Introduction
p. 9-10
Texte intégral
1Les vases de bronze du VIe siècle ont fait l'objet, dans les dernières années, d'un certain nombre de travaux importants, souvent liés à des découvertes spectaculaires. Il est légitime d'ouvrir l'histoire de la recherche récente par les travaux successifs de H. Jucker1. Il cherchait surtout, à l'occasion de la nouvelle restauration de l'hydrie de Graechwil, à situer ce vase, assez particulier à vrai dire ; il s'est ainsi surtout intéressé à la 1e moitié du siècle, et à une série qui est de style laconien ou d'influence laconienne, et à quoi il propose de rattacher le cratère de Vix.
2Définitives sur bien des points, ces études laissent donc un peu de côté une part importante du matériel, en particulier les vases, plus tardifs, qui se regroupent autour de deux trouvailles : celle de Sala Consilina, qui est ancienne, et celle, toute récente, de Paestum. En revanche, les objets de la seconde moitié du VIe siècle sont au centre des préoccupations de J. Kouleïmani-Vokotopoulou, dans un livre2 fondamental qui est peut-être le premier à tenter de définir, dans ce domaine, les rapports de la Grèce propre et de la Grande-Grèce à partir d'une connaissance réelle de l'une et de l'autre ; l'auteur publie ou republie un matériel abondant, en particulier à peu près tout ce qui, vases et statuettes, est actuellement restauré et accessible au musée de Ioannina.
3Mais il est immédiatement frappant que les conclusions de ces deux auteurs, malgré la convergence de beaucoup de leurs observations, s'opposent fondamentalement. H. Jucker décrit une production laconienne prolongée à Tarente, et influençant à son tour des ateliers secondaires. J. Kouleïmani-Vokotopoulou rapporte ses découvertes de Vitsa du Zagori, mais aussi une bonne part du matériel étudié par H. Jucker, aux phases, successives ou simultanées, de l'activité des divers ateliers corinthiens, situés à la fois dans la métropole, dans les colonies du Nord-Ouest de la Grèce, et en Italie, notamment en Campanie. L'un et l'autre s'accordent pourtant sur un point : ils attribuent aux bronziers de Grande-Grèce un nombre important des vases découverts en Italie et dans les pays barbares. C'est ainsi que H. Jucker est certain que le cratère de Vix a été fait en Italie du Sud ; J. Kouleïmani-Vokotopoulou, sans trancher nettement, l'admettrait volontiers.
4Ce résultat, important en lui-même, et qu'on aurait pu considérer comme acquis, a été radicalement contesté, au profit de deux attributions différentes, par deux auteurs, F. Lo Porto et W. Johannowsky3 Publiant l'un et l'autre des vases qu'ils avaient découverts en Grande-Grèce, ils les attribuent, ainsi qu'une très grande part du reste des trouvailles d'Italie, à la Grèce propre, le premier à Corinthe, le second à la Laconie ; c'est remettre entièrement en cause, par-delà les jugements stylistiques, l'idée qu'on peut se faire de l'activité artisanale de la Grande-Grèce, et de la diffusion des produits grecs dans l'Europe barbare.
5Il m'a donc semblé qu'il pouvait être intéressant de tenter une mise au point, en prenant comme point de départ, parmi ce matériel assez abondant, des exemplaires qui, publiés, n'ont peutêtre pas été l'objet d'un examen aussi matériellement précis qu'il est souhaitable. Je crois en effet, comme on le verra, que l'étude, fort simple à conduire, de la technique de fabrication des vases de bronze peut fournir des éléments de classement ou d'attribution qui complètent ou corrigent ceux que suggèrent l'iconographie et le style. J'ai pu, grâce à la libéralité de Mario Napoli, renouvelée et confirmée par Br. d'Agostino et W. Johannowsky, examiner en détail à plusieurs reprises, de 1971 à 1978, la découverte de Paestum. Publiée très rapidement par son inventeur, P. Sestieri, elle a été très souvent citée, commentée et utilisée, et de nombreux rapprochements ont été suggérés pour tel ou tel des huits vases de bronze ; mais jamais un jeu complet de photos et de profils n'a été donné. Or, si on y joint l'hydrie et l'oenochoé de Sala Consilina, on a là un échantillonnage assez complet des séries les plus importantes de la 2e moitié du VIe siècle. En définissant les caractères techniques, typologiques et stylistiques de chaque série, et en confrontant la diffusion des unes et des autres, on aboutit à un tableau plus complexe que ce qu'on a souvent présenté, mais qui donne une juste vue de l'activité des divers ateliers ou des diverses régions, et de la diffusion des objets, dont la vogue hors du monde grec n'est pas l'aspect le moins étonnant.
