Chapiteaux ioniques de la Sicile méridionale1
p. 10-52
Texte intégral
11.1- La riche moisson d’éléments architecturaux provenant de la Grande Grèce et de la Sicile pose bon nombre de questions quant à leurs origines, aux voies de leur cheminement, voire même à la manière dont ils ont acquis de nouveaux traits particuliers — ou qui peuvent paraître tels — au cours de leur développement local. Une connaissance plus détaillée de cet ensemble est d’autant plus souhaitable que, pour la compréhension de chaque pièce examinée, s’avère nécessaire la référence constante à la grande variété morphologique rencontrée dans la zone qui nous intéresse, rendue plus complexe encore par la disparition de plus d’un maillon dans la chaîne de transmission des influences.
21.2- Le groupe de onze chapiteaux présenté ici comprend huit exemplaires inédits (ci-dessous III-VI et VIII-XI), les autres ayant été sommairement édités ou simplement mentionnés (c’est aussi le cas de IX et X)1. Bien que cet ensemble ne couvre pas la totalité des chapiteaux connus ou signalés2 et que certains exemplaires ne soient que brièvement ana lysés (VIII-XI)3, nous espérons pouvoir démontrer que les pièces inédites apportent de nouveaux éclaircissements portant sur l’interprétation de celles qui sont déjà connues. Sans vouloir anticiper sur les conclusions, il faut pourtant remarquer dès maintenant que, à travers une relativement grande diversité morphologique, il est possible de distinguer d’une part des groupements typologiques fondés sur des traits assez particuliers et, d’autre part, des caractères communs qui établissent des corrélations ne manquant pas d’intérêt.
31.3- Remarquons dès le départ les deux coordonnées qui se dessinent dans toute analyse raisonnée du chapiteau ionique : la composition du volume général (valeur et agencement des masses constitutives) et la plastique du détail, définie par les solutions sculpturales.
4La première s’exprime d’une manière objective par l’intermédiaire des rapports qui peuvent être établis entre les dimensions des différents éléments composants, facilitant ainsi l’examen comparatif de plusieurs pièces : la seconde, pour rester aussi objective, est amenée à s’exprimer par des réponses de type bipolaire (oui ou non) à la question si telle ou telle solution sculpturale se retrouve ou non parmi les éléments de la plastique du détail ou, ce qui revient au même, si elle a été employée ou non par le sculpteur pour la finition de sa pièce. Il est vrai que, de cette manière, on introduit dans la discussion le facteur subjectif de la création, avec toute la difficulté qui en résulte pour faire le partage entre originalité, influence subie ou simple imitation. Cette difficulté peut être dépassée dans la phase de l’analyse en dressant, grâce à des descripteurs concis et univoques, l’inventaire de tous les caractères sculpturaux rencontrés au cours de l’examen individuel des pièces à étudier4.
5Dans les descriptions qui suivent nous nous contenterons de signaler ce qui nous paraît essentiel, laissant aux images la tâche de compléter la vision d’ensemble.
62.1a- I et I A. GELA. Antiquarium. Deux chapiteaux de colonne, trouvés en même temps qu’un chapiteau de pilastre (ante ?), dans une citerne à l’ouest du Musée5 (Pl. I, fig. 1 ; pl. II, fig. 2 ; pl. XI, fig. 3).
7Les deux exemplaires se caractérisent par les proportions allongées de l’ensemble et du plateau6 ; les volutes ont un diamètre horizontal relativement petit, mais elles sont largement développées7.
8L’ampleur inhabituelle accordée à l’abaque et à l’échiné est un trait caractéristique de ces deux chapiteaux ; le décor de cette dernière est composé d’oves très allongés, à petites pointes de flèche intermédiaires, ce qui les rapproche de certains exemplaires du haut archaïsme, sans y retrouver pourtant des bordures aussi épaisses ou un relief aussi plat8. L’échine est découpée en haut par un plan horizontal et son volume se rapproche d’un segment de sphère. Les deux exemplaires diffèrent par le nombre d’oves sculptés entre les volutes, cinq pour I et six pour I A. Une partie du fût est attachée au chapiteau au moyen d’un astragale traité en collier de perles et pirouettes pour I, en simple tore pour I A. Les palmettes, réduites à trois feuilles9, sont situées dans le creux ménagé entre l’échine et le listel inférieur du canal et ne dépassent pas le plan de ce dernier. Le canal, convexe, bordé par deux listels arrondis, est infléchi au centre ; entre le listel supé rieur et l’abaque s’amorce un plan incliné qui sépare le corps du chapiteau de son couronnement. Ce plan incliné qui fait fonction de pièce de transition, allonge le plateau ; le balustre est quasi cylindrique et son infléchissement dans le plan renversé suit le lit de pose, découpant l’échiné selon un arc de cercle. Les oves des abaques présentent, bien qu’en moindre proportion, le même caractère allongé que ceux de l’échin et le même type de pointes de flèche, réduites en hauteur. L’abaque de l’exemplaire I présente, sur le lit d’attente, une incision parallèle à la face principale, dont elle est séparée par une distance de 65 mm. A part une incision similaire, située à 58 mm. de la face principale, le lit de pose de I A présente aussi une dépression peu profonde, suggérant l’emplacement d’un ex-voto. L’abaque de I A se remarque par le fait qu’il est constitué en pièce séparée, ce qui pourrait s’expliquer par un accident (éclatement du bloc ?) au cours de la taille. Cette hypothèse nous paraît être appuyée aussi par la différence des hauteurs qu’il présente sur les deux faces principales : 68 et 85 mm. Le tracé des volutes diffère d’un exemplaire à l’autre et sur les deux faces du même exemplaire, laissant l’impression que dans chaque pièce une d’elles a été traitée avec moins d’attention. Ainsi, pour l’exemplaire I, sur chacune des faces les volutes de gauche ont deux tours et demi, tandis que celles de droite en ont seulement deux. La même différence est visible sur la face à « boutons de lotus » de l’exemplaire I A, tandis que sur l’autre face les deux volutes s’enroulent de la même façon et leur listel a un profil plus accentué.
92.1b- II. PALERME. Musée, n. 324, provenant de Sélinonte (Pl. III, fig. 4 ; pl. XII, fig. 5 ; fig. 6). L’état de conservation, fragmentaire, est limité à un balustre, une volute presque entière et à une partie de l’échine et du fût rattachée10.
10Toute la zone centrale est perdue, de sorte que nous ne pouvons pas nous prononcer avec une totale certitude sur l’agencement et les proportions d’une partie des éléments qui constituaient la face principale, ce qui nous amène à en présenter deux variantes de restitution, les plus probables, croyons-nous, parmi d’autres possibles (fig. 5 et 6).
11Les parties conservées permettent toutefois l’établissement d’une image assez claire de ce que devaient être les proportions caractéristiques du chapiteau : assez trapu, mais ayant un plateau relativement allongé,11 conséquence de l’élargissement du lit de pose par l’intermédiaire de deux pièces rajoutées, décorées selon toute probabilité de palmettes peintes ou sculptées12. Les volutes se situent parmi les grandes valeurs, aussi bien du point de vue de la largeur que de l’ampleur dans la composition de la face principale. Leur interaxe excède de peu la largeur du lit de pose, ce qui renforce l’impression de « ramassé » que laisse l’observation de la façade restituée ; il faut aussi rappeler que la hauteur de la pièce est relativement grande13.
12Le chapiteau II présente aussi quelques particularités notables du point de vue du traitement sculptural. Malgré les doutes laissés par la destruction de la partie centrale, il nous semble pouvoir reconnaître (fig. 4) un départ du canal qui impose l’infléchissement du listel supérieur dans la zone centrale (Pl. XII, fig. 5) ; en revanche, la variante illustrée dans la fig. 6, et qui nous semble moins probable, fait continuer le listel horizontalement de sorte qu’il constitue le bord du plateau14. Dans les deux cas, il faut remarquer le rapport d’égalité établi entre les largeurs du canal et du listel dans l’enroulement de la volute, terminée par un grand œil plat15. Quelle que soit la hauteur de l’échiné, il nous semble difficile de la considérer développée jusqu’à la hauteur du listel supérieur du canal (comme dans la fig. 6) ce qui entraîne l’acception de la zone intermédiaire entre ces deux éléments où pouvaient prendre place les palmettes, analogues à celles de l’exemple précédent. D’après le reste d’ove qui se trouve sous le balustre, bien que très abîmé, nous pensons pouvoir restituer le décor de l’échinE comme composé de quatre éléments entre les volutes, solution assez peu répandue16.
13Le balustre, quasi cylindrique, à faces inclinées17, se distingue aussi par son décor sculpté, qui utilise un motif de feuilles plates se terminant par une pointe allongée et ayant une nervure médiane finement incisée, d’une allure très différente des autres exemplaires connus. Le motif, disposé sur cinq rangées dont les feuilles se distribuent alternativement, couvre entièrement la surface du balustre18. Son registre supérieur, correspondant à la pièce rajoutée de la face principale, est constitué d’un profil ovolo, dont les éléments se caractérisent par une extrémité pointue, des bordures amincies vers le bas et des lances assez larges19. L’état de conservation interdit toute observation au sujet du traitement réservé au lit d’attente, mais une cavité pour ex-voto n’est pas à exclure.
142.1c- III. SELINONTE. Antiquarium (Pl. IV, fig. 7 ; pl. XIII, fig. 8). L’état de conservation est assez bon pour pouvoir préciser qu’il s’agissait d’un chapiteau accolé à un mur, sa face postérieure étant lisse. Il est de proportions allongées et la hauteur est réduite par rapport à sa longueur20. La composition de la façade se caractérise par des volutes petites et saillantes21, ainsi que par un abaque relativement grand, dont la largeur dépasse le point de tangente des volutes à l’horizontale ; l’espace qui en reste est comblé par un dispositif difficile à interpréter, vu l’état actuel d’érosion.
15Son échine présente, exceptionnellement, un profil en talon (kymation lesbique sans décor) et le canal, de profil convexe, est infléchi dans la zone centrale.
16Deux autres particularités qui individualisent sa plastique de détail sont l’absence des palmettes et le traitement du listel à partir de la deuxième spire de la volute : au lieu de fusionner, le listel qui constitue le bord extérieur et celui qui constitue la limite inférieure du canal, continuent à s’enrouler distinctement pour former la dernière moitié de spire de la volute, réduite donc à 1 1/2 tours. Le balustre est très peu creusé et la démarcation de l’abaque est à peine visible. Une partie de l’échiné continue sous le balustre et se termine par une partie droite qu’on pourrait interpréter comme une partie du fût rattachée au chapiteau.
172.1d- IV. PALERME. Musée, n. 340, provenant de Sélinonte (Pl. V, fig. 9 ; pl. XIV, fig. 10 ; fig. 11). L’état de conservation nous permet de restituer facilement l’aspect initial, caractérisé par une composition d’ensemble moins allongée que les exemplaires I et III, la largeur des volutes, sinon leur ampleur, étant toutefois comparable à celle de l’exemplaire gélien22.
18La présence et l’agencement de certains éléments de la face principale font sortir cet exemplaire — encore davantage que les deux précédents — des sentiers connus et lui donnent un aspect si inhabituel qu’on serait tenté de le classer à part. Quels sont donc les facteurs qui font naître cette impression ? C’est d’abord, l’infléchissement très marqué du listel supérieur et surtout la manière dont est traité l’abaque : il dépasse de beaucoup le point de tangence des volutes à l’horizontale du plateau ; pour combler le vide ainsi créé, le sculpteur a introduit des palmettes d’angle (analogues aux pièces rajoutées de l’exemplaire II) qui d’ailleurs ne se développent pas le long du balustre : sur la face latérale, au niveau de ces palmettes, l’abaque accuse une forte saillie en console23. L’association de ces deux solutions, chacune d’elles peu fréquente24, dans le traitement d’une même pièce, rend en quelque sorte plus difficilement saisissable le schéma fondamental de la composition. Le dessin schématique (fig. 11), dans lequel les particularités mentionnées ont été remplacées par des solutions « courantes » rend une image qui rapproche beaucoup notre chapiteau de certains exemplaires attiques, datables du deuxième quart du Ve siècle25. Il est évident pourtant que les particularités du détail interdisent l’établissement d’une filiation directe ; il n’est pas moins vrai qu’il faut reconnaître au sculpteur une bonne connaissance des principes de composition, ainsi qu’une intuition sûre de la structure des volumes. Pour compléter l’inventaire des caractères particuliers de la face principale, soulignons aussi que la saillie de l’échine ne dépasse pas le plan vertical des volutes et qu’elle est décorée d’un nombre pair d’oves dont le relief plat et l’inégalité du tracé des bordures rappellent certains exemplaires céramiques26 ; les palmettes d’angle, d’un dessin peu habituel, sont confinées dans l’espace creux entre l’échiné et le listel inférieur et restent, elles aussi, à l’intérieur de la limite définie par le plan des volutes.
19La fonction votive de la pièce est nettement indiquée par la zone creuse, en forme de rectangle aux angles arrondis, ménagée dans le corps de l’abaque. Il est plus difficile d’expliquer la raison de l’aplatissement de l’abaque à coups de ciseau, car sa disparition n’est pas due à une cassure accidentelle (fig. 9). De même, le trou de goujon du lit de pose n’a pas été complètement creusé, ce qui laisse sans réponse la question de l’emploi de cette pièce.
202.1e- V. PALERME. Musée, n. 345, (Pl. VI, fig. 12 ; pl. XV, fig. 14), provenant de Sélinonte. V A. SÉLINONTE, dans la fouille près de la Porte Nord (Pl. VII, fig. 13) ; deux exemplaires similaires, de dimensions ne variant que de l’ordre des millimètres (la fig. 14 rend la restitution de l’exemplaire de Palerme). Ils se caractérisent par des proportions de l’ensemble plus tassées que l’exemplaire précédent27, tout en conservant pratiquement les mêmes rapports entre les éléments composants de la face antérieure. Malgré une certaine ressemblance dans le traitement sculptural, ces deux exemplaires se distinguent du précédent par des nuances assez bien marquées. Ainsi, les listels qui délimitent le canal entre les volutes accusent un plus fort infléchissement et la hauteur du canal est, proportionnellement, plus grande dans la zone centrale ; le dessin des volutes est moins harmonieux, malgré les 2 1/2 tours de spire qui les constituent ; le tracé en diffère légèrement d’un exemplaire à l’autre. Les palmettes d’angle sont schématisées, sans branches, ce qui leur donne l’aspect de simples feuilles.
21La zone supérieure comporte un abaque, en fait une plaque non profilée dont les bords dépassent aussi le point de tangence des volutes, situé à son tour vers l’extérieur par rapport à la verticale de l’œil. L’angle ainsi créé est rempli par une palmette simplifiée qui se prolonge tout le long du balustre sous la forme d’une baguette définie par deux plans inclinés28.
22Les deux chapiteaux V et V A s’imposent à notre attention par deux autres particularités : le traitement de l’échine et le profil du canal diffèrent sur les deux faces. La première présente un profil tendu et comporte une baguette qui la sépare de l’espace creux sous le canal ; sa circonférence ne dépasse pas le plan des volutes. En ce qui concerne le profil du canal, si on ne tient pas compte des exemples dont seulement une des faces est sculptée29, les chapiteaux présentant en même temps des canaux convexes et concaves sont très peu nombreux30.
23La courbe du balustre n’est pas très prononcée et elle ne suit pas la circonférence de l’échine. Le départ du fût, sculpté dans le même bloc, est séparé du corps du chapiteau par un astragale de profil inhabituel qu’on pourrait définir comme un ovolo renversé.
24Les deux exemplaires présentent aussi bien sur les lits de pose que sur les lits d’attente des trous de goujon relativement grands, adaptés plutôt à des pièces en bois.
25L’existence d’une paire de pièces ne semble pas laisser de doute sur leur emploi dans un édifice, naiskos ou portique de petites dimensions.
262.1f- VI. PALERME. Musée, n. 405, provenant de Sélinonte (Pl. VIII, fig. 15 ; pl. XVI, fig. 16).
