L’encadrement chronologique et les formes de la présence égéenne en Italie1
p. 9-20
Texte intégral
1L’étude des relations entre les civilisations égéennes et l’Italie protohistorique figure parmi les secteurs de la recherche historique et archéologique qui ont vu le plus leur documentation s’accroître et leurs systèmes d’interprétation être remis en question au cours des dix dernières années.
2Cette situation est due. non seulement à de nouvelles trouvailles qui ont élargi le champ de nos connaissances et qui ont, par voie de conséquence, imposé un réexamen du problème, mais encore, et dans une plus large mesure peut-être, à l’attention croissante que portent les spécialistes des civilisations protohistoriques (de l’Egée comme du reste de la Méditerranée) aux problèmes liés aux échanges sur de longues distances, et à l’élaboration de modèles théoriques susceptibles de rendre compte des effets que ceux-ci ont eus sur les populations concernées.
3De la sorte, la notion de l’importance des échanges avec l’Occident est devenue finalement l’une de ces données de fait dont on doit tenir compte dans l’étude même de la civilisation mycénienne2.
4En fait, les progrès de la documentation et ceux de l’interprétation ont été simultanés. Il en a résulté une nécessité constante d’« aggiornamento », la réalisation de synthèses partielles qui présentent toujours le caractère d’un « work in progress » et qui, bien souvent, ont été rédigées à l’intention de spécialistes de domaines voisins - en particulier d’historiens et d’archéologues dont les intérêts vont aux problèmes de la colonisation et qui sont, par suite, désireux de se mettre à jour sur les contacts antérieurs.
5Toutefois, deux rencontres récentes qui ont été l’occasion de réflexion générale et de synthèse partielle, ont été provoquées par le groupe même qui opère dans ce secteur. Je fais allusion au XXIIème Congrès sur la Grande Grèce (Tarente, 1982) consacré au thème « la Grande Grèce et le monde mycénien », et au Congrès sur les « Trafics mycéniens en Méditerranée. Problématique historique et documentation archéologique » (Palerme, 1984). Le premier de ces colloques a permis de recenser et de discuter les nouvelles données disponibles peu après le début de fouilles d’une grande importance comme Vivara, Termitito, Broglio di Trebisacce et Antigori; le second, d’examiner la documentation apparue depuis lors, et de confronter la situation des trafics mycéniens avec l’Orient et avec l’Occident3.
6On lira donc les pages qui suivent en gardant présentes à l’esprit les limitations qui viennent d’être évoquées, et en sachant qu’elles seront rapidement dépassées par de nouvelles données et des interprétations plus élaborées. Cette intervention, même si elle cherche à fournir quelques informations sur les principales nouveautés et sur quelques points de méthode, reste essentiellement circonscrite à la côte ionienne méridionale qui revêt une plus grande importance pour les thèmes qui sont abordés au cours de ce colloque.
7Je me référerai surtout à la documentation archéologique, en tentant de montrer ce qu’on peut aujourd’hui tirer de la connaissance de la culture matérielle. Je n’essaierai même pas, pour le moment, d’intégrer ces données avec celles des sources littéraires (tout en reconnaissant que la recherche historique a grandement stimulé l’intérêt qu’on porte à ces problématiques).
8L’apport spécifique des méthodologies archéologiques à ce secteur particulier d’études a été l’établissement d’une chronologie relativement fine, alors que les sources écrites ne fournissent que des éléments de datation plutôt vagues.
9Celles-ci en effet, à quelques exceptions près, peuvent être substantiellement divisées en deux groupes, selon qu’elles se réfèrent à des événements antérieurs ou postérieurs à la guerre de Troie4.
10Le matériel archéologique, par contre, permet d’établir une chronologie relative à l’intérieur d’un même site, entre plusieurs sites de la même région et souvent aussi entre diverses régions. Il fournit ainsi, non seulement une vision diachronique de l’ensemble des relations Egée-Italie, mais donne également la possibilité de mettre en rapport les diverses zones de la Méditerranée Centrale. Et ceci permet également de proposer une chronologie absolue pour les cultures italiennes de l’Âge du Bronze, avec certes une marge d’approximation, mais bien moindre de celle qu’on obtiendrait si on faisait recours à d’autres méthodologies5.
11Un autre résultat de la recherche archéologique des dix dernières années a été d’arriver à distinguer les diverses zones de provenance du matériel trouvé en Occident, et à reconnaître, de manière toujours plus nette, les productions locales des céramiques de type égéen. Cet aspect de la recherche en est encore à sa phase initiale; elle doit beaucoup aux résultats qu’obtiennent les analyses physico-chimiques des matériaux céramiques6.
12On commencera par mentionner brièvement quelques données que l’on peut considérer aujourd’hui comme acquises, et qui permettent de mieux comprendre les découvertes de ces dix dernières années.
13Les relations entre la zone égéenne et l’Italie pourraient avoir commencé à une époque très ancienne, vers la fin du troisième millénaire, comme sembleraient l’indiquer quelques ressemblances remarquables entre des aspects spécifiques de la culture matérielle de la fin de l’Âge du Bronze Ancien et Moyen en Grèce et dans certaines zones de l’Italie7. Ces ressemblances, cependant, se présentent sous forme d’“influences” et d’“analogies” sans doute imputables à des déplacements de population dont il est difficile de cerner les raisons, à cause de notre manque de connaissances relatives à l’organisation socio-économique des populations helladiques de cette période. Ce phénomène nous semble, pour le moment, avoir été “à sens unique”, de l’Est vers l’Ouest; les facteurs d’échange n’y semblent pas jouer un rôle déterminant.
