La céramique attique d’Agde dans le cadre du Languedoc central et occidental
p. 201-207
Texte intégral
Introduction
1Les fouilles menées à Agde en 1938-1939 (Aris 1939 et 1941) ont définitivement mis fin aux doutes sur l’emplacement exact de l’Agàthe des sources littéraires que l’on situait volontiers, jusque là, à Embonne (au Cap-d’Agde). Depuis, la recherche archéologique a donné une consistance certaine à l’influence grecque en Languedoc, comme en témoignent – outre Agde – des sites comme La Monédière à Bessan (Nickels 1989, avec bibliographie antérieure), la nécropole de Saint-Julien à Pézenas (Nickels 1990, avec bibliographie antérieure), ou encore Béziers (Ugolini 1995 et Olive/ Ugolini 1997, avec bibliographie antérieure) et, notamment, les travaux d’A. Nickels dans la basse vallée de l’Hérault ont fourni les premiers éléments concrets et fiables pour en évaluer l’impact, sûrement déterminant, dans la région.
2La céramique attique découverte en ce lieu précis qu’est la colonie d’Agde peut donner un écho à la question. Ainsi, on trouvera ici une première analyse des évolutions chronologique, quantitative et qualitative des apports attiques : cette étude préliminaire ayant pour but de mettre en évidence les principales tendances générales de ce commerce et de proposer des comparaisons avec les autres sites de la région, pour une approche plus détaillée des échanges. On pardonnera donc quelques brèves incursions dans les VIe-Ve s.
1. La base de données
3La base de données est disparate et forcément de qualité inégale. Concrètement, elle comprend 224 fragments – correspondant à un peu plus d’une centaine de vases1 – recueillis en divers points de la ville (fig. 1), dont les deux tiers proviennent de contextes stratigraphiques fiables.
4Il s’agit de fragments provenant de l’habitat : ils sont donc très souvent en menus morceaux. Le décor est souvent illisible ou très incomplet, ce qui rend impossible ou tout au moins prématurée une approche d’ordre stylistique de ce lot.
5Cet ensemble, il faut bien le dire, n’est pas très important comparé à ceux qui ont été exhumés ailleurs : par exemple plus de 700 fragments à la Monédière, plus de 800 à Montlaurès, plus de 2000 à Ensérune et plus de 2000 à Béziers. En regard de la masse documentaire disponible sur ces sites, les fragments d’Agde ne peuvent suffire à l’appréciation réelle du rôle qu’a pu jouer la colonie dans la distribution languedocienne de ces céramiques importées, mais peuvent au moins fournir quelques indications.
2. Chronologie et caractéristiques des apports
6Sur la base du nombre minimal de pièces attestées (NMI =116 vases) (fig. 2), on voit que la plus grande quantité de céramique attique est arrivée à Agde entre 450 et 325 av. J.-C., avec une pointe très évidente dans le premier quart, voire dans la première moitié, du IVe s. Le VIe s. et la première moitié du Ve s. sont très peu représentés.
7Du point de vue de la répartition “par styles” (fig. 3), on remarque que la très grande majorité des pièces est à vernis noir lisse, comme partout ailleurs en Languedoc occidental.
8Les vases à vernis noir décoré apparaissent dans le troisième quart du Ve s., mais c’est vers la fin du siècle qu’ils sont légèrement plus nombreux.
9La céramique à figures noires n’est attestée que par un unique fragment – par ailleurs illisible – alors que celle à figures rouges n’apparaît que vers 450/425 av. J.-C., mais c’est dans le courant du premier quart du IVe s. que l’on a les vases peints les plus nombreux (au total 14). Quant aux peintres, A. Nickels a reconnu, sur deux fragments de cratère issus des fouilles de la rue Perben, la main du “Retorted Painter” (Nickels 1995, fig. 13, 8). On peut encore souligner que l’essentiel des fragments lisibles (de la première moitié du IVe s.) se rapporte à des images très incomplètes de jeunes gens drapés.
