Les radios de proximité en Afrique de l’Ouest
p. 115-127
Texte intégral
1Au moment où la France commémore les vingt ans de la radio libre, en Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest la libéralisation des ondes est encore une idée neuve. Il est communément admis que les médias sont un rouage essentiel au fonctionnement des démocraties contemporaines à l’heure de la mondialisation peu importe donc leur localisation géographique. Mais cet anniversaire constitue une opportunité pour souligner que dans un contexte de crise profonde du modèle post-colonial, une autre Afrique est en gestation. Elle bouge et cherche à inventer de nouvelles voies d’accès à l’universel. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il semble opportun d’apporter quelques éclairages pour mieux situer le cadre de notre réflexion. À cet égard il ne paraît pas superflu de rappeler très brièvement que depuis toujours la radio en Afrique noire s’est vu attribuer une fonction essentiellement éducative où la notion de développement et du rôle du média dans cette fonction dominent. Toute discussion sur l’importance de la radio en Afrique commence d’ailleurs généralement par une remarque sur les avantages de ce médium. Elle serait ainsi le meilleur moyen de communication pour atteindre le plus grand nombre d’individus ou qu’encore l’écoute de la radio correspondrait à l’oralité qui est une caractéristique majeure des sociétés africaines. Comme l’a si bien écrit le professeur Tudesq dans son ouvrage l’Espoir et l’illusion : « C’est à partir de la radio que les médias se sont vraiment implantés en Afrique et c’est la radio qui s’est le mieux africanisée. »1
2La radio est donc le principal moyen de communication sociale en Afrique. Très tôt son importance est apparue aux yeux des pouvoirs publics comme moyen d’intégration nationale. Il est vrai que l’histoire de la radio est très étroitement liée à l’histoire du développement des États africains. Elle fut tout à la fois instrument de propagande, vecteur des idéologies nationales, instrument de mobilisation politique et outil de diffusion du culte de la personnalité, bref un instrument pour atteindre la masse avec un message bien précis : celui de l’État. C’est à la faveur des processus de transition démocratique et de la décentralisation amorcés dans les années quatre-vingt-dix et de l’échec des radios publiques que des radios privées ont fait leur apparition en Afrique de l’Ouest. Agissant dans la proximité, leur aire de diffusion, c’est le village, la ville, la région, un groupe humain lié par une même appartenance ethnique, la religion ou encore un métier. Ces médias assurent le pluralisme, l’expression des cultures minoritaires, favorisent l’accès aux exclus de la communication. Ils ont aussi un objectif de développement au sens large, que ce soit dans le domaine économique, social (alphabétisation, éducation, formation, vulgarisation) ou culturel.
3C’est ce constat final qui explique notre démarche en deux temps : nous présenterons tout d’abord les mutations du paysage radiophonique de l’Afrique de l’Ouest pour nous intéresser ensuite aux radios de proximité instrument d’expression de la citoyenneté et du renforcement de la démocratie.
Un paysage radiophonique en pleine évolution
4Le paysage radiophonique en Afrique de l’Ouest a connu des bouleversements importants et se caractérise encore par une certaine effervescence. En quelques années, il s’est radicalement transformé. Ce qui ailleurs s’est accompli sur des décennies, l’Afrique de l’Ouest l’a vécu en accéléré, le plus souvent sans avoir ni les moyens matériels, humains, ni le temps de maîtriser ces nouvelles évolutions dans un contexte général de crises économiques.
5Selon les statistiques de l’Institut Panos, en 2001, il y avait plus de 400 radios privées en Afrique de l’Ouest. Un chiffre difficile à vérifier d’autant qu’il n’existe que très peu d’organismes s’occupant de la question du pluralisme radiophonique dans les pays en voie de développement. Malgré la mise en place des cadres juridiques et des textes réglementaires destinés à organiser le secteur de la communication audiovisuelle, les cahiers des charges ne sont respectés que par une minorité de radios existantes. Le développement de ces radios frise le désordre, ce qui rend difficile leur professionnalisation.
Les cadres juridiques et réglementaires
6Dans la majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest, la libéralisation des ondes et l’émergence des radios privées sont antérieures aux textes législatifs. Elles sont le fruit de revendications populaires de la rue. Très souvent les États ont été bousculés par les événements et ont brisé le monopole. C’est le cas du Mali pionnier et champion d’Afrique des ondes, pays où les premières stations ont vu le jour avant la publication de tout texte législatif.
7Il faut attendre 1992 pour qu’une ordonnance du gouvernement de transition issu de la dictature autorise la création de radios privées. Il est à noter tout de même que le principe de la libéralisation des ondes est une recommandation de la conférence nationale de ce pays. Actuellement on dénombre plus d’une centaine de stations au Mali. Les puissances de rayonnement de ces radios varient entre 9 km et 180 km.
