Chapitre 8. Le « club olympique aquitain » : les régionalisations au « Top niveau » ?
p. 261-291
Texte intégral
1Le sport de haut niveau représente un domaine fortement centralisé en France, où le partenariat État-mouvement sportif n'a cessé de s'affirmer depuis le début des années soixante. La loi Mazeaud du 29 octobre 1975, marque une étape en amorçant la création d'un statut particulier de l'athlète de haut niveau1. La loi du 16 juillet 1984 modifiée, consacre pour sa part, son chapitre V au sport d'élite et mentionne encore une fois le rôle premier de l'État et du mouvement sportif2, mais les collectivités territoriales (et les entreprises) sont appelées à apporter leur concours.
2C’est également à cette période que la régionalisation et/ou la déconcentration du sport de haut niveau devient effective, avec la mise en place des Centres Permanents d'entraînement et de formation (CPEF) en 19853.
3La régionalisation fonctionnelle connaît ici une première illustration4.
4Engagée d'abord avec prudence, la déconcentration de la politique nationale du sport de haut niveau a progressivement renforcé les rôles du Préfet de région et du Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports, notamment5. L'action de la direction régionale de la Jeunesse et des Sports (DRJS) s'inscrit ainsi dans le cadre de la gestion « horizontale » des politiques publiques, amplifiée par la décentralisation.
5En effet, la loi du 2 mars 19826 a fait de la Région une collectivité territoriale de plein exercice, et donc un lieu de pouvoir, consacré le 16 mars 1986 par l'élection des conseillers régionaux au suffrage universel direct.
6Disposant d'une « compétence générale très spécialisée »7 pour promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique, ainsi que l'aménagement de leur territoire, les Régions mènent de nombreuses actions qui peuvent concerner le domaine sportif même s'il n'a pas fait l'objet d'un transfert de compétences de l'État aux collectivités8. C'est dans ce cadre qu'elles apportent, si elles le souhaitent, leur concours au développement du sport de haut niveau.
7Par ailleurs, comme les autres collectivités territoriales, elles peuvent créer leurs propres services administratifs, alors que le précédent statut d'Établissement Public Régional (EPR) institué en 1972, ne le permettait pas officiellement.
8Dès lors, il devient possible de voir deux modes d'administration et de gestion du sport se développer indépendamment l'un de l'autre à l'échelon régional.
9Régionalisation fonctionnelle et régionalisation politique sont désormais amenées à coexister. Encore faut-il que l'éventuel concours des Régions en matière de sport de haut niveau s'articule avec les objectifs nationaux.
10Compte tenu des impératifs de la mise en place des Régions durant la période transitoire (1982-1986), leurs interventions dans le domaine sportif ont, semble-t'-il, été restreintes. Néanmoins, en « 1985-1986, le financement du sport par les Régions se développe mais reste encore faible par rapport aux sommes consacrées par les pouvoirs publics (État et collectivités décentralisées) »9.
111992, avec les secondes élections des conseillers régionaux, correspond à une nouvelle phase de la prise en considération du sport. En effet, « si toutes les Régions n'affichent pas à proprement parler une véritable politique sportive, toutes développent au regard de leurs différentes attributions, des actions en faveur du sport et ce dans au moins quatre domaines : l'enseignement, la formation professionnelle, les interventions sportives, la communication »10.
12Bien que l'émancipation régionale reste encore limitée sur plusieurs points11, il s'avère que les Régions font aujourd'hui preuve d'un réel dynamisme. Il se rencontre également dans le domaine sportif : « si les Communes et les Départements conduisaient déjà très largement avant 1982 des politiques sportives, les régions en tant qu'EPR, ne jouaient qu'un rôle subsidiaire (...). Or, la position qu'occupent actuellement les Régions dans la mise en œuvre de politiques sportives est tout à fait significative du poids aujourd'hui, des collectivités locales, dans l'organisation et le développement du sport »12.
13Cependant, en l'absence de dispositions législatives précises, leurs compétences et leurs interventions dans le champ sportif, dépendent « essentiellement de la volonté des hommes qui les composent et des moyens qu'ils sont susceptibles de mettre en œuvre pour faire aboutir la politique qu'ils auront définie »13.
14L'implication sportive des Régions est donc très hétérogène, comme le montre l'enquête du Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) en 199214, et il est particulièrement difficile de dégager une typologie des actions15. Par ailleurs, « les différences constatées sont plus le reflet de choix politiques que de réalités socio-démographiques ou socio-économiques »16.
15Quelques orientations communes sont cependant observables17.
16En matière d'installations sportives, la plupart des Régions développent des programmes d'aides à la construction de grands équipements structurants, permettant la réalisation de manifestations d'envergure nationale et internationale. Elles participent aussi à la création et/ou au renforcement de structures régionales d'entraînement et de formation, ou à la rénovation des Centres d'Éducation Populaire et de Sport (CREPS).
17Le soutien au sport d'élite représente en effet le « véritable dénominateur commun »18 des interventions, complétées par des aides aux athlètes, aux clubs ou équipes de « haut niveau », et des actions en faveur de la médecine du sport.
18Enfin, dans tous les cas, politique sportive et stratégies de communication sont étroitement liées.
19L'état des lieux réalisé en 1992 – après 10 ans de pratique de la décentralisation-, met en évidence la généralisation des procédures contractuelles et l'adoption par les élus « d'une nouvelle gestion locale (...), gestion modernisée où le management et ses techniques sont devenus la règle »19. S'agissant des Régions, la priorité accordée à l'exercice de leurs compétences démontre « l'apprentissage de leurs responsabilités » et leur évolution vers un recentrage de leur politique après avoir succombé à la tentation du saupoudrage20. Les années quatre-vingt-dix apparaissent ainsi « comme celles de la maturité financière »21.
20En Aquitaine, l'engagement régional dans le secteur du sport d'élite et la pratique de la contractualisation se vérifient également.
21L'intervention de la Région s'est concrétisée à partir de 1990 par l'octroi d'aides personnalisées aux sportifs de haut niveau et, un an après, par le soutien aux sections sportives scolaires. S'ajoutent à partir de 1993, les aides aux « clubs de haut niveau » et le montage du « Club Olympique Aquitain ».
22Point de rencontre des jeux d'acteurs nationaux et régionaux, cette dernière opération constitue un analyseur pertinent de l'articulation des régionalisations du sport de haut niveau.
23Par ailleurs, bien que l'évaluation d'une politique publique demeure difficile et complexe22, l'appréciation portée par ses « ressortissants »23 en constitue un élément. L'enquête réalisée auprès des sportifs inscrits sur la liste de ce « Club » en 1 99624 apporte des informations sur les effets de la préparation institutionnelle des performances de « Top niveau ».
1. « CLUB OLYMPIQUE AQUITAIN » : LA RÉGION CHEF DE FILE
24L'accélération de l'engagement régional dans le domaine sportif s’est matérialisée par la création du service « Jeunesse-Sport-Santé » en 1992, mais aussi par une augmentation conséquente des crédits consacrés au sport25, plus particulièrement, au sport de haut niveau26.
1. 1. La généralisation de la démarche contractuelle
25L'émergence progressive des Régions dans le domaine sportif a eu pour corollaire la rationalisation croissante de leurs rapports avec le mouvement sportif.
26Désormais, la subvention ne doit plus être considérée comme un dû. Cet « âge de raison », où la stagnation des recettes est manifeste pour les collectivités27, cet effort de bonne gestion et ce réalisme dans une période de ressources rares, témoignent « du souci de trouver la solution optimale pour offrir le meilleur service au meilleur coût et faire donc prévaloir une approche économique sur toute autre considération »28. La notion d’efficacité devient ici essentielle.
27En établissant des critères pour l’attribution des aides, la Région Aquitaine invite les Ligues à exprimer des besoins réels. Le désir d'éviter toute tentation de saupoudrage est à l'origine de cette orientation et c'est le Conseil Régional qui définit et maîtrise « les règles du jeu ».
28Le plan d'action élaboré par le Conseil Régional et transmis aux Ligues leur demande de formuler leurs objectifs ou les opérations qu'elles souhaitent mener, par ordre prioritaire29. Il incite explicitement le mouvement sportif aquitain à la responsabilisation et engage la collectivité dans une « rationalité fondée sur des buts »30.
1. 2. La mise en cohérence des actions « haut niveau »
29Différenciées selon quatre axes en Aquitaine, ces actions sont la concrétisation depuis 1990, mais surtout 1992, d'un volontarisme politique manifeste.
Les aides personnalisées
30Depuis 1990, les aides personnalisées en faveur des athlètes aquitains représentent un des volets de l'action régionale. Désormais, elles sont attribuées aux sportifs obligatoirement inscrits sur les listes nationales établies par le MJS. Par ailleurs, la progression quantitative est très nette. Pour la saison 1990-1991, ces aides concernaient 199 sportifs représentant 17 ligues31 (16 olympiques et celle de pelote basque, sport en démonstration aux JO de Barcelone). En 1996, 292 athlètes32 licenciés dans 48 disciplines olympiques et non olympiques en ont bénéficié.
Les sections sportives scolaires
31Depuis 1992, le Conseil Régional, attribue des aides aux sections sportives scolaires. Elles concernaient alors 37 sections, pour un montant de 218 000 francs33. Pour l'année scolaire 1996-1997, il a soutenu 40 sections représentant 19 disciplines, réparties dans les cinq Départements (213 000 F)34. Une certaine continuité apparaît dans ce secteur. Ce n'est qu'à partir de 1994 que ce soutien aux sections sportives d'établissement a été intégré dans le chapitre du sport de haut niveau. Auparavant, il entrait dans celui du sport scolaire et universitaire. L'institution régionale indique par là sa « volonté de renforcer son assise dans le secteur du sport de haut niveau et de motiver l'éventail le plus large possible des espoirs en âge scolaire et universitaire ».
L'aide aux « clubs de haut niveau »
32Par ailleurs, la Région agit également, et depuis 1993, en faveur des clubs aquitains évoluant au plus haut niveau de compétition internationale ou nationale (chapitre 3), et qui assurent une formation afin de limiter le recrutement extérieur (les clubs professionnels sont obligés de verser la totalité de l'aide à leur centre de formation35). Les relations entretenues avec les clubs illustrent l'omniprésence de la démarche contractuelle. En effet, pour obtenir cette aide, ils doivent respecter plusieurs critères énumérés par la Région.
