1 Voir les Mélanges offerts à Yves Durand.
2 Cosandey F. (dir.), Dire et vivre l’ordre social en France sous l’Ancien Régime, Paris, EHESS, 2005. On s’attachera plus particulièrement au texte introductif de Fanny Cosandey et al., « À propos des catégories sociales de l’Ancien Régime », p. 9-44.
3 Voir la très bonne contribution de Michel Nassiet, qui expose ce débat qui prit alors l’allure d’un affrontement : « Des groupes aux relations. Problématiques et concepts en histoire sociale », dans Antoine A. et Michon C. (dir.), Les Sociétés au xviie siècle : Angleterre, Espagne, France, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 13-25. Et bien sûr l’ouvrage issu de la rencontre de Saint-Cloud : L’Histoire sociale : sources et méthodes, Paris, PUF, 1967.
4 Voir notamment mes articles : « L’impossibilité de réformer la monarchie, la fiscalité et la société sous Louis XVI est-elle la cause de la Révolution française ? », dans Montbrial Th. de (dir.), Réformes-révolutions. Le cas de la France, Paris, PUF, 2003, p. 27-60 ; « Comment naissent les Révolutions ? Du vide politique… L’exemple des révolutions anglaise de 1640 et française de 1789 », dans Ribeiro Da Silva Fr. et al. (dir.), Estudos em homenagem a Luís António de Oliveira Ramos, Porto, Faculdade de Letras da Universidade do Porto, 2004, t. III, p. 893-904.
5 Daumard A. et Furet Fr., Structures et relations sociales à Paris au milieu du xviiie siècle, Paris, Armand Colin, 1961 (Coll. Cahiers des Annales).
6 Voir notamment Tirat J.-Y., « Problèmes de méthode en histoire sociale », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, t. X, 1963, p. 211-218, et, dans cette même revue, la réponse d’Adeline Daumard et François Furet : « Problèmes de méthode en histoire sociale : réflexions sur une note critique », t. XI, 1964, p. 291-298, ainsi que mon article : « Expérience aquitaine et méthodologie des contrats de mariage au xviiie siècle », Annales du Midi, t. LXXXVI, 1964, 1, p. 61-76.
7 Portant davantage sur le xviie siècle que sur le xviiie, ils sont conservés à l’Institut de Recherches sur les Civilisations de l’Occident Moderne (IRCOM) de l’université Paris-Sorbonne.
8 Soit pour les testaments et leur formulaire religieux, soit pour les inventaires : voir Chaunu P., La Mort à Paris, 16e, 17e et 18e siècles, Paris, Fayard, 1978 ; Pardailhé-Galabrun A., La Naissance de l’intime : 3 000 foyers parisiens xviie - xviiie siècles, Paris, PUF, 1988.
9 On me permettra à ce sujet de renvoyer à ma thèse, mais aussi aux travaux de plusieurs de mes élèves, en particulier Michel Figeac et Philippe Gardey. Voir Poussou J.-P., Bordeaux et le Sud-Ouest au xviiie siècle : croissance économique et attraction urbaine, Paris, EHESS et Jean Touzot, 1983, spécialement le chapitre III de la deuxième partie : « Structures sociales, salaires et prix », p. 275-342 ; Figeac M., Destins de la noblesse bordelaise (1770-1830), Pessac, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1996 ; Gardey Ph., Négociants et marchands de Bordeaux. De la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830), Paris, PUPS, 2009.
10 Goubert P., L’Ancien Régime, t. I, La Société, Paris, Armand Colin, 1969.
11 Ibid., p. 152-153. Là où ses points de vue perdent de la cohérence, c’est lorsque dans le tome II de ce même Ancien Régime (Paris, Armand Colin, 1973), à propos de leurs relations avec l’État, il traite effectivement de l’ordre du clergé et de celui de la noblesse, p. 68-71.
12 Goubert P., L’Ancien Régime, op. cit., p. 178.
13 Ibid., p. 182.
14 Ibid., p. 199.
15 Richet D., « Autour des origines idéologiques lointaines de la Révolution française : élites et despotisme », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 24, no 1, janvier-février 1969, p. 1-23.
16 Voir en particulier Les Hiérarchies sociales de 1450 à nos jours, Paris, PUF, 1969.
17 Les Solidarités dans les sociétés humaines, Paris, PUF, 1987, p. 12.
18 Ibid., p. 9.
19 Notons simplement, à cet endroit, que les Français de l’époque moderne utilisent souvent le mot d’estat à la place d’ordre. Nous en avons gardé l’évidente trace lorsque nous parlons du Tiers État.