8En matière de textes réglementaires, les situations diffèrent d’un pays à l’autre. Les textes sont nombreux, lacunaires, imprécis parfois inadaptés et souvent inappliqués. Au Mali, par exemple, la délivrance de l’autorisation est subordonnée au paiement d’une redevance au trésor public dont le montant est fixé à 100 000 F CFA (152 euros) mais dans les faits cette redevance n’est jamais payée. Il n’y a pas d’appels d’offres ni de concurrence. En Côte d’Ivoire, la redevance doit représenter 4 % du chiffre d’affaires tandis qu’au Sénégal elle varie suivant le type de radio. Pour les radios commerciales sénégalaises, la redevance est de 18 millions de F CFA par an (27 439 euros) et de 3 millions de F CFA (4 573 euros) pour les radios associatives.
9Si au Mali, le législateur accorde une liberté totale de création de services privés de radiodiffusion sonore par voie hertzienne en modulation de fréquence, la situation est différente en Côte d’Ivoire et au Togo où les radios privées ne sont autorisées que pour le divertissement. La loi leur interdit de diffuser des débats politiques tout comme des flashs d’informations. Il existe une cinquantaine de radios privées en Côte d’Ivoire dont la majorité appartient à des capitaux étrangers. En outre, la loi limite leur rayon de couverture à 10 km seulement. De même que les textes leur interdisent toute publicité de marques.
10Concernant la propriété des stations, au Mali et au Burkina, le capital social doit être détenu en majorité par les nationaux alors qu’en Côte d’Ivoire, il suffit simplement de créer une société de droit ivoirien. Au Sénégal, la loi prévoit que toute personne peut créer une station à la seule condition que les journalistes et les techniciens qui y travaillent soient en majorité sénégalais. Les programmes font l’objet d’une réglementation. Au Mali un taux minimum correspondant à 20 % du temps d’antenne doit être consacré au patrimoine national. Les radios sont soumises à des obligations de service public notamment la participation à l’éducation et à la sensibilisation aux actions de promotion économique et sociale. Au Burkina Faso les radios privées ont obligation de produire localement 30 % d’émissions scientifiques, culturelles, récréatives. Le cahier des charges fixe un quota de 40 % de musique africaine dont la moitié de musique originale du pays.
11Quant au financement, les radios de proximité sont essentiellement financées par des capitaux privés nationaux notamment au Mali, Burkina, Ghana, Guinée-Bissau. Il peut s’agir des ressources propres du propriétaire ou de prêt bancaire. D’autres financements sont possibles : il y a d’abord la publicité, notamment de la publicité commerciale avec les avis et communiqués. La part de la publicité dans le chiffre d’affaires est variable : de 15 à 60 % au Mali ou de 60 à 70 % au Burkina. Il y a ensuite les subventions de l’État au Burkina et au Mali alors qu’en Côte d’Ivoire et au Sénégal les radios privées ne bénéficient pour le moment d’aucune aide publique directe.
12Un autre aspect du cadre juridique réside dans le fait que les dispositifs sont complétés par les organes de contrôle et de régulation. Ces organes directement inspirés du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel CSA (France) ont pour mission de statuer sur l’attribution et le retrait de fréquence et de veiller au respect des cahiers des charges. D’un pays à l’autre les dénominations suivent des inspirations très similaires. Ainsi au Bénin, au Togo, c’est la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) et au Niger ; au Mali, il s’agit du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) ; du Conseil National de la Communication en Côte d’Ivoire ; du Conseil Supérieur de l’Information au Burkina Faso et du Haut Conseil de l’Audiovisuel au Sénégal.
13Il convient d’observer que dans la plupart des cas, le Président de l’instance de régulation est nommé par le chef de l’État sauf dans deux pays, le Mali et la Guinée-Bissau. Dans ce dernier pays, la désignation du Président est le fait du Président de la Cour Suprême alors qu’au Mali les membres de l’instance élisent eux-mêmes leur président. De par leur mode de désignation les autorités de régulation ont du mal à se construire une légitimité. Les responsables des radios de proximité les soupçonnent d’être des auxiliaires du pouvoir.
14À titre anecdotique en Côte d’Ivoire, en 2001, la radio Fraternité Youpougon a été sévèrement sanctionnée par le Conseil National de la Communication par une suspension de 8 jours et une amende de 500 000 F CFA (762 euros) pour violation du décret fixant les règles de fonctionnement des radios de proximité. Le Conseil National de la Communication accuse Radio Fraternité Youpougon d’avoir diffusé sur ses antennes l’intégralité de la conférence de presse du président Konan Bédié de retour de son exil forcé de France.