27L’exemplaire VI peut être situé, même à première vue, dans les séries post-classiques, autant du point de vue de sa composition que par certains rapports caractéristiques31 ; il en diffère pourtant par sa hauteur plus grande, ainsi que par certaines solutions peu habituelles de la plastique. Notons d’abord le profil convexe du canal, formule abandonnée dès le deuxième quart du Ve s. ; tout aussi particulière est la manière dont se dessinent les palmettes, à trois feuilles flamboyantes, qui se développent un peu au hasard sur l’échine dépourvue d’oves, ainsi que le tracé du listel inférieur, aplati au-dessus de l’échine pour suivre une ligne droite32
28Le traitement sculptural du balustre est encore plus remarquable par la superposition et le caractère des trois rangées d’éléments qui le décorent. La définition même de ce type de décor est difficile à arrêter, car on hésite entre l’emploi des termes écailles et feuilles. Les éléments composants, assez trapus, sont disposés alternativement et présentent une nervure centrale et des bords peu proéminents33 ; la rangée supérieure qui constitue l’amorce du motif reste lisse. La section axiale du balustre rappelle celle des exemplaires classiques34 et sa ligne de contour dans le plan renversé est plus infléchie vers les volutes que le contour de l’échine, prolongée partiellement entre le balustre et le lit de pose. Ce dernier coïncide avec le plan inférieur de l’échine, le fût étant, par conséquent, entièrement séparé du chapiteau.
29L’abaque est taillé selon un profil ovolo et présente un scamillus sur toute la profondeur du lit d’attente ; la largeur du plateau correspond aux points de tangence des volutes. Le départ de l’enroulement du balustre suit l’horizontale de l’abaque35, mais l’état de conservation ne permet pas de nous prononcer avec trop de certitude sur la manière dont étaient sculptées les extrémités des enroulements des volutes. Il est possible, mais non certain, qu’une solution similaire à celle de l’exemplaire VII (fig. 18) assurait ici aussi la transition entre la volute et l’abaque ; nous nous sommes contenté de restituer une formule plus simple correspondant davantage à l’aspect d’ensemble de la pièce.
30Tel qu’il se présente aujourd’hui, il est difficile de préciser si le caractère fragmentaire du chapiteau VI doit être attribué à une intention d’origine ou à une mutilation. Pour la première hypothèse plaiderait le découpage effectué selon l’axe d’un motif décoratif du balustre, mais la partie postérieure n’est pas lisse (voir l’ex. III) ce qui permettrait de supposer une cassure ultérieure.
312.1g- VII. PALERME. Musée n. 338, provenant de Sélinonte (Pl. IX, fig. 17 ; pl. XVII, fig. 18).
32L’exemplaire VII se rapproche du précédent par un certain nombre de particularités. La conception de l’ensemble est la même, à cela près que les volutes sont moins larges et que l’ensemble des rapports qui définissent la planimétrie sont encore plus proches du carré36.
33Le penchant du sculpteur pour les surfaces mouvementées est plus accentué et se manifeste nettement dans le traitement de l’échine et du balustre. Le décor de la première, développé sur toute sa circonférence, se compose d’oves vigoureusement taillés, contournés d’une bordure saillante et séparés par des flèches filiformes profondément incisées, en quoi ils ressemblent aux modèles courants après le milieu du IVe s.37 La décoration du balustre est du même type que celle de l’exemplaire VI mais au relief plat des feuilles de ce dernier s’opposent des nervures et des bordures saillantes qui accrochent la lumière pour mieux accentuer les zones d’ombre, rapprochant notre chapiteau du style propre aux périodes relativement récentes. L’habileté du sculpteur, exprimée par la taille des détails, sa connaissance assez sûre des principes de composition, ne l’empêchent pas d’employer des solutions peu usitées comme le canal convexe, la manière dont le listel est raccordé à l’abaque ou la taille des palmettes d’angle, qui se développent d’ailleurs démesurément, occupant toute la hauteur de l’échine selon un dessin qui n’est pas particulièrement élégant.
34L’abaque, taillé selon un profil ovolo très évasé, présente sur le lit d’attente une sorte de double scamillus quasi circulaire, dont la zone centrale est taillée assez irrégulièrement. Bien que la nature de la pièce superposée (loutrophore, lécythe ?) soit difficile à préciser, la fonction de support d’offrande nous paraît assurée.
352.2- Le groupe suivant est constitué par deux exemplaires que leurs caractéristiques désignent comme des reprises, voire des imitations des exemplaires déjà décrits. Ils présentent peu de caractères originaux et leur intérêt réside surtout dans la manière dont ont été interprétées certaines formules sculpturales.
362.2a- VIII. PALERME. Musée, n. 399 (S 1916), provenant de Sélinonte (Pl. IV, fig. 19)38.
37Le chapiteau VIII se rapproche beaucoup de IV par la composition de sa face principale, mais le sculpteur a adopté le profil concave pour le canal et, en général, des formes moins nettement définies, telles que le dessin des palmettes ou la transition entre l’abaque et la volute, saisissables en dépit du mauvais état de conservation. L’échine, sans décor, rappelle celles des exemplaires V, ainsi que le balustre où, pourtant, le raccord à l’abaque essaie d’imiter celui de l’exemplaire IV39.
382.2b- IX. PALERME. Musée, n. 348 (S 1916), provenant de Sélinonte (Pl. IV, fig. 20)40.
39Moins bien conservé que le précédent, le chapiteau IX en diffère par la composition de sa face principale dans laquelle se retrouvent des traits qui le rapprochent de III. En premier lieu se remarque l’abaque, autant par son profil en talon que par la limitation de sa largeur entre les points de raccord des volutes ; le dessin du canal, peu développé en hauteur est infléchi dans l’axe. Une autre particularité qui rapproche ces deux pièces est l’absence des palmettes, mais le profil de l’échine et la concavité du canal nous font plutôt penser aux chapiteaux V, avec en plus un manque d’élégance dans le tracé de la spirale. Le plan du plateau marque, par rapport à III, une tendance de rapprochement du carré, nonobstant le caractère votif nettement indiqué par la cavité taillée dans le lit d’attente.
402.3- Le troisième groupe de chapiteaux d’inspiration ionique provenant de Sélinonte est constitué par deux chapiteaux de pilastre. Leur intérêt réside moins dans l’originalité des solutions que dans les suggestions qu’ils fournissent pour l’interprétation de certains monuments puniques (infra, § 6,2).
412.3a- X. SELINONTE. Antiquarium, provenant des fouilles Marconi (Pl. X, fig. 21).
42Chapiteau de pilastre accolé à un mur (la face postérieure n’est pas travaillée). La partie inférieure est gravement endommagée, de sorte que le registre au-dessous du canal ne peut pas être restitué. Le tracé de la volute gauche et le reste du canal révèlent un dessin élégant, ferme, voire incisif ; il nous est possible d’apprécier le soigné de la finition grâce aux restes de stucage qui se conserve en bonne partie. Le dessin de la face principale rappelle celui des exemplaires V et V A, aussi bien par le canal convexe, fortement infléchi au centre, que par le tracé de la spirale qui forme la volute. L’abaque, ici aussi une simple plaque, se prolonge en saillie au - dessus du balustre quasi cylindrique. Aussi bien les dimensions41 que l’état de conservation du stucage le désignent plutôt comme pièce d’intérieur, faisant partie du décor d’une loggia ou d’une pièce d’apparat.
432.3b- XI. SELINONTE. Antiquarium (Pl. X, fig. 22). Chapiteau de pilastre ou plutôt de cippe funéraire, très endommage sur les côtés, le relief de la face principale érodé42. La composition de celle-ci rappelle en quelque sorte celle de l’exemplaire IV, mais seulement dans ses grandes lignes : le canal est concave et les spirales des volutes malhabiles, les palmettes ont été remplacées par des feuilles comparables à celles des exemplaires V ; enfin le registre de l’échine a disparu, nous rappelant en cela l’exemplaire IX. Nous sommes en fait devant une transposition plane de la composition dans l’espace d’un chapiteau ionique. Il faut remarquer que pour le sculpteur sélinontin cette transition était facilitée par le fait que dans la taille des exemplaires du type II, IV, V, l’échine ne dépasse pas le plan des volutes. Malgré le manque d’assurance et les imprécisions du dessin, on peut toutefois considérer cette pièce comme se maintenant encore dans la tradition des ateliers qui ont produit les chapiteaux décrits ci-dessus.
443.1- L’intérêt suscité par ce groupe de chapiteaux n’est pas limité à la seule valeur de témoignage qu’ils représentent dans la question de la pénétration de l’ionisme dans l’art architectural de la Grèce d’Occident, question parsemée encore de tant de points obscurs ; cet intérêt est notamment augmenté par la variété des solutions qui se révèlent dans l’ensemble examiné, ce qui impose la recherche des réponses quant aux origines et aux voies de cheminement des particularités signalées.
45Dans l’ensemble des chapiteaux ioniques conservés, dont la distribution à travers le monde grec est statistiquement à peu près satisfaisante des points de vue chronologique et géographique, le groupe occidental se caractérise, malgré son apparente diversité43, par une relative homogénéité due en particulier à une gamme assez peu étendue de solutions employées dans la plastique du détail44. Des combinaisons peu usitées de ces solutions, ainsi que des détails tout à fait insolites, appliqués sur des volumes dont l’agencement et les rapports des dimensions sont nettement individualisés, créent une impression de « non encore vu » et incitent à chercher des rapprochements dans des zones moins explorées que celles qui constituent par excellence l’aire de développement du chapiteau ionique aux époques archaïque et classique, c’est-à-dire la région micrasiatique égéenne et ses dépendances immédiates.
46Les exemplaires I - VII (§§ 2 la-f) présentent un intérêt particulier du fait que chacun d’eux représente une individualité bien définie ; leur analyse parallèle nous amène à la distinction de trois groupes qui s’établissent sur la base des corrélations de critères qui décrivent soit la composition de l’ensemble, soit les modalités du traitement sculptural.
473.2- Le principe de ce groupement ressort du tableau 1, dont les colonnes sont occupées par les descripteurs (critères considérés dans l’analyse des objets) et les lignes par les objets eux-mêmes. Chaque fois qu’un caractère décrit se trouve dans la composition d’un chapiteau, sa présence est signalée par le signe ● ou par une valeur décimale, quand il s’agit d’un rapport de dimensions. L’ordre des lignes ne respecte plus l’ordre des descriptions (§ 2. 1) et la succession des descripteurs n’est pas celle qui est logiquement suivie dans la présentation d’une pièce : volume, faces principale et latérale, lits de pose et d’attente, car les éléments des deux coordonnées (lignes et colonnes) ont été groupés en vue de faire ressortir les corrélations constantes entre le plus grand nombre possible d’objets. Cette opération nous fournit de précieux renseignements sur les relations d’analogie — positives ou négatives — existant entre les objets considérés, mais un judicieux emploi de la méthode analogique impose aussi la recherche des exemplaires présentant les mêmes caractéristiques, en dehors du groupe étudié. Comme plus d’un maillon de la chaîne — on dirait plutôt du réseau — qui synthétise l’évolution du chapiteau ionique fait pourtant défaut, nous serons obligé parfois de le reconstituer à titre d’hypothèse45
48En raison de la nature aléatoire de la méthode analogique « ponctuelle »46 en ce qui concerne l’établissement des successions chronologiques serrées, accentuée dans notre cas par le relatif isolement géographique du groupe occidental, nous n’aborderons que plus tard, et non sans réserves, la question de leur datation47.
493.3- Les critères pris en considération dans le tableau 1 n’épuisent pas, évidemment, la discussion de toutes les composantes du chapiteau ionique ; ils ont été choisis en vue d’un examen suffisamment approfondi des exemplaires présentés ici48. Leur groupement corrélatif nous permet de distinguer quatre classes :
50A- Critères qui conduisent à des groupements d’objets selon le degré de rapprochement des solutions les plus caractéristiques de la plastique du détail. Il en résulte trois catégories d’objets qui comprennent respectivement les exemplaires IV et V (1), I, II, III (2) et VI, VII (3). La classe A comprend 14 repères, soit 56 % du total des critères descriptifs.
51Β et C-Critères opposés à ceux de la classe A par leur caractère non discriminatoire du point de vue typologique. Du fait qu’ils sont distribués soit à travers la totalité des objets (classe Β), soit pour la description des particularités d’un seul ou d’un nombre réduit d’objets (classe C), ils fournissent de précieux rapprochements supplémentaires au sujet de l’origine ou du mode de divulgation des solutions qui partagent les catégories établies par la classe A.
52D- Critères exprimés en quotients des rapports établis entre quelques dimensions significatives des chapiteaux. Ils portent sur des domaines où les exemplaires étudiés ici présentent des aspects bien individualisés ou sur des proportions dont la comparaison avec des prototypes bien classés peut suggérer des filiations typologiques ou des successions chronologiques.
533.4- Avant l’examen de chaque critère, une vue d’ensemble du tableau 1 révèle mieux la signification des renseignements qui s’en dégagent.
54Les groupes de chapiteaux 1, 2, 3 se définissent comme des entités typologiques à partir des corrélations établies par la classe A. On y observe facilement que les groupes 1 et 2 présentent un plus haut degré de rapprochement que 2 et 3. En effet la sous-classe A2, qui comprend les solutions communes aux groupes 1 et 2, fournit plus de rapprochements que la sous-classe A3 qui réunit les caractères communs aux groupes 2 et 3. Les deux groupes extrêmes se distinguent par deux solutions qui sont propres à chacun d’entre eux (repères 1 et 2 pour le groupe 1, repères 13 et 14 pour le groupe 3) mais, ainsi que l’on verra par la suite, la capacité discriminatoire en est différente, ce qui accentue le rapprochement des groupes de chapiteaux 1 et 2.
55La classe D, bien que ne montrant pas la même homogénéité des corrélations vis-à-vis des groupes définis par la classe A, met toutefois en valeur certains rapprochements non dépourvus d’intérêt comme, par exemple, des groupes 1 et 3 dans le cadre du repère 28 ou du groupe 1 de l’exemplaire III dans le cadre des repères 25 et 26.
56On peut en déduire que les deux premiers groupes tiennent leur inspiration d’une ou de plusieurs sources communes assez rapprochées, du moins pour les solutions de la sous-classe A2 et que, en revanche, dans le domaine de la proportion et de l’agencement des volumes, plusieurs directions d’influences ont fait sentir leur action, soit en arrivant de l’extérieur, soit en se développant sur place.
57L’ordre adopté ci-dessous pour la discussion du tableau 1 sera celui de la suite des critères tels qu’ils se sont distribués suivant leur degré de corrélativité à travers les classes A et D ou la convenance dans la description pour les classes Β et C.
583.4- A 1,2 - Le listel de la volute à profil plat et le lit de pose qui rejoint le balustre, caractères propres au groupe 1, ont une portée différente dans un examen analogique. Le premier nous semble plus significatif du fait qu’il se retrouve surtout en Attique au Ve s.49 ; l’exemplaire IV se distingue pourtant des exemples cités parce qu’il associe le listel à profil plat au canal convexe50 . Le lit de pose qui se prolonge jusqu’au balustre, sans laisser de place pour le développement d’une partie de l’échine, est un caractère lié le plus souvent aux grandes volutes ou aux fûts dont la largeur amène le sculpteur à la suppression de l’échine sous le balustre (cf. aussi § 3. 4 - A 11).
59Il apparaît ici plutôt comme une conséquence du fait qu’une partie du fût étant rattachée au chapiteau, la taille de l’échine au-delà des volutes devient une opération très difficile à réaliser51.
603.4- A 3 - L’absence de décor sculptural sur le balustre relie les chapiteaux du groupe 1 aux chapiteaux de Géla et à l’exemplaire III. C’est un caractère plutôt peu répandu dans la zone égéenne et en Attique52 ; il est absent en Asie Mineure et ne se rencontre ensuite qu’à titre exceptionnel53
613.4- A 4,5 - Le coussinet réduit à un espace creux entre le canal et l’échine (repère 4) trouve son complément logique dans l’emplacement des palmettes dans cette zone restée disponible (repère 5), ce qui fait que ces dernières se développent dans le même plan que le canal. Cette disposition nous semble trouver son origine dans les palmettes simplement incisées et complétant les angles formés par les volutes et l’échine de quelques exemplaires archaïques54 ; le développement de cette formule sous l’aspect décrit ici se rencontre à Salonique, Kavalla55 et surtout dans un groupe de chapiteaux attiques dont le protagoniste est l’exemplaire des Propylées56 . Les remarques déjà faites au sujet des restitutions possibles pour l’exemplaire II (supra, § 2. 16) nous amènent à mettre sous un point d’interrogation la présence de ces deux caractères parmi les composantes de sa façade. Au cas où l’on considère comme valable la restitution proposée dans la fig. 6, notre chapiteau rejoint la solution adoptée par l’exemplaire III et, par cet intermédiaire, il reste toujours proche du cercle attique57
623.4- A 6, 7, 8, 9-Les solutions décrites par les colonnes 6. ... 9 sont communes à toutes les pièces contenues dans les groupes 1 et 2 ; leur présence dans le traitement sculptural des chapiteaux en question individualise ceux-ci, non seulement par le caractère exceptionnel de leur apparition, mais surtout du fait que, se retrouvant ensemble, elles accentuent l’aspect insolite de la plastique.
