Observations techniques sur les suites du séisme de 62 à Pompéi
p. 67-89
Note de l’éditeur
(pl. XXXIII-LII)
Remerciements
Ces observations ont été rendues non seulement possibles mais grandement facilitées par les autorisations et l’aide amicale des responsables du site de Pompéi, la doctoresse Giuseppina Cerulli-Irelli, les docteurs Stefano De Caro et Antonio d’Ambrosio, qu’ils trouvent ici à la fois un hommage et une sincère reconnaissance. Le Centre Jean Bérard, en la personne de Mireille Cébeillac-Gervasoni, m’a, une fois de plus accordé sa confiance et son aide sans lesquelles ce manuscrit n’aurait pas vu le jour, alourdissant ainsi une dette amicale difficile à éteindre. Enfin, Jean Andreau, particulièrement connaisseur des problèmes économiques attachés à Pompéi, m’a fait l’amitié de relire ce manuscrit et d’en redresser les maladresses et lacunes ; à lui vont également mes remerciements les plus vifs.
Texte intégral
1La première connaissance que nous avons d’un tremblement de terre ayant affecté gravement Pompéi sous le règne de Néron, ne fut pas le fait des découvertes archéologiques ; celles-ci ne firent que confirmer, dès les premières années de fouilles, un événement sur lequel Sénèque et Tacite avaient apporté leur témoignage.
2C’est au Livre VI de ses Questions naturelles1 que le premier avec les termes émus d’une narration emphatique, relate la catastrophe : « Pompéi, ville célèbre de la Campanie, devant laquelle d’un côté le rivage de Stables et de Sorrente, de l’autre celui d’Herculanum se rejoignent pour former, en face de la grande mer, un golfe charmant, vient d’être renversée par un tremblement de terre dont ont souffert toutes les contrées voisines ; et cela pendant l’hiver, saison que nos ancêtres croyaient à l’abri de ce danger. C’est le jour des nones de Février sous le consulat de Regulus et de Virginius, qu’eut lieu ce séisme2. La Campanie, toujours exposée à ce fléau et qui, tant de fois déjà, sans autre dommage que la peur, y avait échappé, est aujourd’hui couverte de morts et de ruines. Herculanum aussi s’est en partie écroulé et ce qui reste debout n’est pas sans inquiéter. La colonie de Nocera3, moins gravement atteinte, cependant n’est pas indemne. Naples légèrement touché par la terrible catastrophe, a beaucoup souffert dans les maisons particulières moins dans les édifices publics4. Des villas situées sur des sommets ont tremblé sans éprouver de dégâts. Ajoutez à cela un troupeau de six cent brebis tuées, des statues fendues et, après le désastre, des hommes privés de raison et hors d’eux-mêmes, errant au hasard. D’autres secousses suivirent, plus bénignes à la vérité, funestes cependant parce qu’elles s’attaquaient à des édifices éprouvés et disjoints qui, déjà chancelants, attendaient pour s’écrouler, non pas un choc mais un simple ébranlement ».5.
3Tacite, beaucoup plus bref, signale en quelques mots la destruction par un tremblement de terre de la plus grande partie de la célèbre ville de Pompéi6.
4Il est intéressant de noter que ces deux auteurs, dont les narrations sont très inégales, s’accordent à qualifier Pompéi de ville célèbre, titre qui n’est accordé ni à Nocera ni à Herculanum, et donne à penser que de riches familles, influentes à Rome, y résidaient ou y possédaient des biens immeubles7.
5C’est toutefois le premier, on l’a vu, qui nous documente avec précision sur la date de l’événement, que l’on a pu ainsi fixer au 5 février de l’an 628, soit dix-sept ans et six mois avant l’éruption fatale du 24 août 799.
6Un autre témoignage, unique dans l’archéologie, nous est offert par deux bas-reliefs représentant tous les deux des monuments de Pompéi au moment même de leur destruction. Le premier fut découvert en 1875, scellé sur un côté du laraire de la maison de L. Caecilius Jucundus (V.1.26)10, constituant l’ornement en partie haute du podium de l’édicule ; c’est une plaque de marbre mesurant 88 cm de longueur et 13 cm de hauteur. On y voit, sur la partie gauche (fig. 2), le Capitole du forum, ou temple de Jupiter, construit dans la seconde moitié du IIè s. av. J.‑C.11 et l’arc de triomphe qui le jouxte à l’Ouest, figurés avec une forte inclinaison destinée à exprimer le mouvement du sol sur lequel ils reposaient. (Fig. 2). Détail particulièrement pittoresque, le sculpteur, d’un talent naïf, afin de mieux exprimer le dynanisme de l’instant, a représenté les deux cavaliers encadrant la façade du sanctuaire, abandonnant leur rigidité de statues pour chercher désespérément leur équilibre compromis, en levant une jambe.
7La droite du panneau est occupée par un autel et un bœuf que l’on y conduit pour y être sacrifié ; hommage aux dieux du pompéien épargné par le séisme. Le second relief, hélas volé durant l’été 1977, fut découvert à une date inconnue et dans un lieu inconnu, car aucune note de fouille n’en fait mention12, et après avoir séjourné à l’antiquarium fut, par analogie, scellé dans le mur au dessus du laraire de Caecilius Jucundus en 190213. On pouvait y voir le castellimi aquae, le château d’eau principal où aboutissait l’aqueduc, demeurant debout, tandis qu’à son côté la porte du rempart, dite porte du Vésuve, est abattue par la secousse et que deux mules attelées à une charrette s’enfuient affolées.
8Compte tenu de la position réelle des monuments du forum figurant sur le premier relief, et de la direction du mouvement qu’ils subissaient, le géologue M.S. De Rossi avait cru pouvoir y reconnaître la direction majeure de la secousse sismique suivant un axe Est-Ouest14. Bien que cette analyse soit encore prise en considération, il convient raisonnablement de ne lui accorder qu’une valeur anecdotique, c’est-à-dire en rapport avec la naïveté d’exécution de la sculpture ; l’auteur, en réalité n’avait d’autre loisir, voulant montrer le renversement d’un temple et d’un arc, scène dont il n’a peut-être pas été le témoin, que de leur donner une inclinaison latérale suffisante pour que la signification en soit sans ambiguïté. La difficulté d’une expression perspective, surtout sur une surface aussi restreinte, lui interdisait d’utiliser un autre mode d’expression et, de fait, l’objectif recherché est parfaitement atteint, observation tout aussi valable pour l’autre relief ; par contre, ce qui ne fait aucun doute c’est la familiarité du sculpteur avec les monuments de Pompéi, un simple regard sur la réalité suffit à s’en convaincre. Si l’on désirait réellement considérer ces deux reliefs comme des documents géologiquement objectifs, on ne pourrait expliquer la forte inclinaison des édifices dans leur entier, autrement que par la manifestation d’un phénomène de liquéfaction du sol15, seul capable, en effet, de provoquer des gîtes spectaculaires de monuments entiers. Or une telle conséquence des séismes ne peut se produire que dans des terrains humides, à nappe phréatique proche, et plus généralement sablonneux, ce qui n’est nullement le cas de Pompéi, installée sur une coulée de lave épaisse de vingt à trente mètres et parfaitement sèche16.
9En conclusion, il convient de considérer ces deux témoins, comme des informations historiquement et anecdotiquement essentielles mais sans valeur précise du strict point de vue de l’analyse sismologique. Dans la matérialité des faits, le temple de Jupiter a bien été détruit, sa colonnade abattue17, seuls ne subsistant que le podium et une médiocre élévation des murs de la cella, tandis que de l’arc, totalement démuni de ses revêtements de marbre, il ne demeure que la structure de maçonnerie parementée de briques. Le second relief est également conforme aux conséquences du séisme puisque, si la porte du Vésuve a bien été totalement abattue et ses vestiges dégagés, le château d’eau a subsisté18.
10Mais bien avant la découverte et l’identification de ces précieux reliefs, les premiers fouilleurs de Pompéi, par un hasard extraordinaire, devaient, dès 176519 dégager un monument, particulièrement bien conservé, et pour cause : il venait d’être achevé en 79 (Fig. 37), qui fut aussitôt identifié grâce à sa dédicace placée au dessus de la porte du péribole : N. Popidius N.f Celsinus aedem Isidis terrae motu conlapsam a fundamento p (equnia) s (ua) restituii ; hunc decuriones ob liberalitatem, cum esset annorum sexs, ordini suo gratis adlegerunt20, soit : « Numerius Popidius Celsinus, fils de Numerius a reconstruit depuis ses fondations et à ses frais, le temple d’Isis renversé par le tremblement de terre ; pour cette aide généreuse, les décurions, en dépit de ses six ans, l’admirent gratuitement dans leur ordre ». Ainsi l’on apprenait, avant même de connaître la ville de Pompéi, que cette dernière avait subi des dommages dus à un séisme et qu’un citoyen avait fait rebâtir à ses frais un temple à la déesse égyptienne Isis21.
11Jusqu’à ce jour on a mis en relation directe la secousse de 62 et le réveil du Vésuve en supposant, non sans logique, que l’épaisseur considérable du bouchon de lave solidifiée obstruant après des siècles de sommeil la cheminée du volcan, s’était opposée à une première évacuation de gaz, se transformant en explosion souterraine dont les ondes eurent l’effet d’un séisme22. En réalité, si le Vésuve, comme le Stromboli et l’Etna, sont effectivement la manifestation d’une remontée du magma et de la proximité d’une zone de collision, il n’y a pas nécessairement de responsabilité directe du volcan dans la genèse du séisme, lequel résulte plus généralement du frottement et du glissement des plaques, provoqués par la poussée d’émergence venue des zones d’expansion23. On a cependant les témoignages, scientifiquement enregistrés, de secousses sismiques, provoquées par le réveil d’un volcan, se terminant par une explosion éruptive parfois plusieurs mois plus tard, suivant un processus comparable à celui de Pompéi. Parmi ces évènements, rappelons l’éruption du Bezymianny. C’est le 29 septembre 1955 que des mouvements telluriques se manifestèrent dans la péninsule du Kamchatka, zone éminemment sismique du nord de la plaque Pacifique ; les secousses se poursuivirent, au rythme d’une centaine par jour, durant trois semaines et les sismogrammes en localisèrent les épicentres dans la proximité immédiate du mont Bezymianny, un volcan que l’on avait toujours cru éteint. Le 22 octobre, cependant, une éruption se déclenchait, tandis que les secousses se multipliaient, phénomènes conjoints qui durèrent jusqu’à la fin novembre ; puis le volcan s’assoupit plusieurs mois, pour exploser, sans nouveaux signes précurseurs, le 30 mars 1956, explosion qui pulvérisa le sommet du cône sur une hauteur de 200 m, creusa un cratère de plus de 1000 mètres de diamètre et abattit les arbres dans un rayon de 25 kilomètres24. Compte tenu de la longueur de cette manifestation tectonique, réunissant séismes et éruptions, les géologues purent, en la circonstance, établir le schéma des tremblements de terre d’origine volcanique : le magma en remontant dans la cheminée conduisant à l’exutoire volcanique, exerce des pressions considérables sur les parois du conduit, s’infiltre dans toutes les fissures, réchauffe et dilate une masse rocheuse énorme, phénomènes d’autant plus violents que l’évacuation ne peut se faire en raison du bouchon de lave occultant l’ancien orifice, et se traduisant par des secousses sismiques et, finalement, si le magma poursuit son ascension, par l’explosion vers l’extérieur25. Pour le séisme de 62 à Pompéi, le seul témoignage de Sénèque, en dépit de sa grande valeur historique, demeure tout à fait dérisoire au niveau de la description du phénomène et n’autorise aucune conclusion quant aux caractéristiques précises de la secousse et bien entendu aux relations possibles avec le Vésuve ; c’est donc à travers les observations archéologiques, que l’on doit s’efforcer d’estimer l’importance de l’événement et les conséquences qu’il eut sur l’architecture, au niveau des restaurations comme des techniques nouvelles et dans la conception de programmes nouveaux26. Si les présentes observations ne s’attachent qu’à ces seules considérations architecturales, déjà relevées par d’illustres prédécesseurs27 on ne saurait, dans une perspective historique complète, les dissocier des conséquences sociales et économiques, nécessairement en césure brutale avec la situation précédente, analyse à laquelle s’est déjà attaché Jean Andreau dans deux études successives28. L’idéal, en présence d’une documentation aussi originale qu’abondante fournie par la seule analyse du site, serait de pouvoir dresser un inventaire typologique complet des dommages encore visibles (restaurés ou non) et des transformations perceptibles dans les programmes et les fonctions, permettant d’établir une véritable statistique portant sur l’ensemble de la cité durant sa réorganisation de 62 à 79. Les obstacles à l’aboutissement d’un tel travail, théoriquement réalisable, résident d’abord dans l’inachèvement de la fouille intra muros29, puisqu’il est en effet possible que les zones enfouies recèlent des secteurs plus atteints que d’autres par le séisme de 62 (le tremblement de terre du 23 novembre 1980 a en effet affecté la région VII plus que les autres) ou, bien entendu l’inverse, de même que l’on ignore tout du caractère de ces quartiers qui pouvaient être consacrés à la résidence comme au commerce ou même aux jardins. D’autre part, l’occultation par érosion des vestiges, récupération de leurs éléments intéressants et absence de notes de fouilles systématiques jusqu’à l’intervention de G. Fiorelli, rend difficile la lecture de nombreux édifices30. Enfin, l’observation archéologique montre que de nombreuses opérations de récupération, les unes officielles faisant suite à une intervention de Titus31, les autres étant le fait de survivants ou de voleurs, ont troublé l’analyse de l’occupation des maisons, en raison de la disparition, dans celles visitées, de tout le mobilier transportable32. Il est par conséquent aujourd’hui impossible de dresser une liste des demeures effectivement habitées en 79, de même qu’il est difficile de se faire une idée exacte de l’état dans lequel se trouvait le forum, en raison de la récupération de toutes les statues et ornements de marbre ou de bronze qui en constituaient le décor33.