Le « Club Olympique Aquitain », l'affirmation mutuelle d'identité
33Le « Club Olympique Aquitain » constitue le quatrième axe de l'intervention régionale en matière de haut niveau. Depuis 1994 en effet, la collectivité accompagne, par un parrainage personnalisé, les sportifs ayant une chance d’obtenir une sélection pour les Jeux Olympiques36. Si la liste des sportifs qui le composent est analysée chaque année, il n'en reste pas moins qu'avec cette action, la Région a choisi de s'engager sur la durée d'une olympiade.
34L'aide régionale est attribuée pour favoriser la préparation sportive des « sélectionnables » pour les JO. Elle a pour objet exclusif de permettre la prise en charge des frais de déplacements, l'hébergement pour les stages, le suivi médical et l'acquisition de matériel spécifique nécessaire à la pratique sportive.
35Le « Club Olympique Aquitain » est un label qui regroupe, sans formalisation associative, une vingtaine de sportifs de « Top niveau ». Si elle désire contribuer par ce soutien à l'amélioration de leur préparation, la Région en attend également des retombées en termes d'images et de notoriété.
Promouvoir la Région
36Les lois de décentralisation ont entraîné une certaine résurgence du local. C'est dans un contexte de concurrence inter-collectivités que la communication a pris une ampleur considérable, particulièrement pour la Région, dernière née des institutions décentralisées. Dès lors, les politiques de promotion peuvent renforcer la position des détenteurs du pouvoir, dans la mesure où ils en usent pour faire connaître et valoir leur territoire37.
37L'opération « Club Olympique Aquitain » souligne une réelle volonté de la collectivité de ne prendre aucun retard par rapport aux politiques conduites par d'autres régions.
38Cette action, en outre, a pour objectif de susciter la venue sur le territoire régional de sportifs de haut niveau.
39Si le Conseil Régional a tenu à établir des relations contractuelles avec les Ligues et le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS), il a également souhaité le faire avec les sportifs. C'est ainsi que les athlètes appartenant au « Club Olympique Aquitain » doivent respecter plusieurs engagements :
- porter les couleurs de la région lors de différentes compétitions ;
- faire mention de l'appui régional lors d'interviews notamment ;
- participer à une ou deux manifestations de promotion régionale par an (départs d'animations diverses...).
40Par ailleurs, le retrait de l'aide en cas d'utilisation de produits dopants, témoigne de la coopération de la Région et la DRJS, dans la prévention des dérives et la recherche d'intégrité des sportifs.
Contribuer à la notoriété de l’athlète de haut niveau
41Pour les élus du Conseil Régional, cette aide n'est pas seulement financière. Ils espèrent, par l'intermédiaire du « Club Olympique Aquitain », procurer aux athlètes une sorte de « carte de visite » susceptible de leur ouvrir des portes en matière d'emploi. En collaboration avec la DRJS38, responsable du suivi social des athlètes, le Conseil Régional souhaite les sécuriser. L'action de la collectivité se manifeste en particulier par la mise en contact fréquente avec le secteur économique.
42Si le Conseil Régional représente indéniablement « l'organisation centrale »39 du réseau « Club Olympique Aquitain », la collaboration du mouvement sportif (CROS et Ligues) ainsi que celle de l'État (DRJS mais aussi la Direction Technique Nationale), se révèlent capitales.
2. LE PARTENARIAT AQUITAIN AU « TOP NIVEAU »
43Les « relations privilégiées »40 entre le CROS, la DRJS et le Conseil Régional se sont tissées depuis longtemps en Aquitaine. Le « Club Olympique Aquitain » favorise la coopération, car il intègre les stratégies différenciées des divers partenaires. Les réglages permanents nécessaires au montage de cette opération ont été facilités par des échanges informationnels constants.
44La mise en place du « Club Olympique Aquitain » et son fonctionnement résultent dès lors du « produit d'un ensemble de jeux articulés en un système englobant qui peut lui-même se comprendre comme un « méta-jeu », intégrant au premier et au second degré tous les jeux opérationnels »41.
2. 1. La particularité aquitaine : un trio institutionnel soudé dans l'action
45Dans la structuration des relations « deux à deux » mouvement sportif-DRJS et mouvement sportif-région, le CROS Aquitaine a joué de façon précoce un rôle d'incubateur (chapitre 7).
46L'enquête la plus récente sur le fonctionnement du « ménage à trois »42 Région-CROS-DRJS en France souligne le caractère exemplaire des relations en Aquitaine, fondées sur la pratique de la politique contractuelle.
47Elles le sont d'autant plus que les bilans réalisés après 15 ans de décentralisation ont mis en évidence que l'État avait mal accompagné la réforme : « empêtrées dans un morcellement organisationnel et dans son quadrillage territorial par ses services extérieurs, les administrations ont réagi avec lenteur et confusion, sans principes directeurs homogènes »43.
48Ceci a fortement contribué à un retard de la déconcentration sur la décentralisation et par là même, à rendre incertain le rôle des services extérieurs de l'État. On assiste néanmoins avec les lois du 6 février 199244 et du 4 février 199545, à un « retour des préfets » censés jouer un rôle « d'ensemblier au sein d'un paysage institutionnel éclaté »46.
49Si nul ne conteste la nécessaire présence de « l'État territorial », complément de la décentralisation, plusieurs obstacles limitent la politique de déconcentration. Le manque important de moyens financiers et humains en constitue un47.
50Dans le domaine sportif, les lois de décentralisation ont « entraîné une forme de concurrence et la capacité d'intervention des services, en moyens humains et financiers a eu tendance à s'éroder. Si l'État est toujours présent dans le sport malgré la décentralisation, il est parfois contraint aujourd'hui de s'adapter aux politiques impulsées localement, tout en concentrant son intervention sur des actions circonscrites, voire ponctuelles »48.
51Si effectivement la relation qui s'instaure progressivement entre les services déconcentrés et les collectivités n'est pas exempte de tensions et de conflits, on remarque cependant une « tendance à la substitution de relations de partenariat avec l'État aux anciennes relations hiérarchiques »49.
52C'est ainsi que dépassant la « compétition institutionnelle »50, le Conseil Régional et la DRJS en Aquitaine, ont fait du sport de haut niveau une préoccupation commune mettant en jeu les complémentarités.
53La présence de la DRJS s'impose sur plusieurs points. Le suivi social des sportifs de haut niveau sollicite une « capacité d'expertise forte » et exige « la mise en cohérence des décisions »51, que seul l'État peut réaliser.
54L'action de la DRJS consiste à répondre de manière efficace aux difficultés rencontrées par les athlètes. C'est en multipliant les contacts avec les entreprises publiques et privées qu'elle s'efforce de favoriser leur insertion socio-professionnelle. Comme le mentionnent les instructions du 5 décembre 1990 et du 9 décembre 1994, elle participe au réseau national du suivi social des sportifs de haut niveau. Le caractère individuel de ce suivi nécessite un travail de coordination qui relève des missions du Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports.
55L'apport de la DRJS contribue indéniablement à valoriser l'initiative du Conseil Régional. L'aide de la Région en effet, devra de plus en plus être complétée par une possibilité pour le sportif de trouver en Aquitaine un maximum de chances d'insertion professionnelle. La convergence Etat-Région trouve ici une application concrète.
2. 2. L'activation de la concertation
56L'approche systémique permet d'analyser les processus de différenciation et d'intégration par lesquels « le groupe constitué parvient à obtenir des résultats supérieurs à la somme algébrique des forces individuelles »52.
57Organe interne du Conseil Régional, la Commission Régionale du Sport de haut niveau en Aquitaine (CRSHN) joue un rôle prépondérant dans la composition du « Club Olympique Aquitain ». La sélection des sportifs ne se limite pas néanmoins à ce seul « traitement » local. En effet, ils sont en premier lieu proposés par les Directeurs techniques nationaux (DTN) – via les Ligues – des disciplines concernées (uniquement olympiques), selon un ordre prioritaire, et appartiennent obligatoirement aux listes nationales de haut niveau. Le DTN représente ainsi un régulateur dans l'imbrication des deux échelons national et régional53.
58Le principe adopté est de retenir les trois premiers athlètes par discipline, mais il est rare que le cas se présente souvent en Aquitaine.
59Ce n'est qu'à la suite de cette première désignation que la CRSHN établit la liste des sportifs et la propose dans un second temps à la Commission Permanente du Conseil Régional qui prend la décision définitive. Le « Club Olympique Aquitain » est remis en cause tous les ans, car il est déterminé par les résultats sportifs des athlètes. La durée de présence sur la liste peut ainsi différer d'un sportif à l'autre (tableau 1).
60D'une manière générale, les membres de la commission cherchent à être les plus équitables possible pour la sélection des sportifs, même si le risque d'en aider certains qui n'iront pas aux Jeux est constant (la comparaison entre les deux tableaux le montre).
61De nombreux problèmes sont apparus pour effectuer cette sélection. En effet, la liste constitutive du « Club Olympique Aquitain » tient compte des résultats de l'année précédente et, en fonction de ceux-ci, les DTN prévoient que les athlètes les reproduiront. Il peut cependant exister des décalages entre ces prévisions et les résultats effectifs. C'est pour répondre au mieux à ces aléas que le Conseil Régional a décidé d'intégrer à tout moment un sportif aux performances probantes, mais aussi de retirer de la liste un athlète n'ayant pas répondu aux attentes.
Tableau 1. Composition du « Club Olympique Aquitain » avant les JO d’Atlanta
Nom | Discipline | Catégorie | Club Département | Nombre d’année(s) au « C.O.A. » |
Dubus E. | Athlétisme | Élite (E) | Stade bordelais (33) | 2 |
Ezzher M. | Athlétisme | E | C.A. Bègles (33) | 2 |
Plaziat C. | Athlétisme | E | U.S. Talence (33) | 1 |
Teppe N. | Athlétisme | E | U.S. Talence (33) | 1 |
Andrieux M. | Aviron | E | E.N. Bordeaux (33) | 3 |
Lamarque Y. | Aviron | E | S.N. Soustons (40) | 3 |
Prévot L. | Aviron | E | A.S. Libourne (33) | 2 |
Vergnes J.P. | Aviron | E | S.N. Bergerac (24) | 3 |
Fondeviolle V. | Canoë-kayak | E | St Sever (64) | 3 |
Estanguet P. | Canoë-kayak | E | Eaux Vives Pau (64) | 3 |
Lubac P. | Canoë-kayak | E | Le Temple s/Lot (47) | 3 |
Chevanne-Brunel E. | Cyclisme | Senior (S) | T. C Chalagnac (24) | 3 |
Teulère J. | Equitation | E | S.H. Léognan (33) | 3 |
Pillac C. | Escrime | E | C.E. Gradignan (33) | 2 |
Eloi D. | Tennis de table | E | S.A.G. Cestas (33) | 1 |
Catala J.P. | Tir | S | A.S. Libourne (33) | 1 |
Ferriou C. | Tir à l’arc | E | Archers Boé (47) | 3 |
Presti P. | Voile | E | ASPTT Bordeaux (33) | 3 |
Dussarps T. | Voile | S | ASPTT Bordeaux (33) | 2 |
Beudou N. | Voile | Jeune (J) | Lacanau (33) | 1 |
(Source : Conseil Régional d'Aquitaine54)
62C'est ainsi que Bruno Orsoni (natation), Geoffroy Toyes (football), Emmanuel Bangue et Jean-Louis Rapnouil (athlétisme), ont intégré le « Club Olympique Aquitain » à la veille des Jeux (tableau 2).
