La métropole parisienne
Le grenier de l’empire
p. 332-353
Texte intégral
1L’histoire naturelle ne vise pas seulement à ranger le monde naturel, même si c’est sa raison d’être, et sa fonction sociale ne saurait se réduire à l’édification morale des citoyens. Elle est aussi une science réputée « utile » par ses applications, notamment en agronomie. L’utilité est la « notion clef du siècle des Lumières » remarquait Daniel Roche ; et la notion est omniprésente dans le discours de la République des sciences494. Daniel Mornet écrivait, avec drôlerie, à propos des naturalistes des Lumières : « Réaumur, Leclerc, Buc’hoz ou vingt autres concevaient qu’il importait d’étudier les insectes ou les mammifères parce que le ver à soie tisse ses cocons comme le mouton pâture pour nos rôtis »495. Sous la Révolution, ce discours sur l’utilité des sciences est plus prégnant encore, faisant même dire à Blagdon en 1803 que « les sciences ont revendiqué et obtenu dans l’esprit public une supériorité qui résulte de la nature même de leur objet ; je veux dire l’utilité. Le titre de savant n’est pas plus brillant qu’auparavant ; mais il est plus imposant ; il confère une certaine considération, mène à des emplois meilleurs et, surtout, mieux rétribués »496. Blagdon pense sans doute d’abord à la mobilisation des savants pour l’effort de guerre ; la question est bien connue497. Mais les naturalistes en Révolution n’ont également de cesse de se dire « utiles » à l’agriculture puisqu’avant de tenter d’acclimater une plante ou un animal, il faut d’abord en connaître précisément l’espèce et parfois les différentes variétés. Durant ces années révolutionnaires, Paris est, avec sa banlieue, le principal centre de recherche agricole sur le territoire national. La prééminence d’une très grande ville dans les recherches agronomiques est a priori paradoxale et c’est ce paradoxe que l’on voudrait saisir par la description du réseau agronomique parisien et par l’étude de deux cas, le premier sur la place du Muséum dans l’acclimatation des plantes exotiques et le second sur le rôle de la ferme de Rambouillet dans la naturalisation des moutons mérinos.
LE RÉSEAU AGRONOMIQUE PARISIEN
2Les pratiques d’amélioration agricole sont certes anciennes, mais la constitution de ces connaissances éparses en un domaine de savoir spécifique ne remonte qu’à la fin du xviiie siècle. Trois mots ou expressions sont alors en usage pour désigner ce champ de savoir : agronomie, agriculture et économie rurale. « Agronome » et « agronomie » n’émergent que tardivement, dans la seconde moitié du xviiie siècle, d’abord dans le titre de L’Agronome. Dictionnaire portatif du cultivateur de Pons-Augustin Alletz (1760), puis comme entrée dans le Dictionnaire critique de la langue française de l’abbé Féraud (1787)498. L’agronome valorise les observations et les expérimentations dans la « nature en grand » plutôt que dans l’espace confiné des cabinets et des laboratoires de chimie ; il dédaigne la botanique dans sa partie systématique et ne se soucie guère que des plantes cultivées et donc utiles aux Hommes. Comme le remarque Gilles Denis, le terme d’agriculteur est, à la fin du siècle, préféré à celui d’agronome pour qualifier un « améliorateur ». « Agriculture » désigne alors les savoirs et les pratiques de l’exploitation éclairée des productions de la terre et des plantes et animaux « utiles » : en 1761, la Société d’agriculture de la Généralité de Paris est fondée sur les conseils de Bertin ; en 1785, « agriculture » fait son apparition dans le titre de la section « Botanique et agriculture » de l’Académie des sciences. Mais en 1795, lors de la création de l’Institut national, « agriculture » disparaît des titres de sections au profit d’« économie rurale » au sein d’une nouvelle section intitulée « Économie rurale et art vétérinaire ». Dans le premier volume des nouveaux Mémoires d’agriculture, Jacques Philippe Martin Cels fait paraître un « Mémoire sur l’exacte signification des mots Agriculture et Économie rurale »499. Il définit la seconde comme « la science qui contient toutes les connaissances que doit avoir le Cultivateur, père de famille » dont l’agriculture n’est qu’une des « principales parties »500. En 1805, Thouin, qui met en système tout ce qu’il observe, propose un tableau des « parties de l’Économie rurale »501. Il en dénombre cinq — 1 ° Agriculture, 2 ° Éducation des bestiaux, 3 ° Arts économiques, 4 ° Architecture rurale et 5 ° Commerce des produits agricoles — mais consacre à la seule agriculture la moitié de la feuille. Pour ces esprits tatillons, les expressions « agriculture » et « économie rurale » ne sont pas synonymes, la seconde englobant la première que Thouin réduit d’ailleurs à la seule culture des plantes. Vers 1800, on assiste ainsi à une querelle de mots au sein de la Société d’agriculture de Paris alors qu’il est question de la rebaptiser502. Pourtant, dans l’usage, ces expressions sont souvent rapprochées, voire confondues : un périodique, les Mémoires d’agriculture, d’économie rurale et domestique paraît pour la première fois en 1785503 ; à l’Institut national, la section « Économie rurale et art vétérinaire » est communément appelée « section d’agriculture », y compris dans les documents semi-officiels504 ; au sein du Magasin encyclopédique, la table des matières fait voisiner les rubriques « Agriculture », « Économie rurale » et « Agronomie » quand elle ne dispose pas les matières ensemble dans une rubrique « Économie rurale et Agriculture »505.