12Compte tenu de l’ampleur du désastre, et nous verrons plus loin s’il est possible d’en estimer la violence, on est en droit de s’interroger sur une éventuelle intervention du pouvoir en faveur de la ville sinistrée, tout comme plus tard, nous l’avons dit, Titus se préoccupera des villes détruites par le Vésuve. En réalité, Néron ne semble pas avoir eu le moindre souci de cet ordre et deux ans plus tard, le gigantesque incendie de Rome devait accaparer toute son attention tant pour la reconstruction de Rome que pour l’édification de la Domus aurea. Les Pompéiens, comme les autres campaniens touchés par le séisme, durent organiser eux-mêmes la reconstruction et la reprise des activités ; la première intervention impériale, pour laquelle on possède une trace écrite, étant la restauration du temple de la Mater Deum à Herculanum34, pieuse libéralité à partir de laquelle on a cru pouvoir extrapoler des intentions identiques en faveur de Pompéi35.
13La nature des dommages subis par Pompéi en 62, peut être établie suivant un schéma typologique sommaire, en recourant à une simple observation des édifices ayant reçu des restaurations d’importances extrêmement diverses, ou par le constat d’abandon manifeste de l’immeuble.
14Les désordres les plus courants, mais aussi de moindre importance, sont les fissures (fig. 3) provoquées par les mouvements imposés à la maçonnerie, fissures pouvant s’accompagner de l’inclinai son sur la verticale, c’est-à-dire la gîte, d’un mur orthogonal auquel le précédent était lié36. Le très grand nombre d’angles ou d’extrémités de mur reconstruits montre que ces parties de construction sont, dans la maçonnerie, très vulnérables, les premiers parce que l’inclinaison d’un mur le désolidarise, nous venons de le dire, des refends ou des retours mais également parce qu’en fonction de la direction du mouvement l’un des deux murs d’un angle peut jouer le rôle de bélier contre son voisin. Quant aux extrémités de murs que l’on trouve à chaque interruption de porte, leur ruine est provoquée par la chute du linteau et par l’absence d’appui latéral du côté de l’ouverture.
15Les fissures ont été rebouchées avec des matériaux récupérés sur les ruines, matériaux parmi lesquels figurent de nombreux fragments de tuiles et de briques rendant les restaurations aisément repérables. La réutilisation des décombres fut en effet systématique en raison même de la nature des maçonneries. Celles-ci, constituées de parements de moellons en opus incertum ou en opus reticulatum37 enfermant un blocage de pierraille lié per un mortier terreux à faible teneur en chaux38, (fig. 4), se sont désolidarisées aisément sous l’effet des secousses et les murs détruits ont constitué de véritables tas de moellons en vrac, mêlés aux fragments des tuiles de couverture, dans lesquels la récupération et la réutilisation pouvaient être immédiates.
16Outre les observations que l’on peut faire sur les parois restaurées, il faut rappeler la découverte faite en dégageant l’extérieur des remparts le long du front nord de la ville, entre la porte d’Herculanum et la porte du Vésuve, d’un vaste dépôt de matériaux de destruction, accumulés sur 1,50 m de hauteur, et ne contenant pratiquement aucun élément récupérable pour la maçonnerie, puisque constitué essentiellement de fragments d’enduits ou de stucs et de menus morceaux de céramique39. La nature des vestiges emplissant ce dépotoir ne fait que confirmer la réutilisation systématique de tout ce qui pouvait entrer dans la composition d’une maçonnerie et cette économie de matière a conduit à des compositions de parements insolites, surtout lorsqu’il s’agissait de grandes surfaces reconstruites et non plus de simples fissures, comme la baie condamnée en VI,6,3, et, plus encore, toute une paroi de la domus en XI,6,3, (fig. 5) toutes deux faisant appel à des fragments de tuiles de couvre-joints de briques et d’amphores de toutes dimensions.
17Bien entendu les moellons de l’opus incertum ont été de préférence choisis à tout autre matériau, sans faire le tri toutefois des différentes provenances, donnant aux parements des variétés chromatiques exceptionnelles. La fantaisie, bien involontaire puisqu’imposée par la nécessité, se trouve encore accrue par la présence des nombreux éléments céramiques déjà signalés et plus généralement spontanément mêlés au vrac des récupérations qu’utilisés isolément, et par l’exploitation de fragments aussi divers que des morceaux de bétons de sol, à éclats de céramique ou même à galets (VI,7,2) (fig. 6) et des portions de mosaïque.
18Les gîtes de murs, lorsque l’inclinaison de la paroi ne provoquait pas la chute de la charpente, n’entraînaient pas nécessairement la destruction de la maçonnerie et plusieurs exemples montrent que les occupants surent sacrifier les secteurs trop compromis et conserver, malgré les déformations, des surfaces parfois considérables. Bien entendu les nouvelles maçonneries furent élevées parfaitement d’aplomb et la jonction avec les zones déplacées se lit d’autant plus aisément que la déformation est plus importante, comme on peut le remarquer en IX,5,240 (fig. 7), où toute la façade et une importante partie de mur latéral ouest furent reconstruits en opus incertum à chaînes de briques, tandis que l’arrière de la maison demeurait en place. Sur la rue de l’Abondance, en I,7,141, c’est au contraire la vieille façade samnite à porte encadrée de chapiteaux cubiques qui fut conservée, tandis que l’on refaisait l’angle ouest et le mur adjacent (fig. 8). Dans l’un comme dans l’autre cas, ces restaurations, à peine achevées en 79, n’avaient pas encore reçu l’enduit grâce auquel on aurait pu masquer la différence de structures et absorber, en partie, le ressaut existant à la jonction des deux maçonneries.
19Certaines gîtes ou affaiblissements manifestes des maçonneries purent être repris sans recourir au démontage, en y appuyant des éléments de soutien, sous la forme de contreforts de briques, (VI,5,10 ou IX, 1,5) (fig. 9) qui pouvaient porter aussi les poutres d’étage, ou de murs-contreforts, moins saillants mais juxtaposés à une surface plus importante (VI,2,4). (fig. 10). Toujours dans le cas de gîtes, les portes constituaient des points faibles en raison des désordres engendrés au dessus des linteaux déplacés ou affaissés et des mouvements accentués aux têtes de mur ; le moyen le plus sûr, si l’on voulait maintenir la construction, consistait donc à murer ces ouvertures, comme on l’a fait aux thermes de Stables42 (fig. 11) et dans une multitude de maisons et de boutiques, où ces obstructions appartiennent autant aux restaurations qu’aux multiples modifications de propriétés et de destination.
20Les effondrements et les brèches ne se sont pas toujours accompagnés de l’inclinaison des murs restant, les restaurations ne sont apparentes alors, que si la paroi n’a pas reçu (ou a perdu) l’enduit destiné à l’uniformiser. L’exemple de l’édifice d’Eumachie, dont la façade sur le forum fut reconstruite en briques, est, à cet égard, particulièrement intéressant par le soin apporté à la restitution de l’aspect primitif du parement originel de moellons (fig. 12). Un stuc blanc devait faire disparaître postérieurement toute trace de modification de structure.
21Si les exemples présentés concernent des raccords suivant une ligne approximativement verticale, témoignant de l’effondrement total d’une section de mur, des reprises suivant une ligne oblique ou horizontale montrent que les destructions pouvaient aussi n’affecter que les zones supérieures43, comme le montre une boulangerie en VI, 6,17 dont la maçonnerie originelle en opus africanum arasée à 1,50 m du sol fut remontée avec les matériaux en vrac. (fig. 13).
22S’il est assuré que les médiocres maçonneries liées au mortier terreux ont été largement victimes des secousses, on ne peut dire que les murs de grand appareil aient offert une garantie totale, si l’on en juge par la destruction complète de la porte du Vésuve, constituée, il est vrai, essentiellement d’une voûte et par plusieurs maisons n’ayant conservé qu’une partie de leurs murs en gros blocs (1,4,2,-VI, 10,8,-VI, 14,20).
23Il convient néanmoins de signaler que, dans son ensemble, le rempart en grand appareil a bien résisté, très certainement parce qu’il était soutenu par la considérable masse de terre de l’agger adossé à sa face interne44 et que la célèbre maison du Chirurgien (VI,1,10) qui ne bénéficiait pas du même support, a conservé intacte sa façade du IVè s. av. J.‑C. en gros blocs de calcaire45, tout comme le mur de tuf de la maison de la Petite Fontaine (VI,8,23) est demeuré rigoureusement appareillé.
24Les angles, dont nous avons dit la vulnérabilité, ont fait l’objet de réfections aussi diverses que la fortune des occupants, la plupart étant des reprises faites à l’aide des habituels matériaux de récupération, d’autres, plus soignées, sont faites sous la forme de robustes chaînes de briques soigneusement appareillées et liées à la maçonnerie des deux murs adjacents (fig. 15-16).
25Si certains édifices voûtés furent trop ruinés pour recevoir une simple restauration, comme le tepidarium et le caldarium masculins des thermes de Stables, totalement effondrés et non reconstruits en 7946, ceux qui demeuraient debout, comme, dans ce même ensemble balnéaire, le vestibulum et l’apodyterium ou les galeries voûtées de l’amphitéâtre, furent consolidés par de massifs contreforts de briques terminés par des doubleaux47. Dans cet édifice de spectacle, comparable au rempart par sa structure mixte de murs adossés à des massifs de terre48, les effets du tremblement de terre durent être minimisés et, de fait, on ne remarque pas de traces de brèches ou de fissures et les seules restaurations, ou plutôt renforcements de sécurité, sont ceux des galeries. (fig. 17-18-18b-18c).
26Les colonnes, éléments de support verticaux omniprésents dans l’architecture romaine, non seulement subirent elles-mêmes de sérieux dommages, mais leurs déplacements ou leur ruine furent bien entendu la cause de l’effondrement d’innombrables couvertures de péristyles et d’étages de portiques. Il suffit pour s’en rendre compte, de considérer que le forum tel qu’on le voit aujourd’hui n’était guère mieux conservé ou plus précisément guère plus restauré qu’il ne l’était en 79. Si cet ensemble public monumental devait recevoir des colonnades de grand appareil de calcaire, complétant les vieux portiques de tuf49, les édifices privés moins fortunés mais plus pressés remplacèrent leurs colonnes de tuf par des colonnes de maçonnerie dans lesquelles on retrouve une variété de matériaux qui, si elle n’est pas aussi étendue que dans les murs, (la brique y domine), n’en est pas moins intéressante ; tels ces moellons de lave d’opus incertum avec lesquels les maçons ont réussi à reconstruire une partie d’un péristyle dans une maison proche du forum (VIII,3,27) (fig. 19).