63L'objectif initial de la Région était de cibler son action sur les seuls « médaillables » à Atlanta, mais l'incertitude demeurait grande, surtout deux ans avant l'échéance. Les critères ont été révisés pour incorporer finalement les sportifs figurant dans la catégorie « Élite » et ayant de fortes chances de participer aux Jeux.
64La concertation entre les partenaires s'est amplifiée à l'approche de l'échéance olympique et la Commission a souhaité être moins « sévère » dans la sélection. Elle a décidé en effet d'intégrer d'autres sportifs, afin de favoriser leur préparation et d'optimiser par là même leurs chances de réussite.
65Le « Club Olympique Aquitain » a finalement regroupé des athlètes appartenant à la catégorie « Senior » (tableau 1). Ils constituent de véritables espoirs du sport aquitain, et la Commission a estimé qu'ils pouvaient à tout moment gagner leur sélection pour les Jeux.
66L’élite régionale a ainsi été progressivement dissociée des autres sportifs et soutenue de façon plus discriminante que par le passé.
Tableau 2. Résultats des sportifs aquitains sélectionnés aux JO55.
Nom | Discipline | Club Département | Résultats |
Andrieux M. | Aviron | E.N. Bordeaux (33) | Bronze |
Estanguet P. | Canoë-kayak | Eaux Vives Pau (64) | Bronze |
Bangue E.* | Athlétisme | E.S. Bruges St Médard (33) | 4 ème |
Teulère J | Equitation | S.H. Léognan (33) | 4 ème |
Lubac P. | Canoë-kayak | Le Temple s/Lot (47) | 5 ème |
Eloi D. | Tennis de table | S.A.G. Cestas (33) | 5 ème |
Toyes G.* | Football | Girondins de Bordeaux F.C. (33) | 5 ème |
Orsoni B.* | Natation | Bordeaux E.C. (33) | 8 ème |
Plaziat C. | Athlétisme | U.S. Talence (33) | 11 ème |
Lamarque Y. | Aviron | S. N. Soustons (40) | 12 ème |
Rapnouil J.L*. | Athlétisme | Stade bordelais (33) | 12 ème |
Presti P. | Voile | ASPTT Bordeaux (33) | 15 ème |
Ezzher M. | Athlétisme | C.A. Bègles (33) | Eliminé en série |
Dubus E. | Athlétisme | Stade bordelais (33) | Eliminé en série |
* Délibération de la C.P. du 18 novembre 1996.
67Le démarquage financier contraste par rapport à la situation antérieure où les aides attribuées par la région aux sélectionnés olympiques aquitains pour les JO de Barcelone56 (entre 4 000 et 8 000 francs l'année des Jeux57) ne les distinguaient pas nécessairement des autres athlètes de haut niveau aquitains.
68Comparativement à ceux de Barcelone, les résultats aquitains aux JO d'Atlanta sont qualitativement très significatifs (tableau 2) et tous les partenaires institutionnels ont exprimé leur satisfaction58.
69L'actuelle majorité régionale s'est engagée à reconduire cette action pour l'olympiade 1997-2000.
70Les ajustements effectués portent, pour l'année 1997, sur les critères d'obtention de ces 30 000 francs. En effet, ils seront versés à l'athlète en deux fois :
- 70 % à la signature de la convention ;
- 30 % après sélection aux championnats les plus élevés, prévus au calendrier national ou international59.
71En outre, l'obligation pour l'athlète, de respecter l'éthique sportive est de nouveau clairement exigée par le Conseil Régional60.
72Le « Club Olympique Aquitain » pour les JO de Nagano (1998) et de Sydney (2000) comprend actuellement 19 sportifs (tableau 3).
Tableau 3. « Club Olympique Aquitain » pour les JO de Nagano et Sydney
Nom | Discipline |
Bangue E. | Athlétisme |
Millon Y. | Athlétisme |
Llado J. | Athlétisme |
Andrieux M. | Aviron |
Lamarque Y. | Aviron |
Prevot L. | Aviron |
Touron P. | Aviron |
Estanguet P. | Canoe-kayak |
Fondeviolle V. | Canoe-kayak |
Lubac P. | Canoe-kayak |
Chevanne-Brunel E. | Cyclisme |
Teulère J. | Equitation |
Mary L. | Haltérophilie |
Trible A. | Ski |
Eloi D. | Tennis de table |
Catala J.P. | Tir |
Ferriou C. | Tir à l'arc |
Roche J.F. | Tir à l'arc |
Presti P. | Voile |
(Source : Conseil Régional d'Aquitaine)
3. LA PRÉPARATION OLYMPIQUE INSTITUTIONNELLE : ÉLÉMENTS D'ANALYSE
73L'appréciation des sportifs concernés par le soutien « olympique » constitue une des formes possibles d'évaluation de l'opération conduite pendant trois ans. Leurs opinions dépendent néanmoins de l'ensemble du dispositif mis en place pour leur préparation, auquel la Région apporte un complément. En effet, l'initiative du Conseil Régional s'inscrit dans un « système d'action »61 où l'intervention d'autres acteurs ou institutions (collectivités locales, clubs, sponsors...), interfère sur les mêmes ressortissants, ou a précédé celle de la Région, parfois depuis fort longtemps.
74La reconstitution de l'itinéraire des membres du « Club Olympique Aquitain » interviewés en 1996 et les témoignages sur leur vécu permettent d'entrevoir comment se réalise concrètement cette préparation collective.
3. 1. L'élite « représentative » de l'Aquitaine : une identité composite
75Compte tenu de la mobilité accrue des sportifs de haut niveau, les composantes de l'identité « aquitaine » sont multiples.
76En 1996, le « Club Olympique Aquitain » a finalement concerné 24 athlètes (tableaux 1 et 2).
7716 d’entre eux, – dont 10 ont finalement participé aux JO –, représentant 9 fédérations (athlétisme, aviron, canoë-kayak, escrime, cyclisme, natation, tir, tir à l'arc, voile), ont répondu à l'enquête.
Appartenance et attraction aquitaines : un aperçu de la mobilité sportive
789 sportifs sont originaires d'Aquitaine, mais entendre cette notion dans son sens le plus strict n'est pas significatif. En effet, certains athlètes ne sont pas nés dans la région mais y vivent depuis de nombreuses années.
794 « extérieurs » y ont été attirés par :
- la dotation régionale ;
- la possibilité de suivre une formation professionnelle et d'intégrer l'entreprise par la suite ;
- les structures et l'encadrement « offerts » par le club ;
- la proximité entre le lieu d'entraînement (le CREPS de Talence) et le Campus universitaire.
80Un autre est arrivé dans la région à la suite d'une mutation professionnelle.
81Parmi les trois athlètes restants, deux n'ont pas expliqué leur venue dans la région. Le dernier y vit depuis fort longtemps.
Une élite aquitaine essentiellement girondine
8211 sportifs appartiennent à des clubs girondins. Les autres sont licenciés dans les Landes (2), le Lot-et-Garonne (2), les Pyrénées-Atlantiques (1) et en Dordogne (1).
83En Gironde, les clubs d'appartenance sont d'abord bordelais (5) et correspondent à des disciplines aussi diverses que la natation, l'athlétisme, l'aviron et la voile (tableau 1).
84Quatre autres sportifs proviennent ensuite d'associations situées dans la Communauté Urbaine de Bordeaux (Talence, Gradignan, Bègles) : 3 athlètes et un escrimeur.
85Les deux derniers girondins, sont licenciés à Libourne (tir) et à Lacanau (voile).
86Si l'on constate une certaine diversité des disciplines dans ce Département, les autres sont surtout représentés par des sports nautiques : aviron pour les Landes, canoë-kayak pour le Lot-et-Garonne (représenté également au tir à l'arc) et les Pyrénées-Atlantiques. La Dordogne, elle, est représentée par le cyclisme (tableau 1).
87La concentration des sportifs du « Club Olympique Aquitain » en Gironde et dans l'agglomération bordelaise, s'explique par la forte densité démographique de ce département. La faible représentation des Pyrénées-Atlantiques, deuxième Département le plus peuplé, est, elle, étonnante.
88La domination de la Gironde est encore plus nette lorsque l’on ne considère plus que les sélectionnés aux Jeux d’Atlanta : sur les 16, 10 sont dans ce cas et parmi eux, 6 sont bordelais.
L'utilisation des structures aquitaines de préparation au sport de haut niveau
89Le critère du passage éventuel par les structures localisées en Aquitaine (Section Sport-Études, CPEF, Pôles) peut constituer un autre indicateur d'appartenance.
909 sportifs sont passés ou évoluent encore dans les dispositifs du sport de haut niveau, et ce, dans des disciplines diverses :
- un cycliste au CREPS de Talence ;
- 2 en canoë-kayak (à Toulouse et Besançon) ;
- un en escrime (CREPS de Talence puis Institut National du Sport et de l'Éducation Physique [INSEP]) ;
- un en natation (au CREPS de Talence) ;
- un en tir à l'arc (Arcachon puis INSEP) ;
- un en tir (au CREPS de Talence) ;
- 2 en voile (Marseille et La Rochelle).
91Ceux qui ont transité par ces centres sont les plus jeunes de l'échantillon (7/9 ont moins de 25 ans). Le passage par les structures semble devenir de plus en plus fréquent, sinon nécessaire, pour poursuivre le double objectif de préparation sportive et de formation scolaire ou professionnelle.
