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Les Écoles centrales

L’organisation des collections

p. 474-499


Texte intégral

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1L’étude de la formation des collections naturalistes départementales donne une image assez homogène de l’histoire naturelle dans les Écoles centrales : vers 1800, presque toutes disposent de jardins botaniques et de cabinets naturalistes ; les collections sont toutes constituées au gré des opportunités locales, mais selon des modalités assez semblables ; les herborisations sont partout multipliées dans les campagnes ; le Muséum parisien pourvoit à l’enrichissement de la plupart d’entre elles de manière équitable malgré quelques notables exceptions. Pourtant, à y regarder de plus près, ces collections départementales sont très différentes aussi bien par leur contenu que par leur ordonnancement. On le repère immédiatement par la lecture de leurs inventaires — catalogues méthodiques imprimés pour les jardins botaniques275 et catalogues manuscrits, généralement rédigés à la suppression des Écoles centrales, pour les cabinets276. Deux questions se posent alors : comment distinguer une collection médiocre d’une autre mieux fournie ? Le Muséum national d’Histoire naturelle sert-il de modèle pour ces collections ? Pour y répondre, on propose de comparer la richesse des cabinets et jardins centraliens, puis leur classement en regard de l’ordonnancement du Muséum et, enfin, leurs manières de dire l’espace entre l’échelle départementale et l’échelle du monde.

DE PRESQUE RIEN À PRESQUE TOUT

2Il est assez facile de juger de l’importance des jardins botaniques : le simple décompte du nombre d’espèces est un indicateur commode qui permet d’apprécier l’ampleur relative des collections. L’inventaire, on l’a vu souvent, est une nécessité pour le botaniste d’autant que les correspondants, à l’image de Thouin, demandent souvent des catalogues de plantes avant de procéder à des envois. Ces dénombrements, souvent exposés dans les préfaces des catalogues de jardins — essentiellement rédigés dans les années 1800-1805 — peuvent être mis en liste dans l’ordre croissant du nombre des espèces.

Hiérarchie des jardins botaniques vers 1800. Par nombre d’espèces (les jardins de Montpellier et de Strasbourg dépendent d’Écoles de santé).

LIEU

DATE

NOMBRE ESPÈCES

Aubusson

an IX

531

Bourg

 ?

700

Porrentruy

 ?

735 pour les jardins (dont 287 pour le jardin botanique)

Besançon

an VIII

1 000

Anvers

1802

1 152

Saint-Brieuc

1805

1 200

Roanne

an IX

1 592

Niort

 ?

1 000 ou 1 800

Lille

1796

1 800

Versailles

 ?

environ 2 000

Avranches

an VIII ; an X

800 (an VIII) ; 2 350 (an X)

Bordeaux

1784 ; 1802

674 (1784) ; 2 400 (1802)

Rennes

v. 1805

2 800

Strasbourg

1766 ; 1781 ; 1807

2 200 (1766) ; 2 900 (1781) ; 3 000 (1807)

Nancy

an XII

environ 3 150

Lyon

1802

4 000

Montpellier

1804

2 200 (1766) ; 4 000 « plantes » (1804) ; 5 500 « plantes » (1813)

Cologne

 ?

4 000 (suspect)

Épinal

 ?

5 000 (suspect)

3Les deux derniers chiffres sont suspects. Dans le cas vosgien, Gérardin, pas peu fier de ses relations avec les professeurs du Muséum, livre un décompte approximatif et, de toute évidence, exagéré. Ce classement offre néanmoins peu de surprises. Chacun de ces jardins renferme au total entre 500 et 4 000 espèces autour de 1800, soit entre un dixième et les deux tiers des 6 000 espèces de l’École de botanique du Jardin des plantes. On repère également deux seuils : en dessous de 1 000 espèces, le jardin est réputé médiocre ; au dessus de 2 000, il s’agit d’une belle collection botanique. Il est difficile de se faire une idée un peu précise de l’évolution du nombre d’espèces dans les jardins botaniques, centraliens ou non, entre 1790 et 1800. À Strasbourg, la baisse paraît sensible, tandis que les jardins de Montpellier ou de Bordeaux renferment davantage d’espèces botaniques au sortir de la Révolution qu’à sa veille277.

4Pour les cabinets centraliens, on chercherait vainement une unité de mesure comparable. Les plus modestes se définissent par ce qui leur manque : des mammifères ou des oiseaux. À Bruxelles, Cologne, Troyes, Roanne, Limoges ou Angoulême, les petites collections renferment toujours des minéraux et des coquilles, parfois des fossiles, plus rarement quelques animaux naturalisés278. À Rouen, le préfet Beugnot décrit le cabinet départemental : « nous sommes pauvres en tout, mais surtout en quadrupèdes et volatiles étrangers »279. Les animaux empaillés constituent en effet un seuil : leur absence témoigne d’une collection généralement réduite aux seules collectes et aux envois minéralogiques et conchyliologiques du Muséum ; leur présence indique au contraire un cabinet assez riche, comprendre, comme on l’écrit pour Bruges, Nancy ou Lyon, suffisant pour l’instruction dans les Écoles centrales280. Il est vrai que ces collections zoologiques requièrent un savoir-faire, celui de l’empailleur. Parfois, les objets arrivent du Muséum déjà préparés comme à Beauvais281. Mais, plus souvent, les professeurs ou des artisans se chargent de la naturalisation comme à Angers, où un certain Cottin, peintre en bâtiment et ancien employé du cabinet de Mauduyt, monte les oiseaux indigènes, tandis qu’à Nancy ou Mons, les préparateurs se forment aux procédés chimiques du nancéen Nicolas ou suivent les conseils de préparation d’Étienne-François Turgot282. Mais cela a un coût pour les Écoles. À Porrentruy, le professeur Lémane se plaint du peu de moyens mis à sa disposition pour empailler les animaux283 :

Nous n’avons que quelques petits mammifères empaillés ; les oiseaux, nous les empaillons tant bien que mal ; et je jalouserais bien volontiers le talent des fameux artistes des magnifiques cabinets d’ornithologie de Paris. S’ils m’envoyaient au moins un peu de leur onguent que je soupçonne être composé de poudre de chaux vive, de poivre, de camphre et de sublimé corrosif, afin de faire éviter à notre petite collection l’attaque des mites et des scarabées disséqueurs. (Je n’oserais pas leur demander des yeux d’émail).

5Il ne faut en effet pas s’y tromper. Dans les Écoles centrales, la spécialisation des collections en minéralogie ou en conchyliologie est un leurre. Elle ne répond pas à un projet de savoir, mais révèle un manque de moyens.

6Pour les cabinets les plus riches, il reste parfois un inventaire détaillé réalisé, le plus souvent, au moment de la suppression de l’École centrale. Au Mans, en l’an X, le cabinet se compose d’un peu moins de 600 minéraux et fossiles, d’environ 150 échantillons de racines, bois, écorces, gommes et résines, d’un petit herbier, de 273 coquilles, de 20 animaux, et d’un ensemble d’objets précieux comme une « améthyste montée en or pour bague épiscopale »284. À Gand, le cabinet « réunit, en objets zoologiques, des mammifères, des amphibies, une collection assez belle d’oiseaux d’Amérique et d’oiseaux indigènes, une collection de mollusques, de testacées, quelques insectes ; une collection de zoophytes, et une autre assez riche de minéraux »285. À Nancy, quelques mammifères empaillés côtoient les « principaux oiseaux », des ovipares, des poissons marins, des coquilles et des madrépores, des minéraux et des métaux, mais aussi des curiosités comme un « bézoard de cheval », « une corne de cerf monstrueuse » et une autre de rhinocéros, un espadon, « une scie », une mâchoire de requin, « un singe dans de l’esprit de vin » et un « os de Mahmoud »286. À Besançon, le règne minéral se compose de « presque toutes les productions minérales de la République » et de la « collection entière de toutes les figures de cristaux » en terre cuite, mais également d’« ouvrages de l’art en minéraux »287. Pour la partie animale, outre de nombreux quadrupèdes et ovipares indigènes, on relève un marsouin, un pangolin, un paresseux et trois tatous, diverses espèces de tortues, des lézards d’Afrique et un petit crocodile, des insectes, principalement de la province, ainsi qu’un « fort bel assortiment de 968 coquilles de mer et 97 polypiers et madrépores », sans oublier quelques curiosités comme un bec d’autruche, un requin, des poissons-volants, quatre défenses de poisson-scie et une de narval. En botanique, la collection, plus pauvre, rassemble un ensemble de tous les bois de la région, des cocos des Maldives et d’Amérique, des écorces de bois exotiques, des cadres renfermant des fucus et des pensées mais également quelques artefacts. Ces cabinets assez importants auxquels on pourrait en ajouter d’autres comme ceux de Bruges, Avranches, Rennes, Amiens voire Colmar, Niort ou Épinal, disposent tous de spécimens des trois règnes, de quelques dizaines de mammifères et d’oiseaux naturalisés et de curiosités naturelles ou artificielles288. Lorsque manquent des espèces importantes, les professeurs recourent à des substituts : à Angoulême, quelques gravures d’un ouvrage de Ventenat permettent de compléter la collection de botanique sèche289 ; à Bruges et à Bruxelles les planches illuminées de l’Histoire naturelle de Buffon comblent les vides de la collection zoologique290. D’ailleurs à Lille comme à Porrentruy, les planches de Buffon sont réclamées, sous la forme d’une supplique pour la seconde : « Ah ! combien je remercierais le gouvernement s’il m’envoyait au moins la collection des planches coloriées des oiseaux de Buffon ! Il est si riche et nous sommes si pauvres ; et il aime le progrès des sciences »291. L’histoire naturelle buffonienne, si dédaignée dans les grandes institutions savantes autour de 1800, doit encore servir dans les établissements scolaires de province.