20 Les Solidarités dans les sociétés humaines…, op. cit., p. 19. Bien entendu, le texte fondamental est celui de Mousnier R., « Charles Loyseau. La société d’ordres », dans Les Institutions de la France sous la monarchie absolue, Paris, PUF, 1974, t. I, p. 14-23.
21 Ibid. Parmi les signes de dignité, on n’oubliera pas le port d’armoiries timbrées, réservé aux nobles.
22 Ibid.
23 Noirfontaine F. de, La Maison de Bouillon : la vicomté de Turenne, permanence d’une anomalie, Lille, université de Lille III, 1990.
24 Jouanna A., Ordre social : mythes et hiérarchies dans la France du xvie siècle, Paris, Hachette, 1977, p. 79.
25 Roland Mousnier citait ici Charles Loyseau. Voir Mousnier R., Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du xviie siècle (France, Russie, Chine), Paris, Calmann-Lévy, 1967, p. 20.
26 Jouanna A., Ordre social…, op. cit., p. 91.
27 Descimon R., « Un langage de la dignité : la qualification des personnes dans la société parisienne à l’époque moderne », dans Cosandey F., Dire et vivre l’ordre social, op. cit., p. 70-123, loc. cit., p. 70.
28 Ibid., p. 75.
29 Cassan M., Haddad E., Muchnik N., Tuttle E., Les Sociétés anglaise, espagnole et française au xviie siècle, Paris, CNED-SEDES, 2006, p. 78.
30 Il n’est pas au cœur de mon sujet car un anobli fait évidemment partie de l’ordre nobiliaire. J’en parle néanmoins à plusieurs reprises dans le présent texte, mais sans aborder pleinement les débats de fond qui touchent à l’anoblissement, et notamment à l’évolution du monde nobiliaire considéré sous cet angle entre la fin du Moyen Âge et la fin du xviiie siècle. Voir notamment Constant J.-M., « Le mystère de l’anoblissement », dans La Vie quotidienne de la noblesse française…, op. cit., chap. IV, p. 104-131.
31 Nous pourrions aussi envisager la noblesse de cloche, voire l’apparition au xviiie siècle, avec les financiers, d’une catégorie nobiliaire particulière, qui sera d’ailleurs mentionnée plus loin. Sur la noblesse de cloche, voir Coste L., « La noblesse de cloche en France sous l’Ancien Régime (xvie - xviiie siècles) », dans Dumanowski J. et Figeac M. (dir.), Noblesse française et noblesse polonaise. Mémoire, identité, culture xvie- xxe siècles, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2006, p. 185-197 ; Ruggiu Fr.-J., Les Élites et les villes moyennes en France et en Angleterre ( xviie - xviiie siècles), Paris, L’Harmattan, 1997.
32 Bien entendu, je n’ai pas la naïveté de croire qu’un grand négociant compte moins dans la vie sociale qu’un petit écuyer, et qu’il a moins de pouvoirs dans la société, d’autant plus que les nobles crottés ont toujours été légion. Mais l’un n’en est pas moins un noble, qui peut participer aux assemblées de noblesse, alors que l’autre continue d’être un roturier et d’avoir le sentiment que, malgré sa réussite et sa richesse, tant qu’il n’obtient pas d’être anobli, par exemple en achetant une « savonnette à vilain », il reste en deçà d’une barrière sociale reconnue par tous. Au demeurant, une fois anobli, il lui reste à se « décrasser », et ce ne fut pas toujours évident.
33 Il faut à cet endroit souligner l’importance des « Grands » : voir l’excellente analyse de Pierre Goubert dans le t. I de son Ancien Régime, op. cit., p. 161-165.
34 Durand Y., L’Ordre du monde : idéal politique et valeurs sociales en France du xvie au xviiie siècle, Paris, SEDES, 2001, p. 184-185.
35 Ainsi, Nicolas Le Roux montre que « la contre-offensive » d’Henri III en 1586 passe par une « refidélisation de la noblesse » : le souverain « vise à refonder le lien personnel avec les gentilshommes par le biais formel mais personnalisé du serment ». Voir son ouvrage, La Faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 689-691.
36 Les Créatures de Richelieu. Secrétaires d’État et surintendants des finances, 1635-1649, Paris, Pedone, 1966 (préface de Roland Mousnier).
