Introduction
p. 85
Texte intégral
1Le langage de la ville se projette dès lors que l’on exclut le détour par l’histoire. Il s’impose au travail de compréhension mené dans cet ouvrage en associant une grammaire morphologique à une grammaire syntaxique dont la mise en évidence s’impose dans l’organisation du propos, les deux se détachant par des exigences méthodologiques sensiblement différentes, tout en s’appuyant sur la même exigence de reconnaissance pratique du terrain qui pose l’énigme de la cohésion faite de particularismes associés malgré eux.
2La première partie a développé la nécessité morphologique pour rendre compte des modalités de l’étalement urbain. Elle a pu montrer qu’elle nécessitait un exercice extrêmement rigoureux de passage de l’image à sa verbalisation, condition nécessaire (mais pas suffisante, la seconde partie va le démontrer) à l’édification rationnelle d’un discours sur l’espace organisé. Analogie et métaphore se présentent en tant qu’outils indispensables, mais à surveiller, de cette translation qui fait entrer la ville dans la possibilité d’un discours assumé sur la « continuité fragmentaire » de la ville.
3Raisonner sur les modalités de la continuité morphologique renforce la capacité à établir les éléments d’un cadre tout en laissant entière la question syntaxique telle qu’elle se propose à l’investigation par la combinaison des voies de circulation en retrouvant la dialectique entre le plein (du construit) et le creux (de la rue) largement utilisée dans l’urbanisme académique autant qu’opérationnel.
4C’est de la syntaxe urbaine que traite ce nouveau moment de l’exposé de résultats acquis au terme d’une démarche d’abord empirique, accumulant méthodiquement les observations, les ordonnant et les laissant dans une organisation qui met en évidence l’objet majeur de cette seconde partie : comment passer et combiner les échelles différentes de la ville, de celle qui donne l’ensemble organisé à celle qui fonde les unités de proximité ?
5Ici, l’exigence langagière cède la place à la méticulosité des expressions graphiques dressant progressivement un catalogue des lieux et, surtout, de leurs associations qui conduisent à la mise en évidence, sans probabilité initiale, d’un lien logiquement autonome entre les deux échelles opposées, celui de ces raidisseurs obscurs mais indispensables dans la syntaxe spatiale.
6De l’évident au caché indispensable, l’exposé fait découvrir un nouvel espace urbain, dévoilant une structure complexe mais cohérente en trois nivaux, les deux extrêmes bien visibles et bien vécus l’intermédiaire plus discret s’impose cependant dans sa capacité d’organisation et conduit à la mise en évidence d’un structuralisme pratique qui va compléter la fluidité de la démarche métaphorique des débuts.
Auteur
Géographe, professeur émérite à Sciences Po Bordeaux et ancien directeur de la Maison des Sciences de l’homme d’Aquitaine.
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