14Avec la formation de la civilisation mycénienne dans la péninsule grecque et en particulier pendant la phase du passage entre l’helladique moyen et le mycénien – la phase dite des tombes à fosse, datable vers 1600-1550 – on assiste à un infléchissement significatif des intérêts égéens qui se tournent désormais, de manière continue et systématique, vers la Méditerranée Centrale.
15On n’entrera pas ici dans l’analyse des causes fondamentales de l’émergence d’une société complexe dans la Grèce péninsulaire, alors que celle-ci avait connu, jusque là, un développement moins rapide que celui de la Crète et des Cyclades. On soulignera toutefois, dès l’abord, que cette période, qui est celle de la constitution de la civilisation mycénienne, coïncide approximativement avec les premiers témoignages archéologiques d’importations égéennes en Occident8.
16Les données dont on dispose sur les échanges à l’intérieur de la Mer Egée à cette époque montrent que la Crète, où s’épanouit la culture des “seconds palais”, est un centre privilégié de relations à longue distance avec les zones qui bordent la Méditerranée Orientale. C’est probablement grâce à ces échanges que les centres crétois ont accès à des matières premières statégiques de provenance orientale, et en premier lieu, aux métaux9. Il est donc vraisemblable de penser que les citadelles mycéniennes, ces nouvelles entités politiques et économiques de la Grèce péninsulaire, ont cherché ailleurs d’autres sources d’approvisionnement, en particulier en Méditerranée centro-occidentale.
17C’est donc dans ce contexte “politico-économique” qu’il convient d’apprécier la signification des premières importations mycéniennes vers l’Occident. Dans cette phase, celles-ci sont constituées presque exclusivement de céramiques concentrées dans la Tyrrhénienne méridionale, en particulier dans les îles Eoliennes et les îles Phlégréennes; elles témoignent concrètement de l’existence de relations systématiques et apparemment continues entre les populations locales et celles de la Mer Egée.
18La rareté des témoignages datables de cette période le long des côtes de l’Italie du Sud pourrait être imputable aux lacunes de nos connaissances: il est fréquent que des vides apparents dans la distribution de matériaux importés aient été ensuite comblés par des recherches spécifiques. Toutefois, on ne passera pas sous silence une autre possibilité: que la faible quantité des importations sporadiquement présentes le long des côtes de l’Italie du Sud, en face de la richesse de notre documentation dans les îles de la Mer Tyrrhénienne méridionale, résulte de la différence de nature des rapports qu’établissaient avec l’une et l’autre zone les navigateurs égéens.
19On ne doit pas oublier en effet que l’une des caractéristiques fondamentales de la civilisation mycénienne a été sa projection outre-mer, vers l’Orient et vers l’Occident, et cela, très probablement dans le but de trouver des ressources difficilement disponibles sur son propre territoire. À partir de ce principe d’interprétation, on peut imaginer qu’aient été choisies de préférence comme destinations, des zones qui, de par leurs caractéristiques géographiques et culturelles étaient des zones d’échanges et des relais vers des régions plus éloignées.
20Les archipels de la Mer Tyrrhénienne méridionale, en particulier l’archipel Éolien, ont été, dès le néolithique, des points de repère pour la navigation sur courtes et moyennes distances comme le montre la large distribution de l’obsidienne de Lipari. D’autre part le mouillage dans des îles et les contacts avec leurs populations présentent en général moins de dangers et de surprises que l’abord de zones pourvues d’un arrière-pays vaste et inconnu.
21Les îles Éoliennes, comme l’archipel Phlé-gréen, même s’ils ne possédaient pas eux-mêmes des gisements métallifères, étaient en mesure de se procurer du cuivre ailleurs, comme le prouvent des restes d’opérations de fusion réalisées sur place et qui sont au moins contemporaines des contacts avec l’Égée10.
22On a donc supposé que la fréquentation des mers occidentales par les populations de la Grèce péninsulaire, au moment de la formation de la civilisation mycénienne – le long, d’ailleurs, de routes maritimes déjà connues des populations helladiques depuis le Bronze Ancien – est à mettre en relation avec la nécessité de trouver des sources de matières premières différentes de celles qu’exploitaient les Crétois.
23Après avoir, en préambule, essayé de présenter la situation antérieure et de formuler quelques hypothèses sur ses causes, nous pouvons rappeler brièvement que, pour des raisons de commodité, l’immense période d’environ cinq siècles au cours de laquelle les circuits d’échanges entre la Mer Égée et l’Italie sont restés en activité, peut être divisée en trois phases qui embrassent respectivement les xvie et xve siècles (HR I-II), les xive et xiiie siècles (HR III A-B) et le xiie et la première moitié du xie siècles environ (HR III C)11.
24Dans ce cadre chronologique, nous pouvons étudier la documentation sous divers angles d’approche en essayant toutefois de ne pas oublier, d’un côté la diachronie et, de l’autre, les spécificités régionales.
25Comme nous l’avons déjà souligné, la documentation de la première phase est concentrée en Mer Tyrrhénienne méridionale avec quelques attestations sporadiques le long des côtes de l’Italie méridionale, depuis Molinella sur le Gargano jusqu’à Porto Perone, un peu au Sud de Tarente, et jusqu’à la toute récente découverte de Capo Piccolo près de Crotone12.
26Ces sites semblent constituer de petites escales sur la route qui mène à la Mer Tyrrhénienne et répondent peut-être davantage au besoin de s’approvisionner en eau et en nourriture (ou de s’arrêter pour la nuit) qu’à la nécessité intrinsèque d’établir des rapports d’échanges avec les communautés locales.
