Introduction
Construction de sites, aménagement et mémoire collective : trouver sa place, de place en place...
p. 9-32
Texte intégral
1Les villes, ces ensembles d’ensembles pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, sont des lieux d’accumulation de richesses où se sont effectuées les mutations économiques majeures ; mais elles sont bien plus que cela. Lieux d’élaboration d’une civilisation, elles sont nées des besoins d’interactions des habitants et des avantages qu’elles leur procurent, mais aussi de la nécessité de confrontation et de rencontres collectives. Elles sont aussi devenues des lieux de mémoire où les générations successives utilisent certaines traces du passé pour renforcer leur cohésion et témoigner de la persistance de la collectivité dans l’histoire. La construction et l’aménagement de sites publics participent alors à la fabrication d’identités communes puisqu’ils s’inscrivent dans l’espace vécu et quotidien des groupes et des habitants. Les mobilités urbaines, comme la diversité des sites et de leur thématique, limitent cependant l’emprise univoque des lieux et amènent chacun à chercher sa place, de place en place...
2Lieux de vie mais aussi lieux d’histoire, de discours et d’énonciation, en constant remaniement, les villes se donnent à vivre, à voir et à analyser. C’est en ce sens que des chercheurs de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine et d’universités québécoises ont entrepris une réflexion sur les sociétés canadienne et québécoise1 qu’ils poursuivent ici par celles concernant la construction de sites urbains, notamment les places et les parcs, leurs transformations et leur appropriation par les habitants. Cet objectif nous amène à revenir d’abord sur les évolutions et mutations urbaines, puis à préciser le rôle symbolique qu’y jouent les places et les parcs, et enfin à souligner le caractère particulier et exemplaire que prennent ces sites dans des villes québécoises, Montréal et surtout Québec.
VILLES, LIEUX, MÉMOIRE ET PROJET
3Les villes en fonction de leurs évolutions technologiques, économiques, sociales et politiques apparaissent comme l’élément moteur des sociétés, et leur extension met en cause les sociétés rurales qui ne sont désormais que des relais à leur emprise. Leur organisation s’est considérablement modifiée avec leur croissance et au-delà des différences, plusieurs temps historiques peuvent être rappelés.
Trois temps historiques
4Le temps où la cité est enserrée dans ses murailles, la ville, de faibles dimensions, permet aux citadins de ne jamais être loin du centre où s’organise la vie sociale. La place, lieu d’activités, de rassemblements et de cérémonies, est l’élément central de l’aménagement urbain. Dans la Grèce antique, l’agora est située au cœur de la cité et le forum qui lui succède dans les villes romaines se situe généralement au point de croisement du decumanus et du cardo. Dans les villes qui se créent au Moyen Age, un vaste espace est prévu pour les foires et les marché ; dans le cas des bastides, villes militaires du Sud-Ouest de la France, la place centrale est bordée de maisons à arcades ou à piliers ; dans les villes neuves, elle se situe au centre du plan orthogonal. Dans les villes marchandes de Flandre ou de la Hanse qui se développent au xve siècle, les espaces aménagés pour le commerce sont dominés par les hôtels de ville ; c’est à la même époque qu’apparaissent en Italie les places dites "organiques" car elles sont un organe essentiel à la vie de la cité, offrant aux habitants un espace protégé et convivial, agrémenté d’ornements tels que fontaines, sculptures et loges... Après la Renaissance, la fonction esthétique des places se renforce et se diversifie jusqu’au xixe siècle. L’espace se trouve alors envahi par de nouveaux moyens de transport alors qu’une partie de la vie publique se concentre dans des lieux fermés (salles de spectacles, musées, gares...).
5À partir de l’ère industrielle, la croissance des villes entraîne leur élargissement et favorise des contrastes sociaux : les secteurs péricentraux se spécialisent autour de la production industrielle et des habitations populaires d’une part, alors que de l’autre la construction d’ensembles résidentiels plus aisés s’enrichit de leurs propres institutions (théâtres, lycées, parcs...). Les différences sociales existant jusque-là dans les centres villes se spatialisent, laissant apparaître des configurations nouvelles qui marquent l’ensemble des villes industrielles, notamment en Europe. C’est avec l’urbanisme moderne du xxe siècle que les mutations sont les plus fortes et que s’opposent notamment deux grands courants de pensée. Celui des culturalistes, qui cherchent à faire des cités des lieux idéaux pour l’épanouissement culturel collectif, et considèrent que la ville dans son ensemble doit l’emporter sur les parties (Howard et les cités-jardins...). Celui des fonctionnalistes qui conçoivent la ville comme un cadre devant permettre d’assurer rationnellement les fonctions de la vie quotidienne : repos, travail, circulation et récréation (Le Corbusier et les cités-radieuses...) ; les principes énoncés par ces derniers servent de caution à de nouvelles constructions, à la négation du parcellaire ancien et à la transgression des alignements de rues. Les espaces publics classiques, et notamment les rues et les places, sont délaissés.
6Un autre temps est celui de l’étalement des villes qui modifie profondément les formes urbaines. On assiste au passage de limites généralement circulaires, parfois encore bornées par des boulevards, à des extensions radio-concentriques en Europe et plus souvent en damier en Amérique du Nord, extensions qui perturbent l’ancienne ordonnance. Au centre, puis au péri-centre succèdent les prolongements péri-urbains ou suburbains qui entraînent avec eux une partie des éléments industriels, commerciaux ou de service jusque-là implantés au cœur de la ville. Des centres secondaires périphériques se multiplient, notamment près des rocades, au croisement d’autoroutes ou à proximité des aéroports. Dans ce mouvement, la ville historique se trouve dessaisie d’une partie de ses fonctions économiques et notamment industrielles, ce qui l’amène à rechercher et à retrouver parfois le rôle culturel, commercial et politique qui avait été un temps reconverti pour des raisons d’efficacité économique.
7Au terme de cette évolution, une triple inversion de la ville s’impose. La première est celle qui amène à penser la nouvelle urbanité en se dégageant de l’ancienne opposition ville-campagne. La deuxième s’inscrit dans le passage de la ville aréolaire à la ville réticulaire2 ; le zonage urbanistique cède la place à des tendances où les notions de réseaux, de nœuds, de connexions deviennent principales, et les liens sociaux s’organisent de manière multidimensionnelle à partir de systèmes entrecroisés. La troisième accompagne l’évolution des centres où la ville-consommation, formée de territorialités plus fluides et malléables, succède à la ville-production. Dans la société fordiste, l’usine comme le note Guy Burgel3, est faite pour travailler, pas pour regarder, la rue et la place pour circuler et non pour flâner. Dans la période post-industrielle, ces espaces libérés et notamment les friches urbaines, deviennent des lieux de reconversion, des lieux symboles énonciateurs pour des activités culturelles destinées au citadin ou au visiteur de passage. La ville s’engage résolument dans un élan festif.
8Ce sont les centres et les péricentres urbains qui bénéficient surtout de ces reconversions. Débarrassés des activités de production, ils utilisent les bâtiments et les espaces libérés pour organiser des lieux susceptibles de redonner au cœur des villes une fonction symbolique, attractive et de mélange social. Toutes sortes de friches urbaines (industrielles, portuaires, ferroviaires, militaires, hospitalières) sont réutilisées pour tenter de revivifier la sociabilité des habitants et amoindrir les différences sociales, culturelles et ethniques. Des recherches et des expérimentations multiples concernant les espaces publics et notamment les places et les parcs se multiplient en posant la question du renouvellement des conceptions relatives à leur niveau d’intégration. L’interaction des individus est prise en compte dans un contexte où l’hégémonie de l’urbain s’affirme dans de multiples projets concernant l’aménagement de l’espace4.
