Parlementaires en Aquitaine occidentale : étude comparée de deux fins de siècles
p. 27-53
Texte intégral
1À l'occasion d'une journée d'études consacrée aux « élites », notre intérêt pour l'histoire politique et notre participation à l'enquête menée depuis quelques années par le Centre d'Histoire du xixe siècle des Universités de Paris I et Paris IV, sous la direction des professeurs J.-M. Mayeur et A. Corbin, nous conduisent à présenter quelques réflexions sur une partie des élites politiques, les parlementaires d'Aquitaine occidentale, c'est-à-dire des cinq départements de l'actuelle région Aquitaine (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques).
2Certes, le terme d'« élite » est difficile à définir : « ensemble de personnes considérées comme les plus remarquables d'un groupe, d'une communauté » selon le dictionnaire Robert. Il nous semble qu'il n'est guère contesté à propos des parlementaires dans le monde politique. Bien sûr, le mot s'applique à d'autres personnels politiques : conseillers généraux, maires etc... que nous avons renoncé à étudier ici pour ne pas surcharger notre communication et pour cause de documentation moins riche.
3La notion de « fin de siècle » est essentiellement d'origine littéraire et possède un arrière-plan péjoratif, proche du concept de décadence. Pour une analyse historique qui se veut objective, nous préférons donc la formule « fin de siècles » : fin du xixe siècle et fin du xxe siècle. Nous avons retenu pour ces périodes, et pour permettre une comparaison, les parlementaires : les députés élus en 1889 et 1893 et les sénateurs en place en 1893 d'une part (étude réalisée par J. C. Drouin) ; les députés et sénateurs élus au Parlement dans les années 1980 pour le xxe siècle (étude menée par B. Lachaise).
4Les deux corpus comptent exactement le même nombre de personnes : soixante-sept1. Force est de constater le poids des élus girondins : un tiers dans les années 1880 ; plus de 40 % pour la décennie 1980. Cette suprématie de la Gironde dans les élites politiques régionales traduit fidèlement la domination démographique du département en Aquitaine2. Grâce à une approche prosopographique, nos objectifs consistent à réaliser une étude sociologique des parlementaires pour chaque fin de siècle en mettant l'accent sur la sélection sociale et sur la sélection politique ; à mesurer les différences liées aux clivages politiques ; à tenter une comparaison pour apprécier les changements mais aussi les continuités ou permanences.
5Une telle étude régionale confirmera-t-elle l'évolution nationale et générale du personnel politique français décrite par les politistes, c'est-à-dire l'intégration des élites politiques caractérisée par la professionnalisation et l'interpénétration avec les autres catégories dirigeantes ?
6Les obstacles méthodologiques sont multiples. Ils viennent d'abord des différences de sources : si la presse, les annuaires et dictionnaires biographiques sont utilisables pour les deux fins de siècles, l'historien du xixe siècle a l'avantage de pouvoir accéder aux archives publiques alors que l'historien du temps présent dispose seulement de sources orales3. Ils sont dûs aussi à la différence de recul : étudier le parcours politique des élus de la fin du xixe siècle permet d'observer l'ensemble de la vie, de l'itinéraire et de la carrière des personnages. Dans les années 1980, dans la presque totalité des cas, les carrières sont en cours, parfois à leur tout début et l'avenir imprévisible... du moins par un historien. Enfin, la vie politique des deux fins de siècles ne se ressemble guère : les régimes politiques et les pratiques politiques sont très dissemblables.
7Ainsi, la comparaison doit-elle être menée avec prudence et ne peut être systématique : des aspects comme la fortune ou l'appartenance à la franc-maçonnerie ne peuvent être étudiés que pour la fin du xixe siècle ; inversement, une analyse précise des facteurs et étapes de la socialisation politique n'est possible que pour la décennie 1980.
8Dans un premier temps, nous étudierons la sélection sociale des parlementaires.
9Il faut remarquer qu’évoquer « messieurs les parlementaires » dans les années 1980 est impropre, deux femmes ayant été élues au Palais Bourbon au cours de la décennie. C’est une nouveauté, mais la place des femmes reste faible : une élue en 1981 (C. Lalumière) ; deux en 1986 et en 1988 (C. Lalumière et M. Alliot-Marie). Depuis 1989, l'Aquitaine ne compte plus qu'une femme député après la démission de C. Lalumière élue secrétaire général du Conseil de l'Europe.
10L'étude de l'origine géographique des parlementaires d'Aquitaine fait apparaître leur enracinement dans le terroir. A la fin du xixe siècle, la quasi-totalité des parlementaires est née dans les départements de l'Aquitaine occidentale. Dans les années 1980, les trois quarts des parlementaires sont nés en Aquitaine occidentale et presque les deux tiers sont élus dans leur département natal. Même si le lieu de naissance est extérieur (Lur-Saluces, L. Say au xixe, A. Achille-Fould, M. Alliot-Marie, A. Bonnet au xxe), tous les députés et sénateurs ont des liens de famille et d'intérêt dans les départements où ils sont élus. Les véritables « parachutages » n'existent pas dans les années 1880 et sont rares pour les parlementaires de la décennie 1980 : en dehors de ceux de J. Chaban-Delmas en Gironde, d'Y. Guéna en Dordogne et de J. François-Poncet dans le Lot-et-Garonne — mais ils datent le premier de 1946, le second de 1962 et le dernier des années 1970 —, les seuls cas sont ceux de R. Dumas en Dordogne et de G. Mitterrand en Gironde en 1981.
11L'origine sociale des parlementaires des deux fins de siècles présente des différences. Les familles aristocratiques, déjà peu nombreuses dans les années 1880, ont disparu. Au xixe siècle, aucun sénateur n'en est issu mais cinq députés le sont dont deux républicains (le comte du Périer de Larsan, dans le Médoc et le vicomte de La Borie de La Batut en Bergeracois). Les autres nobles sont de Lur-Saluces, vieille famille de la Gironde et des Landes, de Guilloutet dans les Landes (allié à la famille Monge, noblesse d'Empire, comte de Péluse), Bardi de Fourtou.
12Insistons ensuite sur les ressemblances. Une minorité de parlementaires est constituée par des représentants de familles ou de « dynasties bourgeoises » qui ont joué un rôle politique et économique important depuis des décennies.
13Ainsi, Etcheverry, député des Basses-Pyrénées est le neveu d'un député de 1842 à 1851 et le fils d'un membre du Corps législatif ; en Dordogne, le sénateur Alcide Dusolier est le fils d'un député de 1848 à 1870 ; en Gironde, Pierre Laroze est fils d'un député du même département, Alcide Froin est neveu d’un pair de France et d'un député de l'Orne. Ainsi, au minimum 10 personnes sur 67 (soit 15 %) sont des héritiers d'une position sociale prééminente4. Pour la décennie 1980, les « héritiers » ont pour nom : M. Alliot-Marie, A. Bonnet, J. FrançoisPoncet, M. Inchauspé, G. Mitterrand, J. Moutet... et le plus bel exemple de dynastie : A. Achille-Fould.
14Dans l'ensemble, les parlementaires exercent avant leur entrée au Parlement une activité professionnelle supérieure à celle de leur père, ce qui témoigne d'une incontestable mobilité sociale ascendante, plus forte pour les élus des années 1980 dont beaucoup sont issus des classes moyennes ou populaires. D'où viennent ils ?
