointe. La longueur de la pointe mesure en général entre 8 et 10 cm. Le profil externe de la pointe est concave et la face inférieure de celui-ci est légèrement convexe.
Pâte (planche couleur hors-texte, no 3)
154La pâte est composée d’une argile calcaire à laquelle on a ajouté du sable grossier. Le dégraissant comporte notamment des roches métamorphiques (quartz). Selon Claudio Capelli, cette argile se retrouve de part et d’autre du détroit de Messine mais l’absence d’inclusions volcaniques (de l’Etna) incite à opter plutôt pour une origine calabraise que sicilienne. La couleur de la pâte, beige, diffère peu entre la surface et l’intérieur de la paroi (Code Munsell compris entre 7,5 YR 8/2 et 7,5 YR 7/4, parfois autour de 10 YR 8/3 – 10 YR 7/3).
Estampilles, inscriptions peintes
155À l’heure actuelle, une seule estampille sur les amphores du type 2 est connue. Elle provient d’une amphore de Pompéi et comporte trois lettres : MVM (fig. 4-25). Le timbre est de forme rectangulaire. Ses dimensions sont de 5,2 cm de longueur sur 1,5 cm de hauteur. Il est apposé entre les deux anses, sous le ressaut marqué sous la lèvre. Les trois lettres sont en relief, sans ligature.
156Quant à l’interprétation de ces lettres, il est difficile de fournir une clé de lecture. Il pourrait s’agir d’un début de nom ou de tria nomina129. Signalons enfin que ce timbre ne doit pas être rapproché d’une estampille similaire apposée trois fois – sur la lèvre et sur chaque anse – sur une amphore du type Tripolitaine III découverte à Ostie130. Il s’agit ici d’une simple homonymie.
157J’ai pu retrouver quelques inscriptions peintes sur des amphores du type 2 conservées à Pompéi, qui permettent ainsi d’attribuer celles du Castro Pretorio au type correspondant. Elles sont peintes à l’encre rouge et leur organisation observe le schéma présenté plus haut pour les inscriptions sur amphores du type 1. Elles comportent dans la plupart des cas 2 ou 3 lignes inscrites entre les 2 anses ainsi qu’un chiffre peint de l’autre côté, toujours entre les anses, placé directement sous le ressaut marqué sous la lèvre.
158Nous trouvons cinq types d’inscriptions pour la ligne A : on peut en effet lire CET (fig. 4-26) ; COP (fig. 4-27) ; SP (fig. 4-28) ; AB (fig. 4-29) ; MAL (fig. 4-30) ou encore VR.
159Concernant l’inscription CET, j’ai déjà proposé plus haut le développement cet(us), le thon. Plusieurs exemplaires proviennent de Pompéi, mais sont aujourd’hui dans un très mauvais état de conservation131. Il faut y ajouter les amphores no 5841 du CIL IV et no 383 du recueil de Giordano et Casale, qui portent les noms de Galaticus et Vettius132 mais dont le type précis n’est pas connu. Cependant, l’inscription C s’élève dans les deux cas à LXX livres, ce qui correspond plus aux valeurs recensées sur le type 2 que sur le type 1. Une inscription peinte similaire a également été découverte à Naples dans la fouille du Palazzo Corigliano133. On peut lire CE suivi du chiffre LIII. Il faut certainement rattacher au type 2 l’inscription 4786 du CIL XV dans laquelle est inscrit très clairement CET sur une forme du type 22 de Dressel134.
160Le second type d’inscription pour la ligne A est COP. C’est une amphore portant ce type d’inscription qui a servi de modèle à la forme IV de la table de Schoene à Pompéi. Elle est publiée dans le CIL IV, 2641-42135. Après avoir étudié le terme CET, je pensais qu’une indication abrégée de Cetus optimum en COP pouvait être acceptable, mais la publication d’un tesson par A. Maiuri m’a amené à proposer un développement différent. Dans son article Studi e ricerche sulla fortificazione di Pompei publié en 1929, il présente un bord d’amphore, apparemment du type 2, et portant en grec la mention ΚΟΠ136. À cette découverte, on peut désormais ajouter un second exemplaire, mis au jour à Jérusalem, et portant l’inscription incomplète ΚΟ137. Du fait, COP et ΚΟΠ désignent selon moi le même produit et on ne peut donc plus prendre en considération la première hypothèse. Un premier développement aurait pu être ϰοπανος qui désigne, en grec moderne, une variété de thon138. Toutefois ce mot n’apparaît pas dans les textes antiques pour désigner un poisson, ni dans les dictionnaires de grec (Bailly et Liddell-Scott notamment). En revanche, le terme ϰόπαιον est connu dans les textes antiques et désigne une tranche, y compris une tranche de poisson. Deux témoignages nous sont parvenus, d’Alciphron et indirectement de Callistrate par Suidas139. Bien que ces deux attestations ne soient pas antérieures à la fin du IIe siècle de notre ère, rien n’empêche que le terme ait existé plus tôt. Il faut également noter que le terme grec ϰοπάδιον est connu sur plusieurs ostraca pour désigner un morceau de viande140. Devenu copadium en latin, il est envisageable que le terme ait été également appliqué au poisson. En tout état de cause, Cop() désignerait des tranches de poisson salé.
161Le troisième type d’inscription est un groupe d’au moins deux lettres très nettement lisibles : un S et un P. Cependant, il semble que l’on puisse y distinguer d’autres lettres ligaturées. Entre le S et le P apparaît parfois une ligne horizontale qui semble orienter vers la lecture SAP. D’autre part, le P n’est jamais régulier et une ligne orientée vers le bas et attachée à la boucle du P est souvent visible, faisant penser à un R. À partir de ces indices, il m’a semblé que le développement le plus approprié était Sap(e)r(da). Bien qu’on ne sache pas précisément à quel poisson ce terme correspond, les auteurs antiques le désignent comme une espèce misérable, mais Varron indique que l’on en faisait des salaisons141. On pourrait également penser à Sparus, qui désigne un poisson de la famille des Sparidés qui n’est pas clairement identifié à ce jour – peut-être la brème de mer. On sait par un passage de Martial que c’était un poisson sans grande valeur142.
162Le quatrième type d’inscription en ligne A est composé de plusieurs lettres toutes ligaturées et dont deux uniquement se dégagent avec certitude : A et B. Cependant, il est clair que d’autres lettres y sont associées. D’après l’aspect général très régulier dans la composition des inscriptions d’un exemplaire à l’autre, je propose, non sans réserve, deux développements. Le premier consisterait à y voir le terme faber, qui désigne le saint-pierre, poisson à la chair très appréciée143, mais aucune source antique n’indique qu’on en ait fait des salaisons. Le second développement, plus probable, pourrait être AB(domina), faisant alors référence à la panse de thon, réputée pour être une des meilleures parties de ce poisson144. Par comparaison, une amphore Dressel 9, mise au jour au Castro Pretorio, transportait un produit ABD145, que Dressel considérait comme étant de l’abd(omina thynni).
163Le cinquième type d’inscription n’a été découvert que récemment et sur un seul exemplaire. Je l’ai recensé lors d’une étude des amphores les plus abîmées de l’Officine à garum de Pompéi. La plupart des amphores qui ont été mises au jour appartiennent au type 2. Cependant, leur état de conservation rend difficile la lecture des inscriptions peintes et seule l’amphore dont il est ici question, qui n’avait pas de numéro d’inventaire, a conservé ses lignes A et B. Le terme MAL et le chiffre LXIII sont clairement lisibles (fig. 4-30).
164Enfin, la dernière inscription apparaît sur cinq conteneurs. Les lettres V et R sont ligaturées. On pourrait bien sûr penser à première vue à un remploi des amphores pour contenir du vin rouge (uinum rubrum). Bien qu’on ne puisse écarter totalement cette hypothèse, la multiplication des exemples et l’homogénéité des inscriptions semblent plaider en faveur du contenu original ainsi désigné. L’unique terme latin qui peut être rapproché de l’abréviation VR est uraeum, qui désigne notamment un morceau de la queue du thon146. Mais il convient pour le moment de rester très prudent sur le développement proposé, dans l’attente de découvertes d’autres inscriptions de ce type.
165Pour éviter que le lecteur ne se perde dans l’énumération des différents noms et chiffres mentionnés sur les inscriptions, je les ai regroupés dans le tableau suivant. Il faut souligner que les inscriptions B sont inexistantes sur le type 2.
166J’ai déjà évoqué, à propos des inscriptions sur les amphores du type 1, la signification des inscriptions C et G : le poids du contenu de l’amphore et celui de l’amphore vide, tous les deux exprimés en livres. Ces données pour le type 2 sont regroupées dans le tableau suivant.
167Dans le tableau suivant sont regroupés les poids des amphores vides du type 2 étudiées à Pompéi.
No | Inscr. G | Poids (kg) | observations |
25434 | - | 9,8 | |
25497 | - | 7,8 | manque la moitié du col |
26032 | - | 9,4 | |
27074 | XXIX | 9,2 | XXIX x 0,327 = 9,483 kg |
41418 | - | 11,3 | lapilli attachés à la paroi externe |
43083 | - | 7,9 | |
43092 | - | 9,2 | |
43093 | - | 9,9 | manque un morceau de la lèvre |
43117 | - | 9,2 | manque une partie de la lèvre |
43118 | - | 8,2 | manque une anse |
43199 | - | 10,7 | |
43289 | - | 11,9 | |
44190 | - | 10,4 | lapilli sur la paroi |
57962 | - | 10,9 | |
57971 | - | 8,9 |
168Concernant les inscriptions D, les noms apparaissent sous forme de tria nomina ou de simples nomina ou cognomina. On trouve ainsi beaucoup de noms latins très courants : Vettius, Successus (Giordano et Casale 1991, no 383 ; CIL IV, 5903)154, d’autres d’origine grecque : Galaticus, Zozimus, Ευταστω (CIL IV, 5841 ; CIL XV, 4798 ; Giordano et Casale 1991, no 378). D’autres noms et tria nomina non développés sont difficiles à identifier : OE. Sr() Pr() (CIL IV, 2641), C.V.[] qui doit correspondre à C.V.F[] que l’on trouve sur une amphore du même type (CIL IV, 2677 et 2675), CEF (Giordano et Casale 1991, no 381 et 382), CEI (Giordano et Casale 1991, no 392), Eumusus (CIL IV, 2641). Il faut rapprocher Favor. Lec. (CIL XV, 4786) de l’inscription Siculus Lec F qui apparaît sur une amphore du type 1 (CIL XV, 4793).
169S’il est difficile d’identifier les négociants dont on ne connaît que les nomina ou cognomina, dans l’ensemble assez communs, on peut en revanche extraire plus d’informations des tria nomina. Pour l’inscription 9379 du CIL IV où apparaît le négociant de Pouzzoles A. Titinius Herculanus155, on est en droit de s’interroger sur le produit transporté et sur l’identification même de l’amphore. L’inscription est en effet ainsi composée : en noir : MM / CCCC / A. Titini Herculani / puis en rouge SAB, et enfin en blanc CCCC. Nous sommes confrontés à une série de problèmes : tout d’abord les chiffres inscrits au-dessus du nom du marchand. Jamais sur les Dressel 21-22 n’apparaissent en inscription principale des chiffres aussi élevés. Deuxièmement, on voit que sous A. Titini Herculani apparaît SAB en rouge. Or sur une amphore de forme Schoene VII (CIL IV, 9373) découverte non loin et ayant transporté du laccatum de Tingis, on peut lire Terentiae peint en rouge, sous l’inscription primaire peinte en noire. Le rapprochement entre ces deux inscriptions me semble évident : ces deux amphores transportaient des dérivés de poissons du sud de l’Espagne, et leurs propriétaires pompéiens étaient Sab(inus ?) et Terentia, qui ont peint leurs noms en rouge. Ainsi, nous sommes confrontés, une nouvelle fois, à une erreur de transcription des journaux de fouilles, transformant une amphore ibérique de forme Schoene XIV en une Schoene IV (la forme Dressel 21-22)156.
170Une seconde inscription sur amphore du type 2 susceptible d’être interprétée comporte le cognomen Abinnericus. Ce personnage correspond certainement à M(arcus) Valerius Abinnericus, négociant de salaisons et dérivés de poissons hispaniques. Son nom apparaît en effet sur des amphores de forme Schoene VII ayant contenu pour la plupart du lymphatum vetus et pour les autres de la cord(yla) de Lixus157, ainsi que sur deux amphores de forme Schoene IV158. Abinnericus n’est pas le seul affranchi des M. Valerii impliqué dans le commerce de ces produits. On rencontre ainsi, et même en dehors de Pompéi, M. V. Felix, M. V. Hélias, et M. V. Euphemius ?, sur des amphores ayant contenu du laccatum, du lymphatum, cordyla, de la muria, mais aussi de l’huile et du vin de Bétique159. Identifier l’origine de ces marchands est plus délicate. Le nomen Valerius est très courant et on en connaît de nombreuses attestations dans tout le bassin méditerranéen occidental.