10Les vases présentant des décors surpeints sont rares : une ou deux coupes à frise végétale avec des rehauts blancs, un fragment de skyphos que l’on peut rattacher au groupe identifié par M. Picazo et P. Rouillard (Picazo/Rouillard 1976) et un autre de la classe de Saint-Valentin, ainsi que les deux fragments déjà mentionnés du cratère en cloche à rehauts blancs et jaunes attribué au “Retorted Painter”.
11Du point de vue des formes (fig. 4), les coupes sont sans doute les plus nombreuses.
12Les coupes à tige ne sont présentes que dans les niveaux de la fin du VIe s. ou de la première moitié du Ve s. Il s’agit alors de coupes de type C, de coupes de Vienne et de coupes de l’Acropole. Un seul fond de coupe de type Β est attesté pour le premier quart du IVe s.
13La forme la plus courante est sans doute la coupe à pied bas, le plus souvent à vernis noir lisse. Elle apparaît vers le milieu du Ve s. et reste la forme préférée jusqu’au premier quart du IVe s. Il s’agit souvent de coupes dites de Castulo (ou “inset lip” de Agora XII, n° 469-473) ou de coupes à courbure continue parfois peintes. Quelques pièces de la “delicate class” avec ou sans décor sont aussi présentes.
14Les skyphos, peu courants, appartiennent plutôt au premier quart du IVe s.
15Canthares, coupes-skyphos et coupes à une anse ne semblent pas avoir joui d’une grande faveur.
16Les Bolsals apparaissent vers la fin du Ve s., mais c’est dans le courant du second quart du IVe s. qu’ils deviennent plus nombreux, ainsi que les bols (ou coupes sans anses) et quelques plats, qui sont surtout des plats à poisson.
17Parmi les vases de petite taille, on peut noter la présence discrète, mais régulière dès la fin du Ve s., de salières et de petits bols.
18Les vases fermés sont représentés par quelques fragments de lécythe aryballisque à décor réticulé et par un col de pélikè à décor d’oves.
19Les vases de grande taille se signalent par quelques fragments de cratères en cloche et, peut-être, d’un cratère en calice, tous datables entre la fin du Ve s. et la fin du IVe s., alors que la présence de deux amphores peut-être à vernis noir (?) dans le courant de la première moitié du Ve s. est remarquable.
20Les lampes sont au nombre de deux et elles sont du IVe s.
3. La céramique attique d’Agde et son contexte archéologique
21Le nombre de fragments retrouvés est donc relativement réduit. Cela veut-il dire qu’il y a eu peu de céramique attique sur ce site ? ou bien est-ce la conséquence d’une activité archéologique somme toute limitée ? La question n’est pas du tout secondaire puisque, traditionnellement, l’existence de la colonie a fait supposer qu’elle avait joué un rôle capital non seulement dans ce qu’il est convenu d’appeler l’hellénisation des peuples de la région, mais aussi dans la diffusion de la céramique attique – censée participer de ce même phénomène – auprès des communautés indigènes. Le seul moyen d’évaluation à notre disposition est celui d’aborder les contextes de découverte.
22Les indications utilisables proviennent essentiellement de deux fouilles : celle de la rue Perben et celle du Square Picheire (fig. 1, n° 2 et 3).
23Pour la petite opération de la rue Perben (Nickels 1995) – qui couvrait une surface de 14m2 d’après les comptages effectués (Garcia 1995) sur un total de 539 fragments de vaisselle, 12 % sont attiques au début du siècle et 10 % à la fin. La deuxième opération, celle du Square Picheire, a intéressé une surface beaucoup plus importante : près de 150 m2. Les comptages que j’ai effectués sur le mobilier des niveaux du IVe s. montrent des occurrences de céramique attique moins importantes : 5,5 % sur 1241 fragments de vaisselle et 6 % des vases.