925 sportifs sont donc passés par des centres de haut niveau situés sur le territoire aquitain.
9312 sportifs au total s'entraînent aujourd'hui dans la région et les quatre autres dans des Pôles « extérieurs » : deux à l'INSEP, un à Toulouse et le dernier à La Rochelle.
94Dans les disciplines « signant » la culture sportive de la Région (aviron, canoë-kayak, voile), les athlètes qui sont passés par ces dispositifs l'ont fait en dehors de l'Aquitaine, faute de Pôle.
3. 2. Études-sport : l'atténuation du dilemme
95La double formation a souvent été considérée en termes concurrentiels, « à la fois au plan objectif de l'emploi du temps et au plan subjectif de l'investissement psychologique »62. Si le sportif est amené à choisir, il semble que sa décision penche souvent en faveur du sport. « Pour le jeune espoir sportif, l'attrait d'une carrière nationale voire internationale est infiniment plus séduisant que le labeur scolaire (...). Le sport « principe de plaisir » va s'opposer aux études « principe de réalité »63.
96Pour remédier à ce genre de dilemme, de nombreuses mesures ont été adoptées. Leur objectif majeur était – et reste encore aujourd'hui – de faire en sorte que la relation études-sport aboutisse progressivement à la complémentarité.
97Dès les années soixante des tentatives d'aménagements ont été faites pour la favoriser : « en septembre 1965, à l'initiative du Colonel Crespin, Directeur des Sports, fut créé, à l'Institut National des Sports (INS), à titre expérimental, un centre spécial qui prit le nom de « Centre d'Enseignement des Jeunes Athlètes ». Ce centre ouvert à des sportifs de toutes disciplines, sélectionnés par les soins de leur fédération, soit parce qu'ils étaient déjà internationaux, soit parce qu'ils étaient considérés comme de réels « espoirs nationaux », avait pour but « de leur permettre de poursuivre leurs études (ou de les reprendre, le cas échéant), tout en étant placés dans les meilleures conditions d'entraînement »64.
98Depuis, les avancées en la matière sont notoires. Les collèges et lycées proposent indéniablement aujourd'hui de réels aménagements pour concilier préparation sportive et scolarité. Les universités tendent, elles, à répondre encore faiblement, mais de mieux en mieux, à cela. Les aménagements, il est vrai, s'y font encore au « coup par coup »65.
Une amélioration des dispositifs favorable à la poursuite de la scolarité
99Véritable « enjeu éducatif »66, la réalisation du « double projet » sportif et scolaire, constitue encore une difficulté. La sélection de la filière d'études peut être justifiée par les contraintes temporelles de la spécialité sportive :
« Pour ma part, j'ai passé un C.A.P. puis le premier degré du brevet d'État d'Éducateur Sportif. L'école ne me plaisait pas, je ne voyais que par ma discipline même si j'étais bien sûr lucide sur le fait qu'elle n'allait pas me faire vivre. J'ai préféré choisir une filière facile qui me laissait le temps de m'entraîner à côté ».
100La pratique sportive a constitué un frein à la scolarité et certains ont préféré soit ne pas s'engager dans une formation professionnelle particulière, soit repousser cette formation à plus tard, la carrière sportive achevée :
« J'ai fait un choix : bien sûr, si je n'avais pas pratiqué ce sport, je serais sûrement quelqu'un d'autre au niveau universitaire mais les journées font 24 heures ! ! ! Le temps consacré au sport, ne peut l'être aux études... »
101Plus de 10 ans séparent le plus jeune athlète appartenant au « Club Olympique Aquitain » du plus âgé. Leurs appréciations contrastées rendent compte des progrès réalisés dans l'organisation de ces centres. Il n'en reste pas moins que certaines améliorations demeurent souhaitées par les sportifs.
102Les premières sections sport-études ont été créées en 1974 avec pour objectif d’offrir des conditions de scolarisation permettant d'assurer une poursuite normale des études secondaires des jeunes sportifs et les meilleures chances d'obtenir les diplômes les sanctionnant67. Ce système a néanmoins révélé ses limites et le bilan effectué en 1988 pour apprécier les retombées sur l'élite débouche sur un « constat d’échec »68.
103Le sportif qui a fréquenté une SSE durant les années quatre-vingt reste effectivement très critique :
« J'en ai fait moi des sport-études ! Je sortais à 17 heures comme tout le monde et après je faisais trois heures de sport. Je rentrais, j'étais "cuit" et on me demandait de faire des heures d'études pour travailler mais non ! Les aménagements de scolarité à mon avis, ça n'existe pas, c'est les arbres qui cachent la forêt. Il n’y a pas de section sport-études qui soit fiable ou valable, c'est uniquement une appellation... »
104C'est en raison de ces dysfonctionnements que les SSE ont perdu « le monopole du sport de haut niveau dans les milieux scolaires »69. Diverses retouches ont été effectuées, aboutissant à la mise en place des Centres Permanents d'Entraînement et de Formation (CPEF). L'effort a porté sur la sélection des candidats (organisation de tests évaluant les capacités physiques), sur un réel aménagement des programmes scolaires et un suivi médical plus approfondi. Dans la mesure où les CPEF organisent les temps de formation autour des exigences sportives « la proposition Sport-Études est renversée sans pour autant négliger le cursus scolaire »70.
1058 athlètes ont évolué dans ces CPEF dont les contraintes étaient clairement identifiées par la communauté scolaire. Leur appréciation est beaucoup plus positive :
« Ma pratique sportive a évidemment constitué un frein à ma scolarité. Elle ne me permettait pas de bosser le soir comme il fallait... On a des entraînements, on part à l’étranger, on est souvent absent. C’est vrai que si l'on n’est pas dans une structure bien définie comme un CPEF, les professeurs ont du mal à l’accepter... »
106La dernière née des réformes71 s'inscrit dans la même logique de rationalisation que celle de la classification des sportifs de haut niveau en 1 99372. Les « Filières du haut niveau » sont le fruit d’une « organisation rigoureuse et programmée » prenant en compte tous les besoins de l’athlète depuis qu’il est repéré comme sportif à fort potentiel jusqu’au terme de sa carrière internationale73.
1077 athlètes sont concernés par ce changement de dispositif mais il est encore trop tôt pour qu'ils puissent se prononcer sur ses effets.
L'avancée universitaire
108À l'université également, les athlètes ont pu bénéficier de plusieurs aménagements (rattrapages de cours, soutien, reports d'examens, choix d'emploi du temps...) pour compenser leurs absences répétées. La « Cellule phase » mise en place par l'Institut Universitaire de Technologie A de l'Université de Bordeaux I, permet par exemple à l'athlète d'effectuer son cycle d'études en trois ou quatre ans au lieu de deux :
« Pour ma part, j’ai un BAC + 2 et j’ai bénéficié d’aménagements horaires et de calendrier, c'était très flexible. J’ai eu aussi des cours de soutien et de rattrapage, cela si je le désirais... »
109Pour l'un de ces sportifs, l'anticipation sur le programme annuel est préférable aux cours de rattrapage qui ne font que conforter les « handicaps ». Avec le soutien d'un professeur de son université, il connaît à l'avance le contenu de ses cours et les possède déjà avant de s'absenter pour une compétition ou un stage.
110Malgré ces améliorations notoires dans le dispositif universitaire aquitain, l'INSEP conserve encore une réelle avance lorsque les enseignements universitaires y sont dispensés sur place.
111Toutefois, des lacunes persistent aussi dans le système parisien, notamment pour les sportifs qui souhaitent suivre une formation universitaire ou professionnelle à l'extérieur :
« Lors de mon école d’ingénieur, je n’ai pas réussi à suivre le rythme scolaire. On avait des devoirs le lundi matin pendant 4 heures et ce, toute l’année, 38 heures de cours par semaine et à cela s’ajoutaient mes entraînements et les compétitions... Dur, dur ! ! ! Je ne bénéficiais d’aucun aménagement car j’étais le seul sportif dans cette école. J'ai été obligé de choisir entre les études et mon sport et j’ai choisi le second... »
112Le cas des 7 sportifs de haut niveau effectuant ou ayant effectué des études supérieures est significatif de l'intégration du double projet sportif et professionnel. Ils n'ont plus (ou si peu) l'obligation de suivre les cours magistraux et il peut paraître plus « facile » ou plus tentant pour eux de privilégier l'entraînement et les compétitions plutôt que leur réussite universitaire. D'après leurs témoignages s'il existe parfois une période d'indécision au cours de laquelle l'athlète cherche sa voie, une fois engagé, il délaisse rarement sa scolarité.
113D'une manière générale, la scolarité des sportifs qui ont transité par les structures de préparation au haut niveau, est aujourd'hui relativement longue. Sur les huit concernés, tous ont obtenu leur Baccalauréat, 4 sont titulaires d'un diplôme de premier cycle universitaire (BTS, D.U.T., DEUG) et deux ont réussi le concours du Professorat d'Éducation Physique et Sportive (EPS).
Le mi-temps : une solution attendue
114Une nette séparation de la journée en deux temps s'avère être la forme d'organisation la plus pertinente et la mieux adaptée au mode de vie spécifique des sportifs de ce niveau. L'un des plus âgés prétend en effet :
« Une vraie structure de préparation au sport de haut niveau consisterait à faire des études le matin et du sport l’après-midi. Les athlètes de haut niveau ont pratiquement les mêmes heures que les autres : ils sortent à 16 heures, ils sont pris en charge pour faire du sport et après, c’est encore plus difficile pour faire leur travail scolaire car ils sont fatigués... »
115Cet avis est également partagé par le plus jeune :
« Les aménagements entre les études et les entraînements n’étaient pas suffisants pour moi, j’aurais préféré que les journées soient divisées en deux : le matin pour les études, l’après-midi pour le sport... »
116Compte tenu de ces difficultés, l'un des sportifs a choisi la formule des études par correspondance. Cette solution lui a semblé être la meilleure.