37 Les Solidarités dans les sociétés humaines.., op. cit., p. 231.
38 Ibid., p. 235.
39 Ibid., p. 157.
40 Sur les réseaux, mais aussi sur leur développement à partir des « réalités institutionnelles », voir Jarnoux P., « Les réseaux sociaux », dans Les Sociétés au xviie siècle…, op. cit., p. 26-32, spécialement p. 29.
41 Les Solidarités…, op. cit., p. 157.
42 Voir Flandrin J.-L., Familles, parenté, maison, sexualité dans l’ancienne société, Paris, Hachette, 1976, notamment p. 10-28.
43 Collomp A., La Maison du père : famille et village en Haute-Provence aux xviie et xviiie siècles, Paris, PUF, 1983, notamment p. 80-87. C’est une structure si forte que l’on y trouve même des hameaux patronymiques (p. 89-93).
44 Familles, parenté, maison…, op. cit., p. 20. J.-L. Flandrin part ici de Furetière : un lignage, « c’est une suite de parents en divers degrés descendants d’une même souche ou père commun. La ligne directe est celle qui va de père en fils. La collatérale est celle où sont placés les oncles, tantes, cousins, neveux ».
45 Le Roy Ladurie E., avec la collaboration de Fitou J.-F., Saint-Simon ou le système de la Cour, Paris, Fayard, 1997, chapitre IV : « Cabales, lignage, pouvoir », p. 181-236.
46 Collomp A., La Maison du père…, op. cit., p. 81-112.
47 Mousnier R., Les Institutions de la France…, op. cit., t. I, p. 47.
48 Nassiet M., Parenté, noblesse et États dynastiques xve- xvie siècles, Paris, EHESS, 2000, p. 15.
49 Ibid., p. 29.
50 Gelabert J. E., Jarnoux Ph. et Saupin G., « La double structuration des sociétés urbaines », dans Les Sociétés au xviie siècle…, op. cit., p. 95-121.
51 « La société vue par elle-même », dans Lignereux Y. et Montenach A., Les Sociétés européennes au xviie siècle…, Paris, Belin, 2004, p. 240 et sq.
52 Paris, Sirey, 1938.
53 Bluche Fr. et Solnon J.-Fr., La Véritable Hiérarchie sociale de l’ancienne France. Le tarif de la première capitation, Genève, Droz, 1983.
54 Montenach A., op. cit., p. 240.
55 Voir dans sa thèse : Les Corps d’officiers de la prévôté et vicomté de Paris et de l’Île-de-France, de la fin de la Guerre de Cent Ans au début des guerres de religion : Étude sociale, t. I, Livre I : « La notion de corps », chapitre I : « Les problèmes de définition », Lille, université de Lille III, 1982, p. 339-348. Bernard Quilliet montre à la fois l’intérêt de la notion de corps, le rôle qu’ils jouent, mais aussi leur caractère hétérogène et les limites de cette notion de corps. À propos du tarif de 1695, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un document fiscal dont les hiérarchies sociales ne sont qu’un élément, ce qui explique que les financiers puissent venir avant la grande noblesse, ce qui est normal puisque, disposant de plus grands revenus, ils sont à même de payer davantage. Mais ils sont loin d’atteindre en dignité le niveau des membres de la haute noblesse, et des pièces de la première moitié du xviiie siècle, comme Turcaret, sont là pour nous le rappeler (Voir aussi plus loin l’analyse consacrée à la place sociale des financiers, banquiers et fermiers généraux).
56 En particulier dans le tome I de son grand traité : Les Institutions de la France sous la monarchie absolue, Paris, PUF, 1974, p. 335-370. Il définit les corps comme « des groupes de personnes unies pour leur bien commun et qui poursuivent en même temps des fins d’intérêt public », p. 335. Le mot pouvait aussi prendre un sens encore plus large, tellement plus large qu’il signifiait simplement un groupement social, comme l’exprima en 1776 l’avocat général Antoine Séguier lorsqu’au nom du parlement de Paris il refusa la réforme fiscale préconisée par Turgot : « Tous vos sujets, Sire, sont divisés en autant de corps différents qu’il y a d’états différents dans le royaume. Le clergé, la noblesse, les cours souveraines, les tribunaux inférieurs… les universités, les académies, les compagnies de finance, les compagnies de commerce : tout présente, et dans toutes les parties de l’État, des corps existants qu’on peut regarder comme les anneaux d’une grande chaîne dont le premier est dans la main de Votre Majesté comme chef et administrateur de tout ce qui constitue le corps de la nation. » Cité dans Carbasse J.-M., Leyte G. et Soleil S., La Monarchie française, du milieu du xvie siècle à 1715. L’esprit des institutions, Paris, SEDES, 2000, p. 140.
