Les céramiques archaïques du sanctuaire Carien de Labraunda. Vue d’ensemble
p. 31-33
Note de l’éditeur
(Pl. VIII-XI)
Texte intégral
1Grâce à l’étroite et amicale collaboration avec le Professeur Gösta Säflund il nous est possible de présenter un bref aperçu des céramiques archaïques du sanctuaire Carien de Labraunda.
2Il s’agit de documents qui ont été recueillis au cours des fouilles suédoises qui ont eu lieu sur le site entre 1949 et 1953. Ces fouilles ont permis de découvrir le plus ancien bâtiment de culte de ce sanctuaire de Zeus des Armées, les Propylées et des « terrasses ». Les traces d’incendie qui ont été reconnues sont datables — semble-t-il — de 497, c’est-à-dire du moment où les Cariens, qui avaient fait cause commune avec la révolte de l’Ionie, ont été, à deux reprises successives, vaincus.
3Les quatre groupes principaux de céramiques archaïques, qui proviennent du « grand et saint bosquet de platanes » (Hérodote V, 119), sont constitués par des pièces du type dit, parfois, « subgéométrique », par des céramiques « orientalisantes », par des exemplaires de poteries communes d’Anatolie occidentale et par de la céramique attique à figures noires.
4a) Le groupe des vases à décor « subgéométrique » comprend trois sous-groupes : 1) les exemplaires à fond clair et à décor peint sur engobe blanc ou bien sans engobe (bol à oiseau : fig. 1-1, coupe à métope(s), skyphos à chevrons) ;
2) les exemplaires caractérisés, sur leur face interne, par une polychromie (bol à marli, coupe à filets blancs, bruns, rouges, plat à chevrons, plat à tige avec prise latérale du type à bobine — lug — et avec un ornement de chevrons et de points sur engobe blanc) ;
3) les exemplaires à fond sombre et décor clair (plat à tige avec même type de prise latérale que celle qui a été mentionnée précédemment).
Une datation à la fin du VIIe s. semble pouvoir être retenue pour le bol à oiseau qui est proche des exemplaires du groupe « d » de Robertson (JHS, 60, 1940, p. 13).
5b) Les vases « orientalisants » ont été subdivisés en trois sous-groupes : 1) les exemplaires de style « Rhodien » soit à décor zoomorphe soit à décor linéaire (seul conservé). Dans le premier cas il s’agit d’un sphinx sur ce qui était, peut-être, un couvercle de pyxis (fig. 1-3) et du décor du style « Wild Goat » sur oenochoè, par exemple sur les exemplaires reproduits sur les fig. 1-2 et 2 a, b. Dans le cas des pièces à décor linéaire nous signalons les formes suivantes : plat avec grecque au bord ou bien registres de groupes de traits parallèles et plat à tige haute avec grecque aussi ou encore avec, à l’intérieur, au centre, un décor curviligne très simple et très schématisé.
Le type élégant du sphinx paraît pouvoir être rangé parmi les pièces qui sont encore du VIIe s. et faire partie même du groupe Middle Rhodian I de R. M. Cook (Gnomon, 37, 1965, p. 506). Le type de Wild Goat à dessous de ventre réservé (fig. 1-2) est datable vers 600 (J. Boardman). Les fragments de même style avec fleur de lotus à cinq éléments sont à rattacher au Late Rhodian de R. M. Cook (ABSA, 34, 1933-34, p. 77, 78) : voir notre fig. 2 a, b ;
2) style de Fikellura : il ne s’agit que d’un très petit nombre de minuscules fragments avec, notamment, le décor de croissants ou de larges barres juxtaposées ;
3) imitations « provinciales ». Parmi ce sous-groupe il est possible de signaler deux types de décor qui se trouvent, principalement, sur la forme du dinos : α) décor zoomorphe : restes d’un quadrupède à droite sous des languettes avec traits intercalés ; lion à gauche au-dessus de rangs horizontaux de chevrons ; taureau accompagné d’énormes motifs — rosette à tige (stalked rosette), grossière tresse verticale (fig. 4) ; lion de type assyrianisant — gueule ouverte — face à un taureau d’un type original (fig. 3-2), composition antithétique qui, dans ce cas précis, n’est pas sans rappeler ce qui est connu à Chios (J. Boardman) ; ces deux dernières pièces sont datables du VIe s. ;