24Ces données, issues de deux fouilles très proches l’une de l’autre, sont manifestement très différentes. Le hasard ou, plutôt, l’étendue de la fouille, et donc la plus ou moins grande richesse de l’échantillon, expliquent sans doute ces divergences qui sont tout de même embarrassantes parce que l’on passe du simple au double. Quoi qu’il en soit, que l’on se situe plutôt vers 5 % ou plutôt vers 10 %, cela est de toute façon très largement inférieur aux taux de Marseille (Gantès 1992) ou d’Emporion, où l’on constate toujours des présences supérieures à 20 % des fragments de vaisselle. Certes, ces deux villes bénéficiaient de ports plus importants et fréquentés que celui d’Agde, mais la relative faiblesse des taux agathois pourrait aussi confirmer une hypothèse que j’ai déjà avancée ailleurs, à savoir que Marseille ne redistribuerait que de façon limitée – même dans ses propres comptoirs – la céramique attique qu’elle reçoit pourtant en grande quantité (Ugolini/Olive 1995). Dans cette optique, il serait intéressant de comparer, par exemple, avec Olbia de Provence. Bien sûr, cela soulève aussi la question du sens qu’il faut attribuer à l’installation grecque d’Agde : d’après Strabon (IV-1, 5-6) elle était avant tout destinée à assurer une défense militaire du domaine sous influence massaliète et il se peut donc que, pendant les premiers temps de l’établissement, les rudes soldats marseillais se soient peu souciés de “belle vaisselle” et de commerce.
25S’il est donc difficile à l’heure actuelle de mettre Agde sur le même plan que Marseille et Emporion en tant que centre des arrivages de céramique attique sur le littoral méditerranéen de la Gaule, que peut-on dire de ces taux par comparaison avec les autres sites du Languedoc occidental ? Il faut bien souligner que les données chiffrées utilisables pour cette période sont encore particulièrement rares.
26A titre d’exemple, et en ne prenant en compte que des sites d’une importance certaine dont la situation géographique est d’ailleurs légèrement en retrait par rapport à la côte, à Montlaurès (Aude), les seuls niveaux du IVe s. disponibles pour des comptages de ce genre ont été fouillés récemment par Mme C.-A. de Chazelles : ils présentent des taux de l’ordre de 2,2 % des fragments de vaisselle, mais 8 % des vases. Malheureusement, il ne s’agit que d’une indication puisque ce mobilier provient du comblement du fossé et pourrait ne pas être véritablement représentatif de l’habitat contemporain, même s’il se base sur un lot de vaisselle assez important (2040 fragments et 144 vases). Pour Béziers (Hérault) on peut retenir une moyenne de 6 % des fragments et de 8 % des vases (Ugolini 1995 ; Ugolini/Olive 1997). Les sondages effectués à Mèze (Hérault), sur la côte et immédiatement à proximité d’Agde, restituent une moyenne indicative de l’ordre de 2 % des fragments de vaisselle et de 3 % des vases (Rouquette/Ugolini 1997).
27Ces données amènent deux remarques : d’une part les taux d’Agde grecque semblent se situer dans la moyenne des sites “riches” (c’est-à-dire bénéficiant d’un niveau de vie élevé) de la région et n’indiquent ni une particulière abondance, ni une évidente surconsommation de produits attiques ; d’autre part la position strictement maritime des sites ne semble pas être une condition essentielle de la plus ou moins grande abondance de céramique attique. D’autres critères entrent sûrement en jeu, comme l’importance des sites eux-mêmes, leur niveau de vie, ou leur position stratégique sur une voie de communication, les trois choses étant sans doute liées.
4. Agde et la distribution de céramique attique
28Peut-on dire, malgré tout, que la colonie d’Agde a eu un rôle dans la diffusion des produits attiques en Languedoc au IVe s. ? La réponse ne peut venir que de l’analyse des sites qui lui sont géographiquement proches – dans la basse vallée de l’Hérault – et/ou de ceux pour lesquels on a supposé des liens économiques précis avec le comptoir agathois, dans la moyenne vallée du fleuve. On ne tiendra compte ici que du mobilier sûrement attribué à la période qui va de la fin du Ve s. à la fin du IVe s. (fig. 5).