171Les inscriptions E livrent les noms suivants : Iusti (CIL IV, 5841), Silvanus (CIL XV, 4792), Sotericu(s) (CIL IV, 2677), Heurialus (Giordano et Casale 1991, no 380 et 381), et Secundi (Giordano et Casale 1991, no 391-392). Comme pour les cognomina évoqués plus haut, la banalité des noms rend vaine toute tentative d’identification pour la majorité160. Seul Heurialus, que l’on trouve également écrit Eurialus, n’est pas répandu.
172L’inscription F, sous l’anse, est seulement conservée sur deux amphores (une de Pompéi : Giordano et Casale 1991, no 384-387 ; la seconde de Rome : CIL XV, 4786). Pour la première, on relève notamment Gaticu(s), tandis que sur la seconde apparaît un chiffre : CDXXC ?, mais la lecture de Dressel n’est pas sûre. Si l’on suit St. Martin-Kilcher, à cet emplacement se trouvent en principe le nom du marchand acheminant les amphores entre leur port d’arrivée et le site de consommation, ainsi que le nombre de conteneurs transportés. Le chiffre de l’inscription qui nous est parvenue : CDXXC ?, me semble trop élevé pour un tel transport. On y verrait plutôt le nombre d’amphores ayant quitté l’atelier de salaison et chargées sur un navire. Là encore, un seul exemple est insuffisant pour valider une théorie.
173On notera que l’amphore de Pompéi portant le no 27074 (conservée à la Casa Bacco à Pompéi) a des tria nomina peints par-dessus le chiffre de l’inscription C (fig. 4-29 no 3). Dans ce cas précis, il ne fait aucun doute qu’il renvoie à l’acheteur de l’amphore car les initiales C.I.P. sont peintes sur l’inscription originale et parce que l’amphore a été mise au jour dans la demeure de Caius Iulius Polibius.
Provenance
174Jusqu’à présent, on supposait que ce type d’amphore était produit en Calabre, sur la base des observations d’A. Sangineto qui mentionnait des Dressel 2-4 ayant une pâte identique aux exemplaires du type 2. Leur analyse pétrographique avait révélé qu’il pouvait s’agir d’une production de Calabre méridionale, mais sans pouvoir totalement exclure d’autres aires de productions161. Désormais, les analyses menées par Claudio Capelli sur des échantillons d’amphores du type 2 de Pompéi ont confirmé que la Calabre est certainement leur zone de production162.
Contenu des amphores du type 2
175Les amphores du type 2 ont contenu des salaisons de poissons, comme l’indiquent les différents noms de produits que l’on trouve dans les inscriptions peintes163.
Données chronologiques
176Les contextes de découverte des amphores du type 2 sont rarement bien datés. L’exemplaire le plus ancien proviendrait de la Maison du Porche à Ostie ; il s’agit d’une amphore remployée dans un drain164. Elle est accompagnée de 21 Dressel 1, 10 Lamboglia 2, 2 Dressel 2-4, 1 Tripolitaine I, de 15 amphores puniques (notamment du type Maña C2) et de 5 Dressel 28. J. Van der Werff date cette construction du troisième quart du Ier siècle avant J.-C165, mais il faut certainement l’abaisser au dernier quart de ce siècle car la production des Tripolitaine I ne débute vraisemblablement qu’à partir de l’époque augustéenne166. L’apparition du type 2 serait donc à dater de cette période.
177On peut également citer un exemplaire découvert à Luni (Ligurie) et identifié par erreur comme une amphore Dressel 7-11167. Le fragment de lèvre découvert était accompagné d’autres parties d’amphores appartenant aux types Dressel 1, Dressel 2-4, Dressel 7-11, ainsi que d’amphores africaines du type II, révélant ainsi l’état résiduel des éléments plus anciens. D’autres fragments non reconnus se trouvent également dans Luni II, le second volume de la publication des fouilles que l’on doit à S. Lusuardi Siena168. La datation du fragment, « antérieur de quelques décennies à la période claudienne »169, en fait un exemplaire du début du Ier siècle de notre ère.
178Les exemplaires les plus tardifs ont été découverts dans une épave à Grado (Vénétie, Italie) et dans des dépotoirs sur les berges du Rhône à Arles (contextes datés du Haut et Bas-Empire)170. La datation du naufrage de Grado est fixée vers le milieu du IIe siècle de notre ère171. La cargaison de ce navire était composée d’amphores de remploi remplies de salaisons et sauces de poissons. Parmi elles, il n’y avait qu’une seule amphore du type 2172. Il faut ainsi considérer que la production du type 2 prend fin dans les premières décennies du IIe siècle après Jésus-Christ, sans que l’on puisse être plus précis pour le moment.
Aire de distribution (fig. 4-09)
179Les amphores du type 2 proviennent surtout de contextes italiens, aussi bien sur la côte adriatique (Padoue, épave de Grado), que tyrrhénienne (Vibo Valentia, Pompéi, Herculanum, Naples, Cumes, Luni). On en connaît également d’autres exemplaires en Gaule (Arles) ainsi qu’à Jérusalem173.
Type 3
Morphologie générale (fig. 4-31)
180À l’inverse des autres types que je viens de présenter, les amphores appartenant au type 3 possèdent un épaulement plus marqué. C’est sur ce dernier que sont attachées les anses dans leur partie inférieure. Ces amphores mesurent entre 79,5 et 84,5 cm de hauteur, hormis un exemplaire dont la hauteur s’élève à 96 cm, et la hauteur moyenne est de 82 cm. Le col est de forme légèrement tronconique. La panse, d’un diamètre maximal d’environ 25 cm situé généralement à mi-hauteur, est de forme cylindrique. Elle se termine par un fond en pointe. La contenance des amphores du type 3 est comprise entre 15 et 18 litres, avec quelques cas atteignant 23 et 30 litres.
Morphologie de la partie supérieure (fig. 4-32)
181Le diamètre externe de l’amphore, pris au niveau de l’embouchure, mesure entre 15,5 et 16,8 cm, tandis que le diamètre interne mesure entre 12,5 et 14 cm. La lèvre ne peut être confondue avec celle d’un autre type. Formée d’un léger bourrelet n’excédant pas 1,5 cm de largeur, elle est suivie du ressaut caractéristique de la forme, mais celui-ci fait partie intégrante de la lèvre. Il n’y a pas de distinction possible entre la fin du bourrelet et le ressaut. En conséquence la lèvre est haute, entre 4,2 et 5 cm174. Les anses, de section en amande, sont marquées sur leur face externe d’une nervure centrale. D’une hauteur comprise entre 16,2 et 19,6 cm, elles sont attachées directement sous la lèvre et son ressaut, débordant parfois sur celui-ci. Elles rejoignent la panse au niveau de l’épaulement.
Morphologie des fonds
182Les fonds des amphores du type 3 se terminent en pointe. Ils sont pleins et leur hauteur est comprise entre 9,5 et 13 cm. Leur profil est légèrement concave et la face externe de la pointe est dans la plupart des cas légèrement convexe.
Pâte (planche couleur hors-texte, no 4)
183D’après les observations de Claudio Capelli, la pâte des amphores du type 3 comporte des éléments de pyroxène et de sanidino, feldspath typique de la région volcanique tyrrhénienne comprise entre la Toscane méridionale et la Campanie. Ainsi, une aire de production dans le Latium et surtout en Campanie est assurée, et les analyses pétrographiques démontrent la présence d’au moins trois ateliers de potiers. La couleur de la pâte varie entre CM 5 YR 7/6 et 10 YR 7/3.
Estampilles, inscriptions peintes
184Deux timbres sur amphores du type 3 sont répertoriés, mais l’appartenance du premier à une catégorie de Dressel 21-22, et en l’occurrence au type 3, n’est pas assurée.
185Ce timbre est mentionné par T. Bezeczky sur une amphore Dressel 21-22 découverte à Éphèse175. Le timbre (fig. 4-33), de forme rectangulaire, est apposé sur la lèvre et on peut lire POST CVR, avec le S et le T ligaturés, ainsi que le V et le R. T. Bezeczky propose la lecture Post(umi) Cur(ti). Ce personnage est pour T. Bezeczky le M. Curtius Postumus adopté par son oncle le sénateur Rabirius Postumus dans son testament176. Il possédait des domaines en Campanie et en Apulie et son nom apparaît sous forme d’estampille sur plusieurs types amphoriques : Dressel 2-4177, amphores de Brindes, sur des Dressel 1 ou Lamboglia 2, ainsi que sur des tuiles178. Il est alors tentant de lui attribuer également la production d’une partie des amphores du type 3, mais on se heurte à un écart chronologique non négligeable. Si le personnage qui apparaît sur toutes ces amphores est bien celui défendu par Cicéron lors du procès tenu durant l’hiver 54/53 avant notre ère179, on a du mal à expliquer que son nom apparaissent sur des Dressel 21-22, dont la production n’a, semble-t-il, pas démarré avant l’époque augustéenne.
186Le second timbre apposé sur des amphores du type 3 porte la marque CEIONI MAXIMI. Nous en connaissons cinq exemplaires : sur une amphore complète à Monte Iato (Sicile)180, sur un autre exemplaire trouvé au large de Catane (Sicile)181, sur un vase intact et un fragment de col découverts à Pompéi182 et sur un fragment mis au jour dans le dépotoir d’époque flavienne de Cumes (fig. 4-34). Il faut également prendre en compte un autre exemplaire qui a des chances d’appartenir au même groupe. Découvert à Carthage, il a été publié par S. Martin-Kilcher mais il n’est conservé que sur une faible partie et la lecture en est rendue difficile183. Il est probable que ce soit le même personnage qui est mentionné sur plusieurs tegulae estampillées C. CEIONI. MAXI découvertes sur plusieurs sites italiens184.
187Pour chaque cas, le timbre est de forme rectangulaire. L’exemplaire complet mesure 11,2 cm de longueur sur 2,4 cm de hauteur. Il est apposé entre les anses, à mi-hauteur du col. Les lettres sont en relief. Celles qui composent le premier nom (CEIONI) ne sont pas ligaturées, tandis que les trois premières de celles qui composent le second (MAXIM) forment une seule lettre.
188Un seul Ceionius Maximus est connu par une inscription de Rome : il est mentionné dans l’inscription funéraire du CIL VI, 10045, trouvée dans le chambranle de la porte de la demeure des Hieronymi Testae, près de la porte de San Pancrazio. Il s’agit de l’inscription d’un enclos funéraire réservé aux décurions et à la « famille » du collège des « étoffes rouges » des jeux du cirque, ledit collège étant dirigé par C(aius) Ceionius Maximus. Le monument a été réalisé sous la questure d’Yperegus et mesurait vingt-deux pieds de long sur vingt de large185. Malheureusement, on ne peut extraire aucune information chronologique de cette inscription et il est peu probable que ce personnage ait un lien avec celui qui détenait les ateliers d’amphores du type 3.
189Trois principaux types d’inscriptions peintes se rencontrent sur le type 3. Leur organisation est semblable à celle que l’on trouve sur les autres types. Les titres que l’on trouve en ligne A sont : CET, MAL et MIXST.
190L’inscription B, que l’on ne trouve jamais sur les autres types, est ici présente. Elle mentionne CVM et accompagne le titulus CET dans plusieurs inscriptions peintes découvertes à Pompéi sur des amphores du type Schoene-Mau IV : no 5542, 5543, 5547, 5553 et 10308 du CIL IV (fig. 4-35), ainsi que sur un fragment de bord récemment mis au jour dans la fouille de la nécropole de Cumes186 (fig. 4-36 et planche hors-texte no 5). Nous savons que l’inscription de la ligne B est censée apporter des informations supplémentaires sur le produit mentionné à la première ligne. Ici l’inscription indique clairement CVM, qu’il faut interpréter CVMANVM, « de Cumes ».
191J’ai déjà proposé plus tôt de développer CET en Cetus, terme qui désigne un thon de grande taille. En effet, un passage du livre V de Strabon, vraisemblablement écrit en l’an 18 de notre ère187, fait précisément référence aux salaisons de poissons de Cumes : Géographie, V, 4, 4 :
« Εἰσὶ δὲ ϰαὶ ϰητεαι παϱ’ αὐτος ἄϱισται. »
« Les Cuméens exploitent des pêcheries de grands poissons très réputées. »188
192Il est frappant de constater que Strabon emploie un terme basé sur ϰτος, et il n’y a pas de doute que CET CVM indique alors le thon de Cumes. À ce passage, il faut ajouter celui de Xénocrate, médecin grec du Ier siècle de notre ère, cité par Oribase : il est fait mention des salaisons de thon de Cumes, en particulier de ses préparations du cou de thon fort réputées.