15Pour la fin du xixe siècle, la profession du père n'est connue que pour une minorité. Pour les sénateurs (onze cas), on trouve trois propriétaires rentiers, deux imprimeurs, un négociant, un médecin, un fabricant de chaussures, un huissier, un greffier (Fallières), un ouvrier.
16Parmi les députés de la Gironde (dix-sept cas), cinq sont fils de propriétaires fonciers, quatre de négociants, un de notaire, un de rentier (Mitchell), un de chirurgien, un d'officier de santé et un de journalier (Jourde), un de maréchal-ferrant (Surchamp, à Libourne), un de débitant de tabac et un de marchand d'épices (Aimel). Les cas exceptionnels de promotion sociale sont rares. Ils existent cependant et sont relevés par les contemporains et les études postérieures : il s'agit de Saumande en Dordogne, fils de serrurier et d'une couturière, petit-fils de paysan ; de Fallières, petit-fils de forgeron ; de Georges Leygues, dans le Lot-et-Garonne, petit-fils de violoneux de village. Les cas de réussite personnelle les plus évidentes sont celles de Jourde et d'Aimel, employé de commerce et notaire venus des « classes inférieures » de la société. Il y a bien montée des « couches nouvelles » encouragée et prévue par Gambetta.
17Dans les années 1980, un quart des parlementaires est issu du monde agricole et un autre quart d'artisans et commerçants. Cependant, l'origine sociale est plus « populaire » à gauche, avec un gros contingent (42 %) d'élus fils d'artisans ou petit commerçants ; 18 % issus de petits fonctionnaires, de contremaîtres et de techniciens ; 14 % de la terre.
18A droite, près de la moitié des parlementaires est issue de cadres supérieurs (au lieu de 21 % à gauche) et 39 % du monde agricole.
19Quelques exemples d'ascension sociale, plus fréquente à gauche, peuvent être cités : ceux de F. Bayrou, fils d'agriculteur ; d'H. Emmanuelli, fils d'un électricien ; de K. Haye, fils de forgeron ; du sénateur Ph. Labeyrie dont le père est peintre en bâtiment...
20Un tiers seulement des parlementaires vient des classes supérieures : parmi ceux-ci, la majorité a pour père un cadre de la fonction publiques5.
21L'école et les diplômes qu'elle procure constituent souvent un vecteur essentiel de l'ascension sociale. Une majorité des parlementaires, dans une proportion identique pour les deux fins de siècles, a suivi des études supérieures.
22Au xixe siècle, sur 17 sénateurs au total, 13 au moins ont fait des études supérieures6.
23La suprématie du droit dans les études suivies par les députés et sénateurs des années 1980 se maintient : 40 % des élus ont une formation juridique, quelques-uns un doctorat (M. Alliot-Marie, R. Brun, C. Lalumière), une majorité la licence. Mais ensuite, le xxe siècle se caractérise par une diversification des études supérieures. Seuls 14 % des parlementaires ont suivi des études de médecine (dont un, B. Bioulac jusqu'à l'agrégation). Après les juristes, viennent (21 % du total) les élèves d'écoles spécialisées scientifiques, techniques, administratives7.
2414 % des parlementaires ont suivi des études de lettres (dont deux jusqu'à l'agrégation, F. Bayrou en lettres et A. Labarrère en histoire-géographie) et un jusqu'au doctorat (A. Labarrère). Seulement 9 % des élus ont une formation universitaire scientifique, dont quelques-uns jusqu'au doctorat (J. P. Destrade, K. Haye) et, il faut observer qu'en plus de leurs autres titres, un élu sur dix est diplômé de sciences politiques.
25Pour la décennie 1980, un gros tiers des parlementaires, à droite comme à gauche, n'a pas fait d'études supérieures. A droite, l'absence de formation universitaire est une conséquence du nombre élevé d'exploitants agricoles parmi les élus. A gauche, le chiffre est dû à la forte proportion d'instituteurs et de P.E.G.C. et à un nombre plus important de cadres moyens. Une différenciation politique doit être remarquée : les élus de droite sont plus diplômés (un gros tiers de docteurs ; trois énarques et un agrégé). A gauche, la licence constitue le diplôme le plus fréquent (presque un tiers). Enfin, la formation des parlementaires de droite reste dominée par le droit et la médecine alors qu'à gauche, les « littéraires » et les « scientifiques » occupent une place non négligeable.
26L'étude des activités des parlementaires des deux fins de siècles avant leur élection au Parlement révèle aussi des différences sensibles.
27Au xixe siècle — ce n’est plus le cas dans la décennie 1980 — la variété d'activités est une des caractéristiques essentielles des membres du personnel politique.
28Les élus sont souvent entrepreneurs, négociants, propriétaires fonciers. Les étudiants en droit ont été conduits à des carrières double ou triple : avocat et journaliste ; magistrat et propriétaire foncier ; notaire, journaliste et fonctionnaire municipal ; avocat et préfet ; membre du Conseil d'Etat et propriétaire foncier. Par définition, en Gironde, dix élus sur dix-sept sont liés au monde viticole par leur activité de négociants (six) ou de propriétaires (le médecin Frouin possède des vignes)8.
29Alors que chez les parlementaires de la fin du xixe siècle, les professions libérales disciples de Thémis et d'Esculape forment plus de 60 % de l'élite parlementaire, dans les années 1980, les fonctionnaires — dont les professeurs — et les agriculteurs dominent.
30A la fin du siècle dernier, le niveau social des professions des parlementaires députés (sauf Jourde, employé de commerce) apparaît dans l'ensemble plus élevé que celui des sénateurs de la région9. Ainsi, au total, sur soixante-sept parlementaires, on compte vingt-quatre avocats (35,8 %) et quatre hommes de loi c'est-à-dire 28 élus soit 41,8 % ; quatorze médecins (20,8 %) ; douze grands propriétaires (17,9 %) ; huit industriels, financiers, chefs d'entreprise ; six négociants ; quatre fonctionnaires dont un professeur.
31Pour les députés seuls, on compte seize avocats (31,3 %) et neuf médecins (17,6 %). On sait que 29,7 % de la Chambre élue en 1893 sont des avocats : la moyenne aquitaine est un peu plus élevée10.
32Sur le plan social, les républicains modérés ou progressistes appartiennent souvent aux couches supérieures de la société comme du Périer de Larsan, Théophile Labat ou Trarieux, alors que Mitchell, l'opposant conservateur, apparaît, malgré la qualité de rentier de son père, comme un parvenu, un peu aventurier, ayant réussi surtout grâce au journalisme. Il est vrai que les observations sur le niveau de fortune sont difficiles à établir. Les rapports sont souvent sujets à caution. Constant se voit attribuer par le préfet une « fortune modeste » mais il fait un don de 30 000 F à l'hôpital de Bazas, achète une charge de notaire (avec la dot de sa première femme) et lors de son remariage en 1881, il apporte en biens meubles et immeubles la somme de 119 500 F.
33La vigne est à l'origine de la fortune d'Obissier Saint-Martin, originaire de Guitres et président du comice agricole et viticole de Libourne.