Projet urbain et lieux post-modernes
9L’aménagement et la construction de sites se réfèrent souvent à la notion de projet urbain qui s’est constituée comme une alternative à l’urbanisme fonctionnaliste dans le courant des années 1970 lorsque la question de requalifier l’urbanisation existante est apparue plus importante que celle de construire des villes ou de les prolonger à l’infini. Nombre d’urbanistes, paysagistes, architectes et artistes même ont prétendu instruire leurs actions dans cette perspective. Le projet urbain s’inscrit dans une démarche qui le distingue d’une procédure comme celle mise en œuvre autour de la planification fonctionnelle. Les procédures sont généralement des stratégies fondées sur des catégories abstraites applicables à l’ensemble du territoire alors que le projet traite au contraire de l’aménagement en termes concrets, en s’intéressant à la forme et à la dimension des lieux. L’espace dont il est question n’est pas l’espace en général, mais un espace particulier. Trois caractéristiques permettent de préciser la démarche du projet urbain.
10La première est qu’il s’inscrit dans une continuité. La prise en compte des flux et des potentialités du territoire est fondamentale puisque l’espace n’est pas une page blanche, un contenant uniforme pouvant accueillir un contenu variable, mais une réalité construite à partir de la médiation des rapports sociaux. Bernard Huet5 affirme qu’un projet urbain est déjà potentiellement inscrit sur le territoire avant même qu’il n’apparaisse, le rôle du concepteur se limitant à lire attentivement le contexte existant, à l’interpréter pour révéler le projet caché : "c’est ce type de démarche répétée de génération en génération qui explique les mécanismes de formation de projets urbains très célèbres. La place Saint-Marc de Venise, le Palais Royal à Paris ou l’axe triomphal du Louvre à la Défense n’ont jamais été dessinés en tant que tel". Dire que le projet urbain doit préciser les formes et s’inscrire dans la continuité ne signifie pas qu’il se limite à reproduire ce qui précède ; il doit, à partir de nouvelles relations, transformer l’existant.
11Il propose ensuite une amélioration. L’idée peut paraître banale mais elle est à contre-courant des visées technocratiques qui délaissent l’acquis, prétendant construire ailleurs et souvent à partir de rien. Dans l’exemple de l’Alma-gare à Roubaix, on peut admettre que le projet, en se fondant sur la forme urbaine traditionnelle, a obtenu des résultats empêchant les dérives visibles dans certaines villes américaines. D’autres cas pris à Barcelone ou à Manchester soulignent les recompositions réalisées à partir de quartiers anciens s’inscrivant généralement dans un processus d’accumulation qui tente d’améliorer une situation.
12Il vise enfin à rendre l’espace à l’usage. Les difficultés rencontrées dans les grands ensembles d’habitation viennent souvent de la mauvaise appropriation des espaces. Les parkings, les voiries, les pelouses, ont été conçus dans une logique fonctionnelle de séparation. Or l’usage s’oppose souvent à la fonction et les rues, à la différence de la voirie, ont des usages qui ne sont pas réductibles à une seule fonction ; comme les places et les parcs, elles impliquent la mixité et la pluralité fonctionnelle. Les tenants du projet urbain insistent sur la nécessité de requalifier l’espace en y fixant des éléments locaux susceptibles de renforcer les valeurs d’usage. C’est une démarche globale incluant la notion d’œuvre et ayant pour finalité l’usage qui permet la réussite du projet urbain6.
13La démarche du projet urbain n’empêche donc nullement la création d’une œuvre architecturale. En cherchant à permettre aux citadins de s’identifier à un lieu, l’objectif est d’affirmer le "droit à la ville" pour tous et de favoriser l’appropriation de l’espace7. Cette visée amène Roland Castro à définir une "théorie des lieux magiques" qui leur permet d’être à la fois partie intégrante de la ville et partie de la centralité urbaine. L’édification de lieux publics et en particulier des places, parcs et jardins s’inscrit dans le projet urbain et en est souvent l’élément le plus visible.
14Les tendances urbanistiques ne se limitent cependant pas à l’opposition entre un urbanisme de zone et un urbanisme de continuité ; d’autres éléments interfèrent fortement et concernent directement les sites urbains. Parmi ceux-là, il faut mentionner l’urbanisme de réseaux tenant compte des mobilités, des flux et des communications, et l’urbanisme d’image correspondant à l’accroissement de la compétition entre les métropoles urbaines.
15La mobilité urbaine et intra-urbaine s’est considérablement accentuée et près d’un actif sur deux travaille hors de sa commune de résidence. Par ailleurs, l’ensemble des pratiques sociales, qu’il s’agisse de celles liées au commerce, aux loisirs et à la culture, se sont modifiées et s’effectuent selon des goûts, des modes et des affinités qui éloignent de la stricte proximité. Le développement des réseaux de transports, la synergie qui s’opère entre eux et en particulier entre l’automobile et les transports en commun, favorisent le transfert des biens et des personnes. À cela s’ajoute la multiplication des réseaux d’information et de communication qui donne à la ville8 une signification sociale dépassant le seul aspect technique et permettant l’ouverture de l’espace urbain. La connexité devient un concept pouvant caractériser les relations entre les sous-ensembles urbains qui s’inscrivent dans un urbanisme de réseaux.
16Une autre tendance, non sans effet sur les conceptions des sites publics, est liée à la concurrence qui se joue entre les grandes villes des pays développés. L’élargissement du monde et la compétition internationale ont favorisé les initiatives entrepreneuriales des grandes métropoles. L’hexagone est devenu trop étroit et les villes françaises sont amenées à raisonner à l’échelle de l’Europe. À ce niveau, la concurrence entre les eurocités s’est accentuée, amenant les villes à se lancer dans des politiques d’images et à se comporter comme des entreprises. Cette situation, encore plus visible dans les cités nord-américaines, s’étend à l’ensemble du monde où les villes-services d’hier laissent progressivement la place aux villes-entreprises favorisant un urbanisme de communication9. Le marketing urbain et l’urbanisme de communication amènent les cités à promouvoir des sites s’inscrivant dans des opérations d’architecture et d’urbanisme de prestige.
17À travers ces changements, le terme "post-moderne" est devenu incontournable pour définir et qualifier un nouvel état du savoir, de l’évolution de l’architecture et de l’urbanisme. Présenté comme une forme d’analyse historique et épistémologique liée à l’âge post-industriel10, il désigne aussi le dépassement, en architecture, du mouvement "moderne" dominant des années 1920 aux années 1960 et critique notamment son rationalisme, sa fonctionnalité et son anti-historisme. Le terme a pris des sens et des formes variés ; certains privilégiant le rapport au passé11, d’autres jouant sur des formes purement visuelles en utilisant parfois des symboliques hermétiques, d’autres enfin mélangeant les genres, cherchent à provoquer la surprise et l’interrogation.
18Françoise Choay12 estime qu’au-delà de leur pluralisme formel, l’architecture et l’aménagement post-modernes trouvent une certaine unité dans le rejet du mouvement moderne, un vide idéologique et un formalisme habillé de séduction et de dérision. Elle évoque un nouvel élitisme qui a su jouer sur le double caractère iconique et médiatique.