193Sur cette base, il convient de chercher le produit auquel correspondait l’étiquette MAL CVM. Les inscriptions les mieux conservées proviennent du Castro Pretorio à Rome, de Pompéi, et de Massada (Israël) (fig. 4-37 à 39). En 1879, Dressel avait vu en MAL CVM l’indication MALA CVMANA, des pommes de Cumes. On savait en effet que le territoire de Cumes était réputé pour sa fertilité : choux189 et vin190, de même que le lin191, puis pour son industrie des salaisons avec les citations de Strabon et Xénocrate. Bien qu’au début de mes recherches je ne parvenais pas à trouver d’autres éléments pour contredire la théorie de Dressel, si ce n’est sur la variété des fruits que recouvre le terme mala192, la découverte du fragment de bord d’amphore du type 3 à Cumes a apporté la solution193.
194En effet, nous nous retrouvons avec un même type amphorique et plusieurs mentions de contenus. Partant du fait que CET CVM désigne à coup sûr des salaisons de thon, MAL et MIXST ne peuvent désigner eux aussi qu’un produit de la mer. Pour le terme MAL, nous sommes confrontés à deux hypothèses. La première supposerait la lecture malakoi, mollusques. Le terme grec μαλάϰιον désigne en effet ce type d’animaux194. Cette hypothèse est loin d’être irrecevable car on sait que Cumes, déjà au Ve siècle avant notre ère, avait choisi de représenter une moule au revers de ses monnaies. La seconde hypothèse, qui semble plus appropriée, consisterait à développer μάλθη, un poisson de grande taille, précisément de la famille du ϰτος195, ce qui aurait un lien logique avec les inscriptions CET. L’identification précise du poisson n’est pas évidente, et on le laisse généralement dans la catégorie des squales196.
195Le terme MIXST est plus inhabituel sur les amphores du type 3, et seuls deux exemplaires de Pompéi sont connus (fig. 4-40). Écrite en rouge, elle se présente de la même manière que les inscriptions précédentes. L’indication MAL VER est peinte sur la seconde ligne, tandis que le terme MIXST est inscrit en premier. Sur une troisième ligne est inscrit le chiffre LI et de l’autre côté de l’amphore, sous la lèvre, le chiffre XXXII. Une inscription similaire est publiée dans le CIL IV, sous le numéro 6914. Le type d’amphore n’est pas précisé mais il y a fort à parier qu’il s’agit d’une amphore du type 3.
196Le terme MIXST est à mettre en relation avec le terme mixtus, qui nous renvoie à un mélange. Sur une amphore du type Beltran IIA (Dressel 38) trouvée sur l’Esquilin à Rome, Dressel avait lu sur la première ligne le terme miscell(um) ou miscell(anea) qu’il interprétait comme une conserve, après avoir repoussé pour première hypothèse uuae miscellae197. Cette idée d’un mélange de salaisons a été suivie par Bernard Liou à propos d’une inscription peinte sur une autre Beltran IIA, mise au jour à Fréjus198. Elle porte l’inscription miscell(um) ou miscell(anea) por[t(…)], qui indiquerait alors une conserve de poisson associant plusieurs espèces et fabriquée peut-être dans la région des Colonnes d’Hercule, sans qu’il faille chercher un lieu précis199.
197Enfin, cinq autres inscriptions sont recensées sur la ligne A, mais qui ne sont connues que par un à deux exemplaires : AB SP (Pompéi : CIL IV, 5544, fig. 4-41), SP (Pompéi : CIL IV, 5545, fig. 4-42), COP (Pompéi : CIL IV, 5656, fig. 4-43 et à Massada en Israël200), VR (Pompéi : CIL IV, 5551) et SCOM sur un exemplaire découvert à Herculanum (fig. 4-44). J’ai évoqué plus haut pour le type 2 ces inscriptions et les développements que je propose. Cette fois-ci, leur appartenance au type 3 est attestée par l’information présente sur la ligne B : CVM, voire CVMA sur certains exemplaires.
198Parfois, le terme CVM est suivi de l’abréviation VER, que Dressel avait lu VIR et interprété VIRIDIA. La confrontation avec les exemplaires pompéiens ne laisse aucun doute sur la véritable lecture à faire : VER. On aurait pu hésiter avec VET, connu notamment sur les amphores de la péninsule Ibérique, et qui qualifie des sauces de poissons conservées parfois plusieurs années. Dans le cas des Dressel 21-22, il faut plutôt comprendre VER comme l’abréviation de Verus, signifiant véritable.
199Ainsi, le terme sert à authentifier une appellation d’origine, montrant qu’il s’agissait d’un produit très réputé, duquel Cumes avait fait sa spécialité.
200Dans le tableau qui suit (p. 157) sont regroupées les informations collectées pour chaque inscription sur amphore du type 3.
201Les inscriptions C et G indiquent respectivement que le poids du contenu oscille entre 16,677 kg et 26,5 kg (LI et XXCI livres) pour une amphore pesant à vide de 8,502 à 10,464 kg (XXVI à XXXII livres).
202Le tableau suivant regroupe le poids des amphores du type 3 conservées aujourd’hui à Pompéi.
No | inscr. G | Poids (kg) | observations |
1674 | - | 7,5 | manquent les ¾ de la lèvre |
25428 | - | 8,5 | manque une anse |
25433 | - | 9,3 | |
26106 | XXV | 7,9 | manque un morceau du col XXV x 0,327 = 8,18 kg |
26115 | - | 8,4 | |
26142 | XXVI | 8,5 | XXVI x 0,327 = 8,5 kg |
33124 | - | 8,6 | manque la moitié de la lèvre |
38597 | - | 14 | |
42869 | - | 9,5 | |
43082 | - | 8,8 | |
57979 | XXX- | 10 | XXX-x 0,327 = 9,97 kg |
58130 | - | 7,8 |
203On ne peut parvenir à identifier les negotiatores des inscriptions D dont nous ne possédons que les cognomina ou des tria nomina non développés : Camiter ; Ma[], qu’il faut peut-être rapprocher de Mal Co[] ; Optat(us ?) qui est un cognomen très courant208 et POM dont on ne sait pas s’il s’agit du début d’un nom ou d’un tria nomina. Même constat pour la majorité des noms et tria nomina qui apparaissent en E : P.S.C ; Hymen ; Lico[] ; et Antonius que l’on rencontre plus en nomen qu’en cognomen209. Pour Beryllus, on peut relever un parallèle intéressant : sur un fragment d’urceus découvert dans un niveau de la domus de la Piazza Barbacan à Trieste, daté au plus tard du milieu du Ier siècle de notre ère, on peut lire : Liq / flos / Berylli / ex offici[]210. Beryllus serait le producteur de la sauce mentionnée, de la fleur de liquamen, puisque dans les urcei connus à Pompéi, les inscriptions sont construites de la même manière quand A. Umbricius Scaurus en est le producteur.
204Certains exemplaires ont reçu une inscription supplémentaire, correspondant au nom de l’acheteur de l’amphore. L’écriture, par son module et sa graphie, est différente de la main ayant inscrit le contenu de l’amphore. Ces noms sont P.C.Z. (Pompéi, no 15451), A. Aviani Hilarion (CIL IV, 5552), []onio Ampliato (CIL IV, 5551) et d’autres déjà illisibles au moment de leur découverte211. L’amphore no 4784 du CIL XV porte elle aussi une longue inscription très abîmée faisant mention d’un certain L. Volusius Saturninus. Deux personnages connus, père et fils, portent ce nom212. Le père a été consul en 12 avant notre ère, tandis que le second a été consul suffect en 3 de notre ère. Il est difficile d’établir lequel des deux est mentionné ici. S’il s’agit du père, la datation ne pose pas de problème car un exemplaire d’amphore du type 3 trouvé à Massada (Israël) est daté de la période 37-4 avant J.-C. De même, la mention du fils ne pose elle non plus aucune difficulté car les amphores sont produites durant tout le Ier siècle de notre ère.
Provenance
205D’après les données fournies par la pâte du conteneur et par l’épigraphie (CVM pour Cumes), il ne fait guère de doute que les amphores du type 3 ont une origine campanienne, et plus précisément de Cumes et son territoire..
Contenu des amphores du type 3
206La documentation littéraire fournie par les inscriptions peintes, appuyée par les attestations textuelles (Strabon, Xénocrate), indique que ces amphores ont servi à transporter des salaisons de poissons.
Données chronologiques
207L’exemplaire d’amphore du type 3 découvert à Massada serait le plus ancien. Il appartient selon H. Cotton à la période 37-4 avant J.-C.213 L’exemplaire de Dressel 22 mentionné par A. Hesnard à Ostie (la Longarina)214 remonte à la fin de la période augustéenne, mais sans dessin ni description de la pâte, on ne peut le rattacher au type 2 ou au type 3215.
208Pour les exemplaires les plus tardifs, citons ceux de Pompéi et ceux de Cumes, datés du troisième et du dernier quart du Ier siècle de notre ère. La datation de l’épave de Mljet en Croatie n’est pas fixée avec certitude216.
Aire de distribution (fig. 4-09)
209Les amphores du type 3 sont surtout diffusées dans le bassin occidental de la Méditerranée. Des exemplaires ont été découverts dans le chargement d’une épave à Mljet (Croatie), en Sicile (Catane et Monte Iato), en Italie (Blanda Julia, Pompéi, Cumes, Luni), en Espagne (Saragosse), à Colchester et à Carthage217.
210Il faut cependant citer des exemplaires isolés à Massada (Israël)218, à Alexandrie219 et peut-être à Éphèse220 (mais l’identification n’est pas certaine).
Les données non classables
211En ce qui concerne les inscriptions peintes, un certain nombre de conteneurs n’ayant pas conservé leur première ligne, il n’est pas possible de les attribuer à un type précis. Cependant, certaines portant des noms, il m’a semblé utile de les regrouper dans un tableau. Certains titres A étant retranscrits en caractères d’imprimerie dans les CIL IV et XV, il est alors impossible de s’assurer d’une correcte interprétation. J’ai délibérément exclu de cette liste les inscriptions qui témoignent d’un remploi du conteneur, notamment lorsque celles-ci sont peintes en blanc ou en noir et qu’elles désignent un contenu différent de ceux habituellement mentionnés221.
Ligne222 | |
D | Pompeis ; Maccedones Pallantis ; Antonii ; Eunom[-] ; Octatus ; Ιοϱτηϱ (?) ; [-]ϰοτϱ ; Μουσαίου Τϱωδάτου ; [-]απου/ [-]απον ; Manis. ; Q. I. F. ; Nomius ; ΑΡΩ ; MIVRF |
E | LVP ; Secundu ; Eurialus ; SOC ; Saturnino ; M. A. F ; Rodolus ? |
212Parmi ces inscriptions, il est probable que certains noms doivent être ceux des acheteurs de l’amphore, comme l’illustre notamment celle déjà évoquée (Pompéi, no 27074) portant le nom de C. Iulius Polibius et mise au jour dans sa demeure. Mais à part avec des cas exceptionnels comme celui-ci, car on sait précisément de quelle maison provient l’amphore et surtout que nous connaissons le nom de son propriétaire, on ne peut pas aisément les distinguer des noms qui appartiennent aux inscriptions primaires. Pour les inscriptions D, on peut noter que certains noms peuvent être aussi bien des nomina que des cognomina (Pompeis, Antonii, Nomius), voire pour certains des praenomina (Mani(u)s). En E, hormis des noms courants tels Secundu(s), Saturnino, et des tria nomina non développés, on retrouve Eurialus (CIL IV, 5823), qui apparaît déjà sur des individus du type 2 (Giordano et Casale 1991, no 380-382). Quant à Rodolus (CIL XV, 4797), la lecture proposée par Dressel d’un nom déjà effacé au moment de la découverte de l’amphore n’est pas assurée.
Les Dressel 21-22, témoins de la production des salaisons en Italie du Sud et en Sicile
213Cette étude typologique montre que les Dressel 21-22 doivent être subdivisées en trois types amphoriques principaux (fig. 4-45 et planche hors-texte no 6) qui sont produits en Sicile occidentale, en Calabre et en Campanie depuis le dernier quart du Ier siècle avant Jésus-Christ et jusqu’aux premières décennies du IIe siècle de notre ère. Ils se différencient les uns des autres par leur morphologie générale, leur pâte, mais également par les inscriptions qu’ils portent.
214Dans le tableau présenté ci-dessous sont regroupées les principales caractéristiques de chaque type.
