III. L’aventure orientale
p. 45-134
Texte intégral
1Les peuples du Proche-Orient avec lesquels les Grecs reprirent contact au IXe s. av. J.-C. étaient les héritiers des grandes civilisations qui avaient fleuri dans les riches plaines de Mésopotamie. Au début de l’Age du bronze, le monde égéen avait ressenti le choc du brusque épanouissement de ces nouvelles cultures et commencé à apprendre à leur école de nouvelles techniques métallurgiques. Aussi bien les habitants même de la Crète minoenne sont peut-être redevables de leur origine à des immigrants orientaux, malgré la culture indépendante et brillante que nous les voyons élaborer dans leur île. Il n’est pas facile de faire la preuve de relations entre la civilisation minoenne arrivée à maturité et l’Orient, mais du moins en Syrie du Nord y a-t-il quelque témoignage archéologique de rapports étroits, dès l’Age du bronze moyen avant 1550 av. J.-C. A la fin de l’Age du bronze récent, lorsque les Grecs mycéniens établirent leur autorité sur l’Égée et succédèrent à “l’empire” minoen, on trouve de plus clairs indices de ce que l’on peut presque appeler une colonisation du Proche-Orient par des Grecs mycéniens, bien que les établissements puissent n’avoir été que de simples postes commerciaux admis avec l’accord des royaumes locaux. L’exemple le plus remarquable se trouve à Ugarit (Ras Shamra) mais il y a aussi une bonne quantité de poterie du Mycénien récent importée en Palestine, peut-être du royaume mycénien de Rhodes plutôt que de Grèce continentale1.
2La phase finale des cultures égéennes de l’Age du bronze et la période qui, dans la chronologie historico-mythique, suit la Guerre de Troie voient les migrations de plusieurs peuples venant de l’ouest et du nord, à travers les pays du Proche-Orient2. Certains, porteurs de céramique mycénienne, étaient sûrement eux-mêmes des Grecs mycéniens et c’est à cette époque que l’on peut attribuer de nouveaux établissements grecs en Orient, dont plusieurs acquis et sans doute conservés par la force des armes, bien qu’aucun ne fût durable. L’archéologie atteste très clairement cela à Tarse, mais les textes littéraires parlent aussi d’autres nouveaux établissements à cette époque.
3Les voyages des héros grecs après la guerre de Troie furent utilisés comme base d’un certain nombre de récits de fondation, bien qu’ils recouvrent plutôt soit une diaspora après des événements survenus en Grèce plutôt qu’à Troie, soit des tentatives de fournir aux fondations ultérieures une ascendance héroïque. Certains des récits au moins peuvent être pris plus au sérieux. En Cilicie, le devin thébain Mopsos passait pour avoir fondé Mopsuhestia et Mallos3. Une illustration spectaculaire de cette histoire est apportée par l’inscription découverte à Karatepe en 1947, gravée au VIIIe s. pour un souverain qui parle des Dnnym – Danuniens –, sûrement un souvenir des Grecs Danaens ; à côté d’autres cités, elle mentionne Beit Mopsu – forme phénicienne de Mopsu hestia, “foyer” ou “maison” de Mopsos4.
4Le souvenir d’une occupation grecque a survécu assez clairement en Cilicie. Beaucoup plus loin à l’ouest, en Pamphylie, on a aussi la mention d’une installation grecque datant d’après la Guerre de Troie et qui a été considérée comme une enclave précoce au sein des royaumes indigènes le long de la côte, mais les éléments fournis par une légende et un dialecte ont besoin d’être encore confirmés par des preuves matérielles5.
5Ici, comme sur la côte ouest d’Asie Mineure, ce fut vers les mêmes zones et les mêmes cités que les Grecs retournèrent, après les siècles obscurs, pour fonder de nouveaux établissements ou ouvrir de nouveaux marchés, mais il y a à coup sûr une totale solution de continuité dans l’occupation grecque, en dépit de la survivance ou du souvenir de noms comme ceux de Mopsos ou des Danaens. Durant cette rupture, la connaissance des pays du Proche-Orient par les Grecs est attestée archéologiquement par les découvertes de produits orientaux qui ont trouvé occasionnellement le chemin de la Grèce et ont eu parfois une influence limitée sur l'artisanat local. Ces témoins doivent être brièvement examinés car ils suggèrent un type de commerce aléatoire avec une partie du monde grec, en particulier la Crète. Pourtant il ne semble pas que les Crétois aient participé plus tard aux navigations vers l’Orient, ni qu’ils se soient établis eux-mêmes sur les marchés orientaux.
6Ce fut Chypre qui servit d’intermédiaire entre la Crète et l'Orient, et tous les objets ou idées “orientalisants” que la Crète accueillit durant les siècles obscurs sont directement empruntés à Chypre ou bien concernent un type d’objet aussi familier à Chypre que sur le continent oriental6. Même dans la période de dépression qui suivit la fin de l’Age du bronze, lorsque le bronze était rare, que le fer était encore une nouveauté (son utilisation fut peut-être introduite à partir de Chypre) et que les artistes crétois travaillaient encore dans la tradition minoenne-mycénienne, on possède des indices de relations continues entre les deux îles qui comptèrent parmi les centres les plus importants du monde tardomycénien. Le témoignage en réside surtout dans le choix du décor céramique et dans les formes de certains vases (par exemple les vases en forme de canard)7. Des pointes de fer de type chypriote apparaissent dans une tombe du Xe s. à Cnossos8. En ce qui concerne les bronzes, on a trouvé récemment un bol phénicien inscrit qui est peut-être arrivé de ou via Chypre9 (fig. 6), mais les objets les plus importants qui se propagèrent vers l’ouest furent des supports de vases ajourés, en général composés de tiges enroulées en motifs en volutes. Des exemples de la forme la plus simple10 – des trépieds (fig. 7) – ont été découverts en Crète dans un contexte des Xe et IXe siècles. Un type plus élaboré de plan carré mais avec un élément circulaire sur le dessus et parfois muni de roues, comme celui de Larnaka à Chypre (fig. 8), était manifestement connu aussi en Crète à en juger d’après une imitation d’argile découverte à Karphi (fig. 9), village montagnard reculé de l’île, à l’abri, par sa position, de toute intrusion hostile et à ce point coupé de l’évolution culturelle des autres centres crétois que même lorsqu’on y admet et copie une forme étrangère – tel ce support – le décor reste minoen dans son style. Ce type de support fut plus tard, au VIIIe s., copié en bronze, en Crète ; il y en a des exemples fragmentaires provenant de la grotte de l’Ida, de Kato Syrne (fig. 10) et de Cnossos et un autre trouvé à Delphes fut peut-être fabriqué en Crète11. L’importation et une influence, limitée, de la céramique chypriote sont attestées en Crète au VIIIe s. et nous pourrions nous attendre à ce que les Crétois fussent les premiers Grecs à prendre l’initiative du côté de l’Orient, mais il semble que leur tempérament dorien ait manqué de cet esprit d’entreprise qui avait caractérisé les Minoens. Il y a en revanche d’importants témoignages sur l’arrivée d’Orientaux en Crète, à partir du IXe s., comme nous le verrons plus loin.
7Dans les autres régions de Grèce, on a peu de trace d’importations orientales, même mineures ou accidentelles, avant le VIIIe s. ; mais l’Eubée du IXe s. a reçu divers articles mineurs de bijouterie12 et de céramique, venant d’Orient et de Chypre – ce qui n’est pas surprenant comme nous allons le découvrir – et on a trouvé dans des tombes athéniennes du milieu du IXe s. un bol en bronze syrien et des pendants d’oreilles en or, peut-être chypriotes13.
8Il n’est pas facile d’associer les Phéniciens à ce tableau des relations en Égée au Premier Age du fer – ou du moins d’y trouver une justification à la réputation qu’ils avaient acquise comme marins et marchands, ainsi qu’ils apparaissent chez Homère, surtout dans l'Odyssée14. Il est probable que les Grecs de Grèce propre et leurs poètes ont manqué de finesse pour distinguer l’origine et les composantes ethniques de ces peuples orientaux dont les mœurs et les produits commençaient à leur être familiers à travers les objets importés ou les visites des marchands. Leurs navigateurs devaient en avoir une meilleure connaissance, mais les récits de voyage et les guides ne furent pas rédigés avant le VIe s., époque où le tableau politique des royaumes orientaux a été profondément modifié.
9Nous le verrons, ce n’est qu’après l’établissement des Grecs eux-mêmes sur la côte syrienne que la Grèce commence à recevoir des produits orientaux et à y prendre goût ; et rien n’atteste clairement l’existence de colonies commerciales phéniciennes outre-mer antérieures aux colonies grecques. Néanmoins, ce sont peut-être les Phéniciens qui transportèrent les quelques articles qui passèrent d’Orient dans le monde grec avant le VIIIe s. La nature de ce trafic ne nécessitait pas l’établissement de postes de commerce fixes ou de colonies, avant que l’exemple et la concurrence des Grecs ne les poussent à de telles entreprises.
10Avec le VIIIe s., le tableau commence à changer du tout au tout. Nous pouvons distinguer quatre zones principales du Proche-Orient qui accueillirent des Grecs ou dont les cultures eurent une profonde influence sur eux. Ce sont :
- La Syrie du Nord, à la fois dans son rôle de foyer des cultures néo-hittites et araméennes et de porte d’entrée vers les Empires d’Ourartou, d’Assyrie, de Babylone et de Perse, qui l’attaquèrent ou l’occupèrent successivement.
- La Phénicie et la Palestine, dont les cultures et leur influence sur les Grecs ne sont pas toujours faciles à distinguer de celles de la Syrie du Nord, surtout après la conquête assyrienne.
- Chypre joue un rôle quelque peu ambigu d’intermédiaire avec à la fois la Syrie du Nord et les pays plus au sud. C’est plutôt comme intermédiaire que comme centre indépendant qu’il convient de la considérer ici. Elle était largement peuplée de gens de langue grecque car elle avait été “colonisée” par des réfugiés à l’Age du bronze Récent et elle était encore en contact avec la Crète au cours des siècles obscurs et du VIIIe s., comme nous l’avons vu. Le grand établissement phénicien de Kition fut fondé au IXe s. sur un ancien site mycénien et, à partir de cette date, il devient difficile de distinguer l’influence de l’art chyprio-phénicien de celle de l’art phénicien sur la Grèce et les Grecs. Au VIIIe s. se développent avec la Grèce géométrique des liens beaucoup plus forts illustrés par le style héroïque et certains objets des tombes royales de Salamine15. En 709, les rois chypriotes paient tribut à l’Assyrie.
- L'Anatolie et les royaumes de Phrygie et Lydie. Nous avons déjà vu que les Grecs s’étaient établis aussi sur le littoral d’Asie Mineure. Ce sont de leurs relations avec ces royaumes de l’arrière-pays que nous allons traiter maintenant. C’est cela “l’Asie” pour les auteurs grecs anciens16, même si le mot désignait alors la seule Lydie et ne fut appliqué que plus tard à l’ensemble de l’Empire perse (dont nous examinerons l’influence sur la Grèce à la fin de ce chapitre).
LA SYRIE DU NORD ET LES EMPIRES LIMITROPHES
11Al Mina, à l’embouchure de l’Oronte, en Syrie du Nord (aujourd’hui dans la province turque d’Hatay), représente sans doute le site le plus important et le plus précoce des nouveaux postes de commerce grecs en Méditerranée orientale et pour nous la meilleure et la plus ancienne source d’information concernant les Grecs d’outre-mer.
12Nous savons peu de choses sur la phase de l’Age du bronze, mais la zone a été visitée par les Grecs et le fait que de la céramique mycénienne ait été retrouvée à Sabouni, près d’Al Mina, induit à penser que la nouvelle ville a pu ne pas occuper exactement la même place que l’ancienne.
13Al Mina a été fouillée par Sir Leonard Woolley avant la dernière guerre17. Celui-ci était en train d’explorer en Syrie, qu’il considérait comme la zone-clé, des sites qui permettraient d’éclairer les relations entre les pays de l’Égée et la Mésopotamie. Il fut bientôt récompensé avec le beau site de l’Age du bronze d’Atchana et le port non moins significatif de l’Age du fer d’Al Mina. Le site avait été en partie emporté par une modification du cours du fleuve. Woolley pense qu’une partie de son histoire primitive fut aussi emportée, mais nous avons malgré tout quelques témoins du mobilier grec primitif.
14Woolley a distingué dix niveaux différents à Al Mina, numérotés du plus récent, I, au plus ancien, X, mais nous ne sommes concernés que par deux périodes principales, que l’on peut aisément individualiser dans l’histoire architecturale du site et dans les trouvailles. La première (niveaux X à VII) couvre l’histoire primitive de la cité jusque vers 700 avant J.-C. La seconde (niveaux VI et V) nous conduit jusque vers 600 avant J.-C., date à laquelle il semble y avoir une coupure dans l’occupation grecque ou du moins une sérieuse récession. La fouille a porté sur la cité et des entrepôts et nous ne savons malheureusement rien des nécropoles et des sanctuaires grecs ou indigènes.
Al Mina : la première période, jusqu’en 700 avant J.-C.
15La configuration du delta de l’Oronte et du littoral n’est pas tout à fait claire, mais il semble que la ville d’Al Mina ait fait, pendant la plus grande partie de son histoire, fonction de port et d’entrepôt pour les bateaux de haute mer. Les restes architecturaux de cette première période ne sont pas particulièrement impressionnants. Les murs des bâtiments étaient faits de briques crues posées sur un soubassement de pierre – type de construction qui resta de règle à Al Mina et était courant à cette époque sur les sites aussi bien de Grèce que du Proche-Orient. On n’a pu reconnaître des plans complets de maison, mais il semble que certains des murs primitifs (niveaux X-IX) furent réutilisés dans des constructions du niveau VIII et que le niveau VII ne représente qu’un remaniement ou une restauration des structures en place. Le fait important pour nous est que de la céramique grecque se trouve en quantité appréciable à partir des niveaux les plus anciens.
16Avant la seconde période principale – le VIIe s., niveaux VI-V –, il semble qu’il y ait une réelle coupure dans l’histoire du site. Peut-être pas très longue, mais à coup sûr importante. On constate un changement complet dans le caractère et l’origine des trouvailles grecques, ainsi que nous le verrons, et les nouvelles constructions sont établies selon des alignements entièrement différents. Certaines pièces sont plus vastes, semblables à des entrepôts, et Woolley observe qu’il « devient désormais possible d’y reconnaître – sans grand effort d’imagination – les premiers exemples d’édifices à vocation commerciale avec bureau et entrepôt qui devaient devenir la règle pour les époques ultérieures ». Le niveau V est un remaniement du niveau VI et nous ne nous occuperons pas ici du réaménagement de la cité au niveau IV et de son histoire ultérieure jusqu’à son éclipse après la fondation de Séleucie en 301 avant J.-C., bien que ce soit dans cette dernière période que la structure et le caractère des entrepôts grecs puissent être le mieux évalués, parce que les constructions les plus tardives sont les mieux conservées.
17Qui étaient donc les Grecs qui établirent ce poste de commerce ? Qu’avaient-ils à acheter et à vendre et quelles furent leurs relations avec la population locale ? Les trouvailles d’Al Mina répondent pour nous à la première question ; pour les autres nous devons faire appel à la fois au témoignage littéraire et à l’accumulation de témoignages fournis par d’autres sites, mais nous devons aussi pour une plus grande part tâcher uniquement de deviner.
18Les trouvailles pour notre première période consistent dans une large mesure en céramique. Les vases grecs peuvent être rangés en un certain nombre de groupes clairement définis et, en sélectionnant d’abord ceux qui paraissent, stylistiquement, les plus récents – car ils sont plus aisément identifiables –, nous pouvons nous faire quelque idée de l’origine de la céramique et des Grecs qui la transportèrent18. Les groupes sont les suivants :
- Le groupe le plus modeste mais le plus caractéristique comprend des petites coupes à paroi rectiligne décorées de motifs géométriques dont l’intérieur est parfois rempli d’un engobe blanc ou crème. De tels vases ont été par ailleurs seulement découverts en Eubée et appartiennent au dernier quart du VIIIe s. (fig. 11).
- Le deuxième groupe comprend des imitations des élégantes coupes (kotylai) qui furent fabriquées à Corinthe dans les dernières années du VIIIe s. Leur argile, rosée, et l’utilisation, à l’occasion, de peinture blanche pour tracer des bandes à l’intérieur du vase indiquent que ce ne sont pas de véritables vases protocorinthiens. Des imitations qui présentent tous les traits de ce groupe n’ont été jusqu’ici retrouvées qu’en Eubée et dans la colonie occidentale des Eubéens à Ischia (Pithekoussai). Cf. fig. 202.
- Des coupes (skyphoi) décorées de simples motifs géométriques en panneaux (décor “à métopes”) appartiennent à une catégorie bien connue dans les Cyclades et en Eubée, mais l’absence totale de mica dans l’argile désigne plutôt l’Eubée, comme aussi le motif particulièrement courant des cercles concentriques sur la lèvre (fig. 12).
- Stylistiquement les plus anciens vases sont des coupes décorées de demi-cercles tracés au compas. Depuis la première édition de ce livre, les fouilles de Lefkandi, un site entre Érétrie et Chalcis en Eubée, ont spectaculairement confirmé l'hypothèse que l'Eubée avait été un des principaux lieux de production de ces coupes19. (fig. 13), courantes également en Thessalie et dans les Cyclades jusqu’au milieu du VIIIe s.
- Un groupe de coupes (skyphoi) de la fin du VIIIe s. avait été identifié par moi-même comme de possibles productions locales de potiers grecs d’Al Mina20 (fig. 14). Le décor extérieur avec des motifs à métopes et l’usage du pinceau multiple à main levée, ainsi que la finesse de l’exécution sont grecs ; mais l’intérieur est décoré de bandes à la manière chypriote et certains sont bichromes, autre caractéristique chypriote. Plusieurs ont été récemment trouvés à Chypre même21 et quelques-uns ont atteint Tarse et Byblos22. Il serait donc prudent d’y voir encore la production de potiers géométriques grecs émigrés, mais établis à Chypre plutôt qu’en Syrie, et fournissant naturellement la plupart de leurs produits à d’autres concitoyens expatriés à proximité.
19Parmi les autres types de céramique qui appartiennent à notre période d’après la stratigraphie ou le style, il n’y a que des fragments de vases d’un type fabriqué en Grèce de l’Est, notamment à Rhodes et une seule pièce protocorinthienne véritable, et rien de crétois. Nous reviendrons sous peu à l’examen de la poterie non grecque.
20Il semble donc probable que ce sont les Eubéens qui conduisirent les Grecs à Al Mina en compagnie peut-être d’insulaires des Cyclades, dont certaines étaient tombées sous le contrôle d’Érétrie (en Eubée) vraisemblablement à cette période23. La preuve de cette affirmation est essentiellement archéologique. Les témoignages littéraires ne la contredisent pas ; en fait ils ne disent absolument rien de cette entreprise qui pourtant fait date.
21Ce que les Eubéens apportaient avec eux pour vendre, nous ne le savons pas. A cette époque, il est improbable que ce fût de la céramique, bien qu’elle accompagnât sans aucun doute d’autres marchandises et qu’elle fût certainement aussi belle ou même plus belle que celle que l’on fabriquait alors dans le Proche-Orient. Il est difficile d’imaginer ce que la Grèce du VIIIe s. pouvait proposer mis à part peut-être des esclaves, mais un courant commercial s’établit à coup sûr et il aurait pu difficilement être à sens unique quelle que soit la valeur que nous accordions à l’aptitude des Grecs pour les affaires, car ils rencontrèrent là leurs égaux en la matière. Beaucoup de Grecs ont parcouru l'Orient comme mercenaires, mais ce n’était pas pour y conquérir les produits que les marchands et les princes recherchaient. De l’Orient arrivaient des œuvres d’art dont nous venons plus loin l’influence profonde. L’approvisionnement en métaux paraîtrait d’une importance plus immédiate : fer et cuivre dont la demande était particulièrement forte en Grèce, où cités et royaumes étaient convaincus de la nécessité d’accroître leur puissance militaire au même rythme que celui de leur prospérité et de leur population... et que celui de la jalousie grandissante de leurs voisins moins fortunés. Les Eubéens, dont les marchands étaient partis les premiers à la recherche de nouvelles sources de métaux pour le monde grec, furent aussi les premiers à connaître un conflit à l’échelle nationale à la fin du VIIIe s., la “guerre lélantine”, qui provoqua d’autres rivalités locales en Grèce continentale et entre les partenaires commerciaux des cités eubéennes en Grèce de l’Est. Cette guerre fut menée encore principalement avec des armements pré-hoplitiques, mais les nouvelles panoplies en bronze des armées civiques se généralisèrent vers 700 av. J.-C. L’Eubée fut une des premières régions à assimiler la nouvelle métallurgie orientale du fer et elle possédait quelques ressources locales24. Il y a des preuves de fonte de bronze à Lefkandi déjà autour de 900 av. J.-C.25 (fig. 15). Chalcis en particulier avait acquis dans l’antiquité la réputation d’avoir été le foyer de diverses innovations dans l’armement en bronze et son nom même de “ville d’airain” suggère une association précoce avec le travail du métal ; mais la demande croissante a dû engendrer la nécessité de rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement. Nous ne pouvons affirmer que les métaux furent le principal produit recherché par les Eubéens, mais ils jouèrent à coup sûr un rôle important dans le commerce avec l’Orient. Les premiers voyages furent probablement des entreprises privées occasionnelles, qui révélèrent aux yeux des Grecs un monde nouveau, suffisamment riche et troublé pour porter la promesse d’affaires rapides et lucratives. En effet la nouvelle route commerciale offrait en même temps qu’une sorte d’évasion ou de débouché aux orientaux, une source de richesse et d’inspiration aux Grecs.
22Quand les Eubéens arrivèrent à Al Mina la ville était probablement placée sous l'autorité de l'un de ces petits royaumes araméens dont la population s’était installée dans la région au début du premier millénaire. Au-delà se trouvaient les royaumes néo-hittites, à ce moment très proches culturellement des mondes araméens : la zone était donc, du nord au sud, sous l’influence des traditions anatoliennes et sémitiques. Du nord, provenaient la connaissance et les ressources en métaux ; du sud, avec les Phéniciens de la côte, un ensemble d’œuvres artistiques et artisanales égyptianisantes. Encore plus au nord-est s’étendaient le royaume d’Ourartou (l’Arménie actuelle jusqu’à la mer Caspienne), pays riche en métaux parvenu au sommet de sa puissance dans la première moitié du VIIIe s. et qui tournait ses regards vers la côte méditerranéenne, et le berceau de l'Assyrie, dont le futur empire allait embrasser au VIIIe s. toute la région côtière et Chypre. Il n’est pas toujours facile de démêler les diverses traditions artistiques – araméenne et néo-hittite (c’est-à-dire grossièrement nord-syrienne), ourartienne et assyrienne – dans la toreutique et d’identifier l’origine des objets et des techniques qui atteignaient le monde grec. Mais il est évident que, dès le début, les Grecs eurent accès aux riches sources d’approvisionnement des métaux travaillés et que l’instabilité militaire à l’intérieur des terres a rarement arrêté le flux de marchandises et, en tout cas, n’a pas empêché l'installation de cet établissement qui allait être un comptoir de longue durée.
23La ville d’Al Mina n’était pas, bien sûr, entièrement grecque. Il est probable que le site était déjà occupé par un établissement du même type qui ne prit une réelle ampleur comme emporion que lorsque les Grecs commencèrent à fréquenter le port et y établirent une petite communauté. La céramique non grecque d’Al Mina peut nous donner quelque idée à la fois de l’ancienneté de l’établissement et de la culture de la population qui accueillit les Grecs. On peut plus facilement apprécier cette dernière, car la poterie est unie ou très simplement décorée et n’a rien à voir avec l’évolution rapide du style et du décor que l’on peut observer dans les produits grecs. En outre, malgré leur fouille attentive, la chronologie de divers sites orientaux de comparaison est encore l’objet de grandes discussions.
24Une étude récente de la céramique non grecque d’Al Mina26 montre qu’aucune pièce ne doit être antérieure au milieu du IXe s. La céramique grecque qui a été recueillie à ses côtés dans les couches les plus basses peut, avec vraisemblance, être datée d’environ 800 ou peu avant, ce qui confirme que l’occupation du site avant l'arrivée des Grecs doit bien avoir eu lieu mais qu'elle fut de courte durée. Tout au long du VIIIe s., le volume de la céramique non grecque semble rivaliser avec celui de la céramique grecque. Elle doit avoir été, en totalité, destinée à l’usage quotidien puisqu’il n’y avait pas encore de commerce organisé de la céramique grecque, mais la majorité des petits objets recueillis ne sont pas grecs. La communauté grecque peut donc avoir constitué une minorité, bien qu’elle semble avoir été la cause directe de la prospérité du port, sinon de son existence.
25La majorité de la céramique non grecque de notre première période a un aspect chypriote prononcé, mais d’autres catégories qui étaient courantes en Phénicie et en Palestine de Nord sont aussi bien représentées. Les Chypriotes commerçaient en toute liberté avec cette côte et une partie de la population d’Al Mina était probablement chypriote, fabriquant ses propres vases sur place ou tout près dans le style chypriote.
26La céramique grecque trouvée à Chypre même – surtout dans les cités côtières – a en gros les mêmes origines et les mêmes proportions que celle d’Al Mina à cette époque. La principale différence réside dans le nombre de vases athéniens parvenus à Chypre déjà avant 750 et qui témoignent d’une brève mais intense période d’intérêt athénien pour l’Orient27. Il n’y est pas encore question d'une nouvelle installation grecque dans l’île où les Phéniciens étaient bien établis, mais le fait que ceux-ci venaient de s’installer à Kition au IXe s., à peu près au moment où les Grecs atteignaient les terres orientales de la Syrie, n’est peut-être pas une simple coïncidence.
27En 743, le roi d’Assyrie, Téglath-Phalasar III brisa la domination d’Ourartou dans l’ouest et vers la fin du siècle l’empire assyrien s’était étendu au-delà de la Syrie et la Cilicie, jusqu’à Chypre à l’ouest et jusqu’à la Palestine au sud. Chypre faisait logiquement partie d'un empire englobant la Syrie du Nord et la Cilicie. A Al Mina, selon Woolley, le niveau VIII aurait contenu presqu’exclusivement de la céramique chypriote, mais il existe de nombreux tessons grecs provenant du site et étiquetés “niveau VIII”, et, bien que l’élément chypriote à Al Mina ait pu être considérable au VIIIe s., le niveau VIII s’arrête probablement avant 709, année où l’on trouve la première mention de la soumission de Chypre à l’Assyrie. Le passage du niveau VIII au niveau VII est marqué par d’importantes réfections, que l’on pourrait mettre en relation avec l’intervention assyrienne contre les rebelles syriens vers 720, cause éventuelle de perturbation dans les relations avec Chypre. On pourrait penser que ce furent les Chypriotes qui conduisirent les Grecs à Al Mina et que la quantité de céramique grecque du VIIIe s. recueillie dans l’île témoigne de l’importance de l’intérêt que les Grecs y portaient. Ceux-ci ont dû certainement faire la traversée via Chypre. La domination assyrienne n’eut pas d’influence défavorable sur le commerce grec. La céramique grecque qui peut être datée sur la base d’éléments externes se maintient nettement en quantité à Al Mina jusqu’à la fin du VIIIe s.