29Pour la basse vallée, à Mèze – petit établissement probablement portuaire sur l’étang de Thau – les données actuellement disponibles montrent que la consommation de céramique attique y est plus faible qu’en Agde (Rouquette/Ugolini 1997). En remontant le cours de l’Hérault, on retiendra que le site de La Monédière (Bessan) est très largement déserté à partir de la fin du Ve s. (Nickels 1989). Une soixantaine de fragments appartiennent pourtant à une période globalement comprise entre 425 et 375 av. J.-C.2. De l’oppidum de Cessero (Saint-Thibéry), proviennent huit fragments à figures rouges et douze à vernis noir3. Pour la moyenne vallée, de l’oppidum d’Aumes (Jully 1983, 608-612) proviennent huit tessons à figures rouges et un fragment de canthare à poucier avec un décor surpeint ainsi que six tessons à vernis noir. Au Pioch Crochu (Saint-Bauzille-de-la-Sylve) on a recueilli une vingtaine de fragments à vernis noir dont au moins une partie datés de la fin du VIe s. (Garcia 1993, 180-182). De l’oppidum de La Ramasse à Clermont-l’Hérault (Garcia 1993, 180) proviennent une dizaine de fragments à figures rouges encore inédits et une vingtaine de fragments à vernis noir. De Mourèze proviendrait une anse de coupe (Jully 1983, 1303), de Saint-Gervais (Plaissan) quelques fragments à vernis noir informes (Garcia 1993, 182) et des Roquets (Saint-Etienne-de-Gourgas) un fragment à vernis noir est issu d’un contexte du Ve s. (Garcia 1993, 182).
30Au total, la basse vallée de l’Hérault restitue moins de 90 fragments attribuables à cette période dont la majorité sont concentrés à La Monédière et ne dépassent pas le premier quart du IVe s. Pour la moyenne vallée, on dispose d’une soixantaine de fragments répartis sur tout un siècle et dispersés sur six sites différents.
31Dans l’état actuel de la documentation, la céramique attique ne semble pas avoir fait l’objet d’une distribution capillaire et abondante dans l’arrière-pays d’Agde. S’il y a eu échange entre le comptoir massaliète et les sites indigènes du couloir héraultais, la céramique attique n’en était sûrement pas au centre. Certes, l’inégalité des recherches archéologiques ne doit pas être sous-estimée, mais rappelons que La Ramasse (le plus fouillé des sites de la moyenne vallée, et en des temps très récents) n’a restitué qu’une trentaine de fragments alors qu’il se trouve seulement à 35 km au nord d’Agde et quant à Aumes, à une quinzaine de km, s’il n’a fait l’objet que de quelques sondages, il a été beaucoup prospecté.
32Dès qu’on quitte les abords immédiats de la Méditerranée les apports se font de plus en plus rares et il est possible qu’il s’agisse davantage d’un éloignement “culturel” que géographique : il n’est en effet pas évident qu’il soit plus facile d’atteindre Mailhac (dans l’immédiat arrière-pays audois, où l’attique est relativement abondante : voir Jully 1983, II-1, 434-464) que la moyenne vallée de l’Hérault. La diffusion demeure donc ici aussi – et malgré la présence d’une colonie – un phénomène essentiellement côtier, comme cela est en général le cas pour toutes les céramiques et autres objets d’importation (Ugolini/Olive 1995, 256-257), l’attique se trouvant concentrée sur des sites dont l’importance – disons “économique” – est certaine.
33Malgré tout, Agde était un port, sans doute le meilleur de la région à cette époque, et l’attique y arrivait. Si le comptoir ne l’a pas vraiment distribuée vers son arrière-pays, son effort a pu se tourner vers le Languedoc occidental, où l’on sait depuis toujours qu’il y en a “beaucoup”4. C’est une vieille hypothèse, chère à A. Nickels, développée récemment par A.-F. Laurens et M. Schwaller (Laurens/Schwaller 1989), que C. Dubosse a rappelée lors de ce colloque à propos d’Ensérune et à laquelle le graphique de la figure 6 pourrait donner un peu de corps. Le graphique montre les tendances générales de la céramique attique dans la région entre le Ve et la fin du IVe s. Si pour le Ve s. La Monédière et Béziers jouent un rôle qui laisse Agde de côté, le mouvement à la baisse qui frappe tous les sites au siècle suivant fait deux exceptions : d’un côté Ensérune et de l’autre Agde, qui sont les seuls à montrer une pointe dans le premier quart du IVe s. Toutefois, C. Dubosse nous a appris que les taux élevés d’Ensérune se maintiennent dans le deuxième quart du siècle, ce qui ne semble pas être le cas d’Agde. Certes, la base documentaire agathoise est limitée et l’image ne peut être qu’indicative.