15Le statut du personnel des radios privées ne peut manquer d’être évoqué. Dans certains pays, il existe une convention collective des journalistes applicable aux radios privées comme au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Mais là où elle n’existe pas c’est la convention des travailleurs qui est de règle. Les salaires sont directement négociés entre l’employeur et l’employé. Ils sont fixés selon la tête du client. Pour les radios associatives, on ne peut parler de salaire dans la mesure où la collaboration s’effectue sur le principe du bénévolat.
16Un autre trait caractéristique dans ce chapitre réglementaire est que les législateurs ne prévoient dans aucun des pays de dispositions sur les différentes catégories de radios. Il en découle une réelle difficulté à établir une typologie des stations présentes.
Essai de typologie des radios de proximité
17Il est difficile d’établir une typologie d’ensemble des radios de proximité en Afrique car les situations sont bien différentes selon les pays. Néanmoins des caractères communs se dégagent. Ils tournent autour de la défense des collectivités, de la démocratisation de la communication en lien avec les organisations de la société civile, les associations ou organisations villageoises et agricoles et parfois même confessionnelles. Globalement les radios symbolisent un combat contre un monopole exercé pendant plus de trois décennies. On peut distinguer plusieurs pôles qui se composeraient à travers les radios publiques, les radios rurales et locales, les radios commerciales, les radios confessionnelles.
Les radios publiques
18Un premier pôle se constitue autour des stations publiques. Historiquement implantées au niveau national, ces stations ont tendance depuis la libéralisation des ondes et face à la concurrence à se décentraliser. On peut citer l’exemple du Burkina Faso qui a multiplié des structures de production et de diffusion de la radio nationale dans beaucoup de villes de province. C’est également le cas au Sénégal avec l’implantation de stations régionales dans quatre grandes villes à savoir Kaolack, Saint-Louis, Tambacounda et Ziguinchor.
19Théoriquement, ces stations devaient être amenées à jouer un rôle important en matière de service public d’information et de communication au niveau provincial et régional. Elles représentent donc un vecteur potentiel essentiel pour la communication avec le monde rural. Dans la réalité, elles disposent d’équipements de production souvent vétustes, voir inexistants et d’une capacité de diffusion très faible qui limite souvent la portée de leurs programmes aux agglomérations dans lesquelles elles sont implantées et à leur environnement immédiat.
20Elles ne sont donc pas pour le moment en mesure de remplir la mission de service public qui leur incombe et se retrouvent, en ce qui concerne les localités où elles sont implantées, au même niveau d’intervention que les radios privées de proximité, avec même quelquefois un potentiel d’émission plus faible, voire pas d’émetteurs du tout. Ces radios publiques doivent désormais tenir compte de la libéralisation et de la concurrence, répondre plus adéquatement aux exigences de performance afin de devenir de véritables radios de service public.
Les radios rurales et locales
21Il existe plusieurs types de radios rurales et locales. Il s’agit d’abord des radios rurales publiques créées dans les années soixante avec l’appui des pays comme la France, l’Angleterre et l’Allemagne. À la fin des années soixante, les premières radios rurales, dont l’implantation est soutenue par des organismes internationaux comme la FAO et certains partenaires bilatéraux, se développent au sein des radios nationales, dans les capitales et au niveau des stations régionales. Dès le début des années quatre-vingt des radios locales de type communautaires sont mises en place dans plusieurs pays avec l’appui des organismes comme l’UNESCO et l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie. La vague de la démocratisation voit l’apparition massive des radios rurales privées surtout en zone rurale avec un discours plus axé sur la thématique du développement économique et social, la santé, l’environnement et la nutrition. Plusieurs partenaires appuient la création des radios rurales et locales en Afrique. La FAO, la coopération allemande, l’UNICEF, l’UNESCO et l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF).
22En 2001, l’AIF avait implanté 50 stations dont 46 sur le continent africain essentiellement en Afrique de l’Ouest : 5 au Bénin et au Sénégal, 7 au Burkina Faso, 4 en Côte d’Ivoire et au Mali (soit 25 radios). La majorité des stations est installée dans des préfectures ou des gouvernorats et dessert un bassin de population minimum de 200 000 personnes dans une zone de 50 à 75 kilomètres de rayon unies par une très forte homogénéité de langue, de culture et de pratiques socioprofessionnelles. Bien que de service public, les radios locales de l’Agence ne sont pas des radios gouvernementales. Elles sont en effet placées sous la responsabilité directe de la communauté desservie qui met à disposition les locaux, assume la gestion des équipements installés et assure le fonctionnement courant de la station. Il a été imposé à toutes les radios de se doter d’un comité de développement susceptible de mobiliser autour de la radio la société civile, le milieu associatif, les ONG et les services publics représentés localement. Certaines radios s’appuient sur une association des auditeurs qui garantit une large participation populaire à la vie quotidienne de la station. La plupart fonctionnent sous un statut de droit privé. Leur fonctionnement est réglementé par un cahier des charges signé entre le président du comité de développement et le ministère de la Communication. Ce cahier des charges doit garantir l’indépendance de la radio vis-à-vis des pouvoirs politiques et administratifs et définir ses contraintes en matière de programmation (pas d’information, pas d’émissions politiques ou religieuses partisanes).