57 Ibid., p. 241.
58 Ibid. Nous avons d’ailleurs vu, note 6, qu’après avoir refusé la pertinence de la notion d’ordres dans le tome I de son Ancien Régime, Pierre Goubert analysait dans le tome II leurs relations avec l’État.
59 Mousnier R., Les Institutions de la monarchie absolue, t. I, op. cit., p. 335.
60 Cosandey F., art. cit., p. 13.
61 Se référer, à cet égard, aux rappels synthétiques d’Anne Montenach dans « Les fondements de la hiérarchie sociale », art. cit., p. 240-243.
62 Ibid., p. 244-246.
63 Sur l’intérêt de ces démarches et méthodes, voir l’excellente mise au point de Jean-François Chauvard, « Source notariale et analyse des liens sociaux. Un modèle italien ? », dans Ruggiu Fr.-J., Beauvalet S. et Gourdon V., Liens sociaux et actes notariés dans le monde urbain en France et en Europe, Paris, PUPS, 2004, p. 87-108.
64 Cosandey F., « À propos des catégories sociales de l’Ancien Régime », art. cit., p. 11.
65 Voir Revel J., « L’histoire au ras du sol », dans Levi G., Le Pouvoir au village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du xviie siècle, Paris, Gallimard, 1989, p. I-XXXIII ; Revel J. (dir.), Jeux d’échelles : la micro-analyse à l’expérience, Paris, Le Seuil/Gallimard, 1996.
66 « L’histoire au ras du sol », art. cit., p. XIII.
67 La citta’verticale. Usurai, mercanti e tessitori nella Chieri del Cinquecento, Milan, Franco Angeli, 1987.
68 Je le souligne d’autant plus que j’avais, dès 1964, préconisé le recours à la « reconstitution des familles et de leurs fortunes », pour compenser les limites et lacunes d’une macro-analyse des structures sociales à partir des apports au mariage ou des sources fiscales ; là où je ne peux suivre certains historiens, c’est lorsqu’ils prétendent, à partir de la micro-histoire et d’une analyse de réseaux, reconstituer les structures globales de la société française des xviie-xixe siècles. Voir mon article, déjà cité, « Expérience aquitaine et méthodologie des contrats de mariage au xviiie siècle ».
69 Sur les Gradis, partir de ma brève mise au point dans Pariset Fr.-G. (dir.), Bordeaux au xviiie siècle, t. V, Higounet Ch. (dir.), Histoire de Bordeaux, Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1968, p. 348-349 ; pour aller plus loin, Butel P., Les Dynasties bordelaises de Colbert à Chaban, Paris, Perrin, 1991, p. 134-140 ; Maupassant J. de, Un grand armateur de Bordeaux, Abraham Gradis, Bordeaux, Féret, 1931.
70 L’Individu et la Famille dans les sociétés urbaines anglaise et française (1720-1780), Paris, PUPS, 2007.
71 « Actes notariés, micro-analyse et histoire sociale : réflexions sur une méthodologie et une pratique », dans Liens sociaux et actes notariés…, op. cit., p. 139-152.
72 Les éléments soulignés l’ont été par les auteurs de cette phrase.
73 Cosandey F. et al., dans Dire et vivre l’ordre social, op. cit., p. 284.
74 L’appui recherché par Fanny Cosandey et al. chez Guez de Balzac (dans son Socrate chrétien, paru en 1652) n’a vraiment rien de probant ni de convaincant.
75 Cosandey F. et al., Dire et vivre le social, op. cit., p. 284.
76 L’existence des ordres, leur conflit en 1789 étant reconnus par tous, on peut se demander pourquoi les auteurs qui ont concouru à cet ouvrage manifestent pour la plupart un tel acharnement contre l’existence de la société d’ordres. Si la présentation donnée par Roland Mousnier et Yves Durand, si l’explication profonde de son existence donnée par celui-ci en remontant à Denys-l’Aéropagite, peuvent parfaitement faire l’objet de débats et discussions, on ne voit pas pourquoi cela amène à des jugements péremptoires sur la non-existence de la société d’ordres. Faut-il penser que ce sont Roland Mousnier et Yves Durand qui sont visés en eux-mêmes ?