Le soutien « sur mesure »
117Sur le plan universitaire, un athlète considère qu'il faudrait adapter ces aménagements à chaque cas, en fonction des exigences de la pratique sportive :
« Dans les universités ou dans les structures de préparation au haut niveau, on a tendance à mettre les sportifs sur le même pied au niveau des conciliations scolarité/préparation sportive. Or, il faudrait mettre en place un projet plus individualisé et non collectif : tous les pratiquants n’ont pas les mêmes exigences... Par contre, si une chose reste très positive, c’est le fait que les aménagements permis par le statut empêchent d’être stressé par le retard que l'on aurait pu prendre, durant les compétitions. Pour ma part, je n’ai plus ce genre de souci... En effet, si j’avais eu des difficultés dans mes études, il y aurait eu des conséquences sur ma pratique sportive car mes parents m’ont toujours encouragé à privilégier ma scolarité... »
118Ces situations contrastées tendent à nuancer l'enthousiasme manifesté 10 ans auparavant par Christian Bergelin alors secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports, vis-à-vis de ces aménagements dans l'enseignement supérieur : « l'autonomie conférée à chaque université et le système de contrôle continu des connaissance permettent de résoudre la majorité des problèmes posés par les sportifs de haut niveau qui, au niveau du premier cycle (DEUG) sont réglementairement assimilés aux étudiants salariés. Au-delà, un intérêt croissant du milieu universitaire pour le monde sportif permet la personnalisation des études »74.
La reprise des études : une réelle difficulté
119Les sportifs n'ayant pas bénéficié de ce genre de préparation et qui ont abandonné leurs études précocement soulignent, pour la plupart, le réel problème que cela constitue à l'heure actuelle :
« J'ai arrêté les études en seconde pour me consacrer entièrement au sport mais c'est un choix très délicat à faire. Aujourd'hui, je me retrouve pratiquement à la fin de ma carrière sportive...je vais faire quoi ? ! Je n'ai pas fait d'études parce que j'ai cru au sport, maintenant, je prépare un Brevet d'Etat, chose difficile sans niveau d'études... Le sport ne fait pas vivre sauf quelques rares exceptions et les jeunes dans ma discipline prennent peut-être conscience que faire un Bac plus quatre c'est plus important que d'être champion de France »
120Ceux qui se préoccupent aujourd'hui de leur insertion professionnelle et désirent commencer une formation, entrevoient des obstacles :
« Comme j'ai arrêté les études très tôt, ce n'est pas évident pour moi de refaire marcher la "machine" et je pense passer par des difficultés intellectuelles lors de ma formation. J'ai oublié beaucoup de choses... »
121Enfin, celui qui a choisi de cesser momentanément ses études après l'obtention du baccalauréat, pour se consacrer uniquement à sa carrière sportive reste néanmoins conscient que la reprise ultérieure n'est pas forcément la meilleure solution.
3. 3. L'insertion professionnelle : l'implication isolée des institutions publiques
122L'étude menée par le laboratoire de sociologie de l’INSEP a mis en évidence « le mirage de la convention d’insertion professionnelle ». Les chercheurs ont en effet montré que « l’anticipation de l’insertion professionnelle des sportifs de haut niveau au moyen des conventions d’insertion professionnelle peut ne constituer qu’un leurre. En effet, si les emplois proposés par les entreprises à ces athlètes sont bien adaptés à leur pratique du sport de haut niveau (horaires aménagés et réduits, adaptés à leurs impératifs d’entraînement et de compétitions), parfois, ils ne tiennent compte ni de leurs compétences ni de leurs aspirations »75.
12310 sportifs exercent une profession dans une entreprise ou une organisation publique et ont tous signé une convention d'insertion professionnelle avec leur employeur :
- sont agents d'une collectivité territoriale (commune) ;
- sont professeurs d'EPS. ;
- est professeur de sport ;
- est militaire de carrière ;
- travaillent à EDF-GDF et 1 aux PTT.
124Si on ne peut que remarquer cette domination du secteur public, d'autres pistes semblent se dégager : « avec la crise de l'emploi, le nombre de postes que ces partenaires (...) ont offert, n'a pas augmenté. Aujourd'hui, le marché des P.M.E.-P.M.I est plus dynamique et permet de traiter avec des entreprises nouvelles pour des sportifs précis, connus de celles-ci »76.
125Lorsque dans les années soixante l'État est intervenu dans le domaine de l'insertion sociale du sportif de haut niveau, son investissement s'est volontairement démarqué du modèle des « athlètes d'État » en vigueur dans les Pays de l'Est : « Nous ne voulons pas d'athlètes d'État, car nous pensons que ceux qui seraient considérés et traités comme tels deviendraient, arrivés à un certain âge, de véritables épaves à la charge de la société. Aussi, désirons-nous que tous les jeunes qui se destinent au sport de haute compétition et qui ont l'honneur de représenter leur pays dans le monde, aient un métier, même s'ils l'exercent difficilement durant les années de grandes performances77 ».
126En 1970, la Commission des Activités Sportives et Socio – Éducatives pour la préparation au VIème Plan, appelle « l'attention des pouvoirs publics et des responsables des fédérations sur les difficultés de réinsertion professionnelle des anciens champions ayant fait de leur spécialité sportive leur occupation principale (...). L'un des moyens préconisés par la Commission consiste à orienter les intéressés vers l'animation et l'entraînement des enfants et des adultes amateurs de manière à faire bénéficier ultérieurement le plus grand nombre, de leurs talents et de leur expérience »78.
127Le problème a pris de l'ampleur au début des années quatre-vingt où l'on constatait qu'un « certain nombre de sportifs de haut niveau, devant les difficultés rencontrées pour concilier leur pratique sportive et leur "insertion sociale", préfèrent tout bonnement s'inscrire au chômage »79.
128Les premières conventions ont été signées en 198180, pour pallier le « dramatique problème de l'insertion professionnelle du champion »81, latent depuis plusieurs années.
129Edwige Avice, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, a engagé plusieurs négociations avec des entreprises privées et publiques82 et sollicité la collaboration des autres ministères « pour ménager aux sportifs des situations leur permettant de concilier travail ou formation avec la pratique sportive »83. La loi du 16 juillet 1984 modifiée inclut dans ses articles 27, 28, 29, 30, 31 et 32 les divers aménagements dont peuvent bénéficier les sportifs de haut niveau.
130Le vécu des sportifs du « Club Olympique Aquitain » rend compte du chemin parcouru. Dans tous les cas, ils touchent l'intégralité de leur salaire et sont de façon générale satisfaits de ces aménagements :
« En année olympique, on me libère très facilement car le but est que je puisse me réaliser au niveau des grandes échéances. Plus j'ai de bons résultats, plus on parle de l'entreprise et même si je ne suis pas présent dans les locaux, je travaille pour eux en véhiculant leur image... »
« Cette année, j'ai signé une convention avec la mairie, mon employeur, et la fédération : je suis détaché à 100 % pour les Jeux. Les autres années, je travaillais à mi-temps : j’y allais deux heures le matin et l’après-midi et je m'entraînais ensuite. Là, oh est à l’année des JO et je m’entraîne comme je le souhaite... »
131Au-delà de cet avantage, les sportifs trouvent dans leur emploi, le moyen de « se changer les idées », de faire « tomber la pression » qu'engendrent la compétition et la préparation sportive et ils ressentent enfin, « une paix morale ». Ils n'ont en effet, pour la plupart d'entre eux, plus de préoccupation quant à leur avenir professionnel.
Une situation professionnelle transitoire
132La perspective d’ascension au sein de leur entreprise est un objectif à poursuivre après la carrière sportive :
« Maintenant, mon avenir professionnel ne me préoccupe plus. Je suis titulaire et n'ai pas le souci du lendemain. Je peux donc me consacrer pleinement à mon sport. Après, si je veux évoluer dans mon travail, ce sera à moi de m'investir. »
133S'ils bénéficient d’une convention avec une collectivité ou une entreprise, certains sportifs espèrent néanmoins, à plus ou moins long terme, obtenir un emploi qui correspond à leurs compétences (sportives notamment) :
« Je suis arrivé ici comme technicien mais je souhaite passer dans le service des sports à l’avenir ; je veux être entraîneur. Pour l'instant, il faut que j’attende... J’ai bien sûr passé des diplômes au niveau de ma discipline mais il faudrait que je passe aussi un concours interne au sein de la mairie pour entrer dans ce service... »
134D'autres ont pour projet de créer leur propre entreprise en relation étroite avec leur pratique sportive.
135Enfin celui qui suit une formation professionnelle de deux ans, compte ensuite, être embauché directement :
« Théoriquement, le problème de mon insertion professionnelle est réglé. J’ai un contrat qui stipule que je suis en formation durant deux ans et ensuite j’intègre la société... »
Des situations encore précaires
136Deux athlètes préparent actuellement un Brevet d'État d'Educateur Sportif (BEES)84 pour enseigner dans leur discipline. Ils restent toutefois conscients que cela ne leur donne aucune sécurité :
« Mon avenir professionnel n'est en rien assuré. A partir du moment où il y a de l'argent en jeu, des conditions de travail, vous aurez beau avoir été un grand sportif, on ne vous fera pas de cadeau. C’est bien dans certains cas mais dès que vous n'êtes plus bon, c'est terminé, on ne vous considère plus. Aujourd'hui, je me prends en charge et ce que je fais, c'est à moi que je le dois. Il y a des gens qui m'aident mais mon avenir dépend de moi, de la façon avec laquelle je vais m'y investir, il n'y a rien qui va tomber du ciel malgré les titres. J'estime qu'il devrait y avoir des choses de faites pour améliorer cela... »
137Ces sportifs-là, estiment qu'il n'existe pas à l'heure actuelle de reconnaissance sociale de l'athlète de haut niveau et désirent bénéficier d'une vie « correspondant au travail qu'ils ont fourni, au mérite qu'ils ont », au même titre que toute personne :
« Faire du sport en France, c’est très difficile. Ce n’est pas une question d'argent mais de reconnaissance sociale. Le sportif de haut niveau aujourd’hui souffre de deux problèmes : du manque de reconnaissance d'une part, reconnaissance sociale car sans travail, on ne cotise pas pour sa retraite par exemple et d’autre part, de son amateurisme. Quand on est jeune, on aspire à faire du sport pour son plaisir et si l'on veut continuer, on est obligé de s'attacher à un métier, à des études car le sport ne fait pas vivre à part quelques exceptions... Moi, je pense être l'une de ces exceptions parce que je me suis battu. Qui plus est, le sport n’assure en rien l’avenir... »
138En outre, les chances de se réinsérer rapidement dépendent de la valeur médiatique de la discipline et de l'opportunité de pouvoir « utiliser son nom ».