23Les stations assurent en moyenne une programmation quotidienne de 6 heures, 2 heures en matinée (6 h à 8 h) et 4 heures en soirée (de 19 h à 23 h). 80 % des émissions sont en langue nationale et sont fortement imprégnées de la culture locale. Elles portent sur les différents aspects de la vie en communauté (technique et économie agricoles, environnement, santé, vie sociale, culture, alphabétisation, etc.) et s’adressent à différents groupes sociaux concernés (paysans, femmes, jeunes, etc.). Toutes les grilles locales font une place importante aux avis et communiqués, promotion des activités des ONG et associations locales, promotion des groupes artistiques, etc. L’animation de l’antenne fait également largement appel aux ressources de la communauté. Il n’est pas rare que les enseignants, les animateurs d’associations ou de groupements, voire certains fonctionnaires des services publics locaux prennent en charge l’animation d’une tranche d’antenne.
24Les radios doivent assurer leur fonctionnement, l’entretien et le remplacement de leurs équipements et doivent donc faire des recettes. Leurs sources principales de recette sont les prestations qu’elles peuvent offrir aux organisations et coopérations qui ont besoin d’elle pour leurs campagnes d’information ou d’éducation ; ce sont aussi les émissions de service aux individus et aux collectivités, et enfin les dons spontanés des auditeurs qui marquent ainsi leur attachement à leur radio de proximité. Le budget annuel moyen annuel de fonctionnement d’une radio locale est de l’ordre de 100 000 FF (15 245 euros). Mais certaines radios ont de grandes capacités à mobiliser des ressources financières existant dans leur aire géographique de diffusion ; c’est le cas de deux stations au Bénin dont les budgets annuels avoisinent les 320 000 FF (environ 48 800 euros).
25Chaque radio se conduit comme une PME créatrice d’emplois permanents à temps plein ou partiel. En moyenne, une radio crée dix emplois salariés. Elle constitue également un facteur de dynamisation de la vie économique locale. Certaines études ont constaté que dès qu’une radio rentre en ondes, des vendeurs de récepteurs, de piles et de cassettes s’implantent sur le marché local. L’implantation récente d’équipements informatiques dans les radios a eu des effets similaires et a aussi permis l’accès des populations à la messagerie électronique.
26Pour être complet, il convient d’ajouter que l’Agence de la francophonie a créé un réseau de radios rurales africaines (RER) qui par le Centre Interafricain d’Étude en Radios Rurales (CIERRO) est établi à Ouagadougou, au Burkina Faso.
27Ce réseau dispose d’une banque de programmes (échangeables soit via Internet, soit sur CDrom), d’une centrale d’achat d’équipements en pièces de rechange et organise des co-productions d’intérêt commun. Le réseau qui dispose de trois cadres (un spécialiste de l’organisation et de la programmation, un ingénieur en télécommunication et un webmaster) fournit aussi une assistante permanente aux radios.
28Pour clore ce paragraphe, nous dirons un mot sur une des premières radios rurales privées d’Afrique. Il s’agit de la radio rurale de Kayes, au Mali. Elle est née en 1988 sous un régime dictatorial grâce à l’acharnement d’une association locale GAO avec l’appui d’une ONG italienne. C’est une radio éducative diffusant dans toute la région de Kayes qui regroupe environ 400 000 personnes en langue Peuhl, Soninké et Bambara. Dotée de deux émetteurs de 1kw, la station porte jusqu’à 150 km à la ronde. Elle émet de 8 heures à 22 heures. Après de multiples difficultés, cette radio a survécu grâce à l’implication totale et sans faille des villageois qui ont fédéré une quinzaine d’associations pour constituer un comité de gestion et une assemblée générale des auditeurs. Mais cette mobilisation ne se limite pas qu’aux auditeurs. En France, des travailleurs immigrés originaires de la région de Kayes mettent la main à la poche, eux aussi, pour sauver la radio. Ce lien entre les Maliens de Kayes émigrés en France et ceux restés au Mali est renforcé par la diffusion d’émissions réalisées par une radio associative de Seine-Saint-Denis : Radio Fréquence Plurielle. Les thèmes des émissions sont les immigrés bien sûr, les sans papiers, les lois Pasqua, la polygamie, la vie en foyer… Actuellement avec un budget annuel de 24 millions de francs CFA (36 585 euros), Radio Kayes a retrouvé l’équilibre financier et le doit, en partie, à sa vocation et à son fonctionnement communautaire et à la solidarité internationale.