27La restauration de colonnes la plus spectaculaire et la plus originale fut découverte par A. Maiuri lorsqu’il procéda au dégagement de la grande palestre dont le quadrilatère, vaste de 145 m sur 118 m, s’étend immédiatement à l’ouest de l’amphitéâtre50. Le portique en π bordant cet espace fut gravement ébranlé et si l’on reconstruisit les murs en moellons d’opus incertum avec des chaînes d’angles en briques, les colonnes par contre, qui apparemment n’étaient pas tombées à terre mais avaient pris une gîte instable, furent redressées et stabilisées dans cette position. Afin de maintenir commodément et sûrement ces dizaines de fûts, les constructeurs imaginèrent de creuser au pied de chacun d’eux une entaille en coin, dans laquelle, tandis que l’on maintenait l’ensemble, on coulait du plomb fondu à l’aide d’un entonnoir d’argile appliqué sur la paroi ; se refoidissant rapidement le métal demeurait prisonnier dans la cavité et assurait le calage de la structure. (fig. 20).
28L’aspect du temple de Jupiter sur le forum, simplement dégagé de ses ruines mais non reconstruit, donne une idée de l’état dans lequel devaient se trouver de nombreux édifices pompéiens dont la restauration n’était pas encore entreprise en 79. Un certain nombre d’entre eux, jugés trop ruinés51, ont été retrouvés par les fouilleurs en complet état d’abandon mais déblayés de leurs décombres par les récupérateurs de matériaux. Certaines de ces constructions devaient du reste être dégagées en priorité dans la mesure où des survivants prouvaient s’y trouver enfermés, ce qui fut peut-être le cas des édifices voûtés partiellement détruits, ou des maisons possédant des cryptoportiques, mais, outre ces urgences immédiates, il fut rapidement nécessaire de libérer toutes les voies de circulation publique afin de faciliter le cheminement des sauveteurs puis des équipes de déblayage et le transport des matériaux de reconstruction, et, de fait les deux grandes portes détruites, celle d’Herculanum dont les voûtes seules s’écroulèrent et celle du Vésuve totalement ruinée, étaient en 79 parfaitement débarrassées de leurs décombres. Dans la ville même, le secteur méridional semble avoir été particulièrement affecté puisque le portique du forum triangulaire avait perdu le tiers de ses colonnes et la totalité de son entablement et de sa couverture, seul le portique d’entrée, aux colonnes ioniques élancées avait été restauré, tandis que dans le quartier voisin, quatre maisons au moins sont demeurées rasées jusqu’au sol52. Dans la plus grande d’entre elles (en VIII, 5,36) (fig. 21), la présence d’hypocaustes permet de supposer que se trouvait là un établissement de bains dont la disparition totale, ajoutée à la ruine partielle des autres thermes, dut inciter la nouvelle municipalité à programmer la réalisation d’un nouveau balnéaire de vastes dimensions.
29Un peu plus à l’Est, la maison voisine de celle des Ceii (en I,6,13) a conservé une partie de sa façade et des cloisons intérieures en ”opera a telaio” (ou opus africanum), mais dans les pièces, les fouilleurs trouvèrent des amoncellements de matériaux de construction sous la forme de tas de moellons et de sable53. Compte tenu de l’état d’abandon de la ruine, on peut penser que cette ancienne résidence servait momentanément de dépôt de chantier aux constructeurs travaillant dans les maisons voisines (fig. 22).
30Les chantiers en cours, dont les traces sont multiples dans toute la ville, présentent d’ailleurs un enseignement tout aussi riche que les reconstructions et leurs techniques particulières, puisque, plus encore que le résultat récent d’un travail accompli, ce sont véritablement des gestes interrompus que le fouilleur a pu surprendre dans les édifices inachevés.
31Les trois chantiers publics les plus importants sont celui du temple de Vénus, celui des thermes du Centre et celui du forum ; sur le premier immédiatement à l’entrée sud-ouest de la cité au-dessus de la Porte Marine, on possède le plus bel échantillonnage qui soit de pierres de natures diverses (tuf, lave, marbre), destinées à une construction de grand appareil dont seule une partie du podium était en place54. Les blocs y sont soit stockés avec leur épannelage grossier tels qu’ils arrivaient de la carrière, soit à différents stades de leur finition (fig. 23). Les traces de tous les outils du tailleur de pierre y sont repérables suivant l’avancement de la taille55 : smille et poinçon pour l’équarrissage et les premières ébauches, gradines à écartement de dents dégressifs pour la taille fine et les finitions et même les traces d’égrisage à la ponce, pour les modénatures.
32Des traces de scie, repérables aisément aux ressauts et aux ondulations laissées sur la section tranchée, sont visibles sur des blocs de marbre destinés aux revêtements, déjà débités en dalles ou encore en cubes parallélépipédiques. Parallèlement à la taille des pierres destinées au podium et aux murs, on travaillait déjà la sculpture des éléments d’ordre à modénature, comme en témoignent les pièces d’entablement de marbre et les chapiteaux corinthiens, l’un d’eux étant achevé seulement sur une de ses moitiés.
33Sur le second grand chantier public, aux thermes du Centre, essentiellement édifiés en maçonnerie parementée de briques, la pierre de taille en cours d’exécution se limitait au dallage du portique de la palestre partiellement posé, (fig. 24) à deux fûts de colonnes couchés en attente et à quatre chapiteaux doriques à différents degrés de leur achèvement. Les salles des différentes parties de l’ensemble avaient leurs murs montés jusqu’à la naissance des voûtes ; seule la voûte du laconicum, l’étuve sèche avait été construite et l’on peut y remarquer le choix de matériaux volcaniques de moindre densité, utilisés pour la partie supérieure de cette petite coupole.
34Le troisième chantier, celui du forum, en étendue le plus important, a laissé en réalité peu de traces d’une intense activité de remise en état ; la grande majorité des colonnes surtout sur le côté Est est absente et peu de blocs en cours de taille ont été retrouvés sur place : un gros parallélépipède de calcaire blanc, long de 307 cm, large de 73 cm et haut de 100 cm, un tambour de colonne et une base, tous trois épannelés, représentent l’essentiel du travail en cours. On peut admettre, face à cette carence, que les récupérateurs d’après l’éruption ont, là plus qu’ailleurs, dérobé les matériaux, marbre et calcaire blanc, non seulement en cours d’exécution mais également déjà mis en place.
35Le travail du maçon, tant pour monter les murs et cloisons que pour appliquer les enduits, se détecte partout où l’on retrouve à la fois des matériaux préparés pour la mise en œuvre et de la chaux pour la préparation des mortiers. Cette chaux pouvait même être fabriquée dans la ville et deux petis fours, destinés aux travaux de restauration, ont été dégagés, l’un à la maison du Ménandre (I,10,4) l’autre à la maison de la chapelle Iliaque (I,6,4)56 (fig. 25).
36A proximité de ce second four on devait trouver également trois gros tas de blocs de gypse dont l’usage n’est pas très clairement expliqué. Il semble que ce matériau ait été utilisé cru et broyé pour les couches épidermiques d’enduit et de stuc, tant pour les parois que les plafonds ; on peut aussi penser qu’on le mêlait, après cuisson cette fois, au mortier des plafonds et voûtes pour en accélérer la prise (fig. 26).
37La chaux, toujours de la chaux grasse faite à partir de calcaire assez pur, après son extinction était transportée et conservée dans des amphores dont on cassait le col afin d’en élargir l’ouverture (fig.27) ; de tels récipients ont été retrouvés notamment en V,3,4 et en VII,3,17. On pouvait aussi déposer ce matériau en vrac à proximité du lieu d’utilisation, comme ce fut le cas à la maison de la chaux (VIII,5,28), à la maison du Moraliste (III,4,3) (fig. 28) ou à la villa des Mystères. Dans la précédente maison de la chapelle Iliaque on a mieux encore, un des plus étonnants gestes interrompus des chantiers pompéiens, sous la forme du contenu d’un seau de chaux grasse retourné sur le sol et autour duquel le maçon avait commencé à accumuler du sable en vue du gâchage qu’il n’a jamais accompli. Ce mortier en préparation, abandonné le matin du 24 août 79, était destiné à la pose des enduits ne revêtant encore que partiellement les parois ; dans la pièce où se trouve la chaux, seule la base des murs en était encore démunie (le travail était bien sûr toujours commencé par le haut) mais dans une pièce voisine c’est le tiers supérieur des murs qui était déjà revêtu57 (fig. 29). Il est particulièrement intéressant de trouver ici un excellent témoignage de réalisation du décor peint sur l’enduit frais, "a fresco", l’artiste apposant ses couleurs effectivement sur une couche d’enduit qui vient d’être mis en place, sur une surface suffisamment restreinte, afin qu’il ait le temps de la couvrir et que les pigments puissent se combiner avec la chaux du support58.
38Si la majorité des Pompéiens réparait les dommages affectant leurs demeures avec l’aide essentielle de matériaux de récupération, d’autres, plus fortunés, faisaient appel à des matériaux neufs, plus particulièrement des briques, tout comme on le faisait pour les monuments publics, pour restaurer ou reconstruire tout ou partie de leurs biens immeubles.
39Les maisons ainsi reconstruites se distinguent extérieurement par la profonde modification d’aspect de leur façade, où la brique tient une place majeure et où l’on note la disparition des habituels pilastres de tuf ou de maçonnerie enduite encadrant la porte selon la tradition samnite, remplacés par des piédroits nus (IX,3,5) (fig. 30) (probablement destinés à recevoir un décor) ou pour sacrifier à la nouvelle mode, par des colonnes engagées supportant un fronton triangulaire (praedia de Julia Felix en II,4 - III,5,2 - VI,1,7 ou Ins. occ., 36) (fig. 31).
40Parfois, la façade samnite en grand appareil de tuf a mieux résisté et c’est la structure interne de la maison qui a reçu les modifications majeures ; un excellent exemple de ce type de restauration est visible à la maison de la Chasse (VII,4,48) qui n’a pratiquement conservé de son état initial que sa façade sur la rue de la Fortune. Plus rares sont les maisons manifestement rasées et totalement reconstruites, la plus significative d’entre elles étant la maison de Caius Vibius (VII,2,18)59 dont le gros-œuvre était achevé mais les enduits à peine commencés. La façade démunie de toute espèce de décor est reconstruite en moellons d’opus incertum bien rejointoyés (à joints ”beurrés”), à chaînes d’angles de briques et d’opus mixtum. Dans l’atrium, les parements sont constitués de briques au rez-de-chaussée tandis que la maçonnerie d’étage est en opus incertum ; seul souvenir de la vieille maison un piédroit de calcaire demeure à l’angle d’une ala (fig. 32).
41Un autre excellent exemple de reconstruction totale, également inachevée, nous est fourni par la grande demeure implantée derrière la Curie, en VIII,2,14-1660, dont la façade neuve sur la rue, magnifique de régularité offre l’un des meilleurs exemples pompéiens de parement réticulé. Les moellons de tuf volcanique (8 x 8 cm) parfaitement taillés et dressés, finement jointoyés sont calés aux angles par des chaînes de briques pour les portes et de moellons pour les fenêtres et ont conservé les orifices d’encastrement des boulins de l’échafaudage, parfois soulagés d’un petit arc. (fig. 33).
42Plus loin, dans la même région (nous avons signalé plus haut l’importance des dommages dans cette zone méridionale) une autre façade reconstruite dans un réticulé de qualité comparable (VIII,2,30), présente de surcroît des fantaisies graphiques et polychromes (fig. 34), créées par le maçon à l’aide de moellons de nature et de couleurs différentes et de matériaux céramiques61.