215On ne saurait dire avec certitude laquelle de ces formes est la première à avoir été produite : peut-être le type 1, d’origine sicilienne, qui a dû s’inspirer d’un conteneur de tradition punique produit durant les IIe et Ier siècles avant J.-C.
Type 1a | Type 1b | Type 2 | Type 3 | |
hauteur moyenne (cm) | 87 | 88 | 82 | 82 |
diamètre externe (cm) | 16-18 | 19-20,5 | 15-16,5 | 15,5-17 |
diamètre interne (cm) | 11-13 | 15-17 | 12-13,5 | 12,5-14 |
hauteur de lèvre (cm) | 1,5-2,3 | 1,7-2,5 | 1,6-2 | 4,2-5 |
hauteur des anses (cm) | 11-13 | 14,4-15,5 | 16,3-19,6 | 16,2-19,6 |
hauteur du pied (cm) | 9-12 | 5 | 8-10 | 9,5-13 |
diamètre maxi (cm) | 22 | 26 | 26 | 25 |
contenance (litres) | 15-18 | 27-28 | 18-22 | 16-18 |
L’amphore du type 1, héritière d’un conteneur punique ?
216La forme 1, par son profil très simple et son absence de col, se démarque nettement des autres amphores. S’agit-il d’une innovation des potiers siciliens ou bien ces derniers se sont-ils inspirés d’une forme existante ? On est en effet frappé par la parenté entre l’amphore punique de forme Ramon Torres 9.1.1.1 et le type 1223 (fig. 4-46). Par son allure générale, l’amphore punique présente de nombreuses similitudes avec les productions siciliennes. Ce conteneur cylindrique très régulier, sans col, a une hauteur de 70 cm environ et un diamètre maximum de 28 cm. La lèvre consiste en un simple bourrelet. Le diamètre d’ouverture est compris entre 16 et 26 cm. Les anses sont appliquées immédiatement sous la lèvre et leur longueur oscille autour d’une dizaine de centimètres. L’unique différence avec le type 1 se situe au niveau du fond, l’amphore punique ayant un fond plat avec une partie centrale concave.
217Trois timbres imprimés sur des amphores Ramon Torres 9.1.1.1 montrent que ce conteneur servait au transport de salaisons de poissons224 (fig. 1-10). Les deux premiers timbres représentent un personnage plaçant un objet indéterminé dans une amphore dont la forme est exactement celle qui porte l’estampille. Le dernier montre trois poissons disposés verticalement, la tête vers le haut.
218Ce type amphorique a été produit dans les fours de Torre Alta à San Fernando (Cadix) et peut-être en d’autres points du littoral de la péninsule Ibérique à partir de la seconde moitié du IIe siècle avant notre ère et peut-être un peu plus tôt. On dispose en revanche de peu d’éléments sur l’arrêt de la production, que l’on peut établir au cours du Ier siècle av. J.-C. car il est peu courant dans des contextes de cette période, mais la méconnaissance du type et la ressemblance de sa partie supérieure avec un tuyau n’arrange certainement pas sa situation.
219La production des amphores du type 1 en Sicile débute, selon toute vraisemblance, peu avant le changement d’ère. On peut donc émettre l’hypothèse que pour fabriquer ces amphores, les potiers siciliens se sont inspirés de conteneurs puniques traditionnels destinés au commerce des salaisons de poissons.
Le cas des Dressel 21-22 de Bélo
220Il est en revanche difficile d’établir si le type apparenté aux Dressel 21-22 qui fut produit à Bélo et dans sa périphérie est une copie des productions siciliennes ou non. L’imprécision des chronologies laisse ouverte la proposition inverse : n’est-ce pas le type de Bélo qui a inspiré les productions italiques ? En tout cas, le début de la production ibérique est à peu près contemporain de celle des Dressel 21-22 italiques et remonte à l’époque augustéenne225. Les recherches sur les Dressel 21-22 de production ibérique sont peu nombreuses. Elles ont débuté par les pages que leur a consacrées C. Domergue dans la publication des fouilles de Bélo en 1973226. Ce travail important est toutefois entaché par le parti pris d’inclure dans la catégorie des Dressel 21-22 toutes les amphores non clairement identifiées ou même non identifiables. Par la suite, les chercheurs ont admis l’existence d’une production de ce type amphorique dans le sud de la péninsule Ibérique mais aucune recherche approfondie n’a été menée à ce jour sur celle-ci. Dans leur synthèse, R. Étienne et F. Mayet ont repris les conclusions de C. Domergue concernant ce conteneur, mais sans clarifier la situation.
Conclusion
221J’avance donc que, quelle que soit la zone de production, les Dressel 21-22 ont servi à transporter des salaisons de poissons. Ceci est attesté à la fois par les contextes de découvertes (ateliers de salaison de poissons en Sicile pour le type 1) et par les inscriptions peintes qui nous sont parvenues. Un tel contenu explique la forme générale du conteneur, caractérisée par une large ouverture qu’on rencontre sur d’autres amphores ayant contenu des productions de poissons (Dressel 7-11 et Beltran II par exemple).
222L’étude des chiffres qui apparaissent sur ces amphores m’amène à formuler une autre remarque importante. La mention conjointe du poids de la tare et du poids du contenu de l’amphore prouve que ce système d’indication n’était pas réservé, comme on l’a longtemps cru, aux seules amphores à huile de Bétique Dressel 20. Cette première constatation entraîne d’autres observations. D’une part la nature du contenu de l’amphore n’influe pas sur l’unité de mesure, les calculs se font au poids, donc en livres, qu’il s’agisse d’un liquide comme l’huile ou d’un produit solide comme les salaisons. D’autre part, les inscriptions C que l’on rencontre sur les amphores à salaisons et autres dérivés de poissons de la péninsule Ibérique indiquent elles aussi le poids en livres du contenu de l’amphore. La correspondance entre les chiffres C sur les amphores Dressel 21-22 et sur les Dressel 7-11 et Beltràn II est en effet frappante. Ils sont dans la plupart des cas compris entre LXX (70) et LXXXXV (95). Mes prédécesseurs se sont longuement interrogés sur l’interprétation de ce chiffre. R. Marichal y voyait soit le poids, soit le volume, soit le prix de l’amphore227. B. Liou l’interprétait comme l’indication de la contenance en setiers de l’amphore228. Dans son article sur l’inscription peinte sur une amphore ibérique découverte à Saintes, F. Laubenheimer avait imaginé un système analogue à celui des Dressel 20, mais elle démolit son argumentation car, selon elle, la tare n’est pas indiquée sur les amphores à salaisons229. Dans un autre article230, consacré à l’épigraphie des amphores gauloises, elle admet que le chiffre oscillant autour de LXX sur les Dressel 9 similis (type Lyon 3B) doit correspondre au poids du contenu en livres, mais elle donne une équivalence en litres. Or, rien n’atteste que la densité des produits transportés ait été égale à 1. L’expérience réalisée sur les Dressel 21-22 démontre même le contraire puisque leur volume de contenance est inférieur au poids en livres indiqué sur l’inscription231. Seule St. Martin-Kilcher a clairement proposé de voir dans ce chiffre l’indication du poids du contenu en livres232. Enfin, R. Étienne et F. Mayet traitent trop rapidement la question en se contentant d’écrire que l’inscription « donne un chiffre de contenance en setiers correspondant parfois, mais pas toujours, à la contenance d’une amphore à saumure. »233 Certaines inscriptions portent en effet un chiffre peu élevé suivi de la lettre S, mais dans la majorité des cas il est seul et de l’ordre de ceux que l’on rencontre sur les Dressel 21-22 (entre LXX et LXXXV).
4. 2. 2. Les urcei, bouteilles à sauces de poissons du Haut-Empire
223Les fouilles de Pompéi ont mis au jour une quantité importante de pots dénommés urcei, dont la fréquence dans la cité vésuvienne atteste qu’ils contenaient un produit de consommation courante. Ils portent le numéro VI dans la typologie de Schoene-Mau (fig. 4-47). Cette catégorie de vaisselle a été utilisée pour contenir et transporter des sauces de poissons, dont une grande partie provenait des ateliers d’A. Umbricius Scaurus234.
Morphologie du conteneur
224Il s’agit d’une bouteille à une anse en céramique commune. La taille des exemplaires est de l’ordre de 50 cm, mais il existe certains exemplaires un peu moins grands. La panse est un tronc de cône élancé surmonté par un épaulement arrondi et supportant un col cylindrique étroit (5 cm de diamètre). La lèvre, de 1,5-2 cm de haut, est un mince bourrelet rentrant au sommet et creusé d’une gorge interne. L’anse est plate et marquée de deux sillons verticaux. Elle est attachée sous la lèvre et à l’épaulement. Sa hauteur moyenne est d’une quinzaine de centimètres. Le fond des urcei est constitué par un pied en anneau de 7-8 cm de diamètre en moyenne.
Pâte
225À ma connaissance, aucune analyse pétrographique n’a été effectuée sur ces conteneurs. Une observation visuelle montre que la pâte des urcei est d’origine campanienne, plus précisément de l’aire vésuvienne. Bernard Liou et Robert Marichal décrivent ainsi la pâte de ceux découverts à Fos : « une argile gris-brun clair, à dégraissant de sable noir, avec des paillettes de mica invisibles à l’œil mais qui, en lumière rasante, brillent d’un éclat vif argenté. »235 Ils rappellent également que cette description de pâte est identique à celle effectuée par A. Tchernia et F. Zevi de la pâte des amphores d’Eumachius dont l’origine pompéienne est bien attestée236.
Estampilles, inscriptions peintes
226Aucune estampille sur urceus n’est recensée à ce jour.
227En revanche, de nombreuses inscriptions peintes sont conservées. Elles sont toutes organisées selon le même principe :
A | Nom du produit |
B | Qualificatif |
C | Qualificatif supplémentaire |
D | Origine |
E | Destinataire |
228L’étude suivante de ces inscriptions peintes reprend les informations fournies dans l’article de R. Étienne et F. Mayet sur « Le garum à la mode de Scaurus » daté de 1991, complétée avec les données extraites de publications postérieures237.
229Sur un total de 150 inscriptions peintes, relevées et exploitables, 85, soit 56,7 %, font mention de garum, 42 (28 %) de liquamen. Les autres inscriptions se réfèrent à la muria (17, soit 11,3 %), à l’hallex (5, soit 3,3 %) et une enfin au lomentum (0,7 %).
230En ce qui concerne le garum, nous observons qu’il en existe plusieurs variétés. L’appellation garum flos sert à désigner un produit de qualité supérieure puisqu’on peut le comprendre « fleur de garum ». Le titre per se indiqué sur quelques exemplaires qualifierait un produit pur, à savoir sans adjonction d’épices ou d’autres ingrédients238. Comme R. Étienne et F. Mayet le remarquent, l’inscription Scauri n’apparaît jamais sur les inscriptions per se car Scaurus n’a pas apporté sa touche à cette préparation, la laissant comme une sorte de « sauce nature » ou vierge.
231À propos du terme Scauri que l’on rencontre sur 32 urcei remplis de garum et sur 6 de liquamen, R. Étienne et F. Mayet ont bien expliqué qu’il devait s’agir d’une sorte de produit spécial, fait « à la mode de Scaurus » selon leur expression239. On remarque en effet que lorsque Scauri apparaît sur des urcei à garum, ceux-ci sont toujours produits à partir de maquereau (scomber), ce qui n’est pas précisé lorsqu’il s’agit de liquamen. Scaurus devait donc ajouter quelque chose dans ses préparations que nous ne sommes pas en mesure de déterminer : vin, épices, herbes ?
232Enfin, les inscriptions cast ou castum (« casher ») présentes sur quelques exemplaires indiquent qu’il s’agit de sauces consommées par les Juifs : le garum castum ou cast(imonialis), ainsi que deux exemplaires contenant de la mur(ia) cast(a) ou casti(moniale)240. Pline mentionne en effet un hallex castimoniarum réservé aux « pratiques superstitieuses de la continence et aux cérémonies religieuses des Juifs »241. La présence de Juifs à Pompéi est attestée par les inscriptions rassemblées par C. Giordano et I. Kahn242 et les textes bibliques nous indiquent qu’ils n’avaient le droit de consommer que du poisson muni d’écailles et de nageoires243. Cependant, les inscriptions ne nous livrent aucune information sur la spécificité de cette sauce, sur son mode de préparation et les ingrédients employés.
233Après le garum, le liquamen et la muria sont les sauces les plus fréquemment citées. Pour la première, le qualificatif optimum, « de la meilleure qualité », apparaît sur 26 exemplaires (62 % des urcei à liquamen), et primum, « de première qualité », sur 3 exemplaires. On note également que l’inscription no 7110 du CIL IV porte l’appellation liquamen optimum saccatum, donc filtré. Étant donné qu’il s’agit du seul exemplaire où cette mention apparaît, doit-on en déduire que le liquamen était habituellement vendu sans être filtré ou qu’il s’agit d’un complément d’information inutile car au contraire il l’était toujours ?