139Il existe une réelle volonté en Aquitaine d'agir en faveur de l'insertion professionnelle des athlètes de haut niveau même si comme le titrait un numéro d'Objectifs Aquitaine, « Les entreprises ne courent pas après les sportifs ». Selon l'article, « peu d'entreprises dans la région considèrent l'embauche de sportifs de haut niveau comme un élément important de leur management ou de leur développement. Les collectivités territoriales et les entreprises publiques sont les premiers employeurs d'athlètes de haut niveau (...). En 1995, sur 300 sportifs de haut niveau recensés en Aquitaine (élite, senior, jeune) seuls 16 ont bénéficié d'une convention d'insertion professionnelle »85. Les emplois exercés ici par les 10 sportifs le confirment.
3. 4. L'aide régionale : un « plus » incontestable
140La dotation annuelle de 30 000 francs accordée aux sportifs du « Club Olympique Aquitain », n'a indéniablement pas la même importance pour tous. Les variations d'appréciation dépendent de :
- l'existence (ou pas) d'autres aides (financières et autres) ;
- la participation des sponsors ;
- la médiatisation et la notoriété de la discipline ;
- les frais engagés pour la pratique sportive ;
- la situation professionnelle du sportif.
Le système des aides : inégalités et dispersion
141Certains sportifs de haut niveau bénéficient d'aides financières en provenance de nombreuses sources et l'on observe une forte « variété de rémunérations »86.
142Aux divers concours publics (aides personnalisées prises en charge par le Fonds National pour le Développement du Sport87, aides en provenance des collectivités territoriales, primes attribuées par l'État aux sportifs accédant au podium olympique88) peuvent s'ajouter selon les sports des primes, prix ou cachets89 correspondant au classement et aux performances, versés par le secteur privé. Enfin la pratique des aides en nature (appartement, emploi, fourniture de matériel...) est également répandue.
143Pour d'autres, les avantages sont moindres et leur situation peut se révéler bien plus difficile. C'est essentiellement pour ces sportifs que la dotation régionale prend une importance capitale pour la préparation olympique... mais ce sont eux qui ont le plus tendance à la trouver insuffisante. C'est ici l'absence quasi totale de soutien financier qui conditionne l'appréciation.
144Si effectivement sa « valeur » relative diffère d'un sportif à l'autre, il n'en reste pas moins qu'elle constitue « un plus » pour tous.
L'utilisation de l'aide régionale : des besoins différenciés
145Toutes les réponses soulignent l'apport conséquent de l'aide du Conseil Régional d'Aquitaine à l'amélioration de la préparation olympique. C'est un complément unanimement apprécié.
146La plupart des athlètes participent aux stages nationaux pris en charge par leur fédération. La dotation régionale leur permet d'effectuer des séjours supplémentaires (en altitude, d'oxygénation, de préparation mentale, de remise en forme...), et de réduire les contraintes de déplacements :
« Quand on fait des stages en équipe de France, je suis pris en charge à 100 % à peu près. On a un forfait : on est remboursé au kilomètre si l’on prend le train ou la voiture, mais pour aller plus vite et être moins fatigué, je prends l’avion et là, je ne rentre pas dans mes frais. En dehors de l’équipe de France, si je veux faire des stages, je les paie de ma poche... »
147L'achat et l'entretien du matériel nécessaire à la pratique sportive sont également facilités. En effet, tous ne sont pas soutenus par des sponsors et selon les disciplines, ces frais peuvent se révéler très importants et lourds à assumer :
« J'ai consacré six ans de salaire et tous mes biens à la recherche du mieux... 100 % de l'aide sont orientés vers l'achat de matériel pour ma préparation... »
« Notre pratique coûte cher car on a besoin de matériel. C'est sûr que le mieux est d'avoir un travail si on a peu d’argent mais vu ce que demande le sport de haut niveau, surtout en année olympique...trouver le temps de travailler n'est pas évident... »
148Le souhait d'une différenciation de l'aide pour prendre en considération la spécificité des sports « instrumentés » est alors exprimé.
149Certains estiment en outre que le « Club Olympique Aquitain » regroupe un nombre trop important de sportifs. La collectivité selon eux, ne devrait aider que ceux qui participent réellement aux JO.
La nécessité de l'aide en amont
150Au contraire, un autre insiste sur la nécessité d'être aidé avant d'avoir remporté des titres :
« Il faudrait plutôt aider ceux qui veulent pratiquer au plus haut niveau... On donne toujours les moyens de réussir à ceux qui ont déjà réussi ! Pour moi, cette aide arrive trop tard : je suis sélectionné pour les Jeux donc mon objectif est atteint ! C’est aux espoirs qu’il faut donner les moyens de réussir, de rentrer au CREPS, il n'y a pas de motivation pour ces jeunes, les avantages sont donnés quand les preuves sont faites... »
Les éléments externes de comparaison
151Les rencontres fréquentes des sportifs aquitains avec d'autres membres de l'Équipe de France, peuvent les amener à apprécier d'autant plus l'aide régionale :
« Le "Club Olympique Aquitain" est une très bonne initiative. X... n’a pas cela dans sa Région... Cette aide représente une reconnaissance, en grande partie. Sans penser uniquement au côté financier, car moi, je ne fais pas ça pour l’argent mais je suis quand même bien content de toucher 30 000 francs. Au moins, on est reconnu, c’est un aspect plus moral que financier. On représente quelque chose pour la Région.
Je sais qu’il existe d'autres Régions où certains athlètes de haut niveau ne touchent rien. D’autres hésitent aussi car elles ont pu être déçues par cette politique lorsqu’elles ont été amenées à encourager un grand sportif... Là où s’entraîne X... la Région ne donne plus ce genre d’aide car elle avait tout misé sur un athlète, et lui seul, et elle a été déçue... Par contre, le cas contraire existe aussi : les deux championnes du monde de la discipline reçoivent une aide très importante de leur Région et du Conseil Général... Elles se débrouillent peut-être mieux que nous ! »
152Cependant, la référence au sport professionnel est omniprésente :
« Si on compare cette aide à ce que gagnent les footballeurs, je dirais que c’est très insuffisant ! ! ! Maintenant, c’est vrai que dans toutes les Régions, on n'a pas la chance de toucher quelque chose... Je n'ai rien reçu de la Région dans laquelle j’étais l’an passé...
C’est quand même une chance mais tout est relatif : ce n’est pas normal que l’on touche si peu, si l’on compare encore une fois. Ça me satisfait pour le moment ; je ne veux pas demander plus tant que je n’ai pas de titres européens ou mondiaux... »
153La satisfaction demeure toutefois la règle. La dotation de la Région est pour certains d'entre eux le seul appui financier. S'ils en ont d'autres, l'apport régional reste souvent le plus important :
« Ma venue en Aquitaine est due au travail que l’on me proposait ; il n’a été question qu'ensuite du "Club Olympique Aquitain"... Seul le Conseil Régional me donne une bourse, pas les autres collectivités. J’ai un sponsor aussi qui me fournit mes vêtements mais finalement, financièrement, je ne touche que ces 30 000 francs... »
154En outre, les sportifs prennent de plus en plus conscience que l'État et les collectivités territoriales ne peuvent à eux seuls répondre à leurs multiples besoins et déplorent la faible participation du secteur privé, essentiellement destinée aux disciplines les plus médiatisées.
155Tous considèrent l'aide du Conseil Régional comme une reconnaissance de la part de la collectivité, comme un soutien, et ressentent cela comme un réel encouragement pour continuer, pour progresser.
156Il est certes encore trop tôt pour établir une évaluation objective de cette politique publique régionale. L'avis des sportifs en constitue une, c'est évident. La Région en espère également des retombées. Elle attend des athlètes qu’ils véhiculent l'image du dynamisme de la collectivité, et tous l'ont bien compris :
« J’ai signé un contrat avec ce partenaire et bien sûr, il en attend un retour. Il faut que je représente la région sur des émissions, des interviews... Même si cela ne touche pas directement les médias, on doit avoir l’image de la Région sur nous par rapport à notre entourage. J’essaie de glisser quelques mots lorsque l’on vient m’interroger, dans les différents reportages... Dans quelques semaines, il y a une opération "porte-ouverte" et je vais essayer de faire en sorte que le plus de monde soit au courant de ce soutien reçu. »
CONCLUSION : LE MAINTIEN ET L’ATTRACTION DES SPORTIFS « OLYMPIQUES » EN AQUITAINE, UN DÉFI POUR L'ÉQUIPE INSTITUTIONNELLE RÉGIONALE
157L'action régionale a deux objectifs principaux, la venue de champions reconnus ou en voie de l'être et le maintien des sportifs de haut niveau aquitains dans leur région. Existant seulement depuis trois ans, le « Club Olympique Aquitain » peut à long terme atteindre les buts fixés. Il reste à le consolider.
158La mobilité commence à se vérifier aujourd'hui vers le mouvement sportif local :
« Cette aide a contribué à 100 % à ma venue en Aquitaine. Le fait qu'elle existe a un côté rassurant au niveau psychologique. On peut compter sur une aide financière mais aussi sur des gens, sur des compétences humaines... »
159Cependant, après les JO d'Atlanta, trois des athlètes inscrits sur la liste du « Club Olympique Aquitain » en juin 1996, ont quitté la région, ce qui constitue une déperdition d'image.
160Quant à l'enracinement des champions dans la région, il est là aussi très difficile d’évaluer la portée de cette aide. Les « originaires » d'Aquitaine sont affiliés à des clubs régionaux depuis de nombreuses années. Si l'action de la collectivité a certainement son importance, on peut également en déduire que les sportifs ont su trouver dans leur association des éléments de fidélisation. En effet, ils n’ont jamais changé de club plus d’une fois, la plupart étant encore (au moment de l’enquête) affiliés à leur club d'origine.
161Il ne semble pas cependant que le « Club Olympique Aquitain » soit en mesure de convaincre des athlètes appartenant à des disciplines précises, de rester dans les associations locales. Il est fait référence ici à des sports tels que l’escrime, le judo et le tennis de table où les plus grands clubs demeurent concentrés dans la région parisienne. Ils offrent aux meilleurs sportifs des rétributions qu'aucun club aquitain n'est en mesure de concurrencer. Si en tennis de table, cette tendance s'atténue quelque peu, Il n’en est rien dans les deux autres disciplines. Les cas de Lionel Plumenail et de Christine Cicot en fournissent l'illustration90. Amenés à quitter le territoire régional pour l'INSEP afin d'intégrer le collectif France et de trouver des conditions optimales de préparation et d'accession au plus haut niveau, ils se sont ensuite licenciés dans des clubs parisiens. Pour ces pratiques sportives, les clubs aquitains et les Pôles qui prennent leur relais pourraient à la longue, n’avoir plus qu'un rôle de formation, le parcours en élite de ces athlètes se faisant ensuite sous d'autres couleurs. On se dirigerait alors vers une spécialisation de la région dans les disciplines sportives culturellement représentatives : la voile, l’aviron, le canoëkayak... (pour ne citer ici que les disciplines olympiques, puisqu'elles sont le support du « Club Olympique Aquitain »).