7Les collections départementales sont jugées avec complaisance par les autorités administratives. Ainsi, le préfet Imbert écrit au ministre de l’Intérieur que le jardin botanique de Roanne « est un des plus riches, des mieux soignés »292. Pourtant, à cette époque, il ne renferme qu’environ 1 500 espèces, ce qui le rend assez médiocre. Les monographies locales reprennent souvent à bon compte ces jugements élogieux. Il semble pourtant qu’il ne faut pas y accorder trop d’importance, ni même chercher une part de vérité dans ces propos hâbleurs, mais plutôt tenter d’y dégager une rhétorique des grandeurs provinciales. Les cabinets naturalistes, s’ils sont ouverts au public, sont parfois des hauts-lieux indiqués aux étrangers de passage. Ainsi, à propos du cabinet de l’École centrale de Beauvais, le préfet Cambry écrit qu’un « voyageur curieux ne peut passer à Beauvais sans visiter cette réunion considérable et précieuse d’insectes et d’oiseaux parfaitement conservés » : « il en est qu’on ne trouve pas dans le muséum de Paris »293. Ici comme ailleurs, le Muséum parisien sert de mètre étalon de la grandeur provinciale. En 1795, Noël, rédacteur du Journal de Rouen, écrit que la ville possède « un Jardin botanique qui peut passer pour le premier de France après celui de Paris »294. En 1798, l’administration du Maine-et-Loire s’enorgueillit du jardin botanique d’Angers regardé « par les connaisseurs comme étant après celui des Plantes de Paris, le plus curieux, le plus utilement placé, le plus riche en arbustes et en plantes tant indigènes qu’exotiques, et le mieux administré »295. En 1803, Justin Lamoureux indique à son tour que le jardin nancéen « peut être regardé comme un des plus beaux de la République après celui de Paris »296. Les professeurs d’histoire naturelle comme les publicistes ou les administrateurs invoquent également la bonne réputation de leurs collections. À Maastricht, la collection départementale dispose d’ossements découverts dans les carrières avoisinantes de la Montagne Saint-Pierre et déposés à l’École par le préfet que Minckelers, qui fait « fonction de professeur d’histoire naturelle », remercie en octobre 1800 : « le vif intérêt que vous portez à l’instruction publique et à l’honneur de ce département, a enrichi le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale d’une collection d’ossements fossiles dont, à ce qu’assurent des personnes très dignes de foi, le Muséum national de France ne renferme rien de semblable », notamment une immense pétrification « d’une valeur extraordinaire, assez importante pour attirer le célèbre naturaliste Lacépède à Maastricht »297. Ici à Maastricht comme à Beauvais, Angers, Rouen ou Nancy, c’est bien au miroir des collections nationales que se jugent celles des départements. C’est ainsi que dans les rivalités provinciales, la référence est toujours parisienne.

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Le Vautour de Buffon Planche de Martinet extraite de l’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon (vol. 1, 1771) Cliché Bibliothèque centrale, MNHN.

LA MISE EN ORDRE DES COLLECTIONS

8Les sources provinciales accordent peu de place à l’ordonnancement des collections. Rapporté à la fièvre classificatrice qui dévore l’Europe dans la seconde moitié du xviiie siècle ou aux descriptions du Muséum parisien autour de 1800, le contraste est frappant. À l’image du Jardin des plantes parisien, ceux des Écoles centrales renferment souvent plusieurs jardins spécialisés. À Gand, vers 1801, l’école de botanique jouxte un jardin d’agrément dont les allées irrégulières, ornées des statues de Flore et de Cérès, sont destinées à la promenade, mais aussi une pépinière de résineux, une orangerie et des serres298. À Bruges, le terrain, d’une « vaste étendue », renferme une école botanique et une autre partie, « plus considérable, [qui] sert de pépinière et de jardin d’agrément »299. À Porrentruy, le terrain est partagé en « deux parties, savoir un jardin de médecine et un jardin de botanique » avec, à proximité, une petite pépinière d’arbrisseaux300. Le professeur Lémane projette encore d’y installer une école des plantes utiles et un théâtre de fleurs. De même, à Dijon, le jardin est divisé par le professeur Vallot entre un carré destiné aux démonstrations, un autre pour les plantes officinales et un arboretum301. À Nancy, le jardin botanique se compose d’une école de botanique, d’une pépinière, de plusieurs serres et, plus novateur, d’une « montagne […] pour les plantes alpines et subalpines » où Willemet place des espèces arrivées des Vosges et de Suisse302. À Lyon, les 335 ares du clos de l’ancienne abbaye de la Déserte abritent une école de botanique, une pépinière départementale, un jardin de fleurs, un parc arboré appelé « école des plantes ligneuses », une école d’agriculture et une orangerie303. De même à Versailles, l’ancien Potager du roi est partagé entre une école d’agriculture et un jardin des plantes officinales, tous deux dépendants de la Société d’agriculture, une école de botanique à la disposition de l’École centrale, et une « pépinière-fruitière » attribuée privativement à Antoine Richard « à condition qu’il y réunirait une collection de variétés de fruits, les plus rares et les meilleurs afin d’éclairer le choix des planteurs »304. Dans ces grands jardins départementaux, on rencontre ainsi presque toujours une école de botanique, des serres et une orangerie et, parfois, une pépinière, une école d’agriculture, un jardin des simples ou un parc floral. Ce partage fait penser, avec ses variations locales, à celui adopté anciennement au Jardin des plantes.

9Est-ce à dire que le modèle parisien ait été adopté dans les départements ? Les plans des jardins botaniques des Écoles centrales de Bruxelles, Porrentruy, Lyon, Roanne, Poitiers et Niort sont parvenus jusqu’à nous305. Prenons deux exemples. D’après le schéma du jardin botanique de Roanne, sa surface d’environ 105 ares est partagée géométriquement entre une école de botanique, une école des arbres fruitiers, une pépinière, une collection de vignes, une orangerie et des serres chaudes. À l’exception du bassin circulaire destiné à l’entretien des plantes exotiques qui rappelle la pièce d’eau du Jardin des plantes, le modèle parisien n’a pas été adopté à Roanne. Le cas de Niort est très différent. Le plan du jardin, fondé en l’an VII, sur les bords de la Sèvre, a été dessiné par un élève centralien l’année suivante. Il ressemble au Jardin des plantes parisien en modèle réduit. Sur un terrain d’une superficie totale de 146 ares, on dispose au Sud-Ouest une butte surmontée d’un labyrinthe, des serres et, dans ce qui était la chapelle, une orangerie, un jardin de simples, un parterre de fleurs et un jardin des semis. Au Nord-Est, on plante un grand parc boisé et, dans la partie centrale, on plante une pépinière, un jardin pour les essais de culture et une école de botanique. Ce jardin, création entièrement nouvelle, est certes seize fois plus petit que celui de Paris, mais il en reprend le modèle et le découpage avec son jardin des semis et, surtout, son labyrinthe, image symbole du jardin parisien. L’orientation même de la feuille du plan qui dispose la rivière Sèvre en haut, comme la Seine borde le Muséum au Nord est une citation de la disposition adoptée dans la capitale. Le cas de Niort est sans doute assez exceptionnel, mais certains traits du modèle parisien sont également repris à Lyon ou à Porrentruy.