43Sur les monuments publics restaurés, reconstruits ou entrepris, la brique tient une place prépondérante marquant bien l’importance prise désormais par ce matériau62 plus rapide à produire que les moellons et plus facile à mettre en œuvre en raison de sa régularité. Sur les façades des trois édifices municipaux élevés au sud du forum, (fig. 35) cette nouvelle technique s’impose manifestement, comme à l’édifice d’Eumachie, au mur de scène du théâtre, aux nouveaux thermes du Centre (fig. 36) et au Temple d’Isis, même si les moellons sont encore présents dans les parties hautes des murs ou sur les parois intérieures. Il est, dans l’état actuel de ces monuments, difficile de dire si les façades de briques devaient parfois demeurer nues, ce qui était peut-être la destination des façades des thermes du Centre ; on a, en tout cas, la certitude que l’édifice d’Eumachie devait recevoir un placage en raison de la préparation du parement et le temple d’Isis, totalement achevé, était en 79 entièrement recouvert de stuc63 (fig. 37).
44Il est heureux, pour l’agrément du visiteur, que Pompéi n’ait pas reçu, comme Rome ou surtout Ostie, de programmes systématiques où la pierre est pratiquement éliminée au profit de la brique, et aucun des monuments publics ou privés de la cité campanienne n’a réellement adopté cette exclusivité. Aux thermes du centre, par exemple, certains panneaux de la façade sur la palestre, ont reçu un parement en appareil réticulé polychrome, les parois des salles (destinées, elles, à recevoir un enduit) font un large appel à l’opus incertum et les boutiques ouvertes sur la rue de Stables ont des façades en opus mixtum (fig. 38).
45Un autre monument public ayant fait l’objet d’importantes restaurations, le macellum ou marché de la viande et des poissons, retient l’attention par une singularité structurale, manifestement en relation avec sa reconstruction, mais où se remarque une césure inexplicable64. Le côté méridional de cet espace consacré au commerce, est fermé par un haut mur interrompu par une porte ouvrant sur une ruelle. La partie du mur, depuis l’angle Sud-Est jusqu’à cette porte est parementée d’un magnifique appareil réticulé aussi finement réalisé que sur les façades de la région VIII, (8 x 8 cm), limité par des chaînes d’angles de briques et agrémenté de variations chromatiques, disposées en tranches horizontales, grâce à une sélection des matériaux (trois tufs locaux : gris vert et rosé). Sur la gauche de la porte, ce parement reprend identique au précédent sur toute la hauteur du mur puis, au bout de cinq mètres, est soudainement interrompu suivant une ligne presque verticale et le reste du mur se poursuit en opus incertum (fig. 39). En dépit d’une différence aussi radicale on ne peut que conclure à deux phases de la restauration du monument, en effet, si le réticulé à moellons de tuf appareillé avec soin est bien une technique de la dernière époque pompéienne, l’opus incertum présent ici, offre également toutes les caractéristiques des reconstructions d’après 62, du moins dans la moitié supérieure du mur où l’on a un rejointoiement généreux, dit à « joints beurrés », avec un mortier jaune, que l’on retrouve sur d’innombrables restaurations. Toutefois l’examen du raccord permet de remarquer une chronologie relative de ces deux sections de mur : le soubassement de la partie en opus incertum s’avance sous le parement réticulé sur une longueur d’environ 1,50 m ce qui exclut bien évidemment la construction de ce dernier dans un premier temps avec un porte-à-faux de cette importance. On note également que la base du mur en moellons incertains diffère sensiblement de la partie supérieure, ce qui pourrait, là aussi, impliquer une décantation dans le temps. Ces observations autorisent deux réponses ou deux explications :
totalement abattu, le mur a fait l’objet de deux tranches de reconstruction que l’on peut supposer séparées dans le temps, la reprise du travail, avec le parement réticulé, s’étant faite plus tardivement avec des moyens accrus donc une construction plus soignée. Dans cette hypothèse il est plausible d’admettre que la partie inférieure du mur subsistait de la construction originelle.
toute la partie en opus incertum serait antérieure à 62 et seule la partie réticulée serait une restauration.
46Toutefois, la même maçonnerie rustique se retrouve sur les murs est et nord (les boutiques sur le forum sont à parement réticulé) ce qui suppose la conservation de ces zones dans l’hypothèse présente.
47Dans le contexte d’une existence urbaine aussi élaborée que celle des villes romaines de l’époque néronienne, l’alimentation en eau courante, assurée à Pompéi depuis l’époque augustéenne65, représentait un élément de commodité quotidienne dont il était difficile de se priver si l’on voulait redonner vie à la cité ; or le réseau d’adduction d’eau dans son ensemble avait été mis hors d’usage par le séisme ; heureusement pour les pompéiens la plupart des domus n’avaient pas l’eau courante (on s’alimentait aux fontaines publiques) et de nombreuses citernes étaient encore en usage : on put ainsi pour la consommation immédiate, s’approvisionner sans trop de difficulté ; par contre les puits, fort rares, (sept ont été retrouvés), en raison de l’extrême profondeur de la nappe phréatique située sous quelques 30 m de lave66, avaient été désaffectés au moment de l’installation du réseau urbain. Celui-ci était alimenté par une dérivation de l’aqueduc venant de Serino (dans la région montagneuse au Sud-Est d’Avellino) et allant alimenter Naples et Misène67 ; l’arrivée à Pompéi de ce branchement se faisait au point le plus élevé, la porte du Vésuve, située 34 m au dessus du point le plus bas, à la porte de Stables (fig. 40). Cette importante dénivellation avait contraint les ingénieurs à prendre des dispositions particulières, afin de réduire l’excessive pression qui se fût produite si l’eau avait dévalé une telle pente sans frein.
48Le procédé adopté est, en plus élaboré, celui des degrés artificiels créés en montagne pour enrayer la course des torrents ; ici, l’eau circulant en canalisations étanches, c’est une succession de siphons de hauteurs dégressives, qui fut installée le long des pentes de la ville, sous la forme de piliers de maçonnerie dans lesquels l’eau montait pour emplir un réservoir de plomb, puis redescendait, avec une perte de charge, dans ses canalisations souterraines68. On a longtemps douté (et l’on doute encore) que l’alimentation en eau de Pompéi ait été remise en service avant 79, les raisons en sont les suivantes :
le château d’eau principal à la porte du Vésuve, est démuni de ses grilles de filtrage et trois brèches s’ouvrent dans sa façade, là où devaient sortir les canalisations principales distribuant la ville ;
de toutes les piles secondaires, une seule, de faible hauteur, a été retrouvée munie de sa cuve de plomb, les autres en étaient dépourvues et, de surcroît, écrêtées ;
les tuyaux de plomb retrouvés courant presque en surface des trottoirs ou au pied des murs sont tous interrompus et ne constituent plus un réseau. D’autre part cette situation les rendant particulièrement vulnérables, a été considérée comme une marque d’imprévoyance et de médiocrité de la part des techniciens pompéiens.
49Il convient de reconsidérer cet état des choses, il est vrai susceptible de convaincre, en prenant le problème d’abord à son autre extrémité. Bien qu’il soit normal, et vérifié, que les reconstructions suivant les séismes soient très étirées dans le temps69, et le nombre d’édifices non reconstruits de Pompéi en est une preuve supplémentaire, il est hors de doute, comme l’a remarqué A. Maiuri70 et ainsi que l’ont prouvé les fouilles de V. Spinazzola, qu’une partie de l’artisanat pompéien était en fonction en 79, et que certaines de ces installations recevaient l’eau courante, comme la tannerie aménagée près de la porte de Stables (I,5,2,)71 ou la fullonica (la blanchisserie), de Stephanus sur la rue de l’Abondance (I,6,7). Ces deux types d’artisanat avaient recours à d’importantes quantités d’eau, leur faisant choisir habituellement la proximité d’un cours d’eau, ou, s’ils s’installaient dans une ville, demandaient la présence d’importantes citernes72, (ce qui n’est pas le cas ici), ou le raccord à une distribution urbaine permanente73.
50Si, dans l’ensemble, les installations balnéaires des domus présentent toutes les traces d’un abandon assuré, souvent antérieur à 62, plusieurs établissements publics, par contre, avaient, au moins partiellement, repris leur fonction ; tels la section masculine des thermes du forum74, la section féminine des thermes de Stables75 et, comme le prouve une réclame fraîchement peinte sur la rue de l’Abondance, les bains des « praedia » de Julia Felix (II,4) bien que la natatio extérieure y soit inachevée76. Ces différents balnéaires n’auraient pu fonctionner avec des citernes ou des puits, hors d’usage pour les deux premiers et inexistants pour le troisième77, et ne dépendaient que d’une adduction extérieure. Commerces, artisanats et bains devaient donc, même en quantité limitée, être approvisionnés en eau courante pour fonctionner.
51Or, nous l’avons dit, et le constat en est aisé, les tuyaux de plomb courant en surface ne présentent que des sections fragmentées sans relation entre elles ni avec le château d’eau, lui-même en état d’abandon. Nous avons dit aussi que de nombreux récupérateurs et pillards avaient, á l’aide de puits et de galeries, retiré des édifices qu’ils atteignaient, tout ce qui, dans les limites transportables, avait quelque valeur ; toutes pièces métalliques en rapport avec l’eau : tuyaux et réservoirs de plomb, robinets et bassins de bronze avaient donc, dans la mesure du possible été arrachés à leur situation d’origine. Le château d’eau notamment, aisément repérable par sa situation élevée et la proximité d’une tour du rempart dépassant nécessairement de la couche de lapilli (épaisse d’environ 4 m) fut visité et dépouillé de ses grilles intérieures, de la plaque de plomb formant barrage de décantation et des trois grosses canalisations (une de 30 cm et deux de 25 cm de diamètre) qui sortaient vers le réseau urbain, créant ainsi l’illusion d’un édifice en cours de réfection et encore inutilisable en 79. De la même façon, les piles secondaires, hautes de 5 à 7 m, furent, sans aucune difficulté privées de leur réservoir de plomb et des canalisations d’arrivée et de départ qui y étaient branchées. Outre ces prélèvements antiques qui affectèrent tout la ville, des opérations semblables eurent lieu dès la découverte de Pompéi au XVIIIè siècle78 et l’on sait que la recherche des seules œuvres d’art et la négligence des objets communs permit aux chercheurs de métaux de récupérer tous les tuyaux de plomb si complaisamment installés en surface.
52La vulnérabilité d’une telle installation, que l’on s’attendrait à trouver en profondeur sous le sol des trottoirs, trouve une explication logique si on la considère non comme un mode de pose habituel ou permanent, mais comme une adduction de secours ou de dépannage hâtivement et provisoirement mise en place afin d’assurer une distribution minimale aux établissements publics et privés remis en état. Une analogie contemporaine est venue éclairer cette hypothèse à la suite du tragique séisme du 23 novembre 1980 : après ce drame naturel, en effet, la ville de Pompéi s’est trouvée dans la nécessité de rénover une partie du réseau d’adduction d’eau et, durant les travaux, afin de ne pas priver les usagers, les techniciens ont simplement posé en surface des canalisations provisoires dont la situation est en tous points analogue à celle des tuyaux antiques. Imaginons sur cet état des choses une éruption cataclysmique du Vésuve...79 (fig. 41-42).
53Enfin, il convient de rappeler un fait qui n’est pas en contradiction avec une remise en état partielle et provisoire du réseau urbain, qui est la découverte par A. Maiuri80 dans la section nord de la rue de Stables, d’une tranchée profonde de 0,65 m, emplie de lapilli (donc ouverte au moment de l’éruption) et dans laquelle se trouvaient deux segments de canalisation de plomb de fort diamètre, volontairement détachés du reste de la tuyauterie. Cette intéressante trouvaille témoigne d’une part de la poursuite de travaux de remise en état du réseau définitif, travaux entrepris après la pose de l’installation provisoire et, d’autre part, nous rassure quant à la profondeur à laquelle les tuyaux étaient normalement enterrés, parfaitement abrités de l’érosion de passage et isolés thermiquement.