28Avant d’examiner de plus près la fin de notre première période à Al Mina, marquée par l’abandon – aussi court fut-il – des maisons du niveau VII et suivie du nouveau plan d’urbanisme du niveau VI, nous devons passer en revue les autres témoignages de la présence des Grecs au Proche-Orient à la même époque28. Il est clair qu’Al Mina ne fut pas le seul port à avoir attiré des Grecs. Deux autres sites côtiers plus petits, juste au sud, furent aussi fréquentés par les Grecs dans la deuxième moitié du VIIIe s. L’un est le grec Poseideion (une autre fondation postérieure à la guerre de Troie selon des auteurs tardifs), dont le nom survit dans la moderne Ras el Basit, et l’autre est Tell Sukas situé sur un promontoire bas entre deux bons mouillages29. Par l’intermédiaire d’Al Mina et de ces autres ports, un peu de céramique grecque gagnait l’arrière-pays et le sud, en passant par les mains des Grecs ou de marchands locaux. Des tessons ont été recueillis sur divers sites de la plaine d’Amq, en arrière d’Al Mina, tandis que les coupes caractéristiques décorées de demi-cercles (cf. notre groupe 4, ci-dessus) ont été retrouvées sur au moins six autres sites de Syrie et sur deux de Palestine30. D’autres vases ou fragments géométriques ont été trouvés en Syrie, à Hama et Catal Hüyük ; en Assyrie, à Ninive (signalés mais non publiés) ; près de Sidon ; en Palestine, à Megiddo, Samarie et Tell Abu Hawam. Il s’agit de vases attiques de la première moitié du VIIIe s. (comme à Chypre), mais aussi eubéens et cycladiques. Il n’y a pas de preuve archéologique d’une profonde influence grecque sur les arts locaux qui puisse être attribuée à ces contacts fortuits avec des objets grecs. C’est seulement dans le domaine de la céramique que les Grecs avaient quelque chose à enseigner et le Proche-Orient (en dehors de Chypre où il y eut à la fois des importations grecques et une production locale de type géométrique) ne porta pas un grand intérêt à la fabrication de vases décorés31.
29Les mentions assyriennes de relations avec les Grecs sont rares mais intéressantes. Dans les années 730, un de leurs agents sur la côte phénicienne signale des raids par des “Ioniens” (cf. infra), ce qui suggère que certains des nouveaux venus dans les eaux orientales n’hésitaient pas à pratiquer la piraterie courante dans l’Égée. Plus au sud, à Ashdod, des sources assyriennes parlent d’un Yamani qui fut proclamé roi par des rebelles. Sargon écrasa la révolte en 712 et Iamani s’enfuit en Égypte et en Nubie dont le roi Shabaka le livra à Sargon. Yaman était la graphie assyrienne du familier Yawan – les Ioniens de la Bible. Bien qu’ils aient utilisé un nom différent pour Chypre – Iadnana –, on peut penser que les Orientaux n’étaient pas très rigoureux dans l’usage du mot Yamani et nous avons la preuve qu’ils pouvaient l’appliquer aussi bien aux Chypriotes qu’aux populations anatoliennes qui vivaient aux côtés des Grecs32.
30Vers le nord, en Cilicie, les vestiges sont encore plus notables et de la céramique géométrique grecque a été récupérée en plusieurs endroits, notamment à Mersin33 et surtout à Tarse, où apparaissent les coupes décorées de demi-cercles pendants34. Des ressources locales en fer ont pu constituer l’un des attraits de la région35. Tarse est l’un de ces sites qui furent établis par les Grecs pour peu de temps à l’époque du Mycénien récent et sur lesquels ils revinrent de nouveau à l’époque géométrique, quelque 400 ans plus tard. La céramique grecque de Tarse, qui a été fouillé par les Américains en 1935-1939 et 1947-1949, n’a été publiée que récemment et semble suggérer qu’un petit établissement grec y a été admis aussi tôt qu’à Al Mina. Les types de céramique, grecque ou autre, paraissent semblables à ceux d’Al Mina avec davantage de produits locaux ciliciens. L’élément grec oriental probablement rhodien qui apparaît mince et tardif dans la première période d’Al Mina est peut-être un peu plus vigoureux à Tarse.
31Cilicie et Syrie étaient tombées sous l’autorité du roi assyrien Sargon après son accession au trône en 720. Vingt-quatre ans plus tard le gouverneur assyrien de Cilicie se révoltait : les Grecs de Tarse prirent les armes à ses côtés et avec eux peut-être, les Grecs d’Ingirâ (s’il s’agit bien de la ville grecque d’Anchialè). Sennachérib, qui était monté sur trône d’Assyrie en 705, écrasa la révolte et détruisit la cité de Tarse. Nous connaissons ces faits grâce à des sources assyriennes et une couche de destruction a été nettement reconnue à Tarse par les fouilleurs. Des textes plus tardifs parlent d’une bataille navale entre Assyriens et Ioniens36, qui peut avoir eu lieu au cours de cette campagne. Même si la révolte ne dut pas s’étendre aussi loin qu’Al Mina, il paraît peu probable que les Assyriens aient pu regarder d’un œil favorable les entreprises grecques ou chypriotes ; et comme le témoignage de la céramique à Al Mina suggère que l’abandon des maisons du niveau VII eut lieu vers cette date, je suis enclin à associer cette coupure dans l’histoire du site aux événements qui aboutirent à la destruction de Tarse en 69637. Deux ans plus tard, Sennachérib avait à son service à Ninive des marins “ioniens” et phéniciens38.
Al Mina : la seconde période, jusqu’en 600 avant J.-C.
32La seconde phase de notre histoire des Grecs en Orient est encore mieux représentée du point de vue archéologique à Al Mina, dans les niveaux VI et V. L’histoire architecturale de la période a déjà été examinée. La continuité de style de la céramique grecque recueillie avant et après cette coupure au début du VIIe s. montre qu’elle ne fut pas de longue durée. Mais c’est vraiment une nouvelle ville qui s’élève sur les ruines de l’ancienne dont on a du mal à reconnaître les alignements des rues primitives et les limites des propriétés privées. Les niveaux VI et V d’Al Mina nous conduisent à travers la période de domination assyrienne jusqu’à son effondrement et à l’extension du nouvel empire babylonien jusqu’aux rives de la Méditerranée.
33La céramique grecque paraît maintenant occuper un pourcentage encore plus significatif de toute la poterie recueillie et en constituer peut-être la majeure partie. Ce fait suggérerait que les Grecs en étaient arrivés à contrôler le trafic qui passait par le port d’Al Mina plutôt qu’ils ne le partageaient avec les Chypriotes et Woolley constate que, bien qu'il y ait encore une certaine quantité de poterie chypriote dans le niveau VI, elle fait défaut dans le niveau V. Les fragments de vases grecs nous aideront aussi à identifier l’origine des Grecs les plus impliqués dans le commerce oriental, car, bien que certains beaux articles grecs (tels que la céramique corinthienne) aient pu être transportés par quelque marchand grec, il est encore trop tôt pour imaginer que la céramique décorée aurait pu faire l’objet pour elle-même d’un trafic important ou délibéré. Wooley écrit que « le bucchero lesbien avait la préférence d’un ou deux négociants et qu’un au moins fournissait de la poterie chiote ». Ces trouvailles, pour peu qu’elles aient quelque signification, doivent plutôt indiquer la nationalité des tenanciers des magasins, car la répartition de la céramique grecque décorée au Proche-Orient durant le VIIe s. présente un tableau plutôt plus pauvre qu’au VIIIe s.
34Les principaux types de céramique que l’on trouve à Al Mina au VIIe s. sont les suivants39 :
- Céramique eubéenne. imitations de coupes protocorinthiennes (cf. notre groupe 2, supra). Il y a suffisamment de fragments étiquetés “niveaux VI-VII” ou “niveau VI pour suggérer que ces vases devaient encore arriver.
- Céramique corinthienne : de beaux aryballes et coupes protocorinthiens apparaissent maintenant en quantité appréciable. Les tout premiers peuvent remonter au premier quart du VIIe s. et le flot en est ininterrompu jusque presque la fin du siècle.
- Céramique attique : fragments d’amphores de stockage, dites SOS d’après les motifs portés sur leur col40 (cf. fig. 2).
- Céramique argienne (?) : quelques fragments insolites polychromes41 sont semblables à des fragments provenant du sanctuaire d’Héra près d’Argos, mais aussi à de la poterie recueillie dans la colonie eubéenne de Cumes en Italie et même à des types courants à Mégara Hyblaea.
- Céramique de Grèce de l’Est : il y en a plusieurs types importants :
- “coupes à oiseaux” : coupes basses de belle facture, décorées de simples motifs géométriques. Rhodes en fut sans doute un important centre de production, mais il y eut aussi ailleurs des ateliers de fabrication de cet article longtemps populaire42 (fig. 16).
- “œnochoés à oiseaux” : cruches apparentées aux vases précédents par leur décor, mais qui ne survivent pas au-delà du milieu du VIIe s. sur d’autres sites. Rhodes en est encore un centre important, mais elles furent aussi fabriquées à Samos, à Chios et peut-être ailleurs (fig. 17). Les œnochoés d’Al Mina ont une embouchure arrondie, sans la lèvre trilobée pour verser que présentent beaucoup de modèles chiotes et quelques rhodiens43.
- vases du “style des chèvres sauvages” (Wild Goat) : vases de formes diverses décorés de frises d’animaux – souvent des bouquetins – dans le style qui est adopté en Grèce de l’Est vers le milieu du VIIe s. (fig. 18). Certains d’entre eux, en particulier les récipients peu profonds, sont nettement rhodiens. D’autres peuvent provenir de centres de Grèce de l’Est – Chios, Samos ou Milet. Il n’y a pas d’exemplaires utilisant la technique des figures noires incisées, qui fait son apparition sur de tels vases vers 600 avant J.-C.
- coupes44 : coupes peintes unies avec des bandes réservées au niveau des anses et de la lèvre, appelées “coupes ioniennes”, peut-être rhodiennes.
- vases à bandes polychromes, surtout de belles coupes peintes en noir avec de fines bandes rouges et blanches ; probablement rhodiennes.
- coupes en calice chiotes et fragments d’autres vases recouverts de l’engobe blanc chiote caractéristique.
- du bucchero lesbien est mentionné par Woolley mais aucun fragment n’a été publié ; et Lesbos ne fut sans doute pas le seul centre en Éolide à fabriquer du bucchero gris au VIIe s.
35Ce tour d’horizon indique clairement que la céramique grecque parvenant à Al Mina au VIIe s. est en majorité originaire de centres de Grèce différents de ceux qui approvisionnaient les Grecs qui y vivaient au VIIIe s. La participation eubéenne a pratiquement disparu. C’est autour des années 700 que se situe peut-être le dernier combat – ou le plus décisif – de la lutte qui opposait les deux principales cités eubéennes, Érétrie et Chalcis (la guerre lélantine déjà signalée). Érétrie remporta probablement la victoire et c’est à Érétrie et non (jusqu’ici du moins) à Chalcis que nous trouvons le type de vase encore importé à Al Mina ; mais cela peut n’avoir aucune signification. Les deux cités se retirèrent de l’arène pour plusieurs années. Les insulaires des Cyclades qui accompagnaient les Eubéens cessèrent eux aussi de venir, bien que l’on trouve à Al Mina des fragments d’une production caractéristique des îles au début du VIIe s.45.
36A leur place nous trouvons des vases corinthiens et grecs orientaux. Le témoignage de la céramique corinthienne doit être considéré avec prudence. Elle était de la plus haute qualité, valant d’être possédée et transportée pour elle-même par n’importe quel Grec et ne doit pas signifier nécessairement la participation effective de marchands corinthiens en Orient. Les vases de Corinthe ont été recueillis dans tout le monde grec – et même au-delà – et n’offrent aucun exemple vraiment net d’un trafic et d’un intérêt spécifiquement corinthiens. Les Grecs de l’Est, eux-mêmes actifs producteurs de céramique peinte, usèrent parfois assez volontiers de ces articles qui furent les plus élégants de tous les produits grecs du VIIe s. Mais cette seule explication ne suffit pas pour rendre compte de l’abondance de céramique corinthienne à Al Mina, en particulier au début du siècle ; si nous ne devons pas songer nécessairement à des Corinthiens, nous pourrions envisager cependant des Grecs en relation étroite avec Corinthe. Je soupçonne les Éginètes qui, chez eux, ont presque toujours utilisé des vases corinthiens parce qu’ils n’avaient pas de fabriques locales de vases de qualité. Je dis “presque toujours” car des fouilles à Égine ont montré que des vases athéniens et argiens y furent aussi importés. Athéniens, et peut-être aussi argiens, sont les seuls autres fragments reconnus de Grèce continentale à Al Mina (cf. types 3 et 4, ci-dessus). Des trouvailles à Égine même indiquent un intérêt porté aux affaires orientales durant tout le VIIe s.46.
37Il est clair que des Grecs de l’Est jouent maintenant le premier rôle. Ils étaient déjà présents à Al Mina à la fin du VIIIe s. et c’est sur ces routes orientales que Samiens et Milésiens rejoignirent les Eubéens et se trouvèrent ainsi impliqués dans leurs rivalités. Nous pouvons identifier avec certitude la poterie rhodienne, mais Chios, Samos et peut-être Lesbos sont aussi représentées. Milet devrait y être aussi à coup sûr si l’on songe à ses autres entreprises au VIIe s., mais nous connaissons encore trop mal la céramique milésienne. Quand nous en saurons davantage, il semble probable qu’il faudra faire leur part aux Milésiens au détriment des Rhodiens. Cela est historiquement le plus probable et il vaut la peine de noter que la plus ancienne céramique grecque orientale à Naucratis en Égypte (cf. chapitre 4) est absolument semblable à la plus récente d’Al Mina ; or, à Naucratis, on a toutes les raisons de trouver les Milésiens. D'autres cités de Grèce de l'Est ont pu utiliser et transporter de la céramique rhodienne, de même que des Grecs continentaux ont pu le faire pour la céramique corinthienne. Le rôle de Rhodes dans l’expansion des intérêts grecs au VIIe s. a peut-être été exagéré ; il est à remarquer combien peu des plus beaux vases du “style des chèvres sauvages” ont été recueillis dans les nécropoles, par ailleurs prolifiques, de l’île.
38La céramique datable la plus récente de cette seconde période d’Al Mina est d’environ 600 av. J.-C. et, passée cette date, les témoignages d’une occupation deviennent très minces. Il y a des fragments de céramique grecque orientale et attique provenant d’Al Mina et surtout de Sabouni, la ville haute associée au port, et datant des décennies du milieu du siècle, mais ce n’est pas avant le dernier quart du siècle que des vases grecs apparaissent de nouveau en quantité. Quelle est la raison de cette coupure ? A la fin du VIIe s. l’empire assyrien tombe au pouvoir de Babylone et dans les premières années du VIe s., Nabuchodonosor II étend cet empire jusqu’à la côte méditerranéenne. Si la coupure enregistrée par l’archéologie à Al Mina n’est pas totalement illusoire, elle est peut-être à mettre en rapport d’une certaine manière avec ce changement de pouvoir. Sur la poursuite du commerce avec les Grecs au début du VIe s. à travers le port phénicien de Tyr, nous avons le témoignage d’Ézéchiel (27,13), qui nous renseigne aussi sur le caractère du commerce – esclaves et bronzes – : « Iawan (Ioniens), Tubai (Cilicie du nord) et Meshech (Phrygie) commerçaient avec toi ; ils échangeaient les esclaves et la vaisselle d’airain dans ton marché ».
39Parmi les autres sites orientaux occupés par des Grecs, Tarse renaît après 696 av. J.-C., aussi rapidement qu’Al Mina, et, mise à part une pauvreté relative en céramique corinthienne, les vestiges du VIIe s. y sont semblables à ceux de la cité de Syrie du Nord47. Des traces plus limitées48 d’une activité grecque, mais sans établissement, se trouvent ailleurs en Cilicie (Mersin, Sakçagözü et d’autres sites mineurs), en Syrie (Catal Hüyük, Zinjirli), à Babylone, et en Palestine (Tell Abu Hawan). La céramique, comme à Al Mina, est presque toute originaire de Grèce de l’Est et de Corinthe, comme le sont aussi les importations à Chypre au VIIe s. Les fondations rhodiennes de Phaselis et Soloi, sur la côte sud d’Asie Mineure, peuvent remonter au début du VIIe s., mais il n’y en a pas de preuve archéologique, excepté, pour Soloi, la quantité de céramique rhodienne retrouvée dans la voisine Tarse49. Pour le VIIe s. nous possédons aussi quelque témoignage de la présence de mercenaires grecs en Orient. Des soldats vêtus à la manière des hoplites grecs apparaissent sur la représentation d’un siège figuré sur une coupe d’argent, recueillie à Chypre (à Amathonte), mais qui doit représenter un travail phénicien du VIIe s.50(fïg. 19). Par malheur, les “guerriers ioniens”, que d’aucuns avaient cru apercevoir sur des bas-reliefs assyriens, sont certainement orientaux et les restes de ce qui pourrait être un casque grec que l’on voit sur une peinture de Til Barsip51 constituent un bien maigre témoignage pour les représentations assyriennes de soldats grecs. Des mines de Karkémish, détruite par les Babyloniens en 605, proviennent une cnémide grecque et un bouclier (fig. 20), décoré de frises concentriques d’animaux et, en son centre, d’une tête de Gorgone52. Il doit s’agir d’une œuvre grecque du milieu du VIIe s. ou d’un peu plus tard, et un exemplaire semblable, quoique plus beau, a été retrouvé à Olympie. Il est probable, néanmoins, que le bouclier fut apporté par un Grec au service, non du roi d’Assyrie ou de Babylone, mais du roi égyptien Nékao qui avait occupé Karkémish.
40Un site, proche d’Ashdod et juste au sud de Tel Aviv (Mezad Hashavyahu), pourrait, d’après les fouilleurs qui l’ont récemment exploré53, avoir englobé un établissement de mercenaires grecs licenciés par l’Égyptien Psammétique Ier. C'est un site fortifié et la céramique de Grèce de l’Est y appartient toute à la fin du VIIe s. On a suggéré que le site avait été abandonné devant l’invasion de Nékao en 609 ; mais ne pourrait-il s’agir de Grecs au service de Nékao évincés par les Babyloniens (cf. chapitre 4, p. 141) ?
Le VIe siècle
41La présence commerciale grecque sur la côte syrienne et phénicienne au sud d’Al Mina dans la première moitié du VIe s. doit avoir été tolérée, voire même soutenue par les Babyloniens, peut-être pour s’opposer plus au sud aux Phéniciens dont la capitale, Tyr, ne tomba jamais entre leurs mains. A Tell Sukas, par exemple, dont la principale période de prospérité commence vers 600, les fouilleurs ont noté une influence grecque dans l’architecture d’un petit sanctuaire, identifié par les Grecs comme dévolu à Hélios. La plus grande partie de la céramique est grecque orientale, avec un peu de céramique attique et une bonne représentation de la céramique chypriote. Le site a connu plus d’une destruction au cours du VIe s., mais un déclin réel et l’interruption des importations de céramique grecque ne se produisent qu’au début du Ve s.54. On constate une profonde opposition entre l’histoire des centres du type Tell Sukas et celle d'Al Mina qui déclina à l’approche des Babyloniens et renaquit seulement sous la domination perse. Sans doute les nouveaux maîtres avaient-ils trouvé plus avantageux que les Grecs puissent poursuivre leurs activités commerciales à Tell Sukas plutôt qu’à Al Mina et sans doute les Grecs revinrent-ils au port meilleur d’Al Mina dès qu’ils en eurent la possibilité. Ou alors cela pourrait signifier qu’à cette époque il y avait plus d’avantages dans un commerce direct avec la Syrie centrale et moins avec les centres plus éloignés desservis par Al Mina. La prospérité relativement plus grande des cités phéniciennes sur cette côte à toutes les périodes ne remet pas en question l’importance d’Al Mina comme entrepôt équipé et privilégié par les Grecs pour servir de relais avec les ressources situées au-delà de la bande côtière.
42Les autres trouvailles de céramique grecque sont très peu nombreuses au Proche-Orient pour les quelque cinquante premières années du VIe s. – c’est-à-dire durant “l’interrègne” babylonien entre la domination assyrienne et la domination perse – et l’absence de témoignage grec enregistré à Al Mina semble se répéter en Palestine55.
43Les Babyloniens eux-mêmes employèrent des mercenaires grecs. Le poète lesbien Alcée chante son frère Anti-ménidas : « Tu es revenu des extrémités de la terre, porteur d’un glaive à la poignée d’ivoire encerclée d’or ; après avoir accompli un grand exploit au service des Babyloniens que tu as sauvés du péril en tuant un guerrier d’une telle taille qu’il ne lui manquait qu’une seule main pour avoir cinq coudées » (c’est-à-dire d’environ 2,50 m)56. Cela laisse entendre qu’il avait servi, dans la campagne de Palestine, à Ascalon, prise en 604. A Babylone, une inscription témoigne de la présence d’artisans “ioniens”, mais peut-être originaires seulement de Lycie ou de Cilicie à en juger d’après leurs noms57 et un peu de céramique attique du milieu du VIe s. y rappelle les trouvailles de Tell Sukas et des fragments d’Al Mina (Sabouni)58.
44La suprématie babylonienne fut de courte durée et une nouvelle puissance orientale prit le relais. Le roi perse Cyrus fit son entrée à Babylone en 539 et hérita des possessions de Syrie, Phénicie et Palestine. Il avait déjà soumis les Ioniens en Grèce de l’Est après avoir défait Crésus et les Lydiens. Sous l’autorité perse, le commerce grec semble avoir de nouveau prospéré au Proche-Orient, après son recul sous les Babyloniens. En Phénicie et Palestine on trouve un peu de céramique grecque orientale et attique59, principalement de la seconde moitié du siècle, mais, au nord, le port grec d’Al Mina fut reconstruit et de nouveau actif avant la fin du siècle. A ce moment-là il paraît être un établissement entièrement grec et sa renaissance ne peut être comprise qu’à la lumière d’un encouragement positif des Perses envers les commerçants grecs. La nouvelle cité d’Al Mina (niveau IV) fut aménagée suivant un plan et dans un style entièrement nouveaux. Les bâtiments ou entrepôts sont groupés en grands îlots rectangulaires dont certains sont proches de la configuration – autour d’une cour ouverte sur un côté – qui apparaît dans une phase ultérieure de l’histoire de la cité60 (fig. 21). Al Mina devait subir deux autres modifications de plan, à la suite d’incendies, mais, en dépit de ces revers, sa prospérité fut ininterrompue jusqu’au moment où son prestige se trouva éclipsé par la fondation nouvelle de Séleucie, à 5 km au nord, en 301 av. J.-C.
45Pour percer l’identité des Grecs qui traitent maintenant à Al Mina nous ne pouvons plus nous en rapporter au genre de témoignage archéologique que nous avons utilisé auparavant. La céramique attique a désormais envahi tous les marchés et les trouvailles de vases peints athéniens dans tout le monde grec et au-delà n'impliquent nullement la participation active d’Athéniens plutôt que de tous autres Grecs. Au vu des rapports des Grecs de l’Est et spécialement des Ioniens avec la Perse et de l’activité analogue de Naucratis en Égypte, nous pouvons raisonnablement supposer que les Grecs de l’Est effectuaient la plus grande partie du trafic. A partir de la fin du VIe s., toute la céramique grecque peinte d’Al Mina est attique, en majorité de qualité médiocre, destinée à un marché peu exigeant semblerait-il. On trouve encore bien sûr des objets chypriotes et quelques menus colifichets phéniciens. Des produits locaux ou indigènes apparaissent aussi, profondément influencés pour les plus beaux d’entre eux par la qualité des importations grecques. En général, on peut dire que la belle céramique est en majorité grecque mais que les objets mineurs se rapprochent plutôt des trouvailles de n’importe quel autre port ou cité du Proche-Orient entretenant d’amples relations outre-mer. A ce moment-là, la céramique attique est évidemment importée pour elle-même et ce fait apparaît avec une fréquence croissante sur plusieurs sites proche-orientaux. Pour limiter notre attention seulement aux années postérieures à la renaissance du trafic à Al Mina et antérieures à la fin des Guerres Médiques en 479 av. J.-C., nous trouvons de la céramique attique sur une demi-douzaine de sites de Syrie du Nord, dont le plus lointain est Karkémish, un peu à Babylone et en quantité appréciable en Palestine, de Tell abu Hawan au nord (près d’Haïfa) à Tell Jemmeh au sud. Il s’agit partout d’une céramique à figures noires de mauvaise qualité et tardive, la plus médiocre qui soit, quasiment un produit de série athénien. Des articles s’améliorent un peu au cours du Ve s. Je donne ici (fig. 22) la reproduction d’un objet d’art grec d’une date un peu plus récente parvenu à Al Mina, car il n’a pas encore été publié et il présente un certain intérêt intrinsèque. C’est un fragment de statuette d’un sphinx assis, sculpté dans un beau marbre blanc (aujourd'hui à Oxford). Le travail et la finition sont délicats. Une confrontation avec des représentations semblables en Grèce, telles que le sphinx d’Égine ou le vase plastique en forme de sphinx du potier Sotadès, suggère une date aux environs de 470. Il doit, à Al Mina, avoir fait les délices d’un agent grec en résidence, même si les Perses avaient pu déjà acquérir le goût des œuvres d’art grecques malgré la médiocrité de la céramique attique importée à Al Mina.
46Peu de monnaies grecques antérieures à 480 av. J.-C. ont été jusqu’à présent recueillies sur des sites du Proche-Orient61. La plupart appartiennent à des émissions athéniennes ou éginètes de la fin du VIe s. ou du début du Ve, mais un important trésor découvert à Ras Shamra contient une majorité d’émissions thraces et les monnaies thraces sont par ailleurs plus courantes qu’on ne pourrait s’y attendre. Le même phénomène se révèle dans les trouvailles égyptiennes contemporaines (cf. chapitre 4, p. 158). On trouve aussi quelques monnaies ioniennes et chypriotes. A Persépolis un lot de monnaies associées aux dépôts de fondation du palais (l’Apadâna) de Darius (511 av. J.-C.) comprend huit statères lydiens (de Crésus) et, en argent, une pièce éginète, une thrace et trois chypriotes62.
47Nous ne parlerons pas davantage des destinées des Grecs en Syrie et Palestine au Ve s., excepté dans la mesure où des relations gréco-perses pourront concerner cette zone. Ce furent les Grecs d’Ionie qui les premiers eurent affaire aux Perses et c’est vers eux et vers leur expérience des royaumes indigènes d’Anatolie que nous retournerons plus loin dans ce chapitre.
L’INFLUENCE ORIENTALE EN GRÈCE
48Pour compléter le tableau, il faut dire un mot des influences que ces rapports animés et ces échanges commerciaux avec le Proche-Orient eurent sur la Grèce, du moins du point de vue archéologique. On ne discutera pas ici du rôle joué par l’Orient comme inspirateur de nouvelles idées dans le domaine de la religion, de la littérature ou des sciences63. On ne pourra pas non plus, en faisant l’inventaire sommaire de l’influence, souvent superficielle, des motifs orientaux dans l’art grec, accorder une attention suffisante à la contribution grecque originelle et à la façon dont les Grecs ont traduit et adapté leurs emprunts en un art original sans aucun équivalent au Proche-Orient. Notre exposé sera donc forcément déséquilibré et le lecteur devra garder en mémoire la vision de l’évolution générale des Grecs, de leurs institutions et de leur art, évolution que l’Orient a pu accélérer ou conditionner. L’attitude de supériorité des Grecs vis-à-vis des Barbares et, en même temps, la conscience de leur être débiteurs dans une alchimie faisant ressortir leur propre créativité ont eu la vie dure dans la pensée grecque. « Chaque fois que les Grecs empruntent quelque chose aux non-Grecs, ils l’amènent en définitive à une plus grande perfection » (Platon)64.