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Le jardin botanique de Niort
École centrale des Deux-Sèvres. Plan de l’an VIII [1799/1800]. D’après Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest… de Gaston Coirault (1940).

10Au sein des Écoles centrales, comme partout ailleurs, les écoles de botanique sont disposées selon un ordre méthodique ou systématique. Dans la France de la seconde moitié du xviiie siècle, trois formes de classification dominent : la méthode de Tournefort, le système de Linné et la méthode de Jussieu. Mais les jardins ne sont pas des livres et on y trouve rarement, à même le sol, l’application stricte des classifications livresques. L’ordre des livres et celui des jardins peuvent être semblables ; ils ne sont presque jamais identiques. Les classements sont toujours adaptés, en fonction des conditions naturelles du lieu, des contraintes spatiales, des désirs de distinction du directeur et, surtout, des usages particuliers. À propos du jardin botanique de Bonn, Armand-Gaston Camus observe ainsi que « dans la disposition des plantes, on a suivi le système de Linné, mais en séparant pour la culture, les arbres, les arbustes et les plantes. On a introduit la même disposition dans plusieurs nouveaux jardins botaniques ; on sauve ainsi le rapprochement d’objets trop disparates à la première vue, celui par exemple, d’une ortie et d’un mûrier. La culture prospère mieux, lorsque des plantes basses ne sont pas privées de la respiration et de la lumière par les branches d’un arbre touffu »306.

11Pour comparer les choix de classification de part et d’autre de la Révolution, il faut d’abord faire le point sur l’ordonnancement des écoles de botanique à la fin de l’Ancien Régime. Sur les 27 collections provinciales alors attestées, le classement d’une dizaine d’entre elles est connu. Le jardin botanique de l’Académie de Dijon est planté selon la méthode du médecin Jean-François Durande, qui dérive de celle de Tournefort307. Celui de l’École de chirurgie de Rochefort suit la méthode de Tournefort et il en va sans doute de même des autres jardins de la Marine à Brest et à Toulon308. Le jardin de la faculté de médecine de Strasbourg suit le système de Linné après l’abandon de la méthode de Tournefort au midi du siècle309. De même, celui de la Société des Botanophiles d’Angers est replanté vers 1790 suivant Linné, là-aussi après que la méthode de Tournefort a été abandonnée310. La classification linnéenne est également adoptée par l’école de botanique de Montpellier reclassée par François Boissier de Sauvages vers le milieu du siècle et par celle de Bordeaux, dont Latapie propose le catalogue en 1784311. La méthode de Jussieu est employée au jardin botanique de Caen, replanté en 1779 par Charles-Nicolas Desmoueux, et dans celui de l’Académie de Toulouse où cette méthode est adoptée vers 1780312. À la veille de la Révolution, au moins quatre jardins provinciaux sont donc classés selon le système de Linné, probablement autant selon Tournefort et seulement deux selon Jussieu. Comme l’indique Pascal Duris, à partir de 1780, les « jardins botaniques commencent à être replantés selon le modèle parisien »313, mais la méthode des familles naturelles s’impose difficilement tandis que celle de Tournefort, bien que déclinante, se maintient encore.

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Ordonnancement des écoles botaniques vers 1789
Infographie Pierre-Yves Lacour.

12Vers 1800, sur les 66 jardins près des Écoles centrales dont l’existence est attestée, l’ordonnancement de seulement seize écoles de botanique est indiqué dans les sources. Le jardin de Dijon, désormais rattaché à l’École centrale, est toujours classé selon la méthode de Durande314. Mais à partir de 1798, les jardins de la Marine longtemps ordonnés suivant Tournefort reçoivent des instructions pour adopter le système de Linné315. Au moins onze autres jardins des Écoles centrales sont en outre ordonnés suivant le système linnéen, ceux d’Angers, Besançon, Bordeaux, Nancy, Nîmes, Roanne, Troyes et, dans les départements annexés, ceux de Bonn, Bruges, Bruxelles et Gand où le buste du naturaliste suédois domine le jardin316. Hors des Écoles centrales, le système linnéen est généralement adopté, au moins les jardins des Écoles de médecine de Strasbourg et Montpellier, dans celui de la Marine à Rochefort et dans celui des Apothicaires à Nantes317. À notre connaissance, seulement trois ou quatre écoles de botanique de jardins centraliens sont classées suivant la méthode de Jussieu, celles d’Avranches, de Niort, de Porrentruy et, probablement, celle de Lyon318.

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Ordonnancement des écoles botaniques vers 1800 Infographie Pierre-Yves Lacour.

13Ces quelques exemples peuvent donner lieu à deux remarques. D’une part, aucune des trois classifications ne préside à l’arrangement de l’ensemble des jardins botaniques des Écoles centrales même si les trois quarts de ceux dont l’ordonnancement est connu suivent Linné. Vers 1800, comme le remarquent L’Héritier et Desfontaines, le système linnéen est « encore le plus généralement suivi »319. Le Muséum parisien, dont l’école de botanique est alors ordonnée selon Jussieu, ne définit pas une norme de classement des jardins provinciaux ou, tout au moins, n’est pas en mesure de l’imposer. D’autre part, pour plusieurs de ces jardins, la même séquence, plus ou moins décalée chronologiquement, se répète : passage de Tournefort à Linné entre 1750 et 1790 ; passage de Linné à Jussieu entre en 1780 et 1810. C’est le cas, exemplaire, de Strasbourg, Toulouse ou Montpellier320. Il est difficile de rendre compte de la prédilection provinciale pour le botaniste suédois atour de 1800. Le Sud-Ouest, le grand Est et la Belgique sont réputés de tradition linnéenne, on l’a vu. Pourtant le jardin de Dijon est ordonné selon Tournefort, tandis que ceux de Porrentruy et de Lyon adoptent la méthode de Jussieu. Quant à l’hypothèse de l’inertie, due aux lenteurs de la replantation des jardins, elle ne peut être évoquée à propos de ceux de Troyes, Roanne, Bruxelles, Gand ou Bonn, créations révolutionnaires classées selon Linné. Ce linnéisme provincial s’explique par des résistances locales au modèle parisien mais surtout par la destination — ou l’usage — de ces jardins. En 1807, Villars, alors professeur de botanique à l’École de médecine de Strasbourg, indique que parmi les trois méthodes, celle de Tournefort, « plus facile », peut servir de propédeutique aux deux autres tandis que la méthode de Jussieu est la plus adaptée à un jardin médicinal, les plantes d’une même famille présentant souvent les mêmes vertus thérapeutiques321.

14Les cabinets d’histoire naturelle sont parfois rattachés à d’autres collections dans ce que l’on appelle parfois un « musée » ou un « muséum »322. Les petites collections peuvent aussi être renfermées dans la bibliothèque avec quelques antiquités comme à Chambéry323, voire dispersées dans plusieurs endroits de l’École comme à Épinal324. Les sources indiquant l’ordonnancement des grands cabinets institutionnels des départements sont rares, exception faite de celui de l’École centrale de Besançon. En l’an XII, le préfet Jean-Antoine-Joseph Debry décrit la collection installée dans trois pièces du bâtiment325 :

Les minéraux y sont rangés d’après le tableau méthodique de Daubenton ; les poissons, d’après celui de la Cépède [sic] ; les coquilles et les polypiers d’après Bryoine [sic] ; les insectes, d’après Geoffroy ; les oiseaux et les quadrupèdes sont trop peu nombreux pour qu’ils aient pu être rangés d’après un ordre méthodique.