63(A 6) La tendance à y élargir la surface d’appui qu’offre le lit d’attente ou le plateau (repère 6) au-delà des points de raccord des volutes à l’horizontale se résout soit par le changement du tracé des volutes dans le premier quadrant de leur enroulement58, soit par l’adjonction d’une pièce supplémentaire située dans l’angle courbe délimité par la spirale et l’horizontale à atteindre ; elle est traitée le plus souvent (quand les dimensions le permettent) comme une palmette à nombre réduit de feuilles. Le rapport entre les dimensions et le décor de cette pièce supplémentaire est facilement saisissable dans les dispositifs adoptés pour les chapiteaux des groupes 1 et 2 : le morceau rajouté est insignifiant pour les exemplaires I et III, où l’abaque profilé assure l’élargissement du lit d’attente et il devient très important pour II, car le chapiteau n’a pas d’abaque et le lit d’attente correspond au plateau. Enfin, dans le groupe 2, caractérisé par des abaques très saillants par rapport au point de raccord, les pièces rajoutées diffèrent comme traitement sur les faces principale et latérale (cf. § 2. 1 d, e).
64Dans le groupe milésien, la pièce rajoutée se rencontre sous l’aspect d’une feuille ou d’une petite palmette qui se prolonge sur la face latérale comme un listel ou une superposition de listels plus ou moins arrondis59 ; sous un aspect réduit, parfois imperceptible, elle se rencontre dans la zone égéenne60 et, proportionnellement, elle est tout aussi peu fréquente en Attique au Ve s.61. A l’exception du groupe où d’ailleurs cette pièce d’angle est aussi très réduite comme dimensions, la fréquence maximale de son apparition se situe durant l’archaïque récent et la phase de transition avant 450.
65(A7), (A8) - Le couple de ces deux particularités du traitement sculptural (les deux listels du canal - inférieur et supérieur - infléchis dans la zone centrale) constitue le trait qui particularise le plus les chapiteaux des groupes 1 et 2. Il leur confère un caractère commun dont la capacité d’impression réussit à obnubiler des distinctions autrement expressives, surtout au niveau du schéma de composition, facteur d’un poids beaucoup plus considérable dans une classification objectivement typologique.
66En effet, la solution courante est le canal bordé par un listel droit sous l’abaque et par un autre courbé au-dessus de l’échine et sa distribution aussi bien au point de vue géographique qu’à travers les différents types de composition de la façade, n’a rien de spécifique ; sa fréquence chronologique maximale se situe tout le long du Ve s., s’étendant aussi sur une partie du VIe et du IVe siècles. En revanche, les exemplaires dont les listels suivent le mouvement décrit ci-dessus sont extrêmement rares62 et, par cela même, beaucoup plus évidents en termes de méthode analogique ponctuelle. Nous nous limitons ici à la mention des exemples de caractère architectural, renvoyant pour plus tard (§ 6.2) le commentaire des rapports possibles avec les stèles et les cippes funéraires puniques.
67(A9)- La taille d’une partie du fût dans le même bloc que le chapiteau accentue encore la ressemblance entre les groupes 1 et 2. Sans exclure une influence du dorique, si puissant dans la Grèce d’Occident63, on peut aussi y voir une reprise schématisée de la collerette décorée de certains fûts des colonnes ioniques64.
683.4- A 10 - Le listel de la volute à profil arrondi, non bordé par un sillon creux, est la solution généralement adoptée en Asie Mineure à l’époque archaïque, ainsi que pour bon nombre d’exemplaires égéens65.
69En Attique elle ne dépasse pas le seuil de 460 - 450 et se retrouve dans des exemplaires où les influences de l’Est ont été relevées au moment de leur édition66. Dans une vue d’ensemble on peut dire qu’il est étroitement lié à la présence du canal de section convexe et cette observation de caractère statistique se vérifie dans les chapiteaux étudiés. Ce détail est par conséquent moins significatif pour le rapprochement des groupes 2 et 3 que ne le sont ceux qui sont analysés dans le paragraphe précédent pour l’établissement de la corrélation entre les groupes 1 et 2.
703.4- A 11 - Le prolongement de l’échine sous le balustre, décorée ou non, est un caractère lié à la composition des volumes du chapiteau, sans incidence chronologique ou géographique. Il se trouve associé ou bien aux petites volutes, ou bien à des volutes de taille moyenne, voire grande, mais dont les centres sont écartés d’un fût relativement mince par rapport à la face principale, ce qui laisse assez de place entre le balustre et le lit de pose. Nous retrouvons donc cette solution dans les exemplaires du groupe 2, associée aux volutes saillantes (surtout ex. I et III, cf. le repère 27) et aux volutes moyennement écartées, mais petites, du groupe 3. Comme pour le repère précédent, on peut observer dans ce cas aussi, que le rapprochement entre les groupes 2 et 3 est dû à une solution qui n’est pas spécifiquement liée au groupe sicilien.
713.4- A 12 - La décoration de feuilles (ou écailles) distribuées sur toute la surface du balustre est une solution sculpturale exceptionnelle. A part un exemplaire du musée d’Ephèse67, elle se rencontre sur le chapiteau du deuxième temple de Locres, sur deux piliers-cippes et sur un support de siège de Carthage68. Le même élément de décor se retrouve, au IVe s. et à l’époque hellénistique, en une série de chapiteaux provenant de l’Asie Mineure mais, cette fois-ci, distribué seulement entre les limites du baudrier69.
72La reprise de cette formule par les chapiteaux du groupe 3 nous semble assez significative, d’autant plus que les éléments du décor - les feuilles - subissent des modifications que, anticipant sur le § 4.2, nous considérons dues à un écart chronologique.
733.4- A 13, 14-Les deux repères qui constituent la sous-classe A 4 acquièrent un caractère spécifique du point de vue de l’ensemble étudié ici, dans lequel ils définissent le groupe 3, de pair avec les réponses « absence » qui le distinguent dans les colonnes précédentes.
74(A 13) - Le plateau dont la largeur ne dépasse pas le point de raccord des volutes se généralise après le milieu du Ve siècle et se retrouve après 380 dans tous les exemplaires provenant des zones micrasiatique et égéenne. Le nombre réduit de chapiteaux où on le retrouve avant 450 appartient au groupe éphésien et attique ou à la stoa des Naxiens de Délos.
75Sans avoir une portée absolue, son emploi est significatif du point de vue chronologique, en liaison avec d’autres indices concurrents (infra, § 4).
76(A 14) - Le listel qui suit une ligne droite au-dessus de l’échine apparaît moins fréquemment que la solution précédente. Il se rencontre dès l’époque archaïque, où cette forme s’explique par la largeur de l’intervalle entre les volutes, conséquence du choix d’un plan très allongé70 Après une éclipse totale aux époques de transition et classique (explicable peut-être par la répartition géographique des monuments), il réapparaît en Asie Mineure et, exceptionnellement à Athènes, le plus souvent lié aux exemplaires qui présentent des petites volutes et un canal relativement réduit en hauteur71.
773.4- Β 15 - Le profil convexe du canal est considéré comme un critère d’encadrement chronologique, ce qui est vrai dans certaines limites72. Par anticipation, il faut remarquer que le groupe occidental est le seul à conserver ce dispositif à une époque où il avait disparu de la gamme courante du décor sculptural du chapiteau ionique.
783.4- Β 16 - Le volume du balustre qui prend son départ sous l’abaque selon une ligne droite, sans déterminer une portion de plan vertical73 peut être pris en considération, dans certains cas, comme un indice de datation relativement haute (supra, note 35). Il nous semble pourtant que dans les exemples qui nous intéressent il faut considérer cette solution comme une facilité d’exécution. Pour les pièces dont les balustres sont décorés d’écailles (II, VI, VII), il est évident que la répartition ainsi que la taille du décor se trouvaient simplifiées. Pour les autres, l’extension de l’abaque créait le même genre de difficultés, auxquelles il faut rajouter les dimensions relativement petites des exemplaires IV et V. Malgré la portée réduite de ce trait dans l’argumentation chronologique et typologique74, nous l’avons pourtant introduit dans le tableau 1 à cause de sa répartition à travers tous les objets, ce qui justifie sa classification parmi les caractéristiques locales.
793.4- C 17 - L’inclinaison (divergente vers la partie supérieure) des plans où se déroulent les volutes ne se rencontre dans le groupe étudié que dans l’exemplaire II. C’est une solution qu’on retrouve exclusivement dans les aires orientales et qui apparemment n’a pas touché la zone attique75. En dépit de la complication que représente cette formule, aussi bien pour le tracé que pour la taille du chapiteau, le sculpteur sélinontin n’a pas hésité à l’employer, ce qui nous renseigne sur la connaissance qu’il avait des subtilités de son art.
803.4- C 18 - Le traitement du canal à profils différents sur les deux faces ne se rencontre que d’une manière vraiment exceptionnelle (supra, notes 29, 30) et il est difficile, voire impossible, dans le cas des chapiteaux V et V A de préciser s’il s’agit de l’imitation d’une pièce locale, aujourd’hui disparue, d’un écho lointain, somme toute probable, ou d’un essai indépendant, dans le but de diversifier l’habituelle plastique du détail76. Dans un cas comme dans l’autre, nous ne pensons pas exagérer, malgré l’aspect fruste de la finition, en considérant que l’artisan qui a taillé cette pièce avait atteint un certain niveau de maîtrise77.
813.4- C 19, 20 - Ces deux repères qui concernent exclusivement le chapiteau III présentent un intérêt particulier par l’orientation qu’ils déterminent dans la recherche des analogies.
82(C 19) - Dans la grande majorité des chapiteaux connus, le listel qui constitue la bordure inférieure du canal se confond avec celui qui dessine la volute, à partir de leur point de jonction. Dans notre cas les deux listels continuent à s’enrouler l’un à côté de l’autre, en dessinant une double spirale. Dans le cas du chapiteau III, ce détail nous semble plein de signification, car les exemples où on le retrouve sont limités aussi bien numériquement que géographiquement78
83(C 20) - L’échine modelée selon le profil du kymation lesbique (en talon) est une particularité qui ne se rencontre, à notre connaissance, que dans peu d’exemplaires attiques, surtout au Ve s.79 Son emploi pour la finition du chapiteau III acquiert une portée encore plus accentuée si on le rapproche des autres particularités mentionnées, dirigeant dans le même sens la recherche des analogies.
843.4- C 21 - Le décor de l’échine constitué par un nombre pair d’éléments est une solution peu fréquente ; sa distribution revêt une double signification, géographique et chronologique, car elle est liée à des exemplaires archaïques du groupe Milet, Samos, Ephèse (où on la retrouve aussi au IVe s.)80, ainsi qu’à un certain nombre de chapiteaux provenant de l’aire égéenne81 En revanche, à une exception près, on ne la retrouve pas en Attique82. Il faut rappeler que, en ce qui concerne l’exemplaire II, la restitution proposée n’a qu’un caractère de probabilité et que, à Géla seulement, un exemplaire sur deux adopte cette solution, faits qui, à notre avis, n’enlèvent rien à la signification de sa présence dans le groupe occidental.
853.4- C 22 - Le profil plat adopté pour l’œil de la volute se rencontre à peu près partout et à toutes les époques. Sans avoir donc une valeur particulière du point de vue comparatif, il peut être considéré comme un trait devenu local, du fait que, pour l’ensemble étudié, il se retrouve dans le traitement de cinq pièces sur sept.
863.4- C 23 – Les œils des volutes de Géla font exception aussi bien par le profil bombé que par le fait d’être constitués de pièces détachées. Le même type de section ne nous est connu dans la zone orientale qu’au IVe s. mais se rencontre à Athènes dans le troisième quart du Ve s.83 ; ce qui nous frappe en ce cas c’est le fait d’avoir sculpté cette pièce dans le même calcaire que le reste du chapiteau, le dispositif étant lié d’habitude à l’adjonction d’un œil en matériaux plus précieux84.
873.4- C 24 - L’œil de la volute décoré d’une rosette n’est pas une solution fréquente et disparaît après 45085 Le fait que le même détail se rencontre à Locres et à Syracuse (petit chapiteau votif) suggère un emprunt initial opéré dans l’aire égéenne, repris ensuite sur le plan local.
883.4- D 25, 26 - Les deux premiers rapports pris en considération dans la classe D (largeur/profondeur du plateau et largeur du plateau/diamètre du lit de pose) donnent des résultats numériques conformes aux groupes de chapiteaux définis par la classe A, à cela près que l’exemplaire III se trouve plus proche du groupe 1. Dans l’examen global du développement, les exemplaires qui montrent dans cette rubrique des valeurs tendant vers la limite supérieure se situent dans des positions chronologiques hautes, les exemplaires plus anciens se caractérisant par un plan allongé et un fût mince. Pour les exemplaires IV, V et particulièrement pour II, il faut pourtant tenir compte de l’élargissement inhabituel du plateau, dû à l’adjonction d’une palmette d’angle entre les volutes et ce dernier (cf. repère A 6). Cette distinction faite, il ne reste que les chapiteaux de Géla à présenter un plan vraiment allongé, suivis par le chapiteau III, les autres réintégrant la zone des compositions plus serrées, c’est-à-dire pour lesquelles l’interaxe des volutes se rapproche de la profondeur86.
893.4- D 27 - L’écartement des centres des volutes par rapport au diamètre du fût est un rapport caractéristique, dont le passage des grandes aux petites valeurs est corrélatif à l’échelle chronologique et, par conséquent, aussi à l’allongement du plan87. Les tendances remarquées dans l’examen des deux rapports précédents se dessinent mieux ici, et on distingue facilement de ce point de vue, d’une part la catégorie des chapiteaux à composition serrée (IV, V, VI, VII) nettement distancée par rapport à I et III, l’exemplaire II occupant une position moyenne.
903.4- D 28, 29 - L’examen parallèle de ces deux repères est, de même, significatif pour la typologie des chapiteaux siciliens ; il indique l’attachement à un schéma de composition peu habituel pour la face principale : hauteur de la pièce88 située parmi les plus grandes valeurs et développement moyen des volutes89 Dans la grande majorité, entre ces deux rapports s’établit une relation de proportionnalité directe, c’est-à-dire que les chapiteaux relativement plus hauts présentent des volutes plus développées. Dans l’ensemble il y a très peu d’exemples dont le premier rapport soit inférieur à 3 et, en ce cas, ils sont caractérisés par des volutes très développées90. C’est la zone égéenne qui nous fournit les exemples les plus rapprochés comme mode de proportionnement des volutes par rapport à la hauteur de l’ensemble91. Quant à l’exemplaire III qui se distingue dans le groupe étudié par ses proportions relativement allongées, il se situe assez près du chapiteau de Marseille et, en ce qui regarde l’ampleur des volutes, du chapiteau des Propylées92
913.4- D 30 - Tout le groupe sicilien se distingue par la position des centres des volutes, situés inhabituellement haut vers le plateau.
92L’évolution de ce rapport est, dans ses grandes lignes, corrélative autant à la chronologie qu’au type de composition de la face principale93.
93Les rapports inscrits dans la colonne 30 divisent nos chapiteaux en trois catégories qui comprennent respectivement les exemplaires II et V dont les centres se rapprochent le plus du plateau, les exemplaires I, IV, VI, VII qui présentent des valeurs moyennes94 et enfin III, qui se singularise sous cet aspect aussi, bien qu’il reste encore dans le tiers supérieur des valeurs enregistrées pour l’ensemble des chapiteaux ioniques. Les chapiteaux II et V ne trouvent pas d’analogie dans l’échelle des valeurs étudiées, ce qui suggère leur rapprochement de ce point de vue, malgré les différences enregistrées dans les autres colonnes, surtout en 25 et 26.
94Pour les exemplaires I, IV, VI, VII, les analogies les plus rapprochées nous dirigent vers l’aire égéenne95 et pour III, de nouveau, essentiellement vers l’Attique96.
