Introduction
Les politiques sportives dimensions et développements
p. 345-346
Texte intégral
1La progression du fait sportif le constituant à la fois comme un élément majeur de la culture contemporaine et comme une sorte d'universel a posé très vite la question de son organisation. Le développement des pratiques sous des formes d'expressions multiples a favorisé la constitution de politiques sportives qui se sont imposées aux différents niveaux des collectivités locales : communes, départements et régions, comme à celui de l'Etat. Issu du contexte culturel anglo-saxon, le jeu compétitif institutionnalisé s'est d'abord fondé sur un modèle privé qui a très vite été complété par un modèle d'intervention semi-public et public particulièrement apparent en Europe de l'Ouest et notamment en France. L'Etat, les collectivités locales et les associations sont concernés par les pratiques, les équipements et les aménagements sportifs qui prennent des formes particulières selon les temps et les lieux sociaux.
2L'histoire des espaces sportifs est riche d'enseignements et on mesure le chemin parcouru en un siècle de constructions, d'installations puis d'équipements sportifs. Les modes de constitution des lieux ont suivi les conjonctures économiques et politiques des pays. Des stratégies multiples ont été proposées et organisées aux différents niveaux de la société. Trois faits majeurs ressortent de cette longue histoire.
3Le premier est lié à la multiplication des espaces sportifs qui forment aujourd'hui un véritable maillage dans les villes comme dans l'ensemble du territoire, et sont les lieux rassemblant le plus grand nombre de pratiquants volontaires. Stades, gymnases, piscines, courts de tennis, terrains de petits et de grands jeux couvrent le pays en proposant des pratiques nouvelles.
4Le deuxième vient de la diversification des lieux sportifs. A la légitimité sportive issue du mouvement fédéral, fondée sur la compétition, se sont ajoutées de multiples légitimités de types hygiéniste, éducatif et de loisir. Les équipements s'adaptent aux modes et aux pratiques de la société. Les processus d'individuation, de délocalisation et de segmentation modifient l'utilisation des installations prises dans un système incessant de transformations, dévolutions, de réhabilitations qui tente de répondre aux besoins changeants de la société.
5Enfin le troisième aspect concerne le mode de programmation des équipements. Deux logiques se sont succédées, opposées et complétées depuis un siècle. La première correspond au libéralisme sportif laissant à la société le soin de créer et de gérer des installations ; la seconde s'appuie sur les politiques publiques des communes et de l'Etat pour déterminer la conception et l'implantation des équipements dans une perspective de justice socio-spatiale, Ces deux logiques, qui peuvent se résumer à un pilotage par le marché et à un pilotage par les normes, sont extrêmement mêlées aujourd'hui. En s'imposant comme un des éléments structurants de l'aménagement du territoire, les équipements sportifs ont pris une large place dans l'espace des villes et dans les stratégies municipales, il favorise alors de nouvelles réflexions sur les politiques mises en œuvre.
6L'analyse des politiques sportives, comme celle des pratiques, concerne l'ensemble des sciences de l'homme et de la société, Les contributions sur ce thème se sont multipliées depuis l'ouvrage pionnier de Jean Meynaud consacré aux relations qui se nouent entre le sport et la politique, publié en 1966. Elles traitent du début des politiques publiques et les relations contractuelles qui s'organisent entre l'Etat et le système fédéral, les communes et les clubs. Rappelons les analyses de Michel Leblanc et de Pierre Chazaud sur le sport dans la commune, de Jean Houël sur le rôle de l'Etat vis-à-vis des activités physiques et sportives, de Jean Devèze et d'Alain Michel sur le sport et les collectivités locales, de Pierre Chambat sur les politiques nationales et de Roger Bonnes sur l'administration du sport. Les lois de décentralisation ont favorisé de nouvelles analyses avec en particulier celles coordonnées par Pierre Collomb. D'autres recherches ont fait avancer les savoirs, parmi lesquelles il faut citer les travaux d'Antoine Haumont, le séminaire sur les politiques sportives municipales organisé à Lyon par Pierre Arnaud et les publications de Daniel Mathieu et Jean Praicheux qui, à partir de Besançon, ont proposé le numéro spécial de la revue Mappemonde en 1989 et le premier colloque de géopolitique du sport en 1990. La dimension des relations internationales se retrouve dans le colloque de Metz initié par Alfred Wahl en 1993. Les aspects relatifs au Tiers-Monde sont abordés par Borhane Errais et Youcef Fâtes.
7A l'échelle de l'Hexagone, un exemple de l'alliance entre l'administration et les milieux professionnels est fourni par les publications que la mission technique de l'équipement du ministère de la Jeunesse et des Sports propose à partir de 1963. Ces documents coédités avec le Moniteur du bâtiment des travaux publics (plus de dix éditions entre 1963 et 1990) présentent les principes et les normes en cours, et sont largement diffusés au niveau local. Les actes des rencontres d'Angers sur les politiques municipales des sports publiés en 1988 par le Centre de la fonction publique territoriale devenu Centre national de formation des personnels territoriaux (CNFPT) sont aussi une source majeure d'informations. On retiendra enfin le rôle joué par les offices municipaux des sports (OMS) et leurs organismes fédératifs qui n'ont cessé de mener des actions, des enquêtes et des réflexions sur le rôle du sport dans la cité, Ces quelques rappels sont loin d'être exhaustifs et nombre de travaux non mentionnés ici sont répertoriés dans les communications des prochains chapitres.
8Les contributions qui composent cette deuxième partie de l’ouvrage sont précédées de deux communications pilotes dont l'une appréhende le sport à partir des relations entre la société civile et la société politique alors que l'autre traite des responsabilités publiques en matière d'équipements sportifs ; on voit bien l'intérêt qu'il y a à développer conjointement une théorie générale (Michel Jamet) et une conceptualisation précise des mécanismes en œuvre (Jean-Pierre Loustau-Carrère). Les vingt-cinq contributions ont été regroupées en quatre chapitres :
Les politiques du sport. Quelques niveaux d'organisation.
Les équipements sportifs et la structuration territoriale.
Nouveaux espaces sportifs et nouvelles formes d'action collective.
L'investissement humain dans les groupements sportifs.
Auteur
Professeur de géographie Université Michel de Montaigne-Bordeaux III
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