15Debry n’est pas naturaliste. Son Mémoire statistique reprend ici la description de la collection proposée par Debesses326. Il apparaît d’abord que les collections d’oiseaux et de quadrupèdes, réduites à quelques objets, n’ont pas besoin d’être classées, ce qui révèle la fonction essentiellement mnémotechnique des classements naturalistes : classer des choses, c’est d’abord une manière de soulager la mémoire. Pour les autres collections, Debry donne trois noms : Daubenton pour la minéralogie, Lacépède pour les poissons et Étienne-Louis Geoffroy pour les insectes327. Ce dernier publie son Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris une première fois en 1762, puis en l’an VII [1798/1799], Daubenton sort son Tableau méthodique des minéraux en l’an IV [1795/1796] et Lacépède son Histoire naturelle des poissons entre l’an VI et l’an XI [1797 et 1803]328. Ainsi, Debesses classe les spécimens du cabinet départemental selon des méthodes contemporaines ou, du moins, révisées peu de temps auparavant.

16L’ordonnancement des collections bisontines peut être interprété à la lumière des auteurs enseignés par le professeur dans ses leçons d’histoire naturelle et des classements contemporains au Muséum. Dans ses cours, Debesses enseigne la minéralogie d’après Daubenton, dont le système « est le plus parfait de ceux qui ont été faits jusqu’à ce jour, le plus aisé à entendre, celui qui se rapproche le plus de la nature… » ; en zoologie, il enseigne l’histoire naturelle des mammifères et des oiseaux d’après Mathurin-Jacques Brisson, celle des reptiles, serpents et poissons d’après Linné, celle des insectes d’après Guillaume-Antoine Olivier et celle des vers d’après Jean-Guillaume Bruguière329. Il ne fait guère preuve d’originalité, ces auteurs étant parmi les plus fréquemment mentionnés dans les cahiers des professeurs des Écoles centrales330. Pourtant, deux des trois méthodes choisies pour classer le cabinet départemental ne sont pas exposées dans son cours. Dans ses leçons, il emploie la méthode d’Olivier et le système de Linné mais il ordonne les collections selon le système de Geoffroy et la méthode de Lacépède. Ainsi, à la différence du Muséum national d’Histoire naturelle, les collections départementales ne sont pas pensées comme des exposés de méthodes naturalistes. Dans son arrangement du cabinet, Debesses mobilise trois classifications, toutes « parisiennes » : Daubenton et Lacépède sont professeurs au Muséum, tandis que Geoffroy est un médecin et collectionneur de la capitale331. Le choix de la classification de ce dernier par Debesses n’est pas évident, d’autant que les insectes du Muséum sont alors classés selon Lamarck. Il est vrai que Geoffroy veut poursuivre l’entreprise systématique de Linné que les savants parisiens jugent trop « arbitraire », et que son système repose sur le recensement des insectes de la seule capitale, alors que le professeur du Doubs l’emploie probablement pour les insectes de la Franche-Comté. Surtout, Geoffroy n’est pas doté d’une position institutionnelle forte, demeurant toute sa vie un « dominé » dans le milieu naturaliste de la capitale. Ainsi, si les classifications adoptées sont toutes parisiennes, elles ne sont pas toutes centrales, le modèle du Muséum peinant à s’imposer parfaitement. Cependant, comme la province dédaigne largement ces questions de classification, il n’est pas sûr que la résistance bisontine soit très politique ; elle tient sans doute davantage à la simplicité du système de Geoffroy.

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Insectes de Geoffroy Planche extraite de l’Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique d’Étienne- Louis Geoffroy [1764] Cliché Bibliothèque centrale, MNHN.

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Classification méthodique des insectes selon Geoffroy Tableau extrait de l’Histoire abrégée des insectes dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique d’Étienne-Louis Geoffroy [1764] Cliché Bibliothèque centrale, MNHN.

LA PÉDAGOGIE DU TERRITOIRE

17En juin ou juillet 1793, Alexandre Deleyre, député de la Gironde et disciple de Rousseau, offre au public ses « idées sur l’éducation nationale », toutes empreintes d’une pédagogie par l’expérience sensorielle, et principalement d’une « éducation par l’œil »332. Deleyre propose un vaste plan d’instruction qui reposerait sur la création de Gymnases, « au centre à peu près de chaque département […] ni trop près, ni trop voisin d’une grande ville »333. Ces maisons d’éducation accueilleraient des enfants et des adolescents entre 6 ou 7 ans et 18 ans, répartis en quatre sections. Pour chacune d’elles, on trouverait un jardin : un parterre de fleurs pour le premier âge, un verger et un potager pour le deuxième, une pépinière pour le troisième, et enfin, un jardin patriotique ou géographique pour la plus haute classe334 :

Mais pour en rendre la description [de la République] plus intelligible, en la mettant, pour ainsi dire, sous les pas et les yeux des élèves, il faudrait tracer la carte de la patrie dans un terrain clos du gymnase, qu’on appellerait jardin patriotique. Là seraient désignés et distribués en autant de carreaux, les départements de la République française. Un arbre, un arbuste, un poteau présenterait le nom de chacun ; ils seraient tous séparés par de petites allées, ou sentiers : on les distinguerait par des fleurs, des fruits, des plantes, ou d’autres productions particulières à chaque département, ou qui s’y trouveraient les plus abondantes et renommées. Ainsi dans l’un, on sèmerait un petit carré de froment ; dans l’autre un carré de millet ; dans un autre, du lin, ou du chanvre ; dans les départements de la Côte-d’Or, de l’Yonne et la Gironde, on verrait quelques pieds de vigne, en raisins rouges et blancs ; dans un autre, une treille, ou un espalier de muscats pour les vins liquoreux ; dans les carreaux des Bouches-du-Rhône, ou des départements du Var et du Gard, on verrait soit en caisse, soit en pied, dans des couches, ou serres à vitrages, des oliviers, des figuiers, des grenadiers, ou des orangers, selon que ces arbres y dominent plus ou moins, et peuvent être soignés et conservés dans les différents climats chauds de la France. Les carreaux du Calvados et de la Seine inférieure seraient désignés par des pommiers à cidre ; celui de l’Indre-et-Loire, par des pruniers. Au défaut de productions singulières, et même dans les jardins où le climat ne permet pas de les cultiver, on placerait de petites colonnes portant en inscription un événement ou le nom d’un homme fameux, propres à distinguer le département tracé dans un des carreaux géographiques. Autant qu’il serait possible, le fait ou l’homme aurait du rapport à la Révolution. Ainsi, sur la colonne ou l’espèce d’obélisque, qui désignerait le département de Paris, on lirait : Prise de la Bastille, ou Conquête de la liberté ; et sur une autre colonne : Révolution du 10 août 1792 ; tombe de la Monarchie, vive la République. Pour les autres départements, on choisirait ainsi les événements mémorables, ou des paysages, ou des édifices, ou des fleurs, ou des montagnes remarquables, comme le Mont d’Or pour la Haute-Loire, et l’embouchement [sic] de la Saône dans le Rhône, pour désigner la ville de Lyon, comme chef-lieu d’un département remarquable à plusieurs titres. Au reste chaque gymnase aurait son jardin géographique diversement décoré pour les productions, les événements, et les inscriptions, selon la diversité des climats et des terrains, le génie et le goût des ordonnateurs qui présideraient aux différents plans.

18Les « jardins patriotiques » seraient ainsi — comme les manuels d’histoire de Mentelle ou certains jeux de cartes pédagogiques — des lieux de cette « pédagogie du territoire » national comme l’appelle Daniel Nordmann335. Les élèves apprendraient à connaître les départements au travers de leurs productions agricoles lorsqu’elles sont « singulières » et, pour les autres départements, la connaissance géographique en passerait par le rappel des événements « mémorables » ou des paysages « remarquables ». Les élèves rechercheraient alors dans chaque département le signe qui le distingue de tous les autres. Le projet de Deleyre n’aboutit pas. Mais dix ans plus tard, en juin 1803, dans le Bulletin polymathique de Bordeaux, un certain Lavielle propose à son tour la formation de jardins géographiques auprès des Lycées nouvellement institués en remplacement des Écoles centrales336. Ces jardins seraient destinés à « toutes les classes de citoyens », au voyageur las de parcourir le pays, à l’homme instruit et à l’écolier désireux d’apprendre. Il offre une longue description de ces jardins rêvés337 :