234Concernant la muria, hormis les deux exemplaires évoqués plus haut où l’inscription mentionne qu’elle est destinée aux Juifs, les seules informations concernent sa qualité : flos, sur 13 exemplaires pour un total de 17 individus.
235Il n’est pas étonnant de ne trouver que très peu de mentions d’hallex. Ce type de préparation devait plus s’apparenter à une pâte ou à une purée de poissons qu’à une sauce ; elle devait être analogue au pissalat de Provence244. En conséquence, il était peu pratique de le conserver dans des urcei, et plusieurs découvertes pompéiennes indiquent qu’on le transportait plutôt dans des ollae et parfois dans des amphores245.
236Enfin, l’inscription lomentum sur un seul exemplaire correspond soit à un cas exceptionnel, soit à une erreur d’identification du conteneur. Le terme lomentum peut désigner plusieurs types de produits : du savon, de la farine de fève, ou encore un pigment bleu. Dans le cas où l’identification d’un urceus serait correcte, il est plus que probable qu’il s’agisse d’un remploi comme le laisse penser le fragment d’inscription antérieure en partie visible sur le tesson au moment de sa découverte, le 21 janvier 1899, dans le péristyle de la domus dite de L. Aelius Magnus en Reg. VIII, Ins. 2, 14246, et également le fait que l’inscription est en rouge, ce qui est tout à fait inhabituel. La seconde ligne de l’inscription : ex. lacte. Asinino indiquerait qu’il s’agit d’un produit fabriqué avec du lait d’ânesse. Il faudrait donc écarter le pigment bleu et certainement la farine de fève. Ainsi, on comprendrait mieux le remploi d’une bouteille pour le transport d’un liquide : un savon liquide fait à partir de lait d’ânesse.
Provenance
237La pâte est caractéristique de la Campanie et la zone vésuvienne constitue le principal centre de production.
Contenu
238Le schéma suivant (fig. 4-48) rappelle la répartition des contenus recensés dans les urcei.
239Le garum est donc la sauce la plus vendue dans ce type de conteneur, et un peu plus de la moitié provient avec certitude des ateliers de Scaurus (45 pour 85, soit près de 53 %). Les autres ne portent pas de mention d’origine ou indiquent des noms sans lien avec Scaurus. L’appellation garum flos : « fleur de garum », est la plus fréquente puisqu’elle apparaît sur 77 exemplaires pour 85 portant mention de garum.
240Le liquamen et la muria sont les sauces que l’on rencontre le plus souvent après le garum, tandis que l’hallex semble être un contenu occasionnel.
Données chronologiques
241L’éruption du Vésuve en 79 a dû recouvrir une grande partie, si ce n’est la totalité, des ateliers de production des urcei. Ce cataclysme explique très probablement l’arrêt de la fabrication des sauces de poissons et de leurs conteneurs dans l’aire vésuvienne.
Aire de distribution
242Hormis deux exemplaires trouvés dans le port de Fos247, l’urceus n’est pas connu en dehors de l’aire vésuvienne. Mais cette diffusion limitée est peut-être une illusion, due à une méconnaissance de cette forme, qui est d’ailleurs difficile à identifier lorsqu’elle est fragmentaire.
4. 3. Les amphores au Bas-Empire
243Quels conteneurs ont succédé aux Dressel 21-22 pour assurer le transport des salaisons de poissons italiennes et siciliennes ? À vrai dire, les recherches sur les conteneurs postérieurs au IIe siècle de notre ère se sont révélées infructueuses. Pour le vin, on connaît des conteneurs produits en Sicile et en Italie méridionale durant le Bas-Empire. Une partie au moins des amphores du type Agora M 254248 est apparemment produite à Naxos en Sicile puisqu’on y a retrouvé des rebuts de cuisson et les fours qui les ont produites aux IVe et Ve siècles249. De plus, les analyses chimiques et pétrographiques ont confirmé une origine dans la zone du détroit de Messine250. La découverte d’autres rebuts de cuisson indique une seconde zone de production de ce type d’amphore ou proche de celui-ci à Campanaio, à l’ouest d’Agrigente251. Aux IVe-VIe siècles, le vin du Bruttium était expédié dans des amphores Keay LII252. Plusieurs ateliers ont été découverts et les analyses chimiques et pétrographiques confirment cette origine géographique253.
244La production d’amphores est donc toujours active en Sicile et en Italie méridionale au Bas-Empire. Or, bien que la chronologie des ateliers de salaison démontre qu’ils restent en activité au moins jusqu’aux IVe et Ve siècles de notre ère, nous ne connaissons pas de conteneur céramique ayant servi au transport de leurs productions. Il faut donc envisager deux possibilités : soit les capacités de production ont baissé ou la population locale a augmenté et il y a eu un ajustement entre la population et la consommation locale, soit un autre conteneur de transport a remplacé l’amphore. La seconde possibilité paraît la plus recevable et deux types de conteneur ont pu être employés : des pots (ollae) en céramique commune – qui ne seraient pas encore identifiés – ou plus vraisemblablement le tonneau.
4. 3. 1. La question des tonneaux
245Tester l’hypothèse d’un emploi du tonneau pour le transport des salaisons à partir du IIe siècle implique plusieurs vérifications :
- étudier la chronologie établie pour la production des tonneaux afin de vérifier si un remplacement des Dressel 21-22 par ces derniers au cours du IIe siècle est envisageable.
- déterminer si le tonneau a servi au transport des salaisons en examinant les témoignages archéologiques et les documents médiévaux et modernes.
- analyser les zones géographiques prises en compte pour déterminer si elles disposaient des espèces d’arbres utilisées pour la fabrication des tonneaux.
- enfin, étudier cette fabrication à des époques postérieures à l’Antiquité pour déterminer si elle peut être l’héritière d’un savoir-faire plus ancien.
246Les questions d’ordre chronologique sont aisées à résoudre : le tonneau a connu une diffusion notable dès le Ier siècle avant Jésus-Christ254.
247À propos des denrées transportées en tonneaux, le débat s’est souvent concentré sur la bière et le vin ; des contenus solides, tels que des salaisons de poissons, ont été évoqués mais jamais sérieusement pris en considération. Pourtant, deux exemples de ce type de transport nous sont parvenus. Un tonneau découvert à Fos a conservé des sardines prises dans la poix qui le tapissait. Ce tonneau, de provenance indéterminée, est daté du Ier siècle de notre ère255. Un second tonneau est signalé par R. Billiard à Mayence : « Ce tonneau a été retiré de la vase d’un étang, avec de nombreux autres objets romains. Il était rempli de restes de poissons et de filets de pêche.256 » Les indices manquent quant à sa datation. Bien que le contenu du tonneau de Mayence soit à manier avec précaution, celui de Fos illustre en tout cas une utilisation du tonneau que les sources écrites ne citent pas : le terme cupa est uniquement associé au vin, au sel et à la poix257. De même, on ne peut tirer aucune information du dossier iconographique.
248Le tonneau présente de nombreux avantages quant aux possibilités de remplissage et au rapport de poids entre contenant et contenu. En effet, le poisson peut y être disposé en lits superposés qui permettent un meilleur remplissage. De même que pour le vin, on peut estimer un gain de place de 30 % par rapport à un transport en amphores. Avec ces dernières, on ne pouvait charger un bateau qu’avec 60 % de contenu environ, les 40 % restants correspondant à la place occupée par les contenants, tandis qu’avec les tonneaux ce rapport peut atteindre 90 % de contenu pour 10 % de place occupée par le contenant258.
249L’Italie méridionale et la Sicile ont-elles pu être des zones productrices de tonneaux et à partir de quelle période ? Les représentations iconographiques de tonneaux apparaissent surtout en Italie du Nord, ne dépassent pas Rome et sont fréquentes à partir de la fin du IIe et aux IIIe-IVe siècles de notre ère259. Par ailleurs, aucun tonneau n’a été mis au jour sur le territoire étudié260, mais cela tient au climat et aux conditions d’enfouissement défavorables à la conservation des objets en bois261. Un texte d’Ulpien nous apprend que le tonneau était employé en Italie au moins depuis la fin du IIe siècle de notre ère, constituant ainsi un terminus ante quem262.
250La Sicile et l’Italie méridionale disposaient-elles des essences utilisées pour la fabrication des tonneaux ? D’après les analyses menées sur des éléments de tonneaux (douelles, fonds), les essences employées sont le sapin, l’épicéa, le pin et le chêne, le premier des quatre étant très largement majoritaire : 58 % des douelles et des fonds analysés sont tirés de cet arbre263. E. Marlière a relevé un changement dans le choix des essences en fonction de la chronologie. Elle constate l’emploi du sapin depuis le Ier siècle avant Jésus-Christ et observe une prédominance du chêne à partir du IIe siècle, mais comme elle l’a déjà souligné, il faut attendre les analyses d’autres tonneaux pour contrôler la véracité de ce schéma264.
251L’Italie méridionale possédait ces espèces, et le massif de la Sila en Calabre, réputé pour sa production de poix, en est une parfaite illustration. De même pour la Sicile, où l’on peut noter que le sapin et le chêne sont également employés dans la construction des navires à l’époque médiévale265.
252Aux époques byzantine et normande en Italie méridionale, le tonneau est utilisé pour le transport des denrées, mais aucune découverte ni attestation textuelle de leur fabrication locale n’a été faite à ce jour266. L’utilisation des tonneaux pour le transport de salaisons de poissons (sardines et thons notamment) est en revanche attestée en Sicile au moins depuis la fin du XIIIe siècle267. Les tonneaux sont produits avec le bois du Val Demone, le tiers nord-est l’île, mais ils sont aussi importés depuis la péninsule amalfitaine accompagnés parfois par des tonneliers268.
253Rien ne s’oppose donc à ce que l’artisanat de la tonnellerie existât dans ces régions depuis le Haut-Empire.
254Se penchant sur les études des amphores d’Ostie publiées par A. Carandini et C. Panella, A. Tchernia s’interrogeait en 1986 sur la possibilité d’abaisser la diffusion du tonneau à partir du milieu du IIe siècle269. Dans la même veine, il me paraît probable que les amphores Dressel 21-22 ont été remplacées par des tonneaux à cette période.
255La valeur d’une hypothèse se mesure à son heuristique et à son pouvoir de prédiction : en Italie méridionale, il faut espérer que les recherches archéologiques à venir, notamment en milieu humide, accorderont une attention particulière à cette problématique afin de valider ou d’infirmer le schéma ici proposé.
Notes de bas de page
1 Ramon Torres 1995, p. 260-261.
2 Alaimo et alii 1998 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002 ; Alaimo, et alii 2002 ; et Alaimo et alii 2003. Pour des analyses chimiques et pétrographiques de fragments d’amphores puniques découverts sur les sites de consommation, et qui confirment les origines de Solonte et Mozia, voir notamment Montana et alii 2006.
3 Tusa 1996, p. 1005 et voir la fig. 8 p. 1011.
4 Tusa 1978, p. 78-79 et 89.
5 Cuomo di Caprio 1978, p. 112 pour les deux fours de Mozia, et Cuomo di Caprio 1972, p. 414-416 pour sa typologie de fours de cuisson de céramiques.
6 Tusa 1996, p. 1007. Le secteur était couvert de fosses de formes et de dimensions différentes, d’une profondeur moyenne de deux mètres. Elles présentaient toutes des parois recouvertes d’argile crue de couleur gris-vert sur une épaisseur d’environ 4 cm. À vrai dire, rien ne permet de déterminer si V. Tusa a vu juste. Rappelons que N. Cuomo di Caprio s’était déjà posée la question sur la destination de ces fosses: stockage ou maturation de la pourpre, carrière d’argile pour les ateliers de potiers, ou encore silos, mais elle n’avait finalement retenu aucune de ces hypothèses, sans en proposer d’autre : Cuomo di Caprio 1981.
7 Le premier des deux fours a été étudié en détail par N. Cuomo di Caprio 1977.
8 Falsone et alii 1981, p. 879.
9 Thucydide, VI, 2. Pour la présentation des fours de Solonte, voir Alaimo et alii, 1998, p. 7-10.
10 La datation du VIIe au IIIe siècle est confirmée par les fours et le matériel surcuit mis au jour : Alaimo et alii 1998 ; Greco 2000 ; Alaimo et alii 2003. De plus, C. Greco indique, à juste titre, qu’après l’installation à l’époque hellénistique de la population sur les pentes du Monte Catalfano, le site de Solonte a dû continuer à être occupé par des installations artisanales, et notamment les ateliers de potiers. Cette hypothèse est confortée par la forte probabilité d’une production d’amphores du type Dressel 21-22 dans ce secteur au Ier siècle de notre ère : voir infra p. 135.