34Par contre, parmi les députés girondins, les activités industrielles sont minoritaires. Citons cependant le cas de T. Labat, constructeur maritime et P.-D.G. de la société Labat, président du conseil d'administration de la Compagnie maritime Gironde et Garonne. A sa mort, il lègue un total de 247 323 F constitués de 224 000 F de capital, deux immeubles et une maison pour 11 200 F et 12 123 F de matériel.
35C'est le négoce qui permet à David Raynal d'avoir une très belle situation de fortune. Le député puis sénateur de la Gironde avait fondé en 1862 une maison de négoce « Astruc et Raynal » ; il était détaché au service commercial de la compagnie du chemin de fer du Midi.
36Les plus grosses fortunes étaient certainement celles de deux aristocrates représentants les deux courants opposés : Lur-Saluces poulies conservateurs monarchistes et Du Périer de Larsan pour les républicains. Le marquis Amédée de Lur-Saluces était le chef en Gironde du parti royaliste. Sa famille possédait le château Yquem et Filhol dans le Sauternais, lui-même était marié à une demoiselle de Clermont-Tonnerre... Du Périer de Larsan, député de Lesparre, possède une très grosse fortune consistant en des châteaux viticoles dans le Médoc et des métairies nombreuses. Il aurait environ 50 000 F de rentes. Propriétaire de grands crus à Moulis et à Saint-Julien, il était président du comice agricole du Médoc. Son épouse lui avait apporté une dot importante (famille des marquis de Carbonnier de Marsac).
37La fortune des sénateurs de la Gironde semble considérable. Dupuy, fils d'un médecin accoucheur, était lui aussi un grand propriétaire viticulteur (domaine de Calmeilh) et sa fortune lui permet de faire en 1894 un don de 100 000 F à l'université de Bordeaux afin de créer une chaire de gynécologie clinique. Le troisième sénateur, André Lavertujon, appartenait à la dynastie des imprimeurs journalistes, responsables du succès de La Gironde, puis de La Petite Gironde. Ludovic Trarieux était marié à Camille Faure, appartenant à une grande famille de commerçants bordelais protestants. Les revenus de ses rentes et sa profession d'avocat lui donnaient une « belle situation de fortune ».
38Au total, les propriétés viticoles fournissent une source importante de la fortune des parlementaires bordelais qui se sont souvent exprimés à la Chambre ou au Sénat sur les problèmes du vin. Au sommet de la pyramide, on trouve les noms des grandes familles du Médoc et du Sauternes, mais il y a aussi les négociants Cazauvielh, Chiché, Duvigneau, Gruet, les propriétaires Laroze, Froin, Obissier Saint-Martin.
39Dans les Landes, on peut opposer de Guilloutet qui, selon ses contemporains, a perdu l'essentiel de sa fortune dans ses activités politiques et ses actions philanthropiques et Benoît Martin Sourigues qui, simple fils de menuisier, a été ensuite par ses placements boursiers à la tête d'une grande fortune qu'il a consacrée en partie à la création de trois prix qui devaient être distribués à Bayonne tous les trois ans pour favoriser l'accès à l'instruction de ceux qui comme lui sortaient du « peuple ».
40Dans les années 1980, presque les trois quarts des parlementaires appartiennent aux classes supérieures ; 12 % sont des agriculteurs exploitants et 10 % se rangent dans les classes moyennes. Le cas de Bernard Dussaut, artisan plombier, devenu en 1989 sénateur de la Gironde constitue une exception. Il est intéressant de noter la place des agriculteurs (sur-représentés par rapport à leur poids dans la population active — 9,8 % —) ; l’absence d'ouvrier et surtout le poids des enseignants. Plus d'un quart des parlementaires est un enseignant : six dans le supérieur, sept dans le secondaire — dont une très grosse majorité de P.E.G.C. —, cinq dans le primaire. 21 % des élus sont des cadres de banque (trois), d'industrie (trois), dans le secteur commercial (trois), des ingénieurs (deux), dans l'administration (trois). Enfin, onze parlementaires (soit 16 %) exercent une profession libérale, la moitié avocats, la moitié médecins.
41Mais les activités varient selon l'appartenance politique.
42Les agriculteurs (dont plusieurs viticulteurs en Gironde) sont deux fois plus nombreux chez les élus de droite. Inversement, à gauche, se trouvent les élus appartenant aux classes moyennes et un nombre beaucoup plus élevé d'enseignants (40 % au lieu de 11 % à droite). Parmi ces derniers, la diversité est plus grande et les diplômes moindres à gauche : chez les parlementaires de gauche dominent très nettement les P.E.G.C. (tels C. Defarge, les frères Madrelle, tous socialistes) et les instituteurs (comme les deux communistes, L. Dutard et M. Peyret ou les socialistes J. P. Pénicaut et G. Labazée), alors que ceux-ci ne fournissent aucun élu à droite.
43Les origines et les activités n'influent pas seulement sur la place que les parlementaires occupent dans la société au moment où ils sont élus. Elles contribuent à expliquer le choix et les circonstances de l'engagement politique puis de la carrière des futures élites. Il faut donc aborder la sélection politique des parlementaires en ces fins de siècles.
44Commençons par dresser un tableau de la composition politique de la représentation de l'Aquitaine occidentale.
45La fin du xixe siècle et la décennie 1980 connaissent la victoire des forces du Mouvement sur l'Ordre, avec le succès des républicains hier, celui des socialistes aujourd’hui.
46En Aquitaine occidentale, les notables bonapartistes et monarchistes cèdent la place entre 1885 et 1893 à une nouvelle génération d'élus républicains. Les élections de 1889-1893 marquent le changement : il faut mettre en avant le recul des révisionnistes et plébiscitaires venus pour la plupart de la droite conservatrice des départements ruraux. En 1889, les conservateurs ont trois élus en Dordogne (dont Fourtou), un dans les Landes (le bonapartiste A. de Guilloutet), quatre dans les Basses-Pyrénées, deux en Gironde (de Lur-Saluces royaliste et A. Froin, bonapartiste). En Gironde, sont élus quatre boulangistes sur onze (trois venus de l'extrême-gauche et un du bonapartisme, Mitchell). En 1893, tous les sénateurs de la région et tous les députés sont républicains. L’évolution amorcée en 1885 (défaite du bonapartiste Sarrette dans le Lot-et-Garonne) s'achève en 1893 avec la défaite des grandes figures régionales du courant conservateur : Fourtou, de Guilloutet, de Jules Labat et Etcheverry. L’exemple de la Gironde est significatif : les trois grands courants antirépublicains disparaissent dans la représentation parlementaire, avec les défaites de Lur-Saluces (légitimiste), de Johnston (pour l'orléanisme) et Mitchell (bonapartiste). Les grandes personnalités de 1889 disparaissent, sauf Jourde, ancien boulangiste devenu radical-socialiste. A Bordeaux, Chiché, socialiste boulangiste est battu de peu par un notable Théophile Labat, républicain modéré. Ainsi, se sont effacés progressivement les notables de l'ordre moral, les députés conservateurs et cléricaux. Le personnel parlementaire aquitain de la fin du xixe siècle est composé de républicains répartis à peu près également entre modérés, progressistes et radicaux.