Entrons dans quelques détails : dans le plan que je me fais, une route battue et continuelle, aux limites de chaque département, serviroit de promenade. L’on suivroit avec exactitude toutes les sinuosités ; un groupe d’arbres, de hauteur calculée sur la base du plan, représenteroit une forêt (les Ardennes, etc.) ; des élévations, soumises encore au calcul, offriroient nos montagnes (les Alpes, les Pyrénées, etc.) ; une colonne départementale devant être placée dans chaque chef-lieu de département, une colonne proportionnelle toujours tiendroit la place du chef-lieu de chaque département. On y figureroit les autres villes ou villages, sans oublier de tracer, suivant le nouveau règlement, les routes de premier ordre. On y pourroit exécuter d’avance ces différens plans d’amélioration, que le gouvernement a déjà fixés avec tant de justesse, et qui ne tarderont pas à être suivis sur tout le territoire français. Des sables seroient employés, ou pour l’imitation des eaux moyennes, ou pour d’autres usages : les fleuves, les rivières seraient, autant que possible, imités au naturel par des ruisseaux. Dans ce cadre la botanique ne serait pas négligée ; on ferait croître dans l’étendue partielle de chaque département, sa production principale ; on semeroit de fleurs les endroits convenables […]. Des points d’observation seroient élevés d’un lieu à un autre, pour faire jouir, d’un coup d’œil, de l’ensemble du plan. À quel degré d’augmentation, enfin, cette première idée ne peut-elle pas mener ? Le lieu, les moyens, tout pourroit concourir à figurer, conformément au projet, telle ou telle contrée […].
[En note, il ajoute :] Il n’est point de département qui ne pourroit disposer, en faveur du projet, d’un terrain dépendant du chef-lieu, ou non loin. En simplifiant l’idée, l’on se borneroit à n’exécuter, dans certains lieux, que le département seul, avec le plus de détails possible, laissant le grand tableau pour les villes dont une plus nombreuse population réclame plus d’instruction. Est-il besoin de rien dire sur l’utilité que seroit pour les citoyens d’un département, leur département même, représenté avec toutes ses justices de paix et toutes ses routes ?

19Le projet de Lavielle pour les lycées ressemble à celui de Deleyre pour ses gymnases, avec néanmoins quelques différences : on ne commémore plus l’Histoire, au premier chef les événements révolutionnaires ; on accorde davantage de place aux routes qui irriguent le territoire. L’important est que l’on observe en Gironde, en 1793 et en 1803, deux projets comparables de jardins géographiques, mais rien pour la période 1795-1802, celle de la brève existence des Écoles centrales. Tout se passe alors comme si la mise en place des jardins botaniques départementaux avait, momentanément, fait refluer dans le monde des chimères ces projets de géographie botanique.

20Dans sa circulaire du 8 octobre 1798, le ministre de l’Intérieur suggère de constituer les collections d’histoire naturelle des Écoles centrales à partir des « productions indigènes au sol de [leur] département »338. La mise en place de pareils cabinets répond sans doute à un motif d’ordre économique. Mais l’essentiel est bien au carrefour entre le discours pédagogique des naturalistes et le projet statistique des administrateurs. En 1797, Daubenton invite les professeurs à démontrer principalement aux élèves les « choses qui les entourent, afin qu’ils se procurent tout le bien qu’ils peuvent en tirer, ou qu’ils préviennent tout le mal qu’elles pourroient leur causer » : les minéraux du canton, les plantes des potagers et des vergers et les animaux de la ferme339. Dans sa circulaire de 1798, François de Neufchâteau envisage une histoire naturelle sur base départementale à laquelle tous les citoyens pourraient concourir, à commencer par les administrations qui aideraient les professeurs à « élever, au sein de leur département, cette espèce de sanctuaire à l’étude de la nature ». Il ambitionne également une statistique générale des productions naturelles de la France qui reposerait sur les collections d’histoire naturelle des départements : chaque École centrale disposerait d’un petit cabinet renfermant les spécimens départementaux ; cette collection serait décrite minutieusement, sans doute par le professeur d’histoire naturelle ; les descriptions, produites localement, seraient envoyées et rassemblées à Paris ; elles seraient finalement compilées dans un « grand et magnifique livre ». Le projet ministériel suscite deux remarques. D’une part, en octobre 1798, le Bureau de la statistique n’existe pas encore. Il ne voit le jour qu’en avril 1800 sous le ministère de Lucien Bonaparte. Pourtant, comme l’observe Marie-Noëlle Bourguet, le « dessein d’un organisme central » de statistique se précise dès l’automne 1794 et, « en même temps qu’il conçoit le plan global des ‘descriptions abrégées’ », François de Neufchâteau s’efforce de réunir dans un seul service les différentes tâches statistiques jusqu’alors dispersées entre plusieurs bureaux du ministère340. D’autre part, le ministre ne prend pas la peine d’indiquer ce qu’il entend par « bien décrite » et, de même que les listes de choses naturelles exposées dans les Statistiques se réduisent en général à une « nomenclature sèche » de même il n’est jamais question d’indiquer l’origine géographique précise des spécimens de collection341.

21La préoccupation statistique du ministre est partagée par de nombreux professeurs. Certains, on l’a vu, mènent des excursions pédagogiques à l’intérieur de leur département, les Vosges ou l’Eure. D’autres en appellent à leurs concitoyens. En 1799, dans le Maine-et-Loire, Renou fait ainsi passer un mémoire dans l’almanach départemental342 :

Le cours d’histoire naturelle, enseigné à l’École centrale, manquerait le but qu’il se propose s’il ne dirigeait pas l’instruction vers l’utilité publique et en particulier vers celle de ce département, en faisant connaître les productions de son territoire. Mais comme il est difficile d’atteindre à l’exécution parfaite d’un si grand dessein […] nous devons inviter tous les citoyens qui pourront nous donner des renseignements sur les productions naturelles qu’ils possèdent ou qu’ils ont observées, de vouloir bien nous en faire part.

22Il invite également les « citoyens » à accompagner chaque description d’un spécimen et de l’indication de son lieu de collecte. Renou va au-delà des recommandations ministérielles. Il espère puiser dans ces descriptions des éléments pour la carte minéralogique du département où « l’on reconnaîtra le tableau de tout ce que ce territoire possède d’important dans ses fontaines, ses cours d’eau, et ses substances minérales »343. Le souci statistique semble néanmoins plus rare chez les professeurs d’histoire naturelle que parmi les administrateurs départementaux. À Colmar, en 1801, le journal officiel annonce que « bientôt on jouira du plaisir de voir réunies [au cabinet d’histoire naturelle] toutes les productions naturelles du Haut-Rhin »344. Dans l’Annuaire statistique du département des Hautes-Pyrénées, on indique que la collection de plantes vivantes deviendrait intéressante « si on y réunissoit toutes les plantes des Hautes-Pyrénées qui pourraient supporter la transplantation dans la plaine » et on regrette l’absence d’un cabinet minéralogique « qu’on aurait pu former avec beaucoup d’avantages, et qui ne saurait être mieux placé qu’aux pieds des Pyrénées, afin d’y réunir des échantillons de toutes les substances minérales que ces montagnes recèlent »345. De même, à Versailles, lors de la cérémonie officielle de plantation du jardin botanique, les élèves de l’École centrale remettent aux membres de l’administration départementale des spécimens de froment, luzerne, chanvre, vigne, pommier et chêne, « comme représentant toutes les cultures relatives au département de Seine-et-Oise »346.

23Mais qu’en est-il de ce projet statistique au sein des jardins botaniques et des cabinets naturalistes des Écoles centrales ? Les collections renferment bien sûr des spécimens départementaux faciles à collecter. Ainsi, le jardin botanique de Niort renferme presque toutes les plantes du département et celui d’Avranches se compose à moitié d’espèces indigènes347. De la même manière, le cabinet de Nancy réunit une collection d’insectes « du pays », celui d’Angers rassemble les oiseaux du Maine-et-Loire et ceux de Grenoble ou d’Albi sont composés des minéraux de leur département348 etc. Ces objets d’origine départementale sont « repérés » au sein des collections par les auteurs des Statistiques, mais rien n’indique qu’ils y occupent une position particulière, une place à part. Il est même probable qu’un peu partout, ces spécimens sont mélangés à d’autres individus venus d’autres contrées, ne serait-ce que parce que les classifications reposent sur des critères morphologiques, jamais géographiques. L’exposition des ressources minérales, des faunes et des flores départementales au sein de ces collections scolaires semble ainsi être restée un peu partout à l’état de projet.