49Ceci ne peut donc être rien de plus qu'un survol des véhicules probables et des motifs dans lesquels l’archéologue peut tenter d’observer l’influence de l’Orient en Grèce – une influence stimulée en premier lieu par les Grecs eux-mêmes dans leurs voyages en terre orientale. Les aspects essentiels de la question sont au nombre de trois : les objets effectivement importés ; l’influence d’artistes orientaux venus en Grèce pour y travailler et y enseigner – les demioergoi étrangers mentionnés chez Homère65 ; les imitations et adaptations grecques des objets et des décors orientaux. On trouvera toujours quelque part à un moment donné de la longue histoire du Proche-Orient un parallèle à n’importe quel motif artistique, figuré ou abstrait. Mais de telles comparaisons ne se révéleront profitables que si l’on peut démontrer une relation plausible dans le temps et un moyen de transmission. Or, des liaisons vitales nous échappent parfois, alors que l’emprunt semble direct et sûr. C’est qu’il faut sans arrêt se souvenir que ce n’était pas le premier contact de la Grèce avec l’Orient et qu’un certain nombre de motifs ou de formes peuvent avoir survécu depuis l’Age du bronze et être redécouvertes.
50Les différentes composantes des influences orientales sur la Grèce sont plus complexes que ce que pourrait suggérer la géographie de la région. On peut distinguer les suivantes :
- nord-syrienne : plusieurs sites de Syrie du Nord et de Cilicie semblent artistiquement liés aux vieux styles hittites plutôt qu’à ceux des régions orientales et méridionales (araméennes). Cet art est connu surtout à travers les sculptures en relief et les centres les plus importants sont Karkémish, Zinjirli, Sadjegôzti et Malatya. La majorité des œuvres les plus significatives ont été exécutées antérieurement ou au VIIIe s., mais étaient encore visibles au VIIe s.66.
- ourartienne : l’Arménie était un centre important du travail des métaux et les riches trouvailles des sites proches du lac Van offrent souvent des liens de parenté étroits avec la Grèce67. Ourartou a envahi les états de la Syrie du Nord à plusieurs reprises dans la première moitié du VIIIe s., mais ne réussit jamais à s’assurer le contrôle direct sur une partie de la côte méditerranéenne.
- assyrienne : l’art assyrien est mieux connu pour ses œuvres sculptées, spécialement des reliefs, que pour ses bronzes ou ses petits objets68. Une importante source de motifs décoratifs assyriens a dû être, pour les Grecs, les tissus qui, bien sûr, ont disparu. L’influence assyrienne ne peut être antérieure au VIIe s. et, en effet, elle se manifeste surtout au milieu ou à la fin de ce siècle.
- phénicienne : les ivoires provenant des sites phéniciens et ceux qui arrivèrent en Assyrie comme butin révèlent un style composite d’éléments proche-orientaux et égyptiens. Les produits les plus importants pour nous sont les ivoires69 et certains bronzes, mais les autres petits objets présentent le même mélange, souvent maladroit, de motifs.
- chypriote : l’art de Chypre présente beaucoup d’éléments qui auraient leur place sur le continent oriental, et peu d’une notable originalité, si l’on excepte une remarquable série de vases figurés70, dans un style inacceptable pour les Grecs et qu’ils ignorèrent d’ailleurs. L’île avait été en contact permanent avec les Grecs au Premier Age du fer, comme le montrent quelques importations et des emprunts mineurs. Sa fonction principale fut certainement d’avoir fourni motifs et objets phéniciens en Occident, où d’importantes cités phéniciennes s’étaient établies dès le IXe s.71.
51Les apports phrygiens, lydiens, puis perses trouveront leur place plus loin dans ce chapitre.
52La diffusion des idées et des objets de l’Orient dans le monde grec apparaîtra plus clairement dans les pages suivantes. Nos meilleures sources d’information sont les sanctuaires avec la masse de leurs offrandes et aussi les tombes lorsqu’elles sont dotées d’un riche mobilier. On n’a pas la preuve que des sites ou des villes particuliers aient entretenu des relations spécifiques avec une région déterminée du Proche-Orient, sauf dans les cas où la proximité géographique pouvait jouer, par exemple entre la Grèce de l’Est et les états anatoliens. La principale voie de pénétration devait passer par Chypre et Rhodes à travers la côte syro-phénicienne. Les itinéraires terrestres d’Anatolie sont par contre importants pour la compréhension du développement de certains aspects des cultures phrygienne et lydienne, mais secondaires pour l’orientalisant grec. Il est impossible par ailleurs de démontrer que les produits de la région Perse-Mésopotamie aient emprunté les routes de la Mer Noire. En Grèce même, la disparité des témoignages d’orientalia entre les divers sites – ici des ivoires, là des bronzes – doit s’expliquer en partie par le hasard des fouilles, en partie par le caractère de la divinité du sanctuaire concerné – un dieu guerrier ou une déesse de la fertilité, pour prendre deux exemples extrêmes – responsable du style de l’offrande.
Artistes immigrés
53Les innovations techniques qui suggèrent un rôle d’enseignement de la part d’artisans immigrés seront reprises dans d’autres sections, mais nous possédons quelques exemples clairs d'artistes et autres opérateurs immigrés, créateurs de travaux particuliers qui valent la peine d’être examinés à part, même si leur influence fut limitée72 ; la plupart œuvrèrent en Crète.
541- La fin du IXe s. vit l’arrivée à Cnossos de toreuticiens experts dans le travail du filigrane et de la granulation et la gravure des pierres dures – techniques oubliées en Grèce depuis l’Age du bronze. Ces artisans paraissent avoir réutilisé comme tombe de famille une tholos minoenne après l’avoir consacrée à la manière orientale, en enterrant juste à l’entrée deux cruches d’or remplies de matériel de travail sous la forme de lingots et de déchets, de beaux bijoux en or, à motifs en croissants (fig. 23) ou à figures humaines et incrustations de verre et d’une bande en or à décor imprimé. Le même style se retrouve dans des bijoux ultérieurs provenant de Cnossos et de la grotte de l’Ida et sur des bronzes décorés, une ceinture (fig. 61) et un carquois (fig. 24). De la même tholos et datables de la fin du VIIIe s., proviennent des œuvres figurées en or que nous pouvons relier aux statuettes en bronze martelé trouvées dans un petit temple de Dréros. Ces pièces semblent marquer la fin de la cartière de nos artisans et leurs techniques ne furent pas reprises dans d’autres ateliers crétois73. Une bonne partie de leurs premiers travaux peut être reliée à l'orfèvrerie de Tell Halaf en Mésopotamie, un site détruit par les Assyriens en 808, mais globalement le style peut s’avérer phénicien et Chypre a pu être la source d’inspiration immédiate de la Crète. Cependant, jusqu’à présent, l’île de Chypre, pourtant largement fouillée, n’a pas livré d'éléments stylistiquement et chronologiquement susceptibles de confirmer cette hypothèse.
552- Des bijoux en or, d’un style proche, mais non identique, ont été fabriqués en Attique dans la première moitié du VIIIe s. et paraissent évoquer le travail d’un groupe similaire d’artisans immigrés, qui connurent une carrière plus brève que ceux de Cnossos74 (fig. 25). On peut vraisemblablement leur attribuer les bandes d’or à décor imprimé d’animaux dont nous reparlerons plus loin75.
563- Des toreuticiens de Syrie du Nord ont gagné la Crète, peut-être aussi tôt que les orfèvres de Cnossos mentionnés ci-dessus, et créé, dans le domaine du métal en lames martelé, une solide tradition qui, très orientale à ses débuts, s’hellénise progressivement76. Parmi leurs toutes premières œuvres, il faut noter un tympanon (une espèce de tambourin), provenant de la grotte de l’Ida77 (fig. 26), à coup sûr de confection orientale, mais à destination cultuelle crétoise : la scène représentée montre un dieu qui enjambe un taureau et balance un lion au-dessus de sa tête, tandis que, de part et d’autre, des hommes ailés font résonner des cymbales. Le style est oriental, comme du reste le dieu sur le taureau et les figures ailées, mais celles-ci frappent leurs cymbales à la manière grecque et le dieu porte des culottes de type non oriental (quoique peut-être chypriote). Cet objet était dédié dans une grotte où Zeus enfant avait été, dit-on, caché loin de son père et où ses serviteurs frappaient sur des boucliers et, sans aucun doute, sur des cymbales (les instruments de sa mère Rhéa) pour couvrir ses cris. Des bronzes d’Olympie et de Dodone, en Grèce, sont du même style, de même que deux beaux supports de chaudron et un bol trouvés dans des tombes étrusques78. Nous ne pouvons dire si ces pièces avaient été apportées de Crète ou si des artisans orientaux avaient voyagé aussi loin. La première hypothèse est la plus probable et certains motifs, comme les fleurs en forme d’abeille, se retrouvent sur des vases crétois. Bien que le style de ces objets soit pleinement oriental, aucune œuvre du même atelier n’a encore été signalée en dehors de la Grèce ou de l’Étrurie.
57On retrouve un style proche sur les grands boucliers coniques à umbo à tête d’animal, eux aussi fabriqués pour la grotte de l’Ida (fig. 27), mais qui ont été également recueillis ailleurs en Crète et ont même voyagé jusqu’à Delphes, Dodone et Milet79. Diffusés au cours du VIIIe s. et de la première moitié du VIIe s., ils montrent bien la progressive hellénisation du style et des motifs – en général des frises d’animaux ou des groupes avec des monstres. Ce type de bouchers était connu en Assyrie et à Ourartou puisqu’on le voit figurer dans un temple ourartien à Musasir sur un relief assyrien représentant le sac de la ville80. C’est vraisemblablement dans le même atelier crétois et dans la même technique qu’a été fabriqué le vase de bronze en forme de tête humaine provenant de la grotte de l’Ida, illustré à la fig. 28 (aujourd’hui à Oxford ; la lèvre et l'anse sont restituées sur le dessin) : si la conception est grecque, l’exécution et les détails sont orientaux81.
584- Des sites de Crète centro-méridionale (notamment Afrati) ont livré, appartenant à la première moitié du VIIe s., plusieurs objets en terre cuite qui imitent des objets de Syrie du Nord fabriqués dans d’autres matériaux – des récipients à huile en pierre à bec verseur en forme de tête de lion (cf. une imitation en terre cuite, fig. 29)82, des chaudrons de bronze à anses en anneau ou à attaches en tête de griffon (fig. 30), d’un type courant à cette époque et imité en bronze ailleurs en Grèce, mais pas en Crète83 (cf. infra) – et des motifs figurés sur des vases qui évoquent la même inspiration. Ce type de produits ne semble pas être relié à des artisans immigrés ou à des imitations d’objets importés (pour lesquels nous n’avons aucune trace), mais plutôt à des étrangers capables d'imposer, dans une certaine mesure, leur goût aux ateliers locaux. Nous pourrions trouver une confirmation de cette hypothèse dans le fait que, à partir de cette époque, de nombreuses tombes à incinération d’Afrati appartiennent à un type particulier – avec des urnes posées sur des plats et recouvertes de grands vases renversés – qui ne trouve de parallèles exacts que dans la nécropole de l’Age du fer de Karkémisch sur l’Euphrate (fig. 31). Peut-être faut-il associer à cette immigration le témoignage des auteurs anciens et de l’épigraphie, qui situent en Crète et à ce moment-là la première codification des lois, alors que les lois écrites étaient habituelles en Orient et que l’on trouve dans la loi grecque beaucoup d’éléments des lois orientales84.
59Nous devrions pouvoir, avec le temps, isoler les œuvres et l’influence d’autres artisans émigrés en Grèce, et on en trouvera des indices dans les paragraphes suivants en examinant tour à tour les différentes catégories de travail et de sujets dans le domaine de l’artisanat.
Ivoires
60Des ivoires orientaux ont été trouvés en Grèce à Samos, Smyrne, Érythrées, Éphèse, Thasos (fig. 32 et cf. fig. 33), en Crète, à Rhodes et Athènes85 et beaucoup d’entre eux ont dû arriver avant 700. La Syrie était encore à cette époque une importante source d’approvisionnement d’ivoire et les défenses d’éléphant retrouvées à Al Mina peuvent être l’indice du commerce de cette matière vers les principaux ateliers grecs qui travaillèrent l’ivoire au VIIe s.86.
61D’une tombe d’Athènes, que la céramique permet de dater au troisième quart du VIIIe s., provient un groupe de cinq statuettes féminines nues87 (la plus grande à la fig. 34), qui imitent clairement le type oriental de la déesse nue de la fertilité, Astartè (fig. 35, de Nimrud). La force et le sens de la forme qui s’en dégagent révèlent une main grecque, encore imprégnée des conventions du style géométrique, mais ayant acquis sa technique d’un artisan oriental exerçant probablement à Athènes. Ce serait le témoignage de la plus ancienne des nouvelles écoles grecques. Dans le Péloponnèse, d’autres ateliers ont fabriqué des objets votifs en ivoire et en os pour le temple d’Artémis Orthia à Sparte88 et le temple d’Héra à Pérachora89, près de Corinthe. Les statuettes sont maintenant des adaptations plus hellénisées et de nouvelles formes apparaissent. Des sceaux en ivoire à dos en forme d’animaux couchés rappellent des objets d’ivoire orientaux qui ne sont pas tous des sceaux, comme celui d’origine syrienne, avec deux lions, retrouvé à Samos90. Des sceaux en forme de disque étaient ainsi utilisés comme pendentifs ou peut-être sur des bracelets, comme ceux recueillis dans d’autres régions de Grèce, d’Ithaque jusqu’aux îles égéennes91. Parmi les petits objets en os et en ivoire, nous pouvons retenir des éléments de marqueterie et des fibules-jumelles qui imitent des formes métalliques. Ces dernières sont décorées de simples cercles gravés au compas ou de motifs torsadés plus élaborés, exactement semblables à ceux que l’on rencontre sur des ivoires et des plaques orientaux92.
62En Grèce de l’Est, d’autres artisans travaillaient l’ivoire, eux aussi à l’école de l’Orient. Parmi les petits objets trouvés à Rhodes et à Éphèse, nous avons à nouveau les petits animaux couchés, et d’Ephèse provient un sceau à anneau, de forme hittite, presque certainement de fabrication phrygienne93 (fig. 36). La meilleure qualité de travail caractérise des statuettes du VIIe s. et du début du VIe s.94, qui égalent en technique leurs équivalents orientaux et les dépassent même au niveau artistique : plusieurs sont à Éphèse, quelques-unes à Samos, Chios95 et Smyrne96. On peut leur associer les écoles de sculpture de l’ivoire de Lydie et peut-être quelques trouvailles fortuites de Grèce continentale, comme une belle tête de Pérachora97 près de Corinthe (fig. 37), une autre à Corfou98 (fig. 38) et un dieu au lion de Delphes99 (fig. 39). Ce dernier rappelle beaucoup, mais uniquement dans sa composition, quelques groupes assyriens avec Gilgamesh et sa base porte un motif présent dans l'art lydien et plus tard grec oriental.
Bronzes
63Dans ce domaine le matériel est déconcertant de variété, mais avec parfois des indices d’origine et des affinités assez clairs100. Nous avons déjà signalé les bronzes de type chypriote qui atteignirent la Crète au début de l’Age du fer, les écoles d’immigrés sur l’île et d’autres trouvailles orientales précoces en Crète et en Attique. A partir du VIIIe s., l'identification de l’origine des bronzes orientaux et des influences orientales sur le travail du bronze constitue un problème délicat. Alors que, jusqu’à il y a peu, le royaume d'Ourartou recueillait la majorité des suffrages, les chercheurs ont tendance aujourd’hui à privilégier le rôle de la Syrie du Nord malgré la faiblesse des témoignages sur les styles des productions de cette région pour l’époque concernée101. On peut aussi proposer aujourd’hui des influences et des importations provenant de régions encore plus lointaines, comme la Perse. Les objets devaient circuler assez librement dans le Proche-Orient, par les voies du commerce et des conquêtes, et, pour ceux qui atteignirent ou influencèrent la Grèce, il n’est pas nécessaire de déduire des relations directes entre celle-ci et leur éventuel centre de production. Déjà à l’époque géométrique au cours du VIIIe s., on trouve en Grèce d’étranges échos de l’art du métal caucasien, notamment dans des pendentifs de bronze ajouré et dans certaines figurines d’oiseaux sur des supports ajourés102 ; leur chronologie en Orient n’est pas sûre, pas plus que ne sont clairs leurs moyens de transmission vers la Grèce. L’un des exemples les plus frappants est, à Samos, le cavalier de bronze tenant un enfant dans ses bras (fig. 40). Les Cimmériens ont pu servir d’intermédiaires, grâce à leurs incursions autour des côtes septentrionales de la Mer Noire plutôt qu’en direction de l’Asie Mineure. On constate également d’obscures affinités avec les bronzes de l’Europe centrale, mais ce sont là des cas à part et nous avons à nous occuper avant tout ici de bronzes plus récents provenant d’autres régions.
64Des ornements de chaudrons en bronze, et sans doute les chaudrons eux-mêmes, sont passés d’Orient en Grèce dans la première moitié du VIIe s. et peut-être même un peu avant. Certains ont été imités sur place et adaptés aux traditions et au goût grecs. Les types les plus connus sont les attaches en forme de sirène, constituées d’un buste humain se dégageant d’une queue d’oiseau avec des ailes embrassant le chaudron sous le bord et la tête tournée vers l’intérieur. Ces attaches et leurs dérivés grecs, ont été trouvés à Olympie, Delphes, Athènes, en Béotie (au Ptoon), à Argos, Délos, Rhodes, Chypre et en Étrurie103 ; ils doivent aussi y être associés dans la plupart de ces sites aux pieds de trépieds en forme de pattes de lion. Des chaudrons du même type atteignirent aussi la Phrygie, comme nous l’avons vu, mais il est peu probable qu'elle fut le relais par lequel le motif ou l’objet passèrent ensuite en Grèce. De même y en eut-il des versions ourartiennes et assyriennes, mais le type qui influença le plus la Grèce venait de Syrie du Nord. Sur la fig. 41 qui juxtapose une tête de sirène orientale et une imitation grecque, on constate sur cette dernière la “géométrisation” des traits par opposition à la plénitude et à la douceur de la première.
65Une autre variété d’ornements est constituée par des protomes de taureau, appliquées telles quelles sur le chaudron ou munies d’ailes et d’une queue. On en a recueilli à Olympie, Delphes, Athènes, Amyclées, Argos, Rhodes, Samos, en Macédoine, à Cumes de Campanie (fig. 42) et Chypre. C’est encore le type de Syrie du Nord plutôt que celui d’Ourartou qui est importé et copié104. On trouve aussi, moins bien attestés, des ornements d’une construction semblable, mais avec des bustes de griffons (fig. 43) ou des corps de vrais oiseaux, à Olympie et Athènes105.
66Un autre type d’ornements en bronze fondu, dont tous les exemplaires semblent d’importation, représente le corps entier d’un animal (taureau, cerf, chèvre, lion et monstres ailés) posé sur des plaques de fixation, appliquées elles-mêmes sur l’épaule du vase (fig. 44). On en a trouvé à Olympie, Delphes, Athènes, en Crète, à Rhodes, Samos, Argos, Amyclées, Ithaque et en Macédoine106.
67Les ornements de chaudron les plus connus sont les protomes de griffons attestées sur de nombreux sites de Grèce (mais pas en Crète), d’Étrurie et de Chypre pour les VIIe et VIe s. Les plus anciens sont en tôle martelée et seuls les plus récents en bronze fondu (fig. 45, cf. fig. 262), comme les ornements dont nous venons de parler. Les premiers exemples d’ornements en têtes de lion sont certainement importés107. Parfois les têtes de lion et de griffon, en tôle martelée, sont associées à des sirènes, sur le même chaudron, par exemple à Olympie108 (fig. 46), mais sur un exemplaire de Salamine de Chypre ce sont les sirènes qui, contrairement à l’habitude, sont martelées (et à double tête, ce qui peut arriver aussi dans les modèles fondus), tandis que les griffons sont fondus (fig. 47). Tous les éléments décoratifs des chaudrons trouvés en Grèce n’ont pas nécessairement été assemblés en une seule fois, ou fabriqués dans un seul centre ; le fait qu’aucun exemplaire de griffon n’ait été trouvé plus à l’est de Chypre (mis à part un tardif en Perse) pourrait faire envisager un développement du type en Grèce, peut-être inspiré d’ornements tels que ceux de la fig. 43. Le motif d’enroulement sur le cou et le bouton sur le front sont certainement orientaux, mais l’usage du griffon, en Orient, comme ornement de chaudron n’a pas encore été démontré de manière convaincante. C’était des ateliers grecs qui produisaient les protomes de griffon pour Olympie à Samos109 et l’artiste grec faisait déjà preuve d’esprit critique et d’originalité dans l’utilisation de ces nouvelles idées et techniques.
68Il est intéressant de noter qu’au début les ateliers “orientalisants” de Grèce adoptèrent de préférence la technique du martelage avec des détails en repoussé alors que les ornements importés orientaux étaient habituellement fondus avec les détails incisés. La raison en est peut-être simplement dans la rareté du métal en Grèce, mais la différence de technique est notable et pourrait s’avérer un indice significatif pour déterminer tant l’origine des artisans orientaux actifs en Grèce que leur aptitude à adapter des modèles et techniques orientaux.
69Parmi les autres vases de bronze, nous devrions mentionner les phiales, dotées parfois d’un ombilic central (“mésomphaliques”). Le type en est oriental, attesté en Phrygie, Assyrie et Phénicie et des exemplaires décorés, en général phéniciens, sont parvenus probablement au VIIIe s. à Athènes, Delphes, Olympie (fig. 48), Délos et en Crète110. Les types à motifs floraux en relief ont été souvent copiés en Grèce, en bronze ou en terre cuite111 Les Perses en faisaient encore usage et un exemplaire typiquement perse (fig. 49) est reproduit sur un fragment de vase d’Euphronios à la fin du VIe s. (fig. 50)112. La phiale était généralement utilisée en Grèce pour des libations rituelles et les deux cents exemplaires environ jetés dans un petit bassin dans le sanctuaire de Pérachora avaient probablement servi à quelque rite de divination, révélant leurs présages en coulant ou en flottant113. Des récipients en forme de tête d’animaux figurent sur des reliefs assyriens114 et on en connaît des exemplaires en bronze en Phrygie115 (fig. 51) et à Samos, mais ils ne furent imités qu’au Ve s. à partir de modèles perses116. Des anses en arc ornées d’une protubérance en forme de fleur figurent sur des bronzes assyriens et furent copiées dans tout le monde grec : la fig. 52 en reproduit une variante chiote où le cœur de la fleur est remplacé par une tête barbue qui pointe au milieu des pétales, comme au-dessus d’une collerette ailée117. Les anses en anneau des vases métalliques (cf. fig. 97, 98) peuvent dériver de modèles d’Ourartou, d’Assyrie ou de Phrygie et, comme les anses mobiles, elles furent imitées, en Grèce, en terre cuite : l’original en bronze de ces dernières, retrouvé à Al Mina, fournit un indice clair sur l'itinéraire de transmission118.
70Il ne faut pas oublier d'autres importations ou d’autres emprunts. Ce sont des plaques de bronze de Syrie du Nord avec un décor élaboré de figures en relief119 (fig. 53), des bassins120 et, à Samos, des pommeaux (fig. 54) et des figurines d’origine syrienne et assyrienne121. Des candélabres chypriotes arrivent à Samos, Athènes et Olympie122. En Crète furent importées de Syrie du Nord des figurines en bronze qui inspirèrent un petit groupe de bronzes locaux à la fin du VIIIe s.123. A Samos (fig. 55) et à Rhodes, à Milet et à Érétrie (d’Eubée) se trouvent des pièces de harnachement à décor en relief typiquement syriennes, semble-t-il124, et c’est un mors de type assyrien qui fut adopté en Grèce au VIIe s.125. D’origine orientale également la statuette d’un homme chevauchant un chameau trouvé à Rhodes126 (fig. 56). D’un Orient plus lointain, Perse et particulièrement Louristan, viennent des pièces de harnachement, imitées en Grèce, et aussi des vases recueillis à Samos et un pendentif en Crète127. Aucun de ces objets n’est daté avec certitude, mais la plupart appartiennent probablement au VIIe s., quelques-uns au VIIIe s. La technique de décoration dite à tremolo, consistant en une ligne gravée au burin sur la surface de l’objet, a pu être introduite d’Orient où cependant l’usage à la même époque est connu pour l’ivoire et non pour le bronze128.
71Bien d’autres instruments de bronze grecs peuvent être rapprochés de types orientaux. Certaines plaques excisées de Crète rappellent par leur technique des plaques assyriennes129. Le casque à cimier fixé à la pointe du timbre paraît avoir des antécédents à Ourartou, mais la ressemblance peut n’être que superficielle, car les casques grecs de ce type se distinguent de la simple calotte ourartienne par l’existence de paragnathides130 Enfin, on doit souligner que la technique de l’incision pour les décors figurés sur les bronzes – comme sur la phiale de la fig. 48 ou les boucliers en bronze crétois de la fig. 27 – a probablement inspiré celle des vases grecs à figures noires, où, après les styles géométriques de la simple silhouette, elle permit de rendre une foule de détails.
Art et objets mineurs
72Nous traiterons ici d’une grande variété de sujets et de matériaux.
73Les plus anciens sceaux grecs de l’Age du fer sont en ivoire et appartiennent au milieu du IXe s.131. Les exemplaires en pierre des VIIIe et VIIe s. ont pu s’inspirer de modèles orientaux, surtout syriens, mais une catégorie très importante, les “Island Gems”, reprend des formes grecques de l’Age du bronze, enrichies de figures orientalisantes132. On a déjà parlé des sceaux en ivoire du VIIe s. Des scarabées et des amulettes en faïence furent abondamment importés d’Orient133. Une catégorie particulière de sceaux-scarabées en pierre, fabriqués en Cilicie dans la deuxième moitié du VIIIe s. (“Lyre Player Group”) bénéficia d’une large diffusion – par les Eubéens, semble-t-il – vers Ischia et l’Étrurie, mais aussi vers de nombreuses cités de Grèce propre et, en petite quantité, vers le Proche-Orient134 (fig. 57). Des gemmes plus simples en verre de type phénicien parvinrent à Rhodes et dans d’autres régions de Grèce dans la première moitié du VIIe s.135. Des sceaux cylindriques assyriens se retrouvent à Olympie et Samos et un exemplaire nord-syrien à Délos136. Une nouvelle source d’inspiration apparut dans le second quart du VIe s., probablement par l’intermédiaire des Phéniciens de Chypre, quand les ateliers grecs commencèrent à tailler des sceaux-scarabées en pierres dures semi-précieuses, après avoir appris encore une fois des Orientaux les techniques nécessaires137. Les bagues orientales à cartouches sont elles aussi copiées en or et en argent aux VIIe et VIe s.138.
74De grandes coquilles de tridacnes de la Mer Rouge étaient décorées de motifs floraux et animaux incisés, à la manière de cendriers ou de cuillères voyants139 (fig. 58). Leur répartition au Proche-Orient et leur style semblent indiquer une origine syro-phénicienne. Elles ne doivent pas être antérieures à la deuxième moitié du VIIe s. Elles parvinrent, en Grèce, jusqu’à Égine, Smyrne, Samos, Rhodes, Cos, Paros, sur le site grec de Naucratis et dans d’autres villes égyptiennes liées au monde grec, à Cyrène et sur des sites d’Étrurie. Elles ne furent pas imitées, représentant plutôt des babioles de mauvais goût vendues aux touristes dans les bazars levantins. Des œufs d’autruches140, invariablement brisés, ont été retrouvés sur plusieurs sites grecs archaïques, rapportés d’Orient ou d’Afrique, tandis que le corail141 provenait sans doute de la Mer Rouge.
75On parlera plus longuement des objets de faïence au chapitre suivant ; disons simplement ici qu’il s’agit d’un matériau courant en Phénicie, Syrie et à Chypre et qu’il n’est pas toujours facile d’en déterminer l’origine précise. Une catégorie de fioles à fond pointu, en terre cuite émaillée (fig. 59), fut malgré tout manifestement fabriquée en Syrie du Nord, et est attestée, surtout dans des contextes du VIIe s., sur de nombreux sites de Grèce de l’Est, de même qu’à Égine, Délos, Pérachora, en Étrurie et en Sicile142.