19De fait, les villes et généralement leurs centres principaux et secondaires portent la trace du post-modernisme ; nouveaux édifices, monuments et espaces publics deviennent symboliques, culturellement et touristiquement, de cette tendance.
20Les projets urbains, les références au post-modernisme ne peuvent être isolés des effets de métropolisation13, ce mouvement de concentration urbaine qui depuis les années cinquante renforce l’étalement des villes14 et amène à reconsidérer leur classement en fonction d’un gradian d’urbanité. Certains parlent de métapoles15 pour souligner l’élargissement urbain et la dépendance d’espaces profondément hétérogènes et pas nécessairement contigus et intégrés dans le fonctionnement quotidien d’une métropole. D’autres considèrent que l’ère de la "troisième ville"16 faisant suite à celle des périodes pré-industrielle et industrielle a commencé et qu’il faut s’attacher à la construire. D’autres encore évoquent l’image d’une ville émergente17 qui succéderait à celle de la ville européenne traditionnelle ; les débats sont vifs et largement ouverts dans les milieux spécialisés18. Quoi qu’il en soit, la ville dite post-industrielle, post-fordiste ou post-moderne selon les expressions utilisées, a beaucoup à réinventer et notamment la capacité à réutiliser ce qui l’a précédée. Elle doit aussi recréer l’espace en portant attention aux "creux" (les espaces libres) autant qu’aux "pleins" (les bâtiments), et en favorisant les lieux publics, non seulement dans les zones centrales mais aussi le long des cheminements urbains qui se multiplient entre les centres secondaires.
LES PLACES ET PARCS, LIEUX SYMBOLES DES ESPACES PUBLICS
21Pour les spécialistes de la communication, le terme espace public, utilisé au singulier, désigne l’espace des débats et du parler-ensemble qui est au centre du dispositif démocratique19. Pour les aménageurs et les urbanistes, la notion d’espaces publics urbains se rapporte à des sites concrets, ne correspondant pas seulement au dégagement ou au prolongement de l’espace privé du logement mais évoquant un ensemble de lieux où les coprésences entre personnes ne se connaissant pas peuvent s’organiser. Entre ces deux acceptions, des liens existent et il est possible de travailler sur les configurations particulières se trouvant à la croisée des deux domaines d’interprétation.
22Les recherches concernant les espaces publics et en particulier les espaces urbains ont connu ces dernières années un renouveau d’actualité, et les disciplines des sciences de l’homme et de la société s’accordent pour souligner l’importance des analyses approfondies sur les lieux publics. Nombre de travaux anglo-saxons mais aussi français, en particulier ceux soutenus par le Plan Urbain20, ont entrepris l’inventaire de ces espaces à partir de divers points de vue où se mêlent les analyses des populations qui y travaillent, y circulent ou y résident. Les études de cas centrés sur l’expérience ordinaire des citadins se sont multipliées en s’articulant avec des questions d’aménagement et de traitement des espaces. Les sciences sociales, les sciences de l’ingénieur et les sciences de l’espace ont été mises à contribution, les acquis des recherches sont loin d’être négligeables21 et le champ d’investigation envisagé reste largement ouvert.
23Les espaces publics des villes sont présentés comme des lieux privilégiés d’interaction sociale qui favorisent un vécu commun et la formation d’une mémoire collective. À partir d’eux, et notamment des plus classiques, places et parcs, se développe un processus de connexion des cultures urbaines.
Les places entre discours allégoriques et lieux de connexion
24Sur le plan formel, les places sont des espaces dégagés à l’intérieur d’une ville ou d’un village qui servent à des usages variés d’ordre social, économique, politique ou religieux. Cette polyvalence qui varie selon les cultures et les temps historiques a été valorisée dans les villes méditerranéennes et notamment dans les cités de l’antiquité grecque et romaine où agora et forum sont les lieux centraux de l’activité urbaine. Les théoriciens de la Renaissance donnent aux places une forme monumentale qui sera développée par l’urbanisme classique du xviiie siècle alors que le siècle suivant réduit leur fonction d’espace public de convivialité en laissant envahir l’espace urbain par les moyens de transports. L’urbanisme progressiste a largement gommé le rôle qu’elles jouaient dans les villes classiques et elles sont devenues le symbole nostalgique d’une qualité urbaine perdue. Les politiques patrimoniales cherchent cependant à préserver les places historiques et leur vocation piétonnière, et divers projets urbains les valorisent et envisagent de leur redonner une fonction active.
25En Europe, les grandes villes touristiques ont leurs circuits de places. Celles-ci sont souvent des lieux de mémoire comme la place Saint-Marc à Venise, la place Saint-Pierre à Rome ou les places des Vosges et Vendôme à Paris. Les monuments historiques ornant les places glorifient le passé : celui de la place de la Nation représente la République sur un char tiré par deux lions encadrés par le Travail et la Justice, alors qu’à l’arrière trône la Paix. Ces allégories se retrouvent dans les villes de province ; ainsi à Bordeaux, le monument de la place des Quinconces dédié aux Girondins et à la République sert de décor commémoratif : au sommet de la colonne, le Génie de la Liberté brisant ses fers, et au pied, trois femmes symbolisant la ville, la Garonne et la Dordogne ; deux ensembles de bronze sous forme de fontaines complètent l’œuvre, l’un représente le triomphe de la République exaltant le Travail, la Sécurité et la Force, l’autre le triomphe de la Concorde protégeant la Fraternité et l’Abondance d’où naît la prospérité de l’Industrie, du Commerce et des Arts.
26Les pays en développement ont édifié leurs places symboles ; ainsi la capitale du Burkina-Faso a construit dans les années 1980 une série de monuments identifiant des places jusque-là anonymes, et rappelant le discours politique du 2 octobre 1983, la bataille du rail, le combat des Palestiniens ou la valeur de l’eau. Les places sont aussi des lieux de convergence pour les rassemblements. Les grandes villes sont identifiées par ces sites de connexion : Place Rouge à Moscou, Place Tienanmen à Pékin ou Place Saint-Pierre à Rome. Les places moins célèbres de la vie quotidienne, celles des quartiers des villes centres et celles des périphéries, restent animées par des fêtes et des marchés. Pierre Sansot rappelle qu’elles sont à la mesure des hommes qui y font généralement preuve de civilité22 mais souligne cependant les rites d’appropriation, de profanation, d’entrée et de sortie de ces lieux et parle de contraste par rapport aux pratiques de la ville.
27La compréhension des phénomènes urbains impose le réexamen de la notion de lieu qui entretient des rapports étroits avec celui d’espace public. Les recherches théoriques soulignent l’intérêt d’une réflexion sur les dimensions concrètes, environnementales et territoriales des lieux pouvant favoriser l’émergence d’un espace public. Vincent Berdoulay et Nicolas Entrikin notent que le rapprochement des notions de lieu, de sujet et de récit permet de créer un espace public qui constitue une partie de la géographie morale de la ville, un espace qui, dans le meilleur des cas, est celui de la tolérance de l’autre, même s’il ne représente qu’une partie du monde urbain. Les lieux d’appartenance n’existent pas à côté ou séparément de l’espace public ; ils le recouvrent ou, plutôt, s’imbriquent avec lui23. Jacques Lévy évoque l’espace légitime qui correspond à l’ensemble des liens spatiaux exprimant les règles de la société, les arbitrages et une équité minimale sans laquelle il n’y a pas de construction socio-spatiale possible24.