3Dans la pratique, les mots sont donc à peu près synonymes. Mais quelles sont les limites du territoire intellectuel de l’agronome ? Hugues Chabot, étudiant la composition des commissions chargées de rendre un rapport sur les mémoires soumis à l’Académie des sciences entre 1795 et 1835, « constate pour la section d’agriculture [« Économie rurale et art vétérinaire »] des croisements très fréquents avec l’anatomie, la botanique et, dans une moindre mesure, avec la médecine et la chimie »506. La section apparaît d’ailleurs comme l’une des moins spécialisées de l’Académie. En 1805, Thouin propose un « tableau des connoissances théoriques, utiles aux progrès de l’agriculture » en annexe de son Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale507. Dans son système, il dispose neuf savoirs : 1 ° Histoire de l’agriculture, 2 ° Économie politique, 3 ° Géographie, 4 ° Agents et stimulants de la végétation, 5 ° Physiologie végétale, 6 ° Nature des végétaux, 7 ° Facultés qu’ont les végétaux de croître, 8 ° Botanique, 9 ° Principes généraux. À l’image de la science des mines, l’agronomie apparaît comme un savoir de carrefour, à l’intersection de savoirs déjà bien disciplinés — comme la botanique —, de savoirs en voie de constitution disciplinaire — comme la physiologie— et de savoir moins structurés – comme la géographie ou l’économie politique.
4Comme le savoir agronomique requiert la maîtrise de nombreuses connaissances, il mobilise différentes institutions qu’elles soient publiques ou libres, nationales ou locales, savantes ou politiques. Cinq institutions parisiennes se rencontrent sur ce territoire savant entre 1793 et 1805 : le Muséum, la Commission d’agriculture et des arts, l’Institut national, la Société d’agriculture du département de la Seine et la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. L’une des missions du Muséum est la naturalisation et la diffusion des plantes étrangères sur le territoire national et dans l’empire colonial, et ce dès l’Ancien Régime comme on le verra508. La section « Économie rurale et art vétérinaire » de l’Institut national s’occupe également d’agronomie, particulièrement de la naturalisation des moutons mérinos qui, au moins jusqu’en 1803, mobilisent davantage l’attention de la section que les plantes exotiques. Cela tient, sans doute, au détachement du savoir agronomique de son ancienne affiliation à la botanique et à son rapprochement avec la médecine vétérinaire509. L’éphémère Commission d’agriculture et des arts est mal connue510. Créée le 1er avril 1794 au moment de la suppression des ministères, ses activités prennent fin dès le mois de septembre 1795. Divisée en trois « agences » — végétale, animale, et des arts et manufactures — elle s’occupe de diverses questions agricoles : rédaction d’instructions, publication de la Feuille du cultivateur, protection des haras au moment des levées de chevaux et, surtout, amélioration des bêtes à laine du troupeau de Rambouillet511. Dans ces trois institutions, la question de l’acclimatation des végétaux et des animaux étrangers en France prime sur toute autre forme de recherche agronomique.
L’agriculture savoir de carrefour selon Thouin
Tableau extrait de Thouin (André), « Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale, sur la manière d’étudier cette science par principes et sur les moyens de l’étendre et de la perfectionner », in Rozier (François), Cours complet d’agriculture, vol. 11, Paris : Marchant, 1805, pl. 2. En regard, détail du quart supérieur gauche | Cliché Bibliothèque centrale, MNHN.