76A Samos, on a un “encensoir” en pierre à bec en tête de lion, d’origine syrienne143 (cf. aussi une imitation crétoise en terre cuite ci-dessus fig. 29). Les principales réalisations de l’Orient dans le domaine de la grande sculpture se trouvent dans les reliefs, habituellement architectoniques et disposés en frises. Cette pratique fut reprise en Crète et l’un des plus anciens exemples, du VIIIe s. (fig. 60), présente une étroite parenté avec les modèles assyriens144 : on notera particulièrement la disposition des archers superposés, que l’on retrouve sur une ceinture de bronze crétoise de la même période (fig. 61) (cf. aussi ci-dessus, § artistes immigrés, p. 72). L'utilisation de reliefs sculptés dans les temples crétois du VIIe s. semble, en partie du moins, avoir été déterminée par la pratique orientale – par exemple les plaques de plinthe et les figures en haut-relief dans les embrasures des portes145.
77Une inspiration analogue se retrouve dans les perirrhanteria de marbre (bassins semblables à nos grandes vasques pour le bain des oiseaux) de la fin du VIIe s., dont les supports sont constitués de figures féminines debout sur ou à côté de lions. Le type provient de Syrie ou de Chypre et, en Grèce, un centre de production devait exister à Sparte, mais des exemplaires ont été retrouvés aussi à Olympie, Isthmia (près de Corinthe) (fig. 62), Delphes, Rhodes, Samos, Sélinonte (Sicile) et en Béotie (au Ptoon)146.
78Chypre produisit un grand nombre de statuettes médiocres en pierre tendre, exportées vers les sites de Grèce de l’Est et Délos. A Rhodes et Naucratis elles semblent avoir provoqué des imitations locales, parfois de meilleure qualité (fig. 63), dont certaines pourraient être l’œuvre d’immigrés chypriotes147. La majorité des exemplaires appartiennent à la fin du VIIe s., mais le type persiste encore au VIe s., dans un style plus profondément hellénisé comme il advient aussi pour les productions originales chypriotes148. A Samos, a été dédiée comme offrande, vers 540, une statue en calcaire d’un homme vêtu à la mode chypriote149 (fig. 64), qui suggère entre les deux îles d’étroites relations de nature commerciale ou personnelle. Bien que la principale source d’inspiration pour la sculpture monumentale de pierre fut l'Égypte, la forme sphérique caractéristique des têtes des statues grecques orientales (Samos, Milet, Rhodes) dérive clairement de modèles babyloniens, inconnus en revanche d’autres ateliers grecs150.
79Nous avons déjà parlé des orfèvres immigrés et de leurs travaux151. Le seul groupe important de bijoux grecs orientalisants du VIIIe s. est la série de bandes d’or attiques à décor estampé ; celui-ci est d’abord constitué de figures animales de type oriental (fig. 65) – exécutées peut-être par des artisans immigrés puisqu’on l’a vu, la technique était utilisée par les orfèvres orientaux installés à Cnossos – et ce n’est qu’à la fin du VIIIe s. qu’apparaissent des figures de type grec géométrique152 (fig. 66). « Les boucles d’oreilles à trois chatons en forme de mûres » d’Héra dans l’Iliade (XIV, 183) évoquent un type assyrien, importé (cf. un exemplaire en or du IXe s. à Lefkandi)153 (fig. 67) et ensuite copié en Grèce154. Vers le milieu du VIIe s. des artistes grecs réapprirent les techniques de la granulation et du filigrane, qu’ils appliquèrent aux pendentifs et aux boucles d’oreilles de style “dédalique”155. Les techniques de production du verre ne furent introduites à Rhodes qu’au VIe s.156. Certains petits disques de plomb de Sparte et de Chios157 ressemblent étroitement à des pendentifs assyriens – et aussi à des bijoux en or d’Éphèse et même de Mycènes. Les figurines fondues en plomb, tels que les soldats retrouvés en quantité sur des sites du Péloponnèse, spécialement en Laconie (fig. 68), rappellent par leur sujet et leur technique nombre de figures et de groupes en plomb orientaux, en général un peu plus anciens il est vrai158 (fig. 69). Un peu plus tard, au VIIe s., on trouve à Samos, Éphèse et Chios des médaillons de plomb représentant une déesse debout sur le dos d’un lion (fig. 70), telle qu’elle apparaît souvent en Orient, par exemple sur un médaillon très semblable, en argent, de Zinjirli159 (fig. 71).
80Les plaques de terre cuite orientales représentant la déesse Astartè, nue de face, avec les mains sur les seins et le sexe, eurent une profonde influence sur l’art grec160. Un exemplaire importé a été retrouvé à Corinthe (fig. 72) et le type a été copié pour des figures d’Aphrodite, bien que les Grecs aient très vite vêtu leur déesse, tout en lui conservant la position suggestive des bras. Plus importante fut l’utilisation du moule (fig. 73) qui révolutionna la production des figurines et des plaques à reliefs de terre cuite161 (fig. 74). Les moules furent utilisés aussi pour la décoration de vases communs (les pithoi à reliefs)162, à côté des poinçons dont l’usage, à partir de 700 environ, trouve des parallèles aussi bien en Orient (Nimrud) qu’en Grèce à l'Age du bronze163. Le moulage de figures entières sur des plaques devint courant en Grèce continentale et en Crète164 et fut probablement à l’origine de l’introduction dans la sculpture du style “dédalique” qui domine le VIIe s. Ce style qui s’exprime essentiellement dans des figures en relief, de face, avec des visages anguleux et des cheveux semblables à des perruques, se retrouve dans des décors sculptés (par exemple dans les temples crétois), sur des vases à reliefs ou dans les bijoux165. En Crète, il devait déboucher sur la monumentalité, alors qu’en Grèce, celle-ci allait se réaliser sous l’inspiration d’une source différente, l’Égypte.
81En Grèce de l’Est, un autre usage du moule – pour les têtes seulement – fut inspiré par les nombreuses figurines chypriotes, importées depuis le début du VIIe s. et recueillies dans plusieurs sites de la région, comme aussi à Égine et Délos166. Les traits orientaux, ronds et bouffis, furent transformés (comme on l’a déjà vu pour les bronzes, fig. 41) au profit des formes plus anguleuses et vives que la Grèce avait développées dans son art géométrique. En dépit de tout ce que les premières tentatives grecques dans le domaine du relief et de la petite statuaire devaient à l’Orient pour la technique ou la composition, les proportions et la ligne générale des figures restèrent profondément non orientales, comme on a déjà pu s’en rendre compte sur les statuettes féminines en ivoire d’Athènes (cf. ci-dessus fig. 34).
82Un exemple plus curieux d’imitation apparaît dans les masques grotesques en terre cuite, retrouvés à Samos, Théra et, en quantité, à Sparte (cf. fig. 75), et dont certains sont clairement exécutés sur le modèle des masques orientaux du démon Humbaba (cf. fig. 76), tandis que la plupart trouvent leurs parallèles les plus étroits dans des masques de terre cuite provenant de sites phéniciens et puniques167. Les seuls vases céramiques orientaux à gagner la Grèce sont chypriotes et syro-phéniciens. A Cos, ils étaient déjà imités au IXe s.168. En Crète, ils eurent quelque influence sur des formes et des décors vasculaires, notamment les fioles globulaires ornées de cercles concentriques169. En Grèce de l’Est, ils atteignirent Rhodes (où certains furent étroitement copiés, peut-être pour leur faire concurrence sur le marché des huiles parfumées)170, Cnide et, parmi les îles, Théra, Délos et Égine. On note des échos limités des vases chypriotes sur certains vases géométriques athéniens et les rangées de cercles concentriques sur les bords des coupes eubéennes (cf. ci-dessus fig. 12) peuvent avoir été empruntées aux vases chypriotes (par l’intermédiaire d’Al Mina ?) puisque ceux-ci parvenaient à Érétrie171 Certains vases céramiques grecs ont copié des formes métalliques orientales et les pieds à œillets de certaines jarres de stockage peuvent avoir eu la même source d’inspiration172.
Répertoire décoratif
83Nous pouvons, à partir des bronzes et des ivoires rapportés chez eux d’Orient par les Grecs, nous faire une idée de l’impact des décors orientaux sur les artistes grecs, mais sans oublier tous les motifs véhiculés par les tissus ou les broderies et aujourd’hui disparus. Car il devait exister à coup sûr une grande similitude entre les motifs décoratifs utilisés pour les tuniques en Assyrie et en Grèce archaïque173. Le mobilier qui nous fournit la meilleure information sur l’usage des motifs orientaux par les artistes grecs n’est pas nécessairement le même que celui sur lequel ils étaient employés dans leur patrie d’origine : c’est plutôt sur les vases peints, richement décorés, de Corinthe, de Crète, d’Athènes ou de Grèce de l’Est que l’on trouvera le meilleur témoignage des décors orientaux qui retinrent l’attention des Grecs. Il ne faudrait pas sous-estimer la possibilité que les modèles orientaux aient déjà stimulé les styles figurés grecs au cours de la période géométrique. Mais sur les vases géométriques athéniens, la parfaite adéquation des représentations au langage grec invite à considérer cette influence comme un processus global et non comme un rapport direct de modèle à copie, tel qu’on le verra plus tard en pleine période orientalisante. L’impulsion même à développer une quelconque forme d’art figuratif a pu venir de l’observation de modèles orientaux. Il est virtuellement impossible de savoir par quelle voie s’est faite la transmission de tel ou tel motif géométrique supposé dérivé des arts orientaux, comme par exemple les groupes de combattants ; mais dans la mesure où de tels groupes existaient aussi dans l’Age du bronze grec, d’autres sources d’inspiration sont après tout possibles, si du moins on estime nécessaire de rechercher un modèle extérieur174. La dette des Grecs à l’égard de leur passé de l’Age du bronze peut facilement être surestimée, mais on ne doit pas l’ignorer.
84Les représentations animales deviennent particulièrement courantes. Rares étaient les Grecs qui avaient réellement vu un lion. Une scène figurant deux lions dévorant un homme apparaît sur des vases et des bandes d'or de la fin du Géométrique (fig. 65) : il est logique, probablement, d’y voir la copie d’un groupe oriental, difficile, à vrai dire, à situer ; mais un vase du IXe s. récemment trouvé à Cnossos fait remonter ce motif à une date encore plus ancienne (fig. 77), rendant plus complexe le problème de son origine – pour laquelle on n’exclura pas un modèle de l’Age du bronze grec, comme pour les sphinx figurant sur l’autre face du vase175.
85Lorsque le lion est représenté sur les vases grecs de la fin du VIIIe s., il offre les déformations propres aux canons de l’art géométrique (fig. 78a), mais, très vite, c’est le type du lion néo-hittite à tête carrée et langue pendante (fig. 78b) qui est copié, spécialement sur les vases corinthiens (fig. 78c). Après le milieu du VIIe s., il est remplacé par le type assyrien, au mufle pointu, aux oreilles repliées et à la lourde crinière (fig. 78d, assyrien ; fig. 78e, corinthien). Sur les lions et sur bien d’autres figures animales de l’art grec du VIIe s. se retrouve une curieuse façon “emboîtée” de dessiner l’épaule, semblable à celle qui apparaît souvent dans l’art néo-hittite et parfois dans l’art assyrien176. A la fin du VIIIe s., les coqs et les poules trouvent pour la première fois leur place dans l’art grec – et dans les cours des fermes grecques –, et ils arrivent d’Orient : pour les Grecs, le coq restera “l’oiseau perse”. Sphinx et griffons figuraient déjà dans l’art grec de l’Age du bronze, mais ils réapparaissent dans une nouvelle forme proche-orientale : le sphinx177 parfois avec une fausse interprétation du “tablier” et de la couronne (transformée en casque) égyptiens, le griffon178 avec de longues oreilles, une protubérance sur le front et une crête en spirale – mais pas la crinière des griffons de l’Age du bronze. Parmi les autres animaux monstrueux, il y a le lion avec une tête humaine supplémentaire sur le dos (fig. 79), sans doute redevable dans sa construction générale au monstre représenté sur des reliefs et des objets néo-hittites (fig. 80). Le même type de greffe monstrueuse produisit la chimère grecque179 : un lion avec une deuxième tête, de chèvre, au creux des reins et une queue à tête de serpent (cf. fig. 270). La protome de chèvre pourrait représenter la transformation d’une simple aile et la touffe à l’extrémité de la queue prenait souvent en Orient l'aspect d’une tête d’oiseau. Des démons orientaux à tête de lion, tel Pazuzu (fig. 81), pourraient avoir favorisé l’adoption par les Grecs du masque de lion pour leur propre démon, la Gorgone180 (fig. 82). C’est un autre démon (ou divinité) assyrien et néo-hittite mi-homme, mi-poisson, qui donna naissance aux Tritons grecs181. Parmi les autres créatures hybrides, le capricorne, chèvre et poisson, peut venir d’Assyrie, tandis que les lions et les chevaux ailés (comme Pégase) sont orientaux, mais beaucoup doivent simplement leur forme à la fantaisie et à l’invention des artistes grecs.
86Des compositions à base de frises animales étaient déjà courantes dans l’art géométrique grec, mais, à partir de la fin du VIIIe s., les groupes héraldiques deviennent tout aussi courants et dérivent de l’art oriental182, même s’ils étaient bien connus dans l’Age du bronze grec. Un des exemples les plus anciens et les plus significatifs est constitué par le groupe de l’arbre accosté de deux chèvres qui le broutent – vieux motif oriental qui apparaît sur de nombreux vases insulaires grecs de la fin du VIIIe s. (fig. 83), mais aussi sur des pièces importées comme l’ivoire trouvé à Thasos (fig. 84) et le bandeau d’or trouvé à Égine 183.
87Dans le domaine des représentations humaines, le stimulus de l’art narratif oriental coïncida avec la diffusion des poèmes homériques et amena les Grecs à développer un langage narratif propre, reconnu dans l’art de Rome et de la Renaissance, et même, à un degré moindre, de nos jours. Si l’Orient peut avoir servi de déclencheur du processus, il est rarement intervenu dans le choix des sujets qui, on l’a vu, sont surtout constitués de figures et de motifs individuels transposés pour le goût grec. La minutie du dessin introduite à partir de la technique de l'incision sur la toreutique et les ivoires orientaux a certes fourni à l’artiste grec l’outil pour créer des figures plus nettes, voire des attributs et même éventuellement une expression, mais la grammaire de l’art narratif grec lui appartient en propre184.
88Nous pouvons retenir ici quelques scènes ou groupes figurés de l’art grec qui semblent plus ou moins tributaires d’une inspiration orientale. Dans la période du Géométrique récent, il existe, sur des vases attiques, des scènes rituelles de figures assises de chaque côté d’une table ou d’un autel (fig. 85) qui offrent quelque ressemblance avec des fêtes religieuses gravées sur des reliefs orientaux185. Un homme combattant un lion sur un support attique du Géométrique récent reprend la position d’un héros oriental avec sa proie, qui aurait pu être interprété comme un Héraclès par l’artiste ou son client186. La déesse debout sur un taureau, visible sur un disque de bronze du Géométrique récent à Tégée (Péloponnèse), doit être rapprochée de scènes orientales semblables187 (fig. 86). Les chevaux surmontant des poissons ou des scorpions représentés sur des vases et des sceaux de la fin du VIIIe s. ressemblent à des groupes présents dans la glyptique et la sculpture syriennes188. Le même disque solaire ailé au-dessus d’un palmier accompagné de démons paraît avoir été copié, mais mal compris, sur un bronze crétois du milieu du VIIe s. et se retrouve, schématisé, sur une gemme mélienne des environs de 600189 (fig. 87). Le groupe oriental symbolique du lion combattant un autre animal aura un impact plus tardif en Grèce, où il acquiert, à partir du second quart du VIe s., la même importance et apparemment la même valeur symbolique, comme par exemple sur les frontons des temples de l’Acropole d’Athènes190. En fait, les analogies – y compris certaines que nous venons de citer – peuvent paraître superficielles ou même illusoires ; elles restent relativement rares et même les emprunts certains sont plus des adaptations que des copies.
89La décoration orientale de type végétal joua un rôle essentiel dans la définition, au sein de l’art grec, des caractéristiques de l’ornementation secondaire. Aucun élément végétal n’avait été emprunté au cours de la période géométrique. “L’arbre de vie” oriental, avec ses branches enroulées en volute et souvent une palmette à la cime, est un des motifs favoris particulièrement comme élément central de groupe héraldique. A la fig. 88a est reproduit le décor d’une coupe d’argent nord-syrienne et à la fig. 88b sa libre interprétation sur un vase protocorinthien des environs de 700 av. J.-C.191. 11 est trop facile, alors, de reconnaître partout des arbres de vie orientaux : telle la tentative malheureuse qui voudrait faire dériver de ce motif oriental à la fois la forme et le sens des fleurons ornant le faîte des stèles funéraires grecques archaïques192. Les frises de fleurs furent encore plus fréquemment copiées. La fleur de lotus, motif d’origine égyptienne, en constitue l’élément singulier le plus important, utilisé en alternance avec des boutons, des palmettes et plus rarement des pommes de pin. La fleur de lotus assyrienne en éventail conserve sa forme sur les plus anciens vases grecs du VIIe s., et au-delà même, en Grèce de l’Est, mais vers la fin du VIIe s. elle prend une forme carrée, qui donne à la frise un aspect plus compact, et on lui ajoute une palmette au centre193. La structure de la fleur et du bouton de lotus fut modifiée par les Grecs, qui supprimèrent le calice, toujours présent en Orient à la base du lotus (cf. fig. 88c et d, les deux exemples assyrien et grec). Les frises de grenades, elles aussi assyriennes, sont moins courantes194. Les ornements de remplissage sur le fond des scènes figurées des vases peints dérivent en partie de motifs géométriques grecs, en partie d'éléments orientaux, notamment des motifs de tapisserie comme les rosettes.
90Des éléments du mobilier oriental furent copiés textuellement par les Grecs, telles les pattes d’animaux – surtout les lions – et les figures soutenant les sièges et les accoudoirs de trônes195. D’autres, comme les couronnements de supports ou de balustres en forme de volutes ou de couronnes de feuilles retombantes, furent adaptés. En effet, lorsque les Grecs de l’Est développèrent, à l’exemple de l’Égypte, un ordre architectonique monumental en pierre, totalement ignoré en terre d’Orient, ils ne firent qu’amplifier les dimensions de ces éléments orientaux et les adapter pour en faire les chapiteaux de leurs colonnes éoliques et ioniques196. Palle mariage d’une conception égyptienne et de motifs orientaux, ils créèrent une nouvelle forme architectonique. Le dernier avatar de cette union fut les pattes de lion utilisées comme bases d’antes par les architectes chiotes. En fait, les seuls emprunts architectoniques directs sont tout simplement d’ordre technique : bandeaux préparatoires pour l’assemblage des blocs de pierres, usage des agrafes et, dans un sanctuaire de Chios, escaliers “palladiens” d’accès à une terrasse, élément architectonique depuis longtemps populaire en Orient197.
91Un emprunt à l’Orient qui affecta plus les mœurs que le mobilier fut l’habitude de s’allonger sur des lits (klinai) lors des banquets. Manger couché était – et est – une coutume de population nomade, mais la pratique fut utilisée au moins une fois en Assyrie dans un contexte rituel pour un banquet d’Assourbanipal (fig. 89) et adoptée par les Grecs aux environs de 600 av. J.-C. pour devenir une trait caractéristique de leurs symposia (fig. 90) et déterminer plus tard la structure de leur salle à manger198.
92Ce serait une erreur de ne pas mentionner ici un autre emprunt qui, bien que de nature non matérielle, est attesté dès l’origine par les témoignages archéologiques : l’alphabet199 Les Grecs mycéniens avaient transcrit les comptes de leurs palais dans une écriture syllabique imparfaite (le linéaire B) adaptée pour eux par les Minoens à partir de leur propre écriture (le linéaire A). A la chute des palais, la nécessité d’écrire disparut et l’écriture fut oubliée. La Grèce demeura illettrée jusqu’au moment où, sur la côte syrienne, ses marchands rencontrèrent un peuple utilisant, non un syllabaire, mais un alphabet. Ils l’empruntèrent en l'adaptant quelque peu à leur propre langue et, après avoir connu chez eux des graphismes régionaux, ils se rallièrent à un alphabet unique lorsque l’écriture devint pratique courante dans les affaires internationales. A partir des inscriptions sémitiques, ce sont, semble-t-il, les formes des lettres utilisées à la fin du IXe s. ou au début du VIIIe s. que les Grecs copièrent, et cela concorde parfaitement avec ce que nous savons de la présence des Grecs en Syrie du Nord. Les Grecs qualifiaient leurs lettres de “phéniciennes” et dans la Crète de la fin de l’archaïsme le “scribe” se dit “p(h)oinikastas”200. Les premiers exemples de l’usage grec de l’alphabet concernent des inscriptions gravées sur des vases ou peintes sur une plaque de terre cuite : la plus ancienne connue se trouve sans doute sur un vase attique du troisième quart du VIIIe s. (fig. 91). Certaines sont en vers et c’est peut-être même ce nouvel alphabet qui permit à Homère de composer et de noter ses grands poèmes issus de la riche tradition orale poétique qui avait survécu aux siècles obscurs.
93L’opportunité qui rendit possible l’entrée de ces idées et de ces biens dans le monde grec fut l’initiative grecque de la réouverture des relations au-delà des mers, vers l’Orient, et il est raisonnable de supposer que ces échanges furent dans une large mesure le fait des Grecs eux-mêmes, même si, dans les premiers temps, les Phéniciens ont pu être accueillis dans les ports grecs. Nous avons par ailleurs envisagé aussi l'arrivée d’artisans immigrés, dès le IXe s. Au VIe s. en revanche, l’Orient n’avait plus grand-chose à apprendre à la Grèce, sauf peut-être dans le domaine de la politique de force. Dans le quartier des potiers d’Athènes nous trouvons un peintre qui signe Skythès, le Scythe, un autre Lydos, le Lydien, nous avons un Phintias (nom oriental) et au début du Ve s. un potier Brygos (un thrace ou un phrygien). Bien des artistes d’Athènes ont toujours été des métèques (metoikoi, résidents étrangers) susceptibles d’enrichir par leur travail la solide tradition locale, qui avait été autrefois stimulée par un tel apport d’inspiration venu d’au-delà des mers201. A la fin du VIe s., quand une partie du monde grec se trouva désormais à l’intérieur d’un empire oriental (qu’il nous reste maintenant à décrire), les Orientaux devinrent des visiteurs habituels et familiers des cités et des ports grecs. On y trouvait sans doute aussi parfois des personnages distingués si l’on en juge d’après la base de statue de la fin du VIe s., à Athènes, gravée pour un Carien à la fois dans sa langue maternelle et en grec202.
PHRYGIE ET LYDIE
94Aux VIIIe et VIIe s., l’emprise grecque sur les côtes d’Asie Mineure se renforce. Les vieilles cités d’Éolide et d’Ionie agrandissent leurs limites urbaines et territoriales et mettent en place de nouveaux établissements, souvent aux dépens des populations indigènes. Il nous faut d’abord parler de cette expansion.
95Au nord, plusieurs établissements nouveaux apparaissent à l’initiative des Éoliens et de Lesbos et d’autres communautés grecques installées là de longue date. Troie, après le désastre que l’on associe logiquement au siège fameux et au sac des Grecs sous la conduite d’Agamemnon, connaît une brève phase de renaissance, archéologiquement nommée Troie VII b1, puis est occupée pour à peu près un siècle par des envahisseurs venus de Thrace ou des Balkans septentrionaux (Troie VII b2). Au VIIe s., le site fut complètement abandonné et les premiers signes de réoccupation sont fournis par des trouvailles de céramique que l’on peut qualifier globalement d’éolique, et qui suggèrent une refondation de la ville par des Éoliens dans la deuxième moitié du VIIIe s.203.
96Beaucoup plus au sud, dans la vallée de l’Hermos qui pénètre au cœur de la Lydie, se situe un bon site de hauteur qui a été identifié (peut-être à tort) comme la grecque Larissa. On y a trouvé un fragment de céramique qui semble mycénien, mais au Premier Age du fer le site fut occupé par des Anatoliens, utilisateurs de céramique grise non peinte. Quelques tessons grecs témoignent de contacts avec les Grecs au VIIIe s., mais il semble que, vers 700, les indigènes furent chassés et remplacés par des Éoliens qui fortifièrent le site d’où ils purent surveiller, sinon contrôler, l’importante voie de communication vers l’intérieur des terres et l’itinéraire terrestre entre Smyrne et les cités côtières d’Éolide. Au VIe s., la ville fut dotée de bâtiments à caractère semi-palatial et de quelques constructions en pierre de style éolique204.
97Parmi les îles, Ténédos a peut-être été occupée vers cette époque205. Samothrace était habitée par une population indigène thrace quand les Grecs éoliens y arrivèrent vers 700 av. J.-C. La survivance de formes de céramiques, d’une langue et de pratiques religieuses pré-grecques montre que les indigènes furent pacifiquement assimilés par les envahisseurs grecs, qui furent à leur tour profondément influencés par la culture qu’ils rencontrèrent. Les plus anciens vases fabriqués dans l’île montrent une prise en compte des formes fabriquées auparavant et qui devaient continuer probablement à l'être206.
98Les gens des îles proches du littoral, à la recherche de nouvelles terres, prennent pied sur le continent dans des zones que leur position en face de l’île-mère fait qualifier de peraiai (de pera, en face de). Ainsi Methymna de Lesbos fonde Assos, probablement à la fin du VIIIe s., bien que rien de grec n’y ait été recueilli avant le VIe s.207 (cf. p. 322). Et il y a d’autres fondations de Lesbos sur le littoral au sud de Troie que les ramassages de surface de céramique situent vers 700 av. J.-C.208.
99L’histoire de Lemnos est quelque peu différente. C’était une île importante, susceptible de contrôler l’accès à l’Hellespont, avec de bons ports et deux villes principales, Myrina et Héphaïstia. A l’Age du bronze, elle était en étroite relation avec Troie et dans l'Iliade nous apprenons que les Lemniens fournirent du vin aux Grecs qui l’assiégeaient. On n’est pas sûr qu’il y eut sur l’île un établissement véritablement grec au Bronze récent ou au Premier Age du fer. Les témoignages archéologiques se limitent à une gemme mycénienne trouvée dans une tombe plus tardive et un vase peut-être protogéométrique, autrefois à Smyrne, censé provenir de l’île209. Au début de l’Age du fer, Lemnos aurait été occupée par les “Tyrsenoi”, populations du continent dont une autre branche aurait navigué vers l’Occident, où ils prirent le nom d’Étrusques. En 513 av. J.-C., les Perses occupèrent l’île qui était encore peuplée par les “Pélasges” (nos Tyrsenoi). Elle devait bientôt retrouver son indépendance, car elle était sous la domination des Pélasges quand le général athénien Miltiade, qui était établi sur l’Hellespont, la conquit vers 500210. De l’occupation des Tyrsenoi, attestée par une nécropole d’Héphaistia et quelques autres trouvailles, nous n’avons rien d’antérieur au VIIIe s. et la céramique peinte montre, en tout temps, une forte influence des modes grecques éoliques, bien que les formes soient, elles, plus proches des modèles indigènes. Des fibules grecques orientales y furent déjà importées au VIIIe s. et la céramique corinthienne y apparaît à partir du milieu du VIIe s. En fait la culture y est fortement hellénisée dans tous ses aspects sauf la langue. L’histoire des Tyrsenoi-Étrusques est rendue complexe par l’existence d’une tradition de pirates “tyrrhéniens” dans l’Égée (des Étrusques ?), la découverte à Lemnos d’éléments architectoniques archaïques qui rappellent l’Étrurie de la période villanovienne et la présence, toujours à Lemnos, au VIe s., de quelques graffites sur céramique et d’une inscription gravée sur une stèle en pierre (de Kaminia), utilisant un alphabet apparenté au phrygien et une langue qui paraît proche de l’étrusque211 (fïg. 92).