11 Pour une description détaillée de ces fours, voir Greco 2000. Pour l’analyse archéométrique du mobilier de ces fours et des bancs d’argile accessibles à proximité : Alaimo et alii 1998.
12 Alaimo et alii 2003, p. 2.
13 Voir les planches CCXXXVII à CCXLI de Alaimo et alii 2003.
14 Cette caractéristique apparaît également dans les pâtes du groupe « Carthage-Tunisie » mais de manière atténuée et moins systématique : Ramon Torres 1995, p. 261.
15 Ramon Torres 1995, p. 165. On suppose également que le type 1.1.2.2 a pu être produit à Solonte, mais un seul échantillon a été analysé à l’heure actuelle et il faut attendre des recherches complémentaires : Alaimo et alii 2003, p. 3.
16 Tombe 218, présentée dans le catalogue de l’exposition Palermo Punica, n. cat. 15 p. 129 et 178.
17 Ramon Torres 1995, p. 170.
18 Alaimo et alii 2003, p. 4-5 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002 ; Ramon Torres 1995, p. 170.
19 Ramon Torres 1995, p. 174-177.
20 Ramon Torres 1995, p. 174 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002 ; et Alaimo et alii 2003, p. 4.
21 Ramon Torres 1995, p. 175 ; et aussi Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
22 Ramon Torres 1995, p. 176 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
23 Ramon Torres 1995, p. 177.
24 Ramon Torres 1995, p. 134. L’exemplaire provient de la tombe 1106 et a été publié par M. Cavalier : Cavalier 1985, p. 57 et fig. 14 no 43, pl. XVI a.
25 Voir Falsone 1998, R14 à R16, p. 315 et 317-320.
26 Ramon Torres 1995, p. 177-178.
27 Ramon Torres 1995, p. 178 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
28 Alaimo et alii 2003, p. 3 ; Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
29 Ramon Torres 1995, p. 179.
30 À propos de ces estampilles, voir Ramon Torres 1995, p. 247.
31 Ramon Torres 1995, p. 182.
32 Ramon Torres 1995, p. 188-190.
33 Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002 ; Toti 2002, p. 290-294.
34 Ramon Torres 1995, p. 34 ; Parker 1992, p. 313-314.
35 Ramon Torres 1995, p. 192-193.
36 Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
37 Ramon Torres 1995, p. 204-205.
38 Ramon Torres 1995, p. 204-205 ; voir aussi Alaimo et alii 2003, p. 4-5.
39 Iliopoulos, Alaimo et Montana 2002.
40 Tomba 28, dite « Regina » : Palermo Punica, no 180 et 181 p. 224 et 232-233.
41 À la carte de distribution de ce type dans Ramon Torres 1995, no 73 p. 630, on peut désormais ajouter l’exemplaire découvert à Milazzo (Tigano 1994, fig. 5), ainsi que ceux mis au jour dans le chargement de l’épave de Porticello dans les eaux du détroit de Messine (Eiseman et Ridgway 1987, C23 à C28, p. 44-48).
42 Ramon Torres 1995, p. 205-206.
43 Voir l’illustration de l’amphore et de son timbre dans Grace 1956, pl. XII, no 1 et 5a-b, et son commentaire dans le même article p. 96.
44 Ramon Torres 1995, p. 206 ; voir également Alaimo et alii 2003, p. 4-5.
45 Ramon Torres 1995, p. 215-216.
46 Ramon Torres 1995, p. 215 ; Alaimo et alii 2003, p. 4-5.
47 Morel 1998.
48 Ramon Torres 1995, p. 264.
49 Ramon Torres 1995, p. 47 et 264.
50 Ramon Torres 1995, p. 135 et 264. Ces conserves de viandes sont également évoquées dans Poplin 2005. Pour la description de l’épave et de son contenu, voir principalement Parker 1992, p. 151.
51 L’amphore était remployée avec deux autres individus de type différent dans un comblement, peut-être aménagé comme vide sanitaire, sous un des espaces de travail du cuir. Les amphores provenant des fouilles de la tannerie de Pompéi sont en cours d’étude par mes soins.
52 Pour rappel, les types sont les suivants : 1.3.1.2, 1.4.2.1, 1.4.3.1, 2.1.1.1, 2.1.1.2, 3.1.1.2, 4.2.1.4, 4.2.1.7, 4.2.2.1, 4.2.2.6 et 7.1.2.1.
53 Cuomo di Caprio 1981, p. 9.
54 supra, p. 60.
55 Campos Carrasco et al. 1999, p. 39 et 96. Pour le site de Saltès, près de Huelva, de grandes quantités de coquilles ont été vues près des bassins de salaison par M. Ponsich (Ponsich 1988, p. 215-216). Pour le site d’El Eucaliptal, les fouilleurs ont trouvé des restes abondants de coquilles de buccins, couteaux, amandes de mer et huîtres.
56 Campos Carrasco et al. 1999, p. 96.
57 J’ai évoqué supra, p. 31 et 35 les inscriptions peintes sur les amphores Maña C2. Voir notamment Martin-Kilcher 1999, p. 418-420.
58 Callixène ap. Athénée, V, 208b.
59 Pour le type MGS I, voir Vandermersch 1994, p. 61-65.
60 Pour un résumé de ces résultats, voir notamment Tresserras et Matamala 2004, p. 287, qui reprennent les résultats d’analyses plus anciennes.
61 Ce DEA, mené sous la direction de M. Jean-Yves Empereur, a été soutenu en 2004 à l’Université Lumière - Lyon 2 : Botte 2004. Les principaux résultats de cette première recherche ont été publiés dans : Giorgetti, Gonzalez et Botte 2006, Botte 2007 et Botte 2008.
62 J’ai volontairement exclu de mon propos principal les « Dressel 21-22 » de Belo. La production d’amphores à large embouchure semble être attestée dans cette zone du sud de la péninsule Ibérique mais le profil complet n’est pas encore connu et l’appellation et l’attribution à la forme 21-22 de Dressel me semblent prématurées.
63 Sur la date de l’éruption, voir Stefani et Borgongino 2002 et Stefani 2006.
64 CIL IV, s. v. Vasorum Formae.
65 Panella 1976, p. 151 et note 5.
66 Il s’agit du CIL, IV, 2641-42, portant aujourd’hui le numéro d’inventaire 32100. L’amphore est conservée dans le dépôt des Granai. Clementina Panella l’a autrefois repérée sous le numéro 1109 du dépôt de la Maison du Cithariste. Les amphores des dépôts de Pompéi ont reçu, il y a quelques années, un nouveau numéro d’inventaire et ont été regroupées par type. Je n’ai que rarement pu effectuer de lien entre ces nouveaux numéros et les anciens. De ce fait, retrouver la trace d’une amphore à partir de son ancien numéro d’inventaire est devenu quasiment impossible.
67 CIL IV, pl. II-III.
68 Panella 1976, p. 152.
69 Dressel 1879, p. 164-175.
70 Dressel 1879, p. 194-195.
71 Dressel 1879, pl. VII-VIII.
72 CIL XV, 2, Amphorarum Formae.
73 Holwerda 1936.
74 Lamboglia 1955, fig. 2 et p. 243.
75 Callender 1965, p. 13-14.
76 Zevi 1966, p. 222.
77 Peacock 1986, p. 96-97.
78 Ostia II.
79 Ostia III.
80 Lusuardi Siena 1973, col. 443.
81 Panella 2001, p. 194.
82 Panella 2001, p. 194.
83 Sotomayor 1969, p. 389-399.
84 Dyczek 2001.
85 Dyczek 2001, p. 100-103.
86 Botte 2004.
87 Dressel 1879, p. 167.
88 Dressel 1879, p. 172.
89 Les cadi sont utilisés par exemple pour des conserves de raisins (Pline, XII, 132), de dattes (id., XIII, 48), de prunes (id., XV, 42), de cerises (id., XV, 104). Dans mon DEA, j’en suis arrivé à la conclusion que cadus devait désigner un conteneur de taille intermédiaire entre l’amphore et le dolium. Ce terme pourrait être traduit aujourd’hui par jarron. Cependant, Hélène Cuvigny m’indique que dans les ostraca découverts dans les fortins romains du désert Oriental égyptien, ϰάδος désigne aussi le godet de saqiya, la roue élévatrice d’eau.
90 Radic 1993, p. 117-119 ; également Parker 1992, p. 278. On ne trouve aucune information supplémentaire dans Jurisic 2000, p. 17.
91 CIL XV, 4783-4801.
92 Rigoir 1981, p. 193-194.
93 Pour une présentation de l’atelier en rapport avec sa production de Dressel 21-22, voir Giorgetti, Gonzalez et Botte 2006.
94 Les premiers résultats des fouilles et des opérations de reconnaissance du site ont fait l’objet d’une série d’articles aux approches variées : Giorgetti 2006, Gonzalez Muro 2006, Orofino 2006 et Franzo 2006.
95 IGM F. 248 II SE. Coordonnées UTM : 31622x ; 4210182 y ; WGS84 : 38° 01’243 N – 12° 54’383 E.
96 Mayet 1975, p. 62 et pl. XXIX, no 223-224 ; Ricci 1985, Formes 2/219 et 2/221.
97 Le type semble appartenir à la famille des marmites de l’Antiquité tardive : Olcese 1993, p. 223, fig. 49, forme 139, 141-144. Le type de marmite tournée à bord épaissi, avec un léger creusement et à paroi droite suivie d’une carène basse, peut être confronté aux découvertes de Lucus Augusti, dans le nord-ouest de la péninsule Ibérique. Les marmites qui y ont été mises au jour sont datées du milieu du IIe s. ap. J.-C. à la fin du IVe s., voir Alcorta Irastorza 2001, p. 314, fig. 134, fig. 4 e p. 326, fig. 136, fig. 1-7.
98 Du fait, je ne décris pas ici ces données morphologiques puisqu’elles sont intégrées dans la description du type 1a.
99 Dans l’article Botte à paraître, on trouvera les résultats de l’analyse pétrographique menée par C. Capelli sur plusieurs échantillons de chacun des trois types d’amphores, prélevés sur les sites de Cumes et Pompéi.
100 Les analyses pétrographiques ont été menées par C. Capelli. Voir les premiers résultats dans Capelli et Piazza 2006.
101 Flysch : il s’agit d’un type de formation constitué par une répétition monotone de séquences d’épaisseur métrique à décamétriques débutant à la base par des termes à gros grain et se terminant au sommet par des niveaux à grain fin. Typiquement un flysch est constitué par une alternance de bancs de grès (à base très nette) passant vers le haut à des schistes argileux.
102 Il faut écarter le timbre que A. Toniolo a recensé sur un cadus mais qui n’appartient pas à la forme Dressel 21-22, puisqu’il s’agit plus vraisemblablement d’une Dressel 12 : Toniolo 1993, p. 156 et p. 194-195.
103 CIL XV, 4787-4793, 4795-4796, 4800-4801.
104 Voir figure 4-07.
105 Martin-Kilcher 2002, p. 344-346.
106 Étienne et Mayet 2002, p. 212.
107 Dressel 1879, p. 172.
108 J’ai évoqué dans le chapitre 2 les auteurs anciens désignant le cetus comme le thon quand il atteint sa taille maximale.
109 Information T. Bezeczky que je remercie.
110 Voir dans Liou et Gassend 1990, p. 201-204 les tableaux regroupant toutes les inscriptions α et γ connues, en 1990, sur Dressel 20.
111 Martin-Kilcher 2002, p. 345.
112 Étienne et Mayet 2002, p. 214.
113 Pour cela, voir notamment Solin et Salomies 1988, Schulze 1966 et Kajanto 1965.
114 Martin-Kilcher 2002, p. 345.
115 Martin-Kilcher 2002, p. 345-346.
116 Étienne et Mayet 2002, p. 213-214.
117 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL XV, 4787-4791, 4793 ; CIL IV, 5841 ; d’une amphore inédite de Pompéi (no inv. 43091) et de Giordano et Casale 1991 : no 383.
118 Botte 2007. Voir par exemple Isler 1981, Lo Cascio 1990, Belvedere 1993, Denaro 1995, Hedinger 1999.
119 Denaro 1995, p. 199 ; Alaimo et alii, 1997, p. 46-49.
120 Voir le mobilier présenté avec chaque atelier de salaison dans le chapitre 3.
121 Hesnard 1980, p. 150.
122 Hesnard 1980, p. 141.
123 Desbat 1986, p. 67.
124 Volpe 1985, p. 75-76 et pl. 20.12.
125 Giordano et Kahn 2001, p. 44.
126 CIL IV, 6381, 6452, 6497, 6529.
127 Lo Cascio 1990, et plus particulièrement p. 35-38 pour les fragments d’amphores qui nous concernent.
128 Voir Lo Cascio 1990, p. 36-38 no 1, 2, 4 ; Purpura 1982, p. 53 et fig. 12 no 17-19 ; Purpura 1993, p. 169 fig. 10.
129 Voir des exemples de ces possibilités de lecture dans les volumes de la collection Recueil de timbres sur amphores romaines.