54Parmi les modifications sociales et économiques ayant affecté Pompéi au lendemain du séisme, les plus marquantes sont les transformations de maisons d’habitation en locaux commerciaux et artisanaux. Il est assuré que de nombreux pompéiens ont été contraints à abandonner une domus devenue une ruine et que, soit sans espoir de retour ils s’en soient démis au profit d’un commerçant, ou bien l’aient mise en location ou en gérance, sans parler des familles disparues, dont la maison a été récupérée d’une manière ou d’une autre. On peut aussi admettre que se soient opérées quelques reconversions de propriétaires devenus eux-mêmes négociants ou artisans ; mais quelle que soit la situation réelle, elle ne reflète pas une époque de grande prospérité, mais une multitude de mutations de fortune imposées par les événements.
55Les nouvelles installations artisanales sont identifiables par leurs dispositions immobilières, (identiques en cela à celles existant avant 62), dispositions qui présentent la particularité de s’insérer dans des locaux précédemment consacrés à l’habitation, modifiant ainsi l’aspect de ces derniers, essentiellement dans l’organisation de l’espace intérieur. Les changements que l’on remarque sur les façades, même s’ils sont spectaculaires, comme en VIII,4,26, ne traduisent pas nécessairement un changement de fonction, puisque la plus grande boulangerie de Pompéi, celle de Terentius Proculus (VII,2,3) (fig. 44), quoique installée dans une domus complètement bouleversée, ne se laisse aucunement deviner depuis l’extérieur, pas plus que celle de la rue de Nola (V,3,8) (fig. 45) dont le four et les meules se sont installés dans un ancien atrium81.
56L’acquéreur de la domus située en VI,3,3, afin d’installer une meunerie-boulangerie tout en assurant le logement de sa famille et de son personnel servile, fit aménager le rez-de-chaussée pour l’exercice de son artisanat et installa l’habitation à l’étage82. Dans ce but, l’atrium fut muni de quatre forts piliers de briques destinés à soutenir l’étage résidentiel, tandis que les meules, le four, le laboratoire et l’écurie occupaient le rez-de-chaussée (fig. 46). Si l’on peut lire encore le plan de cette ancienne demeure, la quasi-totalité de l’architecture fut reconstruite en utilisant seulement les fondations et en offrant un échantillonnage complet des différentes maçonneries mises en œuvre après 62 : opus réticulatum à chaînes de briques pour la façade principale sur la Via Consolare, opus mixtum dans les pièces entourant l’atrium, briques pour les piliers, opus incertum et briques dans le secteur de production.
57Si la boulangerie demandait des aménagements conséquents pour installer le four, le laboratoire et ses plans de travail, l’espace des meules et l’écurie des bêtes de trait, les teintureries se contentaient d’aménager leurs fourneaux à chaudrons dans n’importe quel espace disponible, tel le grand péristyle de VII,2,11, devenu la teinturerie d’Ubonius83 (fig. 47).
58Les foulons84, dont quatre installations ont été identifiées à Pompéi85, étaient certainement les plus exigeants en espace, la visite de l’ancienne domus située en I,6,7, la plus complète des fullonicae, celle de l’affranchi Stephanus86, déjà citée, montre l’ampleur des aménagements nécessaires à la préparation des étoffes (fig. 48-49).
59Dans la pièce ouvrant sur la rue se trouvait une presse à vis pour le repassage des étoffes lavées, tandis que le bassin d’impluvium de l’atrium voisin était agrandi et muni d’un parapet le transformant en vasque de lavage alimentée en eau courante par une borne fontaine. Au fond de l’ancienne demeure avaient été construits trois bassins communiquants, eux aussi approvisionnés en eau courante, et cinq bacs destinés au foulage des tissus, les lacunae fullonicae, dans lesquels des ouvriers piétinaient ceux-ci dans de l’urine afin de les dégraisser87.
60Les étoffes, de la laine ou du lin, après dégraissage, rinçage, battage et nouveau rinçage étaient cardées et étendues sur des séchoirs installés à l’étage, soit sous un auvent soit sur la vaste terrasse88. Enfin, pour assurer la subsistance du personnel attaché à Stephanus, une cuisine était installée sous un abri ouvert, à l’extrémité du péristyle.
61La création de nouveaux commerces et de nouvelles installations artisanales, logés dans des édifices construits dans ce but et non récupérés, avait, en 79, déjà fait l’objet d’un programme concerté par les édiles, puisque des séries de boutiques, reconnaissables à leur ample ouverture sur la rue et au logement attenant, soit en arrière soit à l’étage, ont été construites autour du macellum, lui-même inachevé, le long de la rue de Nola, autour des thermes de Stables et autour des thermes du centre. Toutefois, un très grand nombre d’entre elles étaient inachevées ou inoccupées au moment de l’éruption, comme celles bordant les thermes du centre le long de la rue de Stables, car on devait les découvrir sans le moindre mobilier, sans comptoir, démunies d’enduit et souvent de sol.
62Les thermopolia et les cauponae (les cabarets et les auberges) installées dans des locaux identiques à ceux des autres négoces, largement ouverts sur la rue, ont souffert tout autant que ces derniers de la chute du linteau de façade supportant souvent un étage, mais leurs installations consistant en un comptoir avec petit foyer, rapides à remettre en état, expliquent le très grand nombre de ces commerces en fonctionnement en 7989.
63Les modifications intervenues dans l’organisation et la distribution des pièces dans les maisons d’habitation n’ont pas eu, comme seul mobile, l’installation d’un artisanat mais également une redistribution des biens immobiliers au gré des infortunes des uns et de la chance des autres.
64Il faut également prendre en compte, le fait opportun d’une restructuration rendue possible par la nécessité de restaurer ou de reconstruire, mesure qu’en d’autres circonstances un propriétaire n’aurait pas crue nécessaire ou réalisable. Mais dans le choix de ces hypothèses, une fois encore, le pillage antique et les inconséquences des premiers fouilleurs ont altéré l’état réel des maisons et fait disparaître un nombre considérable de témoins d’occupation et d’identification, réduisant souvent aux suppositions les raisons d’un changement important de destination ou de répartition.
65La maison du Cryptoportique et sa voisine, rue de l’Abondance (I,6,2-3-4) (fig. 50) nous offrent un exemple significatif d’une nouvelle partition entre trois propriétaires (ou locataires) d’une vaste demeure d’époque samnite à façade en grand appareil calcaire (au no 4), occupant toute la profondeur d’une insula et munie dans sa partie postérieure d’un vaste jardin90 et de la propriété mitoyenne avec atrium et péristyle (au nʹ 2). Le jardin étant situé en contrebas en raison de la pente naturelle, la première modification, remontant au milieu du Ier siècle av. J.‑C., consista en un apport de terres surélevant le sol et enterrant en partie le portique et les pièces de ce niveau bas. Mais c’est après 62 que les plus grands changements furent opérés ; l’une d’entre elles (au 2) reçut la jouissance de tout le secteur du jardin et du niveau inférieur appartenant autrefois à sa voisine ; toutefois, les deux galeries sud et ouest du cryptoportique, gravement endommagées, ne furent pas réutilisées mais comblées par les débris du tremblement de terre. La maison du n. 4 précédemment la plus vaste, connue sous le nom de la chapelle Iliaque (déjà évoquée pour son chantier), dut se contenter de deux atria exigus autour desquels se pressaient onze pièces enrichies de la présence d’un étage dont la distribution nous échappe en partie. L’une comme l’autre étaient encore en pleins travaux de réfection au moment de l’éruption de 79.
66Enfin, entre les deux propriétés se trouvait installée la boutique d’un quincailler-marchand d’outils, le faber aerarius Verus91, chez qui fut retrouvée la groma de géomètre, aujourd’hui au Musée de Naples92.
67Le plan résultant de ces partitions nous éloigne considérablement de la belle organisation axée et symétrique que l’on peut encore lire à la maison du Chirurgien (VI,1,10), à la maison de Saliuste (VI,2,4), à la maison de Pansa (VI,6,1), ou à celle du Faune (VI,12,2), et traduit bien par la disparition de toute rencontre orthogonale des murs, par le désaxement des circulations et atria et par l’imbrication des pièces de l’une et l’autre maisons, des aménagements de fortune et des modifications s’insérant dans un découpage probablement déjà partiellement amorcé aux époques antérieures93.
68L’opération inverse, consistant à réunir deux voire trois maisons voisines, est également vérifiable, bien qu’il s’agisse souvent de simples présomptions (maison d’Obellius Firmus en IX, 14,4 ou du Centenaire en IX,8,6)94 ; on en a toutefois la certitude à la maison de L. Popidius Secundus Augustianus (I,4,5) formée de trois anciennes domus, à la maison de l’Ephèbe (I,7,11) la plus complexe de toutes puisqu’elle regroupe quatre habitations implantées à des niveaux différents95, ou à la maison de Terentius Proculus (VII,2,3-6), cette dernière utilisant une domus pour l’habitation et sa voisine pour la meunerie-boulangerie96. Retenons cependant, que si le dernier exemple cité est bien un regroupement postérieur à 62, un doute subsiste sur la date de transformation des deux autres qui peuvent avoir été restaurées tout en étant déjà partiellement réunies avant le séisme.
69De cet examen très partiel des dommages subis et des solutions architecturales adoptées durant la dernière phase pompéienne se dégagent plusieurs constats d’ordre technique, économique et social.
70A l’évidence les maisons d’habitations et les commerces qui y étaient intégrés reçurent les premières restaurations ; ces restaurations furent le fait des habitants eux-mêmes ou d’artisans modestes aidés d’une main-d’œuvre faiblement qualifiée, devenus constructeurs pour la circonstance, car l’on peut imaginer la venue à Pompéi et dans les autres villes sinistrées, d’entrepreneurs professionnels ou occasionnels, attirés par les besoins innombrables, précédant les entreprises de haut niveau, suivis par les artistes peintres et stucateurs, dont la présence ne pouvait que se subordonner aux travaux des maçons et charpentiers97.
71Les monuments publics, hormis l’amphithéâtre peu atteint, ne bénéficièrent pas de la même priorité puisque sur le forum, seuls, semble-t-il, les trois édifices municipaux étaient en voie d’achèvement que le seul sanctuaire, sur les sept connus98, qui ait été totalement achevé et en fonction, grâce à la générosité d’un particulier, était le temple d’Isis.
72Par contre des programmes nouveaux, aussi importants que les thermes du Centre, étaient déjà bien avancés en 79 et nous avons dit ce qu’il en était du réseau d’adduction d’eau, ce qui prouve que la municipalité avait eu la capacité de commencer relativement tôt certains ouvrages jugés majeurs. On ne sait du reste, s’il est opportun d’en tirer quelque déduction sur l’importance graduée accordée par les romains du Ier siècle, aux différentes composantes de leur environnement urbain tant sur le plan des nécessités que sur celui du confort et des loisirs. Un chose semble assurée cependant, c’est le faible attachement au culte traditionnel, que l’abandon des temples traduit parfaitement, et que le temple d’Isis ait été le seul témoin en fonction d’une religiosité publique, permet de dire l’attrait ressenti pour les doctrines orientales attachées à la Rédemption et à la Résurrection ; les disputes des dieux de l’Olympe paraissant bien vaines en la circonstance. D’autre part, les innombrables laraires domestiques manifestent un repli sur l’univers familial, accueillant et individualisant la divinité de son choix pour son seul profit.
73Le choix des pouvoirs publics, car il y a eu nécessairement un choix politiquement calculé, ne s’est pas porté vers le commerce et l’artisanat puisque le macellimi était inachevé et l’ensemble du forum en chantier, mais, d’une part vers la gestion de la cité, comme le prouvent les trois édifices édilitaires de la Curia et d’autre part vers les loisirs, matérialisés par les thermes et les édifices de spectacles. Nous avons vu l’état dans lequel se trouvaient les premiers, partiellement reconstruits ou entrepris, les seconds étant soit totalement en fonction, comme l’Odéon et l'amphithéâtre, soit en restauration avancée comme le théâtre. Enfin, notons que les parties du rempart et les portes de ville n’avaient pas reçu la moindre restauration.
74Ainsi, tandis que les particuliers, avec une aide qu’il est impossible d’estimer, réparaient ou rebâtissaient leurs biens immeubles, les édiles assuraient leurs fonctions par la reconstruction de la Curie et redonnaient à la population ce qui leur semblait essentiel ; l’eau et les loisirs. Le pouvoir impérial, pour sa part, n’étant représenté, et de la manière ambiguë exposée plus haut, que sous la forme d’un sanctuaire presque achevé, en bonne place sur le forum et consacré à Vespasien.