Les radios commerciales
29Statistiquement, les radios commerciales sont les plus nombreuses. On en dénombre une centaine ayant un statut commercial à but lucratif. Bien que se définissant comme radios commerciales, peu de choses les distinguent souvent des autres radios de proximité. Pour une grande majorité d’entre elles, le fonctionnement repose sur le soutien de bailleurs de fonds extérieurs et parfois même des aides multiformes et des subventions publiques. Pour collecter les fonds, elles utilisent les mêmes recettes, les avis et communiqués, le démarchage publicitaire et les disques des auditeurs à la demande. Le pluralisme radiophonique dans un contexte de concurrence ne manque pas d’influer sur leur stabilité économique surtout devant un marché publicitaire qui ne peut satisfaire tous les appétits. Il faut souligner que la publicité n’a pas l’importance qu’elle occupe dans les pays développés. Tout compte fait, dans la mentalité africaine, l’investissement publicitaire est considéré comme un luxe.
30Cependant il est intéressant de remarquer quelques exemples de réussite dans ce secteur notamment au Sénégal où Radio Dunia mais surtout Sudfm sont parvenues à s’imposer dans le paysage audiovisuel de ce pays. Il est vrai que la station Sudfm s’est largement appuyée sur le groupe de Presse Sud Com qui dispose d’une riche expérience dans le domaine de la presse écrite, avec son quotidien. On pourrait également donner l’exemple de Radio Wal Fadjri du groupe de presse Wal Fadjri qui envisage de mettre en place une télévision privée, dès janvier 2002. À noter enfin que la société à responsabilité limitée qui édite l’hebdomadaire économique sénégalais Le Témoin a installé, le 16 octobre 2001, sa nouvelle radio Témoin FM. Financée à hauteur d’une quarantaine de millions de francs CFA (environ 61 000 euros), la station est équipée de deux studios numériques et émet sur un rayon de 80 km.
31Au Ghana, Radio Gold qui arrose les trois quarts du territoire ghanéen est parvenu à se faire une place de choix dans ce secteur en choisissant de diffuser dans la langue populaire Twi qui lui assure une large audience et une bonne pénétration sur le marché. Pour faire face à l’absence de tradition et au peu d’intérêt que les entrepreneurs accordent à la publicité, les grands annonceurs du Ghana ont financé la mise en place de la structure « Ghana Advertising and Media Research », avec pour objectif d’aider les annonceurs et les acheteurs d’espace à optimiser leurs investissements publicitaires.
Les radios confessionnelles
32Si l’église catholique a joué un rôle déterminant dans l’histoire de la presse en Afrique, sa marge d’action dans le secteur de l’audiovisuel est moins visible. En Afrique de l’Ouest, on compte à peine une dizaine de radios confessionnelles inégalement réparties : 3 en Côte d’Ivoire, 4 au Burkina Faso, 2 au Mali, 1 au Togo et au Bénin.
33Le Mali est le seul pays de la sous-région disposant d’une radio islamique. Il faut souligner que dans les autres pays où l’islam est majoritaire, depuis très longtemps l’espace audiovisuel est largement influencé par cette religion. Ainsi en Mauritanie, par exemple, 9,5 % du temps d’antenne est consacré à la religion islamique répartie dans cinq émissions hebdomadaires à Radio Mauritanie. L’ouverture et la fermeture quotidienne de l’antenne commencent et s’achèvent toujours par des versets coraniques d’une durée de dix minutes. Les appels du muezzin pour les prières de 14 h (El Dohr), du crépuscule (El Maghrib) et du soir (El Icha) sont retransmis en direct sur les antennes. Le journal parlé de 19 h 30 est souvent interrompu pendant 1 mn 40 s par la retransmission de l’appel du muezzin. La prière du vendredi et le sermon de l’Imam de la mosquée centrale de Nouakchott sont retransmis en direct. Il faudra également y inclure les retransmissions des prières à l’occasion des fêtes Korité (fin du Ramadan) ou de la Tabaski. Les programmes religieux présentés le vendredi, jour saint de l’Islam, représentent 2 h 55 mn dans la programmation. Au Sénégal, outre la radio nationale, deux radios privées, Wal Fadjri et Dunia, accordent une place importante à l’Islam.