953.5- L’analyse sommaire du tableau 1 nous permet d’affirmer que les exemplaires étudiés ici s’encadrent dans des schémas de composition qui, bien que peu fréquents, n’en sont pas moins propres à des groupements autrement bien définis. Ils nous surprennent parfois par le mode inhabituel d’association de certains détails sculpturaux et par des traits contradictoires du point de vue chronologique, mais la cohérence même de ces écarts par rapport aux modèles classiques (ou tout simplement mieux connus) nous renseigne sur la continuité dans l’artisanat local. Les sculpteurs font preuve d’une maîtrise et d’un niveau de connaissance des principes du métier qui nous interdisent de supposer une simple activité de copiste ; on peut toutefois parler d’un attachement d’atelier à des formules conservatrices qui, bien que n’ayant pas vu le jour sur le sol sicilien, ont été appliquées sur des schémas de composition mis en accord avec l’évolution générale et qui, eux aussi, conservent plusieurs traits traditionnels97.
964.1- La datation des chapiteaux étudiés n’est assurée en aucun des cas par des critères extérieurs98 et les particularités que nous venons de souligner la rendent encore plus ardue.
97Tenant compte du caractère forcément lacunaire de nos connaissances sur l’évolution chronologique de la typologie générale, il nous sera plus facile d’admettre, hypothétiquement du moins, et sans porter trop atteinte à la rigueur méthodologique, la restitution de pièces ou de phases aujourd’hui disparues mais sans l’aide desquelles il nous paraît difficile de formuler la réponse à plus d’une question soulevée par l’ensemble sud-sicilien.
984.2- I, I A - L’éditeur propose pour les chapiteaux de Géla une date dans le dernier quart du VIe s.99, ce qui semble, compte tenu du retard généralement admis pour les productions de l’ouest, judicieux, sinon prudent. L’agencement des volumes constitutifs comme les proportions allongées confirment bien la datation proposée car, si la disposition des palmettes dans le même plan que le canal nous oriente vers les exemples archaïques (Délos, Paros), ici le relief plus prononcé de ces palmettes mêmes indique un stade plus évolué, plus rapproché des exemples de Salonique ou de Kavalla. Dans le même sens d’évolution vers le classique s’oriente la taille de l’échine, qui a perdu l’aspect globulaire propre aux prototypes archaïques égéens100. La forme des oves, très allongée, conserve encore le souvenir des oves-feuilles qui décoraient les échines naxiennes et pariennes ; leur enroulement s’applique pourtant sur un profil plus redressé qui nous fait penser plutôt aux formes du Ve s.
99Acceptant l’antériorité des modèles de caractère architectural, la datation proposée s’accorde aussi avec les découvertes mineures, passant pour avoir reproduit des exemples bien constitués101.
1004.2- II - Le chapiteau II a été l’objet de plusieurs propositions de datation. Sans tenir compte de celle de Clarke, forcément influencée par le cadre typologique où il le situait, assez fantaisiste d’ailleurs102, cet exemplaire a été considéré archaïque103. ce qui laisse une marge plutôt large - et « peut-être encore au Ve s. », selon le profil de 1’« abaque »104.
101En réalité, plusieurs autres facteurs s’imposant à notre attention, convergent vers une datation plus haute que cette dernière. C’est, d’abord, la composition de la façade, telle qu’elle résulte des restitutions proposées105 : le dispositif d’un espace entre l’échine et les volutes, réservé au développement des palmettes qui ne dépassent pas le plan de ces dernières, disparaît vers 430 (sous un aspect assez proche de notre exemplaire il se retrouve à Kavalla, dans le premier quart du Ve s.)106.
102Un autre élément, encore plus sûr, est le mode d’enroulement de la volute ; il est vrai que le canal convexe est un caractère maintenu longtemps en Sicile, mais le départ et le développement des deux spirales d’égale largeur (listel et canal) nous suggèrent plutôt des exemples bien situés dans le VIe s.107 ou un peu plus récents108.
103Même en admettant un certain retard, nous croyons pouvoir assigner à l’exemplaire II une date vers le milieu du Ve s. ou dans son troisième quart109
1044.2- III - L’exemplaire III nous semble soulever moins de difficultés du point de vue de la datation : les proportions générales, surtout celles du plateau et la position des œils des volutes (écartement et hauteur)110 ainsi que le dessin du canal et le double tracé de la spirale (supra, § 3.4 - A 7, 8) indiquent sa datation dans le troisième quart du Ve s., plutôt vers sa fin. Dans le même sens s’orientent les analogies qu’on peut suggérer pour la section du balustre111 et pour le profil de l’échine (supra, § 3.4 - C 20 ; note 79). Il faudrait attribuer à l’artisan qui l’a sculptée un très fort penchant conservateur pour pouvoir descendre la datation de cette pièce dans le dernier quart du Ve s.
1054.2- IV, V, (VA) - La même question se pose d’une manière plus complexe pour les exemplaires IV et V que pour les trois précédents. En effet, bien que similaires, leurs schémas de composition sont bien individualisés dans les grandes lignes et, de même, le traitement sculptural n’est pas identique, en dépit de la communauté d’un certain nombre de solutions définissables par les mêmes descripteurs (cf. § 3.4 - A 1-9). Ce ne sont en fait que les nuances d’exécution du traitement sculptural qui distinguent les deux exemplaires ; or, ces nuances ne sont pas liées à la structure géométrique des chapiteaux et apparaissent comme des fioritures destinées à leur conférer un certain aspect. Il nous semble hors de doute que les origines en sont différentes (cf. infra, § 5) et par conséquent nous ne pouvons pas en tirer argument sur le plan chronologique, du moins certainement pas d’une manière tranchante. Les différences des deux structures ne nous permettent pas non plus d’en déduire un écart chronologique sensible, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Dans les deux cas, en fonction de l’évolution historique du chapiteau ionique, les rapports internes indiquent plutôt une datation vers la fin du Ve s. - début du IVe s., avec antériorité probable de l’exemplaire IV112 La datation de V et V A au début du IVe siècle pourrait soulever une objection du fait qu’ils sont des chapiteaux ayant appartenu à un édifice dont la construction, peu de temps après 409, semble difficile à admettre. Nous avouons ne pas avoir des arguments assez convaincants pour décider de leur situation d’un côté ou de l’autre de la barrière que représente la destruction de la ville113.
1064.2- VI, VII - La ressemblance très accentuée des exemplaires VI et VII, du point de vue de leur composition (cf. le tableau 1), facilite et rend plus complexe à la fois la proposition d’un encadrement chronologique ; les rapports des dimensions concordent pour indiquer le IVe siècle, mais à cette époque les écarts sont trop peu sensibles pour être décisifs. Les deux exemplaires s’encadrent dans le groupe à plateau carré, tel qu’il s’est constitué dès l’époque classique, et se caractérisent par l’augmentation relative du diamètre du fût qui les rapproche de la série post-classique et du groupe 1 de notre tableau, nous permettant d’affirmer que le ou les ateliers qui les ont produits étaient au courant des schémas de composition en faveur à cette époque dans les principaux centres de création114. Il faut donc se contenter d’en enregistrer les tendances pour étayer une plus grande précision par des arguments tirés des caractères sculpturaux. En ce sens, le tracé droit du listel, au-dessus de l’échine, peut être considéré comme un indice chronologique nous dirigeant plutôt vers la seconde moité du IVe s. (cf. note 71). Le fait que le sculpteur de l’exemplaire VI ait renoncé au décor d’oves sur l’échine nous paraît un trait local, suggéré par la série dont faisaient partie V et V A. Dans le même esprit conservateur, l’insertion des palmettes d’angle se fait dans un espace plus ample que dans l’exemplaire VII, solution qui n’est pas sans nous rappeler des modèles aussi connus que le Mausolée, non seulement comme emplacement, mais aussi comme tracé des feuilles. Le dessin et le modelé des palmettes qui décorent les balustres mènent à la même conclusion sur l’antériorité du chapiteau VI, car le décor de celui-ci se rapproche des feuilles sculptées sur le baudrier du chapiteau d’Halicarnasse, tandis que celles de VII ressemblent d’assez près au même motif sculpté sur le socle et les chapiteaux du deuxième Apollonion de Didymes115.
107L’écart chronologique peut être apprécié ici à une génération, sans pouvoir toutefois affirmer s’il s’agit d’une réelle distinction d’âge, d’une différenciation de goût ou d’habitudes d’atelier116 ; tenant compte de la nature des arguments, nous croyons pouvoir situer ces deux exemplaires dans le dernier tiers du IVe s.117.
1084.2- VIII, IX - Le cadre chronologique de ces deux chapiteaux est d’autant plus difficile à établir que, tout en présentant des traits communs avec d’autres pièces du groupe étudié, ils en diffèrent surtout par la technique de l’exécution. L’aspect moins soigné, une certaine maladresse du dessin et la tendance à simplifier les détails suggèrent une exécution postérieure aux exemplaires III et V qui les ont sans doute inspirés.
109Tenant compte du fait que les schémas de composition de VI et de VII semblent plus récents, on peut attribuer nos deux chapiteaux à une période située vers la fin de la première moitié du IVe s., entre III et V d’une part et VI, VII d’autre part.
1104.2- Χ, XI - Il faut avouer que les deux chapiteaux de pilastre sont les plus déconcertants de toute la série et leur état de conservation n’est pas en mesure d’en faciliter la datation.
111L’exemplaire X ayant perdu - s’il l’a jamais eu - le registre correspondant à l’échine, limite nos comparaisons au tracé de la spirale et du canal, ressemblant à ceux de V. La couche de stuc renforce l’impression d’exécution soignée et une datation contemporaine du chapiteau V (fin Ve - début IVe s.) ne nous semble pas à exclure sans pouvoir toutefois être appuyée par des arguments péremptoires.
112Le dessin de XI, apparenté à ceux de IV et IX (supra, § 2. 3 b) ne nous aide pas à en établir la datation car ses défauts peuvent être attribués à l’inhabileté du sculpteur tout aussi bien qu’à l’écart chronologique. La prétention d’en restreindre les limites à l’intérieur du IVe s. nous semble spécieuse et inutile.
1135. - Les chapiteaux connus du monde grec occidental ne fournissent qu’un seul exemple qui, dans l’état actuel de nos connaissances, puisse être attribué à l’ordonnance d’un périptère dont les caractéristiques ne sont d’ailleurs qu’assez peu assurées118
114Il est probable qu’aucune des pièces présentées ici n’appartenait à un ptéroma, mais le caractère architectural du couple V - V A ne nous semble pas soulever de doutes.
115La question se pose différemment pour I et I A car, si le dernier paraît être désigné par son lit de pose comme support d’offrande, la découverte au même endroit d’un chapiteau d’ante119 nous amène à ne pas exclure la possibilité qu’au moins I ait appartenu à un édifice de proportions modestes120. Pour les autres exemplaires du lot sélinontin, la fonction votive nous paraît assurée (supra, § 3.4), soit par des traces incontestables sur le lit d’attente (IV, VII, IX), soit par les dimensions (III, VI, X)121, ou suggérée par les conditions de la découverte122.
1166. - L’éventail chronologique occupé par les pièces étudiées est suffisamment large pour nous permettre d’en déduire une assez forte implantation du chapiteau ionique dans le goût local et leur ensemble nous offre de cet élément architectural une image assez diversifiée du point de vue typologique pour justifier l’essai de remonter aux sources des solutions employées, quitte à reprendre des observations déjà faites en marge des groupements établis par le tableau 1.
1176.1- Les exemplaires du groupe 2 (I, II, III du tableau 1) sont les premiers à retenir notre attention de ce point de vue, en raison de la datation qu’on peut leur assigner. Les deux premiers surtout (Géla et Sélinonte n. 324) nous semblent liés à un groupe égéen dont certaines caractéristiques ont été reprises par des chapiteaux attiques dont l’inspiration cycladique paraît assurée.
118Le premier se rapproche du prototype que représente l’offrande d’Alkimachos par le plan allongé et l’écartement des volutes ; on peut leur supposer un archétype commun dans la série représentée par la suite dans l’Apollonion de Chios. Le chapiteau votif (Ant. Denkm., I, 29/2) avec lequel ceux de Géla ont de surcroît en commun le canal infléchi et la hauteur relativement grande par rapport à la largeur, présente des traits encore plus archaïsants - la taille de l’échine, le balustre - ce qui impose la prise en considération de ce prototype égéen qui aurait constitué la base de transmission de ces influences vers l’Attique d’une part123, et vers la zone occidentale d’autre part, en l’occurence par l’éventuel intermédiaire de Rhodes124.
119Il n’est pas dépourvu de signification de rappeler qu’à Géla le développement du goût pour les éléments architecturaux de style ionique est assez bien illustré par les sarcophages en terre cuite, dont l’origine asiatique ne semble pas poser de questions125 Malgré le fait que dans le choix de certains éléments transparaît une inspiration puisée à des sources différentes de celles du chapiteau I126, les répliques des sarcophages ont conservé, même dans les versions les moins habiles, des échines très développées et des abaques relativement hauts127.
120Le chapiteau II (Sélinonte, n. 324) laisse également supposer une ou plusieurs sources initiales d’inspiration situées dans le bassin égéen, auxquelles pourrait être attribuée une partie des caractéristiques de la composition et du décor qui individualisent l’exemplaire sélinontin.
121C’est dans cette région qu’il faut chercher des exemples dont le volume accuse des proportions tout aussi hautes, associées à des volutes amplement dessinées (Erétrie, Thasos). Ce groupe typologiquement défini par ses grandes volutes, numériquement dominant parmi les découvertes datables de la fin du VIe et du début du Ve s., se distingue comme une classe à part en Attique et dans le nord du bassin égéen128 Le schéma de composition choisi s’opposait pourtant au besoin d’avoir un lit d’attente suffisamment large ; les exemples de Locres et de Syracuse (ex-voto de Giardino Spagna) ont pu servir de modèle pour le complément de la pièce rajoutée, ce qui donnait la solution du problème129 Faut-il voir en cela une schématisation du processus aboutissant à des combinaisons aussi insolites que celles du chapiteau II ? A peine, si on tient compte que le schéma d’ensemble est une composante moins mobile que le traitement sculptural dont les particularités contribuent pourtant en égale mesure, sinon plus, à la définition de l’image individualisée de l’objet130.
122L’examen de l’exemplaire III montre tant de particularités rencontrées seulement en Attique (supra § 3.4 - C. D.) qu’il nous est difficile de les supposer arrivant par une autre voie que celle du contact direct, presque de l’imitation. Il est vrai que la particularité la plus remarquable - le canal infléchi - ne se retrouve plus dans les exemplaires attiques du Ve s. qui ont pu servir de base pour l’emprunt des autres (abaque et échine en talon, double enroulement du listel) et nous sommes amenés à le considérer comme un trait acquis localement qui rejoint, ainsi que le double listel, les prototypes égéens. Ce mode d’envisager la question ouvre aussi la voie à une interprétation cohérente des exemplaires suivants.
1236.2- Les chapiteaux IV et V élargissent le champ des réflexions suggérées par les précédents, car les critères de la classe D du tableau 1 montrent des schémas de composition qui les ramènent aux modèles classiques et postclassiques les plus courants, et de ce point de vue ne nous semblent pas soulever des difficultés d’interprétation (supra § 3.4 D).
124L’évidence de ces schémas est cependant obscurcie par les particularités du décor qui ne s’accordent aucunement avec l’image habituelle du chapiteau ionique131. Il faut poutant remarquer un détail qui accentue la liaison entre ces pièces et le type courant, détail qu’on peut considérer dans la série des solutions de la plastique mais qui n’en est pas moins lié au processus du tracé : malgré l’aspect insolite des canaux, le raccord du listel inférieur à la volute se situe au point d’intersection de celle-ci avec la droite passant par le centre de l’œil et inclinée vers l’intérieur selon un angle de 45° (bissectrice de l’angle droit). Or cette particularité se retrouve dans les tracés de tous les chapiteaux ioniques, à toutes les époques, quel que soit le groupement typologique selon l’ampleur des volutes. Cela nous fait croire que, une fois arrêtées les proportions de l’ensemble, la volute tracée et mise en place selon des schémas bien établis, le sculpteur sélinontin prend la liberté de tailler à son goût la partie centrale du chapiteau, d’articuler diversement l’abaque, de donner un profil étrange à l’échine Il ne nous semble pas que ces détails aient suffisamment de poids pour orienter la recherche du ou des modèles qui ont inspiré l’ensemble vers d’autres directions que celle des modèles classiques, ni pour modifier l’opinion déjà exposée au sujet des liens existant entre l’école sélinontine et les principales aires de développement du chapiteau ionique aux époques classique et post-classique.