34Plus troublante me semble la question de la quantité de céramique attique arrivée en Agde, qui ne reflète pas vraiment l’abondance que l’on attendrait dans un site portuaire et où sont pratiquement absents pour le moment les graffiti des commerçants (un seul graffiti connu à ce jour : – ΑΠ – sous un petit bol, de surcroît daté de la fin du Ve s. (Jully 1983, I, 693).
5. Le faciès de la céramique attique d’Agde dans le cadre du Languedoc occidental
35S’il est sans doute encore tôt pour aborder la question avec précision, on peut malgré tout tenter quelques remarques préliminaires.
36Pour ce qui concerne les peintres attestés l’échantillonnage est manifestement insuffisant, mais l’on observe au moins que les tendances générales sont grosso modo conformes à ce que l’on constate sur les autres sites, à savoir :
prépondérance des vases à vernis noir lisse,
augmentation des vases à figures rouges dans le premier quart du siècle,
écrasante majorité de vases à boire, notamment toutes les formes de coupes à pied bas,
rareté relative du skyphos et du canthare,
abondance des bols,
cratères, notamment en cloche, plus nombreux dans le premier quart du siècle, et rareté de ceux en calice,
et enfin, en général, éventail de formes assez varié.
37Tout cela s’intègre parfaitement dans le cadre languedocien (Ugolini/Olive 1995) et même, après les contributions sur Arles, Lattes, ou même Marseille, le faciès attique d’Agde me semble conforme à ce que l’on observe généralement dans le Midi (Roussillon mis à part), mais soulignons encore une fois que la documentation ne permet pas de saisir pleinement le rôle que le comptoir grec aurait pu jouer dans sa zone d’influence directe. J’ai essayé de montrer ailleurs (Ugolini/Olive 1995, 251-258) que la diversité des apports en Languedoc occidental était la marque de l’absence d’un quelconque monopole commercial5 et, pour le IVe s. comme pour le siècle précédent, se pose la question du/des fournisseur(s). Certaines formes et classes de céramique attique semblent beaucoup plus répandues en Ibérie que dans le Midi de la Gaule : cela est le cas, par exemple, pour les skyphos surpeints (Picazo/Rouillard 1976). Encore très présents à Ruscino, ils le sont beaucoup moins en Languedoc et à Agde un seul fragment s’y rapporte : peut-on considérer que celui-ci a accompagné des amphores ibériques, qui représentent dans la colonie près de 12 % des amphores ? Et que dire des lampes ? Bien représentées à Béziers (3 % des individus attiques du IVe s.) elles semblent désormais l’être aussi à Agde de façon analogue (3 % des individus attiques du IVe s.)6, alors que dans les sites de la vallée du Rhône, elles sont relativement peu représentées (Ugolini 1993).
Conclusion
38Pour conclure provisoirement, il apparaît d’une part qu’Agde est bien insérée dans sa région du point de vue des importations attiques et d’autre part que l’occurrence des formes utilisées ici recoupe parfaitement celle des autres sites languedociens. En d’autres termes, son faciès “attique” ne témoigne pas d’une consommation différente, ou qui serait “plus grecque”, que celle des habitats contemporains de la région7.