27Je passe rapidement sur la documentation Éolienne13 qui est bien connue, pour mentionner les découvertes de l’île de Vivara, dans le Golfe de Naples, qu’on prendra comme exemple de la première phase.
28Il s’agit d’une petite île aujourd’hui détachée de Procida, sa voisine, mais qui se rattachait autrefois à elle par l’intermédiaire d’un isthme, englouti ensuite par la mer et aujourd’hui remplacé par un pont.
29La fréquentation protohistorique du site et même la présence d’importations mycéniennes avaient déjà été signalées par Giorgio Buchner avant la guerre. Des recherches systématiques, conduites depuis 1976 et coordonnées par Massimiliano Marazzi et Sebastiano Tusa ont donné des résultats d’une grande importance14. L’exploration a essentiellement porté sur deux sites, ceux de Punta di Mezzogiorno et de Punta d’Alaca. Le premier d’entre eux est le plus ancien: il a livré du matériel d’importation qui remonte à l’HR I et II A (xvie s.). La fouille de Punta d’Alaca, par contre, a révélé une occupation un peu plus récente: le matériel d’importation est datable entre l’HR II A et le début de l’HR III A (xve s.).
30Le matériel d’importation retrouvé à Vivara, très varié et abondant, se prête mal à la classification, parce qu’il est très fragmentaire et souvent en mauvais état. Toutefois, la quantité des tessons qu’on peut faire remonter avec certitude aux premières phases de l’âge mycénien est désormais telle qu’elle permet de mettre en parallèle cet intéressant site avec les habitats éoliens des phases tardives de la culture de Capo Graziano.
31Durant la période suivante, qui correspond à notre deuxième phase (xive - xiiie siècles), l’Italie méridionale et la Sicile apparaissent complètement intégrées, au même titre que les îles Eoliennes, dans les réseaux de trafics, tandis que la documentation de l’archipel Phlégréen diminue jusqu’à disparaître tout à fait.
32La deuxième phase peut encore être subdivisée de la manière suivante: au xive siècle, la fréquentation des îles Eoliennes et de la Sicile est extrêmement intense, tandis qu’en Italie Méridionale le seul site (parmi ceux qui sont publiés), qui présente des dimensions notables, est celui du Scoglio del Tonno15.
33Au cours du xiiie siècle, au contraire, et peut-être à cause de la destruction de tous les villages éoliens (seul le village sur l’Acropole de Lipari sera à nouveau occupé par des populations provenant des côtes voisines de l’Italie péninsulaire), les routes maritimes se déplacent, comme le montre la documentation archéologique. Les côtes méridionales de la Sicile sont davantage fréquentées, probablement sur le chemin de la Sardaigne qui, durant cette phase, d’après ce que nous savons, commence à être systématiquement visitée par les navires qui proviennent de l’Egée.
34C’est à ce moment, en plein xiiie siècle, que l’Italie méridionale semble commencer à jouer un rôle différent de celui de passage obligé qu’elle avait eu par le passé. On pourrait désormais parler à bon droit, non plus de fréquentation, mais d’acculturation.
35Il faut, pour justifier cette affirmation, recourir à des données provenant de fouilles et de recherches récentes. Je me référerai particulièrement ici aux sites de Broglio di Trebisacce en Calabre et à Termitito en Basilicate qui sont d’une grande utilité pour tenter d’interpréter les données, y compris celles qui proviennent d’autres fouilles ou de fouilles anciennes. Avant de présenter brièvement quelques-unes de ces données, je voudrais cependant rappeler un fait de la plus haute importance, valable aussi bien pour la Sicile du xive siècle que pour l’Italie Méridionale et la Sardaigne du xiiie et des époques suivantes.
36En premier lieu, les données qui proviennent de ces régions présentent une certaine hétérogénéité selon les zones de provenance: celles de Sicile viennent de nécropoles, tandis que celles des îles de la Mer Tyrrhénienne méridionale, de l’Italie péninsulaire et de la Sardaigne, viennent d’habitats. Cependant ces deux types de sources d’informations convergent sur un point essentiel: de même que nous ne connaissons pas de tombe entièrement mycénienne en Sicile, de la même façon nous ne connaissons pas ailleurs de strate ou d’habitation mycéniennes. Nous sommes toujours confrontés à des nécropoles ou des habitats indigènes qui renferment un petit pourcentage de matériaux de type égéen.
37Termitito est un habitat du Bronze Récent, situé sur un plateau aux versants raides et difficile d’accès, qui surplombe le fleuve Cavone, entre Policoro et Métaponte, et qui se trouve aujourd’hui à environ sept kilomètres de la ligne de côte, laquelle s’est certainement modifiée à époque récente.
38Les recherches conduites jusqu’à présent par Antonio De Siena et Salvatore Bianco ont mis au jour un habitat constitué de structures ovoïdales creusées dans la roche, dont la fonction n’est pas bien définie; le mobilier céramique mycénien est très abondant16.
39D’après le matériel connu par les publications préliminaires, on peut affirmer que la céramique égéenne retrouvée à Termitito est presque toute d’une excellente qualité et remarquablement homogène, à en juger d’après son niveau technique et les motifs qu’elle adopte. Le répertoire décoratif se compose en grande partie de motifs à triglyphe alternant avec des remplissages; il renvoie principalement au patrimoine ornemental des céramiques pélopon-nésiennes de l’HR III B, même si la combinaison des motifs entre eux et leur relation avec la forme est souvent peu orthodoxe et donne à l’ensemble du matériel une saveur très provinciale.
