1 Sur ce type de passage, Pomeroy A. J., The Appropriate Comment : Death Notices in the Ancient Historians, Francfort/M., P. Lang, Studien zur klassischen Philologie, 1991 (pour Tacite, spéc. p. 192-225).
2 Du moins pour ce qui a été conservé ; pour l’existence de possibles notices dans les livres perdus, Syme R., « Obituaries in Tacitus », dans Syme R., Ten Studies in Tacitus, Oxford, Clarendon Press, 1970, p. 82 (art. paru dans American Journal of Philology, 79, 1958, p. 18-31). R. Syme – que nous suivons ici – restreint la définition de la notice nécrologique à l’évocation des morts de sexe mâle politiquement en vue. D’autres (J. Ginsburg ou M. T. Gingras, qui arrive au total de 33 personnages recevant une notice nécrologique dans les Annales) tendent à y englober les passages consignant la mort de femmes, de rois étrangers, voire les bilans des règnes des empereurs.
3 Le fait est mentionné pour Sulpicius Quirinius, Lucilius Longus, L. Piso, Aelius Lamia (cela aurait pu être le cas pour d’autres ; Syme R., art. cit., p. 80) ; une décision du Sénat est aussi relatée dans le cas de L. Antonius. Pour l’octroi de funérailles publiques, Talbert R. J. A., The Senate of Imperial Rome, Princeton, Princeton University Press, 1984, p. 370-371.
4 Bilan par Devillers O., Tacite et les sources des Annales, Louvain-Paris, Peeters, Bibliothèque d’Études Classiques, 2003, p. 55-64. Spéc. en relation avec les notices nécrologiques, Syme R., art. cit., p. 81.
5 À ce titre, il serait aussi intéressant de recenser ceux dont Tacite n’a pas fait de notice nécrologique, comme L. Vitellius, trois fois consul (et père du futur empereur) et évoqué en An., VI, 32, 4 ; Syme R., art. cit., p. 84-85.
6 Par ex. Ginsburg J., Tradition and Theme in the Annals of Tacitus, Salem, Ayer, Monographs in Classical Studies, 1984, p. 35 ; aussi Syme R., art. cit., p. 86.
7 C’est dans ce sens que ces passages ont été appréhendés par Syme R., art. cit.
8 Marincola J., « Ancient Audiences and Expectations », dans Feldherr A., The Cambridge Companion to the Roman Historians, Cambridge et al., Cambridge University Press, Cambridge Companions to Literature, 2009, p. 19-20.
9 Pour une tentative dans ce sens, centrée autour du livre III, Gingras M. T., « Annalistic Format, Tacitean Themes and the Obituaries of Annals 3 », Classical Journal, 87 (3), 1991-1992, p. 241-256.
10 Le caractère particulier de cette première notice est signalé par Syme R., art. cit., p. 80 : « the earliest of them is peculiar and significant ».
11 L’événement majeur en est le procès de Piso, soupçonné d’avoir assassiné Germanicus, le fils adoptif de Tibère.
12 Le fait paraît contestable ; Woodman A. J. et Martin R. H., The Annals of Tacitus. Book 3, New York-Melbourne, Cambridge University Press, Cambridge Classical Texts and Commentaries, 1996, p. 270, renvoyant à D’Arms J. H., Commerce and Social Standing in Ancient Rome, Cambridge, Mass.-Londres, Harvard University Press, 1981, p. 69-71 ; aussi Gingras M. T., art. cit., p. 251, n. 23.
13 De façon générale, sur ce personnage chez Tacite, Kehoe D., « Tacitus and Sallustius Crispus », Classical Journal, 80 (3), 1984-1985, p. 247-254.
14 Tacite semble même passer sous silence ce qui pourrait les rapprocher, ainsi leur richesse, puisqu’il ne dit mot de celle de Sallustius ; Woodman A. J. et Martin R. H., op. cit., p. 269.
15 Parallèlement, l’idée que Sallustius rompt avec la tradition se traduit par la distance qu’il prend, avec les mœurs des Anciens en se laissant aller au luxe et à la dissipation (An., III, 30, 2 : a ueterum instituto).
16 Ce thème du secret est aussi souligné dans les passages sur Agrippa Postumus où Sallustius intervient ; Kehoe D., art. cit., p. 247 ; cf. Ann., I, 6, 3 : arcana domus. Par ailleurs, les traductions fournies sont celles de la CUF, parfois quelque peu modifiées.
17 On remarque l’écho entre uiguit, qui s’applique à la famille de Volusius après sa mort, et uigor (An., III, 30, 3), qui s’applique à l’activité de Sallustius, une activité mise à son service personnel et à celui du prince.