6Une étude comparative comme celle-ci m'a conduit à solliciter et à importuner de très nombreux collègues, et à profiter de leur libéralité ; j'espère ne pas oublier trop de noms. A Salerne et à Paestum. Mario Napoli, Bruno d'Agostino et Werner Johannowsky m'ont donné le plus important : leur autorisation, et leurs encouragements, à étudier les vases de Paestum ; je dois beaucoup aussi aux Inspecteurs de la Surintendance de Salerne, surtout Gabriella d'Henry, au responsable du musée de Paestum, M. Finaldi, au restaurateur M. Odolo, avec qui j'ai eu d'utiles discussions. J'ai sollicité en Italie bon nombre de Surintendants, de directeurs de musées, et leurs collaborateurs : à Naples, Mme Pozzi et Mme Adamo-Muscettola ; à Tarente F.-G. Lo Porto ; à Lecce Mlle Delli Ponti et Fr. d'Andria ; à Sibari (Francavilla) Mme Zancani Montuoro et P. Guzzo ; à Reggio di Calabria Cl. Sabbione ; à Syracuse Mlle Pelagatti ; au Vatican la direction du Museo Gregoriano Etrusco. En Yougoslavie, j'ai pu travailler à Belgrade grâce à Lj. B. Popovic, à Bitola grâce à P. Sbrinovski. En Grèce, je dois autorisations et indications multiples à P. Kalligas (Athènes), Mmes Vokotopoulou, Touloupa et Andréou (Ioannina), Mmes Raubitschek et Gebhard (Isthmia), aux Ephores successifs de Sparte (Chr. Christou, Mlle Karagiorgha, A. Delivorrias, G. Steinhauer), et à Olymphie à Mme Triandi et aux collègues allemands, surtout A. Mallwitz et W. Gauer. A Berlin, je remercie Mme Kriseleit (Pergamonmuseum) et U. Gehrig (Charlottenburg) ; je dois les fig. 155 et 156 à E. Künzl (RGZM, Mainz). En France, je nommerai au moins P. Devambez, puis Fr. Villard et A. Pasquier au Louvre, Mme Petit au Petit-Palais, R. Joffroy et R. Paris à Châtillon-sur-Seine, MM. Lassale et Boyer pour l'hydrie de Nîmes.
Notes de bas de page
1 Hans Jucker, Bronzehenkel und Bronzehydria in Pesaro (Studia Oliveriana 13-14, 1966). Du même auteur : Die Bronzehydria in Pesaro, AK 7, 1964, p. 3 à 15 ; Altes und Neues zur Grächwiler Hydria, Festschrift Bloesch (9e Beiheft à AK), p. 42 à 62 ; Figürlicher Horizontalgriff einer Bronzehydria in Pesaro, AK 19, 1976, p. 88 à 91 ; Der archaische griechische Standspiegel in Cincinnati, In Memoriam Otto J. Brendel, 1976.
2 I. Κουλεϊμαnì-Βοκοτοποϋλου, Χαλκαῖ κορινθιουργεὶς πρόχοι 1975. Elle laisse de côté, par la force des choses, la plupart des objets de bronze découverts à Dodone par Evangelidis, pour lesquels nous ne disposons que des mauvaises photos qu'il en a données, Ἠπειρωτικά Χρονικά 1935, pl. 19 à 25.
3 F. G. Lo Porto, art. cité n. 20, et Civiltà indigena e penetrazione Greca nella Lucania occidentale. MonAnt 48 (Miscell. 1,3), 1973, surtout p. 208-209. - W. Johannowsky, Un corredo tombale con vasi di bronzo laconici da Capua, RendAccadNapoli 49, 1974, p. 3 à 20.
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