40L’hypothèse qu’il s’agit, au moins dans certains cas, d’objets produits sur place a été étayée par les premiers résultats des analyses physico-chimiques réalisées sur un échantillon restreint de fragments17.
41Nous nous trouvons en présence de l’un de ces cas d’acculturation auxquels on a déjà fait allusion; dans le cas de Termitito, une indication en ce sens - la seule pour le moment - est fournie par l’existence d’une production locale de céramique de type mycénien; non loin de là, en Sybaritide, l’acculturation revêt d’autres aspects, plus significatifs encore peut-être.
42On ne connaît dans le détail l’Âge du Bronze dans cette dernière zone que depuis très peu de temps, grâce aux recherches systématiques entreprises depuis 1979 sous la direction de Renato Peroni, à l’aide de prospections planifiées, de recherches d’archéologie du paysage, et de la fouille du site de Broglio di Trebisacce, un habitat où est attestée une occupation continue depuis le Bronze Moyen jusqu’au premier Âge du Fer18.
43L’habitat de Broglio est situé sur un plateau aux versants escarpés, immédiatement au Nord de la plaine de Sybaris, à environ un kilomètre de la ligne de côte. Malgré les dépôts récents d’alluvions, le site ne devait pourtant pas se trouver directement sur la mer. Les structures repérées sont des cabanes avec une élévation en bois – assurément bien modestes d’un point de vue architectural.
44L’apparition de matériel égéen à Broglio est postérieure aux débuts de l’occupation du plateau. Les objets les plus anciens, en partie importés, sont des petits récipients pour contenus de prix qui remontent à l’HR III A.
45La présence de céramique de type égéen devient importante seulement au cours du Mycénien III Β quand, à côté du faible nombre d’importations, apparaît une grande quantité d’imitations locales dont les prototypes sont péloponnésiens ou crétois. L’abondance des imitations du répertoire mycénien de Crète est, pour le moment, un caractère spécifique du site de Broglio19.
46A côté des céramiques peintes importées et imitées, on trouve à Broglio d’autres types de céramique qui sont à mettre en relation avec le monde égéen. Il s’agit de la céramique grise dépurée faite au tour – qu’on appelle parfois « minyenne » – qui représente à Broglio la plus abondante classe de céramique spécialisée du Bronze Récent, et des dolia dits « à cordons », grands récipients d’argile dépurée, vraisemblablement destinés à contenir des denrées alimentaires.
47Alors que la céramique grise, produite en grande partie sur place mais selon des techniques égéennes, sert essentiellement de vaisselle de table, les dolia, produits à l’âge du Bronze Récent et Final, sont conçus selon des typologies et des techniques de fabrication égéennes, mais aussi en vue d’un stockage agricole organisé, comme le prouve la découverte de cinq d’entre eux dans un petit local clairement destiné à servir d’entrepôt20.
48Ce réseau d’influences égéennes dans la Sybaritide se trouve confirmé par les recherches systématiques entreprises en 1987, dirigées par Flavia Trucco et Silvana Luppino, à Torre del Mordillo, localité située à l’autre extrémité de la plaine de Sybaris, au confluent de l’Esaro et du Coscile, où des objets de type égéen avaient déjà été exhumés au cours de prospections21.
49Les deux sites qu’on vient d’examiner ont permis de cerner quelques aspects du processus d’acculturation qu’il nous avait été impossible de définir à l’occasion du Congrès de Cortone, en 1981, en raison du manque d’une documentation appropriée22. En outre, ces nouvelles données, si on les compare à tout ce que l’on savait déjà sur l’Italie méridionale et en particulier sur la région de Tarente et le site principal du Scoglio del Tonno, montrent qu’il n’est pas possible de proposer des définitions et des modèles universellement valables pour la documentation mycénienne en Occident mais qu’il est au contraire nécessaire de procéder à une analyse cas par cas, en tenant compte du milieu géographique et du contexte indigène.
50Cette affirmation vaut davantage encore, si l’on prend en considération une autre région qui était peu connue il y a seulement quelques années et qui se révèle être l’une des plus importantes pour notre sujet. Je veux parler de la Sardaigne du Bronze Récent.
51Les importations de l’île sont en majorité concentrées dans la forteresse nuragique d’Anti-gori à l’Ouest de Cagliari, qui est en cours de fouille sous la direction de Maria Luisa Ferrarese Ceruti. La plupart des objets datent de l’HR III Β et parmi eux on peut reconnaître des importations péloponnésiennes, crétoises et chypriotes, sans compter les céramiques de type égéen, mais qui sont de production locale23.
52L’examen de la riche documentation métallurgique analysée en plusieurs occasions par F. Lo Schiavo, en collaboration avec E. Macnamara et moi-même, permet de clarifier la situation de la Sardaigne. Cette documentation montre des analogies très étroites avec la métallurgie chypriote, aussi bien pour l’outillage que pour certains objets de prestige ou encore pour l’abondance des lingots en forme de peau de boeuf. En ce qui concerne ce type d’objets, de nombreux autres fragments dispersés sur toute l’île se sont ajoutés aux cinq exemplaires déjà connus depuis le milieu du siècle dernier24.
53Ce filon chypriote, qu’il est très difficile de suivre en Italie méridionale et qui est connu en Sicile presque exclusivement grâce aux céramiques du site de Thapsos et à quelques éléments de métallurgie à Pantalica et dans l’arrière-pays d’Agrigente, est l’indicateur le plus concret de la spécificité de la Sardaigne dans ce cadre général25.