125En cherchant une explication à ces particularités, le hasard de la découverte nous éloigne des zones auxquelles on peut associer la composition des volumes. Nous disposons d’un inventaire très restreint de pièces à caractère architectural qui présentent la particularité la plus frappante - le canal infléchi -132, mais il se retrouve dans un certain nombre d’objets où le motif du chapiteau ionique n’apparaît qu’en tant qu’élément de décor. Nous pensons en premier lieu à un support de lampadaire de Chypre, présenté comme importation grecque et dont le couronnement ressemble étrangement à nos exemplaires V et V A (face à canal convexe)133, mais qui nous frappe par ses grandes volutes qui rappellent le groupe typologique d’origine égéenne, caractérisé précisément par le développement accentué de cet élément134. Lindos est le lieu d’invention d’un autre objet du même genre, caractérisé par un listel inférieur très infléchi et par des palmettes d’angle du même type, à une seule feuille135 . Si l’on tient compte de l’observation faite au sujet de la relative fidélité des reproductions des formes architecturales dans les petits objets (supra, note 130) il faut inférer l’existence d’un prototype architectural, aussi bien des bronzes cités que des caractères particuliers des chapiteaux siciliens. Quant à leur voie de pénétration dans le monde occidental, sans l’exclure de plano, il ne nous semble pas nécessaire de postuler la médiation rhodo-chypriote, d’autant plus que l’entité du chapiteau local était assez bien établie pour que sa survivance soit assurée, même après la forte hellénisation de l’île au Ve s.136, il reste toujours plat, de proportions serrées, en fait c’est un chapiteau de pilastre et non de colonne137.
126Avant de conclure cette assez longue revue des particularités révélées par les chapiteaux sud-siciliens, il nous reste encore à examiner brièvement l’hypothèse de leur origine punique. En effet, on connaît un certain nombre de stèles et cippes de Carthage, décorés de chapiteaux ioniques qui montrent le même type de canal, infléchi au centre, souvent associé à une indication de pièce rajoutée entre les volutes et l’abaque138. Or ce serait inverser le problème sur le plan de la chronologie139 et surtout du point de vue du cours normal, logique, de la transmission des influences140 que de considérer des éléments mineurs, de caractère décoratif, pour la plupart sculptés en relief plat ou simplement gravés, comme source d’inspiration pour des chapiteaux de colonne, dont la composition met en évidence une très bonne connaissance de cet élément architectural, particulièrement en ce qui concerne la disposition des volumes ; d’ailleurs, la présence de ces deux particularités (canal infléchi et pièce rajoutée), à Géla (fin du VIe s.) et à Locres (deuxième quart du Ve s.), devrait mettre un point final à une trop fastidieuse discussion141.
1276.3. - Les exemplaires VI et VII du groupe 3 posent moins de problèmes du point de vue qui nous intéresse du fait que, à part le trait archaïsant du canal convexe, ils s’encadrent sans difficulté dans l’évolution générale du chapiteau ionique au IVe s. L’absence des oves sculptés sur l’échine de VI n’est pas aussi exceptionnelle qu’elle peut le paraître, car des précurseurs ne manquent pas dans Athènes classique même142 ainsi qu’à Olympie, à un moment encore plus rapproché de l’exemple sélinontin143. A cette époque la composition tend à s’uniformiser à un tel degré, qu’il devient pratiquement impossible, en l’absence d’autres indications, d’en tirer une conclusion au sujet de son aire de départ. Les balustres décorés d’écailles pourraient nous orienter vers l’Asie Mineure où le motif s’est maintenu sur le baudrier, mais il faut tenir compte aussi de sa présence dès le Ve s., à Locres et à Sélinonte même. En tout cas, le sens dans lequel s’opère le changement dans la taille du motif indique une « mise à jour » du style qui laisse supposer au moins un contact indirect avec l’Asie Mineure144
1286.4. - Le groupe de pièces VIII - XI a été laissé de côté dans cet essai de groupement stylistique car l’encadrement chronologique proposé ne justifie pas la recherche des origines de leurs caractères particuliers en dehors de l’école sélinontine, ce qui explique aussi leur absence du tableau 1.
129L’exemplaire XI retient pourtant notre attention par le caractère même de son volume. Nous ne pouvons que regretter son état de conservation, mais sa fonction de cippe ne nous paraît pas laisser de doute. Il serait par conséquent le reflet sélinontin de cet élément typiquement punique, à une époque où sa présence n’a plus rien d’inattendu. La qualité de l’exécution qu’on peut encore supposer le situe à un niveau supérieur à celui de la plupart des stèles, le rapprochant plutôt des monuments carthaginois les plus soignés145
1307. - Le fil conducteur qui se dégage des observations et des conclusions successives suscitées par ce groupe de chapiteaux ioniques sud-siciliens nous paraît être la maîtrise technique des artisans locaux et leur capacité à assimiler aussi bien l’essentiel que les particularités des prototypes vers lesquels ils se sont successivement orientés. Cette succession n’est pas pour nous surprendre et s’encadre parfaitement dans le mouvement général de l’art sicilien reflétant le passage de l’attachement à la tradition ionienne vers l’Attique et, en fin de compte, vers ce qui deviendra la tendance d’uniformisation à travers la Koiné hellénistique.
131Malgré ces changements, les sculpteurs locaux restent, dans ce domaine aussi, attachés à des formules abandonnées depuis longtemps dans le reste du monde grec ; dans la perspective des changements survenus dans le choix des schémas de composition, cet esprit conservateur nous paraît moins un signe de retardement qu’une preuve de la personnalité de l’école architecturale sicilienne.
132Nous ne prétendons qu’en saisir un aspect par un modeste essai ; il y en a de nombreux autres qui attendent d’être éclaircis et nous espérons en profiter pour améliorer et développer les observations formulées ci-dessus.
133Paris- Palerme - 1972
LEGENDE DES FIGURES
134Fig. 1 Chapiteau I. Gela, Antiquarium.
135Fig. 2 Chapiteau I A. Géla, Antiquarium.
136Fig. 3 Restitution du chapiteau I.
137Fig. 4 Chapiteau II. Païenne, Musée (324).
138Fig. 5 Restitution du chapiteau II.
139Fig. 6 Variante de restitution pour la face principale du chapiteau II.
140Fig. 7 Chapiteau III. Sélinonte, Antiquarium.
141Fig. 8 Restitution du chapiteau III.
142Fig. 9 Chapiteau IV. Païenne, Musée (340).
143Fig. 10 Restitution du chapiteau IV.
144Fig. 11 Schéma de composition de la face principale du chapiteau IV ; ses particularités sont indiquées en trait pointillé.
145Fig. 12 Chapiteau V. Palerme, Musée (345).
146Fig. 13 Chapiteau V A. Sélinonte, Fouilles près de la Porte Nord.
147Fig. 14 Restitution du chapiteau V.
148Fig. 15 Chapiteau VI. Palerme, Musée (405).
149Fig. 16 Restitution du chapiteau VI.
150Fig. 17 Chapiteau VII. Palerme, Musée (338).
151Fig. 18 Restitution du chapiteau VII.
152Fig. 19 Chapiteau VIII. Palerme, Musée (339).
153Fig. 20 Chapiteau IX. Palerme, Musée (348).
154Fig. 21 Chapiteau X. Sélinonte, Antiquarium.
155Fig. 22 Chapiteau XI. Sélinonte, Antiquarium.
Notes de bas de page
1 Nous remercions chaleureusement M. V. Tusa, Surintendant aux Antiquités de la Sicile Occidentale, pour la générosité dont il a fait preuve en nous accordant la permission de publier les pièces provenant du musée de Palerme et du site de Sélinonte, dont V A est une découverte récente.
Nous accomplissons aussi un agréable devoir en remerciant MM. Orlandini, ancien Surintendant, et De Miro, Surintendant aux Antiquités à Agrigente, pour la permission de relever et de donner une plus grande ampleur à la publication des chapiteaux de Géla (ci-dessous I et I A). Les vestiges de style ionique mentionnés par Fiorelli et Salinas (resp. Not. Sc., 1884, pp. 322-23 et 1894, p. 216) ont été considérés comme inédits en raison du caractère de la description et de l’absence de toute représentation graphique.
2 Nous devons à la gentillesse de Mlle Pelagatti la connaissance d’un autre exemplaire provenant de Camarina (Musée de Raguse), encore inédit. Ne seront pas examinés ici les exemplaires de Syracuse (chapiteau votif de Giardino Spagna et chapiteau du α Temple ionique ») aussi bien en raison de leur provenance (côte orientale) que dans l’attente d’une publication complète de ce dernier monument. A Palerme le fragment n. 453, d’après ce qui en a été publié, paraît se prêter difficilement à une restitution éloquente (Cf. L. T. Shoe, Profiles of Western Greek Mouldings, Papers of Am. Ac. in Rome, 1952, p. 117, pl. XIX, fig. 14).
3 Les exemplaires VIII et IX ne présentent pas de caractéristiques nouvelles par rapport aux exemplaires I-VII ; les deux derniers étant des chapiteaux de pilastre, ne s’encadrent que partiellement dans la série examinée.
4 Les principes d’analyse exprimés ci-dessus d’une manière résumée ont constitué la base méthodologique d’une étude, en cours de préparation, qui porte sur 82 exemplaires dont la plupart de ceux qui font l’objet de ces lignes. Les références subséquentes seront faites aux conclusions typologiques auxquelles nous sommes arrivé dans l’étude mentionnée, en utilisant la méthode matricielle graphique, mise au point par M. J. Bertin, directeur du Laboratoire de Cartographie de 1Έ.Ρ.Η.Ε. (voir « Communications » 15/1970, pp. 177, sq.). Un commentaire plus développé des deux coordonnées de l’analyse du chapiteau ionique : D. Théodorescu, Un chapiteau ionique de l’époque archaïque tardive... à Histria, Dacia, XII, N. S., 1968, pp. 266-283. Par la suite, les références aux rapports des dimensions ou à la répartition des caractères sculpturaux seront exprimées en fonction des conclusions de l’étude monographique mentionnée plus haut. Pour en faciliter l’expression, la gamme des valeurs numériques qui traduit un rapport donné sera divisée en trois types de grandeurs : petites, moyennes et grandes.
5 D. Adamesteanu, Gela - Cisterna in Proprietà Castellano, Not. Sc., 85/1960, pp. 79-81, fig. 3-5 ; Β. Neutsch, dans AA, 1955, col. 657 fig. 2.
6 Nous avons analysé, du point de vue des rapports, seulement l’exemplaire dont la largeur totale atteint 806 mm., désigné ici par le sigle I. L’autre, désigné par I A est large de 775 mm. et diffère du premier par quelques détails qui seront relevés par la suite. Le rapport largeur totale/profondeur atteint 2,3 et le côté long du plateau atteint 1,82 fois la valeur du côté latéral. Pour maintenir les termes de comparaison dans le même domaine, au cas où il y a un abaque, nous élargissons la définition du plateau (lit d’attente des chapiteaux sans abaque) en désignant du même terme la surface inférieure de l’abaque. Les dimensions seront donc en ce cas la longueur et la largeur du plan de contact de ce dernier avec le corps du chapiteau, au - dessus des volutes.
7 Le diamètre horizontal des volutes atteint 0,328 de la largeur totale ce qui les situe à la limite supérieure du groupe des petites volutes : leur développement est défini par le rapport interaxe/hauteur (ou diamètre vertical) - 1,64 qui se situe dans le tiers supérieur des valeurs moyennes.
8 Les chapiteaux des Sphinx naxiens à Delphes et à Délos : P. Amandry, La Colonne des Naxiens et le Portique des Athéniens, F. D. II, respectivement pl. XI et XVI ; le chapiteau votif d’Egine : G. Gruben, Die Sphinxsaule von Agina, Athen. Mitt., 80/1965, pp. 206, 207, pl. 2.
9 L’exemplaire I A présente, sur une de ses faces, au lieu des palmettes, un élément de décor tout à fait inhabituel, composé de ce qui pourrait être désigné comme deux boutons de lotus infléchis (fig. 2).
10 La pièce a été déjà publiée ou mentionnée par J. Hittorf - H. Zanth, Restitution du Temple d’Empédocle à Sélinonte, ou l’Architecture Polychrome chez les Grecs (1851), pl. VI (restitution dont on saurait difficilement tenir compte) ; J. Thatcher Clarke, A Protoionic Capital from the Site of Neandria, AJA, 2/1886, pp. 18-19, fig. 9 (relevé approximatif) ; G. Fougères, J. Hulot, Sélinonte (1910), p. 235, note 3, fig. F, VII, IX ; partiellement : L. T. Shoe, West. Mould, pl. XIX/5.
11 Le rapport largeur totale/profondeur égale 1,63 ce qui situe notre chapiteau à la limite entre les trapus et les moyens ; à cela s’oppose le rapport largeur/profondeur du plateau (1,62) situé dans les moyennes rapprochées des plateaux allongés.
12 Nous ne croyons pas pouvoir parler dans ce cas d’un abaque, en dépit de la restitution de Hulot et de la mention d’un tel dispositif par L. T. Shoe. Le premier auteur le restitue (loc. cit.) sans tenir compte du déroulement du listel, le second le considère seulement tel qu’il apparaît dans la façade latérale, aucun n’ayant remarqué que le plan du lit d’attente est tangent au listel supérieur (cf. fig. 4, 5).
Nous proposons cette solution en tenant compte de la partie encore conservée et des exemples similaires de Locres (E. Petersen, Tempel in Lokri, Rom. Mitt., 5/1890, p. 183, pl. VIII ; R. Koldewey, O. Puchstein, Die Griechischen Tempel in Unteritalien und Sicilien, pp. 7, 8, fig. 5 ; J. Durm, Baukunst der Griechen, (1910) fig. 286 et de Syracuse : chapiteau votif de Giardino Spagna (G. Cultrera, Siracusa, Not. Sc., 68/1943, p. 79, fig. 37, 38).
13 Les rapports qui définissent ces caractéristiques sont : largeur des volutes - 0,350 de la largeur totale ; interaxe/hauteur des volutes - 1,45 ; interaxe des volutes/diamètre du lit de pose - 1,18 ; largeur totale/hauteur (sans fût rajouté) - 2,71. Pour assurer une base unique de comparaison des chapiteaux, même quand ils ont un abaque et une partie du fût rattachée, comme hauteur du chapiteau on considérera la distance qui sépare en projection verticale le plateau et l’astragale, c’est-à-dire le corps proprement dit d’un chapiteau qui aurait son lit de pose sous l’échine et dont le lit d’attente serait le plateau (cf. aussi note 6).
14 Aucune des solutions de restitution proposées auparavant (Hittorf et Hulot) ne nous semble possible. Dans la première, le listel ne pouvait pas disparaître dans la zone supérieure ; dans la deuxième, l’adjonction d’un abaque, à part le fait qu’elle ne repose sur aucune trace sur la pièce (fig. 4), commet la même erreur en supprimant le listel supérieur.
15 Un traitement du canal assez rapproché à Cyzique : F. W. Hasluck, Sculptures from Cyzicus, ABSA, 8/1901-2, p. 195, pl. VI/5.
16 Il faut corriger en conséquence les restitutions de Hittorf et de Hulot qui proposent respectivement trois et cinq oves dans l’espace compris entre les volutes. Cf. infra, § 3,4 - C 21 et notes 80, 81, 82.