77 Pour ce dernier pays, que les historiens français connaissent moins que les deux précédents, voir Labourdette J.-Fr., « Noblesse et noblesses au Portugal : une théorie de la noblesse portugaise au xviie siècle », dans L’Identité nobiliaire : dix siècles de métamorphoses ( ixe- xixe siècles), Le Mans, Université du Maine, Publication du Laboratoire d’Histoire Anthropologique, UPRESA 6092, 1997, p. 218-235. L’auteur cite notamment les points de vue « d’un théoricien de la noblesse : Antonio de Villasboas E Sampayo, qui publia sa Nobliarcha Portugueza en 1676 », et pour lequel il n’y a de vraie noblesse que la fidalguia, c’est-à-dire « la noblesse héritée ».
78 Durand Y., L’Ordre du monde…, op. cit.
79 Saint-Simon ou le système de la Cour, op. cit., chapitre I : « La hiérarchie et les rangs », p. 43-100.
80 Jean-Marie Constant écrit à ce propos : « le Roi-Soleil menait ainsi sa noblesse où il voulait. Il n’avait pas éliminé les partis et les clans de la Cour, mais il en contrôlait l’activité. En réalité, les divisions étaient aussi profondes que sous Catherine de Médicis, mais elles étaient peu apparentes, enfouies sous la férule du grand roi ». Voir son ouvrage La Vie quotidienne de la noblesse française aux xvie - xviie siècles, Paris, Hachette, 1985, p. 63.
81 Robert Descimon vient de montrer que cela s’accompagna d’une « mutation… [du] système de dénomination au sein des élites… : disparition des “épithètes d’honneur”, en dehors de la haute noblesse, multiplication des prénoms jusque-là unique… maintien des avant-noms et des substantifs d’ordres postposés (écuyer, chevalier), mais intégration des noms de terre aux patronymes rendant superflues les appellations de “seigneur de” ou de “sieur de” au bénéfice des éventuels titres (baron, marquis), de plus en plus disjoints de la possession réelle d’une terre érigée par lettres royales en dignité… [mais] l’idéologie utilitariste qui justifiait la monarchie dite administrative fut incapable de compenser le déficit de sens créé par l’absolutisme ». Voir son article déjà cité : « Un langage de la dignité… », p. 106-107. On a d’ailleurs d’importants changements du vocabulaire des titulatures au xviie siècle, qu’a soulignés Laurence Crocq : voir « Des titulatures à l’évaluation sociale des qualités : hiérarchie et mobilité collective dans la société parisienne du xviie siècle », dans Dire et vivre l’ordre social, op. cit., p. 125-168.
82 La Vie quotidienne de la noblesse française…, op. cit., p. 63.
83 Fillon A., « Les villageois et le château dans le Maine au xviiie siècle », dans Fruits d’écritoire. Société et mentalités aux xviie et xviiie siècles, Le Mans, Laboratoire d’Histoire anthropologique du Mans, 2000, p. 251-266.
84 « Noblesse et richesse », dans L’Ancien Régime, t. I, p. 178-182.
85 C’est ainsi que Lavoisier est élu aux États généraux par la noblesse de l’élection de Blois.
86 Voir l’excellente vue synthétique de Constant J.-M., dans « Introduction : dix siècles de métamorphoses… », dans L’Identité nobiliaire : Dix siècles de métamorphoses ( ixe- xixe siècles), Beaufay, Université du Maine, 1997, p. 7-27, loc. cit., p. 11.
87 Voir son ouvrage Finance et mécénat : les fermiers généraux au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1976, p. 97-105. Les citations qui suivent, au cours de ce paragraphe, proviennent des pages qui viennent d’être mentionnées.
88 Finance et mécénat…, p. 130-133.
89 Saupin G., Nantes au xviie siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996 ; id., « Les oligarchies municipales sous l’Ancien Régime : réflexion méthodologique sur l’analyse historique de leur reproduction à partir de l’exemple de Nantes », dans Petitfrère Cl. (dir.), Construction, reproduction et représentation des patriciats urbains de l’Antiquité au xxe siècle, Tours, Centre d’histoire de la ville moderne et contemporaine, 1999.
