Intervention de Jacques Marchand
p. 17-19
Texte intégral
Intervention de Jacques MARCHAND
Président Honoraire de l’U.S.J.S.F.
1Je ne suis pas là pour compléter l'exposé de Jean-Paul Schneider mais simplement pour vous apporter peut-être une information supplémentaire, sur la présence et la collaboration des journalistes à l'Université depuis 11 ans. C'est vrai que nous, journalistes sportifs réunis dans notre Union Syndicale, avions déjà préconisé l'ouverture vers d'autres familles du sport. Nous avons pensé, qu'il était nécessaire un jour de se rencontrer avec des universitaires, pour confronter nos réflexions et discuter des problèmes du sport, comme cela vous a été raconté ; cette première expérience ayant réussi, nous l'avons renouvelée, et depuis 11 ans nous nous retrouvons.
2Alors je crois qu'il y a une raison, comme l'a dit Jean-Paul Schneider tout à l'heure, nous avons ressenti, les uns et les autres, la nécessité de ces rencontres. L'Union Syndicale des Journalistes de sport trouve l'appui de ses sections régionales, puisqu'elle a une implantation régionale extrêmement importante. Aujourd'hui, par exemple, je suis très content de me retrouver avec le Président de notre section de Provence, André De Rocca qui est parmi nous et qui sera demain le principal intervenant d'un sujet qui nous touche évidemment de près, c'est-à-dire, le rôle de la presse dans le phénomène de fêtes dans le sport.
3Nous nous faisons une fête de nous retrouver avec des dirigeants des Clubs Universitaires, avec des enseignants. Notre confrontation est devenue un rendez-vous annuel que nous attendons chaque fois avec pas mal d'impatience. Alors, est-ce une nécessité ? Est-ce un plaisir que nous nous faisons ? Je me suis souvent interrogé de savoir si c'était original de notre part, mais il se trouve que je suis engagé et impliqué dans les cérémonies qui vont s'ouvrir la semaine prochaine, pour le Centenaire de la rénovation des Jeux et de l'appel de Pierre de Coubertin, puisque vous savez que c’est en 1894 exactement que Pierre de Coubertin a fait adopter le principe de la rénovation des jeux, qui allaient effectivement être organisés 2 ans plus tard en 96, à Athènes. Il se trouve que dans le travail préparatoire de ce congrès du C.I.O., parce que je m'aperçois que les conclusions ont déjà été très travaillées, puisque j'ai été appelé une ou deux fois à Lausanne, à siéger d’abord avec des confrères de tous les pays du monde, puis une autre fois, avec des spécialistes de l'olympisme, des spécialistes de Coubertin, du monde entier, il y avait là effectivement des représentants des Chinois, des professeurs de l’Université américaine, des Africains, etc.
4A ma surprise, mais avec plaisir, l'un des représentants, c'était un professeur américain, me dit à un certain moment : "Mais pourquoi les journalistes n'ouvrent-ils pas des colloques et même une sorte d'université avec des universitaires comme nous ? Seriez-vous d'accord ?". J'ai répondu "oui, pourquoi pas", et j'ai ajouté très modestement : "c'est ce que nous faisons en France depuis 10 ans". C'est tout, c'est une simple remarque, qui me fait réfléchir depuis, parce que je me dis que si finalement nous l'avons fait en France, si nous avons répondu à cette nécessité, si à l'autre bout du monde une réflexion identique m'est faite, c'est que là, ça va plus loin que le plaisir de nous retrouver. C'est peut-être une nécessité mais je n'en ai pas encore parlé à mes amis de l'Université d'Eté ; cela ouvre des horizons...
5Je me demande si au-delà de nous, après nous, enfin tout au moins après moi, puisque je suis le plus âgé ici, on n'aura pas un jour des Universités d'Eté internationales. Nous avions commencé à Lille d'ailleurs. Lille c'était l'Europe, nous avions des représentants de plusieurs pays et je me demande, à l'avenir, s'il n'y aura pas une université d'été, je dirai mondiale. C'est une perspective en tout cas, et ce que je peux vous promettre, comme je serai rapporteur de l'un des quatre thèmes du Congrès que, bien sûr, j'ai noté la réflexion de ces professeurs, de ces universitaires américains que je ne manquerai pas de mentionner dans le rapport final dont je suis chargé devant le Congrès du C.I.O. Je dirai moi-même qu'il apparaît nécessaire d'organiser des rencontres sur le plan mondial entre responsables universitaires, universitaires connaissant bien les problèmes de sport, il va sans dire. Les journalistes de sport et leurs interlocuteurs en tireront avantage. Je voudrais terminer simplement par une remarque, je n'ai pas l'érudition de Jean-Paul Schneider, inutile de vous dire que je ne vais pas remonter dans l'histoire pour vous parler de la fête. Simplement, j'ai eu la curiosité puisque j'étais penché sur ce problème, de chercher, si dans son œuvre, Pierre de Coubertin avait eu l'occasion de parler de fêtes, et de donner une définition de la fête. A ma grande surprise, il en parle très peu. C'est un mot qu'il utilise très peu mais quand il l'utilise, il le fait dans des circonstances qui ont bien été précisées par Jean-Paul Schneider, c'est-à dire comme fête institutionnelle, mais tout de même, j'ai retenu cette phrase parce que là aussi, elle pose un certain problème et elle ne manque pas peut-être aujourd'hui d'une certaine ironie sinon d'humour. Il dit : "La meilleure façon pour les amis de l’olympisme de le servir, c'est que chacun s'emploie dans la mesure où il le peut, à obtenir dans l'intervalle d'une olympiade à l'autre, qu'un silence relatif s'établisse autour des exploits musculaires, ainsi les jeux seront ce qu'ils doivent être, et seulement cela, la fête quadriennale du printemps humain universel mais d'un printemps ordonné et rythmé dont la sève demeure au service de l'esprit".
6Nous n'avons pas respecté la pensée de Coubertin car nous parlons beaucoup de performances musculaires, même dans l'intervalle des jeux. Si les jeux doivent être la seule fête musculaire, on est loin de cela et on aura l'occasion demain avec André de Rocca d'expliquer combien actuellement pour des raisons qui sont des raisons médiatiques, qui sont des raisons économiques, et les deux se mélangent souvent, on multiplie les fêtes, on multiplie les épreuves et on multiplie ce que Coubertin appelle les "exploits musculaires".
7Comme je suis co-responsable de l'horaire et que précisément nous allons enchaîner demain sur ce thème, je me permettrai d'en terminer là, et je crois que nous allons faire une interruption de séance pour changer un petit peu l'estrade. Dans une dizaine de minutes si vous le voulez bien, nous pourrons aborder le premier thème. Je vous remercie.
Auteur
Président Honoraire de l’U.S.J.S.F.
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