Annexe I
p. 183-185
Texte intégral
STRUCTURES DE PRODUCTION VITICOLE SUR LA COMMUNE DE SAINT-EMILION

(1) - Coopérateurs non compris. Ils forment un groupe d’environ soixante personnes, et sont pour la très grande majorité d’entre eux propriétaires de petits et très petits domaines (moins de 3 ha).
Source : ENJALBERT, Henri. Les grands vins de Saint-Emilion, Pomerol, Fronsac. Ed Bardi, 1983. p. 490-492, 500.
Commentaires
1La grande particularité de la production viticole à Saint-Emilion est de s’effectuer sur des structures relativement réduites : en 1963, la surface moyenne d’un domaine viticole n’est que de 4,88 ha. Il convient toutefois de préciser que chaque unité de moins de trois hectares ne forme pas l’unique possession d’un viticulteur : il est en effet très fréquent qu’un exploitant vivant de viticulture possède deux ou trois crus ; les structures de production répertoriées ici sont les différents crus et non les différentes propriétés.
2Donnons un exemple : le Grand Cru "les Grandes Murailles" autour des ruines de l’église des Jacobins ne rassemble que deux hectares, mais n’est que l’un des trois domaines d’un même propriétaire. Aussi, en 1963 et 1979 environ 370 structures de production sont recensées pour seulement 203 exploitants agricoles (INSEE recensements 1975 et 1982). Il faut savoir qu’à l’échelle saint-émilionnaise, en côte et sur le plateau, on considère les domaines sous-moyens de 3 à 6 hectares comme très honorables. Souvent d’ailleurs ils se sont inscrits dans la liste des Grands Crus Classés.1 Et ce même auteur précise plus loin en référence aux statistiques de 1982 qu’une conclusion s’impose : "à Saint-Emilion, les exploitations moyennes et sous-moyennes (de 3 à 12 ha) forment le gros de la propriété viticole : 152 domaines et 925 hectares. A côté d’eux les grands et les super moyens, soit 33 domaines et 653,5 hectares tiennent une grande place mais ne sont pas prépondérants."2 Ici H. Enjalbert paraît assimiler un propriétaire par domaine, ce qui s’avère vrai pour les crus de 3 hectares, mais ne l’est plus du tout, nous l’avons vu, pour les plus petits.
3Cette situation structurale s’explique par les trois demiers siècles d’histoire viticole saint-émilionnaise : ses anciennes métairies et bourdieux. Histoire que nous n’exposerons pas ici. En réalité, nous ne retiendrons ici que l’état de fait révélé dans le tableau ci-avant où une sensible différence est à noter : si les structures de production de 1979 ressemblent fort à celles de 1963, il n’en est pas de même pour celles de 1908. En effet, au début de ce siècle, plus de 70 % des exploitations agricoles comptaient moins de trois hectares de vigne. Et vu que cette époque se situe avant le classement (instauré en 1954), un propriétaire foncier ne détenait qu’un seul domaine viticole. Ces structures exiguës ne permettaient pas de vivre, et l’on retrouve alors ces vignerons travaillant au prix-fait sur des exploitations moyennes et grandes, ou même régisseur comme U.E. dans un grand château.
"Comme mes parents n’étaient pas riches, on faisait du vin juste un peu pour vendre, au détail, j’ai travaillé depuis tout petit, quand j’allais à l’école j’y allais à pied et ma pauvre mère pour pouvoir acheter quelque chose pour manger, et voulant que j’aille à la messe, nous partions avec la brouette (...). Nous allions à la messe et elle venait au marché de Saint-Emilion, place du marché et elle vendait des légumes et du vin produits à la maison, et avec l’argent de ses légumes, elle achetait de la viande pour manger. Voyez les débuts, (court silence). Alors comme il fallait que j’aie des fonctions pour après, le premier février 1932 donc je suis rentré au château Pavie. Mr Porte a voulu que je commence par la vente des vins du château Pavie".U.E., (96 ans).
4Deux ans plus tard il occupe les fonctions de régisseur, et ce jusqu’en 1972. Sa vie professionnelle en fait a débuté dès son adolescence : petits boulots et joueur de clarinette dans un orchestre. Au retour de la guerre il est secrétaire de mairie et vendeur d’extincteurs. Puis entre au château Pavie.
5Les structures de production exiguës vont pour la majorité disparaître à partir de 1914 selon H. Enjalbcrt à cause de la guerre, de la crise économique de 1930, et de la gelée de 1956. Et l’on retrouve alors la situation actuelle à compter de 1960.
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