Chapitre II. Technique
p. 23-28
Texte intégral
1Le procédé de fabrication des quatre hydries à tête de femme peut se déduire de quelques remarques. La lèvre fait corps avec le reste du vase7. Mais le rebord, lisse à l'intérieur, porte à l'extérieur des prismes droits et un rang de perles en relief qui n'ont pu être obtenus qu'à la fonte. Or le reste du vase est martelé : l'épaisseur, qui est de 3,0 à 3,2 mm en bas du biseau qui fait la transition entre la lèvre et le plateau, est de 1,5 mm quelques centimètres plus loin, et de 1,0 à 1,2 mm sur toute la hauteur du col. Le polissage final, fait au tour à en juger par les fines stries horizontales qui couvrent tout le corps des vases, a fait disparaître les traces des coups de marteau. Mais, sur des vases moins soignés, il arrive qu'ils restent visibles, en particulier sous le plateau, endroit normalement non vu ; c'est le cas sur l'hydrie de Telesstas, sur une hydrie du Louvre, probablement sur l'hydrie de Trikala8. D'autre part, corps, col et embouchure sont faits d'un seul morceau de métal. En fait, les vases grecs archaïques et classiques martelés dont le corps est fait de deux moitiés sont rares : une série d'aryballes globulaires9 où les deux parties sont serties selon l'équateur du vase, et quelques hydries, dont plusieurs en tout cas, fabriquées pour servir d'urnes cinéraires, n'avaient pas besoin d'être totalement étanches10.
2Le procédé qui permet d'atteindre ce résultat a été très précisément décrit par A. Mutz qui, dans l'expérience dont il rend compte minutieusement11, s'est fortement simplifié la tâche en prenant comme modèle un vase dont le fond était fait à part. Mais ses dessins montrent bien comment il est possible que la lèvre ait sa forme définitive dès l'ébauche coulée, que pour le reste l'artisan reprend entièrement, en l'amincissant et en l'agrandissant. Dans l'exemple que présente A. Mutz, l'ébauche est plus ou moins cylindrique. Pour les hydries, comme pour les grands cratères12, il s'agissait d'une sorte d'œuf, dont nous pouvons avoir une idée avec l'étrange hydrie d'Ugentum dont il sera question plus loin (p. 25 et fig. 113 à 118) ; son épaisseur (5 mm, peut-être davantage au fond) lui donne un poids qui la rend entièrement inutilisable ; ce devait être celle des ébauches coulées.
3L'hydrie n° 5 n'a pas de décor en relief sur la lèvre. L'épaisseur du rebord (fig. 14) suggère pourtant que le procédé est le même. Ce n'est pas absolument certain, car il arrive que des artisans, moins sûrs de leur technique, martèlent aussi la lèvre qui est ainsi, en quelque sorte, rabattue vers l'extérieur : c'est le cas sur l'hydrie de Lecce (ci-dessous, p. 50 et fig. 159 et 160 ; section fig. 16) et sur celle de Cumes (ci-dessous, p. 50 et fig. 157 et 158 ; section fig. 17 : l'aspect de la surface ne laisse guère de doute, malgré l'épaisseur relativement importante de ce rebord). Ces deux hydries sont pourtant, par leur profil (fig. 6 et 7) et leur décor, très proches de nos nos 1 à 4 : ce doivent être de fidèles imitations, par un autre atelier, des vases de Paestum et Sala Consilina. C'est en rabattant le métal que la lèvre est faite dans un atelier du Nord-Ouest du Péloponnèse, où les bronziers éprouvent le besoin d'augmenter la solidité du col par un filet au repoussé13.
4Les anses sont fondues. La cassure de l'anse de Francavilla Marittima (p. 54 et fig. 39 et 40) permet de constater qu'elle est creuse, l'épaisseur du métal étant de 2,5 à 3 mm. C'est probablement le cas des anses les plus grandes et les plus soignées : pour les anses horizontales, nous verrons que ce sont à la fois celles de Grande-Grèce et les plus récentes. Il est étonnant que, pour les nos 1 à 3, les rivets du bas de l'anse verticale aient été fondus avec l'anse : un examen attentif, fait avec le restaurateur du musée de Paestum, nous en a convaincus, alors que sur l'hydrie n° 4, on voit clairement, même sur photographie (fig. 48), la tête du rivet.