100Une expansion analogue se produit aussi en Ionie au cours des VIIIe et VIIe s. Les îles développent des peraiai sur le continent qui leur fait face – Chios sur la péninsule érythréenne212, Samos à Mycale, peut-être aux dépens d’autres Ioniens (de Priène)213. Sur le continent, Éphèse occupe, au VIIe s., Magnésie214, une étape importante sur les itinéraires qui suivent la vallée du Méandre ou se dirigent vers le nord ; mais là-dessus nos sources sont jusqu’ici avant tout littéraires. Plus au sud, la dorienne Cnide prend le contrôle des régions côtières qui constitueront plus tard une partie de la peraia de Rhodes. La pénétration en Lycie commence vers 700 à en juger d’après les découvertes récentes de céramique grecque à Xanthos215.
101Dans toutes ces actions, les Grecs furent en contact direct avec les populations occupant les régions côtières, et non avec la principale puissance de l’intérieur, la Phrygie, plus préoccupée de ses frontières méridionales et orientales. Les indigènes rencontrés par les Éoliens appartenaient en général à la culture phrygio-occidentale de la céramique grise. Les peuples du Sud ne s’en distinguent pas archéologiquement jusqu’au moment où leur céramique, recueillie depuis peu en quantité sur divers sites du sud-ouest de l’Asie Mineure, trahit une forte influence des vases peints grecs. A Iasos, cela semble se produire dès le VIIIe s.216 et à Sinuri, un sanctuaire indigène carien près de Mylasa, a été identifié un style local de céramique figurée assez caractéristique217. Sur d’autres sites cariens (comme Kaunos), des bols grecs orientaux de style géométrique récent ont été imités avec beaucoup d’habileté218 (fïg. 93) et plus tard ces mêmes régions furent concernées par des variantes provinciales du style orientalisant “des chèvres sauvages”.
102Les Grecs, et tout particulièrement les Ioniens, eurent une parfaite connaissance des Phrygiens et les témoignages archéologiques de leurs relations sont riches et variés. A partir des sources littéraires, on peut retenir au passage le mariage du roi phrygien Midas avec la fille du roi éolien de Cumes, Agamemnon – probablement au VIIIe s. – et relever qu’un Midas, peut-être le même, fut le premier monarque oriental à envoyer une offrande – un trône – dans le sanctuaire de Delphes219.
103Nous avons la chance de pouvoir étudier les Phrygiens grâce à une grande variété de sources, pas toujours complètes et explicites il est vrai. Hérodote nous fournit beaucoup d’informations sur leurs premiers contacts avec les Grecs. Dans les sources assyriennes nous retrouvons notre Midas dans ce Mita de Muski, que ses ambitions territoriales entraînèrent jusqu’aux frontières de la Syrie et qui, en 709, offrit la paix et accepta de payer tribut au roi Sargon d’Assyrie220. Les fouilles américaines de Gordion ont récemment livré une foule de données qui viennent s’ajouter à celles – en général moins utiles et moins précises – fournies précédemment par la fouille ou la prospection d’autres sites phrygiens221.
104La probable origine des Phrygiens et leur apparition en Asie Mineure pourraient, d’une manière ou d’une autre, être reliées aux mouvements qui, au Premier Age du fer, ont porté du Nord vers la Grèce des tribus parlant grec. A l’approche de la période historique, les témoignages pour la pénétration de biens et d’idées grecs sont encore sporadiques : à Gordion, un relief en ivoire précoce (“pré-cimmérien”) de style local représente un cavalier équipé à la grecque222 et un peu de céramique grecque y parvient à la fin du VIIIe s. Il y a cependant deux catégories de trouvailles archéologiques où la correspondance entre produits grecs et phrygiens nécessite une explication qui aille au-delà du simple cadre des rapports Ionie-Phrygie au VIIIe s. et après :
- la céramique : la belle céramique peinte phrygienne est caractérisée à la fois par quelques formes empruntées aux vases métalliques orientaux et un répertoire de décoration géométrique plutôt banal223 (fig. 94). Beaucoup des motifs décoratifs rappellent de façon si étroite les motifs du Géométrique grec qu’une telle ressemblance ne peut être fortuite ou même explicable par référence à un modèle commun. Il y a réellement peu de céramique grecque en Phrygie à la fin du VIIIe s.224 et pas beaucoup plus au-delà du VIIe s. Mais il ne peut pas être davantage question d’une influence phrygienne sur les styles du Géométrique grec dans la mesure où les points de ressemblance existent seulement assez tard dans les séries géométriques grecques et n’intéressent vraiment que la Grèce de l’Est. {Pour les rapports avec des productions de Macédoine, cf. infra p. 285}
- les fibules en bronze : le type phrygien présente un arc en demi-cercle à grosses moulures symétriques et souvent un système élaboré pour la “fermeture de sûreté”225 (fig. 95). Il est étroitement apparenté aux formes grecques orientales, mais sous un aspect plus compliqué. Il est pourtant difficile d’imaginer que le type soit parvenu en Phrygie d’un autre endroit que le monde égéen. La complication rajoutée à la forme grecque pourrait être due à la plus grande expérience de la Phrygie dans le travail du métal. Le seul moule de fibules de type phrygien parvenu jusqu’à nous provient de la Smyrne grecque226. La présence d’un exemplaire de ce type sur une des premières monnaies d’electrum de Grèce de l’Est (fig. 96) pourrait indiquer que les fibules en métal avaient pu servir de monnaie informelle227.
105Vers le milieu du VIIIe s., les Phrygiens copièrent, en l’adaptant à leur langue228, l’alphabet grec (lui-même “d’invention” toute récente, cf. supra) ; ce qui n’empêche qu’à l’époque, ce furent les cités grecques d’Ionie qui furent le plus souvent à l’écoute de la culture phrygienne. C’est dans le travail du métal que l’on trouve l’influence la plus profonde des créations phrygiennes. Les Phrygiens eux-mêmes importaient et utilisaient les œuvres de la toreutique assyrienne229 (fig. 51), mais, comme on l’a déjà vu, ce n’est pas par leur intermédiaire que les Grecs en eurent connaissance. Ce sont seulement les objets suivants, qui paraissent typiquement phrygiens et issus de leurs ateliers, que les Grecs d’Ionie vinrent à copier ou à adapter :
- des chaudrons et dinoi à anses en anneau fixées sous le bord par des attaches en bobine (fig. 97). On en trouve à partir du VIIIe s. dans les tombes royales phrygiennes. Une anse en anneau en fer, insérée dans une monture en bronze, trouvée à Chios, semble bien être une importation phrygienne. Ce type de récipient n’est pas attesté ailleurs en Ionie archaïque, alors que la forme a atteint d’autres régions du monde grec et qu'elle fut copiée en terre cuite dans la céramique grecque orientale et crétoise et en bucchero éolien à Troie et Larissa. L’anse en anneau et l’attache en bobine apparaissent aussi sur un autre type de vases phrygiens (cf. § suivant) et sur divers récipients de bronze grecs, mais la Phrygie a pu ne pas être la seule source d’inspiration pour ce type d’anses en Grèce et un type apparenté a été signalé à Al Mina230.
- des bassins plats à anses en anneau fixées sous le bord par des attaches en bobine, avec des barres horizontales de renforcement à terminaisons en forme de bobine. Les exemplaires phrygiens proviennent de tombes de Gordion (fig. 98, avec inscription) et d’Ankara, mais deux ont été trouvés à Magnésie-sur-l’Hermos, dont un de la fin du VIIIe s. C’est ce type exact de bassin que tient une prêtresse figurée sur une petite statuette d’ivoire, découverte à Éphèse (fig. 99) et datée du deuxième quart du VIe s. et on en connaît un exemplaire en bronze à Chypre. Des fragments en ont été trouvés en Grèce à l’Héraion d’Argos et à Olympie. Des bassins à anses en anneau, mais sans la barre de renforcement, qui est pourtant le trait le plus distinctif, ont été imités en terre cuite en Phrygie même, et on en trouve des échos au VIIe s., dans des vases de Larissa, Samos et Chios (où les exemplaires présentent un haut pied conique). Mais on doit répéter qu’il y avait en Orient d’autres sources d’inspiration possibles pour des anses en anneau231.
- des ceintures de bronze : dans le tumulus de la Princesse, ouvert par les fouilleurs américains à Gordion en 1956, on a trouvé deux ceintures en bronze constituées d’une bande métallique qui comportait à l’une des extrémités un long crochet destiné à s’engager dans l’un des trois crans percés dans une lame de bronze fixée à l’autre extrémité (fig. 100) ; en arrière du crochet, existe un élément en forme d’arc de fibule fixé à la ceinture et permettant une meilleure prise pour insérer le crochet dans les crans. La bande elle-même portait un décor incisé. Des fragments d’une bande de ceinture ajourée, d’un travail encore plus élaboré, mais sans arc de préhension, ont été découverts à Ankara. L’année précédant les découvertes de Gordion, les fouilleurs britanniques avaient trouvé à Chios une série de ceintures de ce type, dédiées dans un sanctuaire, de la fin du VIIIe s. jusque vers 600 av. J.-C. A partir de ces exemplaires plus complets, on a pu reconnaître des fragments de ceintures analogues recueillis ailleurs à Chios (à Phanai), mais aussi à Samos, Éphèse, Érythrées, Didymes et Smyrne. Les ceintures ioniennes (fig. 101) étaient d’une certaine façon plus élaborées que les phrygiennes : on y trouve une plus grande variété dans les arcs de préhension ornés, parfois, à leurs extrémités, de têtes d’animaux (fig. 102) et on a pu individualiser plusieurs centres de production en Ionie. Les crochets fabriqués séparément étaient rivetés à la ceinture et ils pouvaient s’engager dans l’un des nombreux crans d’une longue languette, qui est alors articulée à l’autre extrémité. La bande métallique était probablement doublée d’une bande de lin ou de cuir, repliée le long des bords où elle était agrafée à travers des trous percés dans la bande de métal. Les exemplaires les plus anciens sont peut-être contemporains des modèles phrygiens, qui les ont cependant inspirés à coup sûr. En Ionie, les ceintures paraissent avoir été l’apanage des femmes, à qui on les remettait au moment de l’adolescence ou du mariage. Le fait qu’elles étaient encore portées au VIe s. est confirmé par la représentation de l’une d’elles sur une Artémis ailée d’un relief en bronze grec oriental retrouvé à Olympie. Les ceintures étaient inconnues en dehors de l’Ionie (mais voir p. 264, infra, de possibles imitations en Occident)232.
106Ces ceintures constituent un exemple évident d’un élément phrygien adopté par les Grecs. Elles ne le furent vraisemblablement pas à partir de modèles importés, mais plutôt par la mode lancée par des artisans immigrés au VIIIe s.
107Déjà chassés à la fin du VIIIe s. de leurs provinces d’Anatolie méridionale par les Assyriens233, les Phrygiens furent, au début du VIIe s., submergés par les envahisseurs cimmériens venus du Nord et de l’Est. Ces mêmes Cimmériens, chassés de leurs terres par les Scythes, déboulèrent sur les cités grecques contre lesquelles ils tentèrent des raids : Éphèse fut attaquée et les textes parlent des “Trères” thraces qui, semble-t-il, participèrent à ces incursions au VIIe s., occupant Antandros en Troade et saccageant Magnésie234. Cimmériens – et Scythes – sont identifiables grâce à un type particulier de pointes de flèches en bronze, à pédoncule et barbelures, retrouvées sur différents sites, mais que plus tard les Grecs utilisèrent aussi235.
108La Phrygie vit ainsi son pouvoir s’effondrer en Asie Mineure, mais après les incursions cimmériennes, ses cités revécurent au sein du grand empire lydien. C'est aussi le moment où l’on constate un changement dans les relations avec les Grecs. A partir du milieu du VIIe s., un peu de céramique grecque orientale et corinthienne figure sur les sites phrygiens et les bassins de bronze à anses en anneau sont fabriqués et copiés par les Grecs236. Mais surtout, de plus en plus, ce sont maintenant les idées et les motifs grecs qui pénètrent en Phrygie. La céramique peinte adopte des motifs directement copiés sur les vases archaïques de Grèce de l’Est237. Dans différents endroits de la Phrygie, on trouve au VIe s., des plaques de terre cuite en relief servant à décorer les façades des édifices : leur style et leur inspiration semblent purement grecs, ainsi que leurs motifs, même s’ils sont souvent très déformés238 (fig. 103). Nous nous trouvons ici en outre, pour la première fois, face au phénomène de motifs grecs “orientalisants” qui effectuent le chemin inverse vers l’Orient où ils sont transformés. C’est encore au VIe s. que s’accroissent les importations de céramique grecque – surtout attique et corinthienne – et les Grecs ont pu aussi apporter d’autres articles plus exotiques, comme l’albâtre égyptien ou l’ambre nordique239. Parmi les œuvres monumentales, retenons une base de marbre d’Ankara (fig. 104), orientale ou anatolienne par sa forme, mais décorée de motifs en reliefs qui, bien qu’orientalisants, révèlent un schéma purement grec240 : la fleur et le bouton de lotus sont dans la manière grecque, privés des calices toujours présents sur les exemples assyriens et orientaux, tandis que les volutes, à leur base, dérivent clairement du chapiteau grec ionique. La pièce, conservée à Ankara, n’a pas de provenance certaine, mais il est probable qu’elle vient de quelque ville phrygienne et qu’elle date de la fin du VIe s. Dans la cité de Midas ont été retrouvées les parties inférieures de deux statues en calcaire, vraisemblablement œuvres ioniennes du milieu du VIe s. et, non loin de là, un figure rupestre doit beaucoup à des modèles grecs241.
109A la même époque, nous avons des témoignages encore plus assurés de l'activité d’artistes grecs en Phrygie. Des fresques du plus pur style grec – et plus précisément d’Ionie du nord – ont été mises au jour à Gordion242 (fig. 105). Il est intéressant de noter que l’un des détails de ces fresques, une couronne ou un bandeau de petites protomes de griffon porté par une femme, trouve un pendant exact à Chios (à Emporio), où les petites protomes de griffon en plomb recueillies auraient orné le cimier du casque de la statue d’Athéna au milieu du VIe s.243.
110C’est peut-être à la Phrygie que les Grecs empruntèrent le culte de Cybèle, la Mère des dieux anatolienne. La plupart des témoignages de ce culte en territoire grec sont de date plus tardive, mais l’un des plus anciens monuments qui lui soit consacré, et qui peut être même du VIe s., est un modèle du temple de la déesse, taillé dans la roche – encore une fois à Chios244 ; l'emplacement et la technique rappellent fortement les trônes rupestres phrygiens, qui servaient aussi de lieux de culte. Mais la statue phrygienne la plus imposante de la déesse (fig. 106), du VIe s., à Bogazköy, est elle-même influencée par les façons sculpturales grecques orientales dans le rendu de sa robe245 (fig. 107). Cybèle fut sans doute une déesse populaire en Grèce de l’Est246, mais elle était normalement représentée assise sur son trône, comme dans le modèle de Chios. Bien des cultes de déesses associées par les Grecs à Héra ou Artémis pourraient, au moins en partie, tirer leur origine de cultes anatoliens, peut-être même pré-phrygiens. L’Artémis d’Éphèse en est un exemple particulièrement significatif et les représentations de la déesse ou de ses acolytes sous la forme d’abeilles pourraient bien refléter un culte hittite247. La déesse-abeille est représentée par exemple sur des plaques d’or de Rhodes (fig. 108).
111Au VIe s., la Phrygie n’est plus depuis longtemps une grande puissance et pour compléter le cadre des rapports entre les Grecs et leurs voisins anatoliens, il nous faut revenir en arrière jusqu’au milieu du VIIe s., pour suivre l’ascension du royaume de Lydie. La Lydie a pu être une province de la Phrygie, mais son cœur se trouvait plus près de la mer, dans la vallée de l’Hermos. Sa capitale, Sardes, occupait un site dominé par une imposante acropole, au pied de laquelle s’étendait probablement la ville lydienne, à proximité du futur temple de Cybèle. On y voit un des plus anciens monuments à Cybèle du type dont nous venons de parler, où la déesse se tient debout à la porte de son temple de marbre, aux murs décorés de bas-reliefs dans le plus pur style grec oriental du VIe s.248 (fig. 109). Les fouilles récentes nous en apprennent plus sur les phases anciennes de l’histoire de Sardes249 ; on a recueilli de la céramique mycénienne et des productions locales plus tardives. L’identification d’importations grecques protogéométriques est un peu moins évidente ; la céramique la plus ancienne influencée avec certitude par des modes grecques ne paraît pas, en tout cas, antérieure au VIIIe s. et les vases grecs n’apparaissent régulièrement qu’à partir du VIIe s. Dans la plaine alentours s’étalent les grands tumuli de la nécropole dominés par la Tombe d’Alyatte, haute de 70 m et d’un kilomètre de circonférence250.
112La Lydie accède au premier plan après que la Phrygie a succombé sous les coups des Cimmériens et avec l'arrivée de la nouvelle dynastie du roi Gygès. Gygès lui-même mourut dans une bataille contre les Cimmériens (en 652), mais lui et ses successeurs affrontèrent en général avec succès les envahisseurs et surent les tenir en respect, peut-être avec l’aide des Assyriens. Gygès s’intéressa plus activement aux cités côtières que ne l’avaient fait les Phrygiens : il est possible qu’il ait contrôlé une grande partie de la côte méridionale de l’Hellespont, et nous savons qu’il autorisa Milet à y envoyer des colons à Abydos251. Ce qui ne l’empêche pas d’attaquer Milet, comme aussi Smyrne, et de prendre Colophon. Son fils Ardys poursuivit sa politique agressive à l’égard des Ioniens, s’empara de Priène et attaqua de nouveau Milet, que les Lydiens considéraient, semble-t-il, comme particulièrement inquiétante. Il ne s’en tira pourtant pas complètement à son avantage et, sous son règne, les Cimmériens passèrent de nouveau à l’attaque et pillèrent même la ville basse de Sardes. Sadyatte et Alyatte reprirent sans succès l’offensive contre Milet, bien qu’Alyatte ait mis à sac le temple d’Athéna à Assessos en territoire milésien, pris d’assaut et pillé Smyrne peu après 600 et attaqué aussi Clazomènes. Seules les îles échappèrent à la furie lydienne et nous savons qu’au moins Chios se porta à l’aide des Milésiens, avec qui Alyatte finit par traiter252.
113Crésus qui succéda à Alyatte, poursuivit les hostilités contre l’Ionie en attaquant Éphèse, puis d’autres cités et finit par obtenir la soumission de toutes les populations ioniennes du continent253. Les insulaires tombèrent à leur tour sous sa domination, bien qu’Hérodote (I, 27) affirme qu’il ait dû renoncer à une action navale contre eux. Sous Crésus, le royaume lydien semble avoir englobé la plus grande partie du littoral occidental d’Asie Mineure et des îles proches, même si les Grecs continuèrent à bénéficier d’une grande marge d’indépendance, comme le montre une inscription de Chios témoignant du fonctionnement d’un certain type d’institutions démocratiques254. Pour la première fois, les Grecs de l’Est eux-mêmes se trouvèrent contraints de faire allégeance à un royaume indigène – qui restait “barbare”, malgré toute l’hellénisation et l’ouverture de la cour de Crésus. « Avant le règne de Crésus, tous les Grecs étaient libres » écrit Hérodote (I, 6) et, plus loin, il parle de l’assujettissement de l’Ionie par les Lydiens dans les mêmes termes que de leur situation ultérieure sous la domination perse. Les Grecs – et surtout ceux d’Ionie – montrèrent dans ces circonstances leur énergie et leur capacité d’adaptation, car leur prospérité et leurs échanges se développèrent comme jamais auparavant.
114Les témoignages archéologiques de cette période sont riches et variés. Les dernières fouilles anglo-turques à Smyrne ont fourni des vestiges éclatants concernant les méthodes d’attaque des Lydiens et leurs effets255. Vers la fin du VIIe s. Smyrne jouissait de la plus grande prospérité. Ses remparts venaient d’être reconstruits en briques crues sur un soubassement de pierre, large par endroit de quelque 18 m. A l’intérieur de la muraille, les maisons étaient disposées selon un plan régulier d’îlots rectangulaires, mais il est évident qu’à cette époque une grande partie de la population vivait en dehors de la ville fortifiée sur les pentes des collines et sur le littoral en face du site péninsulaire de la cité. Un nouveau sanctuaire avait été créé pour la divinité poliade, Athéna, avec une cour d’entrée et une rampe d’accès à la plate-forme du temple. On avait d’ailleurs mis en chantier un nouveau temple, l’une des plus anciennes constructions monumentales en pierre du monde grec, mais jusque là seule la plate-forme et quelques éléments architectoniques avaient été réalisés. Les offrandes votives reflétaient la richesse de la cité et son importance au-delà des mers : céramique des autres cités ioniennes et de Corinthe, figurines de terre cuite et statuettes de pierre chypriotes, belles pièces orientalisantes d’ivoire et de bronze. Telle était la magnifique cité qui faisait face à l’armée du Lydien Alyatte.
115Les fouilles ont montré que les Lydiens avaient pillé Smyrne de fond en comble, mais aussi exactement comment la ville avait été prise. Le point le plus élevé de la colline basse, qui aujourd’hui occupe le site, est constitué non par son sommet naturel, mais par la masse d’une gigantesque rampe d’assaut jetée contre la muraille nord-ouest (fig. 110). Cette technique de siège d’une ville fortifiée est typiquement orientale et c’est probablement la première fois que les Grecs s’y trouvèrent affrontés. La rampe était composée d’un remblai de terre et de matériaux de destruction des maisons situées à l’extérieur de la muraille, renforcé avec du bois. Les trouvailles de pointes de flèches en bronze respectivement à l’intérieur et à l’extérieur de la ville nous apportent quelques informations sur ce type d’armement. Les Lydiens utilisaient des pointes triangulaires à pédoncule à trois pans – apparentées au type scythe ; les Grecs des pointes foliées à pédoncule, ou parfois des carreaux, et même des pointes en fer. L’ampleur du pillage lydien est marqué par la destruction complète de tous les bâtiments du VIIe s. et par l’abandon de la ville pendant une vingtaine d’années.
116Sur la présence de Grecs en Lydie nous savons peu de choses. Le royaume était fabuleusement riche, au dire des auteurs anciens, et “l’or de Crésus” est devenu légendaire. La culture lydienne est encore mal connue et l’on attend beaucoup des fouilles de Sardes256. Son art semble en partie dépendant des styles phrygiens tardifs, mais il fut assez tôt complètement perméable à l'art grec oriental, et bien que l’influence lydienne ait été accusée d’avoir introduit auprès des Grecs des habitudes de mollesse ou efféminées, on doit accorder au luxe “amollissant”, sinon une nature, du moins une expression véritablement grecque. La poétesse Sappho commente, ou plutôt déplore, le départ des jeunes filles attirées par les splendeurs de la haute société de Sardes la dorée, espèce “d’Hollywood” d’occasions et de richesses ; et ailleurs elle définit la Lydie comme la patrie du luxe et du bien-être, mais aussi de redoutables guerriers257. La Lydie et la Phrygie passent pour avoir appris aux Grecs diverses innovations dans le domaine de la musique et des jeux d’intérieur. La cithare à sept cordes, transmise vraisemblablement par la Lydie apparaît sur un fragment de dinos grec oriental de la première moitié du VIIe s. trouvé à Smyrne (fig. 111) et sur un cratère de Pitané258. L’habillement et la musique lydienne finirent par avoir une profonde influence sur les réceptions à la mode, à Athènes à la fin du VIe s., comme en témoigne l’invitation, comme hôte des Pisistratides, du poète ionien Anacréon, inventeur du mot “lydopatheis” pour désigner ceux qui cultivaient ces manières. Leur accoutrement – turban lydien (mitra), bottes de cuir souple (kothornoi), nouvelle lyre à tessiture grave (barbiton)259 (fig. 112), éventuellement ombrelle – devait apparaître aux Athéniens presque celui d’un travesti. L'alphabet lydien, comme le phrygien, fut adapté de l’alphabet grec, probablement vers le milieu du VIIe s.260. La céramique lydienne la plus soignée est caractérisée par l’utilisation d’un engobe blanc épais et d’un décor figuré à la façon des bas-reliefs, dont les motifs semblent dérivés de ceux de Grèce de l’Est, tandis que la technique se situe plutôt dans la lignée des styles anatoliens anciens. Les vases communs ressemblent à ceux de Grèce de l’Est et certains, à décor de cercles multiples et de crochets, sont apparentés à la céramique que les Grecs de l’Est produisaient chez eux et rencontraient aussi en Cilicie et en Syrie du Nord. Le beau style de vases peints dit “des chèvres sauvages” (Wild Goat), pratiqué à Rhodes et en Ionie, existe aussi en version provinciale, plus proche des produits de certaines cités éoliennes261 et il est transmis à d’autres villes indigènes de l’intérieur, comme Aphrodisias262 (fig. 113). Une décoration de vase typiquement lydienne est la décoration “marbrée” constituée de sinuosités obtenues à l’aide de vernis dilué appliqué en épais coups de pinceau. On l’a interprétée comme une imitation du verre, mais on pourrait y voir aussi celle du travail du cuivre martelé. Elle apparaît spécialement sur des pots à parfums (fig. 114) qui ont pu contenir la bakkaris, le célèbre parfum lydien, et étaient eux-mêmes connus sous le nom de lydia. Ces vases furent exportés en Grèce et jusqu’en Étrurie et imités – au moins en ce qui concerne la forme, qui est d’origine égyptienne – en Grèce de l’Est (fig. 115), à Sparte, Athènes (fig. 116) et en Étrurie263. Mais c’est l’un des rares exemples d’influence de la céramique lydienne dans le monde grec. Quelques beaux ivoires de Sardes264 sont proches d’œuvres orientalisantes grecques et, toujours à Sardes, des stèles funéraires à sommet à palmette265, semblables à celles de Grèce de l’Est, ont été dressées devant certaines tombes. Dans les autres secteurs de l’art nous avons encore beaucoup à apprendre, de même que sur l’ampleur de l'influence grecque sur les artisans locaux ou sur la présence éventuelle d’artisans grecs en Lydie. Nous verrons que les plus belles consécrations envoyées par les rois lydiens dans les sanctuaires grecs furent réalisées pour eux par des artistes grecs. On peut y ajouter une trouvaille isolée, celle de bijoux en or à Aidin (Tralles), à la frontière sud de l’empire lydien266 (fig. 117), qui, un peu par les motifs du décor et surtout par la technique, rappelle les œuvres grecques archaïques, spécialement les crétoises (fig. 23).