18 Même idée en H., IV, 80, 3, à propos d’Antonius Primus : paulatim leuior uiliorque haberi, manente tamen in speciem amicitia, « peu à peu son poids et son influence diminuent, bien qu’il garde en apparence l’amitié du prince ».
19 Sur le fait que l’information n’est pas à l’avantage de Quirinius, Syme R., Tacitus, Oxford, Clarendon Press, 1958, p. 620-621 ; cf. toutefois les nuances apportées par Gingras M. T., art. cit., p. 252-253.
20 En An., II, 30, 4, un proche, accusé de majesté, le sollicite pour présenter ses ultimes prières au prince.
21 An., III, 22-23, épisode auquel il est renvoyé explicitement dans la notice nécrologique (An., III, 48, 2 : ut memoraui). Il accuse alors son épouse, née dans une des plus grandes familles de Rome, de lui avoir supposé un enfant, ce à quoi s’ajoutent des griefs de majesté. Sans entrer dans les détails de l’affaire (Shotter D. C. A., « Tiberius’Part in the Trial of Aemilia Lepida », Historia, 15, 1966, p. 312-317), une femme de la plus haute lignée sénatoriale est alors abattue à l’instigation d’un homme aux origines les plus obscures (An., III, 23, 1 : obscurissimae domui). Tacite signale d’ailleurs l’affaire parmi les inlustrium domuum aduersa, « les revers des maisons illustres » (An., III, 24, 1).
22 Cette assertion ne semble toutefois pas fondée ; Syme R., op. cit., p. 761 ; aussi Woodman A. J. et Martin R. H., op. cit., p. 491.
23 Cf. Bauman R. A., Lawyers and Politics in the Early Roman Empire, Munich, H. Beck’sche, Münchener Beiträge zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichte, 1989, p. 50-55 ; aussi Gingras M. T., art. cit., p. 255.
24 Épisode auquel renverrait plus précisément de quo memoraui en An., III, 75, 1.
25 Par ex. Woodman A. J. et Martin R. H., op. cit., p. 494.
26 D’autres mentions en auraient été faites dans les livres perdus ; Syme R., art. cit., p. 83 ; id., « The Historian Servilius Nonianus », dans Syme R., op. cit., p. 101 (art. paru dans Hermes, 92, 1964, p. 408-424).
27 Syme R., art. cit., p. 102, le désigne comme un homme nouveau de Narbonnaise (le deuxième issu de cette province à avoir été consul).
28 Sur ces usurpations, Devillers O. et Hurlet Fr., « La portée des impostures dans les Annales de Tacite : la légitimité impériale à l’épreuve », dans Giua M. A., Ripensando Tacito (e Ronald Syme). Storia e storiografia, Pise, ETS, Memorie e Atti di Convegni, 2007, p. 133-151.
29 Pour une tentative d’arbre généalogique, Syme R., art. cit., p. 92-95.
30 Tacitus omet de signaler qu’il fut préfet de la ville pendant près de 15 ans ; Syme R., art. cit., p. 83 ; Martin R. H., Tacitus, Londres, B. T. Batsford, 1989, p. 167.
31 Dans ce sens, Martin R. H., ibid.
32 Tacite aurait en outre connu des descendants de la famille, dont deux furent consuls en 87 et 92 p. C. ; Syme R., art. cit., p. 89 ; aussi Woodman A. J. et Martin R. H., op. cit., p. 269.
33 Sur l’illustration du personnage, aussi An., XII, 22, 2.
34 Néron y fera encore allusion dans son entretien avec Sénèque ; An., XIV, 56, 1.
35 Une charge dont une digression rappelle que, si elle avait été développée par Auguste, elle avait la plus ancienne origine ; An., VI, 11.
36 Sur l’éloge contenu dans l’évocation de L. Piso, Syme R., Tacitus, Oxford, Clarendon Press, 1958, p. 349 ; Martin R. H., op. cit., p. 139.
37 La narration fait par ailleurs écho à une seule de ses interventions : il use de son influence pour protéger un homme accusé, à tort semble-t-il, d’avoir fourni du blé au rebelle africain Tacfarinas ; An., IV, 13, 2-3.
38 Les deux autres mentions du personnage ont trait d’une part à une proposition teintée d’adulation qu’il fait après la mort de Libo Drusus (An., II, 32, 2), d’autre part à sa désignation à la tête de la Mésie (An., II, 66, 2).
39 Sur le portrait de Lepidus, Sinclair P., Tacitus the Sententious Historian. A Sociology of Rhetoric in Annales 1-6, University Park, The Pennsylvania State University Press, 1995, p. 164-184 ; aussi Devillers O., « Les passages relatifs à Asinius Gallus dans les Annales de Tacite », Revue des Études Latines, 87, 2009, p. 162-163. Sur sa place au sein des Aemilii, Syme R., op. cit., p. 751-752.