* * *
5L'hydrie n° 6 est fondue, sans reprise au marteau. L'épaisseur du métal reste de 5 mm à mi-hauteur du col (fig. 15), point que le compas dont je disposais ne m'a pas permis de dépasser14. que le profil même du vase, très différent des précédents, est lié à cette technique : la coulée, toujours délicate pour un objet aussi mince, est facilitée par la suppression des angles vifs. Ce profil, avec l'épaule bombée et le col concave, est celui des seuls vases du VIe s. qui soient normalement fondus : des oenochoés, décorées aussi de godrons en relief, le plus souvent à la fois sur l'épaule et en bas de la panse, dont un exemplaire a été découvert à Sala Consilina avec l'hydrie cataloguée ici, n° 415. Signalons dès maintenant que cette série, assez nombreuse, est rattachée à Corinthe, notamment par le style des kouroi qui leur servent souvent d'anse, mais que la plupart ont été trouvées en Grande-Grèce16.
6Mais, parmi les hydries, notre n° 6 est à peu près isolé, et les deux rapprochements possibles ne sont qu'à-demi satisfaisants. Une hydrie trouvée à Trikala17 a un profil très voisin (fig. 112), mais elle est, normalement, martelée ; sa lèvre étant fondue, elle a été faite comme nos nos 1 à 518 Elle a en commun avec l'hydrie de Paestum les godrons sur l'épaule, mais ici ils sont gravés, et deux sphinx à l'anse verticale19 ; celle-ci a la forme d'un kouros, de style corinthien ; les sphinx ornent l'attache supérieure. Bref, la parenté du profil et du décor coexiste avec une différence dans la technique.
7Une hydrie entièrement fondue, également du VIe siècle, a été découverte à Ugentum, et publiée par F. Lo Porto20. Il n'est pas inutile de la décrire à nouveau, d'après un examen direct, pour bien souligner ce qu'elle a d'étrange (fig. 113 à 118).
Musée de Tarente, inv. 134906. Haut, sans l'anse : 41 cm ; avec l'anse : 45,5 cm ; diam. de l'embouchure : 19,4 cm. L'épaisseur du métal est de 5 mm sur tout le haut, et ne diminue certainement pas en-dessous : le vase est extrêmement lourd, beaucoup trop pour être utilisable. Il n'y a aucun décor sur la lèvre ni sur l'épaule. Le pied, fondu à part, a un profil très légèrement convexe, avec de grosses stries verticales.
Les anses horizontales sont simples et massives, avec un gros bourrelet au milieu, et des plaques d'attache épaisses, à peu près demi-circulaires. L'anse verticale s'attache en bas par une plaque ronde épaisse, soudée, où sont gravées une palmette et des volutes, celles-ci inversées par rapport au schéma habituel. L'attache supérieure, avec deux demi-bobines très longues, comporte une tête de lion massive, d'un type étrange, avec des oreilles plates, un nez long et étroit, et un décor gravé très soigné. Sur le plat des bobines, une rosette gravée. Trois gros rivets sont visibles en haut, à l'intérieur, deux seulement à l'extérieur.
8Le poids du vase pose à lui seul un problème. J'y verrais volontiers, sans que cela explique que l'hydrie ait été achevée, l'équivalent des ébauches fondues à partir de quoi étaient fabriqués des vases martelés comme les hydries nos 1 à 5 ou les grands cratères : d'après les dimensions et l'épaisseur, c'est à peu près la taille que pouvait avoir l'ébauche d'un grand cratère (cf. n. 12). Comme pour notre n° 6, ce n'est pas un hasard si le profil s'apparente à celui des oenochoés à godrons en relief, fondues elles aussi, dont la même tombe d'Ugentum a fourni un bel exemplaire (fait en Grande-Grèce, et non à Corinthe, mais de filiation corinthienne : cf. ci-dessous, p. 91).
9En fait, comme le note F. Lo Porto, o.c., ce type de profil fait penser à des hydries du Ve siècle, très différentes par ailleurs, mais dont certaines pourraient dériver, plus ou moins directement, de ces rares exemples du VIe siècle. Lo Porto parle des « hydries de concours d'Argos » (DIEHL, nos Β 75 à Β 85), dont les premiers exemplaires sont antérieurs à la fin du VIe siècle ; mais leur décor est tout différent. On verra surtout un vase qui n'a aucune raison de figurer dans ce groupe, où E. Diehl le classe : son n° Β 85, pl. 5,421 qui a l'épaule arrondie et le col concave, et qui est fondue, à en juger par son décor de deux rangs de godrons en relief, qui est celui des oenochoés. Le pied rappelle l'hydrie d'Ugentum ; les anses horizontales, différentes, sont également inhabituelles et lourdes. Mais c'est une œuvre du Ve siècle, comme le prouve le Gorgoneion, qui est de Grande-Grèce (cf. ci-dessous, p. 65). Cette hydrie est, en réalité, une imitation d'oenochoé.