75Pour conclure sur un plan géologique, l’importance des dommages traduits par les ruines et les restaurations, peut permettre une estimation descriptive de l’intensité des secousses subies par Pompéi le 5 février 62. Cette estimation ne peut être proposée qu’en tenant compte de la violence des effets observables sur l’architecture (les effets sur le sol n’étant plus perceptibles) et des quelques renseignements donnés par Sénèque. En effet les géologues estiment la force d’un tremblement de terre soit en fonction des critères pré-cités pour les évènements du passé, soit par des échelles, appelées ”échelles d’intensité macrosismique”, au nombre de deux, celle dite de Richter, du nom du physicien qui en établit les normes en 1956, à partir d’une référence précédente due à Mercalli99 et celle dite MSK, de 1964, plus appropriée aux régions européennes100. Ces dernières méthodes ajoutent aux critères d’observation, les renseignements fournis par un ensemble de sismographes normalisés, constituant un réseau mondial, le WWSSN, permettant d’enregistrer des informations sur l’énergie dissipée par un séisme sous de multiples formes101.
76Indépendamment de ces mesures extrêmement rigoureuses, les deux échelles d’intensité de Richter et de MSK, reprennent dans leur démarche d’enquête, des critères de destruction de l’architecture, de modification du sol et de réactions des témoins, auxquels les géologues du siècle dernier avaient, dans l’ensemble, déjà recours. Elles aboutissent ainsi à douze degrés dont la valeur croissante correspond à une intensité de plus en plus forte, allant ainsi de la secousse non perceptible par l’homme au degré I, à la perception générale avec déplacements d’objets au degré V, jusqu’à l’anéantissement total avec modification du paysage au douzième et dernier degré102.
77Bien entendu, de multiples paramètres retirent toute valeur scientifique à une telle méthode considérée sans les informations de sismographes, car il est évident que les réactions humaines prendront une importance extrême en milieu à forte densité et que la destruction d’un édifice tient elle-même à un faisceau de facteurs, allant de la qualité du mortier à l’état de sa charpente en passant par son emplacement topographique. Néanmoins, en comparant dans leur ensemble les résultats des enquêtes dans des milieux comparables, on obtient une estimation qui est une approche de l’objectivité. C’est ainsi que le séisme de 62 à Pompéi peut être estimé à une intensité de degré IX, en fonction de l’ampleur et des caractéristiques des destructions et des réactions des habitants.
Annexe
ANNEXE. ÉCHELLE D’INTENSITÉ DE MERCALLI MODIFIÉE (VERSION 19561)
Maçonnerie A, B, C, D : pour éviter les imprécisions du langage, la qualité de la maçonnerie, brique ou autre, est spécifiée par l’emploi des lettres suivantes :
maçonnerie de type a : ouvrage sérieux, mortier et conception de qualité. Elle est renforcée, surtout latéralement, et ceinturée par des armatures métalliques, en béton, etc., Conçue pour résister aux forces latérales.
maçonnerie de type b : ouvrage sérieux et bon mortier ; renforcée, mais pas spécialement conçue pour résister aux forces latérales.
maçonnerie de type c : ouvrage et mortiers de qualité moyenne. Pas de faiblesse extrême, comme des défauts de liaison aux angles, mais pas de renforcement ; non conçue pour résister aux forces latérales.
maçonnerie de type d : matériaux faibles, comme le pisé, mortiers maigres, ouvrages de mauvaise qualité, peu résistants horizontalement.
DESCRIPTION
La valeur de l’intensité du séisme est indiquée par des chiffres romains, de I à XII.
I. Pas ressenti. Effets marginaux dus aux ondes de grande période provenant des grands séismes.
II. Ressenti par les gens au repos dans les étages supérieurs ou en un endroit favorable.
III. Ressenti à l’intérieur. Les objets suspendus se balancent. Il y a des vibrations comme au passage d’un camion léger. On peut estimer la durée, mais on peut ne pas s’apercevoir qu’il s’agit d’un séisme.
IV. Les objets suspendus se balancent. Il y a des vibrations comme au passage d’un poids lourd ; sensation de chocs comme si de lourdes balles rebondissaient contre les murs. Les voitures arrêtées se balancent. Les fenêtres, la vaisselle, les portes vibrent. Les verres tintent, les assiettes résonnent. Pour la partie la plus élevée du degré IV, les murs de bois et les poutres craquent.
V. Ressenti dehors ; on peut estimer la direction d’arrivée des ondes. Les dormeurs se réveillent. Les liquides sont agités, certains débordent. Des petits objets instables sont déplacés ou renversés. Des portes s’ouvrent et se ferment. Les volets battent, les tableaux se déplacent. Les pendules à balancier s’arrêtent, repartent, changent le rythme.
VI. Ressenti par tout le monde. Beaucoup ont peur et se précipitent dehors. Des piétons titubent. Des vitres, de la vaisselle et de la verrerie sont cassées. Des bibelots, des livres, etc., sont projetés hors de leurs étagères. Des tableaux sont arrachés des murs. Des meubles sont déplacés ou renversés. Le plâtre peu solide et la maçonnerie de type D se fissurent. Les petites cloches (écoles, églises) se mettent à sonner. On voit les arbres et les buissons secoués ou on les entend vibrer.
VII. Il est difficile de rester debout. Les conducteurs de voiture ressentent le séisme. Les objets suspendus tremblent. Des meubles sont cassés. La maçonnerie de type D est endommagée et fissurée. Les cheminées peu solides sont brisées au ras du toit. Chute des plâtres, des briques, des pierres, des tuiles, des corniches, des parapets mal fixés et des ornements architecturaux. Quelques fissures dans les maçonneries de type C. Des vagues sur les étangs, l’eau devient trouble et boueuse. Petits glissements et affaissements dans les remblais de sable ou de graviers. Les grosses cloches sonnent. Les fossés d’irrigation cimentés sont endommagés.
VIII. La conduite des voitures est perturbée. Dégâts à la maçonnerie de type C : effondrements partiels. Quelques dégâts à la maçonnerie de type B, rien à celle de type A. Chute de plâtre et des quelques murs en maçonnerie. Torsions et chute des cheminées, des cheminées d’usines, des monuments, des tours, des réservoirs haut placés. Les charpentes des maisons sortent de leurs fondations si elles n’y sont pas boulonnées. Les piles de constructions sur pilotis en mauvais état cassent. Des branches d’arbre sont cassées. Des fissures apparaissent sur les sols humides et sur les fortes pentes.
IX. Panique générale. Les maçonneries de type D sont détruites, celles de type C gravement endommagées, avec écroulement complet parfois, celles de type B sérieusement endommagées. Dégâts à toutes les fondations. Si les charpentes ne sont pas ancrées, elles sortent des murs et sont endommagées. De gros dégâts aux réservoirs d’eau. Les canalisations souterraines sont cassées. De nettes fissures visibles sur la surface du sol. Dans les zones alluviales, projections de sable, de boue et d’eau, cratères de sable.
X. La plupart des maçonneries et des charpentes sont détruites avec leurs fondations. Quelques constructions en bois bien construites et des ponts sont détruits. Sérieux dégâts aux barrages, digues et jetées. Grands glissements de terrain. L’eau déborde des canaux, des rivières, des lacs, etc. Du sable et de la boue sont déplacés horizontalement sur les plages et les terrains plats. Les rails sont légèrement tordus.
XI. Les rails sont complètement tordus. Toutes les canalisations souterraines sont hors service.
XII. Ruine à peu près totale. De grandes masses rocheuses sont déplacées. Topographie bouleversée. Des objets sont projetés en l’air.
Notes de bas de page
1 Sénèque Questions naturelles, VI, 1-2.
2 Nonis Februaris hic fuit motus Regulo et Virginio consulibus, cette précision permet de situer au 5 février 62 le jour de la catastrophe. Le calendrier romain faisait commencer ses mois au jour de la nouvelle lune : les kalendes, puis décomptait le jours jusqu’au premier quartier : les nones et ensuite jusqu’aux ides, jour de la pleine lune et enfin de nouveau jusqu’au kalendes du mois suivant. Ainsi pour février on avait : kalendes, 4ème jour avant les nones, 3ème jour avant les nones, veille des nones et nones, ce qui nous donne bien le 5 février. Voir : J. André, Le calendrier à Rome, dans Dictionnaire archéologique des techniques, Paris, 1963, vol. I, p. 212-214.
3 Ville située à 12 kilomètres à l’Est de Pompéi.
4 Deux ans plus tard, Néron s’exhibait en chantant au théâtre de Naples, lorsqu’une légère secousse sismique se produisit ; grisé par son rôle, l’Empereur demeurait en scène malgré les exhortations de son entourage. Par un hasard extraordinaire l’édifice, déjà ébranlé par le précédent séisme, s’écroula peu après la fin de la représentation. Suétone, Néron, XX, 3 et Tacite, Annales, XV, 34,1.
5 Trad. de H. Thédenat, Pompéi, 3ème éd. Paris, 1927, vol. I, p. 18.
6 Tacite, Annales, XV, 22 Et motu terrae, celebre Campaniae oppidum Pompei magna ex parte proruit.
7 La gens Poppaea, d’où fut issue Poppée, seconde femme de Néron, possédait à Pompéi la maison des Amours dorés (VI, 16,7) et la maison du Ménandre (I,10,4) et, à faible distance de la ville, sur le littoral de l’actuelle Torre Annunziata, la fastueuse villa d’Oplontis.
8 Jusqu’à, et y compris, la publication de A. Maiuri, L’ultima fase edilizia di Pompei, Rome, 1942, on situait le séisme en 63, cf. G. Fiorelli, Descrizione di Pompei, Naples, 1875, p. 8 et 9, il est le premier auteur à avoir signalé des traces du tremblement de terre sur les vestiges pompéiens. Overbeck-Mau, Pompeji in seinen Gebaüden, Leipzig, 1884, 4ème éd., p. 72, ces auteurs décrivent la destruction des monuments du forum et les travaux de restauration entrepris ; enfin A. Mau et F. Drexel, Pompeji in Leben und Kunst, 1913, p. 37 et suiv. mettent en relation les nouvelles structures architecturales avec la dernière expression picturale. Pourtant, dès 1903, S. Chabert étudiant soigneusement la chronologie consulaire proposait la date du 5 février 62, reconnue comme vraie dans : Le tremblement de terre de Pompéi et sa véritable date : 5 février 62 ap. J.‑C. ; depuis cet auteur, deux études complémentaires sont venues confirmer la proposition de Chabert : R. Lecocq, Quelle date assigner à la première catastrophe de Campanie, 62 ou 63 p.c. ?, L’Antiquité Classique, XVIII, 1949, p. 85-91, Louvain, Bruxelles et G.O. Onorato La data del terremoto di Pompei : 5 febbraio 62 d.C., Atti dell'Accademia nazionale di Lincei, Rendiconti, Ser. 8, vol. 4, 1949, p. 644 à 661.
9 Voir la lettre justement célèbre de Pline le Jeune à Tacite, dont la narration commence au neuvième jour avant les Kalendes de Septembre à la septième heure (le 24 août à 13h) au moment où apparaît la nuée au-dessus du Vésuve, (Pline le Jeune, Lettres, VI, 16 et VI, 20). Géologiquement l’éruption est décrite par A. Rittmann, L’eruzione vesuviana del 79, Studio magmalogico e vulcanologico, Pompeiana, 1950, p. 456 à 474 et plus récemment : F. Barberi, R. Santacroce, Le eruzioni pliniane del Vesuvio, Nuova Scienza, Ottobre 1982, p. 85 à 89.
10 A. Mau, Bulletino dell’Istituto di Corrispondenza Archeologica, 1876, p. 149-151 ; 160-168 ; 223-224.
11 A. Sogliano, Il Foro di Pompei, Memorie dell’Accademia dei Lincei, 6, 1, 1925, p. 221 à 272.
12 A. Maiuri, l’Ultima fase, p. 11 et note 5. Le témoignage ancien le plus sûr est une photographie de A. Normand, datée de 1885, (cliché n. 236 de la collection Normand aux Archives photographiques, 1 rue de Valois à Paris) montrant l’intérieur du temple de Vespasien, sur le forum, transformé en dépôt lapidaire, document sur lequel on peut voir le relief du château d’eau posé sur le sol.