47Dans la décennie 1980, quarante élus sur soixante-sept, soit 60 % des parlementaires qui ont représenté l'Aquitaine occidentale, appartiennent à des partis de gauche. Une écrasante majorité est constituée par les trente-huit élus socialistes ou radicaux de gauche (A. Bonnet et R. Julien). Seuls deux communistes ont été élus au Palais Bourbon, dans la région : L. Dutard en 1981 et M. Peyret. A droite, sur vingt-sept parlementaires, une petite majorité (quatorze) appartient à la famille gaulliste et les autres presque tous à la droite libérale, au sein de la « nébuleuse » U.D.F. sauf un élu du Front National, en Gironde, en 1986, P. Sirgue.
48La domination des socialistes s'accentue conformément aux résultats nationaux, en 1981 et en 1988 d'une part, et se révèle plus marquée dans les départements de la Dordogne, de la Gironde et des Landes d'autre part. Dans le cas de la Dordogne et des Landes, anciennement orientées à gauche, le P.S. a récupéré une grande partie de l'héritage du radicalisme, si vigoureux dans ces départements jusqu'aux années 1950 : l'exemple de la succession de G. Bonnet remise à son fils Alain (M.R.G. apparenté PS.) est à ce titre symbolique.
49Les élus socialistes disposent d'une supériorité écrasante dans la vie politique de la Dordogne et des Landes — H. Emmanuelli est une des têtes nationales du parti — et d’une légère domination en Gironde.
50Les élus de l'U.D.F. représentent une force solide dans le Lot-et-Garonne (autour de J. François-Poncet) et une forte minorité (un quart) dans les Pyrénées-Atlantiques : deux des responsables nationaux, espoirs de cette mouvance, F. Bayrou et A. Lamassoure, sont des élus de ce département. L'U.D.F. récupère ici en grande partie le double héritage du M.R.P et des Indépendants, très puissants — quoique rivaux — dans le département après 1945.
51Quant au R.P.R., ses élus les plus nombreux viennent des Pyrénées-Atlantiques, autour d'un « ancien » comme M. Inchauspé, ancien ministre du général de Gaulle ou d'une « nouvelle » comme M. Alliot Marie, ministre de J. Chirac en 1986. Ailleurs, ils représentent une forte minorité tirée par des « locomotives » prestigieuses et de poids : Y. Guéna d'une part et J. Chaban-Delmas d'autre part.
52Quelles influences marquent l'entrée en politique des parlementaires ?
53Le rôle de la famille et des traditions familiales apparaît important au xixe comme au xxe siècle. Chez les élus de 1889 et 1893, on peut estimer que pour beaucoup l'influence familiale au sens large a été déterminante. La tradition politique chez les Lur-Saluces, les du Perier de Larsan, les Etcheverry ou les Guilloutet remonte au moins au xviie siècle.
54Dans les Landes, Constant Dulau est le fils de l'avocat Théodore Dulau, ami de Pascal Duprat et de Victor Lefranc. Dans le Lot-et-Garonne, Deluns-Montaud est le fils d'une victime de la répression tandis que les deux arrière-grands-pères de Dauzon étaient liés à la Grande Révolution : l'un n'était autre que Philippe Lebas, l'ami de Robespierre, l'autre était député à la Convention ; son père avait été proscrit en 1851. En Dordogne, l'arrière-grand-oncle de Gadaud était un économiste républicain et franc-maçon, Courcelle-Seneuil, membre de l'Institut.
55Pour la décennie 1980, presque la moitié des parlementaires est issue d'une famille dont un membre a exercé une fonction politique. Les plus beaux exemples sont les fils (ou fille !) de parlementaires : A. Achille-Lould, M. Alliot-Marie, A. Bonnet, J. François-Poncet, G. Mitterrand, J. Moutet, soit presque un élu sur dix. Un député, M. Inchauspé, est le fils d'un conseiller général et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques. Pour une majorité des parlementaires, le père a exercé des fonctions locales, au sein du conseil municipal. Y a-t-il toujours continuité entre la famille et le parlementaire ? Selon une enquête par questionnaire, en général l'orientation familiale et l’opinion personnelle de l'élu concordent. Pourtant, quelques élus socialistes (J. P. Destrade, M. Garrouste, B. Dussaut), et environ la moitié des élus de droite situent leur famille au centre. Aucun itinéraire ne constitue de véritable rupture avec la tradition familiale. Dans quelques cas, les sensibilités sont différentes et les positions des élus traduisent en général un « recentrage » : chez les socialistes, citons H. Emmanuelli, fils d'électeurs communistes ; A. Labarrère petit-fils de communistes, mais de parents socialistes ; H. Prat, fils de militant communiste. Chez les gaullistes, Y. Guéna est fils d'un radical-socialiste, M. Inchauspé fils d'un indépendant, J. Valade fils d'un « homme de gauche dans le sens S.F.I.O. ». Les deux tiers des parlementaires sont issus de familles catholiques non pratiquantes, même si dans un tiers des cas, la mère pratiquait. La distinction selon l'étiquette politique est très nette : une nette majorité des parlementaires de droite provient d'un milieu catholique pratiquant, aucun de milieu sans religion. A gauche, les deux tiers des élus sont nés dans une famille non pratiquante et une poignée d'élus issue d'incroyants. La religion imprègne donc très majoritairement le parcours du futur élu de droite mais pas celui de l'élu de gauche.
56L'engagement est souvent précoce, déjà ancien lors de l'accès au Parlement.
57Beaucoup d'élus de la fin du xixe siècle sont encore les représentants ou les héritiers de la tradition de 1848 et de l’opposition au Second Empire. Les sénateurs Barthe et Caduc avaient joué un rôle dans l'opposition républicaine : Barthe représentant du peuple en 1848 avait connu un échec en 1863. Caduc fut exilé quelques années en Espagne. Les pamphlétaires Lavertujon et Vignancour avaient mené de violentes campagnes contre l'Empire dans leurs journaux respectifs. Au total, les élites parlementaires d'Aquitaine ont des liens étroits avec l'opposition républicaine telle qu'elle s'est manifestée depuis 1848 jusqu’aux élections de 1893, en passant par les persécutions de Napoléon III, l'ordre moral et la crise du 16 mai. Pour les nouvelles couches sociales et politiques, l’apprentissage de la politique s'est réalisé dans les facultés de droit ou de médecine à Paris et à Bordeaux entre 1840 et 1870. L'engagement a été effectif sous l'opposition républicaine après 1863 et surtout après 1871.
58Parmi les élus des années 1980, il est possible d'apprécier l'âge moyen du premier intérêt pour la politique. En moyenne, il est de 21 ans. Mais cette moyenne cache de grandes disparités : à gauche, l'éveil est plus précoce (64 % avant 20 ans, 41 % avant 16 ans). Il faut noter que les circonstances qui semblent avoir le plus déterminé cet intérêt pour la vie politique sont la guerre (à droite comme à gauche), 1956 et l'élection présidentielle de 1965 pour les élus de gauche.
59Pour environ un tiers des futurs élus, l'engagement politique a été précédé d'une activité collective de jeunesse, surtout chez les futurs parlementaires de gauche (un tiers contre un cinquième à droite). Il s'agit le plus souvent, à gauche comme à droite, du scoutisme puis du passage par les associations d'étudiants : J. C. Dalbos a présidé l'association des étudiants de médecine de Bordeaux et exercé les fonctions de secrétaire général de l'A.G.E.B. dans les années 1950 (parallèlement à son engagement au R.P.F.) ; A. Labarrère a été le président des étudiants de la Sorbonne à la même époque. Ce dernier, comme J. P. Destrade, a par ailleurs été membre de la J.E.C.