17 Cette particularité qui distingue le chapiteau II de tous les autres examinés ici se retrouve dans un certain nombre d’exemples archaïques et préclassiques de provenance égéenne et micrasiatique, zone où elle a été reprise dans des exemplaires du IVe s., surtout à Ephèse, faisant ainsi preuve d’une certaine vitalité. Nous rappelons : I’Artémision « D » à Ephèse (D. G. Hogarth, A. F. Henderson, Excavations at Ephesus, the Archaic Artemisia, p. 268 sq., Atlas pl. VI), de l’Apollonion I à Didymes (G. Gruben, Das archaische Didymaion, J.d.I., 78/1963, pp. 118 sq., fig. 16-19), un chapiteau votif du même site (Th. Wiegand, H. Knackfuss, Didyma, I 1, p. 147, I3, p. 210 et 83 a, Z. 653-658) peut-être offrande samienne (cf. E. Buschor, Altsamisches Bauschmuck, Athen. Mitt., 72/1957, p. 33) ; les chapiteaux attribués au temple « Β » de Samos (O. Ziegenaus, Die Tempelgruppe im Νorden des Altarplatzes, Athen. Mitt., 72/1957, pp. 87 sq., pl. XV), à la Stoa des Naxiens à Délos (R. Vallois, AHHD, 2 1, p. 179, n°. 14) au temple « A » d’Histria (art. cit. Dacia XII, N.S., fig. 3, 4), enfin deux exemplaires de Thasos obligeamment communiqués par M. R. Martin (cf. aussi son article dans le BCH, 96/1972, pp. 304, sq., expl. 4,5, fig. 9 et 13), enfin celui attribué au Thesmophorion de Délos (Vallois, op. cit., p. 186, n. 22 ; G. Roux, l’Architecture en Argolide. .. p. 343, note 3, pl. 90/2). La formule est reprise aux IVe et IIIe s. : Artémision « E » à Ephèse, (H. C. Butler, Sardis II 1, Atlas, pl. XII) et son autel (W. Alzinger, Ionische Kapitelle aus Ephesos I, JOAI, 46/1961-63, pp. 110 sq., expl. 2a, b, c, d, e, fig. 73-86 et expl. 6, pp. 131 sq., fig. 93, 94 ; aussi A. Bammer, Der Altar des jüngeren Artemision von Ephes, AA, 1968, pp. 404 sq., fig. 5, 6, 35) ; à Sardes le chapiteau « C » (Butler, op. cit., p. 119 sq., Atlas pl. X), enfin à Magnésie sur Méandre (Humann, Kohthe, Watzinger, Magnesia am Meander, pp. 53 sq., fig. 35) et dans le Didymaion récent (Wiegand - Knackfuss, op. cit., I 1, p. 90, I 2, pl. 146, I 3, pl. 48, 49) et A. Bammer, Beitrage zur ephesischen Architektur, JÔAI, 49/1968-71, fig. lb, Id.
18 Voir infra § 3.4 - Α. 12 et notes 67-69.
19 Cette solution inusitée se retrouve dans les exemplaires de Locres et de Syracuse (supra, note 12) constituant sous cet aspect un groupe distinct. Si on considère pourtant les oves de la façade latérale comme une interprétation de l’abaque, la recherche des termes de comparaison nous mène de nouveau vers la côte ouest de l’Asie Mineure (Ephèse, chapiteau votif de Didymes). Cette observation est valable aussi pour les abaques des pièces provenant de Géla.
20 Largeur totale/profondeur - 2,24 et le rapport des dimensions du plateau égale 1,53. Avec 3,38 comme rapport entre la largeur et la hauteur, il est le plus aplati de toute la série examinée ici.
21 Le diamètre horizontal de la volute occupe seulement 0,308 de la largeur totale et l’interaxe des volutes est 1,47 fois plus grand que le diamètre du lit de pose.
22 Les valeurs des rapports dans l’ordre cité : largeur totale/profondeur - 1,6 ; largeur/profondeur du plateau - 1,43 ; largeur de la volute - 0,33 de la largeur totale ; interaxe des volutes/hauteur de la volute - 1,53.
23 On retrouve ce dispositif dans la structure du chapiteau des Propylées d’Athènes (F. C. Penrose, Principles of Athenian Architecture, pl. XXXII). Cette extension « artificielle » de l’abaque est responsable des proportions allongées du plateau qui serait autrement réduit à un carré. Nous soulignons cette solution, propre à bon nombre de chapiteaux architecturaux ou votifs, destinée à augmenter la surface du lit d’attente en vue de recevoir un épistyle plus lourd ou une sculpture votive (cf. aussi art. cit., Dacia, XII, N. S., p. 275).
24 Nous y reviendrons plus tard § 3.4 - A 6-9 (analyse du tableau 1). L’abaque est pourtant comparable à ceux des deux exemplaires votifs d’Athènes restitués par O. Puchstein (Das ionische Kapitell, 47. Programm um Winckelmannsfeste, 1887, fig. 5 et 7) que nous prenons en considération non sans formuler certaines réserves.
25 Les pièces trouvées dans la Bibliothèque d’Hadrien (W. Wrede, Ein ionisches Kapitell in Athen, Athen. Mitt., 55/1930, pp. 191 sq., fig. 1) ; sur la pente sud de l’Acropole (H. Möbius, Attische Architekturstudien, Athen. Mitt., 52/1927, pp. 171 sq., Annexe XIX/2) et le chapiteau attribué au Gymnase de Kynosarges (P. Rodeck, The Capital of the Gymnasium of Kynosarges, ABSA, 3/1896-7, pp. 89 sq., pl. VI).
26 Le dessin les rapproche des oves peints des sarcophages clazoméniens (F. Winter, Thonsarkophage aus Klazomenai, Ant. Denkm., II, pp. 1 sq., pl. 25, 27) et leur relief plat rappelle certains exemplaires en céramique de l’Asie Mineure (L. Kjellberg, À. Àkerstrom, Larissa am Hermos II, die architektonischen Terrakotten, surtout la frise VIII, p. 81, pl. 33, 40).
27 Largeur totale/profondeur du balustre - 1,49.
28 Nous reviendrons (infra, § 3,4 - Β 16) au sujet de cette solution qui se rapproche en quelque sorte de celles de Locres, Syracuse, Sélinonte (ex. II) et rappelle d’autre part les abaques chypriotes.
29 Pour des raisons d’économie ou parce que le chapiteau était très près d’un mur (cf. R. Martin, Chapiteau ionique d’Halicarnasse, REA, 61/1959, pp. 65 sq. ; O. Ziegenaus, loc. cit., G. Roux, op. cit., pl. 90/4 ; R. Vallois, op. cit., p. 186, n°. 23 ; un exemplaire de Thasos, cf. supra, note 17 ; enfin ci-dessus § 2-1 c.
30 On en trouve à Kavalla (G. Bakalakis, Neapolis, Histropolis, Kavalla, Arch. Eph., 1936, pp. 8 sq., fig. 7-10), à Salonique (Id., Therme-Thessaloniki, Antíke Kunst, Beih. 1, 1963, pp. 30 sq., pl. 17/2.3), à Geraka-Athènes (H. Mobius, art. cit., pl. 27).
31 Surtout par le plateau presque carré (largeur/profondeur - 1,16), largeur de la volute - 0,320 de la largeur totale.
32 Cf. infra, § 3.4 - A 14 et notes 70, 71.
33 Ils diffèrent en cela du motif qui décore le balustre de l’exemplaire II ; bien que le principe de distribution soit le même, l’effet décoratif est nettement différent, conséquence de la valeur plastique plus accentuée.
34 Cf. aussi les comparaisons proposées par C. Butler (op. cit., p. 127).
35 La ligne droite qui caractérise le départ du balustre doit être mise ici, comme pour l’exemplaire suivant, sur le compte du type de décoration. La signification du départ horizontal en tant que critère de datation est relativement limitée (cf. R. Martin,... Halicarnasse, p. 76) et il nous semble applicable surtout aux balustres à cannelures.
36 Diamètre horizontal des volutes/largeur totale - 0,298 ; largeur totale/profondeur - 1,63 ; largeur/profondeur du plateau - 1,00.
37 Nous nous contentons de citer, exempli gratia, les chapiteaux du Mausolée (C. T. Newton, R. P. Pulían, A History of Discoveries at Halicarnassus, Cnidus and Branchidae, 1862, I, pl. XXII), de l’Athénaïon de Priène (Th. Wiegand, H. Schrader, Priene, p. 92 et H. Drerup, Pytheos and Satyros... J.d.I., 69/1954, pp. 1 sq., fig. 1-4), un chapiteau post-classique de Samos (M. Schede, 2. Vorläufiger Bericht-Samos, Abh. Pr. Akad. Phil. - Hist. Klasse, 1929, p. 26, fig. 20), daté par G. Gruben à la même époque que les précédents (art. cit., p. 170, fig. 45).
38 Cf. aussi L. T. Shoe, op. cit., pl. XIX/2, 14.
39 Dimensions : abaque env. 417x272 mm. ; hauteur sans l’abaque et le fût rattaché ; env. 170 mm. ; diamètre du lit de pose. env. 270 mm.
40 Dimensions : largeur du plateau env. 390 mm., profondeur env. 318 mm. ; leur rapport : 1,23.
41 Largeur totale 480 mm., hauteur totale 235 mm., hauteur de la volute 163 mm., abaque 386 x 255 mm.
42 Largeur de l’abaque env. 480 mm., interaxe des volutes 330 mm., hauteur jusqu’au niveau du listel env. 170 mm.
43 Dans le cadre élargi de l’étude mentionnée (supra, note 4) le groupe occidental comprenait aussi les exemplaires de Marseille, Paestum, Locres, Syracuse (le chapiteau votif découvert dans « Giardino Spagna »). Les exemplaires trouvés à Castiglione dei Paludi (Fasti, 8/1953, s. v. 1611) n’en font pas partie en raison de l’absence de tout renseignement, ni les restitutions proposées pour le chapiteau du « temple ionique » anonyme de Syracuse (G. V. Gentili, Il Grande Tempio Ionico di Siracusa, Palladio, 17/1967, pp. 62 fig. 20 et la reconstruction en plâtre dans l’Antiquarium du Palais Vermexio), en raison de leur caractère inédit.
44 Nous avons examiné, à travers 82 exemplaires, la distribution de 50 critères descriptifs qui couvrent la quasi - totalité des solutions inventoriées dans le traitement sculptural du détail. Parmi ces critères, le groupe « occidental » étale les modalités plastiques les plus souvent employées sur un éventail de seulement dix formules ; la fréquence avec laquelle elles s’y retrouvent nous permet de les retenir comme spécifiques.
45 Si l’on considère les chapiteaux connus pour des centres aussi importants qu’Ephèse, Milet ou Samoa, si peu nombreux par rapport aux édifices que nous sommes en droit de supposer, on se rend facilement compte que le hasard de la découverte ainsi que les destructions (remploi ou passage dans le four à chaux) réduisent considérablement les probabilités d’en reconstituer toutes les étapes du développement. La recherche est compliquée du fait que certaines solutions plastiques apparaissent dans le traitement sculptural des exemplaires très dispersés, aussi bien du point de vue géographique que chronologique ou typologique. Si, faute d’une documentation qui permettrait d’en nuancer l’explication, on met ces anomalies sur le compte du goût du sculpteur, des conditions de son apprentissage ou simplement sur celui d’une imitation accidentelle, on peut tout aussi bien accepter l’existence des exemplaires intermédiaires qui ne nous sont pas connus.
46 Nous appelons ainsi tout essai d’encadrement chronologique ou stylistique qui se contenterait des comparaisons dispersées, appuyées par des références individuelles, portant sur peu de caractères, sans tenir compte ni de la valeur discriminatoire de certains d’entre eux, ni de leur répartition dans les différents groupements typologiques, ce qui en modifie souvent la signification chronologique.
47 Bien que datant d’un certain temps (Shoe, op. cit., p. 29) la prudente réserve formulée par l’auteur quant aux possibilités de préciser l’écart chronologique des productions architecturales de la Grèce d’Occident reste d’autant plus actuelle que nos exemplaires conservent, malgré tout, des traits nettement archaïsants.
48 La méthode matricielle (cf. note 4) permet de cerner d’une manière objective l’individualité de chaque pièce et rend facile et efficace sa comparaison avec toutes les autres considérées dans le même cadre. Cette comparaison peut être établie soit en fonction d’un groupe de critères, soit en fonction d’un seul d’entre eux et c’est le degré de corrélativité d’un critère par rapport aux autres qui permet d’en apprécier la signification et de l’utiliser en conséquence.
49 L’ex-voto de Callimachos (A. E. Raubitschek, Two Monuments Erected after the Victory of Marathon, AJA, 44/1940, 1, pp. 53 sq., fig. 1), les chapiteaux du Cap Sounion (A. Orlandos, Sounion Anaskaphai, Arch. Eph., 1917, fig. E), du monument commémoratif de Marathon (E. Vanderpool, A Monument to the Battle of Marathon, Hesperia, 35/1966, 2, pp. 93 sq., fig. 2), de la Stoa des Athéniens à Delphes (Amandry, op. cit., pp. 46 sq., pl. XXX) ; un exemplaire prémnésicléen (H. A. Thompson, Activities in the Athenian Agora, 1959, Hesperia, 29/1960, 4, pp. 350 sq., pl. 77/c). Exceptionnellement la même solution se retrouve à Thasos (chapiteau 3 dans le recueil de R. Martin) et plus tard à Chios (W. Lamh, Excavations at Kato Phana, in Chios, ABSA, 25/1934-35, p. 145, pl. 30/e) et à Magnésie du Méandre (Humann, loc. cit.).
50 Dans le chapiteau de Géraka (Möbius, loc. cit.), le listel à profil plat dessine la spirale du canal concave, tandis que le canal convexe est délimité par un listel arrondi.
51 Il ne faut pas pourtant perdre de vue quelques exemplaires, peu nombreux, où ce caractère ne semble avoir été déterminé par aucune des limitations mentionnées ci-dessus : les chapiteaux attribués au Gymnase de Kynosarges et trouvés dans le théâtre de Dionysos (P. Rodeck, art. cit.) et sur le bords de l’Ilissos (H. W. Inwood, The Erechtheion in Athens, Fragments of Athenian Architecture and a Few Remains in Attica, Megara and Epirus, 1831, pp. 20, 21, pl. 24).
52 A Délos le chapiteau de l’Oikos des Naxiens (R. Vallois, AHHD, n. 11, 12, pp. 177-178), celui attribué au Thesmophorion et l’exemplaire votif (R. Vallois, op. cit., n. 22 et 23, p. 186 ; G. Roux, op. cit., pl. 90/2 et 3), à Samos, le chapiteau attribué au Temple « Β » (O. Ziegenaus, loc. cit.). A Athènes, trois anathemata (R. Borrmann, dans Ant. Denkm., I, pl. 29/2 ; le chapiteau d’Alkimachos : A. Kawerau dans Arch. Eph., 1886, pl. 6 et A. Raubitschek, Early Attic Votiv Monuments, ABSA, 40/1939-40, p. 17, fig. 2, 3 ; le troisième : G. Kawerau, Eine ionische Saüle von der Akropolis zu Athen, J.d.I., 22/1907, p. 198, fig. 4, pl. IV et A. Raubischek, Zur Technik und Form der altattischen Statuenbasen, Izvestija-Institut, Sofia. 12/1938, p. 167, fig. 24), ensuite le chapiteau de l’Athénaïon du Cap Sounion et le chapiteau « Inwood ».
53 A Samos, le chapiteau post-classique (supra, note 37).
54 Les chapiteaux des Sphinx des Naxiens à Délos et à Delphes (R. Vallois, op. cit., n. 9, 10 ; P. Amandry, op. cit., respectivement, pl. XV/3 et pl. XI) le chapiteau à volutes incisées trouvé « sur la rampe du théâtre » à Délos (R. Vallois, op. cit., n. 3, p. 168), deux chapiteaux votifs à Paros (G. Daux, Chronique des fouilles, BCH. 86/1962, 2, p. 858, fig. 10 et ibid, 87/1963, 2, p. 824, fig. 18) et à Egine (G. Gruben, loc. cit.).
55 G. Bakalakis (art. cit., supra, note 30).
56 Chapiteau trouvé sur la pente sud de l’Acropole (H. Mobius, art. cit., p. 171, Ann. XIX/2, 3), chapiteaux du temple sur l’Ilissos (J. Stuart, Ν. Revett, Les Antiquités d’Athènes, 1808, I, pl. X) et de Niké Apteros (L. Ross, E. Schaubert, Chr. Hansen, Die Akropolis von Athen I, 1836, pl. VII, VIII).
57 Les chapiteaux votifs (Ant. Denkm., I, pl. 29/2) et du trophée de Marathon (E. Vanderpool, loc. cit.), ensuite l’Erechthéion (Stuart-Revett, op. cit., pl. XXII, XXIV) et enfin à Xanthos (P. Coupel, P. Demargne, Le monument des Néréides, F. Χ, III, p. 75 sq., pl. 31-33 et XXVIII-XXX).