10Les trois anses de l'hydrie d'Ugentum sont étranges. Les anses horizontales sont exceptionnelles. L'attache inférieure de l'anse verticale est comme l'imitation maladroite de celle des oenochoés dites « rhodiennes » (fig. 119 : détail de celle de la même tombe d'Ugentum), mais le dessin des volutes est comme inversé ; une anse horizontale de Delphes, très lourde aussi22 présente une variante voisine (fig. 120). Je ne connais pas de tête de lion comparable à ce que nous avons ici ; elle a une allure « ancienne » par son allure générale, avec la crinière plate et les oreilles en cœur collées à la tête. DIEHL, o.c., constitue un groupe (nos Β 86 à Β 96) qu'elle appelle « hydries avec protome de lion tournée vers l'intérieur du vase » ; mais ce groupe est totalement hétérogène, car il s'agit là d'un motif qui a eu du succès dans divers ateliers et à diverses époques, et il ne suffit pas à rapprocher réellement de notre n° 6 le vase d'Ugentum, parallèle intéressant, mais qui pose plus de problèmes qu'il n'en résout.
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11Les trois derniers vases, nos 7 à 9, sont faits selon un procédé tout différent. Le col et la panse sont martelés ; la lèvre est un anneau, fondu à part, avec, à l'intérieur, une feuillure où s'adapte le haut du col. Dans la pratique, on peut supposer, comme pour les anses fondues des diverses séries, qu'on martelait d'abord le col, puis qu'on modelait ou qu'on adaptait dessus le modèle de cire de la lèvre ou des anses. L'exacte identité des dimensions du col de l'hydrie n° 7 et de l'amphore n° 8 (haut. du col : 11 cm ; diam. ext. du col en haut : 11 cm ; pour le haut d'amphore de Trebenischte fig. 23 et 84, ci-dessous p. 84, qui a les mêmes anses que celle de Paestum, ces dimensions sont respectivement de 11,4 et 10,8 cm) ne s'oppose pas à cette hypothèse : elle suppose probablement l'usage de gabarits pour le martelage des vases. L'aspect interne (fig. 87, 88, 89) montre qu'on ajustait ensuite plus précisément le col à la feuillure de l'anse par un dernier martelage. L'ensemble est maintenu par des rivets qui fixent aussi les anses.
12Ce procédé, qui paraît uniquement archaïque, n'est absolument pas attesté en Grèce propre23 alors qu'il l'est à Trebenischte (cf. ci-dessous, p. 83-84), et sur d'autres formes en Grande-Grèce, comme sur une amphore-situle de Gela, fig. 121 à 123, qui mériterait une nouvelle étude24 C'est là un indice important pour déterminer l'origine de ces vases.
* * *
13Notons, pour terminer cette revue des diverses façons de fabriquer les vases de bronze à l'époque archaïque, que ce montage « italiote », avec lèvre fondue à part, a été imité, avec des variantes, dans deux séries étrusques, dont je ne citerai que des exemples, et qui ont un décor dérivé des vases représentés ici par nos nos 1 à 5. Une amphore, à Hamburg25, a une lèvre fondue à part, mais l'artisan n'a pas osé fixer par les mêmes rivets la lèvre et les anses : celles-ci s'adaptent au-dessous de la lèvre. Plus curieux est le procédé qui, autant que leur décor, rapprochent deux ou trois autres amphores. La première, trouvée à Vulci ou Bomarzo, est au Vatican26 ; sa lèvre est fondue à part, et la restauration récente permet de constater que le col est fait de deux feuilles de bronze. La feuille extérieure prolonge le corps du vase ; le manchon intérieur s'arrête en bas du col. Le vase est martelé, et son décor (godrons et bande de volutes et palmettes), en très léger relief, est fait au repoussé. Le manchon du col n'est pas une réparation moderne ; il se retrouve exactement sur l'amphore découverte à Conliège, dans le Jura27, dans une tombe qu'il faut dater du Hallstatt final ; les anses sont très proches de celles de l'amphore de Hamburg. Une amphore pointue, trouvée à Schwarzenbach (Birkenfeld), en Rhénanie28, où on a reconnu depuis longtemps le parallèle le plus proche de l'amphore du Vatican, doit être faite de la même façon29.