162En effet, la fidélité des sportifs à leur club est manifeste dans les activités nautiques puisque 6 des 9 Aquitains d'origine les pratiquent (3 font de la voile, deux de l'aviron, un du canoë-kayak).
163La Région a affiché des ambitions de « gouvernement intermédiaire » et découvert « sa capacité à territorialiser des politiques définies au niveau de l'État »91. Cette politique, en complétant le dispositif national du sport de haut niveau, a eu un « effet de levier »92.
164Mais l'action régionale à elle seule ne peut suffire. Le Conseil Régional atteindra ses objectifs si les sportifs de haut niveau trouvent sur le territoire aquitain les structures qui permettent leur préparation sportive mais aussi les moyens d'assurer leur avenir professionnel. Dès lors, le « Club Olympique Aquitain » tient aussi sa pertinence de l'environnement dans lequel il s'inscrit. Celui-ci permet en effet de répondre aux deux conditions précitées. Le CREPS de Talence et les Pôles qu'il abrite, tout comme l'action de la DRJS et des clubs vis-à-vis de l'insertion professionnelle du sportif, rendent possible la concrétisation de l'initiative régionale et optimisent incontestablement ses chances de réussite au « Top niveau ».
Notes de bas de page
1 L'article 17 de la loi Mazeaud du 29 octobre 1975 indique qu'il revient à l'Etat de "garantir la promotion sociale des sportifs de haut niveau".
2 Loi no 84-610 du 16 juillet 1984 modifiée par la loi no 92-652 du 13 juillet 1992 relative à l'organisation et la promotion des activités physiques et sportives et portant diverses dispositions relatives à ces activités.
3 Circulaire no 85-31B du 21 février 1985 relative à l'organisation générale des Centres Permanents d'Entraînement et de Formation (CPEF).
4 Voir en particulier Mazères J.A. La Région : espace du pouvoir ou espace de pouvoirs ? In Chevallier J., Étienne D., Testard D. et al. Centre, Périphérie, Territoire. Paris : PUF, 1978, p. 244.
5 Instruction no 88-57 relative à la politique du sport de haut niveau. Instruction no 90-313JS du 5 décembre 1990 relative au suivi social des sportifs de haut niveau.
Instruction no 94-205 du 9 décembre 1994 relative à la mission nationale du suivi social des sportifs de haut niveau.
6 Loi no 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, départements et régions.
7 Denais J. et Perrut B. Tout savoir sur la Région. Paris : Synopse, 1991, p. 105.
8 Lois no 83-8 du 7 janvier 1983 et 83-663 du 22 juillet 1983 relatives à la répartition des compétences entre l'État et les collectivités.
9 Conseil Economique et Social d'Aquitaine. Le poids économique du sport en Aquitaine. 26 octobre 1992, p. 85.
10 Astier B. Sport et décentralisation : le rôle des Régions. In Revue Juridique et Économique du Sport, 1992-2, no 21, p. 10.
11 Lire à ce sujet, l'article de Pierre Sadran. L'Aquitaine instituée. Territoire en gestation. In Bonin H. (sous la direction de). 50 ans en Aquitaine. Bilans et prospective, 1945-1995. Bordeaux : L'Horizon chimérique, 1995, p. 39 à 58.
12 Astier B. Op. cit., p. 4.
13 Macary G. La Région : l'exemple P.A.CA. In Collomb P. (sous la direction de) Sport et Décentralisation. Nice : Economica, 1988, p. 60.
14 Banque de données de la Direction des Sports. Le financement du sport par tes collectivités locales. MJS, avril 1995, p. 47.
15 Pérault D. Les collectivités locales et la promotion des activités sportives. In Théron, JP. (sous la direction de) Sport et collectivités locales. Paris : Dalloz, 1993, p. 108.
16 Astier B. Op. cit., p. 10.
17 Pérault, D. Op. cit., p. 109.
18 Astier B. Op. cit., p. 23.
19 Fomerand G. Crise des valeurs et mutations de l'État. Vers une alternative locale ? Editions Loysel, 1994, p. 26.
20 Marchand M.J. Dynamique et vulnérabilité des finances régionales. Un bilan de vingt années de pouvoir régional. In Delcamp A. et Gilbert G. (sous la direction de). La décentralisation 10 ans après. Paris : PUF, 1993, p. 513.
21 Bernot J. La répartition des compétences. Paris : L.G.D.J., 1996, p. 87.
22 Cette incertitude de l'évaluation a été mise en évidence par Jean-Marc Offner, Nicolas Tenzer et Philippe Warin. Les auteurs montrent que si elle reste encore lacunaire au niveau national, elle tend néanmoins à devenir un élément d'autonomisation des collectivités infra-étatiques. L'évaluation, à ce niveau, se montre plus développée. In Pouvoirs Locaux, no 31 IV/1996, p. 20 à 37.
23 Meny Y. et Thoenig J-C. Politiques publiques. Paris : PUF, 1989, p. 132.
24 Honta M. Régions et sport de haut niveau. Application décentralisée d'une politique nationale : concurrence ou complémentarité ? Mémoire pour le Diplôme d'Etudes Approfondies en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives. Université de Bordeaux II, 1996.
25 Les crédits consacrés au sport ont augmenté de 38,57 % entre 1993 et 1994, de 34,24 % l'année suivante pour ensuite, se stabiliser (Rapport général de présentation du budget primitif, 1996, adopté en séance plénière le 18 décembre 1996, Conseil Régional d’Aquitaine).
26 La comparaison entre les rapports généraux de présentation des budgets primitifs de 1993 et 1994 (adoptés respectivement en assemblée plénière du 14 décembre 1992 et du 20 décembre 1993), montre que les montants affectés au sport de haut niveau ont été multipliés par 4 (la ligne budgétaire consacrée au sport de haut niveau est ainsi passée de 1 million à plus de 4 millions de francs).
27 Richard P. Le nouveau paysage financier né de la Décentralisation. In Liberté de gestion des collectivités territoriales. Vérités ou illusion ? Paris : Économica/Association Nationale pour la démocratie locale, 1993, p. 74.
28 Sadran P. Le système administratif français. Paris : Montchrestien, 1992, p. 87.
29 Données recueillies dans le document technique no 5 "Partenariat 97” ayant pour objet la présentation du plan d'action des Ligues ou Comités régionaux pour la saison sportive 1997, Direction Générale des Services, Conseil Régional d'Aquitaine.
30 Noir C. Politique sportive et management du sport. In Loret A. (sous la direction de). Sport et management. Paris : Dunod, 1993.
31 Délibération no 90-901 de la Commission Permanente du 26 novembre 1990, Conseil Régional d'Aquitaine.
32 Délibération no 96-2251 de la Commission Permanente du 18 novembre 1996, Conseil Régional d'Aquitaine.
33 Délibération no 92-1407 de la Commission Permanente du 30 novembre 1992, Conseil Régional d'Aquitaine.
34 Délibération no 97-293 de la Commission Permanente du 3 février 1997, Conseil Régional d'Aquitaine.
35 Délibérations no 95-212 de la Commission Permanente du 13 février 1995 et no 96-1142 de la Commission Permanente du 3 juin 1996, Conseil Régional d'Aquitaine.
36 Les sportifs reçoivent une dotation de 30 000 francs répartie comme suit : 80 % à la signature de la convention et les 20 % restants à leur retour des JO.
37 Gerstlé J. La communication politique. Paris : PUF, 1991, p. 102 (que sais-je ?).
Avec la même intention, mais dans le registre de l'action économique, la région Aquitaine soutient le navigateur Yves Parlier, « porteur » des innovations technologiques des entreprises aquitaines.
38 Il serait plus exact de parler ici pour la Gironde et l'Aquitaine, de la Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse et des Sports puisque les deux organisations ont fait l'objet d'un regroupement en 1996. La loi du 4 février 1995 mentionne en effet dans son titre III que "les services déconcentrés de l'État, placés sous l'autorité de l'État dans le département ou la région (...) font l'objet dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication de la présente loi de regroupements fonctionnels favorisant leur efficacité, leur polyvalence et leur présence sur le territoire". Seul le sigle "DRJS" sera utilisé car il n'est question que des missions et compétences propres à l'organisation régionale dans le cas présent.
39 Ferrante M. et Zan S. Le phénomène organisationnel. Paris : L'Harmattan, 1996, p. 258.
40 Broussin J. Le mouvement sportif dans la décentralisation. In Sport, relations sociales et action collective, Bordeaux : M.S.H.A., 1993, p. 424.
41 Friedberg E. Le pouvoir et la règle. Paris : Seuil, 1993, p. 227.
42 La Lettre de l'Economie du sport, no 374 du 11 décembre 1996.
43 J.-C. La décentralisation, 10 ans déjà et après. In Delcamp A. et Gilbert G. (sous la direction de). La décentralisation 10 ans après. Paris : PUF, 1993, p. 96.
44 Loi no92-l25 du 6 février 1992 relative à l'Administration territoriale de la République.
45 Loi no95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.
46 Grémion C. et Portier N. État moderne, État décentralisé ? Un godot administratif. In Institut de la décentralisation. La décentralisation en France. L'état des politiques publiques. La dynamique des réformes locales. La dimension européenne. Paris : La Découverte, 1996, p. 384.
Bernard P. Le territoire, une idée neuve pour la science administrative ? In Gleizal J.-J. (sous la direction de) Le retour des préfets. Grenoble : PUG, 1995, p. 231-245. Bernard P. Le Préfet de la République ou l'État en province à visage découvert. In Les Cahiers du C.N.F.P.T. L'État de la décentralisation, 1984-1989. no 28, juillet 1989, p. 29-38.
Grémion C. Que reste t-il des administrations déconcentrées. In Muller P. (sous la direction de). L'administration française est-elle en crise ? Paris : L'Harmattan, 1991, p. 187-194.
47 Froment J.-C. Oberdorff H. L'institution préfectorale entre tradition et modernité. In Gleizal J.J. (sous la direction de). Le retour des Préfets. Grenoble : PUG, 1995, p. 39.