Les parcs entre nature apprivoisée et nature appropriée
28Les places ont toujours été un élément organique des villes, mais les parcs urbains destinés à la promenade et aux loisirs, n’apparaissent qu’à l’époque moderne, même si les villes du Moyen Age n’étaient pas dépourvues d’éléments naturels à caractère utilitaire (potagers, vergers...) ou d’agrément (promenades des domaines royaux...)25.
29Les premières réalisations voient le jour en Italie, à la Renaissance, sous forme de jardins de parade avec terrasse, de jardins iconographiques avec sculptures ou de jardins scénographiques avec effets de perspective26. En France, les parcs, classiques dans leurs formes, agrémentent les palais et châteaux, alors qu’en Angleterre se développent des jardins romantiques portant la trace d’influences exotiques. Dans la région de Bath, les jardins sont ouverts au public dès 1750, et à Bordeaux le Jardin Royal, considéré comme le premier conçu pour relier deux quartiers, est inauguré en 1758.
30Ce n’est cependant qu’à l’époque victorienne que les parcs véritablement urbains destinés à l’agrément des citadins, et résultant de la double influence hygiéniste et romantique, apparaissent. À Londres, Joseph Paxton ouvre d’anciens parcs privés dont Regent’s Park, une ancienne aire de chasse royale, reste le symbole et complète l’axe triomphal partant du Mall. À Paris, les parcs doivent beaucoup au séjour de Napoléon III en Angleterre ; le Baron Haussmann et Charles Adolphe Alphand entreprennent les travaux constitutifs d’un ensemble de parcs, squares, bois et voies plantées qui deviennent un élément central de la transformation de la capitale et de l’urbanisme haussmannien. Le programme élaboré à Paris sous le Second Empire se poursuit sous la Troisième République et a des effets dans les villes françaises et le reste de l’Europe. Il s’inscrit dans une continuité renouvelée qui peut se résumer à une conception géométrique de l’urbanisme et à une perspective naturaliste des espaces publics de loisirs.
31Frédérik Law Olmsted découvre lors d’un voyage en Angleterre en 1850 le parc de Birkenhead aménagé par Paxton dans un faubourg de Liverpool et mesure son rôle esthétique, social et hygiéniste. De retour aux Etats-Unis, il entreprend la construction de parcs dans les villes de l’Amérique démocratique qui en sont dépourvues, en insistant sur la fonction d’égalité sociale qu’ils peuvent assumer. Après la réalisation de Central Park qui débute en 1858 et accueille dès 1871 plusieurs millions de visiteurs, il engage une série d’aménagements qui, de Buffalo à Montréal, Chicago, Atlanta, Detroit, Boston, San Francisco... laissent leurs marques dans les villes américaines.
32L’idée de systèmes de parcs urbains prend progressivement forme et Jean-Claude Nicolas Forestier en propose une théorie en 190827. Ce modèle n’a en réalité pas été inventé : résultat d’un jeu complexe d’acteurs scientifiques, politiques et professionnels, il est l’aboutissement d’un travail interactionniste fondé sur la prise en compte d’interrelations et d’effets d’enchaînements. Certains éléments du système ont été progressivement produits par des expérimentations locales. Repris au niveau national et international où ils sont reformulés, normalisés et mis en œuvre, ils sont alors diffusés et imposés dans de nombreuses villes occidentales. Le rapport local-global est ainsi susceptible de produire, à partir du travail de médiation des acteurs de l’aménagement urbain, les référentiels qui deviennent les fondements du système.
33Au cours du xxe siècle, on assiste à une double tendance. Celle de la spécialisation des parcs existants ou de ceux nouvellement créés qui renforcent leur fonction éducative (jardin des plantes, parc botanique et zoologique), leur fonction de loisir (parc sportif28 et récréatif) ou leur fonction scientifique (cité des sciences...). L’autre tendance liée à l’étalement urbain est celle des trames vertes ou des coulées de verdure qui cherchent à préserver des réserves de nature dans les espaces périurbains. Les limites du végétal dans la ville sont alors estompées, des séparations moins nettes entre le cadre bâti et la nature s’inscrivent souvent dans des projets immobiliers ou des bases de plein air, renforçant la naturalisation des villes et leur délitement.
34Les grandes villes gardent la trace des réalisations successives : jardins publics et de voisinage dans les centres-villes29, grands parcs aménagés dans les quartiers péri-centraux, bois et coupures vertes dans le péri-urbain ; mais cet ensemble est loin d’être figé et l’utilisation des friches industrielles ou militaires permet des initiatives originales. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple parisien, les usines Citroën désaffectées au milieu des années 1970, ont laissé la place à un parc futuriste de 14 hectares où la végétation fusionne avec la pierre, le verre et surtout l’eau. Un de ses concepteurs, Gilles Clément, a voulu y mêler les éléments géométriques des jardins à la française, le mouvement et les serres des jardins anglais et les petits espaces sériels de la tradition japonaise. Le mariage de ces traditions se double d’une symbolique des couleurs : le jardin blanc destiné aux jeux et à la promenade, le jardin noir à la botanique et aux végétaux auxquels s’ajoute le jardin en mouvement et les jardins sériels séparés par des cascades. La diversité des lieux favorise une appropriation collective différenciée ; les aînés y trouvent les espaces calmes des compositions florales, les jeunes et les familles avec enfants sont attirés par le jeu de fontaines alors qu’une foule bigarrée déambule dans les espaces interstitiels. Le mélange de l’ancien et du moderne, et la variété des sites facilitent les interactions sociales et répondent à la diversité des utilisations dans un jeu ouvert entre nature apprivoisée et nature appropriée. D’autres projets se multiplient dans les villes japonaises, américaines ou européennes et diversifient l’idée de parcs et de jardins du monde30. Mais en même temps, les parcs de loisirs à thème risquent de transformer un peu plus chaque jour les villes en un vaste champ clos commercial.
Des lieux de rassemblement et d’identification
35L’espace public est à la fois l’espace sensible de la rencontre, de la coprésence, l’espace des différences affichées et plus globalement l’espace de la citoyenneté. Les lieux publics, rues, places et parcs, ont une longue histoire et leurs fonctions varient selon les stades des sociétés et les aménagements urbains. Espaces du côtoiement et de l’anonymat, de la rencontre temporaire et égalitaire31, ils ont connu plusieurs types d’évolution mais restent les lieux les plus interculturels où se déploient aujourd’hui, en dehors des temps d’effervescence sociale, une socialité de loisirs consommatoires plus que de débats publics.
36Lieux à voir, lieux pour être vu, lieux pour être avec les autres, les espaces publics permettent un jeu interactif où les rôles d’acteurs et de spectateurs sont interchangeables. Le vécu et la perception de ces lieux restent cependant complexes et les appréciations que portent les citadins peuvent varier selon les individus. À l’évidence, les villes ne peuvent pas se résumer à une simple juxtaposition de constructions et d’espaces privés limitant l’espace libre collectif aux fonctions de circulation et de stationnement. La nécessité d’organiser ou de réorganiser des espaces appropriés de communication sociale sous forme de scènes publiques favorables aux interactions quotidiennes s’impose.