40 En An., III, 11, 2, il défend Piso, alors abandonné par le prince, indice qu’il ne suit pas nécessairement la faveur impériale. En An., III, 35, au moment de la désignation du proconsul d’Afrique, il semble défavorisé par l’appartenance de l’autre candidat, Iunius Blaesus, à la famille de Séjan, puissant conseiller du prince. En An., III, 50, il invite le Sénat à ne pas condamner à mort un homme accusé sous le grief de majesté. En An., III, 72, 1, fidèle aux prérogatives de sa classe, il restaure à ses frais la basilique de Paulus, monument de sa famille. En An., IV, 20, 2, il intervient pour modérer une peine proposée contre une accusée. Il est encore mentionné pour sa modestia en An., IV, 56, 3. Il est possible qu’il ait ensuite joué un rôle en vue dans le livre V (Sinclair P., op. cit., p. 182). En An., VI, 5, 1, il apparaît pouvoir compter sur l’appui du Sénat, à la différence d’autres qui trouvent leur soutien chez l’empereur. S’il y a une ombre dans sa présentation, elle est formulée post mortem et concerne significativement un rapprochement avec la dynastie : le mariage de sa fille avec Drusus, fils de Germanicus, contre lequel elle lança des accusations qui lui valurent d’être unanimement abhorrée, même si, aussi longtemps que vécut son père, elle demeura impunie ; An., VI, 40, 3.
41 Ses disputes avec son collègue Fulcinius Trio avaient notamment été soulignées.
42 En An., XII, 22, 2, l’historien reste allusif sur cet événement, sans doute traité dans un livre perdu.
43 Direz J., « Capax imperii, un fil rouge de Tacite à Syme », dans Giua M. A., op. cit., p. 54.
44 Tacite peut s’être intéressés à ceux-ci parce qu’il connaissait divers de ses descendants, consuls plus ou moins à la même époque que lui ; Syme R., « Obituaries in Tacitus », dans Syme R., Ten Studies in Tacitus, Oxford, Oxford Clarendon Press, 1970, p. 88 et n. 11. Sur cette famille, Oliver J. H., « The Descendants of Asinius Pollio », American Journal of Philology, 68, 1947, p. 147-160.
45 Par cet aspect, il est en contraste avec Ateius Capito, avec lequel il est en paire, un contraste sensible notamment au niveau des grands-pères ; Devillers O., L’Art de la persuasion dans les Annales de Tacite, Bruxelles, Latomus, Coll. Latomus, 1994, p. 296.
46 Pour une interprétation différente, Gingras M. T., art. cit., p. 254 et n. 28 ; selon elle, le fait qu’Asinius Saloninus n’a pas été consul indiquerait que, sous le Principat, la nobilitas ne suffisait plus à assurer une carrière politique.
47 Cf. Gingras M. T., art. cit., p. 250 : « Tacitus’purpose […] is to present to the reader carrers which exemplify the rise of a new type of politician, one who achieve potentia through service to the emperor, and the death of the old type of politician who achieved auctoritas through personal merit and service to the state in elected office. »
48 Cette question, dans les études tacitéennes, a été identifiée avec l’examen de sa conception de la libertas ; spéc. Ducos M., « La liberté chez Tacite : droits de l’individu ou conduite individuelle ? », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 1977, p. 194-217. Sur le thème en littérature, plus généralement, Cogitore I., Le Doux Nom de liberté, Bordeaux, Ausonius, Scripta Antiqua, 2011.
49 Aussi An., VI, 10, 3, à propos de L. Piso : quotiens necessitas ingrueret, « chaque fois que la nécessité le pressait ».
50 Dans ce sens, Gingras M. T., art. cit., p. 242.
51 Cf. Devillers O., op. cit., p. 306.
52 Il constitue à cet égard la seule exception, avec Lucilius Longus.
53 D’une part, il fait une proposition qui ne paraît pas dénuée d’esprit d’adulation après la mort de Libo Drusus (An., II, 32, 1), mais, d’autre part, il essaie d’atténuer la peine infligée à un autre condamné, C. Silanus (An., III, 68, 2).
54 Déjà citée en An., I, 63, 4.
55 Cela pourrait être renforcé par le fait que L. Antonius appartient au sang d’Auguste par le même biais (l’ascendance d’Octavie) que Néron.
56 Pour un autre groupement des personnages évoqués dans la notice : Devillers O., op. cit., p. 300, où Lentulus et Domitius sont réunis et L. Antonius considéré à part.