117Malgré la dureté du traitement réservé aux Ioniens, les rois de Lydie semblent avoir cultivé leurs relations avec les Grecs. Gygès fut le premier roi barbare, après le phrygien Midas, à avoir consacré des offrandes à Delphes, notamment six cratères en or d’un poids de 30 talents. Alyatte envoya un cratère d’argent avec un remarquable support en fer, œuvre d’un artiste ionien, Glaukos de Chios267. En fonction de leurs ressources naturelles, les Lydiens auraient pu offrir plus facilement des lingots que des œuvres d’art. A Alcée, ils offrirent la somme colossale de 2000 pièces d’or pour aider son parti à renverser le gouvernement de Lesbos268. Crésus fut particulièrement généreux à l’égard de Delphes le jour où il obtint de l’oracle la réponse ambiguë « qu’il détruirait un grand empire » en marchant contre la Perse, sans imaginer que cet empire pouvait être le sien. Il expédia à Delphes un lion d’or posé sur des lingots d’or et d’electrum et d’autres offrandes parmi lesquelles deux cratères de grande dimension, l’un d’or et l’autre d’argent, ouvrages eux aussi d’un Grec d’Ionie, Théodoros de Samos269. Les cités ioniennes elles-mêmes bénéficièrent parfois de ses largesses. A Didymes, près de Milet, Hérodote parle d'offrandes « de même poids et semblables à celles de Delphes ». A Éphèse, un nouveau grand temple d’Artémis fut mis en construction pour rivaliser avec le temple d’Héra qui venait d’être édifié à Samos, mais en plus grand encore – ce fut effectivement l’un des plus grands jamais réalisés par un architecte grec : ce fut Crésus qui paya « le plus grand nombre des colonnes » et des fragments de colonnes avec des inscriptions rappelant le souvenir de ce don – “le roi Crésus a dédié ont été retrouvés lors des fouilles du siècle dernier et sont conservés aujourd’hui au British Muséum268. Selon Hérodote, plusieurs sages de Grèce lui rendirent visite à sa cour, notamment le législateur athénien Solon et les Ioniens se battirent à ses côtés contre les Perses avec Thalès de Milet comme ingénieur militaire269. Les Lydiens employèrent probablement de nombreux mercenaires grecs et on a pensé que Gygès avait dépêché des Ioniens et des Cariens au secours du roi égyptien Psammétique Ier (cf. chap. 4). Dans l’armée de Crésus engagée contre les Perses, on trouvait des “Égyptiens” – peut-être des mercenaires grecs envoyés par le roi égyptien –, qui s’en tirèrent avec les honneurs et furent établis en Lydie (à Larissa et Kyllénè près de Cumes) par Cyrus après la défaite des Lydiens270. Au niveau des affaires domestiques, on peut citer le mariage entre la fille d’Alyatte et un dirigeant d’Éphèse, Mélas271, ou l’honneur rendu à Crésus par un père athénien en donnant son nom à son fils272.
118Les Grecs furent profondément impressionnés par la richesse de la Lydie, surtout en or. Les consécrations faites en Grèce par les rois lydiens étaient spectaculaires, voyantes et ... en or. Alcméon d’Athènes passait pour avoir édifié sa fortune familiale sur l’offre de Crésus de lui faire « cadeau d’autant d’or qu’il pouvait en emporter d’un coup sur sa personne » : « il revêtit un ample chiton dont il laissa une partie former à la ceinture une vaste poche retombante; il chaussa les hautes bottes les plus larges qu'il put trouver et pénétra ainsi dans le trésor où on le conduisit. Là, il se jeta sur un tas d’or en poudre, commença par entasser le long de ses jambes autant d’or que pouvaient en contenir ses bottes, remplit entièrement d’or la poche de son chiton, poudra de poudre d’or ses cheveux, en prit d’autre dans sa bouche et sortit du trésor traînant à grand peine ses chaussures, la bouche bourrée et tout le corps gonflé »273.
119Les Spartiates, s’étant rendus auprès de Crésus pour lui acheter l’or nécessaire à la réalisation d’une statue de culte, celui-ci leur en fit cadeau. Ils étaient en fait à l’époque courtisés par le roi lydien qui cherchait à se concilier l’amitié des Grecs. En remerciement de son présent, les Spartiates envoyèrent à Crésus un cratère de bronze (du même type que celui de la fig. 261), qui fut intercepté par des pirates samiens. Les Samiens avaient déjà intercepté un autre cadeau destiné à la Lydie, celui de 300 jeunes gens de Corcyre expédiés par Périandre de Corinthe à Alyatte pour en faire des eunuques274.
120Un effet plus profond et bénéfique de l’or lydien fut le début du monnayage en territoire grec275. Sur ce point, notre meilleure source d’information est constituée par le dépôt de fondation et d’autres trouvailles effectuées dans le temple d’Artémis à Éphèse. Les associations de mobilier montrent que les monnaies furent déposées vers 600 av. J.-C.276. Toutes sont en electrum – “l’or blanc”, un alliage naturel d’or et d’argent –, mais on trouve aussi des pièces plus primitives, des flans de métal, surtout en electrum mais aussi en argent, parfois striés et frappés à l’arrière d’un poinçon, les stries pouvant alors servir à indiquer le degré d’usure. Quand le flan est poinçonné sur un coin gravé ou incisé, on a affaire à quelque chose que l’on pourrait identifier comme une monnaie. La Lydie était évidemment la source de l’electrum, facilement extractible, par exemple, du Pactole qui traversait Sardes et les fouilles de Sardes ont effectivement révélé l’existence d’un travail ancien de l’or277. Les flans les plus primitifs seraient alors lydiens, destinés à garantir le poids, ou, comme on l’a avancé, à fournir un moyen de paiement facile des soldats mercenaires. Les monnaies des dépôts d’Éphèse se réfèrent toutes grossièrement à un même étalon. Celles qui portent une tête ou une patte de lion doivent être lydiennes. L’une d’entre elles, avec une inscription lydienne, a été, avec d’autres monnaies inscrites de la même façon, mise en rapport avec Alyatte ; mais aujourd’hui où on en connaît un plus grand nombre avec des inscriptions plus complète, cette attribution a été remise en question278, bien qu’aucune pièce ne semble avoir été frappée avant le règne d’Alyatte. D’autres pièces, qui portent d’autres symboles – animaux ou têtes d’animaux, etc...–, doivent être grecques : une tête de phoque peut, par exemple, suggérer Phocée (dont il fut plus tard l’emblème monétaire), mais nous ne sommes pas en mesure d’attribuer avec certitude chaque symbole à une cité ionienne précise. Deux autres monnaies d’electrum contemporaines, ou un peu plus tardives, portent respectivement les inscriptions : “Je suis l’emblème de Phanès” (fig. 118) et “de Phanès”, qui suggèrent l’atelier privé d’un marchand. Hérodote affirme que les Lydiens furent les premiers à frapper monnaie279, et le matériau des premiers flans va dans ce sens. Savoir qui des têtes de lion lydiennes ou des têtes d’animaux grecques furent les plus anciens emblèmes sur les monnaies est un problèmes différent. A la fin du VIIe s., l’art, proche parent, de graver les sceaux – en ivoire ou en pierre – était au moins aussi développé en Grèce qu'en Asie Mineure. L’idée d’appliquer un emblème figuré sur une monnaie pourrait bien être grecque, mais nous ne sommes pas en mesure de dire si elle fut mise en pratique pour la première fois dans un atelier lydien ou grec.
LES PERSES
121Le roi de Lydie, Crésus, défia l’empire des Perses et des Mèdes, contre lequel son père Alyatte s’était déjà battu, mais il fut vaincu et Sardes prise. Par Hérodote, nous connaissons l’effet immédiat de ces événements sur les Grecs qui avaient fait allégeance au roi lydien : ceux-ci cherchèrent à obtenir du perse Cyrus les mêmes conditions dont ils avaient bénéficié sous Crésus. Mais seule Milet y parvint. Les autres cités furent contraintes à préparer leur propre défense et à faire face à l’attaque du général perse Harpage. Ce dernier s’empara de toutes les cités du continent, tandis que les habitants de Phocée et de Téos parvenaient à s’enfuir pour s’installer ailleurs280. Les îles aussi furent soumises et certaines même envahies, car, à Samos, le grand temple d’Héra fut incendié et une nécropole proche de la ville pillée vers cette époque là281. Quand Harpage se tourna vers le sud, contre les Cariens, les Cauniens et les Lyciens, il emmena avec lui dans son armée des Ioniens et des Éoliens282. Et quand Cyrus rentra chez lui, il avait à ses côtés Crésus et un certain nombre d’ioniens, les premiers des nombreux Grecs à prendre la route de la Perse au service du Grand Roi.
122Sous la domination perse, l’Ionie constitua un département d’une province ou satrapie dont le centre administratif se trouvait dans la vieille capitale lydienne de Sardes. Les Perses furent en général des souverains tolérants, bien qu’ils soient parfois intervenus dans les affaires des cités grecques en leur imposant des “tyrans”. Samos connut la prospérité sous Polycrate, dont les navires sillonnaient librement les eaux de la Méditerranée orientale, en pratiquant parfois la piraterie. Bien qu’elle ait offert au service des Perses navires et hommes d’équipage, l’île sera mise à feu et à sang une deuxième fois avant la fin du siècle283. En général, cependant, les cités grecques semblent avoir été florissantes. Une grande partie de leurs échanges se faisaient avec des régions déjà incluses – ou qui le seraient bientôt – dans l’Empire perse – Al Mina et Naucratis en Égypte. C’est seulement lorsqu’ils eurent conquis la Lydie que les Perses devinrent conscients des attraits de la vie “civilisée”, et ce fut le rôle des Grecs de servir et d’instruire les Perses dans ce domaine comme ils l’avaient fait auparavant pour les Lydiens – alors que les puissances orientales “efféminées” furent parfois tenues pour responsables du penchant exacerbé des Ioniens pour les plaisirs de la vie. Hérodote, du moins, affirme-t-il que c’est des Grecs que les Perses contractèrent le vice de la pédérastie284.
123On conserve beaucoup d’anecdotes de Grecs qui se rendirent ou furent accueillis à la cour des rois perses : Darius, par exemple, eut un médecin grec qu’il estimait particulièrement285. Nous nous occuperons davantage ici des artistes qui travaillèrent en Perse et des témoignages archéologiques de l’influence que les Grecs y exercèrent. L’un de ceux-là est une inscription de Suse du roi Darius (monté sur le trône en 522) et qui dit : “La décoration qui orne le mur, celle-là fut apportée d’Ionie...Les tailleurs de pierre qui travaillèrent la pierre, ceux-là furent Ioniens et de Sardes” ; et ce furent des Cariens et des Ioniens qui transportèrent le bois de Babylone à Suse286. Et Pline l’Ancien mentionne un sculpteur ionien, Téléphane de Phocée, qui travailla à la fois pour Darius et Xerxès287.
124Un témoignage évident de la présence du goût et du talent artistique grecs est fourni avant tout par l’architecture et la sculpture sur pierre. L’ordre ionique, avec ses chapiteaux à volutes et ses bases à tores et moulures élaborées avait déjà connu son épanouissement dans l’architecture monumentale de pierre des îles et de Grèce de l’Est vers le milieu du VIe s. Nous avons eu l’occasion de noter tout ce que la nouvelle décoration architectonique devait aux modèles orientaux et combien peu la conception architecturale. Nous nous trouvons maintenant face au transfert par les Grecs, en terre orientale, des nouveaux ordres d’architecture monumentale de pierre et, avec lui, au retour dans leur patrie d’origine, de certains motifs orientaux assimilés par les Grecs jusqu’à les rendre parfois méconnaissables.
125Le palais du roi Cyrus se trouvait à Pasargades, en Perse. Quand il mourut, en 529, Cyrus fut enterré dans un petit mausolée en forme de temple (fig. 119), édifié sur une base à gradins. Ce monument à frontons peut difficilement être confronté avec les types traditionnels de sépultures perses ; en revanche, c’est plutôt par des détails de sa réalisation que par des détails génériques que nous pouvons le rapprocher des constructions grecques. Nous trouvons par exemple, la moulure de cimaise qui couronne le sommet des murs, de type radicalement grec, les "dentelures” typiques de l’ordre ionique et la grande rosette au sommet du fronton, qui rappelle les acrotères à disque de terre cuite des temples archaïques de Grèce de l’Est et du Péloponnèse288. Toujours à Pasargades, nous avons des colonnes cylindriques en pierre – innovation en Orient – reposant sur des bases à tores munies de cannelures horizontales de type ionique et beaucoup de parallèles visibles dans l’appareillage des murs et dans l’exécution des détails architectoniques comme les rosettes289. L’usage d’un nouvel outil du maçon grec, le ciseau dentelé ou gradine, y est attesté et les marques des maçons ou des sculpteurs sur les blocs de pierre290 vont étroitement de pair avec les emblèmes personnels des sceaux pyramidaux lydiens de la période perse (cf. infra). C’est la confirmation archéologique de l’inscription de Darius mentionnant des tailleurs de pierre d’Ionie et de Sardes. Il n’est pas inconcevable que les maçons œuvrant à cette époque dans la Sardes lydienne aient été des Grecs, peut-être employés auparavant par Crésus pour édifier un temple qui devait rivaliser avec ceux des cités ioniennes291.
126C’est encore à Pasargades que l’on découvre pour la première fois, dans le domaine de la sculpture, une innovation qui peut aussi être attribuée à l’influence grecque. Il s’agit de la représentation “semi-naturaliste” des plis des draperies : rendu de surface dont les sculpteurs orientaux s’étaient peu préoccupés jusque là, mais que les Grecs avaient expérimenté depuis le début du VIe s. C’est le genre de nouveauté que les artistes grecs au service des Perses auraient très bien pu inspirer, voire exécuter292 (fig. 120).
127C’est Darius (522-486) qui construisit le palais de Suse où se trouve l’inscription mentionnant des artisans ioniens. Il commença aussi les travaux du grand complexe d’édifices qui, à Persépolis, constitue le sommet de l’architecture achéménide (la maison royale perse) et l’expression la plus achevée de l’influence des artisans grecs, aussi bien sous le règne de Darius lui-même que sous ses successeurs, continuateurs de son œuvre. Nous n’avons pas besoin ici de nous étendre sur les détails révélateurs de l’inspiration grecque – les moulures de perles et pirouettes, les motifs grecs orientalisants (mais non orientaux), les colonnes cannelées. Les chapiteaux, comme les chapiteaux ioniques grecs, ne sont rien de plus que des éléments de mobilier portés à une plus grande échelle, mais le motif de la double volute s’adapte moins heureusement à l'architecture monumentale293. Ce qui est plus important, c’est l’acceptation désormais complète de ce qui était déjà en préfiguration à Pasargades – la signification de la colonne autant et parfois plus comme élément de décoration que comme élément de structure. L’architecture égyptienne l’avait déjà découvert et les Grecs l’avaient appris des Égyptiens. Il y a de nombreux motifs égyptiens dans l’architecture de Persépolis, mais ils sont déjà présents dans celle de Pasargades, à un moment où les Perses n’avaient pourtant pas de relations particulièrement étroites avec l’Égypte elle-même.
128Un certain nombre d’autres éléments de Persépolis témoignent encore de l’intérêt pour les œuvres d’art grecques et de la présence d’artistes grecs. Sur le pied d’une statue colossale en pierre, l’artiste a finement gravé des têtes humaines et des animaux, destinés à être peints en couleur, dans un style tellement grec qu’il devait lui-même être grec ou avoir été formé en Grèce : les comparaisons avec les peintures de vases grecs de la fin du VIe s. ne laissent aucun doute là-dessus. Un panneau de pierre fragmentaire présente un travail préparatoire du même genre pour y peindre une scène du plus pur archaïsme grec, la lutte entre Héraklès et Apollon pour le trépied sous le regard d’Artémis (fig. 121)294. On a déjà signalé la présence de monnaies grecques dans un dépôt de fondation de Persépolis295. Dans sa grande inscription, Darius dit que les Ioniens exécutèrent aussi la décoration des remparts de Suse ; il ne s’agit non pas, semble-t-il, des fameux reliefs émaillés, mais sans doute plutôt d’autres éléments décoratifs. Les motifs de lotus qui apparaissent sur des fragments sculptés de Suse sont manifestement de type ionien plutôt qu’assyrien296.
129Dans leur patrie même, les Grecs de l’Est, désormais inclus dans l’Empire perse, furent parfois contraints de servir dans l’armée de leurs nouveaux maîtres. Aussitôt après leur soumission à Cyrus, les Grecs furent entraînés par le général perse Harpage contre les tribus indigènes du Sud et des navires de Lesbos furent engagés dans la conquête des îles de Lemnos et d’Imbros au Nord297.
130Dans d’autres secteurs de l’Empire perse, mais plus voisins des Grecs eux-mêmes et déjà perméables à leur influence, la présence d’artistes grecs est encore plus évidente. Les tombes monumentales de Lycie, dont certaines appartiennent à cette période, sont décorées de reliefs d’un style incontestablement grec, malgré son provincialisme, avec seulement quelques éléments orientaux, comme les piles de squelettes298. Toujours en Lycie, on a récemment mis au jour des tombes peintes dans un style gréco-anatolien, dont certaines avec des sujets purement grecs, à côté de scènes funéraires, notamment de banquets, d’inspiration franchement anatolienne299 (fig. 122). Mais tout cela appartient tellement à l’histoire de l’art grec qu’il est inutile de s’étendre davantage. A partir du milieu du VIe s., les vases attiques et grecs orientaux se font de plus en plus fréquents en Carie et en Lycie300. A Chypre, on constate un accroissement rapide à la fois des influences artistiques grecques orientales et des importations de céramique grecque, qui nous invitent pour la première fois à envisager sérieusement l’existence de nouveaux établissements grecs dans l’île. Aussi voit-on des potiers athéniens copier, pour ce marché, une forme de cruche typiquement chypriote301 (fig. 123).
131Bien que leur commerce avec les autres secteurs de l’Empire perse ait connu au début une phase de prospérité, les Grecs de l’Est subirent un coup d’arrêt dans leurs affaires avec l’Égypte lorsqu’elle aussi tomba, en 525, aux mains du perse Cambyse. Mais ce ne furent probablement pas seulement des considérations commerciales qui poussèrent les Grecs à se soustraire au joug perse et, déjà en 511, plusieurs cités grecques de la frange nord-occidentale de l’Empire essayèrent de se révolter. Les Perses, de leur côté, commençaient à s’intéresser aussi à la Grèce continentale, où Sparte soutenait leur cause ; ils s’étaient déjà heurtés aux Athéniens à Sigée, prés de l’Hellespont (les Dardanelles) et avaient donné refuge à Hippias, le tyran athénien exilé. En 499, le tyran grec de Milet et le satrape perse tentèrent de s’emparer de l’île de Naxos ; mais la même année les Grecs de l’Est se soulevèrent, incendièrent la capitale de la satrapie perse, Sardes, et jouirent pendant quelque cinq années d’une liberté inquiète302. La contre-attaque perse de 498 contre les cités grecques de Chypre trouve une belle illustration dans les fouilles de Paphos, qui ont révélé que la ville assiégée avait succombé à la suite de travaux de terrassement du même type que ceux employés par les Lydiens contre Smyrne (fig. 110) un siècle auparavant303. En 490, lorsque les généraux de Darius s’embarquèrent pour aller punir les cités de Grèce qui avaient soutenu les rebelles, il emmenaient dans leur flotte des Grecs ioniens et éoliens. Érétrie d’Eubée fut pillée et sa population déportée à Arderikka, près de Suse en Perse, où elle vivait encore en communauté au temps d’Hérodote304. Mais dans la plaine de Marathon les Perses furent détournés de leur prochain et principal objectif, Athènes, et ils durent se rembarquer. Dix ans plus tard, leurs derniers espoirs d’ajouter une satrapie de Grèce à leur empire furent anéantis dans les eaux de Salamine et sur le champ de bataille de Platées. A cette occasion aussi, de nombreux Grecs de l’Est et du continent servirent dans l’armée et la flotte de Xerxès et le roi de Sparte en exil, Démarate, figurait parmi ses conseillers. Les Érétriens ne furent pas les premiers à avoir été déportés. Darius avait auparavant emmené avec lui les membres de la famille des Branchides (à Didymes, près de Milet), qui avaient livré leur temple aux Perses et craignaient la vengeance de leurs compatriotes grecs. Il les établit à Sogdiana, mais leurs descendants furent punis par Alexandre de cette traîtrise305. D’autres Milésiens furent déportés et installés à Ampe sur le golfe persique, près de l’embouchure du Tigre306. Nombreux furent les Grecs à rejoindre l’Orient de gré ou de force à cette époque. Darius avait menacé de déporter les jeunes filles ioniennes en Bactriane, mais il se contenta de les envoyer à sa propre cour307.
132On possède de nombreux échos archéologiques de ces événements, principalement en Grèce même, et d’abord sur l'Acropole d’Athènes, qui fut dévastée par les Perses. Le butin de la victoire sur les Perses allait y devenir une composante des trésors de la cité et nous pouvons en extraire au passage un élément commémoratif de la défaite consommée de la Perse – un casque de bronze perse d’Olympie portant simplement l’inscription ; “Les Athéniens, à Zeus, [ce casque] pris aux Mèdes”308 (fig. 124). Mais en Perse aussi, on trouve des traces du butin pris aux cités ioniennes309 – un osselet de bronze inscrit dédié à l’origine dans le sanctuaire de Didymes (près de Milet) et retrouvé à Suse310 (fig. 125) ; la protome de griffon d’un chaudron de type samien, découvert aussi à Suse311 ; une partie du décor en relief d’un cratère spartiate de bronze de la fin du VIe s. trouvé à Persépolis312, où l’on a aussi recueilli un fragment de décor en relief d’un bouclier de bronze du début du VIe s.313. Dans le palais royal, il y avait, dit-on, un cratère en or, œuvre de Théodoros de Samos, cadeau fait au roi perse ou butin pris en Ionie ou en Lydie314.
133Il est difficile de décider si les structures architecturales perses eurent ou non un impact en Grèce, mais certains l'ont décelé dans l’édifice à tholos circulaire de l’agora d’Athènes, interprété comme un parasol monumental oriental, ou encore dans la forêt de colonnes de l’Odéon de Périclès et même dans la restructuration de l’Acropole d’Athènes315. Des artistes grecs ont à coup sûr encore travaillé pour les Perses aux Ve et IVe s. et largement contribué à la mise en œuvre de l’art que nous qualifions d’achéménide. Dans la Sardes perse, les fonctionnaires publics utilisaient des sceaux de type oriental (pyramidal, comme le sceau avec l’inscription lydienne “de Manès” des environs de 500, conservé au Musée de Genève, fig. 126), mais décorés parfois de motifs grecs, ou de production grecque.316. Un phénomène comparable est l’apparition, en Anatolie, de stèles funéraires ornées de motifs perses, mais surmontées d’une palmette grecque317 (fig. 127), si bien qu’on a pu penser que certaines étaient des pierres grecques en remploi. A la période classique, des ateliers grecs d’Anatolie du Sud taillèrent des gemmes et frappèrent des monnaies pour le compte de fonctionnaires perses locaux ou de leurs représentants318. A Sardes, les Perses conservèrent l’ancien atelier monétaire lydien, mais on y frappa finalement des dariques d’or de type perse319 (fig. 128). A l’opposé, des coupes orientales en forme de tête d’animal, d’un type déjà rencontré en Assyrie et très populaire chez les Perses, furent copiées par les Grecs aussi bien en terre cuite qu’en métal320.
134Un examen détaillé de l’histoire et de l’archéologie des Guerres médiques et de leurs conséquences ne nous concerne pas vraiment ici, mais ces événements constituent une étape importante dans les relations de la Grèce avec les “barbares”. Les entreprises des Grecs outre-mer les avaient confrontés avec une puissance majeure, qui fut à son tour stimulée ou aiguillonnée par leur présence sur son territoire au point de se lancer contre leur patrie d’origine321. Cette grande puissance fut repoussée, et les Grecs purent développer dans tous les domaines, avec encore plus de vigueur et de liberté, leurs échanges avec l’Orient. Exactement un siècle et demi plus tard, Alexandre le Grand allait consommer la ruine de cet empire et poursuivre au-delà : ses soldats incendièrent Persépolis et y libérèrent 800 Grecs, et les territoires des Hittites, des Assyriens, des Babyloniens et des Perses lurent alors regroupés dans un nouvel empire, grec.
Bibliographie
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1 F. J. Stubbings, Myc. Pottery from the Levant, 1951 ; V. Desborough, The Last Mycenaeans, 1964, 207 ss ; CAH 23. 2, 181 ss, 338-42 ; V. Hankey, Levant 6, 1974, 131.
2 N. K. Sandars, The Sea Peoples, 1978.
3 CAH 23. 2, 354-56, 678-81.
4 CAH 23. 2, 363-6, 679 s., 32. 2, chap. 36.
5 G. E. Bean, Turkey’s Southern Shore, 1968, part. 2 ; A. Erzen, AA, 1973, 388 ss. C. Hrixhe, Le dialecte grec de Pamphylie, 1976, 147 ss.
6 Boardman, CCO chap. 5 ; Coldstream, Praktika I. Kypr. Synedr., 1972, I, 15-22.
7 Desborough, Kret. Chron., 1972, 245 ss.
8 V. Karageorghis, BCH 94, 1970, 35-44 ; in Antichità Cretesi 2, 168 ss.
9 ARepts 1976/7, 12 s., fig. 27.
10 H. W. Catling, Cypriot Bronzework in the Myc. World, 1964, chap. 8, sp. 198 s. (194, no 6 = notre fig. 7 ; 207, no 35 = notre fig. 8). Ils sont attestés aussi à Samos et à Théra (tombe du VIIIe s. : ARepts 1974/5, 23, fig. 43).
11 Boardman, CCO, 132-4 (fig. 49b = notre fig. 9 ; BSA 38, 1 937/8, pl. 34). Kato Syme : PAE 1973, pl. 188a (= fig. 10 ; plus complet dans ARepts 1977/8, 64, fig. 112) ; 1974, pl. 168a.
12 Archaeology 25, 1972, 16-19 ; M. R. Popham et H. Sackett, Lefkandi 1, 1979/80.
13 H. V. Herrmann, JdI 81, 1966, 131 ss. ; Hesperia 37, 198, 77-116 ; R. A. Higgins, BSA 64, 1969, 143-54 sur les premières orfèvreries grecques.
14 J. Muhly, Berytus 19, 1970, 19 ss., fait le point sur les connaissances et les opinions que les Grecs avaient des Phéniciens à l’époque archaïque. Sur leurs navires, voir L. Basch, JHS 97, 1977, 1 ss.
15 Karageorghis, Kition, 1976 ; Salamis in Cyprus, 1969 ; CAH 32. 1, ch. 12. L'argument selon lequel il y avait un élément héroïque ou homérique dans le type et le mobilier de ces tombes est, selon moi, exagéré (Coldstream, op. cit., n. 6).
16 R. R. Dyer, PdP 20, 1965, 115 s. A. D. Trendall et T. B. L. Webster, Illustrations of Greek Drama, 1971, III. 5. 6, pour une scène sur un vase apulien du IVe siècle représentant l’Asie de Darius menée à la défaite.
17 L. Woolley, JHS 58, 1938, 1 ss„ 133 ss. ; 68, 1948, 148 ; et A Forgotten Kingdom, 1953, ch. 10.
18 C. M. Robertson, JHS 60, 1940, 2 ss. et pour la céramique du Ve siècle, J. D. Beazley, BSA 52, 1957, 1 ss.
19 Popham et Sackett, Excavations at Lefkandi, 1964-66, 1968, 23 ss. ; Lefkandi 1, (pl. 37.16, 36.2, 265a= nos fig. 11, 12, 13) ; AAA 1970, 314 ss. (Érétrie).
20 Boardman, Anat. Stud. 9, 1959, 163-9 (no 20 = notre fig. 14)
21 Ibid. 166 s. ; pour des exemples complexes cf. BCH 97, 1973, 667, fig. 103 ; Cesnola Atlas 3, pl. 146, 1081, et d’autres dans des fouilles récentes et des collections privées. Les analyses d’argile ne permettent cependant pas encore une attribution sûre à Chypre.
22 Byblos 2, 1954-8, 225, 939.
23 CAH 32. 1, ch. 18 (Boardman).
24 CAH 32. 1, ch. 18 ; S. C. Bakhuizen, Chalcis in Euboea, 1976 et World Archaeology, 9, 1977, 220 ss. ; Desborough in Tribute to an Antiquary (Essays Marc Fitch), 25 ss. Sur l'importance des hoplites et leur armement voir Snodgrass, JHS 85, 1965, 110 ss. ; P. Cartledge, JHS 97, 1977, 11 ss. ; J. Salmon, ibid. 84 ss.