Notes de bas de page
7 Contrairement à ce qu'écrit E. Diehl, Die Hydria, dans les quelques lignes allusives qu'elle consacre à ces problèmes, p. 5 : « au VIe siècle le rebord est la plupart du temps fondu à part et fixé par martelage » ; il serait inévitable que, sur un aussi grand nombre d'exemplaires, une fissure apparaisse ici ou là entre le plateau et le rebord. Quand la lèvre est fondue à part, comme sur nos nos 7 à 9, elle n'est pas fixée par martelage. Le procédé réellement employé a été aperçu (« perhaps ») par R. M. Ogam, dans Art and Technology, p. 73-74.
8 Hydrie de Telesstas : voir ci-dessous, p. 33. Hydrie de Trikala : ci-dessous, p. 25 et fig. 112. Je publie l'hydrie du Louvre, de la collection De Clercq, dans La Revue du Louvre, 1981, p. 326 à 330 ; on en verra déjà les éléments, non réunis, dans A. De Ridder, Coll. de Clercq III,nos 428 et 429.
9 Voir Fr. Brommer, Aryballoi aus Bronze, Opus Nobile (Festschrift U. Jantzen), surtout p. 18-19 ; il en signale dix-sept exemplaires en bronze, un en argent et un en fer. On y ajoutera au moins un exemplaire inédit, découvert à l'Antre Corycien, dont la moitié inférieure est en fer, la moitié supérieure en bronze.
10 Deux exemplaires funéraires du IVe siècle : une hydrie de bronze de Verroia (Cat. expo. Θήσαυροι τῆς ἀρχαίας Μακεδονίας, Thessalonique, 1979, n° 67 et pl. 13), et l'hydrie d'argent de la troisième tombe de Vergina, où les deux moitiés sont assujetties par deux goupilles, alors que le « couvercle » fait corps avec le col. En revanche, sur une hydrie de bronze du Dipylon (tombe 35 HT R 43), c'est apparemment un martelage insuffisant qui a laissé réapparaître, au départ de l'épaule, la suture entre les deux parties du corps du récipient, qui avait aussi un usage funéraire ; ce procédé paraît tout à fait exceptionnel.
11 A. Mutz, Ein antikes handwerklisches Meisterstück, Actes IVe colloque sur les bronzes antiques, Lyon, 1976, p. 127 à 130 + 9pl.
12 Contrairement à ce que suppose R. Joffroy, Le trésor de Vix, histoire et portée d'une grande découverte, 1966 ; il y parle, p. 49, d'un « flan circulaire de 1 mètre de diamètre et de 5 mm d'épaisseur ». Dans la publication, Le trésor de Vix (Côte-d'Or), 1954, R. Joffroy est avare de détails sur ces problèmes. Mais ceux qu'il donne sont suspects. Il exclut les recuits ; que le métal de la panse ait une structure en bandes peut s'expliquer par la dernière phase du martelage, qui normalement efface les traces des recuits antérieurs, nécessaires pour un travail aussi long. En revanche, le décor du pied, godrons et perles en fort relief, exclut qu'il ait été fait par martelage : les « méplats » aperçus par R. Joffroy à l'intérieur doivent être ceux de l'application d'une feuille de cire (ou d'une couche de cire liquide) à l'intérieur d'un moule ouvert (fonte à cire perdue « indirecte » ou « sur négatif »). Le démontage récent du cratère, effectué à Mainz pour la réalisation d'un moulage, permet d'espérer une étude technique précise.
13 Cl. Rolley, Hydries de bronze dans le Péloponèse du Nord, BCH 87, 1963, p. 459 à 484. Le rebord est fondu sur l'hydrie de Krestaina, fig. 14-15, que ses anses horizontales rattachent aux productions plus soignées (de Corinthe) ; il est martelé sur tous les exemplaires à feuilles de lierre ajourées. La date que je proposais pour tout ce groupe (fin VIe s. -1e moitié Ve) a été contestée par plusieurs auteurs, qui le datent du IVe s. (Diehl, p. 43 à 45 ; Α. Χωρέμης, ArchEph 1969, p. 208 à 214), mais approuvée par d'autres (D. K. Hill, AJA 69, 1965, p. 191 ; D. von Bothmer, Gnomon 37, 1965, p. 605).