130 Thermes du Nageur : Ostia IV, p. 123 et fig. 265 de la pl. XXXVII.
131 Exemplaires no 31816, 43199, et peut-être le 32100, mais le col de l’amphore est cassé au niveau de la ligne A de l’inscription.
132 Giordano et Casale 1991, no 383.
133 Bragantini 1991, p. 96.
134 CIL XV, 4786.
135 Il y a aussi un exemplaire découvert dans l’officine à garum (I, 12, 8) : no 384 à 387 de Giordano et Casale 1991, p. 348.
136 Maiuri 1929, fig. 37 p. 237-238.
137 Finkielstejn 2006, amphore A. 23 p. 174 et pl. 6-2 p. 181.
138 Dumont 1977, n. 41 p. 103.
139 Alciphron, III, 4 ; et Callistrate ap. Suidas, s. v. σελάχιον. Alciphron a composé son œuvre à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle de notre ère. Quant au texte du lexicographe Suidas, daté du Xe siècle, on ne peut déterminer avec précision la période durant laquelle le Callistrate qu’il cite a écrit.
140 Les attestations les plus anciennes de ce terme datent du IIe siècle : voir Cuvigny et alii 2003, p. 571-572.
141 Varron, SM, 312 ; et LL, VII, 47. Et voir Perse, V, 134.
142 Martial, III, 60. Voir sparos dans D’Arcy Thompson 1947, p. 248 et Saint Denis 1947, p. 107.
143 Columelle, RR, VIII, 16, 19.
144 Voir notamment Pline, IX, 48 (« membratim caesi ceruise et abdomine commendatur ») ; Lucilius, ap. Aulu-Gelle, X, 20, 4 (« Abdomina thynni Aduenientibus priua dabo, cephalaeaque, acarnae »).
145 CIL XV, 4782.
146 Pour uraeum, voir Varron, LL, V, 77.
147 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 5841 ; CIL XV, 4786 ; Giordano et Casale 1991, no 383 ; et celle du Palazzo Corigliano à Naples.
148 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 2641-2642 ; CIL XV, 4792 ; Giordano et Casale 1991, no 384-387.
149 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 2677, 5903 ; CIL XV, 4795, 4796 et 4801 ; et une amphore inédite de Pompéi portant le numéro d’inventaire 25434.
150 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 5938, 9379 ; CIL XV, 4798 ; d’une amphore inédite de Pompéi portant le numéro d’inventaire 27074, ainsi que d’un exemplaire mis au jour à Colchester (Symonds et Wade 1999, fig. 3.2 no 38).
151 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 5764, 5765 ; CIL XV, 4785 ; et une amphore inédite de l’Officine à garum de Pompéi qui ne porte pas de numéro d’inventaire. L’inscription 5764 du CIL IV est classée comme appartenant à une amphore du type Schoene-Mau XIV, mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une forme IV. Il doit s’agir d’une simple erreur de copie dans la retranscription des cahiers d’inventaires.
152 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions du CIL IV 2675 ; et Giordano et Casale 1991, no 378, 381, 382, 391-392.
153 LXXVI est la seule valeur qui nous est parvenue avec ce type d’inscription : CIL XV, 4798.
154 Pour Successus, nous avons ainsi plus de 850 occurrences : Kajanto 1965, p. 356.
155 Je suis ici la démonstration d’A. Tchernia (2007, p. 60).
156 Malheureusement, dans la relation de fouille, M. Della Corte (NSA 1913, p. 192 no 19) ne précise pas le type de l’amphore, ce qui aurait pu permettre une comparaison. Ce type d’erreur de transcription est attesté sur d’autres exemplaires pompéiens : ainsi une amphore est classée sous le type XIV de la typologie de R. Schoene une première fois (CIL IV, 2588), équivalent à une Dressel 12, et comme une forme IV la seconde (CIL IV, 5716), à savoir une Dressel 21-22. Dans l’étude que nous menons avec Marie-Brigitte Carre des amphores de l’îlot I, 8 de Pompéi, nous avons pu relever d’autres erreurs de copie ou de retranscription entre les journaux de fouille, les cahiers d’inventaire, les Notizie degli Scavi et le CIL, ce qui témoigne que le phénomène n’était pas rare.
157 CIL IV, 5611-5621, 5630, 10284. Il faut également y ajouter les exemplaires no 376-377 de Giordano et Casale 1991, qui les ont identifiés comme des cols de forme Schoene IV, mais l’inscription peinte en noir qu’elles portent et qu’ils n’ont pas déchiffrée : Lymp Vet, ne laisse pas de place au doute.
158 Les numéros 5764 et 5765 du CIL IV. La première a été classée comme une forme Schoene XIV mais, une fois encore, il doit s’agir d’une erreur survenue lors de la retranscription des journaux de fouille.
159 Pour M. V. Felix : CIL IV, 5652, 9372, 9378, 9609, 10733, auxquels il faut ajouter un autre exemplaire pompéien (Giordano et Casale 1991, no 354), puis un de Fos-sur-Mer (Liou et Marichal 1978, no 30 p. 137-139). Pour M. V. Helias : CIL IV, 5622-5624, et 9377. Enfin, pour Euphemius, un doute subsiste sur la lecture. B. Liou voyait Eupli sur une amphore Dressel 14 du Pecio Gandolfo (Liou et Rodriguez Almeida 2000, no 2, p. 14-16), mais on est tenté de la rapprocher d’une amphore de Pompéi publiée par D. Manacorda (1977, p. 130 et pl. LVII no 22) portant l’inscription M. Valeri Euphemi. L’amphore n’a pas été identifiée mais il s’agit sans aucun doute d’une Haltern 70. Enfin, on peut également y voir le même personnage sur une Dressel 20 découverte à Pompéi (CIL IV, 9611 et non pas 3911 à laquelle renvoient Étienne et Mayet 2004, p. 165). Della Corte avait lu M. Valeri Euphileti, mais Euphemi paraît envisageable (Manacorda, 1977, p. 130).
160 Ainsi Silvanus a plus de 400 occurrences comme cognomen : Kajanto 1965, p. 216.
161 Sangineto 1989, p. 841-843.
162 Voir Botte à paraître.
163 Sangineto, à deux reprises (2001, p. 212-214 ; 2006, p. 314) écrit que ces amphores, comme celles de Lipari (Richborough 527), ont pu transporter du garum, mais ne fournit aucune explication à son commentaire. D’autre part, il attribue également aux amphores Dressel 21-22 le transport de la poix du Bruttium. J’avais déjà écarté cette idée dans mon DEA et suite à de récentes découvertes, il est inutile de s’y attarder ici. Le transport de la poix du Bruttium était effectué au Haut-Empire dans des conteneurs sans anses et au profil particulier, et un article règle définitivement la question de l’identification de ces kadoi (Cavassa 2008).
164 Van Der Werff 1986, p. 97, et p. 114 fig. III. 8 no 55.
165 Id., p. 117.
166 Bonifay 2004, p. 105.
167 Chiaramonte Trere 1973, p. 723 et pl. 214 no 17.
168 Lusuardi Siena 1977, p. 260 et pl. 147 no 9 et 15, avec des erreurs d’orientation du tesson.
169 Lusuardi Siena 1977, p. 260 A. a) CM 8644.
170 Information Jean Piton. Pour une illustration de ces contextes, voir notamment Long, Piton et Djaoui 2006.
171 Dell’Amico 1997, p. 126. Pour une étude plus récente et développée des amphores présentes dans l’épave : Auriemma 2000.
172 Voir le dessin et la photo de l’amphore dans Auriemma 2000, fig. 11 p. 40. Les amphores que transportait le navire sont des Africaine IA, Tripolitaine 1, Knossos A/53 et des petites amphores de production locale (Adriatique septentrionale). Les Africaine IA et les Knossos A/53 transportaient des sardines, les Tripolitaine 1 des maquereaux, tandis que les amphores locales contenaient du garum.
173 Voir Finkielstejn 2006, p. 173-174 et no A23 p. 181.
174 Sont présentées sur la figure 4-32 des formes de conteneur que Tamas Bezeczky classe en éléments indéterminés (Bezeczky 2001, p. 129 Taf. 7) mais il considère l’une de ces formes portant un timbre comme appartenant à une Dressel 21-22 (Bezeczky non publié). Pour le timbre voir la figure 4-33. Le profil de ces formes est proche de celui du type 3 mais leur appartenance à ce groupe n’est pas certaine.
175 Bezeczky 2001, p. 11, 124-125.
176 Bezeczky 2001, p. 13 et id. 2004, p. 86.
177 RTAR II, no 782 et 794. À noter que dans le premier cas le timbre est attribué à une Dressel 2-4 apulienne et dans le second à une amphore du même type mais du nord de l’Adriatique.
178 Toutes les mentions sont réunies dans Bezeczky 2001, p. 13 notes 20 à 23. Voir également Tchernia 1986, p. 117-118, notes 233-234.
179 Cette datation est extraite de l’édition d’A. Boulanger du texte de Cicéron : Rab. Post., à la CUF, en 1961.
180 Isler 1981, p. 25 fig. 29 a et b p. 26.
181 Tortorici 2002, p. 306 et fig. 39,1 p. 309.
182 Pour l’exemplaire complet, conservé dans le dépôt des Granai : no inv. 38597. Le fragment de col a été découvert par A. Maiuri dans ses sondages sur les fortifications de la cité vésuvienne : Maiuri 1929, fig. 36 p. 235-236.
183 Martin-Kilcher 1993, p. 310 fig. 25 no 76.
184 CIL IX, 6078-56 (San Benedetto) et 57 (Aeclanum et Boccabianca). CIL XI, 06689, 071 a-c (respectivement Casalecchio, Bellaria et Rimini).
185 Decvrionibvs / et familiae / Panni Rvssei / C. Ceioni. Maxim / Qvaestore / Yperego / in fr. P. XXII / in agr. P. XX. Je remercie N. Laubry pour son aide dans la lecture de cette inscription.
186 Le fragment a été découvert dans le comblement d’un lit funéraire appartenant à un mausolée d’époque romaine, fouillé par le Centre Jean Bérard. L’analyse de ce tesson par C. Capelli a confirmé son origine campanienne : voir Botte à paraître.
187 Strabon, tome III, livres V et VI, p. 3 de la notice rédigée par F. Lasserre.
188 Traduction de F. Lasserre dans l’édition de la CUF.
189 Columelle, RR, X, 130 ; Pline l’Ancien, XIX, 140.
190 Pline l’Ancien, XIV, 64.
191 Pline l’Ancien, XIX, 10-11.
192 Voir André 1956, p. 196-199 ; et André 1981, p. 79-81. Sous le terme mala se cachent en effet le cédrat (malum Assyrium ou malum Medicum), la pêche (malum Persicum), l’abricot (malum praecox) ou encore le coing (malum Muluianum).
193 Le tesson est mentionné plus haut, voir la fig. 4-36.
194 Aristote, HA, I, 6 et ap. Athénée, VII, 318e. De même Athénée, VII, 318f.
195 Élien, NA, IX, 49 ; Oppien, Hal., I, 371 ; Suidas, s. v. ϰῆτος.
196 Pour A. Zucker, la μάλθη (malthé) est un squale, parfois identifié avec le poisson-scie (note 73, p. 295). Voir aussi Zucker 2005, s. v. ϰῆτος, p. 101-104.
197 CIL XV, 4806.
198 Liou 1992, p. 90-91 et pl. 5-6.
199 Suite au développement de port en port(ensis) ou port(uensis) qui pourrait désigner de manière générique cette zone géographique. On connaît par ailleurs d’autres inscriptions dans lesquelles le terme port() est suivi de noms de cités : Portus Malacitanus (Malaga), Portus Gaditanus (Cadix), Portus Lixos (Lixus) ou encore Tingis (Tanger). Pour ces exemples et l’explication du terme port(), voir Liou 1987, p. 66-69 et Liou et Rodriguez Almeida 2000, p. 12-13.
200 Cotton et Geiger 1989, no 825 p. 165-166 et pl. 23.
201 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 5542, 5543, 5547, 5553 et 10308 ; et l’inscription sur un fragment de col mis au jour à Cumes (Botte à paraître).