24À côté du projet avorté d’une pédagogie du territoire national au travers de la disposition de jardins géographiques et des tentatives de statistiques départementales au sein des collections, il faut faire une place aux spécimens exotiques. Ils rentrent dans les cabinets d’histoire naturelle par les voies les plus ordinaires, par le biais de confiscations, d’achats et de dons. À Mons, Duvivier reçoit en 1799 des mains de Desfontaines un « herbier de trois cents plantes tant indigènes qu’exotiques recueillies à la campagne ou dans les jardins auxquelles on a joint quelques genres intéressants venant de Cayenne et de Lisle [sic] de France, le tout faisant trois cent quinze plantes »349. À Beauvais, la collection d’oiseaux renferme des spécimens de Cayenne, des Philippines, des Grandes Indes, d’Abyssinie, du Sénégal, du Cap, d’Angola, de Madagascar, et certains proviennent du voyage de Levaillant, tandis que la collection des insectes renferme des individus d’Amérique, de Guyane, d’Afrique, du Cap, d’Inde, de Ceylan, de Chine ou des Moluques350. Les jardins botaniques renferment également des plantes exotiques. En l’an IX, celui de Niort contient des arbres exotiques envoyés par le Muséum, variétés de Virginie, de Tartarie, de Sainte-Lucie, de Judée, du Canada, d’Éthiopie, de Sibérie, de Perse etc.351. D’autres espèces exotiques sont représentées dans les jardins de Dijon ou Nancy352. Une indication assez sûre de l’existence de plantes de la zone intertropicale est donnée par la présence de serres chaudes. Or la construction, la réparation ou l’agrandissement de ces serres est la grande affaire des jardins botaniques353. Bien que très chères, on en mentionne dans de très nombreux jardins centraliens, notamment, mais pas seulement, dans la partie septentrionale de la France et en Belgique comme à Évreux, Avranches, Rouen, Lille, Nancy, Épinal, Bruxelles, Bruges, Gand ou Cologne, mais aussi à Roanne ou à Toulouse etc. Partout néanmoins, ces spécimens exotiques représentent la portion congrue des collections. Leur présence au sein des cabinets ou des jardins ne répond à aucun projet de savoir, dépendant essentiellement des formes contingentes de la constitution des collections.

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25Parmi les collections centraliennes d’histoire naturelle, la plupart sont médiocres mais certaines se distinguent par leur richesse, notamment, mais pas seulement, dans les métropoles provinciales. Ces collections ne suivent aucune norme dans l’arrangement des spécimens. De nombreux jardins suivent le système de Linné mais la méthode de Jussieu commence à s’imposer tandis que quelques jardins sont encore ordonnés selon la vieille méthode de Tournefort. Pour les cabinets, l’essentiel est moins le cas de Besançon que le dédain, assez général, pour les classifications savantes et pour le projet de statistique départementale, pourtant omniprésent dans les déclarations d’intention des administrateurs et des professeurs. Ces collections sont essentiellement destinées aux élèves centraliens. Pour autant, elles sont parfois ouvertes au public des visiteurs ou des promeneurs. Là encore, les sources sont rares et les situations très contrastées. Les règlements insistent sur l’autorité du professeur et/ou du directeur du jardin dans la police des lieux. À Colmar, le « règlement de police » est destiné aux élèves qui « ne pourront pas entrer dans le jardin botanique sans être accompagnés d’un professeur, ou sans avoir une permission du professeur-inspecteur ou du professeur d’histoire naturelle »354. De même, à Périgueux, le règlement du pensionnat prévoit que « le directeur du jardin a la même police dans le jardin botanique que le professeur dans la classe ; nul n’a le droit d’y entrer qu’aux heures déterminées et par la porte extérieure »355. L’ouverture des collections à un public non scolaire est variable d’une École centrale à l’autre et parfois, au sein d’une même École, d’une collection à l’autre. Ainsi, à Angers, le jardin, que d’autres rêvaient de transformer en un « asyle agréable » dans la ville, est fermé au public, tandis qu’à partir de 1801, le cabinet d’histoire naturelle est ouvert aux visiteurs tous les quintidi et décadi de 8 heures du matin à 8 heures du soir356. À Metz, l’administration départementale, arguant de « l’utilité générale », demande en 1799 l’ouverture publique des collections centraliennes, les quintidi et décadi depuis dix heures du matin jusqu’à une heure, invitant les professeurs à se trouver dans les salles pour accueillir les curieux, répondre aux questions et surveiller les objets357. Les cabinets centraliens sont alors pensés comme de petits musées départementaux ouverts au grand public. Au final, la grande variabilité dans l’ampleur des collections, dans l’ordonnancement des spécimens ou dans les conditions de l’accès public montre assez que le ministère de l’Intérieur et le Muséum parisien n’ont pas voulu — ou pas pu — imposer des normes communes aux cabinets et aux jardins des Écoles centrales.

Notes de bas de page

275 Voir la liste des catalogues de jardins botaniques dans le recensement des sources.

276 Dyle : Mailly (Édouard), Étude pour servir…, op. cit., p. 25 ; Forêts : Sprunck (Alphonse), « L’École centrale du département des Forêts », art. cit., p. 35 ; Ille-et-Vilaine : Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, Rennes, Deniel, 1853, vol. 2, entrée : « Rennes », p. 564 ; Manche : Deries (Madeleine), L’École centrale du département de la Manche…, op. cit., pp. 45-46 ; Meuse-Inférieure : Spekkens (Johanes Pieter), L’École centrale du département de la Meuse-Inférieure…, op. cit., p. 131 ; Mont-Terrible : Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., pp. 34-40 ; Sarthe : Reinhard (Marcel), Le Département de la Sarthe…, op. cit., p. 538, n. 138 ; Vosges : Decelle (Paul), « Monographie du collège et de l’École industrielle d’Épinal… », art. cit., p. 344 ; Kastener (Jean), « Les excursions scientifiques… », art. cit., p. 98, n. 4.

277 Fée (Antoine Laurent Apollinaire), Discours d’ouverture du cours de botanique de la faculté de médecine. Prononcé le 4 mai 1836. Histoire du jardin botanique de Strasbourg, Strasbourg : Imp. G. Silbermann, 1836, p. 16.

278 Fassbender (Henri), « L’Enseignement à l’École centrale du département de la Dyle », art. cit., p. 206 ; Dorsch (Anton-Joseph), Statistique du département de la Roër, An XII, op. cit., p. 121 ; Poulot (Dominique), « Surveiller et s’instruire »…, op. cit., pp. 359-360 ; Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., pp. 181-183 ; Tiffonet (Lucien),

279 Notice sur l’École centrale de la Haute-Vienne, op. cit., pp. 37-39 ; Coirault (Gaston), Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest…, op. cit., p. 122. Dubuc (André), « L’École centrale de Rouen… », art. cit., p. 711.

280 Viry (Joseph Marie François Justin de), Mémoire statistique du département de la Lys, 1803, op. cit., p. 72 ; Marquis (Jean Joseph), Mémoire statistique du département de la Meurthe, Paris : Imprimerie impériale, An XIII [1804], p. 122 ; Verninac de Saint-Maur (Raymond de), Description physique et politique du département du Rhône, An X, op. cit., p. 104.

281 Cambry (Jacques), Description du département de l’Oise, An XI, op. cit., vol. 2, p. 322.

282 Béraud (Toussaint-Charles), « Cabinet d’histoire naturelle d’Angers… », art. cit., pp. 173-174 ; Lamoureux (Justin), Mémoire pour servir à l’Histoire littéraire du département de la Meurthe…, An XI, op. cit., p. 50 ; Isaac (Marie-Thérèse) & Sorgeloos (Claude), L’École centrale du département de Jemappes…, op. cit., p. 151. Voir les méthodes de Nicolas et Turgot : Nicolas (Pierre-François), Méthode de préparer et conserver les animaux de toutes les classes, pour les cabinets d’histoire naturelle, Paris : F. Buisson, An IX [1800/1801], 228 p. ; [Turgot (Étienne-François)], Mémoire instructif…, 1758, op. cit.

283 Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., p. 39.

284 Reinhard (Marcel), Le Département de la Sarthe…, op. cit., pp. 544-545.

285 Faipoult (Guillaume-Charles), Mémoire statistique du département de l’Escaut, Paris : Imprimerie impériale, An XIII [1804], p. 65.