β) décor anthropomorphe : exemplaire avec incision et retouches violettes : cavalier bras droit levé (ayant tenu un javelot ?) avec, face à lui, encolure de cheval à droite (fig. 3-1) : environ 600 ;
6c) Poteries communes d’Anatolie occidentale. Quatre sous-groupes ont été retenus : 1) exemplaires à décor végétal (plat à tige à feuilles de lierre, plat à fleur et bouton de lotus, oenochoè à grandes feuilles effilées sur l’épaule) ;
2) fragments avec un décor autre que des bandes : cratère avec rectangles et filets, oenochoè avec, sur l’épaule, des arêtes pleines, pendantes, grande coupe à ligne ondée ;
3) pièces avec bandes/filets provenant de vases pour boire pour l’essentiel : coupes à courbure continue, bols de divers types, skyphos du type de ceux de Sardes, c’est-à-dire présentant d’une part sous le bord une zone réservée, d’autre part sur la paroi, en dessous de la zone, une peinture striée ; parmi les autres formes de la vaisselle de table on peut mentionner des fragments de plats et des plats à tige haute ainsi que, pour ce qui est des petits vases de toilette, des pots à onguent d’un type parfois semblable à l’exemplaire en terre monochrome grise de la sépulture 244 de Pithécusses, vase qui se trouvait en association avec du corinthien moyen ; à part il faut ajouter la catégorie assez bien fournie des coupes « ioniennes » avec les divers types formels déterminés par G. Vallet et F. Villard bien que, parfois, des chevauchements de caractéristiques d’un type à l’autre semblent pouvoir être reconnus ;
74) vases sans décor, tantôt avec enduit uniforme, tantôt sans peinture : dans le premier cas il s’agit de bols de divers types, de la forme du skyphos du type de ceux de Sardes, à pâte dure et peinture, le plus souvent sur les deux faces, du pot à onguent et du lydion avec méplats sur le corps comme sur les lydia de Sardes ; un seul askos peut également être rangé ici ; dans l’autre cas les exemplaires sans peinture possèdent les mêmes formes que celles qui ont été mentionnées précédemment avec, en plus, celle du lekythos et, en moins, celle de l’askos.
8d) Céramique attique à figures noires.
La seule forme qui soit fréquente est celle de la coupe et le type le plus ancien sur le site, celui de la coupe de Siana, n’est pas rare (14 fragments) avec, notamment l’image d’un hoplite portant le casque corinthien et se protégeant avec un bouclier béotien ; la coupe à lèvre n’est représentée que par un fragment ; celle des petits maîtres, par contre, est très fréquente (61 fragments) ; parmi les coupes du dernier tiers du VIe s. ou de la fin de ce siècle seules celles de Droop (10 fragments) et à yeux (19 fragments) sont assez bien représentées ; toutefois la coupe de Cassel (1 fragment), celle à palmettes (9 fragments) et celle à rameau de points (2 fragments) ne sont pas absentes à Labraunda. Une coupe-cotyle avec sphinx et datable du dernier quart du VIe s. ou du début du Ve s. peut être également signalée ainsi que 37 fragments de la forme du skyphos.
***
9La chronologie des céramiques archaïques qui sont représentées sur le sanctuaire Carien de Labraunda est comprise entre les dernières décennies du VIIe s. et le début du Ve s. La période qui nous paraît être la plus favorisée est le VIe s. dans sa totalité. C’est alors en effet que la plus grande variété de séries de céramiques est attestée à Labraunda.
10En conclusion il faut remarquer l’absence de céramique corinthienne bien que certains fragments de skyphoi à décor linéaire semblent pouvoir être rapprochés d’un type corinthien de skyphos. Le calice de Chios est également absent. Mais il est remarquable que l’on puisse reconnaître l’existence à Labraunda de pièces du VIIe s. finissant avec des éléments ornementaux de style Ephésien (fig. 1-3 et fig. 2 a) ainsi que la présence, pour le VIe s., de deux formes lydiennes — le lydion et le skyphos — puis une relative fréquence de coupes attiques à figures noires.
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