54En effet, il semble plausible de supposer que le type de relation qui s’établit avec l’île dépendait étroitement des ressources minières dont on pouvait disposer sur place et du rôle de relais qu’elle était susceptible de jouer sur la route du bassin méditerranéen occidental dont l’importance ne cesse de s’accroître après 1200 av. J. -C., date de la destruction d’Ugarit, principal port d’arrivée et de redistribution du bassin oriental26.
55Ce fait pourrait expliquer la présence d’une composante chypriote si marquée dans la métallurgie sarde du Bronze Final, ainsi que ses répercussions sur les côtes de l’Italie centrale tyrrhénienne où probablement, avec les bronzes d’origine sarde, arrivent aussi des bronzes chypriotes27.
56Au cours de l’HR III C, période qui correspond à notre troisième phase, les importations de céramique égéenne se font de plus en plus rares et les imitations locales de plus en plus nombreuses.
57En Italie méridionale se développe une production céramique de vases d’argile dépurée, fabriqués quelquefois au tour, et décorés d’abord de motifs que l’on peut faire remonter au répertoire égéen, puis de motifs plus simples, de type géométrique, qui font place ensuite à la production céramique qu’on appelle Protogéométrique oenôtrio-iapygien28.
58En Sicile, dès la fin du xiiie et surtout au cours du xiie siècle, après l’arrêt des importations égéennes, on note une série de phénomènes qui vont pour partie dans le même sens; la culture de Pantalica adopte le tour et quantité de formes céramiques et métallurgiques s’inspirent du répertoire égéen. De surprenantes influences sont également à noter dans certains complexes architecturaux. C’est sans doute à cette époque qu’est construit en blocs réguliers l’habitat de Thapsos, même si la documentation à ce sujet n’a pas encore été publiée en détail29.
59Si l’on essaie donc de comparer, d’une part les données de l’Italie méridionale et de la Sicile, et d’autre part celles de la Sardaigne, il semble que l’on puisse émettre quelques hypothèses sur les rôles qu’ont joués chacune de ces régions.
60Au cours des premières phases, la majeure partie des échanges s’effectue en direction de la Mer Tyrrhénienne méridionale, qui pouvait servir de relais pour les matières premières stratégiques.
61On fait relâche dans plusieurs habitats indigènes du golfe ionien qui servent d’escales le long de la route. À l’apogée de la civilisation mycénienne, les échanges s’intensifient; en Italie méridionale, les escales primitives gagnent en importance; des zones de relations privilégiées apparaissent, comme Scoglio del Tonno, qui a pu jouer le rôle d’un terminal d’échanges avec l’Italie septentrionale. L’évolution interne des communautés locales est en plein essor. On relève des traces d’un processus de différenciation socio-économique, de croissance agricole et démographique, de spécialisation artisanale.
62Pendant la même période, des éléments qui proviennent de la péninsule italienne sont adoptés dans le monde égéen, pour ce qui concerne, en particulier, la métallurgie30.
63Le processus d’acculturation est à l’oeuvre et l’on peut formuler l’hypothèse que les principaux centres de contacts ont également servi à la diffusion des produits égéens et de type égéen le long des circuits d’échanges – fixés de longue date – de la péninsule.
64La possibilité de distinguer, à l’intérieur de ces échanges, des composantes différenciées, mycéniennes, crétoises et chypriotes, est fonction d’enquêtes qui ont été menées à partir de différentes zones égéennes. Mais les récentes découvertes de centres portuaires comme Komò en Crète31 ou Hala Sultan Teké à Chypre32, la composition très complexe et variée du chargement du navire de Kas33 incitent à la prudence avant de formuler ce genre d’hypothèses, étant donné le caractère très international des ensembles retrouvés.
65La profonde divergence entre la documentation sarde et celle de l’Italie méridionale réside en ceci: tandis qu’en Sardaigne, la réception et la réélaboration d’éléments exotiques restent presque exclusivement confinées dans le domaine métallurgique, et que nous ne sommes pas encore en mesure de bien comprendre les autres aspects fondamentaux d’un processus de transformation sociale qui s’était probablement amorcé à la fin du deuxième millénaire34, en Italie méridionale et plus encore en Sicile, les éléments qui sont étrangers au départ sont réélaborés et assimilés de manière plus ou moins complète selon les situations35.
66En résumé, d’après la documentation dont on dispose aujourd’hui, la situation à laquelle on a affaire se caractérise par des mouvements systématiques, avec présence de petits groupes de résidents plutôt que d’établissements; avec une mobilité plus marquée de l’Est vers l’Ouest (mais pas exclusivement); avec des échanges d’expériences artisanales qu’a permis très probablement la mobilité des céramistes et des bronziers, en particulier au cours des phases de maturité du Bronze Récent et du Bronze Final.
67Pour définir ce panorama, il est préférable de parler de “phase pré-coloniale” plutôt que de “précolonisation”. En effet, ce dernier terme implique l’idée d’un plan programmé qui ne peut remonter si loin dans le temps. Il renvoie (pour ce qui concerne les centres d’irradiation du phénomène) à deux réalités égéennes profondément différentes l’une de l’autre dans leurs structures politiques, économiques et sociales: la réalité palatiale, sous-jacente aux trafics et aux mouvements de l’Âge du Bronze; la réalité de la polis, qui donne naissance à la colonisation historique.