14 J'ai, dans les profils des fig. 12 à 24, arrêté l'indication de la paroi interne à la hauteur où je pouvais réellement mesurer l'épaisseur avec le compas dont je disposais. Cette précaution ne me paraît pas toujours respectée.
15 Ce vase est au centre de l'article de Neugebauer, Reifarchaische Bronzevasen mil Zungenmuster, RM 38-39, 1923-1924, p. 341 à 440. Cf. aussi POLITIS, p. 166 sq. et fig. 19 ; Charbonneaux, Les bronzes grecs, p. 44 ; Rolley, Bronzes, n° 144 ; Wallenstein, p. 157, n° VIII, 17, « 525-510 » ; Vokotopoulou, passim, et p. 184 (« 520-500 »).
16 Cf. ci-dessous, p. 53 et 91. Pour l'attribution à Corinthe, voir Wallenstein et Vokotopoulou, passim ; je ne crois pas que cette attribution, pour les têtes de série au moins, soit contestée.
17 D'abord au Musée de Volos. Endommagée, puis restaurée. Actuellement à Athènes, MN 591-596. Publiée par N. Βερδελησ, Χαλκῆ τεφροδόχος ἐκ Τρικάλων, ArchEph 1953-54, t. I, p. 189 à 199. Voir Diehl, n° Β 58 ; Wallenstein, p. 157, n° VII, 32 (« 540-530 ») ; Vokotopoulou, passim, et p. 183 (« 540-530 »).
18 Je n'ai pas eu le vase entre les mains (cf. n. 30). Mais il est tout à fait sûr que la lèvre est fondue, et le corps martelé. Le raccord de la lèvre et de l'embouchure, vu par dessous, est très anormalement irrégulier. Il faut attendre, pour en juger définitivement, que la nouvelle publication annoncée donne un dessin précis du profil et des mesures exactes de l'épaisseur.
19 Qui se retrouvent sur une anse oubliée par Diehl, au Metropolitan Museum, et qui proviendrait de Tarente : Jucker, Pesaro, p. 96 sq. et pl. 36 : « nicht vor 540 » ; mais cf. ci-dessous, p. 41 et n. 84.
20 Tarente, Museo Nazionale. F. G. Lo Porto, Tomba messapica di Ugento, AttMemSocMGrecia XI-XII, 19701971, p. 99 à 152, pl. 42 à 63 ; pour l'hydrie, p. 112 à 116 et pl. 45. La tombe contenait d'autres vases de bronze : une oenochoé « rhodienne » (cf. ici fig. 119), une oenochoé fondue à godrons et anse en forme de kouros (de type « corinthien »), un bassin sur trépied bas, et des vases certainement plus récents : il y a eu trois ensevelissements dans cette tombe (o.c., p. 147-149). Pour l'hydrie, si étrange que soit le lion de l'anse, il peut sans difficulté se situer au VIe siècle, date qu'impose le reste du vase.
21 Le vase est reproduit par R. Blatter, Zu einem griechischen Henkeltypus, AA 1966, p. 56-57, fig. 10 à 12 ; il semble y voir un travail argien, ce qui ne me paraît pas certain : cf. ci-dessous, n. 163.
22 Le schéma est celui d'une attache de Perachora, Perachora I, pl. 67,6, ce qui constitue un nouveau point de contact avec Corinthe.
23 Sinon dans une hydrie de la collection Giamalakis. sans provenance, exposée au musée d'Héracleion ; seule l'anse verticale est conservée, avec en haut deux tête de lion, en bas une dépouille de lion ; ce dernier détail mis à part, le vase était proche de notre n° 7. Mais les grandes collections privées grecques possèdent un nombre non négligeable d'objets de Grande-Grèce, souvent achetés sur le marché athénien.