58 Cf. les exemplaires cités de Samos (chapiteau attribué au temple « Β »), de Locres et de Syracuse (exemplaire votif de « Giardino Spagna »). En plus de ce changement de tracé, les deux derniers exemples présentent des pièces rajoutées assez développées tout à fait similaires à la solution adoptée par l’exemplaire II (Sélinonte n. 324).
59 Apollonion I de Didymes (G. Gruben, loc. cit.), Athénaïon du Ve s. (A. von Gerkan, Milet I, 8 ; Kalabaktépé, Athenatempel und Umgebung, p. 66, fig. 37).
60 Le Sphinx des Naxiens à Délos, un chapiteau votif de Paros (G. Daux, Chronique des Fouilles, BCH, 86/1962, p. 858, fig. 24), les chapiteaux attribués à l’Athénaïon de Kavalla et à l’Apollonion de Therme (Salonique), un exemplaire de Thasos et les deux exemplaires de Délos déjà cités (supra, note 52).
61 Les chapiteaux votifs prépersiques (supra, note 52), un chapiteau d’angle découvert près de l’Aréopage (G. Bakalakis, Zum ionischen Eckkapitell, JOAI, 36/1946, pp. 54 sq., fig. 3), à Erétrie, une pièce tard-archaïque (Chronique, Arch. Delt., 18/1963, II, p. 126, fig. 6), enfin ceux de l’Erechthéion et le groupe des Propylées, Temple sur l’Ilissos, Niké Aptéros.
62 A Athènes, le chapiteau votif (Ant. Denkm., I, pl. 29/2), au sujet duquel il ne nous semble pas hasardé de suggérer des attaches égéennes, un autre exemplaire, à volutes peintes, malheureusement très endommagé (ibid., pl. 18/2) indique un départ du même type pour le tracé du canal et, en plus, il a un abaque en forme de plaque non profilée qui dépasse le point de tangence des volutes. La restitution proposée par R. Borrmann, qui introduit deux palmettes dans l’axe, n’est appuyée sur aucune donnée fournie par le monument (Stelen für Weihgeschenke, J.d.I., 1888, p. 276) ; à Chypre, un exemplaire de Kytion, connu par un dessin de H. Saladin (apud Perrot-Chipiez, III, p. 264, fig. 198) et pour lequel A. Lézine (Architecture punique, Recueil de documents, p. 45, fig. 26) propose une restitution avec un abaque de type chypriote, sans préciser si cette variante est appuyée par de nouvelles informations. Sans être vraiment le cas, à la limite on peut considérer apparenté à cette solution le traitement des chapiteaux de l’Erechthéion ; ce serait un aboutissement très raffiné d’une formule dont des étapes intermédiaires seraient perdues. Voir aussi les considérations de R. Martin au sujet de la position particulière occupée par l’Erechthéion dans l’évolution du chapiteau ionique attique du Ve s. (Chapiteaux ioniques de l’Asclépiéion d’Athènes, BCH, 69/1944-45, p. 373).
63 La même solution est adoptée aussi à Paestum dans le prodomos de l’Athénaïon (F. Krauss, Die Tempel von Paestum, I. Th. I. Lief., Der Athenatempel, Denkm. Ant. Archit., 9/1, pl. 37).
64 A part le chapiteau votif mentionné à plusieurs reprises au sujet du groupe sélinontin (Ant. Denkm. I, pl. 29/2), on peut considérer comme faisant partie de la même catégorie les chapiteaux à échine de Samos (O. Reuther, Der Heratempel von Samos, 1957, p. 53, A 605) et à la limite, se rattachant par leur décor au chapiteau, les collerettes à anthémia : Apollonion de Naukratis (W. M. Flinders-Petrie, Naukratis I, 1886, p. 13, pl. III), Héraïon de Samos (restitution de G. Gruben), Temple de Locres, Erechthéion, le cycle se refermant ainsi sur le premier exemple cité ici.
65 Sphinx et stoa des Naxiens à Délos, ex-voto de Paros, Temple « Β » de Samos, Apollonion de Chios (J. Boardman, Chian an Early Ionic Architecture, Antiquaries Journ., 39/1959, 3-4, p. 180, fig. 4).
66 Chapiteau votif (Ant. Denkm., I, pl. 29/2), chapiteau d’Erétrie, de Géraka, « Inwood », déjà cités.
67 A. Bammer, Beiträge..., JÔAI, 49/1968-71, pp. 3-17, figg. 1-5. Bien que plus récent, ce chapiteau reproduit des exemples plus anciens, aussi bien dans la composition des volumes que pour la plastique du détail. Nous retenons en particulier le décor d’écailles sur le balustre.
68 H. Saladin, Musées et collections... (VIII 2 ), Musée Lavigerie, pl. XVII/2 ; C. G. Picard, Catalogue du Musée Alaoui, A-6 (p. 9, pl. II) et A. Lézine, op. cit., p. 45, fig. 26. Le support de siège : H. Saladin, op cit., pl. XVI/1.
69 En ordre chronologique : Monument des Néréides à Xanthos, Mausolée d’Halicarnasse, Athénaïon de Priène, Artémision de Sardes (expl. « C ») et de Magnésie/M., Apollonion II à Didymes, Grand Autel de Pergame ; l’absence de ce décor à Ephèse au IVe s. indiquerait peut-être un autre lieu d’invention pour la pièce citée (supra, note 67). Le même décor sur le baudrier d’une dédicace ptolémaïque à Olympie (Olympia I, pl. 89/6-10 et W. Zschietschmann, dans Ol. Forsch., I, p. 30, note 2) représente le seul exemple que nous ayons pu recenser en dehors de l’Asie Mineure sauf, bien entendu, les exemplaires occidentaux.
70 Sphinx des Naxiens à Delphes, Artémision « D » à Ephèse, Apollonion I à Didymes.
71 A Xanthos (Monument des Néréides), à Ephèse dans l’Artémision « Ε » (apud Butler, Sardis II 1, atlas, pl. XII), au Mausolée (H. Drerup, art. cit., fig. 6) et à Athènes le chapiteau découvert dans le théâtre de Dionysos (P. Rodeck, loc. cit.). La liste continue au Me s. sans être pourtant trop chargée, de sorte qu’on ne peut pas définir ce trait comme distinctif pour le chapiteau hellénistique, du moins pas avant le IIe s. Parmi les exemplaires cités ici, celui de Xanthos nous semble le plus rapproché de ce point de vue, surtout en ce qui concerne l’exemplaire VI.
72 Dans la série des 82 exemplaires examinés (supra, note 4), les derniers à adopter cette solution se situent dans le deuxième quart du Ve s. : le chapiteau de Géraka (H. Möbius, loc. cit.), un autre trouvé dans l’enceinte de l’Asclépiéion d’Athènes (R. Martin, art. cit., pp. 341 sq., fig. 1, 2, pl. XXVI), enfin celui qui a été attribué à l’Athénaïon de Milet (Gerkan, loc. cit.) et, dans la Grande Grèce, l’exemplaire de Locres.
73 Si la courbe qui détermine par sa rotation le volume cylindrique du balustre reste inchangée au cours de cette rotation, elle doit se projeter comme telle sur le plan vertical qui délimite idéalement la largeur du plateau. Par contre, si cette courbe se modifie en cours de rotation, elle peut se présenter comme une ligne droite au niveau du plateau et s’infléchir progressivement vers le centre, jusqu’à ce qu’elle devienne un arc de cercle au niveau de l’échine, transformation qui engendre un volume complexe du balustre.
74 Sa fréquence maximale se rencontre en Asie Mineure avant le milieu du Ve s. ainsi que dans la zone égéenne et disparaît presque complètement après le début du IVe s.
75 Supra, note 35 ; en dehors des chapiteaux des grands monuments, on enregistre des volutes inclinées dans des exemplaires de dimensions relativement modestes ; la reprise, aux mêmes endroits (Ephèse, Didymes), à une époque plus récente pourrait être interprétée aussi bien comme une persistance que comme la reprise d’une tradition archaïque locale.
76 A l’encontre de l’argumentation au sujet du canal concave, développée par J. Boardman (art. cit., pp. 178 sq., passim) nous ne croyons pas que la présence des deux types de section sur les deux faces d’une même pièce puisse indiquer une époque de « transition » du point de vue chronologique, étant donné le canal concave des cha piteaux très hautement datés. Nous serions enclin par conséquent à y voir plutôt un essai de plastique vite abandonné, ce qui rend encore plus étranges les exemplaires sélinontins.
77 La face a canal convexe de V A conserve quelques traces de stuc, témoignant de la préoccupation pour un fini plus net que la pierre elle-même ne l’aurait permis ; de même pour les exemplaires II (Hittorf-Zanth, loc. cit.) et X, taillés pourtant dans un calcaire de meilleure qualité.
78 On retrouve ce mode de souligner la volute dans les ex-voto des Naxiens à Délos et à Delphes, dans un chapiteau d’offrande de Paros « qui n’est pas sans analogie avec le chapiteau de la colonne des Naxiens à Delphes » (G. Daux, Chronique, BCH, 87/1963, 2, p. 824, fig. 18), dans un fragment de Cyzique (supra, note 15) et, enfin, dans l’exemplaire prépersique plusieurs fois mentionné (Ant. Denkm., I, pl. 29/2). Ce qui nous intéresse surtout c’est sa présence à Athènes au Ve s. dans les exemplaires des Propylées, du temple sur l’Ilissos et jusqu’à un certain point de ressemblance, de l’Erechthéion ainsi que, un peu plus tard, dans le chapiteau du Monument des Néréides.
79 Si, dans l’offrande d’Alkimachos l’état de conservation rend difficile la restitution exacte de sa section, le kymation lesbique en tant que profil de l’échine est attesté dès 480 par l’ex-voto de Callimachos (A. Züchner, AA, 51/1936, col. 330, fig. 20) et par un fragment publié par O. Puchstein (op. cit., fig. 2) ; suivent dans le deuxième quart du siècle l’exemplaire jadis dans le petit musée de l’Acropole (H. Mobius, art. cit., p. 167, Ann. XVIII/7), le chapiteau du Cap Sounion et, avec une certaine réserve, celui de la stoa des Athéniens à Delphes (P. Amandry, op. cit., pl. XXX) car il présente ce profil comme un registre de transition entre l’échine ovolo et le fût. On pourrait y voir une certaine ressemblance avec le quasi-semitore qui court sous l’échine de l’exemplaire sélinontin. Sans disparaître complètement, le profil se modifie jusqu’à devenir presque un cavet : chapiteau trouvé dans la bibliothèque d’Hadrien (W. Wrede, art. cit., Ann. LXIV/1 ; seulement sur la face postérieure), deux exemplaires de Délos pour lesquels on a invoqué des influences attiques (attribué au Thesmophorion et ex-voto en pôros, cf. supra, note 52), enfin l’exemplaire II de l’Asclépiéion (R. Martin, art. cit., p. 345, fig. 3, pl. XXVII).
80 En dehors des grands diptères, deux exemplaires pour lesquels une telle restitution est plus que probable (W. Wilberg, Studien am Artemision, Forsch. in Eph., I, 1906, fig. 199 et 200) ; au même endroit un exemplaire du IVe s. (W. Alzinger, art. cit., expl. 1, p. 106) et à Didymes le chapiteau tard-archaïque (supra, note 17).
81 Apollonion de Chios (J. Boardman, loc. cit.), au même endroit un exemplaire de la fin du Ve s. (ibid., p. 188, n. 52, pl. XXVII) ; à Délos les chapiteaux à décor incisé (R. Vallois, op. cit., n. 3) et attribué à la Stoa des Naxiens (ibid., η. 14), à Samos (attribué au temple « Β »), à Salonique, à Thasos, à Histria (art. cit., fig. 4, sur une des faces seulement).
82 Le chapiteau votif (Ant. Denkm., I, pl. 29/2) et à titre de probabilité, l’exemplaire n. 4 du recueil de Puchstein.
83 Deux exemplaires déjà mentionnés : (H. A. Thompson, art. cit. ; W. Ziichner, art. cit.). Ensuite dans le groupe des Propylées, Temple sur l’Ilissos, Niké Aptéros.
84 Cf. les exemples de Larissa/Hermos (J. Boehlau, K. Schefold, L.a.H., I, Die Bauten, 1940, p. 125, pl. 20, 21), Erétrie, Marseille (F. Benoît, Le chapiteau ionique de Marseille, R.A., 43/1954, p. 32), entre autres.
85 On le rencontre à Cyzique, dans l’exemplaire tard-archaïque d’Halicarnasse, à Kavalla et Salonique sur les faces à canal concave, ensuite à Athènes, le chapiteau « Inwood » et le chapiteau trouvé sur la pente sud de l’Acropole.
86 Tandis que pour les exemplaires II, IV, V, VI, VII, le quotient de ce dernier rapport se situe autour de 1, pour le chapiteau I (Géla) il est de 1,43 et pour III de 1,45. A titre comparatif, le même rapport est de 1,59 pour l’ex-voto d’Alkimachos, de 1,45 pour le chapiteau attribué au temple « Β » de Samos, de 1,35 pour le chapiteau didyméen de l’archaïque récent.
87 Cette transition des grandes aux petites valeurs se traduit dans un dessin orthogonal de la face principale par la translation des centres partant de l’extérieur des verticales qui délimitent le fût et se rapprochant successivement jusqu’à ce qu’ils se trouvent à l’intérieur de celui-ci.
88 En vue d’assurer les bases d’une comparaison objective, en termes égaux, tenant compte exclusivement de la masse constitutive du chapiteau, les hauteurs de l’abaque et de la partie rattachée du fût n’ont pas été prises en considération.
89 Le rapport interaxe/hauteur des volutes rend compte de l’ampleur de celles-ci dans le dessin de la façade ; par conséquent plus le quotient du rapport a une valeur grande, plus les volutes sont petites et écartées.
90 Le chapiteau du musée d’Erétrie et un exemplaire de Thasos pour lesquels le rapport largeur/hauteur se rapproche des exemples siciliens (respectivement 2,89 et 2,67) mais le rapport interaxe/hauteur des volutes devient, dans le même ordre : 1,16 et 1,11. Même en nous orientant vers les chapiteaux dont la hauteur se situe autour de 3,1 (Athénaïon de Paestum, chapiteau votif en pôros de Délos), les quotients du second rapport restent toujours dans les grandes valeurs (respectivement 1,44 et 1,13).
91 Le chapiteau gravé de Délos (R. Vallois, n. 3) : 3,14 et 1,79 comme quotients respectifs des rapports examinés ici, ensuite le chapiteau votif (Ant. Denkm., I, pl. 29/2) : 3,08 et 1,66 et enfin l’exemplaire post-classique de Chios (Boardman, art. cit., n. 52, pl. XXVIII) : 3,1 et 1,72, ce qui prouve la persistance de ce système de rapports.
92 Valeurs respectives pour le chapiteau de Marseille : 3,37 et 1,68 ; pour Propylées : 3,7 et 1,74.
93 Dans la suite chronologique, la tendance générale s’oriente vers l’abaissement de la position des centres ; normalement les centres situés vers le haut se retrouvent dans les chapiteaux à grandes volutes rapprochées mais, dans le groupe à volutes moyennes, plusieurs exemplaires d’origine égéenne présentent la même caractéristique.
94 Nous entendons moyennes dans le groupe étudié, car ces valeurs se situent, dans le tableau général, dans les grandes valeurs du quotient respectif.
95 Apollonion I de Didymes (0,663), mais surtout les chapiteaux à volutes gravées de Délos (Vallois, n. 3) : 0,64 ; l’ex-voto d’Athènes (Ant. Denkm., I, pl. 29/2) : 0,654 et post-classique de Chios (Boardman n. 52) : 0,64.
96 Artémision « D » à Ephèse : 0,762 ; temple « Β » de Samos : 0,747 ; ensuite des exemples qui ont été cités plus d’une fois à propos de III : Agora d’Athènes : 0,757 ; temple sur l’Ilissos : 0,754 ; Marseille : 0,755.
97 Ainsi, la hauteur rapportée à la largeur, relativement grande dans notre groupe, ne se retrouve pas dans le groupe Locres-Syracuse, davantage tributaire du schéma samien ; de même, on a développé, dans le dessin des exemplaires IV et II, des artifices destinés à allonger le lit d’attente ce qui s’oppose à la composition plus serrée du volume.
98 A part quelques indications qui peuvent être considérées comme termini ad quem (405, sûrement) pour les exemplaires I et I A) ; les conditions de la découverte - dans la plupart des cas inconnues - interdisent tout espoir d’y trouver un appui.