48 Miège C. Les institutions sportives. Paris : PUF, 1993, p. 94 (que sais-je ?).
49 Biarez S. La décentralisation à la recherche d'un nouvel équilibre. In Delcamp A. et Gilbert G. (sous la direction de). Op. cit., Paris : PUF, 1993, p. 273.
50 Centre de Droit et d'Economie du sport de Limoges. Organisation et promotion du sport en France. Éditions du C.N.F.P.T., 1993, p. 67.
51 Grémion C. et Portier N. Op. cit., p. 385.
52 Ferrante M. et Zan S. Op. cit., p. 41.
53 L'imbrication entre les échelons régional et national tient également, selon les termes de l'instruction no 95-012JS du 16 janvier 1995, au fait que "les directeurs régionaux de la Jeunesse et des Sports doivent veiller, notamment dans le cadre du suivi social des sportifs de haut niveau de leur région, à ce que l'ensemble des aides régionales vienne bien en complément des politiques menées par les DTN".
54 Liste proposée à la Commission Permanente du 29 janvier 1996. Elle comprend également 2 athlètes handisports (Dominique Hainault et Joël Jeannot en haltérophilie et athlétisme) que le Conseil Régional a souhaité soutenir à hauteur de 12 000 F pour les Jeux Paralympiques [Atlanta 15-25 août 1996].
Finalement 3 autres sélectionnés handisports ont participé à ces Jeux (Lucien Lapierre en haltérophilie, Emmanuel Lacroix en athlétisme – double médaillé de bronze oux 1 500 m et 5 000 m – et Didier Fargeau, qui a obtenu la 5ème place en judo.
55 L'inscription des quatre sportifs (*) non présents dans le tableau 1 a été décidée lors de le délibération no 96-2274 de la Commission Permanente du 18 novembre 1996.
56 Il s'agit de M. Andrieux (aviron), I. Danjou (aviron), J.P. Huguet-Balent (aviron), C. Lafon (aviron), Y. Lamarque (aviron) J.P. Vergnes (aviron), V. Fondeviolle (canoëkayak), D. Pandele (cyclisme), N. Chatelain (tennis de table), F. Lestage (athlétisme) ; JL. Rapnouil (athlétisme), P. Durand (équitation), C. Couzi (escrime), A. Josserand (volley-ball) et E. Wolfer (volley-ball).
57 Délibération no 91-800 du bureau du 30 septembre 1991, Conseil Régional d'Aquitaine.
58 Le bulletin du CROS À vos marques, (octobre 1996, no 5, p. 2) relate que le président du Conseil Régional, Jacques Valade, a reçu les sportifs aquitains afin de commémorer leurs prestations aux JO mais aussi aux Championnats du Monde et d'Europe de leur spécialité.
59 Délibération no 6-101 de la Commission Permanente du 28 avril 1997, Conseil régional d'Aquitaine.
60 On retrouve ici l'une des préoccupations de la Charte du sport de haut niveau adoptée le 3 mars 1993 par la CNSHN. Elle est fondée sur les principes déontologiques du sport et fixe le cadre général des relations entre le sportif et son environnement. L'athlète de haut niveau est amené à signer une convention dans laquelle il s'engage à respecter plusieurs principes sportifs et moraux dont la lutte contre le dopage. Lire à ce sujet le Lexique du cadre institutionnel et réglementaire des APS.. Paris : INSEP, 1995, p. 484 et annexe 6.
61 Meny Y. et Thoenig J.-C. Op. cit., p. 150.
62 Augustin : M., Duret P., Irlinger P., Louveau C. La vie après le sport. Réussir l'insertion sociale et professionnelle quand on a été sportif de haut niveau. Paris : INSEP. Laboratoire de sociologie, juin 1996, p. 52.
63 Ibid, p. 50.
64 Herr L. Sport et promotion sociale. Mémoire pour le diplôme de l'École Normale Supérieure d'Éducation Physique et Sportive, 1972, p. 145.
65 La circulaire no 1455 du 6 octobre 1987 relative à l'accueil des sportifs de haut niveau dans l'enseignement supérieur, mentionne une série d'aménagements qu'il serait “souhaitable" de mettre en place afin de permettre aux athlètes de concilier leur activité sportive et la poursuite de leurs études supérieures.
Le rapport Fabre, Sport et Université (novembre 1991, p. 42), mentionne également que les aménagements proposés aux sportifs de haut niveau ne leur donnent pas "totalement satisfaction". Cela résulte d'une double frustration : celle ne pas être suffisamment aidés (35 % seulement des sportifs de haut niveau bénéficient d'aménagements), ni reconnus (les sportifs de haut niveau ont la sensation que la communauté universitaire ne comprend pas leur situation).
66 Cette expression est utilisée par Nelson Paillou qui désirait que les athlètes de haut niveau bénéficient "de toutes les mesures nécessaires pour se réaliser à ce niveau de pratique, sans pour autant porter préjudice à leur formation, à leur insertion professionnelle ou à leur promotion sociale". In Rapport du Conseil Économique et Social du 22 mai 1986, p. 35.
67 Circulaire no 74-136B du 8 mai 1974.
68 Donnadieu J. L'athlète. In Collomb P. (sous la direction de). Sport et Décentralisation. Nice : Economica, 1988, p. 161.
69 La formation initiale des sportifs de haut niveau. Du lycée au gymnase, Le Monde du 29 novembre 1989. Selon Michel-Yves Sappin, le ministère de l'Education nationale recherche "avant tout une assurance éducative pour les élèves, alors que Jeunesse et Sports voudrait un système qui soit la garantie de médailles pour le sport français". En fait, entre le ministère et le secrétariat d'État, l'entente sur la politique à appliquer et les moyens nécessaires pour réussir est loin d'être parfaite".
70 Loustau-Carrère J.-P., Les changements dans le haut niveau. In Collomb P. (sous la direction de) Sport et Décentralisation. Op. cit., p. 149.
71 Instruction no 95-057 JS du 24 mars 1995 relative aux "Filières du haut niveau".
72 Décret du 31 août 1993 relatif à la classification des sportifs, juges et arbitres de haut niveau abrogeant le décret no 87-161 du 5 mars 1987 fixant les conditions générales d’attribution et de retrait de la qualité de sportif de haut niveau.
73 L'instruction no 556 MEN et no 95-174 JS du 12 octobre 1995 relative à la scolarité des sportifs inscrits dans les filières du haut niveau, reflète cette conjugaison d'intérêts et d'actions aujourd'hui évidente.
74 Propos tenus lors de la communication effectuée par le secrétaire d'État à Bordeaux le 29 octobre 1986, document dactylographié.
75 Augustini M. et al. Op. cit., p. 74. À ce sujet, un article du Monde ("La vie après le sport") datant du 12 avril 1996 souligne également qu'un parcours de reconversion professionnelle peut durer parfois de 3 à 5 ans pour être mené à bien. Les athlètes de haut niveau acceptent bien souvent "n'importe quoi", essentiellement pour rassurer leur famille.
76 Charré D. Conventions, un essor continu. In France JO, décembre 1995.
77 Maurice Herzog, extrait de sa conférence de presse du 26 mars 1964, cité par Herr L. Op. cit., p. 134.
78 Herr L. Op. cit., p. 137.
79 Clare M. Le dramatique problème de l'insertion sociale du champion. L'Équipe du 20 juin 1981.
80 Voir à ce sujet la plaquette de présentation éditée par le Secrétariat d'État à la Jeunesse et aux Sports. Le suivi social. L'insertion professionnelle. Direction des Sports, 1991. Ainsi que celle élaborée par le MJS et le CNOSF. Relever tous les défis. Préparer son avenir en pratiquant un sport à haut niveau. 1994.
81 Clare M. Op. cit.
82 Clare M. Première pierre pour l'élite. L'Équipe du 28 octobre 1981 et M.T. Quatrième pierre à l'édifice. L'Équipe du 11 février 1982.
83 Thierry M. Mme Avice compte sur l'aide d'autres ministères. L'Équipe du 25 septembre 1981.
84 La possession du BEES permet d'exercer contre rémunération. L'article 43 de la loi du 16 juillet modifiée précise à cet effet que "nul ne peut enseigner, encadrer ou animer contre rémunération une activité physique ou sportive, à titre d'occupation principale ou secondaire, de façon régulière, saisonnière ou occasionnelle, ni prendre le titre de professeur, moniteur, éducateur, entraîneur ou tout autre titre similaire, s'il n'est titulaire d'un diplôme inscrit, en fonction du niveau de formation auquel il correspond et des professions auxquelles il donne accès, sur une liste d'homologation des diplômes des APS."
85 Courtois C. Les entreprises ne courent pas après les sportifs. In Objectifs Aquitaine, septembre 1995, no 12, p. 18.
86 Dagorne A. Les revenus du sportif. Traitement fiscal. Paris : INSEP. Unité de management, économie, droit du sport, 1997, p. 9.
87 Le montant des aides personnalisées versées aux athlètes de haut niveau diffère effectivement car la répartition de ces sommes, d'après l'instruction no 95-012 du 16 janvier 1995 doit correspondre à l'un des quatre cas de figure suivants : la compensation d'un manque à gagner du sportif en raison de son activité sportive, la récompense pour une performance à condition qu'elle ait eu lieu lors d'une
88 Ces primes sont de l'ordre de 250 000 francs pour une médaille d'or, de 120 000 francs pour l'argent et de 80 000 francs pour le bronze. compétition majeure, une aide particulière d'ordre social, des remboursements de frais engagés pour la pratique sportive.
89 Celles-ci peuvent être de plusieurs ordres : primes de résultats, de présence, d'intéressement, au nombre de spectateurs...
90 Lionel Plumenail est vice-champion olympique de fleuret et Christine Cicot, médaillée de bronze dans la catégorie des moins de 72 kilos en judo, tous deux aux JO d'Atlanta.
91 Warin P. L'évaluation, vecteur d'autonomisation des Régions. In Pouvoirs Locaux, no 31 IV/1996, p. 32.
92 Warin P. Op. cit., p. 35.
Auteur
Monitrice d'initiation à l'Enseignement Supérieur. Doctorante STAPS. Faculté des Sciences du Sport et de l'Éducation Physique. Université Victor Segalen Bordeaux 2. Laboratoire Vie Sportive Locale (UPRES 498 Vie sportive, tradition, innovation, intervention).
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