DIVERSITÉ ET EXEMPLARITÉ DES ESPACES PUBLICS DES VILLES DU QUÉBEC
37Une longue tradition de recherche sur les villes a été initiée en Amérique et les reproches les plus virulents contre les théories modernes coupables de la mort des centres, du zonage et de l’étalement urbain sont venus d’urbanistes d’Amérique du Nord32. Les villes états-uniennes présentent le paradoxe d’être à la fois le symbole de la ville et de l’antiville, un modèle et un repoussoir, mais elles apportent, notamment dans les réaménagements des centres urbains, de Boston à San Francisco, en passant par Chicago et la Nouvelle-Orléans, un ensemble d’expérimentations extrêmement originales.
38Les villes canadiennes offrent, face aux villes états-uniennes, des particularités posant la question d’une alternative urbaine en Amérique du Nord33. Pour les uns, l’histoire, le peuplement et les institutions ont favorisé l’émergence de formes spécifiques, alors que pour d’autres, le modèle canadien n’a rien d’original et les villes qui ont grandi à l’ombre de leurs voisines américaines en présentent les caractéristiques avec notamment les tours de gratte-ciel, les banlieues sans fin et le cosmopolitisme34.
39Le débat opposant les tenants d’une spécificité à ceux qui la nient n’a en réalité pas sa raison d’être si l’on tient compte des influences croisées de l’histoire35. Comme Boston ou San Francisco, Montréal et Toronto36 sont à la fois le résultat d’influences générales qui les dépassent et de l’action des acteurs spécifiques qui les construisent.
Le particularisme des villes du Québec
40La question des acteurs spécifiques susceptibles d’orienter les aménagements urbains se pose pour chaque province du Canada mais prend un relief particulier au Québec. Chacun sait combien les Québécois hésitent entre la voie de l’indépendance qui accorderait au Québec une reconnaissance politique capable de renforcer leur identité culturelle et la voie de leur maintien dans le giron fédéral qui risque de fondre cette identité dans un multiculturalisme canadien. Jouant avec ce dilemme, les décideurs politiques et les chercheurs québécois ont entrepris des expérimentations et des travaux touchant à la question des formes urbaines, de l’architecture et des espaces identitaires.
41Parmi d’autres, les membres du Centre d’études interdisciplinaires sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT) partagent dans un ouvrage concernant les espaces de l’identité37 trois idées essentielles. D’abord, le Québec est touché, plus que jamais, par le phénomène de reconfiguration identitaire ; ensuite, cette question identitaire est une construction, c’est-à-dire un processus continuellement en mouvement ; enfin, l’approche comparative est indispensable afin d’inscrire le Québec dans le monde plutôt que de l’isoler au nom d’un patrimoine spécifique. Le pari d’appréhender à la fois les espaces de l’identité en général et ceux du Québec en particulier est loin d’être gagné, mais c’est bien en mêlant le besoin d’ouverture pour se renouveler et celui de fermeture pour assurer la cohésion que peuvent se créer des espaces ouverts de l’identité38.
42Les travaux initiés sur l’espace public participent au débat concernant les questions d’intégration, d’ethnicité et de citoyenneté et plus généralement celles des sociétés multiculturelles ou interculturelles. La politique d’immigration de la province ne peut être dissociée d’une politique d’intégration linguistique et de l’application de la loi 101 visant notamment à obliger les enfants d’immigrés à être scolarisés en français. Mais au-delà du vecteur identitaire essentiel que représente le langage, se posent les problèmes d’organisation des lieux urbains dans une société où les origines restent un des aspects essentiels du discours politique et social.
43Perla Korosec-Serfaty39 a montré que Montréal, à la différence des villes des États-Unis, se trouve au croisement des deux traditions nord-américaine et française dans son projet de construction d’une citoyenneté montréalaise. La tradition nord-américaine valorisant les aspects communautaires qui s’inscrivent dans les territoires locaux par des signes et des symboles particuliers favorise l’hétérogénéité et s’oppose à la tradition française fondée sur l’assimilation culturelle et politique des étrangers dans un territoire théoriquement abstrait. Les politiques interculturelles menées par l’administration municipale cherchent alors à répondre aux demandes des communautés qui sollicitent l’inscription de leurs origines dans des changements toponymiques et des réaménagements de parcs et de places publics, tout en affirmant la nécessité de destiner chaque projet à l’ensemble du public montréalais. L’auteur résume la position de l’administration dans une perspective dialectique :
les demandes de marquage du territoire urbain sont légitimes s’ils sont de l’ordre de la célébration des origines, et, plus précisément, de la diversité des cultures qui composent la société montréalaise ;
cependant, toutes les transformations du paysage urbain issues de ses demandes doivent s’inscrire dans le cadre plus général de l’aménagement des parcs à l’intention du public montréalais dans son ensemble. En d’autres termes, l’administration ne cherche pas à "ethniciser" les parcs, mais à trouver les moyens de rendre hommage, dans le traitement des lieux collectifs, aux cultures particulières qui fondent l’émergence d’une citoyenneté nouvelle ;
la démarche interculturelle cherche à favoriser les échanges entre cultures, et non à les enclaver. C’est pourquoi les parcs devront être nommés, aménagés ou réaménagés en concertation avec les résidents des secteurs concernés et avec les communautés culturelles et non "à leur intention".
44Les exemples de changements toponymiques et de réaménagements de parcs ou de places sont nombreux et plusieurs d’entre eux se situent à proximité des enclaves ethniques proches du boulevard Saint Laurent, symbole de la diversité pluri-ethnique de la ville. Citons notamment le parc du Portugal, la place des Amériques et la place Sun-Yat-Sen dans le quartier chinois.
45La valorisation des espaces publics à Montréal s’inscrit aussi dans une volonté de restauration de l’urbanisme de surface, un temps délaissé pour étendre l’urbanisme souterrain40. La ville souterraine considérée comme une des plus anciennes et des plus importantes d’Amérique, s’est constituée à partir des jonctions avec le métro permettant des liaisons directes avec les centres commerciaux, administratifs, culturels et universitaires. Elle offre un système piétonnier souterrain de plus de trente kilomètres de long relié à soixante édifices, dix stations de métro, près de mille sept cents établissements commerciaux, mais aussi à trente-quatre cinémas et théâtres, au palais des congrès, au musée d’art contemporain, à l’université du Québec, à sept grands hôtels et aux stations ferroviaires et d’autobus. Le passage d’un urbanisme souterrain à un urbanisme multidimentionnel est largement engagé41.
Photo 1 - La place Sun-Yat-Sen, dans le quartier chinois

(Photo : J.-P. Augustin)
Photo 2 - La place Amélie Gamelin

Ex-place Berri, située à la sortie du pôle souterrain UQAM-Berri. (Photo : J.-P. Augustin)
46Pour revaloriser les espaces publics de surface, l’administration municipale a favorisé le développement des commerces sur rues et entrepris le réaménagement de parcs et de places. Outre celles du boulevard Saint Laurent déjà évoquées, la place Amélie Gamelin, explace Berri, située à la sortie du pôle souterrain UQAM-Berri, témoigne d’une double volonté, celle de raccorder la ville souterraine à la ville de surface et celle de renforcer l’identité montréalaise. Cette place évoque les éléments constitutifs de la ville à savoir la montagne, le fleuve et le cadre bâti. Les architectes-paysagistes ont initié leur projet dans une perspective de représentation allusive en proposant un plan de verdure incliné, support de la sculpture de l’architecte Melvin Charney qui met en scène les gratte-ciel déconstruits de la ville, et d’un espace libre pouvant être aménagé en patinoire durant l’hiver. Elle s’inscrit dans une vision post-moderne de l’architecture également visible dans le jardin jouxtant le Centre canadien d’architecture. La post-modernité y exalte une esthétique dite du symbolique qui exprime la mise en scène urbaine en complétant les aménagements du Montréal souterrain42.