99 D. Adamesteanu, art. cit., p. 82 ; elle est implicitement contestée par A. Bammer, (art. cit., p. 15, n. 47) sans argumenter leur définition comme « archaïsants ».
100 Le traitement plastique du chapiteau votif (Ant. Denkm., I, pl. 29/2) est orienté dans un sens opposé : il conserve encore, dans la décennie 530-520 le caractère peu architectural, plus géométrique de l’interpénétration de l’échine et des volutes.
101 Les images des chapiteaux frappées sur les monnaies (E. Rizzo, Monete Greche della Sicilia, 1946, pl. XVII/10, 12) laissent apercevoir un type à grand abaque et à canal fortement incurvé (cf. surtout la fig. 10). Nous y reviendrons (infra, § 6.1) au sujet des chapiteaux ioniques des sarcophages ; leur datation (fin du Vie - début du Ve s.) suggère une préparation dans le domaine « monumental » qui aurait ouvert la voie à un emploi de plus en plus répandu des éléments ioniques.
102 Il le considère (art. cit., p. 19) comme une étape de transition entre le type éolique de Néandria et celui des grands diptères, le situant implicitement dans le second quart du Vie s., ce qui est inacceptable. Au sujet des distinctions à opérer entre ces deux types de chapiteau, voir R. Martin, Problème des origines des Ordres à volutes, Etudes d’Archéol. Class., I, 1955-56, pp. 121 sq.
103 Hulot-Fougères, op. cit., p. 235, note 3.
104 Shoe, op. cit., XIX, 5. Sans vouloir diminuer les mérites de l’ouvrage en question, celui-ci nous semble un cas typique d’appauvrissement des moyens d’analyse déductibles de l’examen global de la pièce, au gré d’une apparente rigueur méthodologique qui ne concerne qu’un seul de ses éléments. En réalité, les oves ne sont pas situés sur l’abaque mais sur la face latérale de la pièce rajoutée (cf. supra, § 2.1 b-II) dont le volume est engendré par la translation des palmettes qui assurent l’élargissement du plateau sur la face principale. Or, le dessin des palmettes ayant pu modifier le contour de l’ovolo, l’argument perd beaucoup de son poids ; de même, l’état de conservation des oves est assez précaire pour permettre un jugement très nuancé ; il est entravé en tout cas par les dimensions du décor (env. 50 mm. d’interaxe) et par la taille qui a dû se faire dans un calcaire dont le grain n’excelle pas par sa finesse. (Cf. aussi, Remarques sur la composition et la chronologie du kymation ionique..., Dacia, XI, N. S., pp. 98 sq., pl. I).
105 Nous ne croyons pas pécher par présomption en considérant après bon nombre d’essais, qu’il serait difficile de proposer d’autres variantes plausibles pour la partie centrale du chapiteau.
106 Il est vrai que le même dispositif se retrouve dans les exemplaires IV et V, mais dans ces cas l’indication chronologique qu’il pourrait fournir n’est pas corroborée par d’autres arguments aussi bien étayés que dans le cas de l’exemplaire II.
107 A Cyzique (Hasluck, art. cit.) et à Chios (Boardman, loc. cit.) ainsi qu’un autre fragment du même endroit (ibid., n. 30, p. 180, pl. XXVII/d). A Sélinonte même, des tracés de volutes archaïques ont pu servir de modèle (cf. E. Gabrici, Per la storia dell’architectura dorica in Sicilia, MAL, 35/1935, col. 232 sq., pl. III/l et col. 244, pl. 1/4).
108 P. Orlandini, Impianto Greco di Bagni Pubblici, Not. Sc., 85/1960, 1-6, p. 198, fig. 24b : un fragment de volute ionique provenant d’un chapiteau modelé dans un sarcophage en terre cuite.
109 La forme même des oves ne nous semble pas s’opposer à cette datation, surtout si on tient compte de l’épaisseur de leur bordure (voir aussi Dacia. XI, loc. cit.).
110 Cf. supra. § 3.4 - D (25-30).
111 Abstraction faite du baudrier, la courbe qui désigne l’axe du balustre est analogue à celle des chapiteaux trouvés dans la Bibliothèque d’Hadrien (Wrede, loc. cit.) et sur les pentes de l’Aréopage (Bakalakis, loc. cit.).
112 Surtout en ce qui concerne le plan plus ramassé et l’augmentation relative du diamètre du fût (§ 3.4 D 25, 26, 27). L’écart des proportions du plateau par rapport aux solutions courantes à cette époque s’explique par le dispositif de la pièce rajoutée.
113 Tenant compte de certaines solutions de la plastique du détail — surtout du profil différent du canal sur les deux faces — on pourrait les considérer encore du Ve s. D’autre part, l’édification d’un petit naïskos ne nous semble pas en contradiction avec le cadre historique (en dépit de l’issue différente des conflits, on est tenté de penser à la situation parallèle en Attique entre et après les guerres médiques : anathémata, monument votif de Marathon). La présence d’un tel exemple parmi les monuments de la ville pourrait expliquer en partie les particularités des exemplaires VIII, IX, XI.
114 Au début le plan carré est associé aux grandes volutes (ex-voto de Callimachos, Athénaïon du Cap Sounion) pour se trouver associé à des petites volutes dès la construction des Propylées et finit par conquérir aussi la zone micrasiatique au commencement du IVe s. (Xanthos, Ephèse, cf. Alzinger, art. cit., n. 1), etc. De même, l’égalité entre l’interaxe des volutes et le diamètre du lit de pose tend à se généraliser au IVe s.
115 Pour la datation, dernièrement C. C. van Essen, Notes sur le deuxième Didymaion, BCH, 70/1946, pp. 607 sq., et W. Hahland, Didyma im 5. Jahrhundert v. Chr, J.d.I., 79/1964, pp. 142 sq. Même si on doit admettre que le projet de Daphnis et Paeonios a dû être modifié par la suite, surtout en ce qui concerne les détails, l’assise du socle devait être posée avant 270, date à laquelle on travaillait déjà à la 13e assise. Bien que le moment de la taille ne soit pas précisé, il semble difficile d’accepter qu’elle fût trop retardée, compte tenu du caractère particulier de l’organisation du travail sur ce chantier (Cf. E. Pontremoli, B. Haussoulier, Didymes, 1904, pp. 98 sq.).
116 En l’absence d’une étude systématique de cet élément du décor ionique, force nous est d’en déduire la séquence chronologique du parallèle qu’on peut établir avec l’évolution du kymation lesbique.
117 Notre conclusion rejoint, aux moins pour VII, celle de L. Shoe (op. cit., XIX/9 et 22), qui le situe dans le IVe s. ou plus tard, sans pourtant préciser éventuellement de combien.
118 Le chapiteau de Locres, car celui de Paestum appartient à un prostyle intérieur et celui de Marseille est attribué à un monument dont la distribution planimétrique est inconnue ; pour Syracuse, faute d’une démonstration péremptoire de l’existence d’une péristasis d’ordre ionique, ni les assertions d’un caractère trop général déjà avancées (Gentili, art. cit., passim), ni la maquette présentée dans le musée local, n’interdisent de supposer que l’édifice en question se conformait à une solution planimétrique et à une distribution des ordonnances similaires à celles de l’Athénaïon paestan.
119 Il ne pouvait appartenir à un pilier isolé car le décor n’en occupe que trois faces.
120 Nous rappelons que tous les deux présentent sur le lit d’attente un sillon qui pourrait indiquer la position de l’architrave. Ni l’écart des dimensions, ni les différences de traitement sculptural ne semblent s’opposer formellement à l’appartenance initiale de ces chapiteaux à deux façades différentes d’un même bâtiment. Bien que nous ne connaissions pas de précédents, il n’est pas impossible de considérer l’éventualité d’un remploi de IA comme support d’offrande, après la désaffectation de l’édifice. Il a pu tout aussi bien reproduire, en tant qu’ex-voto, le modèle fourni par I et nous ne pouvons que regretter le manque d’arguments qui puissent trancher ce dilemme.
121 Voir les réserves exprimées pour X, supra, § 2.3 a.
122 Le chapiteau II ne peut être attribué à aucun des monuments dont les vestiges ont été relevés dans la zone sacrée.
123 Le rôle des artistes venus de cette région est trop connu dans la formation du courant attique pour nous y attarder et l’activité des tailleurs de pierre ne saurait pas être limitée au seul Olympiéion pisistratide. Nous reviendrons sur l’existence probable d’un tel prototype en liaison avec les chapiteaux du groupe 1.
124 L’hypothèse d’un temple ionique à Lindos a été déjà avancée (E. Dyggve, Lindos, III, 1, Le Sanctuaire d’Athana, pp. 144, 127) ; voir aussi (ibid., p. 187) au sujet des liaisons artistiques avec le cercle ionien.
125 P. Orsi, Géla, MAL, 17/1906, col. 528 et note 1 ; il souligne aussi la difficulté de décider si les rapports avec l’Ionie ont été directs ou non (col. 530). Cf. aussi F. Matz, ΕA A, VII, s. v. Sarcofago.
126 Deux exemples (ibid., pl. XVI — trouvé dans le Predio Leopardi — et un second plus récent - cf. P. Orlandini, art. cit., p. 361, fig. 7) se rattachent, par le changement du tracé de la volute dans le premier quadrant, à des prototypes provenant de la même aire, mais de type différent (Délos : Oikos des Naxiens, chapiteau grave — Vallois n. 3 — ; Samos : Temple « Β » ; ensuite à Thasos et à Histria, ce qui atteste la large diffusion du motif). Aucun des chapiteaux des sarcophages ne reprend non plus l’infléchissement du listel supérieur.
127 Orsi, art. cit., fig. 366 et pl. XLVI.
128 Nous croyons en reconnaître le prototype dans les chapiteaux de l’Oikos et du Sphinx des Naxiens à Délos, qui, parmi leurs contemporains accusent le plus les caractères mentionnés. Au même groupe à grandes volutes se rattachent aussi les chapiteaux du prostyle de I’Athénaïon paestan (voir aussi Dada, XII, loc. cit. et tableau I).
129 Au Ve s., la quasi-totalité des chapiteaux à grandes volutes ont un lit d’attente qui tend nettement vers le carré. La même situation se serait créée dans notre cas si le plateau avait été limité aux points de raccord des volutes.
130 On saurait difficilement attribuer au seul hasard le fait que les reproductions des chapiteaux ioniques dans les supports de miroirs laissent transparaître des détails qui les rattachent singulièrement par certaines particularités à des modèles architecturaux provenant des mêmes centres. Ainsi un support de Locres (L. von Matt, La Grande Grèce, 1962, fig. 134, 135) n’a pas d’abaque et montre, largement développées au-dessus des volutes, les mêmes palmettes rajoutées si caractéristiques du chapiteau du temple ; un autre, de Paestum (F. Studnicka, Neue archaïsche Marmorskulpturen, J. d. I., 43/1928, p. 203 fig. 51) reprend le haut abaque et les grandes volutes qui nous frappent dans les chapiteaux de l’Athénaïon.
131 Nous pensons en premier lieu au très fort infléchissement du canal, à l’articulation de l’abaque et, pour V, aussi à la mouluration de l’échine et à la forme des palmettes.
132 Deux exemplaires attiques (Ant. Denkm., I, pl. 19/2 et 18/1) et un autre de Kytion (supra, note 62), ce qui délimite une aire de diffusion dont les extrémités couvraient le bassin égéen et l’Asie Mineure. Pour la question de l’abaque du dernier (ibid., Lézine, loc. cit.) ; ses palmettes ressemblent aussi comme position et fonction (pièce rajoutée) à celles de Locres et de l’exemplaire II. I
133 V. Karagheorghis, Chronique des fouilles à Chypre, BCH, 86/1962, I, p. 346, fig. 23 c. L’auteur cite à l’appui de son hypothèse au sujet de la provenance l’opinion de Gjerstad selon laquelle ce type de support aurait servi de modèle aux artisans locaux qui ont remplacé par la suite le chapiteau ionique par un chapiteau chypriote.
134 Erétrie, Kavalla, Salonique, Halicarnasse (ex-voto tard-archaïque), et dont le réflexe occidental se retrouve à Paestum.
135 Chr. Blinkenberg, Lindos I, Les Petits objets, p. 207, pl. 26/668 ; cf. aussi les références à d’autres pièces similaires de Chypre.
136 V. Karagheorghis, Chypre, 1968, pp. 199 sq.
137 La différenciation qui devait s’opérer dans l’esprit des artisans locaux entre les deux modèles — ionique et chypriote — nous paraît très bien illustrée par un chapiteau provenant de Dali (attribution incertaine, cf. G. Colonna - Ceccadi, Monuments Antiques de Chypre, de Syrie et d’Egypte, 1822, pl. XXI/6) dont la largeur dépasse la proportion courante. Le sculpteur remplit l’espace entre les volutes de type traditionnel, non par une rangée d’oves, mieux adaptée à l’espace disponible, mais par la juxtapositon de deux chevrons, interprétation assez libre du motif usuel, né de l’intersection des deux volutes inclinées.
138 C. G. Picard, Catalogue du Musée Alaoui 1955, C.b - 367, p. 133, pl. LI ; deux autres exemplaires : A. Lézine, op. cit., p. 46, fig. 27, 28 et note 10. Le dernier serait datable avant le IVe s. ; H. Saladin, op. cit., pl. XVI/8.
139 A. M. Bisi, Stele Puniche, 1967, pp. 212, 227 ainsi que les tableaux comparatifs, pp. 219 et 235 ; de même, les conclusions de C. G. Picard, Notes de chronologie punique, Karthago, XII, pp. 17 sq. Nous accomplissons un agréable devoir en remerciant Mme Picard de l’amabilité avec laquelle elle nous a donné de précieuses indications, ainsi que des suggestions qui ont confirmé notre première opinion.
140 La littérature au sujet des influences grecques à Carthage est assez vaste et l’ouvrage de A. M. Bisi comprend la plupart des références. Nous nous contentons de souligner le consensus établi au sujet de la composante grecque dans l’art punique dont l’expression se renforce surtout au IVe s., en particulier en ce qui concerne les motifs décoratifs des stèles funéraires. Cf. aussi : M. Hours - Miédan, Les représentations figurées sur les stèles de Carthage, Cahiers de Byrsa, I, 1951, pp. 40-44.
141 A part les difficultés de datation des stèles puniques, il faut remarquer que les motifs en question, en particulier le canal infléchi, ne sont pas les seuls utilisés. Sans parler du caractère graphique et non sculptural — au sens de volume dégagé — de ce genre de représentation, une revue des exemplaires du CIS, III montre l’utilisation de plusieurs — au moins trois — « cartons » qui ont servi de modèle pour le couronnement - chapiteau, que nous enregistrons dans un ordre qui n’est pas, bien entendu, chronologique :
Les plus rapprochés des chapiteaux discutés ici nous semblent ceux des stèles 2432 (III, f. III, pl. LU), 2718 (III, f. IV, pl. LVI) et 13 (IIII, f. II, pl. XXVI) ; assez suggestifs pour pouvoir les rapprocher du modèle à petites volutes d’origine micrasiatique paraissent être : 257 (II, f. III, pl. XLVII), datable selon Mme Picard vers la fin du IIIe s. ; ensuite 2622 (III, f. IV, pl. LV) et, assez déformés et tardifs : 11 et 14 (IIII, f. II, pl. XXVI) ; enfin à un type classique se rattacherait 180 (II, f. III, pl. XLV).
142 Chapiteau A 2972, provenant de l’Agora (H. A. Thompson, loc. cit.).
143 Chapiteaux du Philippéion (Curtius - Adler, Olympia, II, 1892, revu par Zschietschmann, Ol. Forsch., I, p. 34, pl. 7) et de Léonidaion (ibid., pl. LXXV).
144 La datation plus récente des pièces carthaginoises qui contiennent ce même motif serait une indication supplémentaire pour la direction de déplacement des influences, sans qu’on puisse toutefois éliminer la possibilité d’une importation directe de provenance micrasiatique.
145 C. G. Picard, op. cit., C. b. - 367 et 658 ; CIS, II, n. 257 etc.
Notes de fin
1 Relevés, restitutions et illustration photographique de l’auteur ; par la suite les références aux dimensions des pièces seront réduites au minimum nécessaire, les cotes essentielles étant reportées sur les dessins de restitution.
Auteur
Architecte
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