60Les deux tiers des futurs parlementaires ont commencé leur vie politique en adhérant à un parti. C'est encore plus vrai à gauche (80 % des élus ont d'abord été des militants) car à droite, un plus grand nombre de parlementaires entre en politique presque au moment de la première campagne électorale (J. Chaban-Delmas et J. Valade par exemple).
61Le premier engagement semble généralement le définitif puisqu'il se révèle durable, à moins que les élus n'omettent dans leurs réponses quelque adhésion compromettante qu'ils préfèrent oublier ! Quelques exceptions cependant : en dehors de l'exemple très connu de J. Chaban-Delmas adhérent du parti radical en juin 1946 et passé ensuite dans les diverses formations gaullistes, il faut citer deux cas régionaux moins connus : J. P. Destrade, député des Pyrénées-Atlantiques est un ancien membre du M.R.P. et H. Emmanuelli a fait partie pendant six mois, quand il était lycéen, vers 1960, de l'U.E.C.
62Il est intéressant de connaître pour les trois grandes familles politiques représentées (P.S., U.D.F., R.P.R.) la première étape du parcours politique partisan des futurs parlementaires.
63Pour les socialistes, il est surprenant de voir que la génération d'avant Epinay l'emporte très largement (les trois quarts). Presque la moitié des élus P.S. des années 1980 ont débuté à la S.F.I.O., en général les plus âgés, ceux élus bien avant 1981 ; 15 % au P.S.A.-P.S.U. (P. Brana, C. Defarge, H. Prat) ; un quart à la Convention des Institutions Républicaines dont quelques « jeunes » élus des années 1980 tels G. Gouzes, K. Haye. Les honneurs du Parlement récompensent d'abord ceux de « la vieille maison », mais aussi les proches de F. Mitterrand hors de la famille socialiste dans les années 1960 et ceux qui sont venus au socialisme en même temps que lui, en 1969 et 1971.
64Pour l'U.D.F., sur quatre députés, deux sont issus du radicalisme ; un est adhérent direct et un vient des Clubs Perspectives et Réalités (A. Lamassoure). Cette origine est représentative de la composition de l'U.D.F., mais traduit la place privilégiée des radicaux (Sud-Ouest oblige !) au détriment des démocrates-chrétiens.
65Pour le R.P.R., une très nette majorité a adhéré à un mouvement gaulliste dans les années du gaullisme au pouvoir 1958-1976. Une minorité est gaulliste depuis le R.P.F. (ex : Dalbos) et une autre depuis le R.P.R. Le renouvellement par les « chiraquiens » est moins important quantitativement qu'on pouvait le penser. Beaucoup d'élus R.P.R. sont des gaullistes de l'époque gaullienne et pompidolienne qui ont suivi J. Chirac en 1976.
66La vie associative et culturelle du futur parlementaire constitue un facteur important dans l'itinéraire politique dans les deux fins de siècles.
67L'appartenance à la franc-maçonnerie ne peut être abordée que pour le xixe siècle, même si quelques figures politiques régionales contemporaines sont connues pour être membre du Grand Orient de France (A. Labarrère) ou de la Grande Loge de France (H. Emmanuelli). A la fin du xixe siècle, c'est le « frère » Gadaud, député de la Dordogne et ministre en 1894 qui lança le mot souvent cité : « La Franc-Maçonnerie est la République à couvert, la République est la Franc-Maçonnerie à découvert ». Parmi les dix-sept sénateurs, six au moins étaient francs-maçons : deux en Gironde (Caduc, Monis), deux en Dordogne (Gadaud et Dusolier), un en Lot-et-Garonne (Durand), un dans les Landes (Lourties). Parmi les députés, nous avons recensé treize francs-maçons soit 25 %. En Gironde, font partie de la franc-maçonnerie, D. Raynal, Cazauvielh, Goujon et Jourde, soit quatre sur dix-sept (23,5 %)11 ; en Lot-et-Garonne, trois sur six (50 %) : Deluns-Montaud, Darlan, Georges Leygues ; en Dordogne, quatre sur douze (33 %) : Henri Chavoix, Clament, Saumande, Theulier ; dans les Landes, deux sur huit (25 %) : Jumel et Lourties.
68A la fin du xixe siècle, certaines sociétés de pensée ont été des groupes politiques influents sur le plan national ou régional. Ainsi, le député Deluns-Montaud présidait la Société des Amis de Gambetta et D. Raynal animait le Cercle Voltaire. Théophile Labat était membre des cercles Voltaire, Gambetta et Vergniaud fondés certainement pour le centenaire de la révolution de 1789 et pour ériger la fameuse colonne des Girondins sur la place des Quinconces.
69Enfin, le rôle de la presse locale est considérable pour les parlementaires : le journalisme est souvent une voie privilégiée pour aborder la vie politique et les hommes politiques bénéficient de l’appui d'une presse locale très dynamique.
70Deux sénateurs, Lavertujon et Vignancour sont des directeurs de journaux. Lavertujon fut le rédacteur en chef de La Gironde de 1856 à 1871 et il en est resté très proche, avec son beau-frère Gounouilhou. Le rédacteur en chef de 1871 à 1889 fut Eugène Ténot, lui-même député des Hautes-Pyrénées. La Petite Gironde fondée en 1872 dépassa vite le tirage de La Gironde (150 000 exemplaires en 1894). Le poste de sénateur d'André Lavertujon symbolise la puissance de la presse, « quatrième pouvoir ». A Bazas, Le Glaneur, hebdomadaire depuis 1883, a pour rédacteur en chef gérant le député E. Constant. Aimel a fondé en 1885 Le Petit Bordelais et collaboré à d'autres feuilles. Enfin, la carrière de Robert Mitchell a été fondée sur sa collaboration à des feuilles bonapartistes puis boulangistes (Le Girondin, bi-hebdomadaire de l'arrondissement de la Réole).
71Dans les Basses-Pyrénées, Vignancour était l'héritier d'une famille d'imprimeurs et journalistes de Pau, alors que Le Mémorial des Pyrénées était devenu avec le baron de Joantho un organe royaliste et catholique. Un autre conservateur, Louis Etcheverry, fut le fondateur et le rédacteur principal entre 1887 et 1901 de la revue Eskualduna, rédigée en langue basque. Au total, vers 1895, l'Aquitaine compte deux-cent trentedeux journaux (la moitié en Gironde) dont quatre-vingt-dix journaux politiques avec un avantage certain pour les feuilles républicaines (cinquante-trois pour trente-sept journaux conservateurs). Le seul arrondissement de Blaye en Gironde possédait trois feuilles politiques : L'Avenir de Blaye (1872), républicain modéré ; Le Blayais (1890), républicain progressiste ; L'Espérance (1836), conservateur. Dans les Landes, les républicains bénéficient de l'appui d'une majorité de la presse locale12. Pour les élus de la fin du xxe siècle, une autre voie vers la politique apparaît non négligeable et parfois décisive : le syndicalisme, surtout à gauche (les deux tiers des élus de gauche et seulement un cinquième des élus de droite). Deux aspects dominent dans ces itinéraires : le syndicalisme enseignant et surtout le syndicalisme agricole.