13 Le second relief fut identifié et décrit pour la première fois par H. Thédenat, Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1905, p. 464 et suiv.
14 M. S. Rossi, Centenario del seppellimento di Pompei per l’eruzione di 79, Intorno al terremoto che devastò Pompei nell’anno 63 e ad un bassorilievo votivo pompeiano che lo rappresenta, Bulletino del Vulcanismo Italiano, 1879, fasc. 8-11, p. 109 et suiv.
15 On peut expérimentalement provoquer une liquéfaction du sol simplement en piétinant rapidement et violemment le sable d’une plage à proximité de l’eau, reproduisant ainsi des secousses sismiques en miniature.
16 Le choix de cette implantation, répondant à l’origine à des mobiles défensifs, explique la rareté et la profondeur des puits pompéiens.
17 Les colonnes partiellement remontées sont le fait de restaurations du début du siècle.
18 La silhouette sur le relief du castellum aquae est en effet la fidèle reproduction de l’édifice subsistant, mais on peut se demander si l’actuelle façade de briques n’est pas une reconstruction à l’identique effectuée après 62 ; il est en tout cas assuré que le côté oriental a été raccordé, en opus reticulatum, aux vestiges en grand appareil de la porte du Vésuve.
19 L.Mascoli, P. Pinon, G. Vallet et F. Zevi, Architectes, antiquaires et voyageurs français à Pompéi, milieu XVIIIe - fin XIXe siècle, in Pompéi, travaux et envois des architectes français au XIXe s. Paris, Naples, 1980, p. 10 à 17.
20 C.I.L., X, 846 ; voir les commentaires de H. Thédenat, Pompei, vol. II, p. 70-71.
21 Agé seulement de six ans, N. Popidius était en réalité substitué à son père, dont la position d’affranchi ne permettait pas l’admission à l’ordre des décurions.
22 Il est intéressant de noter que le tremblement de terre qui détruisit Agadir, sur la côte marocaine, le 29 février 1960 (de Ms=6), fut mis, de la même façon, en relation avec une explosion atomique souterraine expérimentée dans la région de Colomb-Béchar.
23 Sur le phénomène en général, consulter : A. Hallam, Une révolution dans tes sciences de la terre ; de la dérive des continents à la tectonique des plaques, (trad. de l’anglais) Paris, le Seuil, 1976.
24 G.S. Gorshkov, Gigantic Eruption of the Volcano Bezymianny, Bulletin Volcanologique, 1959.
25 Un phénomène analogue de séismes multiples, dits “en essaim”, fut observé autour du volcan Manua Loa à Hawaï en Avril 1974, volcan en sommeil depuis 25 ans. Les secousses se poursuivirent et s’accrurent jusqu’au 5 juillet 1975, date à laquelle le volcan entra en éruption, soit 15 mois après le début des manifestations. Il faut noter que, à l’inverse, les tremblements de terre peuvent provoquer les éruptions volcaniques, et réveiller des volcans éteints comme ce fut le cas, également à Hawaï, lorsqu’un violent séisme, le 25 novembre 1975, ouvrit des failles profondes dans le Kilanea qui laissa échapper, d’abord de la vapeur surchauffée, puis des torrents de lave.
26 Rappelons que depuis son réveil en 79, le Vésuve a connu soixante-dix éruptions rapportées par les chroniques, la plus violente étant celle du 16 décembre 1631, précédée précisément et durant six mois, de secousses sismiques. A Pompéi, le “Museo Vesuviano”, intégré au sanctuaire, regroupe une importante collection de documents géologiques et de gravures anciennes sur ces manifestations.
27 A. Maiuri, L’ultima fase et R. Etienne, La vie quotidienne à Pompéi, Paris, Hachette, 2è éd. 1974, p. 15 à 25.
28 J. Andreau, Les affaires de Monsieur Jucundus, Collection de l’Ecole Française de Rome, 19, 1974 (avant 62) et Histoires des séismes et histoire économique. Le tremblement de terre de Pompéi (62 ap. J.‑C.), Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 1973, p. 369 à 395.
29 L’étendue topographique de Pompéi est contenue dans une ellipse définie par le rempart ayant 1250 m de grand axe Est-Ouest et 730 m de petit axe Nord-Sud, enfermant par conséquent une aire de médiocres dimensions, dans laquelle les fouilleurs ont découpé neuf régions, dont quatre-vingt-quinze insulae ont été reconnues, soit environ les 3/5 de la surface totale. Il est actuellement, avec sagesse, exclu d’entreprendre le dégagement des zones encore ensevelies, tant que l’énorme travail d’étude et plus encore de restauration, des parties dégagées n’est pas achevé.
30 F. Zevi, La storia degli scavi e della documentazione, Pompei 1748-1980. I tempi della documentazione, I.C.C.D. Roma, 1981, p. 11 à 21.
31 Dion Cassius, LXVI, 23 et Suétone, Titus, VIII, l’Empereur fit tirer au sort deux consuls extraordinaires les consulares restituendae Campaniae chargés d’estimer les dommages et, autant que possible, de secourir et indemniser les survivants et lui-même, l’année suivante, vint sur place se rendre compte de l’irréparable.
32 H. Thédenat, op. cit., p. 30-31.
33 M. Della Corte, Esplorazioni di Pompei immediatamente successive alla catastrofe dell’anno 79, Memoria Vasile Parvan, Bucarest, 1934, p. 96 à 109.
34 C.I.L., X, 1406.
35 Le sanctuaire, inachevé en 79, implanté sur le côté est du forum de Pompéi est, non sans raison, considéré comme attribué au Génie de Vespasien (la présence des feuilles de laurier sur l’autel, motif que l’on retrouve sur les monnaies de cet empereur, en est une présomption favorable). Ce que l’on ignore c’est l’origine de ce sanctuaire : est-il offert par l’Empereur à Pompéi ou s’agit-il au contraire d’un signe de dévotion destiné à appeler les largesses du Prince ? Cf. G. Niebling, Der Tempel und Aitar des Vespasian in Pompeji, Forschungen und Fortschritte, 31, 1957, p. 23 à 29.
36 D’autres dommages, dont de nombreuses fissures et écroulements, se produisirent lors de l’éruption de 79 ; demeurées en l’état ces altérations ne devraient pas être confondues avec celles de 62, la distinction, toutefois, n’est pas toujours aisée puisque la restauration au moment de l’éruption était bien souvent inachevée.
37 Les premiers coexistent avec les plus anciennes constructions pompéiennes du IVè et du IIIè s. av. J.‑C., les seconds font leur apparition après l’installation de la colonie des vétérans de Sylla vers 80 av. J.‑C..
38 J.-P. Adam, Bilan d une mission à Pompei, causes de destructions et propositions de restauration d’un site antique, Centre Jean Bérard, Naples, 1982, p. 5 à 8.
39 A. Maiuri, L’ultima fase, p. 174-175.
40 Maison dite d’Achille, derrière les nouveaux thermes du Centre.
41 Maison de C. Cuspius Pansa ou de P. Paquius Proculus. Ces noms figuraient sur des inscriptions électorales peintes sur la façade, on ne sait auquel appartenait, ou non, la maison, mais retenons que la famille du premier, les Cuspii, avait financé la restauration de l’amphithéâtre, cf. V. Spinazzola, Pompei alla luce degli scavi nuovi di via dell’Abbondanza, Rome, 1953, vol. I, p. 297 à 314.
42 Voir l’étude de la dernière phase des thermes de Stables dans H. Eschebach, Die stabianer Thermen in Pompeji, Berlin, 1979, pl. 3, 37d et 38 b.
43 Type le plus fréquent de destructions de Novembre 1980, sur les maçonneries démunies de toiture.
44 F. Krischen, Die hellenistische Kunst in Pompeji, VII, Die Stadtmauern von Pompei, Berlin, 1941, et A. Maiuri, Isolamento della cinta murale fra Porta Vesuvio e Porta Ercolano, Notizie degli scavi, 1943, p. 275 et 294.
45 Seuls les jambages de la porte ont reçu une étroite chaîne de briques, par contre la maison voisine, en VI, 1, 7 a dû subir suffisamment de dommages pour que sa façade soit reconstruite, cf. : A. et M. de Vos, Pompei, Ercolano, Stabia, Guide archeologiche Laterza, Rome, Bari, 1982, p. 228.
46 Les voûtes de la section masculine des thermes du forum étaient fermées et enduites de stuc en 79 ; on ne saurait dire si cet état résultait d’une restauration achevée ou d’une meilleure résistance au séisme, cf. A. Maiuri, L’ultima fase, p. 73-74.
47 Dans le grand vomitoire nord se trouvent deux inscriptions rappelant les noms des deux duoviri qui financèrent la restauration de l’édifice : C. Cuspius Pansa et son fils. C.I.L., X. 858-859 ; c.f.A. et M. de Vos, op. cit., p. 152.
48 L’amphithéâtre de Pompéi, élevé vers 80 av. J.‑C. dans le même programme édilitaire que l’Odéon et les thermes du forum, n’a pas de structure architecturale complète. Partiellement excavé dans le sol, il est en fait un gigantesque coffrage elliptique contenant une énorme masse de terre laissée en place ou rapportée. cf. M. Girosi, L’Anfiteatro di Pompei, Memorie dell’Accademia di Archeologia, Lettere e Belle Arti di Napoli, 5, 1936, p. 29 à 55.
49 A. et M. de Vos, op. cit., p. 32 et suiv ; A. Maiuri, Saggi nell’area del Foro di Pompei, Notizie degli Scavi, 1941, p. 371 à 404 et 1942, p. 253 à 320.
50 A. Maiuri, Scavo della grande Palestra nel quartiere dell’Anfiteatro, Notizie degli scavi, 1939, p. 165 à 238 pl. IX à XIII.
51 La disparition des propriétaires sans héritiers vivants, victimes de la catastrophe, a dû bien sûr poser des problèmes de récupération du bien foncier peut-être par retour à l’autorité municipale qui a pu les mettre en vente à son profit ; certaines de ces opérations n’étaient probablement pas encore réalisées en 79. L’absence de documents sur les problèmes économiques de la dernière époque pompéienne ne permet que des hypothèses fragiles.
52 VIII,2,37 - VIII,6,2 - VIII,6,36 et VIII, 6,5.
53 A. Maiuri, Notizie degli scavi, 1929, p. 43 “... l’aver trovato tutta l’area dell’atrio ricolma, per circa un metro e mezzo di altezza, di materiale di demolizione e su di esso la stratificazione eguale dei lapilli e dalle ceneri, la presenza di un gran cumulo di sabbia di mare o di fiume negli ambienti intorno all’atrio, tutto lascia chiaramente scorgere che, ridotta inabitabile la casa, questa venisse più che altro adibita quale deposito privato di materiale da costruzione”.
54 L’attribution à Vénus de ce sanctuaire est justifiée par la découverte au Sud-Est du temple des morceaux d’une statue identifiée comme celle de la déesse, attestée comme protectrice de la cité depuis l’installation de la colonie des vétérans de Sylla, la Colonia Veneria Cornelia Pompeianorum (cf. H. Thédenat, op. cit., vol. I, p. 4-5). Les fouilles de 1897-1898 furent suivies de la publication de A. Mau, Der Tempel del Venus Pompeiana, Römische Mitteilungen, XV, 1900, p. 270 à 308. Les conclusions de cet auteur sur les modifications subies par ce temple et son état en 62 furent controversées, avec raison à notre avis, par A. Maiuri dans L’ultima fase, p. 64 à 67.
55 Les outils pompéiens sont conservés en majorité à l’antiquarium - (actuellement en cours de réorganisation) d’autres séries sont exposées à “l’abri du squelette de cheval”, à “la maison des Amants”, dans une boutique de la rue de l’Abondance (I,6,12) à la “maison du Moraliste” et à la “maison du Ménandre”.