202 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 5548, 5550 et 5552 ; CIL XV, 4783 et 4784 ; de Pompéi, les inscriptions inédites no 15451, 25430, 33124 et 57979 ; enfin l’inscription de Massada (Cotton et Geiger 1989, no 822 p. 163-164 et pl. 23).
203 Sont regroupées dans cette colonne les inscriptions CIL IV, 6914 ; et d’une amphore inédite de Pompéi, no 26115.
204 Seule l’amphore CIL IV, 5544 porte ce type d’inscription.
205 Seule l’amphore CIL IV, 5545 porte ce type d’inscription.
206 Seule l’amphore CIL IV, 5656 porte ce type d’inscription.
207 Seule l’amphore no 5551 provenant de Pompéi porte ce type d’inscription.
208 Kajanto 1965, p. 296, donne plus de 500 occurrences.
209 Solin et Salomies 1988.
210 Le tesson est publié par C. Tiussi dans Maselli Scotti et al. 2004, p. 99-101 et tav. VII no 79.
211 Notamment pour l’inscription CIL XV, 4783, où les deux lignes, peintes par une main différente, ne sont pas exploitables.
212 On trouvera les carrières de L. Volusius Saturninus père et fils dans RE, Suppl. IX, 1962, col. 1857-1858 ainsi que dans Der Neue Pauly Enzyklopädie der Antike, vol. 12/2, 2003, col. 323-324.
213 Cotton et Geiger 1989, p. 163.
214 Hesnard 1980, p. 150.
215 Hesnard 1980, p. 141.
216 Parker 1992, p. 278.
217 Pour Mljet : Radic 1993, p. 118 Abb. 4 no 4 ; Catane : Tortorici 2002, p. 309, fig. 39 no 1 ; Monte Iato : Isler 1981, p. 26 fig. 29b ; Blanda Julia : Sangineto 2006, p. 314 et pl. LXXXI ; Cumes : voir Botte à paraître ; Luni : Lusuardi Siena 1977, pl. 147 no 8 ; Zaragosse : Beltran 1970, p. 512 fig. 205 no 1 ; Colchester : Symonds et Wade, 1999, no 38 de la fig. 3.2. p. 142 et la notice p. 138.
218 Cotton et Geiger 1989, p. 163-166.
219 Fragment de bord provenant du chantier Diana : no DIA. 97.4451.1. Le tesson a conservé son inscription de la ligne G : XXIX. Je remercie chaleureusement K. Senol de m’avoir signalé ce fragment.
220 Bezeczky 2001, p. 11 et p. 124-125.
221 Ainsi, et à titre d’exemple, les inscriptions no 217 à 219 du catalogue de Giordano et Casale 1991, peintes en blanc : Sur/ Clodian/ M. Sem. Quiet qui fait peut-être référence à du Sur(rentinum), vin de Sorrente.
222 Les noms réunis dans ce tableau proviennent des inscriptions suivantes : CIL IV, 2657, 2662, 5739, 5775, 5823, 5871, 5892, 6074, 6381, 6452, 6497, 6529 ; CIL XV, 4794, 4797, 4799 ; et de Giordano et Casale 1991, no 380, 388, 390 et 393. J’ai délibérément exclu de la catégorie des amphores Schoene-Mau IV l’exemplaire no 2588 (= 5716) du CIL IV faisant référence à du liquamen flos transporté par C. Corneli. Hermerotis. Dans la première version (no 2588), l’amphore est classée sous le type XIV de la typologie de R. Schoene, équivalent à une Dressel 12, et l’erreur s’est glissée dans la seconde version (no 5716) où elle est désignée comme une forme IV, à savoir une Dressel 21-22.
223 Voir Ramon Torres 1995, p. 226-227, et les illustrations p. 455 et 557. Rappelons que ce type d’amphore avait déjà fait l’objet d’un article de la part d’E. Sanmarti (Sanmarti 1985), mais à ce moment là les timbres évoqués ici n’étaient pas encore connus et Sanmarti avait proposé de voir l’huile hispanique comme contenu de ces amphores.
224 Il s’agit des timbres no 826, 828 et 829 : Ramon Torres 1995, fig. 223 p. 586.
225 Étienne et Mayet 2002, p. 120.
226 Domergue 1973, p. 112-114.
227 Marichal 1978, p. 534-542.
228 Dans Colls et alii 1977, p. 79 no 42.
229 Laubenheimer et alii 1993, p. 248-249.
230 Laubenheimer 2004a, p. 286.
231 Voici les résultats obtenus avec deux exemples complets provenant de Pompéi : l’amphore no 25430 a un volume de contenance d’environ 16 litres, alors que le contenu pèse d’après l’inscription LX livres (19,62 kg). De même, l’amphore no 25434 a un volume de 19,65 litres et l’inscription est de LXXI livres (23,217 kg).
232 Martin-Kilcher 1994, p. 420-421.
233 Étienne et Mayet 2002, p. 212.
234 À propos de ces conteneurs, voir également Curtis 1991, p. 91-96.
235 Liou et Marichal 1978, p. 165.
236 Tchernia et Zevi 1972, p. 40.
237 Étienne et Mayet 1991, voir les tableaux aux p. 188-191. On ne peut en revanche utiliser l’annexe II de la thèse de Curtis, qui recense toutes les appellations que l’on trouve dans les inscriptions peintes, mais qui ne sont pas classées par type de conteneur et qui sont de ce fait inexploitables : Curtis 1991, appendix II, p. 195-196.
238 Étienne et Mayet 1991, p. 193.
239 Étienne et Mayet 1991, spécialement p. 193-194.
240 Gar. cast. = CIL IV, 2569, 5660-5662 ; mur. cast. = CIL IV, 2609 et 10335.
241 Pline, HN, XXXI, 95. La traduction du passage est de G. Serbat, également auteur de la note sur le problème « […] piscibus squama <non> carentibus. » En effet, G. Serbat a ajouté le « non » car on ne sait pas d’où vient l’erreur : oubli ou faute de Pline ou erreur dans la copie du manuscrit ? Voir la note 3 p. 165 dans l’édition du livre XXXI à la CUF de 1972. Dans son article Pliny’s Garum Castimoniarum, T. Corcoran considère qu’il s’agît d’une erreur de Pline (Corcoran 1958).
242 Giordano et Kahn 2001.
243 Deutéronome, 14, 10 ; Lévitique XI, 9-12.
244 À propos du pissalat, voir le catalogue de l’exposition Garum & pissalat, p. 60-63, et la description faite dans le chapitre 1.
245 Voir notamment dans le CIL IV, les no 9408 à 9409. Il est très probable que les trois individus, une amphore et deux ollae portent la même inscription : Hallex / optima / Coinia ou Cotiana ? La lecture du nom est délicate, mais on le retrouve sur les trois exemplaires, preuve de leur origine commune. Enfin, l’hallex provient certainement des ateliers de Scaurus car l’olla 9410 porte en plus l’inscription ab Scauro.
246 CIL IV, 5738.
247 Liou et Marichal 1978, p. 165-167. Comme ces derniers l’avaient déjà remarqué (p. 167 note 130) on ne peut pas prendre en compte l’individu de Rome (CIL XV, 4686) cité par Tenney Frank (1927, p. 259) qui est une amphore portant l’inscription gar(um) pompeian(um) et que l’auteur lie à Aulus Umbricius Scaurus sans que l’on possède la preuve de ce lien.
248 Pour le type Agora M 254, voir Robinson 1959, p. 108 et pl. 28. Ces amphores ont également été rapprochées d’amphores découvertes à Ostie, et connues sous différentes appellations telles que Ostia I, 453-454 (forme B) et 456 (forme D) ; Ostia II, 522 (forme B) et 523-524 (forme C/D) ; Ostia IV, 276 ; ou encore Benghazi Mid Roman 1. Ces amphores ont peut-être été produites également en Afrique du Nord, mais les ateliers ne sont à l’heure actuelle pas connus : Capelli et Bonifay 2007, p. 554. Elles sont représentées sur la mosaïque des échansons de Dougga, mais il peut s’agir d’amphores de vin de prix, importé de Sicile (Brun 2003, p. 25 et fig. 7).
249 Un plan des fours de Naxos est publié dans Wilson 1990, p. 263, mais la forme Agora M254 n’avait pas encore été reconnue. En 1999, Freed et Wilson ont rapproché la production naxienne de la forme Ostia III, 464 et Mid-roman Amphora 1 de Benghazi (Freed et Wilson 1999). L’identification de la forme Agora M254 avec la production de Naxos ne fait pas l’unanimité chez les chercheurs car le type n’est pas en tout point identique avec le conteneur publié par Robinson. Voir également la bonne synthèse de G. Rizzo 2003, p. 157-158, et fig. 17.
250 Pour des analyses récentes, voir Menchelli et alii, 2007, p. 316-317.
251 Dans la zone H du site : Wilson 2000, p. 361-363.
252 À propos des Keay LII, voir notamment Pacetti 1998 et la bibliographie qu’il cite. Voir également Panella 2001, p. 196.
253 Pour les ateliers connus : Pellaro, San Lazzaro dans la province de Reggio : Andronico 1991 ; Gasperetti et Di Giovanni 1991. Pour les analyses : Capelli 1998.
254 Voir notamment Marlière 2002, p. 174-176 et fig. 211-212. Je ne reviens pas ici sur l’origine géographique du tonneau qui est généralement considéré comme une invention celtique, malgré l’idée d’une origine étrusque proposée par A. Desbat (pour l’origine celtique : Tchernia 1986, p. 285 ; Baratta 1994 ; Baratta 1997 ; Tchernia 1997, p. 122-123. Pour l’origine étrusque : Desbat 1997, p. 118, critiquée par E. Marlière, qui retient l’origine celtique : Marlière 2002, p. 170-174). Récemment, une origine rhétique a été proposée par M. Gagneux-Granade (Gagneux-Granade 2003).
255 Sciallano 1992, p. 18 ; Sciallano 1993, p. 13. C’est le tonneau T101 dans le catalogue d’E. Marlière 2002, p. 60-61. L’analyse des restes ichtyofauniques a été menée par J. et N. Desse (Desse-Berset et Desse 2000, p. 82-84).
256 Billiard 1913, note 8 p. 481 et fig. 170. Ce tonneau n’apparaît pas dans le catalogue de Marlière 2002.
257 Grégoire de Tours, VII, 37. En revanche, Ditchfield 2007, p. 125, écrit à propos de cupa : « Selon Grégoire de Tours, le récipient (cupa) était destiné à contenir le poisson. » En note, il renvoie à Pfister 1998, p. 1134. En fait, Ditchfield a commis une erreur de traduction. Il est écrit par Pfister (p. 1134) que « […] Gregorio di Tours conosce botti per il grasso (orca), per l’olio (cupella), per la pece (cupa). » P. Ditchfield a donc lu « il pesce » au lieu de « la pece », transformant la poix en poisson.
258 Ditchfield 2007, p. 316 note 920. Voir Unger 1980, p. 51-52 et Lane 1974, p. 278.
259 Marlière 2002, p. 184.
260 Voir la fig. 212 de Marlière 2002, p. 176.
261 Voir à ce propos l’excellent article d’E Marlière et J. Torres Costa qui font le même constat pour l’Afrique romaine : Marlière et Torres Costa 2007.
262 Dig., XXXIII, 7, 12, 1.
263 Marlière 2002, p. 89-99. Voir aussi Desbat 1997, p. 113-114 et fig. 5 p. 115.
264 Marlière 2002, p. 96 et fig. 94-97.
265 Bresc 1986, p. 255. Je remercie Sylvie Coubray pour les renseignements qu’elle m’a fournis sur les essences présentes en Italie et en Sicile durant l’Antiquité.
266 Ditchfield 2007, p. 315-320.
267 Bresc 1986, p. 269, ainsi que p. 568-572 et les tableaux no 147 à 150.
268 Bresc 1986, p. 511. Les artisans tonneliers et leurs tonneaux arrivent de Tramonti, près d’Amalfi, et entrent en concurrence directe avec les tonneliers messinois.
269 Tchernia 1986, p. 292 et pour les pourcentages sur l’arrivée des amphores à Ostie : voir le schéma p. 293. On pourrait s’opposer à mon hypothèse en soulignant que sur le même schéma, on peut observer que la présence d’amphores destinées au commerce de productions halieutiques repart à la hausse à partir du règne des Sévères, et il s’agit sans nul doute des amphores de Lusitanie (amphores Almagro 50, 51 A-B et C). Mais ces dernières, au vu de leur étroite embouchure, ont sans nul doute contenu des sauces de poissons plutôt que des salaisons. Il nous manque alors les conteneurs pour ces dernières puisque la production des Beltràn II cesse au IIe siècle, et il n’a donc pu s’agir que du tonneau.
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