Préface de l’auteur
p. 1-3
Texte intégral
1Ces pages furent écrites au cours des heures où je prenais plaisir à évoquer mon voyage en Italie ; près de neuf ans se sont écoulés depuis et il enchante toujours mon imagination. Quelques-unes d’entre elles ont paru l’an dernier dans le nouveau Musée allemand (Deutsches Museum), mais sous une forme différente et plus condensée. J’en destinais un plus grand nombre à cette revue, quand elle cessa de paraître inopinément, et j’étais résolu à les abandonner à l’oubli lorsqu’à diverses reprises plusieurs de mes amis, qui me jugent peut-être avec trop de bienveillance, m’invitèrent à publier ces pages que j’avais réunies. Elles sont imparfaites à beaucoup d’égards, je le sais, et cette imperfection ne saurait être rachetée, à mes yeux du moins, par les qualités de certaines d’entre elles, qui peut-être ne manquent pas d’esprit ; pour répondre au désir de mes amis, je les présente aujourd’hui à un plus large public, à un tribunal où je trouverai des juges moins partiaux et plus sévères que parmi ceux qui m’accordent leur amitié.
2Je n’ai pas eu l’intention de donner dans cette relation de voyage une description complète et systématique de l’Italie. Il ne s’agit là que de quelques tableaux, pour évoquer les objets qui touchèrent le plus ma sensibilité au cours de mon voyage dans la partie de ce pays la plus riche en spectacles pittoresques. J’esquissai ces tableaux dans mon journal, sur les lieux mêmes, et je les repris par la suite, leur donnant plus ou moins de fini selon que je me trouvais dans des dispositions plus ou moins favorables, soit en les ébauchant, soit lorsque je voulus les développer. On aura donc ici une suite d’esquisses dont les modèles, offerts par ce pays magnifique, ne sauraient laisser personne indifférent. Dans les croquis qu’ils m’ont inspirés et parmi lesquels j’ai opéré un choix, je me suis contenté de traduire l’impression que produisaient en moi ces tableaux variés et grandioses, sans me soucier de savoir si j’ai toujours pu les observer sous le meilleur point de vue et me trouver dans les dispositions les plus favorables ; sans me demander ce que ces pages peuvent apporter de nouveau, ou sur quels points il leur arrive inévitablement de répéter ce qu’avaient déjà fait connaître d’autres livres consacrés à l’Italie.
3Lorsque je me suis placé dans une perspective historique pour rapprocher les temps passés et l’époque actuelle — dans ce pays, une telle confrontation s’impose d’elle-même à l’observateur et se révèle fort instructive ! — j’ai pris pour guides les auteurs anciens classiques et quelques-uns des meilleurs écrivains modernes qui ont parlé de l’Italie.
4Beaucoup de développements ont cessé de me satisfaire aujourd’hui parmi ceux que j’avais consacrés aux œuvres d’art et particulièrement à la peinture en Italie. En arrivant dans ce pays — pour un séjour, hélas trop bref, de cinq mois — je n’apportais qu’un ardent amour de l’art et quelques notions théoriques : je ne pouvais compenser ainsi le manque de connaissances pratiques sur les diverses parties de l’art qui, même lorsqu’elles sont alliées à l’enthousiasme et à la théorie, permettent seules de porter sur les œuvres d’art un jugement personnel à la fois juste et compétent. Hélas, je n’ai plus guère la douce espérance de me rendre une fois encore dans la patrie des arts et de pouvoir, maintenant que depuis mon retour j’ai poursuivi l’étude de l’art avec plus de zèle et de loisir, rectifier les remarques que m’avaient autrefois inspirées ses trésors artistiques. A quelques rares exceptions près, je n’ai donc pas repris dans les extraits que je donne ici de mon journal de voyage, où le lecteur attend peut-être de telles observations, mes jugements sur les chefs-d’œuvre que j’ai vus en Italie.
***
5A vous, mes amis, proches ou éloignés — et tout particulièrement à toi, Frankenberg*, ami de ma jeunesse, qui fus le fidèle compagnon de mon voyage en Italie, qui goûtas avec moi dans toute leur plénitude les joies dont il me combla — je dédie ce livre, en gage de mon amitié ! Je ne recherche pas l’approbation d’un plus vaste public, que je ne puis me flatter de mériter, mais qu’il me soit accordé d’obtenir la vôtre. Mes vœux les plus chers seront réalisés si, dans ces pages où ses sentiments se sont exprimés sans feinte, vous retrouvez votre ami tel que vous l’avez connu ! †
6Fait à Hambourg, au printemps 1792.
7L’Auteur
Notes de fin
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les tableaux d’Italie de Friedrich Johann Lorenz Meyer (Darstellungen aus Italien, 1792)
Friedrich Johann Lorenz Meyer Elisabeth Chevallier (éd.) Elisabeth Chevallier (trad.)
1980
Voyage court, agréable et utile fait par Mr Eyrard, prêtre de la congrégation de la Mission (1787)
François Eyrard Wanda Rupolo (éd.)
1988
Fabriquer l’antique
Les contrefaçons de peinture murale antique au XVIIIe siècle
Delphine Burlot
2012
Le duc de Luynes et la découverte de la Grande Grèce
Francesca Silvestrelli Jean Pietri (trad.)
2017