25 Lefkandi 1, pl. 12, 13a (= notre fig. 15)
26 J. du Plat Taylor, Iraq 21, 1959, 62-92. Sur la datation de la céramique d’Al Mina voir Coldstream, GGP 310-6. La tentative d’E. Gjerstad de la remettre en question dans Acta Arch. 45, 1974, 107 ss. n’est pas acceptable et J.-P. Descœudres dans Eretria 6, 1978, 7 ss., un peu mieux.
27 Coldstream, GGP 349-51. Pour un compte rendu des trouvailles géométriques et archaïques à Chypre, voir Gjerstad, Swedish Cypr. Exped. 4.2, 1948, 274 ss. et Greek Geometric and Archaic Pottery found in Cyprus, 1977. Pour la chronologie chypriote de cette période, J. Birmingham, AJA 67, 1963, 59 ss.
28 Coldstream, GGP 302-21 ; Riis, Sukas 1, 1970, 142-64. L’une des premières importations (deuxième moitié du IXe siècle) est une pyxis (argienne ?) de Tambourit, près de Sidon : P. Courbin, Berytus 25, 1977, 147 ss.
29 Ras el Basit : P. Courbin, RA 1974, 174 ss. ; Ann. arch. Arabes Syr., 22, 1972, 45 ss. ; 23, 1973, 25 ss. ; 25. 1975, 59 ss. ; Archeologia 1 16, 1978, 48 ss. ; Riis, Sukas 1. 1970. Pour la céramique : G. Ploug, Sukas 2, 1973. Sur les routes de l’intérieur : H. Seyrig, Syria 47, 1970, 296 s.
30 Pour leur distribution, voir maintenant H. G. Buchholz, Methymna, 1975, 90-2. Ajouter, de Khaldé près de Beyrouth, IXe Congr. Int. Arch. Class., 1971, 194 s. ; Pritchard, Sarepta, 1975, fig. 26, 14 (côte libanaise) ; Ras el Basit (voir plus haut, n. 29) et cf. Coldstream, GG 94, et infra, ch. 5, n. 12.
31 Pour de rares céramiques figurées phéniciennes, voir E. Stern, PEQ 1978, 11 ss.
32 Pour le texte parlant de la razzia dans les années 730, voir H. W. Saggs, Iraq 25, 1963, 76 ss. Pour une analyse des Yamani, cf T. F. R. G. Braun in CAH 32. 3, ch. 36, à qui je dois ces références. Un mot semblable était employé pour désigner les “Grecs” de la Perse jusqu’en Inde : C. Töttössy, Acta Arch. 3, 1955, 301 ss.
33 Barnett, Liverpool Annals 26, 1939/40, 98.
34 Coldstream, GGP 320 ss.
35 K. R. Maxwell-Hyslop, Iraq 36, 1974, 139 ss.
36 Beross, FGH 680, F7c (ch. 29) ; Abyden FGH 685 F5 (ch. 6).
37 Boardman, JHS 85, 1965, 5-15. J. D. Bing, JNES 30, 1971, 99 ss. avance l’hypothèse qu’il y avait à cette époque, à Tarse, une vraie colonie rhodienne (de Lindos). En fait, cela pouvait être au mieux une concession commerciale, mais, à cet endroit et le long de la côte occidentale, il restait aussi le souvenir d’intérêts rhodiens plus anciens.
38 D. D. Luckenbill, Annals of Sennacherib, 1924, 73. 60.
39 Cf. n. 18, ci-dessus.
40 A. W. Johnston et R. Jones, BSA 73, 1978, 103 ss.
41 JHS 60, 1940, 19, fig. 8, 1-n.
42 Coldstream, GGP 298-301 ; Boardman, Greek Emporio, 1967, 132-4. Notre fig. 16 = Oxford CVA 2, IID pl. 1,6.
43 Boardman, op. cit., 142. Notre fig. 17 = Munich CVA 6, pl. 272.
44 Les classes (d)-(e) ont été récemment débattues in Boardman and Hayes, Tocra 2, 1966, 111 ss.
45 Fragments ‘Ad’ conservés à Cambridge. Cf. BSA 52, 1957, 6 ; I. Strøm, Acta Arch. 33, 1962, 267 ss.
46 A. Furtwängler, Aegina, fig. 339, pl. 108, 35-7 ; 112, 9-11 ; 118, 58 ; cf. 111, 2-3 ; 117, 12 (Cf. ci-dessous, n. 232).
47 Ci-dessus, n. 37 ; Hanfmann, Tarsus 3, 1963.
48 C. Clairmont, Berytus 11, 1955, 85 ss. ; cf. 12, 1956/7, 1 ss. pour les vases noirs classiques.
49 Cf. ci-dessus, n. 27.
50 Snodgrass, EGAW 31 ; Barnett, RDAC, 1977, 157 ss. suggère qu’il s’agit d'une occasion héroïque.
51 Snodgrass, EGAW 14.
52 Woolley, Carchemish 2, 1921, pl. 24 ; Olympia Bericht 5, 1956, 46-50.
53 J. Naveh, Israel Expl. J., 12, 1962, 89 ss. ; Archaeology, 15, 1962, 108 ss. ; Austin, 53.
54 Cf. ci-dessus, n. 29.
55 S. Weinberg, Proc. Israel Acad. Sc. & Hum. 4, 5, 1969, 88 ss. ; et ci-dessus n. 48.
56 D. L. Page, Sappho and Alcaeus, 1955, 223 ss. ; cf. BASOR 164, 1961, 19 s. pour la campagne.
57 E. F. Weidner in Mél. Dussaud 2, 1939, 932 ss. ; F. Wetzel et al., Das Babylon der Spätzeit, 1957, pl. 47.
58 JHS 66, 1946, 125 et Oxford 1954, 306 (points et croissants).
59 Cf. ci-dessus, n. 48.
60 Woolley, A forgotten Kingdom, 1953, 176, fig. 26.
61 Kraay, 148 s., 301-5.
62 E. F. Schmidt, Persepolis 2, 1957, 110 ss ; M. Price et N. Waggoner, Archaic Greek Silver Coinage, 1975, 16.
63 Cf. O. Eissfeldt et al., Eléments orientaux dans la religion grecque ancienne, 1960 ; P. Walcot, Hesiod and the Near East, 1966 ; M. L. West, Early Greek Philosophy and the Orient, 1971 ; G. S. Kirk, The Nature of Greek Myths, 1974, ch. 11.
64 Epinomis 987d.
65 Od. 17, 383-5.
66 Akurgal, Späthethitische Bildkunst, 1949 et Birth ch. 3, 4. W. Orthmann, Untersuchungen zur späthethitischen Kunst, 1971. Articles récents sur la datation : D. Ussishkin, Anat. Stud. 19, 1969, 121 ss. et BASOR 181, 1966, 155 ss. ; Mellink, Anatolia 14, 1970, 15 ss. et in Anat. Studies H. Güterbock (éd. K. Bittel, 1974), 201 ss. Noms et chronologie : J. D. Hawkins, Iraq 36, 1974, 67 ss.
67 Akurgal, Anatolia 4, 1959, 77 ss. et Urart. u. altiran. Kunstz., 1968 ; R. Ghirshman, Iranica Antiqua 3, 1963, 60 ss. ; M. N. van Loon, Urartian Art, 1966 ; H. V. Herrmann, JdI, 81, 1966, 79 ss. pour les références à la Grèce ; B. B. Piotrowski, Urartu, 1969.
68 Akurgal, Birth, ch. 1.
69 I. Winter, Iraq 38, 1976, 1 ss. et Met. Mus. J. 1 1, 1976 ; 25 ss. pour deux études importantes sur les ivoires phéniciens et syriens. Voir aussi la série Nimrud Ivories, en particulier 3, 1974 (M. Mallowan et G. Herrmann).
70 V. Karageorghis et J. de Gagniers, La céramique chypriote de style figuré, 1974-5.
71 Karageorghis, Kition, 1976 ; Gjerstad, Swedish Cypr. Esp. 4, 2, 1948 et Opus. Arch. 4, 1946, 1-18 (coupes en métal).
72 Barnett, JHS 68, 1948, 1 a raison de citer Philostrate (Vita Apoll. 5, 20) à propos des déplacements des maçons et des artisans de l’ivoire qui jadis faisaient les statues des dieux dans les sanctuaires.
73 Boardman, BSA 62, 1967, 57-70 (pl. 11,2 = notre fig. 23) et in Dädalische Kunst (Hamburg Mus. 1970), 15 s. Ceinture et carquois : J. K. Brock, Fortetsa, 1957, no 1568-9 (= notre fig. 24). A. Lebessi, BSA 70, 1975, 169-76, voit une continuité avec les productions dédaliques du VIIe siècle, mais les bracelets qu elle publie appartiennent au groupe du VIIIe siècle. Sur les bijoux plus tardifs, les visages sont plus petits, la chevelure est à plans et il n’y a pas de cloisons. A. Lebessi ne reconnaît pas non plus la nécessité d’envisager des artisans immigrés, mais de telles techniques peuvent difficilement résulter de la simple observation, de même que les nouvelles formes ne sont pas pleinement grecques. Pour des comparaisons orientales : Porada, Artibus Asiae 32, 1970, 98 s.
74 R. A. Higgins, BSA 64, 1969, 145-9 ; D. L. Carroll, AJA 74, 1970, 37 ss. (boucles d’oreilles).
75 Cf. ci-dessous, n. 152.
76 E. Kunze, Kretische Bronzereliefs, 1931 (no 1,6 = notre fig. 27) ; F. Canciani, Bronzi orientali e orientalizzanti a Creta, 1970 ; Boardman, CCO ch. 3, 138 et in Dad. Kunst. (ci-dessus, n. 73), 16-18.
77 Kunze, op. cit., no 74, pl. 49 (= fig. 26).
78 Herrmann, Die Kessel der orient alisierenden Zeit, 1966, 177-80 et ci-dessous, n. 120. Cf. le vol. II de ce travail (1979) qui étudie les protomes de lion et griffon et les trépieds à baguettes sans ajouter davantage de références.
79 Cf. ci-dessus, n. 76.
80 JdI 81, 1966, 81, fig. 2.
81 Boardman, CCO 80-4, pl. 28, frontispice.
82 R. Hampe, Kret. Löwenschale des 7ten Jdts v. Chr., 1969.
83 Boardman in Däd. Kunst (cf. ci-dessus, n. 73), 19 avec notes 24-6. Notre fig. 29 = Hampe, op. cit., pl. 13b-15.
84 Boardman, op. cit., 18-23.
85 Un bon résumé dans B. Freyer Schauenburg, Elfenbeine aus dem samischen Heraion, 1966, 117-26. Smyrne : Akurgal, Kunst Anatoliens, 1961, fig. 140-2. Éphèse : ibid., fig. 150-2. Crète : Kunze, AM 60/61, 1935/6, 218 ss. et Boardman, CCO 151, n. 4. Rhodes : C. Blinkenberg, Linos I, 1931, no 1582. Thasos : BCH 86, 1962, 95 ss. (pour notre fig. 32). Athènes ; JHS 68, 1948, 5, fig. 3. Sur les types orientaux caractéristiques, cf. ci-dessus, n. 69 ; notre fig. 33 = Sendschirli 5, 1943, pl. 64-5.
86 Barnett, Cat. Nimrud Ivories, 1957, 165 et JHS 68, 1948, 1, n. 4 ; Boardman, JHS 85, 1965, 13 ; Moscati, World of the Phoenicians, 1968, 20 (à Tyr au VIIe siècle).
87 Kunze, AM 55, 1930, 147 ss. ; Akurgal, Birth, pl. 49, 65a-d ; F. Schweitzer, Greek Geom. Art., 1969, pl. 146-8. M. Weber, AM 89, 1974, 27 s. montre qu’il s’agissait de supports ou d’anses comme dans leurs parallèles orientaux et non de figures indépendantes. Notre fig. 35 = Barnett, Cat. Nimrud Ivories, pl. 74, s 210.
88 R. M. Dawkins (éd.), Artemis Orthia, 1929, ch. 8 ; E.-L. Marangou, Lakonische Elfenbein-und Bein-schnitzereien, 1969. Boardman, BSA 68, 1973, 4 s. sur la datation et JHS 88, 1968, 9-12 sur les relations avec la Grèce Orientale.
89 T. J. Dunbabin (éd.), Perachora 2, 1962, part 2.
90 Boardman, Island Geins, 1963, 150 ss. ; JHS 88, 1968, 9 s. (Samos).
91 Boardman, Island Gems, 1963, 145-55.
92 Perachora 2, 433 ss. ; Boardman, Greek Emporio, 1967, 211 ; Boardman et Hayes, Tocra 1, 1966, 163 ; 2, 1973, 89, pour les références et la datation.
93 Boardman, Island. Gems, 1963, 154 s. et ci-dessus n. 88. JHS 68, 1948, pl. 6c ; le plus proche parallèle est phrygien.
94 D. G. Hogarth, Excavations at Ephesus, 1908, pl. 21-6 ; P. Jacobsthal, JHS 71, 1951, pl. 34-6 ; Akurgal, Kunst Anatoliens, 1961, fig. 154-61, 165-73 ; G. M. A. Richter, Korai, 1968, fig. 257-62. Comparer avec le bras de lyre de Berlin, Jb. Berl. Mus. 7, 1965, 125 ss. ; Boardman, GSAP, fig. 53.
95 Boardman, Greek Emporio, 1967, pl. 96, 596.
96 Akurgal, Kunst Anatoliens, 1961, fig. 140-2.
97 Perachora 2, pl. 173. A 9 ; Boardman, GSAP, fig. 51.
98 ADelt 22, 1967, Chr. 364, pl. 272. Je remercie le Professeur Dontas d’en avoir autorisé la reproduction ici.
99 P. Amandry, Syria 24, 1944/5, pl. 10-11 ; F. Salviat, BCH 86, 1962, 105 ; Boardman, op. cit., fig. 52. K. Schefold, AA, 1970, 574 ss. propose à tort une datation plus haute.
100 Voir les références détaillées dans les notes suivantes ; il existe aussi d'importants exposés généraux : Amandry, Ét. d’Arch. Class. 1, 1955/6, 3 ss ; Syria, 35, 1958, 73 ss.
101 Herrmann, JdI 81, 1966, 79 ss ; Amandry, op. cit. et Gnomon, 1969, 798 s. ; R. S. Young, JNES 26, 1967, 145-54 ; R. V. Nicholls, ARepts, 1970/1, 74 s. ; Barnett in Vorderasiatische Archäologie (Studien... Moortgat, 1964), 21 ss.
102 J. Bouzek, Památky arch. 65, 1974, 278-341 et in European Community in Later Prehistory (Studies... Hawkes, 1971), 77-77-104 ; IXe Congr. Int. Arch. Class., 1971, 89 ss. Et cf. U. Jantzen, Samos 8, 1972, 80 ss. pl. 81 = notre fig. 40 ; Herrmann, JdI, 83, 1968, 31 ss. Pour le rôle des Perses, voir Muscarella, J. Anc. N. East Soc. Col. Univ. 9, 1977, 31 ss.
103 L’étude la plus complète est Herrmann, Kessel (cf. n. 78). Pour Chypre, avec sirènes et griffons : Karageorghis, Salamis 3, 1973, 97 ss. (notre fig. 47). Voir aussi O. Muscarella in Art and Technology (M.I.T., 1970), 109-28 ; M. Weber, AM 89, 1974, 27 ss. ; H. Kyrieleis, Marburger Winckelmann-Programm, 1966, 1 ss.
104 Amandry in Aegean and the Near East (Studies... Goldman, 1956), 239 ss. (pl. 28 = notre fig. 42 ; pl. 29,2 = notre fig. 44) et Syria 35, 1958, 73 ss. ; U. Liepmann, JdI, 83, 1968, 39 ss. ; Muscarella, Met. Mus. J. 1, 1968, 7 ss. ; Herrmann, Kessel, 114 ss. (pl. 55 = notre fig. 43) ; Samos 8, 76 ss. H. Kyrieleis, AM 92, 1977, 71 ss. met en évidence les caractères distinctifs des protomes grecques.
105 Herrmann, Kessel, 131 ss.
106 Herrmann, Kessel, 153 ss. Fouilles de Delphes 5, 1969, 95 ss. Samos 8, 63 (Cf. les recensions de ce volume, souvent cité dans les notes suivantes : Herrmann in Gnomon, 1975, 392 ss. ; Muscarella in AJA 77, 1973, 236 s. Cf. ADelt 20, 1965, Chr., pl. 503 (Macédoine).
107 Herrmann, Kessel 1,17. Une copie en argile (?) : Athenian Agora 8, 1962, pl. 23, 402.
108 Herrmann, Kessel et voir n. 103.
109 Jantzen, Griechische Greifenkessel, 1955, pour les séries de Samos ; et AM 73, 1958, 26 ss. ; 83, 1968, pl. 113, 4, 5 (moule) ; AA, 1966, 123 ss. BCH 96, 1972, 7-11 pour un exemple appliqué sur un trépied à baguettes. Klio 52, 1970, 149 ss. (Milet). Cf. un exemplaire en pierre, d’Asie Mineure : Münzen und Medaillen Auktion 40, 1969, no 162 et le “trône” de Samothrace : Boardman, GSAP, fig. 264.
110 H. Luschey, Die Phiale, 1939 ; F. Poulsen, Der Orient, 1912, ch. 3 (fig. 12, 13 = notre fig. 48) ; Olympia 4, pl. 52 ; Fouilles de Delphes 5, 1969, pl. 18 ; A. de Ridder, Bronzes de l'Acropole, 1896, no 218 ; Kunze, Kret. Bronzerei, 1931, 159 ; Perachora 1, 148 ss. ; AM 83, 1968, pl. 117 (Samos) ; Boardman, Greek Emporio, 1967, 158 ; Boardman et Hayes, Tocra 1, 1966, 158. Pour la fameuse série provenant de Nimroud, voir Barnett, Riv. Stud. Fenici 2, 1974, 11 ss. (p. 15 pour leur parenté en Grèce). Exemplaires phéniciens : W. Culican, Syria 47, 1970, 65 ss. Exemplaires chypriotes : Gjerstad, Opusc. Arch. 4, 1946, 1 ss. Nicholls, voir n. 101. Une phiale carienne inscrite, de type perse : H. Jucker et M. Meier, Mus. Helv. 35, 1978, 104 ss.
111 Luschey, op. cit. ; Perachora 2, 80 ; Boardman, Rept. Dept. Ant. Cyprus, 1968, 14 s.
112 Luschey, AA 1938, 760 ss. ; Beazley, ARV 17, no 18.
113 Dunbabin, BSA 46, 1951, 61 ss.
114 K. Tuchelt, Tiergefässe in Kopf- und Protomen-gestalt (Ist. Forsch. 22, 1962).
115 Young, AJA 62, 1966, 139, pl. (notre fig. 51) ; Samos 8, 74 ; AM 83, 1968, pl. 121.
116 H. Hoffmann, Attic Red-figured Rhyta, 1962 et AntK 4, 1961, 21 ss.
117 Boardman, Greek Emporio, 1967, 224.
118 Boardman, JHS 85, 1965, 13 s.
119 Olympia Bericht 5, 1956, 81-4 ; ADelt 17, 1961-2, Chr. 115, pl. 129, 130 ; Ist. Mitt., 18, 1968, 149 ss. (Milet).
120 Herrmann, Kessel, pl. 76 ; K. Kubler, Kerameikos 6. 2, 396 ss., pl. 123-5.
121 Samos 8, 56-8, 70 ss. (pl. 51 = notre fig. 54) ; J. Börker-Klähn, Baghdad. Mitt. 6, 1973, 4 ss. ; Bronzes babyloniens : JdI 94, 1979, 32 ss. Cf. aussi Kyrieleis, AA 1969, 166 ss. pour un bronze oriental provenant de Samos conservé à Londres.
122 Samos 8, 43 ss.
123 Boardman, CCO 118-20. U. Naumann, Submin. u. Protogeom. Bronzeplastik auf Kreta, 1976, remonte la datation de quelques pièces comparables, peut-être avec raison.
124 Samos 8, 58-62, pl. 53 = notre fig. 55 ; RA, 1933, 147 (Érétrie) ; Ist. Mitt. 7, 1957, 126 ss. (Milet) ; Barnett, op. cit. (n. 101), 21 ss.
125 Samos 8, 64 ss., pour les exemplaires syriens importés. H.A. Potratz, Pferdetemsen des alten Orient, 1966.
126 Baghad. Mitt. 6, 1973, 51 ss., pl. 25,2 ; 26.
127 Herrmann, JdI 83, 1968, 1 ss. et autres bronzes du Louristan. Samos 8, 74 s. ; Boardman, BSA 57, 1962, 30. P. R. S. Moorey, Iran 12, 1974, 190 ss.
128 Sur la technique, Prec. Preh. Soc. 37, 1971, 167 ss. Ivoires chypriotes de l’Age du bronze final : Karageorghis, Kition, 1976, pl. 35, et beaucoup d’ivoires plus tardifs, comme ceux de Nimroud, ou les ivoires grecs, comme ceux de Sparte. Fibule submycénienne : JdI 77, 1962, 87, fig. 5,9 et cf. BCH 94, 1970, 1029, fig. 300 (Vitsa Zagoriou) ; K. de Vries, AJA 75, 1971, 99 ; Jacobsthal, Greek Pins, 1956, 209 ss. Le Dr. Moorey m’informe que la technique est présente dans le nord-ouest de la Perse sur des objets en métal, mais sans datation sûre.
129 Boardman, CCO, 46-8. Nombreux exemplaires trouvés récemment à Kato Syme : cf. ARepts, 1972/3, 30 ; 1974/5, 28 ; A. Lebessi, PAE, 1972, pl. 191-4 ; 1973, pl. 189, 192 ; 1974, pl. 167 ; Expedition 18, 1976, 2 ss.
130 Snodgrass, EGAW, 194 s.
131 Hesperia 37, 1968, pl. 33 ; BCH 92, 1968, 737 s. ; Boardman, Greek Gems and Finger Rings, 1970, 108-10.
132 Boardman, Island Gems, 1963 ; op. cit. n. précédente, 111s.
133 Perachora 2, 461 ss. Attestations archaïques à Éleusis, de la tombe d’Isis, AE, 1898, pl. 6 ; à Lefkandi : Archaeology, 25, 1972, 19 ; Lefkandi 1, pl. 233e, 235c-e.
134 J. Boardman et G. Buchner, JdI, 81, 1966, 1 ss. (no 5, 14, 23 = notre fig. 57) ; Boardman, Intaglios and Rings, 1975, 112 ; Lefkandi 1, pl. 67u.
135 Boardman, Archaic Greek Gems, 1968, 20-2.
136 Olympia 4, 187 ; AA, 1965, 825 ss. (Samos) ; BCH 71/2, 1947/8, 240 ss. fig. 39 (Délos) ; cf. Boardman, Island Gems, 1963, 111.
137 Boardman, Archaic Greek Gems, 1968, ch. 1, 2 ; op. cit. (n. 131), ch. 4.
138 Boardman, AntK 10, 1967, 3 ss. ; op. cit. (n. 131), 154-7.
139 C. Blinkenberg, Lindiaka 2, 1926, 5 ss. ; Amandry, Syria 35, 1968, 96 ss. ; S. Stucchi, BdA 44, 1959, 158 ss. R.A. Stucky, Engraved Tridacna Shells (Dedalo 19 ; São Paulo, 1974) est l’étude la plus complète (no 68 = notre fig. 58). Ajouter : à Bosra : Arch. in the Levant (Essays K. Kenyon, 1978), 167, fig. 4a ; O. Rubensohn, Das Delion von Paros, 1962, 76 ; en Étrurie : AJA 65, 1961, 385. Cf R. Amiran et Y. Aharoni, Ancient Arad, 1967, 24, fig. 17 (bol). Pour des palettes à fard : C. Bennett, Antiquity 41, 1967, 197 ss. ; Culican, PEQ, 1970, 65 ss.
140 Boardman, Greek Emporio, 1967, 243 et références.
141 Perachora 2, 525 s. ; trouvé dans différents sites grecs et ne provenant apparemment pas de bancs siciliens, dans la mesure où il est rarement attesté en Occident à cette époque.
142 E. J. Peltenburg, Levant 1, 1969, 73 ss. (IA, 24 = notre fig. 59) ; ajouter AM 83, 1968, 301 (Samos) ; Xanthos 4, no 149 ; Rhodes 11051 (de Koukia).
143 H. Walter, AM 74, 1959, Beil. 115-17 ; ibid., 70 ss. pour le type en ivoire et pierre et Freyer-Schauenburg, op. cit. (n. 85), 98-103 ; Voir aussi n. 82, et Stucky, Berytus 20, 1971, 11 ss. ; R.M. Boehmer, Die Kleinfunde von Bogazköy, 1972, 21 1 s. BCH 96, 1972, 12 s. pour une variante en bronze de Kymè.
144 C. Davaras, Die Statue aus Astritsi, 1972, 12, 28 ; Boardman, GSAP, fig. 15. Notre fig. 61 = Fortetsa no 1568.
145 Boardman, GSAP, 14, fig. 31, 32.
146 Ibid., 25 s., fig. 74-8 ; F. W. Hamdorf, AM 89, 1974, 47 ss. ; E. Paribeni, ASMG 9/10, 1968/9, 61 ss. Sélinonte ; Moorey, Levant 5, 1973, 89 s. pour quelques parallèles orientaux et AA, 1978, 218 à Chypre.
147 G. Schmidt, Samos 7, 1968, spéc. 117 s. en faveur d'une origine chypriote pour plusieurs types auparavant considérés comme imitations grecques. Notre fig. 63 = Richter, Kouroi,, 27.
148 B. Lewe, Studien zur archaischen kyprischen Plastik, 1975, 25-30.
149 Samos 1 1, 1974, no 76.
150 Boardman, GSAP, 69 s., fig. 82-4.
151 En Grèce, l’or provenait tout autant des sites et tombes de l’Age du bronze que du sol. Vers 900, l’argent était probablement raffiné aussi à Argos : P. Courbin, Études arch., 1963, 98 ss. ; et un peu plus tard en Attique, Coldstream, GG, 70 s.
152 D. Ohly, Griechische Goldbleche, 1953 (A11, A20 = nos fig. 65, 66) ; Higgins, BSA 64, 1969, 147, 152 s. ; AAA 5, 1972, 170 ss. (Kynosarges, BCH 97, 1973, 266 s.) ; AntK, 12, 1969, pl. 36, 4 (Érétrie) ; AJA 74, 1970, 37 ss. (pendants d’oreille). Du matériel analogue de Skyros (BCH 99, 1975, 365 ss.) pourrait provenir des ateliers eu-béens ; cf. le diadème orientalisant in C. Bérard, Eretria 3, 1970, 36 ss. Pour les plaques d’or repoussé de Rhodes, voir R. Laffineur, L’orfèvrerie rhodienne, 1978.
153 Lefkandi 1, pl. 171, 231d.
154 C. Kardara, AJA 65, 1961, 62-4.
155 Higgins, Greek and Roman Jewellery, 1961, ch. 11 ; E. Karydi, AA, 1964, 266 ss.
156 D. B. Harden, Arch. J., 125, 1969, 46 ss. ; Freyer-Schauenburg, Anadolu 17, 1973, 141 ss. (trouvailles de Pitanè ; 166 ss., origines, etc.). Les amulettes en pâte de verre phéniciennes, en forme de tête humaine, publiées comme provenant d’un contexte du VIIIe siècle à Athènes (Hesperia Suppl. 8, 1949, 427 ss.) et souvent citées, sont maintenant considérées comme du IVe siècle et même plus tardives (E. Haevernick in Festschrift von Lücken, 1968, 647 ss.
157 Boardman, Greek Emporio, 1967, 202.
158 Artemis Orthia, 1929, ch. 9. Beaucoup d’autres ont été trouvées dans les fouilles britanniques du Menelaion. Cf. Boehmer, op. cit. (n. 143), 164 (no 1707 = notre fig. 60). K. Emre, Anatolian Lead Figurines and their Moulds, 1971.