34Pour clore ce chapitre des catégories de radios, il convient de rajouter à cette liste les radios communautaires qui se créent de plus en plus nombreuses, mais aussi le lancement le 15 septembre 2001 de la première radio thématique d’Afrique, une radio sportive au Togo. Sport FM, 41ème radio privée du Togo, consacre 90 % de son antenne au sport. Une bonne partie de ses collaborateurs sont des transfuges de la radio privée Tropic FM. C’est une situation qui traduit une sorte de nomadisme du personnel audiovisuel dans un secteur qui bouge et se renouvelle sans cesse.
35Cette floraison de radios n’est pas sans conséquence. Il y a quelquefois des connexions peu claires entre les radios et les hommes politiques surtout en période électorale qui favorise une sorte de guerre des ondes où les radios concurrentes s’insultent copieusement. À ce niveau, un large travail de déontologie reste à effectuer pour écarter le spectre que constitue encore l’exemple de Radio Mille collines au Rwanda.
Les radios de proximité comme instrument d’expression de la citoyenneté et du renforcement de la démocratie
36Les radios de proximité jouent un rôle essentiel dans l’approfondissement du processus démocratique en cours. Ainsi que le souligne Katherine Verrier, « l’instauration d’un pluralisme radiophonique ouvre la porte à une nouvelle ressource (symbolique et matérielle) politique significative : la communication. »2 En effet, ces nouveaux médias africains ont permis un plus grand accès des populations à une information diversifiée garante d’une participation de celles-ci à la vie publique.
La radio comme acteur de la vie politique et publique
37Dès leur naissance, une majorité des radios de proximité ont su très habilement occuper l’espace politique. C’est le cas par exemple au Niger où la radio a joué un rôle important dans la retransmission des travaux la Conférence nationale. Horizon FM au Burkina Faso s’était également beaucoup illustrée en ouvrant son antenne aux débats, analyses et critiques de la vie politique pendant le déroulement et après la Conférence nationale de ce pays. Au Sénégal, la radio Oxy-jeune depuis son lancement en 1999 s’est imposée comme instrument d’expression de la citoyenneté. Elle vient d’ailleurs de remporter pour la deuxième fois consécutive le grand prix du festival 2001 des radios africaines et malgaches à Bamako, capitale du Mali. Cette jeune station diffuse plus d’une quarantaine d’heures par semaine sur la vie de Pikine, banlieue populaire de Dakar.
38La recette est simple : les animateurs ouvrent l’antenne aux auditeurs et misent sur les débats à caractère social et politique. Les titres des émissions ne laissent d’ailleurs pas de doute sur ce parti pris, telle : « Mbedd-bi [la rue] bla-bla » qui est une satire politique. Les objectifs sont clairement affichés pour offrir une tribune aux populations marginalisées, renforcer les organisations de base et les associations communautaires, mobiliser les populations par le développement et l’esprit civique. Assez rapidement les différentes communautés ont compris l’intérêt d’utiliser Oxy-jeune pour se faire entendre par l’appareil politico-administratif mais aussi pour communiquer entre elles. Surtout Oxy-jeune a permis de faire tomber les hommes politiques locaux de leur piédestal. Face aux questions des auditeurs, ils apparaissent comme des citoyens ordinaires, responsables devant leurs électeurs. Dans un pays façonné par les rapports hiérarchiques traditionnels et le clientélisme politique, une telle prise de conscience n’allait pas de soi.
39Au Ghana, sans l’envergure des radios FM indépendantes, l’alternance aurait été impossible. Une quarantaine de radios offrent des heures et des heures de débat en direct, durant lesquelles les Ghanéens peuvent donner leur avis sur le gouvernement et discuter avec d’autres auditeurs sur toutes sortes de sujets. La possibilité d’appeler la radio ou d’être interrogé au marché par un journaliste muni d’un magnétophone donne à l’homme de la rue une chance de participer à la vie politique comme jamais auparavant. Ce débat à l’échelle nationale a joué un rôle déterminant dans la victoire de John Kufor, un démocrate partisan du libéralisme économique contre le parti de Rawlings, usé par vingt ans de pouvoir. C’est grâce aux stations FM que l’équipe de Rawlings n’a pas pu truquer les élections. Les électeurs qui se rendaient aux urnes passaient un coup de fil à leur station locale s’ils se rendaient compte de fraudes quelconques et la nouvelle était diffusée sur les ondes quelques secondes après. La commission électorale qui écoutait les radios réagissait sans tarder. Dans ce contexte, et cela n’a rien d’anecdotique, on remarque que huit provinces sur dix au Ghana disposent de stations privées florissantes. Kufor l’a emporté dans toutes ces provinces et le parti de Rawlings dans les deux restantes qui n’en possédaient pas… Jugez-en vous-même.