72Plus de la moitié des parlementaires de gauche venus de l'enseignement ont été membres de la F.E.N. et le plus souvent du S.N.I.. Pour les élus de droite, le syndicalisme agricole l'emporte : il joue un rôle essentiel dans l'accès aux responsabilités politiques de G. César, d'A. Cazalet, de L. Lauga et d'E. Marty. Tous ont d'abord été des dirigeants syndicaux du monde agricole, soit au sein du C.D.J.A. ou du C.N.J.A., soit à la F.D.S.E.A. ou la F.N.S.E.A. avant d'accéder au Parlement. A gauche, les responsabilités agricoles sont déterminantes dans un département rural pour la carrière politique du suppléant de R. Dumas, devenu en 1988 député : P. Duvaleix. Cet agriculteur, vice-président de la Chambre d'agriculture, exerce la présidence de la Fédération nationale des planteurs de tabac depuis 1982 et la présidence de l'union internationale des producteurs de tabac depuis 1986.
73Enfin, pour les élus des années 1980, l'enquête permet d'ajouter deux autres filières privilégiées d'accès à la fonction parlementaire : l'exercice de responsabilités — en général nationales — au sein d'un parti politique et le passage par un cabinet ministériel.
74Pour 20 % environ des futurs élus, de droite comme de gauche, l'accès à des postes de responsabilités au sein de leur parti est essentiel dans leur carrière. Dans les rangs gaullistes, quatre exemples peuvent être cités : J. Valleix, pour ses fonctions au sein des Républicains Sociaux et à l'U.N.R. ; J. Gougy, à l'UJ.P., d'abord comme délégué départemental pour les Pyrénées-Atlantiques puis régional pour l'Aquitaine ; M. Gonelle et Michèle Alliot-Marie au sein du R.P.R.
75Parmi les élus de l'U.D.F., il faut citer les cas de F. Bayrou, au C.D.S. et d'A. Lamassoure, dans les Clubs Perspectives et Réalités. Tel est aussi le cas aux extrêmes : P. Sirgue a siégé dans les instances centrales du Front National dès 1977 (il a été élu en 1986) et M. Peyret est un des responsables de la fédération communiste de la Gironde.
76Au P.S., les parlementaires tels B. Bioulac ou M. Suchod, P. Brana ou C. Lalumière de même que R. Julien pour le M.R.G., ont été membres des instances nationales du parti avant leur élection. Le parcours du socialiste L. Delmas est exemplaire d'une carrière d'homme d'appareil à l'échelle départementale, avant son entrée au Palais du Luxembourg.
77Quant au passage par un cabinet ministériel, il concerne environ 16 % des parlementaires et surtout les parlementaires de droite, ce qui s'explique par le long éloignement de la gauche du pouvoir entre la fin des années 1950 et 1981. Il constitue une étape importante dans le parcours de plusieurs élus des Pyrénées-Atlantiques : M. Alliot-Marie, F. Bayrou et A. Lamassoure mais aussi pour le gaulliste Y. Guéna (auprès de M. Debré) ou le socialiste P. Brana (auprès de M. Rocard).
78Les premières charges d'élu exercées par les parlementaires, au xixe comme au xxe siècle, sont traditionnellement municipales ou cantonales. Cependant, elles jouent un rôle certain mais pas déterminant et ne constituent pas une nécessité politique. Ainsi, dans les années 1980, près d'un parlementaire sur cinq (17 %) devient pour la première fois un élu en entrant au Palais Bourbon : il ne s'agit pas d'ailleurs d'une nouveauté puisque tel est le cas de J. Chaban-Delmas dans les années 1940, de J. C. Dalbos dans les années 1950 ; d'Y. Guéna dans les années 1960 ; de J. Valade dans les années 1970 et d'A. Lamassoure, P. Sirgue, R. Dumas, G. Gouzes, G. Mitterrand dans les années 1980. Il faut observer que plusieurs de ces cas constituent des « parachutages » — déjà évoqués — ce qui explique l'absence d'implantation locale antérieure.
79Pour les années 1890, six députés de la Gironde (sur dix-sept) ont été maires ou sont maires au moment de leur élection. A part Libourne, il ne s'agit pas de communes importantes (Saint-Ciers, Audenge, Salles, Gauriac, Soulac), mais souvent des chefs-lieux de cantons. En Dordogne, sept parlementaires sur douze sont maires, notamment à Sarlat et à Thiviers. Dans le Lot-et-Garonne, on compte trois maires sur cinq, dont ceux de Nérac et Villeneuve-sur-Lot. Dans les Landes, quatre maires sur huit, dont celui de Dax : au total, vingt maires sur quarante-deux, soit presque la moitié. Chez les sénateurs, on compte six maires sur dix-sept, avec les villes importantes d'Agen, de Périgueux et de Bayonne.
80En cette fin de xxe siècle, presque les deux tiers des parlementaires ont commencé leur carrière politique d'élu par un siège de conseiller municipal. Près de la moitié des parlementaires occupe un fauteuil de maire, le plus souvent dans une ville. Il s'agit plutôt de petites villes13. Mais quelques futurs parlementaires ont géré des villes préfectures et sous-préfectures : P. Labeyrie à Mont de Marsan, J. Y. Goussebaire Dupin à Dax, M. Manet à Bergerac.
81En général, une majorité des parlementaires des deux fins de siècle ont siégé au Conseil général de leur département : à la fin du xixe siècle, 35 % des députés de la Gironde, 58 % des élus de Dordogne, 50 % dans les Landes et 35 % dans le Lot-et-Garonne. Parmi les parlementaires de la décennie 1980, 21 % y font leur apprentissage d'élus et au total, plus de la moitié d'entre eux y siègent déjà avant leur entrée au Parlement. Il faut signaler, la seule vraie nouveauté dans le cursus électoral des parlementaires des années 1980 : un peu plus d'un parlementaire sur dix a exercé la fonction de conseiller régional avant d'entrer au Parlement.
82Cette étude des itinéraires débouche sur la carrière parlementaire proprement dite. Les seuls points de comparaison sont le moment où l'élection — « consécration » (?) — se produit et l'éventuel cumul des mandats.
83On conclut alors par une dernière ressemblance en ce qui concerne le premier point entre les deux fins de siècle. L'âge moyen d'entrée au Parlement est très proche : pour les députés, 43 ans au xixe et 43,7 ans au xxe ; pour les sénateurs, 54 ans au xixe siècle et 50,7 au xxe siècle (pour ceux qui accèdent au Sénat sans passer par le Palais Bourbon) et 55,1 ans pour les sénateurs, anciens députés. Pour les deux fins de siècle, il s'agit donc d'hommes mûrs, ce qui n'exclut pas quelques plus jeunes (ex : au xixe, de La Batut 31 ans et Laroze 32 ans ; au xxe siècle, P. Sirgue, 32 ans. Certains « benjamins » à leur début en 1945-1946 (ex : J. Chaban Delmas ou L. Dutard) sont devenus les doyens dans les années 1980. Dans les années 1980, la génération des quinquagénaires — comme C. La lumière ou J. Valade — l'emporte de justesse (un tiers du total) sur celle des sexagénaires — comme R. Dumas ou Y. Guéna. Un quart seulement des élus a la quarantaine : c'est la génération de M. Alliot Marie ou d'H. Emmanuelli. La longévité de certaines carrières explique les différences de moyenne : si 61 % des parlementaires sont des « nouveaux » au Parlement dans les années 1980 — soit un renouvellement important dû aux changements successifs de majorité en 1981 et en 1986 —, 18 % ont commencé leur carrière nationale dans les années 1970 et 14 % dans les années 1960.