56 V. Spinazzola, op. cit., vol. I, p. 446-447 et fig. 506.
57 V. Spinazzola, op. cit., vol. I, p. 452 et fig. 515.
58 Cf. A. Barbet, C. Allag, Techniques de préparation des parois dans la peinture murale romaine, MEFRA, 84, 1972, p. 935 à 1069.
59 A. Maiuri, L'ultima fase, p. 121 à 125 et M. Della Corte, Case ed abitanti di Pompei, 3è ed., Naples, 1965, p. 271-272.
60 F. Noack, K. Lehmann Hartleben, Baugeschichtliche Untersuchungen am Stadtrand von Pompeji, Berlin, 1936, p. 137 et suiv. Cet ouvrage est consacré en fait à tout le quartier méridional qui s’étend entre le temple de Vénus, le forum et la falaise (VIII,2).
61 Noack, Lehmann Hartleben, op. cit., p. 55 et suiv.
62 Bien qu’apparue précocement en Campanie la brique cuite ne s’imposera à Rome qu’à la fin du règne d’Auguste, mais dès Néron elle sera présente dans toutes les maçonneries et ne fera que généraliser son usage pour atteindre son apogée aux époques de Trajan et d’Hadrien.
63 La publication de ce sanctuaire sur le plan architectural n’est pas encore faite, seul existe le passage que lui consacre A. Maiuri, L’ultima fase, 69-70. Par contre son décor et sa fonction ont fait l’objet de plusieurs publications, dont : O. Elia, Le pitture del Tempio di Iside, Monumenti della Pittura Antica scoperti in Italia, III, Pompei, III-IV, Rome, 1941 et V. Tran Ταμ Tinh, Essai sur le culte d’Isis à Pompei, Paris, 1964.
64 A. Maiuri, L’ultima fase, p. 54 à 61.
65 H. Eschebach, Die Gebrauchwasserversorgung des antiken Pompeji, Antike Welt, 10.2, 1979, p. 3 à 24. Cette publication avait déjà fait l’objet d’une diffusion ronéotypée à l’issue du colloque sur les aqueducs romains tenu à Lyon en 1977.
66 Le puits le plus profond, retrouvé près de la porte du Vésuve, descend à 39,25 m, le niveau maximum actuel de l’eau est à 35,75 m.
67 L’aqueduc se terminait à la gigantesque “Piscina Mirabile”, la citerne alimentant le port de Misène (Bacoli).
68 Une installation analogue a été reconnue, très partiellement en raison de la faible étendue des fouilles, dans la cité voisine d’Herculanum.
69 Cf. J. Andreau, Le tremblement de terre de Pompéi, p. 375 et notes 32 à 35.
70 Cet auteur va au delà d’une simple reprise des activités, puisqu’il suppose que la vie active, artisanale et commerçante de Pompei avait, en 79, dépassé celle précédant 62, conclusion excessive et en contradiction avec l’état général de la ville et de ses installations collectives. cf. L’Ultima fase, p. 161 et suiv. voir, à cet égard, les remarques de E. Lepore Orientamenti per la storia sociale di Pompei, Raccolta di Studi per il secondo centenario degli scavi di Pompei, Naples, 1950, p. 202 à 208.
71 M. della Corte, op. cit., p. 275, n. 562-563. Dans le couloir d’entrée se trouvait l’inscription Cor(i)ariano, c’est-à-dire “tanneur”, mot que l’on retrouve dans le français “corroyer”.
72 Par contre les thermes de Stables et les thermes du forum de Pompéi ont été alimentés, jusqu'à l’époque augustéenne, chacun par un puits dont l’eau, recueillie par une machine élévatrice à godets emplissait des réservoirs. Voir la restauration présentée au “Museo della Civiltà Romana” à l’E.U.R. de Rome, salle XXIX.
73 D’autres établissements consommateurs d’eau, comme la grande fullonica située derrière la maison du Poète tragique (en VI,8,20), n’étaient encore que partiellement aménagés et sans relation avec le réseau de distribution.
74 A. Maiuri, L’ultima fase, p. 73-74.
75 H. Eschebach, Die stabianer Thermen, p. 2 et 3 et fig. 1 et 2, démontre de quelle manière les récupérateurs ont pénétré dans les thermes de Stables afin d’y dérober toutes les pièces métalliques.
76 In praediis Iuliae Sp. f. Felicis locantur : “Balneum Venerium, tabernae, pergulae, caenacula…” “dans la propriété de Julia Felix, fille de Spurius, on loue “un bain de Vénus pour gens de qualité, des boutiques avec logement d’étage “et des appartements...” voir les commentaires de M. della Corte, op. cit. pp. 390-391.
77 Toutefois, la partie résidentielle de la maison de Julia Felix, disposait d’un petit réservoir en élévation, destiné à alimenter une petite fontaine de triclinium.
78 W. Chabrol, dans son mémoire descriptif de Pompéi, rédigé lorqu’il était pensionnaire de l’Académie de France à Rome en 1867, résume ainsi certains procédés de fouilles :
« Le second système vivement poursuivi par Murat, consistait à percer et couper la colline suivant les rues qu’on frayait pas à pas devant soi. Mais, en suivant les rues au ras du sol, on attaquait par le bas le côteau de cendre qui les obstruait et il en résultait des éboulements regrettables. Toute la partie supérieure des maisons, à commencer par les toits, s’écroulait dans les décombres, outre mille objets fragiles qui se brisaient ou se perdaient sans qu’on puisse déterminer l’endroit d’où ils étaient tombés ».
Cette narration, parmi d’autres, ne donne qu’une faible idée des dégradations irréparables subies par Pompéi au moins jusqu’aux interventions de G. Fiorelli et explique les difficultés et les erreurs d’interprétations sur l’état de Pompéi à la veille de l’éruption de 79.
79 On pourrait pousser l’analogie plus loin et, sans vouloir provoquer le moins du monde une polémique, car les solutions hâtives en l’occurrence sont condamnables, rappeler qu’au moment où ces lignes sont écrites (juin 1983) des milliers de personnes sinistrées en novembre 1980 vivent dans des constructions provisoires, que des centaines de commerces sont installés dans des baraques foraines et que le cœur d’Avellino (pour ne citer que cette ville) est toujours à l’état de ruine interdit à l’occupation.
80 A. Maiuri, L’ultima fase, p. 93 et pl. XXVII, fig. a. Rappelons l’analogie technique, notée par G. Ch. Picard, observant qu’à la suite de la catastrophe ayant anéanti Carthage au début du IVè siècle, entre autres grands travaux urbains, toutes les conduites souterraines avaient été refaites. (G. Ch. Picard, La Carthage de Saint-Augustin, Paris, 1965, p. 12 à 15 et 41 à 48). Antonino Di Vita a mis en évidence cette catastrophe comme étant une suite de séismes qui en 306 et 310 puis en 365, avaient durement éprouvé les rivages méditerranéens. (Evidenza dei terremoti del 306-310 e del 365 in monumenti e scavi di Tunisia, Sicilia, Roma e Cirenaica, Africa, VII-VIII, 1982, p. 127 à 139).
81 En raison de l’utilisation systématique d’animaux de trait, généralement des ânes, pour actionner les meules, l’espace consacré à la meunerie devait être à ciel ouvert.
82 Cette boulangerie fut, avec celle de la maison de Salluste voisine (VI,2,4), l’une des premières dégagées à Pompéi ; on la trouve dans les dessins de Félix Duban, architecte pensionnaire de la Villa Medicis de 1823 à 1828. L’édifice a été publié par A. Maiuri dans Contributo allo studio dell’ultima fase edilizia di Pompei, Atti del I congresso Nazionale, 1, Rome 1929, p. 161 à 172.
83 M. della Corte, op. cit., p. 156-157 - A. Maiuri, L’ultima fase, p. 170.
84 C.I.L. 3478, 7164, 7963, inscriptions évoquant la participation politique de la corporation des fullones à l’occasion de campagnes électorales.
85 La fullonica de Stephanus en I,6,7, celle de Fabius Ululitremulus en III, 1, 1, celle de Vesonius Primus en VI, 14,22 et l’installation voisine du n. 21 peut-être dépendante de la précédente et celle de L. Veranius Hypsaeus en VI,8,20, cette dernière inachevée en 79.
86 V. Spinazzola, op. cit., vol. II, p. 765 à 785.
87 L’urine était recueillie dans la latrine de la fullonica mais aussi dans des amphores dans lesquelles le passant était invité à se soulager. Une peinture de la fullonica de la rue de Mercure (VI,8,20) représente le piétinement des étoffes (Musée de Naples).
88 Voir la description du traitement des étoffes dans R. Etienne, op. cit., p. 151 à 153.
89 Il convient de noter que la distinction entre les cabarets et les autres commerces n’est pas toujours aisée, en raison de l’usage évident de comptoirs pour tout négoce, mais la présence des dolia à vin, d’un petit fourneau pour les préparations chaudes, d’une réserve d’amphores et surtout d’annonces peintes, permet de nombreuses identifications.
90 V. Spinazzola, op. cit., vol. I, p. 435 à 869 à 970 - A. et M. de Vos, op. cit., p. 104 à 108.
91 M. della Corte, op. cit., p. 291 et 292.
92 J.-P. Adam, Groma et chorobate, exercices de topographie antique, MEFRA, 94, 1982-2, p. 1003 à 1029.
93 Il suffit pour s’en convaincre d’examiner le plan de la maison de Lucretius Franto (V,4,a) et son aspect particulièrement tourmenté, bien que celle-ci n’ait pratiquement pas souffert du séisme puisqu’elle a conservé son décor peint de IIIè style final (second quart du Ier siècle).
94 L'agrandissement d’une maison imposait une distribution des pièces autour d’un espace fournissant la lumière (atrium ou péristyle) donc la recomposition à côté du noyau primitif d’une seconde maison de dimensions comparables, inversement, le simple percement d’une porte permettait de rendre communicantes deux maisons coexistant depuis longtemps.
95 A. et M. de Vos, op. cit., p. 114-115 et fig. p. 113.
96 A. Maiuri, L’ultima fase, p. 168-169.
97 Les charpentiers pompéiens sont signalés par deux inscriptions électorales (C.I.L. 951 et 960) et une peinture figurant un défilé corporatif (au Musée de Naples). Les maçons sont plus discrets puisqu’on ne possède qu’une stèle, celle de Diogènes, qui était une enseigne avec représentations d’outils, retrouvée dans la maison du coq en VII,15,2 (cf. Th. et J.-P. Adam Le tecniche costruttive a Pompei, Pompei, i tempi della documentazione, ICCD, Rome, 1981, p. 102 ; fig. 25). Les peintres ne sont guère mieux connus puisqu’un seul nom est donné par l’inscription Lucius pinxit, peinte sur une couchette du biclinium estival de la maison dite de Loreius Tiburtinus (II,2,2).
98 Temple d’Apollon (VII,7,32), temple dorique (forum triangulaire), temple de la Fortune Auguste (VII.4,1), temple d’Isis (VII,7,28), temple de Jupiter (forum), temple de Jupiter Meilichios (VIII,7,25), temple de Vénus (VIII, 1,3). Un huitième sanctuaire, hors de la ville, fut révélé en 1943 après un bombardement, près de la ligne de chemin de fer à quelque 700 m au Sud-Est de l’amphithéâtre ; ce modeste temple de 14,4 x 8.3 m était consacré, selon le décor de son fronton, à Aphrodite et Dionysos.
99 Ch. F. Richter, Elementary Seismology, 1958.
100 Echelle macrosismique d’intensité de Medvedev, Sponheuer et Karnik de l’Institut de géodynamique d’Iéna.
101 Une unité a été créée, l’erg, permettant d’étalonner l’énergie totale d'un séisme.
102 Bruce A. Bolt, Les Tremblements de terre, Berkeley, 1978, éd. Pour la Science, Paris, 1982, p. 156 à 160.
Notes de fin
1 H.O. Wood et F. Neumann, Échelle d’intensité de Mercalli modifiée en 1931 in Seismological Society of America Bulletin, 53, 5, 1956, pp. 979-987. La version originelle de 1931 de l’échelle d’intensité de Mercalli modifiée est republiée in C. F. Richter, Elementary Seismology, 1958, pp. 137-138.
Auteur
Institut de recherches sur l’architecture antique, CNRS.
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