Radios et identités culturelles
40De toute évidence, parmi tous les médias d’Afrique la radio est de loin le média de l’identité africaine. Comme le souligne à juste titre le professeur Tudesq dans son ouvrage L’Espoir et l’illusion : « Si la radio est le moyen d’information qui s’est le mieux africanisé c’est parce qu’il a su mieux que les autres intégrer les langues africaines. »3
41Qu’elles soient commerciales, associatives ou confessionnelles et même publiques, toutes les radios accordent une place importante dans leur grille de programmes aux langues parlées par les populations. Nous avons vu plus haut que la radio rurale de Kayes ne diffusait sur son antenne que les langues nationales. Dans la grille d’Oxy-jeune au Sénégal, toutes les langues nationales ont droit à l’antenne. Le français n’occupe que 20 % du temps total.
42Une autre valeur essentielle des radios de proximité est le renforcement de la solidarité familiale avec la diffusion à grande échelle des avis et communiqués. Au-delà de la manne financière qu’elle procure aux radios, cette rubrique très suivie constitue un moment privilégié de communion entre les auditeurs.
43Les messages diffusés concernent tous les aspects de la vie quotidienne. Ils informent les familles des événements heureux comme des naissances ou des mariages, des succès des élèves aux concours d’entrées en sixième ou au baccalauréat ou du retour d’un membre de la famille après un séjour dans un pays lointain. Les messages touchent également les événements douloureux comme les décès avec les condoléances ou de plus en plus la disparition d’enfants dans les grandes agglomérations. C’est à travers cette rubrique que les autorités administratives font part des affectations de leurs fonctionnaires, de leur mise en demeure ou de l’annonce des dates de concours d’entrée dans la fonction publique.
44La primauté de la radio se trouve également renforcée par des émissions de divertissement, qu’elles soient musicales, culturelles ou sportives. Des pays comme le Togo et la Côte d’Ivoire n’accordent leur autorisation que pour les radios occupant ce créneau.
45Globalement le temps d’antenne affecté aux émissions musicales est prépondérant. Très prisées par les auditeurs, ces variétés musicales comprennent chansons traditionnelles et des variétés modernes africaines ou occidentales (en provenance d’Europe ou de la sphère anglo-saxonne). En Afrique de l’Ouest les variétés musicales traditionnelles sont en général composées par des griots. Les morceaux sont joués par un ou plusieurs luths et les notes musicales choisies peuvent être accompagnées de chant ou de parole. Les paroles se résument à des gestes, des légendes, d’arbres généalogiques ou encore de maximes, de proverbes et de contes. Quant aux variétés musicales modernes, elles sont élaborées à partir d’instruments modernes : guitares électrique, orgues, saxophones et pianos. Elles sont l’œuvre de jeunes artistes qui peuvent être issus d’une famille de griots mais pas toujours. Ces genres musicaux sont surtout appréciés par les jeunes, plus ouverts au modernisme.
46Certaines chansons sont très engagées à l’image de celles d’Alpha Blondi en Côte d’Ivoire ou Yousouf N’Dour au Sénégal avec l’exemple de sa chanson : « Set Setal » expression qui désigne le vaste mouvement qui a incité les jeunes des quartiers populaires de Dakar à prendre en charge la propreté de leur quartier en réaction aux carences de la gestion des affaires publiques concernant le volet des ordures ménagères. La notion signifie promouvoir la propreté individuelle et environnementale, c’est-à-dire la prise en charge de l’hygiène individuelle et collective. Ce mouvement commencé dans la capitale au début des années quatre-vingt-dix a rapidement gagné les autres villes de province.
47Les feuilletons et le théâtre occupent également une place non négligeable dans les programmes de divertissement. Ces émissions constituent des opportunités pour faire passer des messages mélangeant le récit à la satire ; par exemple la famille Yao en Côte d’Ivoire ou le chauffeur de taxi avec Makhoura Diagueye au Sénégal. Des séries de sketches traitent souvent des problèmes de la corruption en Afrique. Elles participent aussi aux campagnes de sensibilisation contre l’excision ou les maladies sexuellement transmissibles et le SIDA.
48À côté des programmes de divertissement, des magazines culturels sont programmés. Ces émissions visent à stimuler la curiosité artistique ou intellectuelle. Au Burkina Faso la radio nationale, a pendant longtemps diffusé l’émission « Patrimoine culturel » consacré à des aspects ignorés de la culture nationale ou « Sous l’arbre à palabre » : une soirée de contes en mooré. Au Sénégal, une émission culturelle « Xeltu » fait parler en wolof des universitaires sur leurs recherches, etc. Au Mali, Radio Tabalé qui couvre un bassin d’écoute de 800 000 personnes intervient beaucoup dans l’éducation populaire. Elle réalise des émissions en milieu scolaire en collaboration avec des lycéens et collégiens. Les sujets gravitent sur la prévention en matière d’éducation sexuelle, dénonce les viols de mineurs très fréquents au Mali et informe l’opinion publique de la crise du système scolaire et parfois des conditions de travail et de leurs revendications. En sport, des émissions entières sont programmées sur toutes les disciplines y compris la lutte traditionnelle très commentée dans les langues nationales.