84Les élus de gauche sont légèrement plus jeunes que ceux de droite. Cela s’explique par le renouvellement plus grand à gauche : sur quarante élus de gauche dans les années 1980, près des deux tiers entrent pour la première fois au Parlement alors qu'à droite, sur vingt-sept élus, les nouveaux représentent une grosse moitié (55 %). En considérant les seuls nouveaux élus de la décennie, l'élu de gauche est sensiblement plus jeune que celui de droite (44 ans au lieu de 48,2 ans). Si la droite compte en Aquitaine quelques cadets d'envergure nationale comme M. Alliot-Marie ou F. Bayrou, la gauche socialiste est riche en jeunes élus plus proches de la génération de L. Fabius que de celle de F. Mitterrand : ils ont pour nom B. Bioulac, G. Gouzes, G. Mitterrand, J. P. Penicaut, M. Suchod, A. Vidaliès. Il faut noter qu'à la différence des quadragénaires de la droite, aucun d'entre eux — sauf H. Emmanuelli — n'a encore siégé au gouvernement.
85Au sujet du cumul, s'il est déjà fréquent dans les années 1890, il l'est beaucoup plus dans la décennie 1980. Très rares sont les parlementaires qui n'exercent aucun mandat local14. Près des deux tiers cumulent au moins les fonctions de conseiller général et de parlementaire. Un quart est à la fois maire, conseiller général et parlementaire : J. François-Poncet, J.-F. Pintat et à gauche, B. Bioulac, P. Brana, A. Bonnet, C. Defarge, P. Ducout, B. Dussaut, M. Garrouste, P. Labeyrie, P. Lagorce, B. Madrelle, P. Madrelle, M. Manet, H. Prat, M. Sainte-Marie. Or certains de ces élus déjà cités administrent une ville (Ducout, Labeyrie, Lagorce, Manet et M. Sainte-Marie). Enfin, à gauche, existent quelques cas de cumuls de tous les mandats : conseiller municipal, maire, conseiller général et conseiller régional ! Tel a été le cas d'A. Bonnet, de P. Lagorce, de Ph. Madrelle, et M. Sainte-Marie.
86En ce qui concerne les députés ou sénateurs de la fin du xixe siècle, leurs carrières s'étendent souvent jusqu'en plein xxe siècle. La génération qui arrive vers 1889-1893 s'installe pour plusieurs décennies15. Dans le Lot-et-Garonne, Georges Leygues est élu pour quarante-huit ans ! Pour la Gironde, la durée moyenne du mandat n'est que de neuf ans et demi : le renouvellement des élites politiques est plus rapide dans la grande ville. Mais, dans les régions rurales, Constant reste trente ans à Bazas, du Périer de Larsan, dix-neuf ans. A Bordeaux même, c'est l'ex-boulangiste lourde qui se maintient le plus longtemps (dix-sept ans). Lourties reste président du conseil général des Landes jusqu'en 1920 ; Georges Leygues exerce des fonctions ministérielles jusqu'en 1933. P. Laroze est gouverneur du Crédit Foncier et président du conseil d'administration du métropolitain de Paris (il meurt en 1943).
87Au total, nous avons relevé dix exemples d'héritages politiques directs (15 % environ). Trois concernent la Gironde : sans mandat parlementaire, le frère du comte Henri de Lur-Saluces (mort en 1894), reprit d'une façon dynamique la tête du parti monarchiste en Gironde et dans le Sud-Ouest ; le neveu du député Octave Cazauvieilh, René (1859-1941) le remplaça au conseil général et fut député de 1898 à 1919 et maire de Belin de 1892 à 1936 (où son père avait exercé cette fonction auparavant) ; le neveu d'André Lavertujon, Henri (1855-1907), journaliste lui aussi fut successivement député et sénateur de la Haute Vienne où il avait fondé le journal Le Petit Centre. Les Landes fournissent deux exemples : le fils de Loustalot fut comme son père conseiller général et député de 1910 à 1919. Il s'agit de Louis Loustalot (1861-1933), allié aux familles Bonnecaze, Turpin et Boulart qui avaient fourni au xixe siècle des hommes politiques conseillers généraux et députés. Le neveu de Lourdes (1844-1922) fut lui-même sénateur du département de 1932 à 1940. En Dordogne, la carrière de Félix Gadaud est tout à fait parallèle à celle de son père : médecin, député (1919), maire de Périgueux (1924) et sénateur (1929). C’est le Lot-et-Garonne qui fournit le plus d'« héritiers », au moins trois familles. Le fils de Fallières, André, fut comme son père député (1919-1928) et sénateur (1932-1941). Il fut également président du Sénat et ministre du travail dans le cabinet Poincaré en 1926. Il n'est pas utile d'insister sur la carrière militaire et politique du fils de Darlan, l'amiral François Darlan (1881-1942). Enfin, les descendants de Georges Leygues ont joué un rôle politique important.
88On peut ajouter les héritages indirects et plus complexes. Ainsi, en Dordogne, c'est le gendre de Meilhodon qui reprend en partie le flambeau : Oswald Taillefer, député de 1876 à 1881 et de 1888 à 1889. Enfin, on peut citer au xxe siècle le petit-fils de Vignancour, député de Pau : Jean-Louis Tixier-Vignancour qui joua un rôle certain dans la vie politique française jusqu'en 1965.
89Un certain nombre de permanences caractérisent le personnel parlementaire d'Aquitaine occidentale en ces deux fins de siècles. Notre étude a mis en valeur l’enracinement dans le terroir et les liens étroits avec le monde agricole ; la place privilégiée de quelques « dynasties » sociales et politiques mais en même temps, une réelle mobilité sociale ascendante pour beaucoup d'élus, grâce à l'école et aux diplômes. Dans le parcours politique, le rôle de la famille et des traditions familiales est important dans la socialisation et les engagements politiques sont précoces. L'exercice de fonctions politiques locales (premières étapes du cursus ascendant) est fréquent avant l'entrée au Parlement mais pas indispensable ni décisif. L'accès à la fonction parlementaire s'effectue à peu près au même âge.
90Les ruptures concernent principalement les professions d'origine des parlementaires. A la fin du xixe siècle, les activités d'un même élu sont plus variées et la plupart sont propriétaires terriens, même si les professions libérales, avocats et médecins, l'emportent. Dans la décennie 1980, le poids des fonctionnaires est dominant et en particulier celui des enseignants. Dans le parcours qui conduit au Parlement, la presse et la franc-maçonnerie jouent un rôle important au siècle dernier, identique à celui du militantisme, du syndicalisme et surtout du passage par l'appareil central de l’Etat ou des partis de nos jours. Les années 1980 révèlent une concentration des fonctions politiques entre les mains des parlementaires très supérieure à celle du siècle dernier.