286 Magasin encyclopédique, 9e année, vol. 5, 1804, pp. 123-127 : « Notice historique sur le Muséum d’Histoire naturelle de la ville de Nancy. Par Willemet » ; Marquis (Jean Joseph), Mémoire statistique du département de la Meurthe, 1804, op. cit., p. 153.

287 Debry (Jean-Antoine-Joseph), Mémoire statistique du département du Doubs adressé au ministre de l’Intérieur, Paris : Imprimerie impériale, An XII [1803-1804], p. 64 ; Troux (Albert), L’École centrale du Doubs…, op. cit., pp. 145-146.

288 Bruges : Viry (Joseph Marie François Justin de), Mémoire statistique du département de la Lys, 1803, op. cit., pp. 72-73 ; Avranches : Deries (Madeleine), L’École centrale du département de la Manche…, op. cit. p. 48-49 ; Rennes : Dictionnaire historique et géographique de Bretagne, op. cit., entrée : « Rennes », p. 564 ; Amiens : Poulot (Dominique), « Surveiller et s’instruire »…, op. cit., p. 361 ; Colmar : Joachim (Jules), « La Chaire d’histoire naturelle de l’École centrale du Haut-Rhin… », art. cit., p. 23 ; Niort : Coirault (Gaston), Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest…, op. cit., p. 122 ; Épinal : Decelle (Paul), « Monographie du collège et de l’École industrielle d’Épinal… », art. cit., p. 345.

289 Coirault (Gaston), Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest…, op. cit., p. 122.

290 Viry (Joseph Marie François Justin de), Mémoire statistique du département de la Lys, 1803, op. cit., pp. 72-73 ; Fassbender (Henri), « L’Enseignement à l’École centrale du département de la Dyle », art. cit., p. 206.

291 Peter (Joseph), L’Enseignement secondaire dans le département du Nord pendant la Révolution. 1789-1802, Lille : Librairie Giard, 1912, p. 152 ; Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., p. 39.

292 Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., p. 184.

293 Cambry (Jacques), Description du département de l’Oise, An XI, op. cit., vol. 2, p. 322.

294 Noël (Simon Barthélemy Joseph), Second essai sur le département de la Seine-Inférieure, An III, op. cit., p. 246.

295 Bois (Benjamin), La Vie scolaire et les créations intellectuelles en Anjou…, op. cit., p. 400.

296 Lamoureux (Justin), Mémoire pour servir à l’Histoire littéraire du département de la Meurthe…, An XI, op. cit., p. 57.

297 Spekkens (Johanes Pieter), L’École centrale du département de la Meuse-Inférieure…, op. cit., pp. 127-131.

298 Mussche (Jean Henry), Hortus Gandavensis. Ou Tableau général de toutes les plantes exotiques et indigènes, cultivées dans le jardin botanique de la ville de Gand…, Gand : chez Goesin Verhaeghe, 1817, pp. 1-2.

299 Viry (Joseph Marie François Justin de), Mémoire statistique du département de la Lys, 1803, op. cit., p. 73.

300 Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., p. 35, p. 38 et pp. 60-61.

301 Bret (Patrice), « ‘La Conservation et l’utilité journalière du jardin botanique’… », art. cit., p. 103.

302 Magasin encyclopédique, 9e année, vol. 5, 1804, pp. 123-127 : « Notice historique sur le Muséum d’Histoire naturelle de la ville de Nancy. Par Willemet » ; ici, pp. 124-125.

303 Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., pp. 173-175.

304 D’après Philippar (François Haken), Catalogue méthodique des végétaux cultivés dans le jardin des plantes de la ville de Versailles…, Versailles : Imprimerie de Montalant-Bougleux, 1843, p. 61 et p. 71 ; pour la citation, p. 61.

305 Bruxelles : Crocq (A.), Tableau synoptique du Jardin des plantes de Bruxelles…, Bruxelles : Imprimerie de P. J. de Haes, [1809], après la page de titre ; Porrentruy : Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., p. 65 ; Lyon et Roanne : Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., p. 175 et p. 177 ; Poitiers : MNHN, Ms 1010 : Plans du Jardin botanique de Poitiers en 1787, 1797 ; Niort : Coirault (Gaston), Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest…, op. cit., pl. 5 ; Strasbourg (École de santé) : Buck (Janice), L’École centrale du Bas-Rhin…, op. cit., p. 247 ; Bordeaux (avant la création de l’École centrale) : AN, F/17/1225-1226 : « Plan du jardin botanique de Bordeaux ». [Bordeaux, An II].

306 Camus (Armand-Gaston), Voyage…, op. cit., vol. 1, 1803, p. 69.

307 Bret (Patrice), « ‘La Conservation et l’utilité journalière du jardin botanique’… », art. cit., p. 96 et p. 105.

308 Allain (Yves-Marie), « Des jardins pour la Marine… », art. cit., p. 40.

309 Fée (Antoine Laurent Apollinaire), Discours d’ouverture…, op. cit., p. 15.

310 Bois (Benjamin), La Vie scolaire et les créations intellectuelles en Anjou…, op. cit., p. 162 ; Duris (Pascal), Linné et la France, op. cit., p. 52-53 et p. 152.

311 Gouan (Antoine), Hortus regius monspeliensis, Lyon : Tournes, 1762, 548 p. ; Latapie (François-de-Paule), Hortus Burdigalensis…, Bordeaux : M. Racle, 1784, 83 p. Voir aussi Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., pp. 41-42 et p. 49.

312 Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., p. 50 et p. 145.

313 Ibid., p. 145.

314 Bret (Patrice), « ‘La Conservation et l’utilité journalière du jardin botanique’… », art. cit., p. 105.

315 Allain (Yves-Marie), « Des jardins pour la Marine… », art. cit., p. 37 et p. 41

316 Angers : Bois (Benjamin), La Vie scolaire et les créations intellectuelles en Anjou…, op. cit., p. 565 ; Besançon : Debry (Jean-Antoine-Joseph), Mémoire statistique du département du Doubs…, An XII, op. cit., p. 64 ; Troux (Albert), L’École centrale du Doubs…, op. cit., p. 153 ; Bonn : Camus (Armand-Gaston), Voyage…, op. cit., vol. 1, 1803, p. 68 ; Bordeaux : [Chassin-Villers], Catalogue des plantes du jardin botanique de la Gironde, [1802/1803 ?], op. cit. ; Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., p. 166 ; Bruges : Isaac (Marie-Thérèse) & Sorgeloos (Claude), L’École centrale du département de Jemappes…, op. cit., p. 180, n. 413 ; Bruxelles : Lemaire (Claudine), « Histoire du Palais d’Orange-Lorraine… », art. cit., p. 97 ; Gand : Couret de Villeneuve (Louis-Pierre), Hortus gandavensis..., Paris ; Gand : chez les Frères Levrault & chez l’Auteur, An X [1801/1802], 380 p. ; Mussche (Jean Henry), Hortus Gandavensis…, op. cit., p. 2 ; Van Hultem (Charles), Discours sur l’état de l’agriculture et de la botanique…, op. cit., p. 55 ; Nancy : Magasin encyclopédique, 9e année, vol. 5, 1804, pp. 123-127 : « Notice historique sur le Muséum d’Histoire naturelle de la ville de Nancy. Par Willemet » ; Nîmes : Grangent (Stanislas-Victor), Description abrégée du département du Gard…, 1799, op. cit., p. 36 ; Roanne : Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., p. 176 ; Troyes : Bruslé de Valsuzenay (Claude Louis), Tableau statistique du département de l’Aube, Paris : Imprimerie des Sourds-muets, an X [1801], p. 111.

317 Strasbourg : Fée (Antoine Laurent Apollinaire), Discours d’ouverture…, op. cit., p. 15 ; Nantes : AN, F/17/1234 : « État nominatif des plantes usuelles cultivées dans le jardin des Apothicaires de Nantes ». Sans lieu ni date [1796] ; Rochefort : Allain (Yves-Marie), « Des jardins pour la Marine… », art. cit., p. 37 et p. 41.