Conclusion
49De tout ce qui précède, il est difficile de conclure que les situations des radios de proximité en Afrique de l’Ouest soient satisfaisantes. Mais il serait sans doute trop exagéré et injuste d’affirmer qu’elles n’atteignent pas leurs objectifs. Elles sont à la fois porteuses d’espoirs et de frustrations. Leurs missions sont difficiles à assumer et c’est pour cette raison que les radios de proximité se cherchent. Dans un environnement économique plus que défavorable marqué par l’étroitesse des marchés publicitaires, la faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs, des coûts d’exploitation élevés et la rareté des sources de financement, les radios de proximité se heurtent aussi à des obstacles juridiques, techniques, professionnels et quelquefois même organisationnels. Il y a beaucoup d’organisations professionnelles parfois concurrentielles et donc peu représentatives et par conséquent très peu de structures et services collectifs. À cela, il faut ajouter les situations souvent conflictuelles entre le secteur privé et les pouvoirs publics.
50Pour pallier l’insuffisance des moyens techniques et financiers, les radios de proximité auraient besoin d’investissements importants à long terme plutôt que de subventions ponctuelles. Depuis le début de la libéralisation des ondes, de nombreux bailleurs de fond ont mis en place des programmes d’appui pour soutenir ce secteur particulièrement dynamique, mais il serait paradoxal qu’eux-mêmes interviennent de façon désordonnée, contribuant ainsi indirectement à maintenir certains jeux relationnels déstabilisateurs avec l’aggravation des conflits entre associations ou médias selon qu’ils bénéficient ou non d’une aide. En même temps il serait illusoire, voire dangereux d’essayer de chercher à mettre en place une politique unique de bailleurs de fonds en appui aux médias africains. La diversité des stratégies d’intervention et des programmes constitue aussi une richesse et un facteur positif pour le développement du pluralisme radiophonique en Afrique.
51C’est en cela qu’il faut saluer et encourager les différentes actions de l’institut Panos qui a organisé au mois de novembre 2001, la 3ème édition du Festival des ondes à Bamako. Une manifestation qui a réuni 70 radios publiques, confessionnelles, commerciales, communautaires d’Afrique et de Madagascar ainsi que 110 stations maliennes. Le thème retenu pour cette 3ème édition était « radio et décentralisation ». Enfin, il faut souligner qu’il est impérieux, pour certains États encore réfractaires au pluralisme radiophonique, de prendre désormais en compte le développement des médias audiovisuels privés dans l’élaboration des budgets annuels et de les considérer comme faisant partie des autres institutions. Il serait sans doute également judicieux que les États laissent les organes de régulation faire leur travail par l’application de textes réglementaires en dehors de toute pression des appareils administratifs.
Bibliographie
Bibliographie
TUDESQ André-Jean, La radio en Afrique Noire, Paris : Éditions Pedone, 1984, 312 p.
TUDESQ André-Jean, L’espoir et l’illusion, Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1998, 257 p.
VERRIER Katherine, « Libération de la parole politique ? Pluralisme radiophonique et transitions politiques en Afrique Noire » in Enjeux des technologies de la communication en Afrique, sous la direction de Annie CHÉNEAU-LOQUAY, Paris : Karthala-Regards, 2000, 402 p.
Institut PANOS et Union des Journalistes d’Afrique de l’Ouest, Liberté pour les Radios Africaines, Paris : L’Harmattan, 1994, 220 p.
Fréquences Libres, Revue de la Confédération Nationale des Radios Libres (CNRL), no 94-95 de juin-juillet 1999 ; no 105-106 de juillet-août 2001 ; no 107-108 de sept.-oct. 2001
Sites Internet :
http://www.Panos.sn
http://www.panapresse.com
http://www.allafrica.com
Notes de bas de page
1 André-Jean Tudesq, L’espoir et l’illusion, Bordeaux : MSHA, 1998, p. 10.
2 Katherine Verrier, « Pluralisme radiophonique et transition politique en Afrique » in Enjeux des technologies de la communication en Afrique sous la direction de Annie Chéneau-Lauquay, Paris : Karthala, 1999, p. 347.
3 André Jean Tudesq, L’espoir et l’illusion, op. cit., p. 39.
Auteur
amadou.ba@laposte.net
Journaliste et docteur en Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3. Membre du Centre d’Études des Médias (CEM), il participe aux activités du Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio.
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