I - LES SÉNATEURS DE L’AQUITAINE OCCIDENTALE

II - DEPUTES DE LA GIRONDE (1889 et 1893)

III - DORDOGNE

IV - LANDES

V - LOT-ET-GARONNE

VI BASSES-PYRENEES

PARLEMENTAIRES D'AQUITAINE OCCIDENTALE DANS LES ANNÉES 1980

PARLEMENTAIRES D'AQUITAINE OCCIDENTALE DANS LES ANNÉES 1980

PARLEMENTAIRES D'AQUITAINE OCCIDENTALE DANS LES ANNÉES 1980

Notes de bas de page
1 Voir tableaux en annexes.
2 A la fin du xixe siècle, la Gironde compte 793 528 habitants sur une population aquitaine de 2 290 228 habitants, soit plus du tiers. Dans les années 1980, la Gironde reste non seulement le département le plus peuplé d'Aquitaine avec 1 127 546 habitants mais accentue sa domination : 42,4 % des Aquitains y vivent. Entre les deux fins de siècles, la hiérarchie régionale du peuplement s'est modifiée : au xixe siècle venaient après la Gironde, la Dordogne avec 478 471 habitants (aujourd'hui en troisième position avec 377 356, en dépit d'une forte dépopulation), les Basses-Pyrénées avec 425 027 (actuellement en deuxième position avec 555 696, grâce à une croissance sensible), les Landes avec 297 842 (de nos jours, en cinquième position, malgré sa stabilité, avec 297 424 habitants) et le Lot-et-Garonne, comptant 295 360 habitants à la fin du xixe siècle et 298 522 en 1982.
3 Un questionnaire concernant leur socialisation politique a été envoyé en octobre 1991 à soixante-trois parlementaires sur les soixante-sept qui ont représenté l'Aquitaine dans les années 1980 (quatre étant décédés) : trente-sept d’entre eux ont répondu et nous les en remercions vivement. Il s’agit de MM. Barande, Boeuf, Brana, César, Chaban-Delmas, Chollet, Dalbos, Defarge, Destrade, Dubosq, Dumas, Duroure, Dussaut, Emmanuelli, Garmendia, Garrouste, Gonelle, Gougy, Gouzes, Guéna, Haye, Inchauspé, Join, Labarrère, Labazée, Lagorce, Lamassoure, Laurissergues, Madrelle, Moutet, Peyret, Prat, Roudier, Sainte-Marie, Sirgue, Soucaret, Valade.
4 C'est certainement un minimum car par des alliances complexes, par la famille de l'épouse en particulier, on pourrait facilement ajouter quelques cas supplémentaires (peut-être 5 ?) tels Maréchal en Dordogne et Dauzon dans le Lot-et-Garonne.
5 Ainsi, A. Lamassoure, député des Pyrénées-Atlantiques est fils de préfet, J. François-Poncet, sénateur du Lot-et-Garonne, fils de diplomate et A. Vidaliès, député des Landes, est le fils d'un officier.
6 10 en droit : les 8 avocats, l’avoué et le publiciste A.Dusolier ; 3 en médecine, 2 docteurs et Demolins de Riols. On retrouve cette juxtaposition d'activités chez les représentants de la Gironde : sur 17, 6 ont étudié le droit, dont 4 à Paris ; 1 la médecine, toujours à Paris ; 1 à l'école Polytechnique ; 1 à l'école militaire de Saint-Cyr (Lur-Saluces).
7 Ecoles scientifiques : Ecole supérieure de Sciences physiques pour P. Brana ;
Polytechnique pour P. Ducout ; Ecole nationale supérieure d'électronique et
d'électricité pour K. Haye ; Ecole centrale pour J.-F. Pintat etc...
Ecoles techniques : Institut d'agronomie pour F. Dubosq ; I.U.T. pour G. Labazée ; Ecole des travaux publics pour M. Manet etc...
Ecole d’administration : quatre parlementaires sont d'anciens élèves de 1Έ.Ν.Α., J.-F. Poncet, Y. Guéna, A. Lamassoure, M. Suchod.
8 On comprend que les députés de la Gironde aient souvent pris la parole à la Chambre dans un sens protectionniste (même si Labat a des liens avec la Chambre de Commerce, la ligue libre-échangiste et donc les élites économiques).
9 Cependant, parmi les sénateurs, Lavertujon représentait grâce à La Gironde et à La Petite Gironde une puissance véritable tandis que Ludovic Trarieux était allié à la famille des commerçants protestants Faure et les industriels de la porcelaine de Haviland (Limoges).
10 Nous avons relevé :
- pour la Dordogne, 5 médecins, 3 avocats, 2 hommes de loi (avoué et magistrat), 2 grands propriétaires (3 en fait avec Bardi de Fourtou). Mais en 1893, les 3 grands propriétaires ne sont plus députés ; les médecins dominent ;
- pour le Lot-et-Garonne, 4 avocats et 1 propriétaire viticulteur ;
- dans les Landes, 3 avocats sur 8 (Denis, Jumel, Loustalot), 2 chefs d'entreprise (Léglise - usines de bois - et Sourigues - entrepreneur financier-), 1 professeur, 1 magistrat, 1 propriétaire foncier. Mais Léglise et Loustalot sont aussi de grands propriétaires fonciers ;
- dans les Basses-Pyrénées, 3 avocats, 3 médecins, 2 propriétaires fonciers.
11 Ce dernier fut exclu pour trois ans des loges pour avoir été candidat boulangiste mais devint ensuite un personnage important dans la franc-maçonnerie (membre du conseil de l'ordre du Grand Orient de 1903 à 1906).
12 Dont Le Républicain de Chalosse, Le Courrier de Dax et Le Progrès de Chalosse, Le Républicain landais, Le Dacquois, L'Echo, Le Républicain de la Grande Lande et Le Patriote landais.
13 J. Boyer-Andrivet à Castillon-La-Bataille, R. Cazalet à Lège Cap-Ferret, J.-F. Pintat à Soulac, P. Brana à Eysines, P. Ducout à Cestas, P. Lagorce à Langon...
14 A. Lamassoure constitue une exception.
15 En Dordogne, les députés élus en 1893 restent 35, 34, 29, 27, 19 et 17 ans. Denoix, après cinq ans de députation, reste vingt-quatre ans sénateur.
Auteurs
Maîtres de conférences Université Michel de Montaigne-Bordeaux III
Maîtres de conférences Université Michel de Montaigne-Bordeaux III
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
L’anoblissement en France, xve-xviiie siècles
Théories et réalités
Centre de Recherches sur les Origines de l’Europe Moderne (dir.)
1985
Noblesse française et noblesse polonaise
Mémoire, identité, culture xvie-xxe siècles
Michel Figeac et Jaroslaw Dumanowski (dir.)
2006
Le rayonnement français en Europe centrale
Du xviie siècle à nos jours
Olivier Chaline, Jaroslaw Dumanowski et Michel Figeac (dir.)
2009
Le concept d’élites en Europe
De l’Antiquité à nos jours
Laurent Coste, Stéphane Minvielle et François-Charles Mougel (dir.)
2014
Les montesquieu après Montesquieu
Tenir son rang du xviiie au début du xxe siècle
François Cadilhon
2016
Maires de la Gironde de la Révolution à la Restauration
Les maires des chefs-lieux de cantons de 1790 à 1824
Bernard Lachaise et Jean-Claude Drouin (dir.)
1993
Du sans-grade au préfet
Fonctionnaires et employés de l’administration dans les villes de l’Aquitaine (1870-1914)
Jean-Paul Jourdan
1994