159 H. Möbius, AA, 1941, 1 ss. et in Festschrift W. Eilers, 1967, 449 ss. ; Studia Varia, 1967, 14 ss. Ajouter EADélos, 18, pl. 101, 893.
160 P. J. Riis, Berytus 9, 1949, 69 ss. et Mél. Univ. St. Joseph, 37, 1961, 193 ss. ; W. Albright, Mél. Dussaud, 1, 1939, 107 ss.
161 Dunbabin, Greeks and their Eastem Neighbours, 1957, 37 ; Boardman, GSAP, fig. 23, 24, cf. 26, 27 (= nos fig. 72, 73, 74).
162 J. Schäfer, Studien zu den griechischen Reliefpithoi, 1957 ; M. E. Caskey, AJA 80, 1976, 19 ss.
163 Exemplaires anciens de Crète : BSA 57, 1962, 31 s. ; 68, 1973, pl. 28, 112. Cf. Erétrie : ARepts, 1970/1, 7, fig. 7 ; Ischia : Boardman, Greek Geins an Finger Rings, 1970, 1 13, fig. 166 ; Nimroud : JHS 68, 1948, pl. 8g.
164 Boardman, CCO, 108 ss.
165 Boardman, GSAP, 13 ss. et ci-dessus n. 155, 162.
166 Par ex. Boardman, Greek Emporio, 1967, 186 ss. ; Samos 7, 1968.
167 Artemis Orthia, 1929, pl. 47-62 (pl. 61, 1 = notre fig. 75 ; notre fig. 76 = Barnett in Eissfeldt, op. cit. (n. 63), pl. 1b) ; Boardman, Archaic Greek Gems, 1968, 38, 43. AM 76, 1961, Beil. 22 (Samos) ; PAE, 1965, pl. 227a (Théra). Cf. ci-dessous, n. 180.
168 Coldstream, GG, 68.
169 Coldstream in Praktika I. Diethn. Kypr. Synedr. 1, 1972, 15 ss. ; J. K. Brock, Fortetsa, 1957, 190 s., 217 s. ; AAA 4, 1971, 384 ss.
170 Coldstream, BICS 16, 1969, 1 ss., qui fait l'hypothèse d’un établissement phénicien à Ialysos.
171 V. Karageorghis et L. Kahil, AntK 10, 1967, 133 ss.
172 H. G. Buchholz, JdI 83, 1968, 58 ss.
173 A. L. Oppenheimer, JNES 8, 1949, 172 ss. ; J. V. Canby, Iraq 33, 1971, 31 ss. ; J. Nick-Zissen, AA, 1966, 576 ss.
174 J. L. Benson, Horse, Man and Bird, 1970 pour des arguments en faveur des influences de l'Age du bronze. G. Ahlberg, Fighting on Land and Sea in Greek Geometric Art, 1971, pour une origine orientale des scènes de combat.
175 H. Sackett, BSA 71, 1976, 123 ss. (pour le vase de Cnossos). Pour le sujet : ADelt 22, 1967, Chr., pl. 87, 2 et Münzen und Medaillen Auktion 22, 1961, pl. 67, 204 (autres diadèmes en or). Cf. notre fig. 65 ; Schweitzer, op. cit. (n. 87), pl. 69-71 ; CVA Louvre 17, pl. 6, 1 ; 9,5 (vase béotien) et le bouclier de la grotte de l’Ida avec la représentation d’une scène de chasse (fig. 27b). Coldstream compare la scène en relief d’un support en bronze chypriote (Catling, op. cit. (n. 10), 208, pl. 35) avec un cylindre du Chypriote Récent.
176 H. Payne, Necrocorinthia, 1931, ch. 7 ; H. Gabelmann, Studien zum frühgr. Löwenbild, 1965 ; Akurgal in IXe Congr. Int. Class. Arch., 1970, 5 ss. pour une revue des figures du lion et d’autres animaux empruntées à l’Orient. Muscarella, Met. Mus. J. 5, 1972 pour une possible inspiration perse.
177 A. Dessenne, Le Sphinx, 1957 ; F. Matz, JdI 65/66, 1950/1, 91 ss. ; H. Walter, Antike und Abendland 9, 1959, 63 ss. ; Boardman, BSA 56, 1961, 80 (casques) ; N. Verdelis, BCH 75, 1951, 1 ss.
178 I. Flagge, Untersuchungen zur Bedeutung des Greifen, 1975 ; N. B. Reed, Hesperia 45, 1976, 365 ss.
179 Dunbabin in Studies... D. M. Robinson, 2, 1953, 1164 ss. ; Boardman, Island Gems, 1963, 55 s. Pour nos fig. 79, 80 voir Dunbabin, Greeks an their Eastern Neighbours, pl. 15.
180 Boardman, Archaic Greek Gems, 1968, 37 ss. Il n’a rien à voir avec Humbaba (ibid. n. 49, 58 s. et ci-dessus, n. 167), comme on le propose souvent, mais il existe d’autres démons orientaux barbus et cornus : Culican, JNES 35, 1976, 21 ss. Notre fig. 81 = R. Moorey, Iraq 27, 1965, 35. Notre fig. 82 = Payne, Necrocorinthia, 80, fig. 23a.
181 K. Shepard, The Fish-tailed Monster, 1940.
182 E. Spartz, Das Wappenbild des Herrn und der Herrin, 1962.
183 P. Kahane, AntK 16, 1973, 114 ss. ; BICS 18, 1971, pl. 1b-c (= notre fig. 83) ; Boardman in Popham et Sackett, Lefkandi 1 ; Thasos : BCH 86, 1962, 100 (= notre fig. 84), mais non identifié par l’auteur. Diadème en or d’Égine : BM Cat. Jewellery, pl. 14, 1218.
184 J. Carter, BSA 67, 1972, 25 ss. ; K. Fittschen, Untersuch. zum Beginn der Sagendarstellungen, 1969 ; K. Schefold, Myth and Legend in Early Greek Art, 1966.
185 G. Ahlberg, Opusc. Athen. 7, 1967, 177 ss. ; Boardman, JHS 86, 1966, 4 s. (notre fig. 85) ; AIA 73, 1969, pl. 127,1.
186 Schefold, op. cit., pl. 5a. Sur un autre pied du support, le personnage porte un animal, ce qui rappelle le rôle d’Héraclès comme sauveur du troupeau.
187 BCH 45, 1921, 384, fig. 45. Cf. Schweitzer, op. cit. (n. 87), pl. 181 (Carchemish).
188 Par ex. Schweitzer, op. cit., pl. 77 ; cf. Boardman, Intaglios and Rings, 1975, no 210.
189 Boardman, Island Gems, 1963, 69.
190 F. Hölscher, Die Bedeutung archaischer Tierkampfbilder, 1972 ; Boardman, Archaic Greek Gems, 1968, ch. 12 et GSAP, 154 s., fig. 190-2, cf. 203.
191 Barnett, Syria 34, 1957, 243 ss.
192 C. Watzinger in Genethliakon W. Schmid, 1929, 141 ss.
193 Payne, Necrocorinthia, 1931, ch. 10.
194 Jacobsthal, Greek Pins, 1956, 185 ss.
195 G. M. A. Richter, Furniture of the Greeks, Etruscans and Romans, 1966. Le siège pliant, diphros okladias, est d’origine orientale ou égyptienne et apparaît dans l’art grec vers 600.
196 Boardman, Antiq. J. 39, 1959, 212 ss. ; B. Wesenberg, Kapitelle und Basen, 1971 ; P. Betancourt, The Aeolic Style in Architecture, 1977.
197 Eléments chiotes : Boardman, op. cit., 193 ss. ; Greek Emporio, 1967, 76.
198 B. Fehr, Orientalische und gr. Gelage, 1971 ; J.-M. Dentzer, RA 1971, 215 ss. Assourbanipal a eu plus tard chez les Grecs la réputation d’aimer le luxe (Sardanapale). Notre fig. 90 = Payne, Necrocorinthia, pl. 27.
199 L. H. Jeffery, LSAG, partie 1 (notre fig. 91 = 68 s„ pl. 1, 1), AG 25 s. et CAH 32, 1. ch. 20 ; Coldstream, GG, ch. 11. J. Naveh. AJA 77, 1973, 1 ss., propose une datation plus haute pour l'adoption ; et aussi A. Demsky, Tel Aviv 4, 1977, 22 s. Études importantes in PdP, 31, 1976.
200 Hdt., 5, 88 ; L. H. Jeffery et A. M. Davies, Kadmos 9, 1970, 118 ss. ; R. Willetts, Civilization of Ancient Crete, 1977, 186 s. ; cf. G. P. et R. B. Edwards, Kadmos 13, 1974, 48 ss.
201 Boardman, ABFH 12 ; ARFH 9 s.
202 BSA 57, 1962, 126 s.
203 C. W. Blegen, Troy 4, 1958, 255 ss. ; Coldstream. GGP, 376 ss. ; J. M. Cook, The Troad, 1973, 101.
204 Le site de Buruncuk : E. Boehlau et K. Schefold, Larisa am Hermos, 1-3, 1940-2. Cf. J. M. Cook, BSA 53/4, 1958/9, 20 ; 63, 1968, 33 s.
205 AJA 67, 1963, 189 s.
206 K. Lehmann, Samothrace, a Guide, 1975.
207 Cook, The Troad, 1973, 246 s.
208 Ibid., 360-3.
209 Gemme : Annuario 15/16, 1942, 78, fig. 126-7. Ibid., pour la nécropole d’Hephaistia. Vase protogéométrique ? : JdI, 15, 1900, 52, fig. 110. J. A. S. Evans, Class. Phil. 58, 1963, 168 ss. sur Miltiade.
210 Hdt., 6, 137-40.
211 W. Brandenstein, Die tyrrhen. Stele von Lemnos, 1934. M. Gras, in Mélanges... J. Heurgon, 1976, 341 ss. suggère que les histoires de pirates étrusques dans l’Egée au VIe siècle, avec base à Lemnos, pourraient peut-être être prises au pied de la lettre et expliquer la distribution de quelques trouvailles étrusques du VIe siècle dans le monde égéen. L’idée est séduisante, mais difficilement vérifiable.
212 Boardman, Greek Emporio, 1967, 254 s.
213 G. L. Huxley, Early Ionians, 1966, 83 s.
214 Ibid., 38.
215 H. Metzger, Xanthos 4, 1972, 188 s. ; AJA 80, 1976, 275.
216 Pour le site, voir les comptes rendus de fouille dans Annuario 39/40, 1961/2 et suivantes ; ARepts, 1970/1, 46 s. Sur la céramique la plus ancienne, Coldstream, GG 97.
217 P. Devambez et E. Haspels, Le sanctuaire de Sinuri 2, 1959, pl. 23-4.
218 Y. Boysal, Anadolu 11, 1967, 3 ss. (Turgut-Lagina) ; C. Ozgünel, Belleten 40, 1976, 3 ss. (Dirmil) ; cf. AA, 1977, 8 ss. Je ne peux pas croire à l’inscription peinte “carienne” sur un vase de Grèce de l’Est du Géométrique Récent, in Zur gr. Kunst (Festschrift H. Bloesch, 1973), 74 ss. Notre fig. 93 = Charles Ede, 20, IX, 1976, no 34, 35.
219 Pollux 9, 83 ; Aristote, fr. 611, 37, Rose ; Hdt 1, 14. Cf. Huxley, Gr. Rom. Byz. Stud. 2, 1959, 83 ss. sur Midas et les Grecs.
220 Mita et Sargon : J. N. Postgate, Iraq 35, 1973, 21 ss.
221 Sur la Phrygie en général, voir CAH 22, 2, 1975, ch. 30 (Barnett) ; 32, 2, ch. 34a (Mellink). Compte rendu des fouilles de Gordion : Young, Proc. Amer. Phil. soc. 107, 1963, 348 ss. ; Gordion, Guide to excavation and museum, 1975. J. Birmingham, Anat. Stud. 11, 1961, 185 ss. sur les routes en Anatolie et la distribution des objets orientaux dans le monde grec.
222 AJA 64, 1960, pl. 60, 25c ; Snodgrass, EGAW, 26 s. ; Dark Ages and Nomads (éd. M. Mellink, 1964), pl. 20, 2.
223 Akurgal, Phrygische Kunst, 1955 (pl. 14a = notre fig. 94) recensé par Mellink, AJA 61, 1957, 392-5. VIIIe Congr. Int. Arch. Class., 1965, 467 ss. (Cf. Amandry, ibid., 486 s.) ; Anatolia 4, 1959, 115 ss. (chro(chronologie) ; M. Riemschneider in Gr. Vasen (Rostock, 1969), 495 ss. (anse à rouelles) ; G. K. Sams, Anat. Stud. 24, 1974, 169 ss. sur l’origine syrienne de la décoration animalière phrygienne.
224 Coldstream, GGP, 378 s. ; AJA 63, 1959, pl. 65, 1.
225 Muscarella, Phrygian Fibulae from Gordion, 1967 (notre fig. 95 = pl. 9, 47-8) et cf. JNES 26, 1967, 82 ss. ; 30, 1971, 49 ss. ; Samos 8, 48 s. ; Boehmer, op. cit. (n. 143), 46 ss.
226 Muscarella, op. cit., pl. 16, 83-4.
227 Münzen und Medaillen List 263, 1966, no 35, 36 ; Ashmolean Visitors Rept., 1970, pl. 12, 8 (= notre fig. 96).
228 Young, op. cit. (n. 221), 362-4 ; Hesperia 38, 1969, 252 ss. ; M. Lejeune, Kadmos 9, 1970, 51 ss. ; Muscarella, op. cit., 62 s. ; CAH 32. 2, ch. 34b (O. Masson).
229 AJA 62, 1958, 139.
230 C. F. C. Hawkes et M. Smith, Antiq. J., 37, 1957, 171 ss. ; Boardman, Greek Emporio, 1967, 224 ; Muscarella, op. cit., 60. AM 83, 1968, 260, fig. 10 (Samos, terre cuite). Notre fig. 97 = G. et A. Körte, Gordion, 1904, 70.
231 Akurgal, Phrygische Kunst, 1955, ch. 4 ; Birmingham, op. cit. (221), 187 ss. ; Boardman, op. cit., note précédente, 129 s. ; Samos 8, 54 s. ; A. K. Knudsen, Berytus 15, 1964, 59 ss. (copie lydienne en terre cuite) ; Young, AJA 62, 1958, pl. 25, 21 et op. cit. (n. 221), 361 (notre fig. 98) ; AA, 1974, 64. Notre fig. 99 = Boardman, GSAP, fig. 88.
232 Boardman, Anatolia 6, 1961, 179 ss. ; Greek Emporio, 1967, 214 ss. (fig. 140 = notre fig. 101) et Anat. Stud. 16, 1966, 193 s. (= notre fig. 102 ; un exemplaire comparable était récemment sur le marché londonien). Ist. Mitt. 13/14, 1963/4, pl. 31, 2-4 (Didyme) ; Samos 8, 49 ss. ; Boehmer, op. cit. (n. 143), 72 s. ; probablement A. Furtwängler, Aegina, pl. 117, 12. Cf. Barnett, Anat. Stud. 22, 1972, 173 (ourartien). Notre fig. 100 = AJA 61, 1957, 327, pl. 92, fig. 23.
233 Assyriens et Mita : Mellink in CAH 32, 2, ch. 34a et in Bossert Gedenkschrift, 1965, 317 ss. Cf. ci-dessus n. 219.
234 Les incursions cimmériennes sont bien résumées in A. R. Burn, Lyric Age of Greece, 1960, 100-6.
235 Snodgrass, EGAW, 148 ss.
236 Cf. ci-dessus, n. 231.
237 Akurgal, Phryg. Kunst, 1955, 39 s., 49 s. ; K. Bittel, VIIIe Congr. Int. Arch. Class., 1965, pl. 118, 1-3 (Bogazköy).
238 Akurgal, op. cit., ch. 3 ; A. Åkerström, Die architektonischen Terrakotten Kleinasiens, 1966, 216 ss.
239 E. Haspels, Phrygie 3, 1951, pl. 7-9 (la ville de Midas ; éléments de la fin du VIIe siècle).
240 A. M. Mansel, Anatolia 3, 1958, pl. 1.
241 Haspels, op. cit., pl. 47.
242 ARepts, 1959/60, 35.
243 Mellink in Mem. Symp. R. S. Young, 1980, 91 ss. ; Boardman, Greek Emporio, 1967, 26 s., 203 s. et cf. le diadème en or de Kélermès, notre fig. 305.
244 Boardman, Antiq. J. 39, 1959, 195 s. ; E. Langlotz, Studien zur nordostgr. Kunst, 1975, 163 ; Akurgal, Phryg. Kunst, 1955, pl. 44.
245 K. Bittel, Antike Plastik, 2, 1963, 7 ss. ; Akurgal, Kunst Anatoliens, 1961, fig. 55-60. Notre fig. 107 = Boardman, GSAP, fig. 87.
246 Langlotz, loc. cit.
247 Barnett in Aegean and the Near East, 218 s.
248 Hanfmann, VIIIe Congr. Int. Arch. Class., 1965, 491 ss. Le nom de la déesse figure sur un vase lydien : M. R. Gusmani, Kadmos 8, 1969, 158 ss.
249 Rapports annuels sur Sardes in BASOR, et in AJA 64, 1960 et suivants (Mellink). Hanfmann, Sardis und Lydien, 1960 ; Letters from Sardis, 1972, avec bibl. ; Sardis 1, 1975, avec J. C. Waldbaum ; From Croesus to Constantine, 1975. CAH 32. 2, ch. 34a (Mellink). Desborough, GDA, 184.
250 Hipponax fr. 42 (Ouest) ; Hdt., 1, 93 ; Hanfmann, BASOR 170, 1963, 52 ss. ; 177, 1965, 27 ss. ; K. Schefold (éd.), Die Griechen und ihre Nachbarn, 1967, 283.
251 Strabon, 590.
252 Hdt., 1, 7-25.
253 Hdt., 1, 26-7.
254 L.H. Jeffery, BCH 51, 1956, 157 ss. ; Meiggs - Lewis, no 8.
255 Pour les fouilles, les fortifications et le sac de la Vieille Smyrne, voir J. M. Cook et R. V. Nicholls, BSA 53/4, 1958/9, 1-137 et ibid. pour les trouvailles de céramique corinthienne et attique. Pour les mobiliers de Grèce de l'Est du VIe siècle, BSA 60, 1965, 114 ss. et 69, 1974, 55 ss. Pour les fouilles récentes, E. Akurgal, Ancient Civilization and Ruins of Turkey, 1973, 119 ss.
256 Cf. ci-dessus, n. 249.
257 D. L. Page, Sappho and Alcaeus, 1955, 87 ss. (fr. 96) ; 82 ss. (fr. 16) = Reinach fr. 27, fr. 96.
258 Akurgal, Birth, 211, pour les images. Notre fig. 111 = Akurgal, Kunst Anatoliens, 15. Terpandre et les fêtes lydiennes : Pindare, fr. 125, Snell.
259 Résumé in Boardman, AA, 1976, 284-6. Notre fig. 112 = Beazley, ARV 588, 73 ; Boardman, ARFH, fig. 334.
260 Gusmani, Lydisches Wörtherbuch, 1964 ; CAH 32, 2, ch. 34b (O. Masson).
261 C. H. Greenewalt, Calif. Stud. Class. Arch. 1, 1968, 139 ss. ; 3, 1970, 55 ss. ; 5, 1972, 113 ss. ; W. Schiering, Berliner Museen 18, 1968, 2 ss. Céramique éolienne : E. Walter-Karydi, AntK Beiheft 7, 1970. De nombreux vases du même style, apparus sur le marché européen ces dernières années, sont probablement faux.
262 AJA 74, 1970, pl. 43, 12 et cf. 80, 1976, 273 (en Pisidie) et Anadolu 18, 1974, 63 ss., plus au nord, au sud de Dascylium.
263 Greenewalt, Cal. Stud. Class. Arch. 1, 1968, 148 et réf. ; cf. aussi AA, 1968, 159 ; 1969, 341 (notre fig. 114) ; J. D. Beazley, Paralipomena, 1971, 113 (q. v. pour notre fig. 116 ; et il y a d’autres lydia attiques). Notre fig. 115 = CVA Munich 6, pl. 303, 1.
264 JHS 68, 1948, 23, fig. 20 ; Akurgal, Kunst Anatoliens, pl. 7q, b ; Iliade 4, 141s., pour les artisans (femmes) de l’ivoire lydiens (Maioniens) et cariens.
265 Hanfmann, RA, 1976, 35 ss.
266 BCH 3, 1879, pl. 4, 5 ; Higgins, Greek and Roman Jewellery, 1961, 110. Nouvelles trouvailles d’œuvres lydiennes en métal précieux : A. Greifenhagen, AntK 6, 1963, 13 ss.
267 Hdt, 1, 50-4.
268 Hdt., 1, 92 ; BM Cat. Sculpture 1,1, 1928, 38 s.
269 Hdt., 1, 30-3 ; 74-5.
270 Xénophon, Hell. 3, 1, 7 ; Cyrop. 7, 1, 45 ; BSA 53/4, 1958/9, 20,n. 47.
271 Elien, VH 3, 26 ; Polyen, 6, 50.
272 Boardman, GSAP, fig. 107.
273 Hdt., 6, 125.
274 Hdt., 1, 69-70; 3, 48.
275 E. S. G. Robinson, Num. Chron. 16, 1956, 1 ss.; Kraay - Hirmer, 354; Kraay, 20 ss. (et Gnomon, 1978, 211 ss.) contre une proposition de dater plus haut les trouvailles éphésiennes (L. Weidauer, Typos 1, 1975). G. C. Starr, Economic and Social Growth of Early Greece, 1977, 108 ss.
276 Jacobsthal, JHS 71, 1951, 85 ss.; Robinson, ibid., 156 ss. sur les monnaies.
277 Hanfmann et Waldbaum in Near eastern Archaeology in the 20th cent. (Essays ... N. Glueck, 1970), 310 ss.; Hanfmann, Letters from Sardis, 1972, 228-37, 249. R. M. Cook, Historia 7, 1958, 257 ss.
278 Kraay et Weidauer, op. cit. (n. 277) ; Ashmolean Visitors Rept. 1968, 44 ; M. Thompson, Museum Notes, 12, 1966, 1 ss.
279 Hdt., 1, 94. Notre fig. 118 = Kraay, 23, pl. 3, 55.
280 Hdt., 1, 76-86 ; 162-70.
281 Boardman, Antiq. J., 39, 1959, 200-2.
282 Hdt., 1, 171.
283 Un bon aperçu sur Samos in Jeffery, AG, 214 ss.
284 Hdt., 1, 135.
285 Hdt., 3, 129-37 (Dèmokèdès).
286 C. Nylander, Ionians in Pasargadae, 1970, 14 s. ; W. Hinz, JNES 9, 1950, 1-7 (texte).
287 Pline, NH, 34, 68.
288 Nylander, op. cit., 91-102 ; D. Stronach, Iran 2, 1964, 22 ss. et 9, 1971, 155 ss. (rosettes), Pasargadae 1, 1978, 24 ss. (pl. 22 = notre fig. 119) ; W. Kleiss, AA, 1971, 157 ss. ; cf. Åkerström, op. cit. (n. 238), 52 ss.
289 Nylander, op. cit., 103-10, 139-42 (rosettes), 53-6 (gradine) ; et AJA 69, 1965, 49 ss. (techniques de construction) ; Stronach, Pasargadae 1, 99 s. (gradine).
290 Nylander, op. cit. (n. 288), notes 72, 211, 379 ; Stronach, Pasargadae 1, 21 s. A Persépolis : R. Nicholls and M. Roaf, Iran 15, 1977, 149 s.
291 AJ A 76, 1972, 183 ; Hanfmann, From Croesus to Constantine, 1975, 11 ; Nylander, Proc. 2 Symp. Arch. Res. Iran, 1974.
292 Nylander, op. cit. (n. 288), 121-38 ; A. Farkas, Achaemenid Sculpture, 1974. Notre fig. 120 = Pasargadae, 1, pl. 82c, d.
293 Frankfort, Art and Arch. of the Ancient Orient, 1954, 215-25.
294 Richter, AJA 50, 1946, 15-30. Pour le panneau voir Roaf et Boardman, JHS 100, 1980.
295 Cf. ci-dessus, n. 62.
296 Par ex., Mem. Del. Perse 1, 1900, 79 ; Mem. Miss. Iran 30, 1947, 75, 80.
297 Hdt., 1, 171 ; 5, 26.
298 Akurgal, Gr. Reliefs des VI Jdts. aus Lykien, 1941 ; Xanthos 1, 1958, 37 ss., 2, 1963, 49 ss. Robertson, HGA, 200 s. En général sur Xanthos, Metzger et Demargne in RE s.v. “Xanthos”.
299 Rapport annuel des fouilles d’Elmali in AJA 74, 1970 et suivants (Mellink) ; Mél. Mansel, 1974, 537 ss. ; RA, 1976, 21 ss. Notre fig. 122 = AJA 77, 1973, pl. 43-4.
300 Xanthos 4, 192 ss. Cf. J. Mellaart, Belleten 19, 1955, 115 ss. sur la céramique de l’Age du fer (y compris les productions grecques) dans l'Anatolie du sud.
301 Beazley, Some Attic Vases in the Cyprus Museum, 1948, 33 ; ABV, 441 ; Gjerstad, op. cit. (n. 27 ; 1977), no 490, 492-4.
302 Révolte ionienne : Jeffery, AG, 219 ss.
303 F. G. Maier, Chiron 2, 1972, 24 ss., et Alt-Paphos 1, 1977.
304 Hdt., 6, 101, 119 ; F. Grosso, Riv. Fil. 36, 1958, 350 ss ; Anth. Pal., 7, 259.
305 Strabon, 517-8 ; Plut., Mor, 557b.
306 Hdt., 6, 20.
307 Hdt., 6, 9, 32.
308 Olympia Bericht 7, 1961, 129 ss. ; Herrmann, Olympia, 1972, pl. 32b. Le casque est de type assyrien.
309 G. Goossens, Nouvelle Clio 1/2, 1949/50, 34 s.
310 A. Rehm, Didyma 2, 1958, 6 s., no 7 ; Jeffery, LSAG, 334.
311 Jantzen, Gr. Greifenkessel, 1955, no 142.
312 Schmidt, Persepolis 2, pl. 38-9.
313 Ibid., pl. 31,1.
314 Athénée, 514 s. ; Pline, NH, 33, 51.
315 O. Broneer, Univ. Cal. Publ. 1, 1929, 305 ss. ; D. B. Thompson in Aegean and the Near East, 281 ss. ; A. W. Lawrence, JHS 71, 1951, 111 ss. ; H. von Gall in Festschrift F. Brommer, 1977, 119 ss.
316 Boardman, Iran 8, 1970, 19 ss. Notre fig. 126 = no 6.
317 Akurgal, Iranica Antiqua 6, 1966, 147 ss. ; J. Borchhardt, Ist. Mitt. 18, 1968, 161 ss. (notre fig. 127= 192 ss„ no 2) ; P. Bernard, RA, 1969, 17 ss. ; Metzger, Ant. Class. 40, 1971, 505 ss. ; H. Möbius, AA, 1971, 442 ss.
318 Boardman, Greek Gems and Finger Rings, 1970, ch. 6 ; Intaglios and Rings, 1975, 29.
319 Kraay - Hirmer, fig. 618.
320 Cf. ci-dessus, n. 116. Sur les choix de céramique attique pour l’exportation vers l’empire perse au Ve siècle, voir K. de Vries, AJA 81, 1977, 544 ss.
321 Une mission athénienne avait en fait offert sa soumission (“terre et eau”) aux Perses, à Sardes, en 507, mais elle fut mise en accusation à son retour ; Hdt., 5, 73 ; cf. L. L. Orlin, in Michigan Oriental Studies...George C. Cameron, 1976, 255 ss.
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