68Le souvenir des trafics de l’Âge du Bronze et la connaissance des routes maritimes et des territoires, restés vivaces surtout en milieu chypriote et levantin où des groupes de mycéniens avaient trouvé refuge après la destruction des palais, peuvent avoir par ailleurs contribué, dans une certaine mesure, à la reprise des échanges systématiques vers l’Occident entre le ixe et le viiie siècles av. J. -C. Le terme “précolonisation” convient bien à cette brève période. Mais ceci est une autre histoire.
Notes de bas de page
1 Je désire remercier J. de La Genière de m'avoir invitée à la rencontre de Lille à laquelle, malheureusement, je n'ai pu assister. La traduction française de ce texte est due à L. Scotto (École Normale Supérieure - Fontenay-les-Roses), et a été révisée par O. de Cazanove (Centre Jean Bérard).
2 Voir, par exemple, l’utile et toute récente synthèse due à K. Kilian, Mycenaeans up to date, Trends and Changes in recent Research, dans E. B. French, K. A. Wardle, éd., Problems in greek Prehistory, Papers presented at the Centenary Conference of the British School of Archaeology at Athens, Manchester, 1986, Bristol, 1988, p. 115-152.
3 Catalogue de l’exposition organisée à Tarente à l’occasion du XXe Congrès: L. Vagnetti, éd., Magna Grecia e mondo miceneo. Nuovi documenti, Naples, 1982 (désormais abrégé MGMM, 1); Magna Grecia e mondo miceneo. Atti del XXII Convegno di Studi sulla Magna Grecia, Taranto, Ottobre 1982, Tarente, 1983 (désormais abrégé MGMM, 2); M. Marazzi, S. Tusa, L. Vagnetti, éd., Traffici micenei nel Mediterraneo. Problemi storici e documentazione archeologica, Tarente, 1986 (désormais abrégé TMM).
4 Pour l’examen des sources principales et leur rapport avec la documentation archéologique, voir M. Marazzi, Egeo e Occidente alla fine del II millenio a. C., Rome, 1976.
5 Naturellement, les hypothèses de chronologie absolue basées sur les importations égéennes dépendent de la chronologie absolue égéenne, qui dérive à son tour de ses relations avec l’Egypte. On sait bien que la chronologie courante pour l’âge du Bronze égéen a été, durant les derniers vingt ans, l’objet de vastes débats et aussi de divergences très fortes. Après qu’ont été largement adoptées les chronologies obtenues avec le C14, on ressent le besoin de revenir aux méthodologies traditionnelles, à la lumière des données les plus récentes. Un utile panorama est fourni par P. Åström, éd., High, Middle or Low ? Acts of the international Colloquium on Absolute Chronology, Gothenburg, 1987. L’exigence de redonner un rôle important aux études de chronologie a donné naissance à une nouvelle publication périodique, Studies in Ancient Chronology, 1, 1987. Le chapitre consacré à l’Italie dans le premier fascicule sur le thème Bronze to Iron Chronology in the Old World. Time for a Reassessment ?, est malheureusement gâté par la méconnaissance de données et d’études récentes, et par la préférence donnée à des oeuvres en langue anglaise contenant des informations de seconde main.
6 R. E. Jones, Chemical analysis of Aegean-Type Late Bronze Age Pottery found in Italy, dans TMM, p. 205-214; L. Vagnetti, R. E. Jones, Towards the identification of local Mycenaean pottery in Italy, dans French et Wardle, éd., cit. à la n. 1, p. 335-348.
7 Les possibles relations « pré-mycéniennes » ont été largement traitées, de manière approfondie, par L. Bernabò Brea, Gli Eoli e l’inizio dell’età del Bronzo nelle isole Eolie e nell’Italia meridionale, Naples, 1985. L’analyse archéologique constitue également une excellente synthèse sur le Protoapenninique italien et les cultures contemporaines. L’auteur discute en outre les sources littéraires relatives à l’ensemble des légendes sur les Éoliens, et y relève de nombreuses coïncidences avec la documentation archéologique.
8 Il est nécessaire de rappeler que la fameuse tasse de Monte Sallia (Sicile), que Taylour assigne à l’HM (Mycenaean Pottery in Italy and adjacent areas, Cambridge, 1958, p. 54 et suiv., pl. 16: 1a-b) est, en réalité, une production de la culture de Castelluccio dans la région de l’Etna (L. Bernabò Brea, La Sicilia prima dei Greci, Milan, 1966,4e éd., p. 111). Cette erreur, en effet, continue à être répétée, en particulier dans la littérature spécialisée (et non spécialisée) anglo-saxonne, avec les conséquences qu’on imagine pour l’interprétation historique. En outre, des études récentes sur les céramiques « matt-painted » de l’HM et leur continuation dans les premières phases de la période mycénienne permettent de faire remonter le matériel « matt-painted » retrouvé dans les îles Eoliennes à une époque qui n’est pas antérieure à la transition entre HM et Mycénien; cf. M. Cavalier, L. Vagnetti, Frammentmenti di ceramica « matt-painted policroma » da Filicudi (Isole Eolie), dans MEFRA, 95, 1983, p. 335-344; EAD„ Materiali Micenei vecchie nuovi dall’Acropoli di Lipari, dans SMEA, 25, 1984, p. 143-154.
9 Un bon panorama récent de cet aspect de la situation égéenne est fourni par R. Hàgg, N. Marinatos, éd., The Minoan Thalassocracy. Myth and Reality. International Symposium, Athens, 1982, Stockholm, 1984.