47Les travaux de l’Institut national de la recherche scientifique (inrs-urbanisation) menés dans les années 1990 sur le thème des équipements culturels43, des espaces publics et de la sociabilité des habitants dans divers quartiers de Montréal ont fourni des éléments de réponses aux questions posées par l’administration municipale pour l’amélioration de ces secteurs. Les espaces publics ne sont pas de toute évidence des creusets de socialisation et de brassage interethnique ; mais ils participent de la sociabilité des habitants et sont susceptibles d’amoindrir dans certains cas les différences sociales, culturelles et ethniques ; nombre d’entre eux sont des lieux de cohabitation pacifiques44. La ville doit donc fournir aux habitants des espaces publics diversifiés et accessibles qui soient des espaces de liberté mais aussi de confort.
48Ces résultats confirment les analyses proposant la création d’une urbanité flexible laissant à chacun la possibilité d’accéder à des lieux divers et de participer à des rencontres programmées ou non45. L’accessibilité urbaine nécessite alors d’être partiellement planifiée et partiellement aléatoire et de s’inscrire dans des démarches organisées ou libres en laissant à la ville et à ses habitants leurs propres capacités à créer de l’urbanité.
49Il ne s’agit pas ici de faire un inventaire des travaux québécois concernant les espaces publics des villes46 mais de montrer la place qu’ils tiennent dans l’ensemble des recherches nord-américaines et européennes qui, après un temps d’oubli, visent à restaurer ces espaces de connexion, symboles des cultures urbaines. Les travaux québécois évoqués présentent une grande originalité et les questionnements, les aménagements et les expérimentations initiés dans la "belle province" justifient largement que des chercheurs représentant plus de dix universités et centres de recherche québécois et français se réunissent pour s’interroger sur les tendances en cours.
Recherches et expérimentations à Montréal, Québec et Hull
50L’ouvrage a été organisé en trois parties concernant les questions relatives aux représentations, aux réaménagements et aux appropriations des places, parcs et jardins urbains.
51La première concerne la mise en perspective historique des sites qui ont été construits à partir de représentations de la ville, de cadres naturels et de cartes d’organisation de l’espace urbain. Michel Gauthier analyse l’itinéraire de Frédérick Law Olmsted qui, de Liverpool au mont Royal, s’impose comme le grand aménageur des parcs nord-américains. Lorsqu’il arrive pour étudier le site de Montréal en 1873, le créateur de Central Park à New York est déjà convaincu que ces parcs permettront le bien-être pour des millions d’habitants. Conquis par le site de cette "montagne" qu’aucune autre ville ne possède en son centre, il entreprend de le traiter en renforçant son caractère montagneux, en jouant sur les contrastes et en refusant un aménagement paysager traditionnel (massifs de fleurs, corbeilles d’azalées, pelouses...). Ses propositions ne furent jamais complètement appliquées et la constitution du parc apparaît le résultat de compromis liés à des divergences de représentations entre l’aménageur et les décideurs politiques.
52Marc H. Choko rappelle le rôle historique des grandes places publiques de Montréal qui, dès la fin du xviiie siècle, se situent à l’emplacement des anciennes portes fortifiées menant aux faubourgs. Elles complètent les places centrales et précèdent celles liées aux fonctions résidentielles et marchandes, permettant de multiples activités publiques. Leur dépérissement est d’abord constitutif de l’appropriation privée de la symbolique du lieu pour valoriser le bâti alentour, puis de la prise en otage d’une partie du domaine public pour réaliser de grands ensembles intégrés. Les élections de 1986 amenant au pouvoir municipal le Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) engagent un changement d’attitude vis-à-vis des espaces publics extérieurs et notamment des places.
53Raymond Courcy, en traitant de la place de l’église, joue sur le double registre de l’histoire de l’institution religieuse et des espaces patrimoniaux qui jouxtent les lieux de culte. Le Québec, en raison de l’évolution rapide du rôle tenu par la religion catholique, (bien illustré par le film Jésus de Montréal), est exemplaire pour une réflexion sur l’évolution de l’Église dans la société et des transformations urbaines qui lui sont liées. Les places des églises ont perdu leur fonction d’emprise collective et sont utilisées à des fins ponctuelles, culturelles, sportives, sociales, voire commerciales, posant pour l’Église la question du message qu’elle veut donner à la société.
54Christian Poirier évoque la mémoire collective repérable à travers les plaques commémoratives et les monuments historiques de la ville de Québec. L’instauration d’une continuité historique à partir des références de la collectivité, mais aussi du refoulement sur ses marges de sujets tabous (anglophones, immigrants, autochtones...) est dévoilée. Cette mémoire des lieux urbains est donc un construit fait de rappels exemplaires et d’oublis volontaires qui s’intègre, principalement à Québec, dans le statut de la nation québécoise. Ces énonciations inscrites entre un devoir de mémoire et un devoir d’oubli contribueraient à la réduction des conflits et au renforcement identitaire.
55La deuxième partie s’intéresse aux effets de recontextualisation en insistant sur les aménagements, les réaménagements et les transformations des lieux. Luc Noppen retrace les enjeux de l’intervention architecturale du quartier Place-Royale dans l’arrondissement historique du Vieux Québec. Le concours lancé en 1995 par le gouvernement provincial a été l’occasion de marquer dans ce site l’empreinte de la "quête d’histoire" et d’appréhender un lieu historique comme monument identitaire du xxe siècle. Le projet présenté par l’auteur procède d’un point de vue actuel sur l’histoire et repose sur un ensemble d’interrelation entre la restauration des maisons Hazeur et Smith et la place elle-même. Il invite à un regard introspectif où le visiteur passant de la ville vers la place est conduit à regarder les mémoires dont les lieux sont le spectacle.
56François Hulbert analyse les enjeux autour de la recomposition des places, des parcs et des jardins de la ville de Québec. La capitale provinciale a engagé, à partir des années 1980, la réhabilitation d’espaces dans une perspective d’embellissement et de marquage identitaire du territoire : des carrefours sont élevés au rang de places après l’adjonction d’un monument, des rues deviennent parcs et d’anciens marchés se transforment en places. Ces espaces urbains ne sont pas à l’abri d’enjeux d’appropriation, ils résultent de propositions municipales, d’initiatives d’habitants ou d’un compromis entre les deux, et leur aménagement pose la double question de l’expertise et du développement durable.