24 Musée de Syracuse, inv. 21195. Cf. MonAnt 17, 1906, p. 450-451 (P. Orsi) ; D. K. Hill, AK 10, 1967, p. 45 et pl. 13,1 : « the date must be 520 B.C. » ; et cf. ci-dessous, n. 29 et p. 98. Les photographies, et les indications de P. Orsi, montrent que le procédé de fabrication est le même. Le matériel de la tombe (un cratère à colonnettes à vernis noir daté par P. Orsi du début du Ve siècle), et l'attache verticale du type archaïque à palmette et serpents (cf. D. K. Hill) empêchent de donner au vase la même date qu'à un exemplaire de Derveni (par. ex. Θησαυροί τῆς ἀϱχαίας Μακεδονίας, expo. Thessalonique, 1979, n° 205), qui paraît en être une copie exacte, en particulier pour les anses et leur articulation. L'anse mobile et les deux anneaux verticaux où elle passe se retrouvent exactement sur l'étonnant cratèresitule à Gorgoneia archaïsants (en fait, des copies du type « corinthien » : cf. ci-dessous, p. 65) découvert à Stavroupolis (Thessalonique), dans une tombe de la 2e moitié du Ve siècle (ibid., n° 270 ; détail des Gorgoneia : ΦΙΛΙΠΠΟΣ, ΒΑΣΙΛΕΥΣ ΤΩΝ ΜΑΚΕΔΟΝΩΝ, Athènes, 1980, fig. 73). Sur l'amphore-situle de Derveni, il semble que la lèvre fait corps avec le vase.
25 Hamburg, Museum für Kunst und Gewerbe, inv. 1919,58. H. Hoffmann, Kunst des Altertums in Hamburg, pl. 44-45 : « milieu du Ve siècle ».
26 Museo Gregoriano Etrusco, inv. 16299. Lamb. pl. 59 b ; Helbig4, n° 686, p. 518-519. J'ai eu le vase entre les mains en 1977. Une restauration, en 1962, a fait disparaître le pied, et révélé des lacunes dans le corps du vase, ce qui permet d'en observer la technique.
27 L. Lerat, L'amphore de bronze de Conliège (Jura), Actes du colloque sur les influences helléniques en Gaule, Dijon, 1957, p. 89 à 98.
28 Berlin, Charlottenburg, Fr 674. Gehrig, Greifenhagen, Kunisch, Führer durch die Antikenabteilung, 1968, p. 95 et pl. 14, avec bibl. antérieure. En dernier lieu, A. Haffner, Die westliche Hunsrück-Eifel-Kultur... p. 201 et pl. 145-146.
29 Lamb, p. 165, voit dans les deux vases des œuvres italiotes. Neugebauer, RM 38-39, 1923-1924, p. 365 à 371, ne veut pas « refuser ces amphores à l'art grec », et en rapproche l'amphore-situle de Gela, ci-dessus, n. 24. Le vase de Gela est bien grec, de Grande-Grèce, ne serait-ce que par sa technique (et y a-t-il en Grèce propre une seule amphore archaïque de bronze ?), et probablement encore du VIe siècle. ORSI, l. c., signale dans la même tombe, sans le reproduire, un « grand cratère noir à colonnettes », et propose de dater le vase de bronze des « toutes premières années du Ve siècle » ; le travail de l'attache inférieure des anses est en tout cas encore celui du VIe siècle. En revanche, les amphores du Vatican, de Conliège et de Schwarzenbach sont étrusques ; le profil en quart de rond de leur lèvre n'est pas grec. Mais ces amphores sont évidemment influencées, y compris dans le décor de godrons, par les vases campaniens de la fin de l'archaïsme, ce qui explique le rapprochement fait par Vokotopoulou, qui, p. 186, les classe dans les produits de Cumes. Le stade suivant est représenté par l'amphore de Hamburg, dont le travail arrondi (sans reprise à froid) des ornements, déjà attesté en Campanie, est surtout étrusque « classique ».
Les découvertes d'Europe barbare sont ici fondamentales, à la fois pour les datations et l'origine des vases. La tombe de Conliège date encore du Hallstatt final (Lerat, l. c.) ; celle de Schwarzenbach est de la Tène I. Dans les deux cas, contrairement à ce qu'on a longtemps pensé (cf. Jacobsthal, Early Celtic Art, p. 135 et 141, à propos de la tombe de Schwarzenbach : l'amphore « est une œuvre grecque d'Italie du Sud. du 2e quart du Ve siècle »), ce sont les contextes celtiques qui datent les importations. Pour l'amphore de Schwarzenbach en tout cas (mais elle entraîne avec elle celle de Conliège), la provenance et la date prouvent qu'elle est étrusque : il n'y a plus d'importation de Grande-Grèce à La Tène I.
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