10 Les traces les plus anciennes de travail du métal dans les îles Éoliennes remontent au Néolithique Récent. Une scorie de fusion a été, en effet, retrouvée à Lipari dans les niveaux de la culture de Diane; cf. L. Bernabò Brea, M. Cavalier, Meligunìs Lipàra, IV, Palerme, 1980, p. 490, pl. 105,5. On a identifié à Vivara, dans l’habitat de Punta di Mezzogiorno, des restes de fusion dans des niveaux protoapenniniques: cf. A. Cazzella et ahi, Isola di Vivara, dans TMM, p. 148.
11 L. Vagnetti, dans MGMM, 1, p. 15 et suiv.
12 M. L. Nava, dans MGMM, 1, p. 43-44; F. G. Lo Porto, dans NSA, 1963, p. 330 et suiv. ; L. Vagnetti, R. E. Jones, Frammento di ceramica micenea da Capo Piccolo, dans Klearchos (sous presse).
13 W. Taylour, dans L. Bernabò Brea, M. Cavalier, op. cit. à la n. 9.
14 A. Cazzella et alii, art. cit. à la n. 9, avec bibliographie antérieure. Sur les trouvailles mycéniennes, cf. M. Marazzi, L. Re, Le importazioni ceramiche egeo-micenee dall’isola di Vivara, dans MGMM, 2, p. 158-187; ID., L’insediamento preistorico di Vivara. Le importazioni egeo-micenee, dans Napoli antica, cat. d’expo., Naples, 1985, p. 43-49; ID., Importazioni egeo-micenee dall’isola di Vivara (Precida), dans TMM, p. 155-164; M. Marazzi, La più antica marinerìa micenea in Occidente, dans DArch, 3e sér., 6, 1988, p. 5-22.
15 W. Taylour, dans op. cit. à la n. 8, p. 81-137; F. Biancofiore, Civiltà micenea nell’Italia meridionale, Rome, 1967, p. 46-54.
16 S. Bianco et A. De Siena, Termitito, dans MGMM, 1, p. 69-96; A. De Siena, Termitito. Campagna di scavo 1982, dans MGMM, 2, p. 125-131; ID., Termitito, dans TMM, p. 41-48.
17 Cf. note 5.
18 G. Bergonzi et alii, Ricerche sulla protostoria della Siharitide, 1, Cahiers du Centre Jean Bérard, 7, Naples, 1982; G. Bergonzi et alii, Ricerche sulla protostoria della Siharitide, 2, Cahiers du Centre Jean Bérard, 8, Naples, 1982; R. Peroni, éd., Ricerche sulla protostoria della Siharitide, 3, Rome, 1984; ID., Nuove ricerche sulla protostoria della Siharitide, Rome, 1984; R. Peroni et F. Trucco, éd., Enotri e Micenei nella Sibaritide, en préparation.
19 L. Vagnetti, Ceramiche del Tardo Minoico III rinvenute in Italia, dans Studi in onore di S. M. Puglisi, Rome, 1985, p. 825-831.
20 G. Bergonzi et A. Cardarelli, dans Ricerche sulla Protostoria della Sibaritide, 1, p. 94-103; 2, p. 63-87; 3, p. 101-143; C. Belardelli, dans Nuove ricerche sulla Protostoria della Sibaritide, p. 124-156; G. Bergonzi, Southern Italy and the Aegean during the Late Bronze Age: economic strategies and specialized craft products, dans C. Malone, S. Stoddard, éd., Papers in Italian archaeology, IV, Oxford, 1985, p. 355-387.
21 L. Vagnetti, dans Ricerche sulla Protostoria della Sibaritide, 1, op. cit. à la n. 17, p. 159-160.
22 L. Vagnetti, I Micenei in Occidente. Dati acquisiti e prospettive future, dans Modes de contacts et processus de transformation dans les sociétés anciennes, Actes du colloque de Cortone, 1981, Pise-Rome, 1983, p. 165-181.
23 M. L. Ferrarese Ceruti, Ceramica micenea in Sardegna (Notizia preliminare), dans RSP, 34, 1979, p. 243-253; EAD„ Documenti micenei nella Sardegna meridionale, dans Ichnussa, Milan, 1981, p. 605-612; Ead., Il complesso nuragico di Antigori (Sarroch, Cagliari), dans MGMM, 2, p. 167-176; Ead., La torre f del complesso nuragico di Antigori. Nota preliminare, dans MGMM, 2, p. 187-206; Ead., / vani c, p, q del complesso nuragico di Antigori (Sarroch. Cagliari), dans TMM, p. 183-188; M. L. Ferrarese Ceruti, L. F. Lo Schiavo, Minoici, Micenei e Ciprioti in Sardegna alla luce delle più recenti scoperte, dans M. Balmuth, éd., Studies in Sardinian Archaeology. III. Proceedings of the Colloquium « Nuragic Sardinia and the Mycenaean World », Rome, 1986, Oxford, 1987, p. 7-37; R. E. Jones, P. M. Day, Late Bronze Age Aegean and Cypriot-type pottery in Sardinia. Identification of imports and local imitations by Physico-Chemical Analysis, ibid., p. 257-269.
24 F. Lo Schiavo, La componente egea e cipriota nella metallurgia della tarda età del bronzo in Italia, dans MGMM, 2, p. 285-320; F. Lo Schiavo, E. Macnamara, L. Vagnetti, Late Cypriot imports to Italy and their influence on local Bronzework, dans PBSR, 53, 1985, p. 1-70.