57Guy Mercier utilise l’exemple du quartier Saint-Roch à Québec pour montrer les conflits et les compromis liés à l’usage urbain de la nature. Les deux jardins publics qui s’y côtoient offrent un contraste paysagé invitant à la réflexion. Une lecture historique identifie le quartier Saint-Roch à ces secteurs péri-centraux en déclin commerciaux et industriels pour lesquels des projets de réhabilitation ont été proposés. Le jardin Saint-Roch résulte d’une politique de rénovation urbaine qui, faute de moyens, n’a pas abouti. L’Ilot Fleurie provient de la contestation d’un groupe d’habitants qui s’approprie une portion de terrain en attente d’un projet pour lequel ils ne sont pas consultés. Dans les deux cas, l’usage urbain de la nature apparaît comme un signe de compromis et de ralliement partiel, et l’auteur parle de "sublimation géographique" pour évoquer le rôle que peut jouer l’urbanisme végétal dans l’atténuation des conflits sociaux. Ces situations ne sont jamais définitives puisqu’en 1999, l’Ilot Fleurie a dû céder la place à un ensemble résidentiel collectif et a été déplacé sous les voies de l’autoroute Dufferin.
58On reste dans le domaine végétal avec Gilles Sénécal et Diane Saint-Laurent qui s’intéressent aux friches et aux parcs. Les friches urbaines de Montréal, comme celles de la plupart des grandes villes industrielles, sont depuis longtemps des lieux de projection aménagiste. Le contraste entre la friche, espace dégradé et sans valeur, et le parc, espace vert et de qualité, sert de révélateur : la volonté de renaturaliser la ville trouve ici son champ d’application. Les auteurs estiment que les friches revêtraient une pertinence sociale accrue si elles étaient comprises à l’intérieur d’un système d’espaces libres et s’inséraient dans l’habitat ou dans les zones industrielles pour constituer une trame verte. Mais nombre d’entre elles attendent des propositions...
59La troisième partie aborde la question des appropriations territoriales : les places, parcs et jardins, sont des espaces privilégiés de sociabilité qui favorisent les cohabitations multiples mais génèrent aussi des dérives, posant de sérieux problèmes de gestion urbaine. Hélène Laperrière et Florence Paulhiac étudient la relation nature-culture à partir du réseau cyclable de l’agglomération montréalaise présenté comme un des plus vastes en milieu urbain d’Amérique du Nord. La constitution du réseau à partir de divers projets permettant la redécouverte et l’appropriation de sites urbains présente une portée culturelle et patrimoniale. L’intégration de corridors récréatifs comme ceux prévus à Longueil avec la réorganisation de la trame viaire entraîne la création d’un double réseau de déplacements. La formule Vélo-culture initiée à Montréal en 1996 agrémente les parcours cyclistes par la découverte de lieux culturels. Le "Tour de l’île" rassemble 45 000 cyclistes au début du mois de juin pour un périple qui, de place en place, se termine par un pique-nique dans un grand parc de la ville.
60À l’inverse des appropriations de lieux urbains organisées par Vélo-culture, les difficultés d’intégration des jeunes de la rue à Montréal sont analysées par Michel Parazelli. L’histoire de ces jeunes qui se retrouvent dans le faubourg Saint-Laurent a été marquée par la violence, l’abandon et les ruptures avec le monde institutionnel. À la recherche d’un ailleurs mythique, ils tentent, en s’appropriant des portions d’espaces publics, d’acquérir une existence sociale qu’ils n’ont pas eue dans leur milieu d’origine. Nombre d’entre eux, ne pouvant occuper une position géographique stable, sont en errance, sans fin ni but et vivent dans un "no man’s land" en violation des usages habituels des lieux publics et privés. Leur marge de manœuvre et leur possibilité d’occuper ces lieux étant de plus en plus réglementées, ils sont contraints à des stratégies complexes de repli ou de révolte.
61Retour à Québec avec Jacques Faget qui présente une dialectique du désordre et de l’ordre autour de la place d’Youville. La permanence de conflits sur ce lieu entre jeunes marginaux, policiers et pouvoirs publics est l’occasion de préciser les mécanismes de mise en scène des désordres qui surévaluent, selon l’auteur, leur degré de gravité réelle. Ces désordres nourrissant des représentations prennent trois formes principales, trafic de drogue, émeutes de la Saint-Jean et incivilités, qui engendrent une mise en scène de l’ordre fondée sur une politique de sécurisation et de réaménagement fonctionnel de la place. Ce lieu public est alors le théâtre d’un jeu subtil qui, en combinant les éléments préventifs et répressifs, n’exclut pas les jeunes marginaux mais les empêche de s’approprier l’espace. Le spectacle n’est jamais terminé car le caractère scénique de la place est toujours de nature à stimuler les jeunes en recherche d’identité.
62Laissant Québec et Montréal, Marc Brosseau et André Cellard étudient les conduites et les consommations d’alcool dans la ville frontière de Hull qui jouxte la capitale fédérale d’Ottawa située en Ontario, de l’autre côté du fleuve. Les liens transfrontaliers entre l’Ontario et le Québec ont été la source de tensions qui se manifestent sur l’espace public de la "strip" de Hull. La tolérance différentielle en matière de consommation d’alcool entre les deux provinces a contribué à faire de la ville québécoise un lieu d’attraction et de prédilection pour les Ontariens. Surnommé le "Petit Chicago", Hull voit la progression constante des débits de boisson dans la première moitié du siècle avant que l’ère des discos et des brasseries ne s’installe après 1970. Cherchant à lutter contre les effets néfastes de ces pratiques sur l’image de la ville, les autorités locales imposent de nouvelles réglementations à partir de 1980, entraînant la fermeture de plusieurs bars. En participant à l’effacement relatif de la frontière, ces changements modifient l’usage des espaces publics et des rapports entre territoires de la quotidienneté et identités culturelles.
63Ainsi, sans prétendre aborder tous les thèmes majeurs liés à la construction des sites, aux espaces publics, à leur aménagement et leur appropriation, cet ouvrage propose dans une perspective pluridisciplinaire un large éventail de recherches, intéressant les élus, les aménageurs, les urbanistes, les architectes, les opérateurs urbains et bien sûr les usagers. Ces derniers ne sont pas les simples utilisateurs d’espaces pensés pour eux, ils participent parfois à leur conception et sont toujours les acteurs de leur appropriation.
Toponymie
64L’odonyme d’un lieu est la façon de le désigner et de le distinguer des autres lieux. Il est formé de deux éléments :
le générique, qui identifie de façon générale la nature de la voie de communication ou de l’espace (exemple : square Saint-Louis) ;
le spécifique, qui identifie le lieu d’une manière particulière (exemple : square Saint-Louis).
65Les termes "parc", "square" et "place" sont des génériques. On doit noter qu’à Montréal, selon les périodes, les différents génériques ont été employés avec plus ou moins de rigueur.
66De plus, les deux principales cultures, la française et l’anglo-saxonne, ont marqué la toponymie de Montréal et certains génériques homographes n’ont pas exactement le même sens d’une langue à l’autre.
67Définitions de la Commission de toponymie de Montréal :
Place : Espace découvert, généralement assez vaste, sur lequel débouchent plusieurs voies de circulation, la plupart du temps entouré de constructions et pouvant comporter un monument, une fontaine, des arbres ou autres éléments de verdure. L’usage qui consiste à désigner par le mot "place" un immeuble ou un ensemble d’immeubles commerciaux ou autres, n’est pas admis.
Square : petit jardin public, généralement situé sur une place et entouré d’une grille.
Carré : Place publique ou espace découvert de forme quadrangulaire. Usage circonscrit à quelques endroits, mais traduction erronée du terme anglais "square" qui est synonyme de "place" en français.
Parc : Terrain clos planté de bois, disposé en vue de l’agrément ou de la chasse, entourant une habitation importante ou aménagé dans une ville.