90 Coste L., Les Lys et le Chaperon. Les oligarchies municipales en France, de la Renaissance à la Révolution, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007 ; id., « Permanence et renouvellement des oligarchies municipales : réflexions méthodologiques à partir de l’exemple de Villeneuve-d’Agenais (1559-1789 », dans Abad R., Dunyach J.-Fr. et Ruggiu Fr.-J. (dir.), Les Passions d’un historien : Mélanges en l’honneur de Jean-Pierre Poussou, Paris, PUPS, 2010, p. 61-76.
91 Dans le tome I de son Ancien Régime, déjà cité, Pierre Goubert leur a consacré deux pages (p. 110-111) qui les définissent fort bien. Seul est contestable le titre : « les paysans indépendants » car il minore par trop le poids de ces gens qu’il vaut mieux appeler de « riches laboureurs », le mot de laboureur ayant un sens beaucoup plus général que les sens habituellement retenus (« celui qui laboure un champ » ; ou encore, dit le Petit Robert, « agriculteur, cultivateur, paysan »). Comme l’écrit Pierre Goubert, ce sont ces paysans qui ont un train de culture et sont déjà capables d’être de véritables « entrepreneurs de culture pourvus d’un capital d’exploitation » (p. 110).
92 Les Fermiers de l’Île-de-France ( xve - xviiie siècles), Paris, Fayard, 1994.
93 Lagadec Y., « Le pouvoir sans la terre : les fermiers de métairie, une élite rurale dans la Haute-Bretagne des xviiie et xixe siècles », dans Le Mao C. et Marache C. (dir.), Les Élites et la Terre du xvie siècle aux années 1930, op. cit., p. 101-109.
94 Le Roy Ladurie E., « L’ethnographie à la Rétif », dans id., Le Territoire de l’historien, Paris, Gallimard, 1978, t. II, p. 337-397.
95 Voir Audisio G., Les Français d’hier, t. I, Des paysans xve - xixe siècles, Paris, Armand Colin, 1993, p. 256. J’ai proposé quelques pages synthétiques sur les élites paysannes dans mon ouvrage, La Terre et les Paysans en France et en Grande-Bretagne aux xviie et xviiie siècles, Paris, CNED/SEDES, 1999, p. 452-465.
96 « Entre terres et honneurs : une famille paysanne des environs de Paris sous Louis XIV : l’univers de Nicolas Hervy, officier du duc d’Orléans », dans Les Élites et la Terre…, op. cit., p. 233-240.
97 H. Bonnezon donne à cet égard l’exemple des Girardot, art. cit., p. 238-239
98 « Peut-on définir une élite administrative provinciale ? Le cas artésien (xviie -xviiie siècles) », Revue du Nord, t. LXXXI, no 332, oct.-déc. 1999, p. 705-721.
99 Brelot Cl.-I., « La noblesse d’apparence, révélateur de l’identité nobiliaire au xixe siècle », dans L’Identité nobiliaire…, op. cit., p. 110-121.
100 Il faut bien sûr leur ajouter les familles relevant de la noblesse d’Empire.
101 C’est pourquoi, dans un texte introductif, François-Joseph Ruggiu, Scarlett Beauvalet et Vincent Gourdon ont souligné, parmi les raisons qui expliquent l’importance de l’acte notarié, qu’il était d’abord « l’expression d’une volonté de l’individu qui se situe au centre de l’acte et qui est séparé à ce moment-là du corps ou de la communauté dans lesquels il évolue ordinairement ». Voir leur contribution : « L’acte notarié d’Ancien Régime au service d’une histoire sociale des individus », dans Liens sociaux et actes notariés…, op. cit., p. 7-13, loc. cit, p. 9.
102 Jean-Marie Constant a souligné le rôle des hommes de loi qui ont imposé que la notoriété ne suffise plus comme preuve de noblesse ; il fallait qu’elle soit « prouvée par des actes authentiques », ce que vint décider la nouvelle législation dont témoigne l’ordonnance de Blois de 1579, et dont l’aboutissement est constitué par les recherches de noblesse sous Louis XIV. Voir son texte, « Introduction : Dix siècles de métamorphoses nobiliaires, mille ans de reconnaissance sociale et identitaire », dans L’Identité nobiliaire…, op. cit., p. 7-27, loc. cit., p. 10-11.
103 Sur le développement du concept d’égalité, voir Delaporte A., L’Idée d’égalité en France au xviiie siècle, Paris, PUF, 1987.
104 Gauchet M., La Révolution des droits de l’homme, Paris, Gallimard, 1988.