39Les arrivages de ces produits sont relativement modestes en regard de l’essence même du site (comptoir grec et port) et vont de pair avec l’extrême rareté des graffiti de marchands. Tout cela masque son éventuel rôle redistributeur, qui pour le moment n’apparaît pas de manière éclatante, mais qui aurait pu davantage s’exercer vers le Languedoc occidental que vers son arrière-pays.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 La céramique attique issue des fouilles menées en Agde par R. Aris et G. Claustres (56 fragments) – conservée au Musée d’Agde – provient, pratiquement en vrac, de plusieurs sondages différents pratiqués au Plan Cécile (fig. 1.6), à la Glacière (fig. 1.7) et au bas de la rue Perben (ancienne Rue des Accoules, fig. 1.1) : ces fragments ont déjà été étudiés et publiés par J.-J. Jully (Jully 1983). Pour les fouilles et recherches récentes, 23 fragments ont été récupérés par M. Adgé lors de travaux d edilité au n° 29 de la rue Roger, sous l’actuelle Casa Pepe (fig. 1.5) : certains seulement de ces fragments ont été pris en compte dans Jully 1983 ; trois fragments proviennent du sondage effectué par A. Nickels dans la cave du n° 27 de la même rue (Nickels 1976 ; fig. 1.4) ; des fouilles dans un jardin de la me Perben (fig. 1.3) proviennent une quarantaine de fragments (Nickels 1995) et une centaine ont été exhumés à proximité lors de l’opération menée par A. Nickels au Square Picheire en 1988 (fig. 1.2). Les recherches sub-acquatiques menées par le GRASPA dans le fleuve Hérault (fig. 1.9 : lieu exact non précisé) ont permis de retrouver un fragment déjà pris en compte dans Jully 1983. Je n’ai pas intégré à ce travail la céramique attique provenant des fouilles d’A. Nickels au rempart, près de l’ancienne Poste (fig. 1.8).
2 39 fragments à figures rouges répartis comme suit : 1 skyphos, 3 coupes-skyphos, 34 coupes, 1 cratère en cloche ; 17 fragments à vernis noir lisse : 1 coupe à pied bas, 3 coupes-skyphos, 1 Boisai, 1 ou 2 skyphos, 5 salières, 1 lékanis, 2 plats, 1 canthare, 1 lécythe aryballisque ; 8 fragments à vernis noir estampé : 7 coupes à pied bas, 1 bol.
3 Fragments à figures rouges : 5 cratères en cloche, 1 coupe à pied bas, 1 skyphos et 1 canthare de Saint-Valentin ; fragments à vernis noir : 4 coupes de Castulo, 1 coupe à décor estampé et guillochis, 1 skyphos et 6 indéterminés dont un décoré.
4 Sur le sens qu’il faut donner à cette abondance et sur les difficultés d’appréciation, voir Ugolini/Olive 1995, 248-250.
5 Cette idée a été développée pour la première fois par J.-J. Jully (Jully 1983, II-1), mais sur la base d’arguments auxquels nous ne souscrivons pas toujours.
6 Rappelons toutefois que Béziers a bénéficié à cette époque du complément des lampes en pâte claire (Ugolini 1993), alors qu’elles sont pour le moment absentes des contextes agathois contemporains.
7 Ainsi, la très grande abondance des vases à boire (coupes) notamment à vernis noir, jointe à un répertoire de formes réduit, est souvent évoquée à l’appui du “faciès indigène” de la consommation des vases attiques. En fait, la question n’est pas si simple car il apparaît de plus en plus évident que c’est la prise en compte des vases attiques issus des nécropoles qui provoque la diversité des formes sur certains sites (comme par exemple à Emporion), alors que dans les habitats occidentaux (grecs ou non) la coupe à vernis noir est toujours le vase le plus représenté.
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La céramique attique du IVe siècle en Méditerranée occidentale
Ce livre est cité par
- Sanmartí, Joan. (2020) A Companion to Greeks Across the Ancient World. DOI: 10.1002/9781118341339.ch18
- KAMGAING, Pierre-Claver. (2022) À propos de grands oublié·e·s du nouveau Code pénal camerounais. ADILAAKU. Droit, politique et société en Afrique, 2. DOI: 10.46711/adilaaku.2022.2.1.14
Ce chapitre est cité par
- Ugolini, Daniela. (2018) The Greeks West of the Rhone (F). Genesis, Evolution and End of a Greek Area. Journal of Greek Archaeology, 3. DOI: 10.32028/jga.v3i.528
La céramique attique du IVe siècle en Méditerranée occidentale
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