68Source : Collectif d’animation urbaine L’autre Montréal.
Notes de bas de page
1 Voir notamment : L’institutionnalisation du territoire au Canada, (Augustin J.-P., éd.), coédition des Presses de l’université Laval et des Presses de l’université de Bordeaux, 1996, 242 p. - La culture du sport au Québec, (Augustin J.-P. et Sorbets C., éds.), Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1996, 262 p. - Modernité et tradition au Canada, (Augustin J.-P. et Berdoulay V., éds.), Paris, L’Harmattan, 1997, 222 p. - Lieux culturels et contextes de villes, (Augustin J.-P. et Latouche D., éds.), Bordeaux, MSHA, 1998,214 p.
2 G. Dupuy, L’urbanisme des réseaux, Paris, Armand Colin, 1991, 198 p.
3 G. Burgel, La ville aujourd’hui, Paris, Hachette. 1993.
4 F. Choay, Le règne de l’urbain et la mort de la ville, in La ville, art et architecture en Europe, 1870-1993, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1994, p. 26-35
5 B. Huet, Le hasard et la nécessité sont la loi du projet urbain. Entretiens avec F. Edelmann. Journal Le Monde du 23/11/1993, p. 2.
6 Ch. Devillers, Le projet urbain. Conférence, Paris, Pavillon de l’Arsenal, 1994. 18 p.
7 F. Tomas, Le projet urbain et la forme urbaine, séminaire de l’URA 260, Toulouse, CNRS, 1994, 18 p.
8 M. Castells, L’ère de l’information, tome 1, La société en réseaux, Paris, Fayard, 1998.
9 D. Pinson, Des banlieues et des villes, Paris, Les éditions ouvrières, 1992.
10 F. Lyotard, La condition post-moderne, Paris, 1977.
11 C. Jenks, The Language of Post-Modem Architecture, Londres, 1977.
12 F. Choay, Post-moderne, in Merlin P. et Choay F., Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, PUF, 1988, p. 529.
13 J.-P. Leresche, D. Joye et M. Bassand, éds., Métropolisations. Interdépendances mondiales et implications lémaniques, Genève, Georg, 1995.
14 L. S. Bourne et B.F. Ley, éds, The Changing Social Geography of Canadian Cities, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1993, 487 p.
15 F. Ascher, Métapolis ou l’avenir des villes, Paris, Odile Jacob, 1995.
16 O. Mongin, Vers la troisième ville, Questions de société, Paris, Hachette, 1995.
17 G. Dubois-Taine et Y. Chalas, éds., La ville émergente, Paris, éd. de l’Aube, 1997.
18 De la ville à la mégalopole : essor ou déclin des villes au xxie siècle ? no 35, Techniques, Territoires et Sociétés, Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, 1998.
19 J. Habermas, L’espace public, Paris, Payot, 1986.
20 "La gestion des espaces publics et la construction sociale de l’urbanité". Appel d’offre du Plan Urbain, décembre 1989.
21 Voir en particulier le numéro 57-58 (mars 1993) de la revue Les Annales de la Recherche Urbaine intitulée "Espaces publics en villes" et l’ouvrage Prendre place : espace public et culture dramatique, colloque de Cerisy, textes réunis par Isaac Jacob, Paris, Editions Recherche-Plan Urbain, 1995.
22 P. Sansot, Jardins publics, Paris, Payot, 1993.
23 V. Berdoulay et N. Entrikin, Lieu et sujet, perspectives théoriques, L’espace géographique, 2, 1998, p. 111-121.
24 J. Lévy, L’espace légitime. Sur la dimension géographique de la fonction politique, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994.
25 C. Dettante, Grande histoire de la ville, Paris, Armand Colin, 1997.
26 J.-P. Muret, Parc, in Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, op. cit., p. 459-461.
27 J.-C. N. Forestier, Grandes villes et système de Parcs, Paris, éd. Norma, 1997, réédition du texte de 1908 présenté par B. Leclerc et S. Tarrago.
28 E. Adamkiewics et coll., Sportifs en rue, Les Annales de la recherche urbaine, 57-58, 1993, p. 159-164.
29 S. Cranz, The Politics of Park Design, Cambridge, MIT Press, 1982.
30 G. Van Zuylen, Tous les jardins du monde, Paris, Gallimard, 1994.
31 C. Forest et P. Bavoux, En passant par le centre. CERFISE, Plan urbain, Paris, 1989.
32 J. Jacobs, The Death and Life of the Great American Cities, New York, Random House, 1961.
33 J. Mercier, On Continentalism, Distinctiveness and Comparative Urban Geography : Canadian and American Cities, in Canadian Geographer, XXIII, 1979.
34 T. Paquot, Villes canadiennes, in Le monde des villes, panorama urbain de la planète, Paris, éd. Complexe, 1996, p. 266-267.
35 L.S. Bourne et B.F. Ley, eds, The Changing Social Geography of Canadian Cities, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1993, 487 p.
36 J. Caufield, City Form and Everyday Life. Toronto’s Gentrification and Criticai Social Practice, University of Toronto Press, 1994, 254 p. Voir aussi : Rybczynski W. City Life, Toronto, Harper Perennial, 1996.
37 L. Turgeon et coll., éds., Les espaces de l’identité, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1997.
38 L. Noppen, éd., Architecture, forme urbaine et identité collective, Québec, éd. du Septentrion, 1995.
39 P. Korosec-Serfaty, Étrangeté et différence dans l’espace public. Le cas de Montréal, in Joseph I., Prendre place : espace public et culture dramatique, Paris, éd. Recherche-Plan urbain, 1995, p. 221-234.
40 J.-P. Augustin, Le réseau souterrain de Montréal, no 40, Études canadiennes, 1996, p. 65-77.
41 M. Boisvert et P. Lewis, D’un urbanisme souterrain à un urbanisme tridimensionnel, in Espace et urbanisme souterrains, 6ème conférence internationale, Paris La Villette, 1995, Laboratoire Théorie des Mutations Urbaines (GDR 1101 Sol urbain).
42 A. Germain et D. Latouche, Grandeur et misère d’un art en représentation : l’architecture montréalaise et la construction de l’espace public. Recherches sociographiques, 2, 1992, p. 179-203.
43 D. Latouche. La ville dans ses rapports à la culture et aux arts. Le cas des équipements culturels à Montréal, in Germain A. L’aménagement urbain : promesses et défis, Institut québécois de recherche sur la culture, 1991, p. 200-225. Voir aussi : H. Laperrière, De la ville à l’urbain, Réflexions sur la notion de cadre de vie comme support de l’action culturelle, INRS-urbanisation, 1995, 56 p.
44 A. Germain, B. Blanc, J. Charbonneau et F. Dansereau, L’expérience de l’espace public en quartier pluri-éthnique. Rassemblement et segmentation ? INRS-urbanisation, 1993, 8 p.
45 U. Hannerz, Explorer la ville, Paris, éd. de Minuit, 1983.
46 Y. Bergeron. Les places et halles de marché en Québec, Publication du Québec, 1993.
J. Delaplante, Les parcs de Montréal des origines à nos jours, Montréal, Méridien, 1990.
La place publique dans la ville contemporaine, Montréal, Méridien, 1995.
Les parcs de Montréal, revue Quatre Temps, 16, 1992.
La public et ses domaines, revue Trames, 7, 1993.
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