25 Pour la documentation de type chypriote en Sicile, voir F. Lo Schiavo, E. Macnamara, L. Vagnetti, art. cit. à la note précédente, p. 5, 28 et suiv. Des trouvailles récentes de céramiques chypriotes et mycéniennes à Syracuse ont été présentées par le Surintendant, G. Voza, à l’occasion du congrès sur la Sicile Antique (Palerme, Avril 1988)
26 G. Muhly, dans AJA, 89, 1985, p. 275-291; L. Vagnetti, Cypriot elements beyond the Aegean in the Bronze Age, Acts of the International Archaeological Symposium « Cyprus between the Orient and the Occident », Nicosia, 1985, Nicosie, 1986, p. 202-214.
27 F. Lo Schiavo, E. Macnamara, L. Vagnetti, art. cit. à la n. 23; opinions différentes, sur le circuit d’arrivée des bronzes chypriotes à Prediluco en Italie Centrale, de G. Filippi et M. Pacciarelli, dans G. L. Carancini, éd., Gli insediamenti perilacustri dell’età del bronzo e della prima età del ferro: il caso dell’antico « Lacus Velinus », Quaderni di Protostoria, I, 1986, p. 212,n. 40 et 282, n. 23. Cf. également toutefois, les interventions de R. Peroni dans le débat, ibid., p. 394 et 420. De récentes trouvailles de trépieds chypriotes en Sardaigne, dans l’arrière-pays d’Arbatax, et donc du côté tyrrhénien, renforcent l’hypothèse de l’arrivée de ces objets en Italie Centrale par l’intermédiaire de la Sardaigne (L. Vagnetti, F. Lo Schiavo, M. A. Fadda, Late Bronze Age Long Distance Trade in the Mediterranean. The Role of the Cypriots, Actes du Colloque Early Societies in Cyprus, Edimburgh, 1989, p. 217-243.
28 D. Yntema, The matt-painted pottery of Southern Italy, Utrecht, 1985.
29 G. Voza, Thapsos. Primi risultati delle più recenti ricerche, dans Atti XIV Riun. Scient. Ist. It. Preist. Protest., Florence, 1972, p. 175-204; ID., Thapsos. Resoconto sulle campagne di scavo del 1970-1971, dans Atti XV Riun. Scien. 1st. It. Preist. Protost., Florence, 1973, p. 133-157; ID., I contatti precoloniali col mondo greco, dans Sikanie, Milan, 1985, p. 543-561.
30 Le moule de fusion pour une hache à ailettes de la maison du Marchand d’Huile à Mycènes est particulièrement important à cet égard: cf. F. H. Stubbings, Mycenae 1939-1953. A winged-axe mould, dans BSA, 49, 1954, p. 297-298. Entre autres études générales sur ce sujet, on citera celles de A. M. Bietti Sestieri, The metal industry of continental Italy, 13 th-11th century and its Aegean connections, dans ΡPS, 39, 1973, p. 383-424; de H. Matthaüs, Italien und Griechenland in der ausgehenden Bronzezeit, dans JdI, 95, 1980, p. 109-139.
31 J. et M. Shaw, éd., A great Minoan Triangle in South Central Crete: Kommos, Haghia Triada. Phaistos, Scripta Mediterranea, VI, 1985.
32 P. Àstròm et alii. Hala Sultan Tekke, 1-8, SIMA, XLV (1-8), Goteborg, 1976-1983.
33 G. Bass, A Bronze Age Shipwreck at Ulu Burun (Kas): 1984 Campaign, dans AJA, 90, 1986, p. 269-296; C. Pulak, The Bronze Age Shipwreck at Ulu Burun, Turkey: 1985 Campaign, dans AJA, 92, 1988, p. 1-37.
34 Les études de protohistoire sarde ont enregistré d’énormes progrès dans les années 80, et l’on dispose donc déjà d’importantes contributions à l’accroissement de nos connaissances et de nouvelles mises en forme de celles-ci. Outre la série considérable d’essais parus dans Ichnussa, Milan. 1981, et la synthèse de G. Lilliu, La civiltà nuragica, Sassari, 1982, on consultera, pour se faire une idée plus précise et actuelle de l’avancement des études, les Actes des colloques de Selargius consacrés au thème « Un millénaire de relations entre la Sardaigne et les pays de la Méditerranée ». Deux volumes sont déjà parus, un troisième est sous presse (Società e Cultura in Sardegna nei periodi orientalizzante ed arcaico (fine viii sec. a. C. - 480 a. C.), Cagliari, 1986; La Sardegna nel Mediterraneo tra il secondo e il primo millennio a. C., Cagliari, 1987).
35 On n’approfondira pas ici l’analyse de l’impact des trafics mycéniens sur les communautés indigènes. Deux types différents d’approches sont fournis par les contributions récentes de R. Peroni, Presenze micenee e forme socio-economiche nell’Italia protostorica, dans MGMM. 2, p. 211-284, et d’A. M. Bietti Sestieri, The « Mycenaean connection » and its impact on the central mediterranean societies, dans DArch, 6, 3e sér., 1988, p. 23-51 (je n’ai pu prendre connaissance de ce dernier texte qu’après la rédaction de la présente communication).
Auteur
CNR - Istituto per gli Studi
Micenei ed Egeo-anatolici-Roma
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Recherches sur les cultes grecs et l’Occident, 2
Ettore Lepore, Jean-Pierre Vernant, Françoise Frontisi-Ducroux et al.
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Nouvelle contribution à l’étude de la société et de la colonisation eubéennes
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La céramique grecque ou de tradition grecque au VIIIe siècle en Italie centrale et méridionale
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Ricerche sulla protostoria della Sibaritide, 1
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1982
Ricerche sulla protostoria della Sibaritide, 2
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Recherches sur les cultes grecs et l'Occident, 3
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1986