318 Avranches : Deries (Madeleine), L’École centrale du département de la Manche…, op. cit. pp. 36-38 ; Besnou (Léon), Catalogue raisonné des plantes composant l’École de botanique du jardin d’Avranches…, Avranches : Henri Tribouillard, 1872, pp. ii-iii ; Niort : Coirault (Gaston), Les Écoles centrales dans le Centre-Ouest…, op. cit., p. 126 ; Porrentruy : Bourquin (Jules), « Le Jardin botanique et le cabinet d’histoire naturelle de l’École centrale… à Porrentruy », art. cit., p. 23, pp. 35-37, pp. 52-59 et p. 62 ; Lyon : Gilibert (Jean-Emmanuel), Tableau des plantes à démontrer dans le jardin botanique de l’École centrale du département du Rhône, établi à Lyon, à la Déserte, rédigé d’après les principes de la méthode naturelle de A. L. Jussieu, [s. l.] : [s. n.], [An IX (1800/1801)], 72 p. ; Roux (Claudius), Histoire comparée…, op. cit., p. 174.

319 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 2, séance du 16 brumaire an VIII, p. 25.

320 Montpellier : Creuzé de Lesser (Hippolyte), Statistique du département de l’Hérault, Montpellier : A. Ricard, 1824, p. 356 ; Candolle (Augustin Pyrame de), Mémoires et souvenirs…, op. cit., p. 289 ; Strasbourg : Fée (Antoine Laurent Apollinaire), Discours d’ouverture…, op. cit., p. 15 ; Toulouse : Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., p. 50.

321 Villars (Dominique), Catalogue méthodique des plantes du jardin de l’École de médecine de Strasbourg, Strasbourg : F. G. Levrault, 1807, pp. xxii-xxvii.

322 Par exemple à Rennes, Cambrai ou Évreux : Borie (Nicolas Yves), Statistique du département d’Ille-et-Vilaine, Paris : Imprimerie des Sourds-muets, An IX [1800], p. 4 ; Poulot (Dominique), « Surveiller et s’instruire »…, op. cit., p. 372 ; Julia (Dominique), « Un Voyage pédagogique sous la Révolution… », art. cit., p. 68.

323 Saussay (Antoine de), Statistique du département du Mont-Blanc, Paris : Imprimerie des Sourds-muets, An IX [1800/1801], pp. 50-51.

324 Georgin (B.), Les Professeurs de l’École centrale du département des Vosges, [s. l.] : [s. n.], [1833], p. 8.

325 Debry (Jean-Antoine-Joseph), Mémoire statistique du département du Doubs…, An XII, op. cit., p. 64.

326 Troux (Albert), L’École centrale du Doubs…, op. cit., pp. 145-146.

327 Pour le classement des coquilles, Debry mentionne la méthode de « Bryoine », Albert Troux celle de « Bryaire ». Bryoine ou Bryaire, ne sont pas des noms de naturalistes connus et il est probable que « Bryaire » soit une mauvaise transcription phonétique de Bruguière.

328 Daubenton (Louis-Jean-Marie), Tableau méthodique des minéraux…, An IV, op. cit. ; Geoffroy (Étienne-Louis), Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris…, Paris : Durand, 1762. 2 vol. L’auteur a probablement consulté une édition postérieure, comme celle publiée en l’an VII ; Lacépède (Bernard de), Histoire naturelle des poissons, An VI - anXI, op. cit.

329 Troux (Albert), L’École centrale du Doubs…, op. cit., pp. 163-164.

330 Duris (Pascal), « L’Enseignement de l’histoire naturelle… », art. cit., pp. 37-38.

331 Aguilar (Jacques d’), Histoire de l’entomologie, Paris : Delachaux & Niestlé, 2006, p. 156 ; Cambefort (Yves), Des Coléoptères, des collections & des hommes, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 2006, 375 p. (Archives ; 10).

332 Voir Julia (Dominique), Les Trois couleurs du tableau noir…, op. cit., p. 231.

333 Deleyre (Alexandre), « Idées sur l’éducation nationale », in Guillaume (James), Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique…, op. cit., vol. 1, 1891, pp. 645-671 ; ici, p. 650.

334 Ibid., pour la citation, p. 657.

335 Nordmann (Daniel), « La pédagogie du territoire. 1793-1814 », in Nordman (Daniel) & Ozouf-Marignier (Marie-Vic) (sous la dir.), Atlas de la Révolution française. T. 4 : Le Territoire, vol. 1 : Réalités et représentations, Paris : Éditions de l’EHESS, 1989, p. 62.

336 Lavielle (neveu), « Jardin géographique », Bulletin polymathique du Muséum d’instruction publique de Bordeaux, vol. 1, septième cahier, 15 prairial an XI [1802], pp. 211-216.

337 Ibid., pp. 214-215 et p. 215 n.

338 François de Neufchâteau (Nicolas), « Lettre du ministre de l’Intérieur aux Professeurs et aux Bibliothécaires des Écoles centrales du 17 vendémiaire an VII [8 octobre 1798] », art. cit., pp. 207-225 ; ici, p. 214.

339 Daubenton (Louis-Jean-Marie), Lettre du professeur d’histoire naturelle…, op. cit., pp. 3-8.

340 Bourguet (Marie-Noëlle), Déchiffrer la France…, op. cit., pp. 100-101.

341 Les Statistiques font une place importante aux productions naturelles, classées par règnes et souvent rangées sous forme de listes ou, plus rarement, de tableaux. Les « statistiques des préfets », publiées en in-8° entre l’an IX et l’an XI leur accordent souvent plusieurs pages. Les grands mémoires in-folio de la « statistique générale de la France » imprimés entre l’an XI et l’an XIII énumèrent également les richesses naturelles des départements dans un premier chapitre consacré à la « topographie ».

342 Cité in Bois (Benjamin), La Vie scolaire et les créations intellectuelles en Anjou…, op. cit., p. 404.

343 Ibid., pp. 404-405.

344 Joachim (Jules), « La Chaire d’histoire naturelle de l’École centrale du Haut-Rhin… », art. cit., p. 22.

345 Laboulinière (Pierre), Annuaire statistique du département des Hautes-Pyrénées, contenant l’introduction du grand mémoire statistique pour l’an 9 (1801), Tarbes : Imprimerie de F. Lavigne, 1807, p. 290.

346 Philippar (François Haken), Catalogue méthodique des végétaux cultivés dans le jardin… de Versailles…, op. cit., p. 62.

347 Dupin (Étienne), Statistique du département des Deux-Sèvres, Paris : Imprimerie des Sourds-muets, An IX [1800/1801], p. 113 ; Deries (Madeleine), L’École centrale du département de la Manche…, op. cit., p. 37.

348 Marquis (Jean Joseph), Mémoire statistique du département de la Meurthe, 1804, op. cit., p. 153 ; Béraud (Toussaint-Charles), « Cabinet d’histoire naturelle d’Angers… », art. cit., p. 174 ; Perrin-Dulac (François), Description générale du département de l’Isère, op. cit., 1806, vol. 2, p. 108 ; Fauchet (Joseph), Description abrégée du département du Var, Paris : Imprimerie des Sourds-muets, an IX [1800/1801], p. 87.

349 Isaac (Marie-Thérèse) & Sorgeloos (Claude), L’École centrale du département de Jemappes…, op. cit., p. 176.

350 Cambry (Jacques), Description du département de l’Oise, An XI, op. cit., vol. 2, p. 323.

351 Dupin (Étienne), Statistique du département des Deux-Sèvres, An IX, op. cit., pp. 113-114.

352 Bret (Patrice), « ‘ La Conservation et l’utilité journalière du jardin botanique’… », art. cit., p. 101 ; Lecreulx (François-Michel), Description abrégée du département de la Meurthe, 1799, op. cit., p. 6 ; Marquis (Jean Joseph), Mémoire statistique du département de la Meurthe, 1804, op. cit., p. 122.

353 Voir par exemple, Verdier (Thierry), « Une architecture républicaine, l’orangerie du Jardin des plantes de Montpellier », Annales historiques de la Révolution française, no 309, 1997, pp. 441-450.

354 Cité in Joachim (Jules), « La Chaire d’histoire naturelle de l’École centrale du Haut-Rhin… », art. cit., p. 18.

355 Durand (René), Le Département des Côtes-du-Nord…, op. cit., vol. 1, p. 513.

356 Bois (Benjamin), La Vie scolaire et les créations intellectuelles en Anjou…, op. cit., p. 401 et p. 405, n. 6.

357 AM Metz, 1R 5 : Extrait du registre des délibérations de l’administration centrale de la Moselle. Séance publique du 19 nivôse an VII.

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