5La Société d’agriculture du département de la Seine, fondée en mai 1798, prend la relève de l’ancienne Société royale d’agriculture dissoute en 1793512. En 1799, elle est dotée, par l’administration départementale, d’un règlement qui porte à 60 le nombre de membres résidents et elle est rapidement convoquée par le gouvernement pour son expertise en matière agricole, notamment lors de la révision du code forestier513. En l’an IX elle fait paraître ses Mémoires d’agriculture dont le préfet de la Seine ordonne l’impression à 1 000 exemplaires afin d’en envoyer dans les préfectures, mairies, archives départementales et bibliothèques des Écoles centrales514. La Société est en effet bien davantage qu’une simple société d’agriculture à base départementale. Avec ses 150 correspondants, elle se veut un « centre de toutes les connoissances rurales » trouvant des relais en province parmi les élites administratives et intellectuelles515. Les Mémoires font une place non négligeable aux questions d’acclimatation, soit environ un dixième des articles publiés entre 1800 et 1805, à peine plus que dans les Mémoires (ou Trimestres) publiés entre 1785 et 1791516. Seule nouveauté, la naturalisation des moutons espagnols donne désormais lieu à davantage d’articles que l’acclimatation des plantes exotiques, ce qui peut surprendre dans ces années de délitement du premier empire colonial. La Société d’encouragement pour l’industrie nationale est créée en 1801 grâce à la protection de Chaptal, ministre de l’Intérieur, qui en devient le premier président. Elle apparaît immédiatement comme un organe officiel du régime fondé comme l’indique plus tard l’Almanach impérial « par le concours des chefs de l’État [sic], d’un grand nombre de fonctionnaires publics, de propriétaires et de savants »517. La société dispose de six comités dont un « comité d’agriculture » et un autre chargé des « arts économiques » dans lequel on retrouve plusieurs agronomes et botanistes518. Elle publie mensuellement son Bulletin qui rassemble des articles sur les bêtes à laine espagnoles, le rutabaga, le lin de Nouvelle-Zélande etc.519 Entre 1793 et 1805, cinq institutions parisiennes consacrent ainsi une partie de leurs ressources au problème de la naturalisation des espèces végétales ou animales. Ces différents lieux de savoir ne semblent pourtant pas en concurrence les uns avec les autres, rien de comparable en tous cas à la méchante rivalité entre la Société royale d’agriculture et le Comité d’agriculture durant les dernières années de l’Ancien Régime520. Ces institutions forment plutôt un réseau agronomique qui n’est pas sans faire penser à la « machine coloniale » décrite par James E. McClellan III et François Regourd avec laquelle cette petite « machine agricole » a d’ailleurs partie liée521.
6Les principales personnalités parisiennes en charge des questions d’acclimatation pendant la décennie 1793-1805 sont facilement repérables par le croisement des listes de membres de ces cinq institutions522. Dans la décennie, le cœur du milieu agronomique parisien est composé d’une quinzaine de personnes qui appartiennent — soit simultanément, soit successivement — à au moins deux des cinq institutions à l’œuvre sur ce territoire savant dans la capitale. Parmi les membres de ce premier groupe, un second cercle se dessine, composé de sept agronomes appartenant à trois, voire quatre des cinq institutions recensées. Trois d’entre eux — Cels, Vilmorin et Thouin — jouent un rôle essentiel pour l’acclimatation des plantes ; trois autres — Tessier, Huzard et Gilbert — multiplient les expérimentations sur les moutons espagnols à Rambouillet. La septième personnalité, Parmentier, célèbre pour ses recherches sur la pomme de terre dans les années 1770, est, à cette époque, la moins impliquée dans l’acclimatation des espèces étrangères, mais, en tant qu’aîné du groupe, il fait figure de père spirituel de l’agronomie française à la charnière des deux siècles523.
Le cœur du réseau agronomique parisien (1793-1805)
Comité d’agriculture et des arts (CAA), agence végétale (V.) et agence animale (A.) ; Muséum national d’Histoire naturelle, chaire d’Économie rurale (MNHN) ; Institut national, section Économie rurale et Art vétérinaire (IN) ; Société d’agriculture de la Seine (SAS) ; Société d’encouragement pour l’industrie nationale, comité d’agriculture (SEIN).
7Ce réseau institutionnel ne suffit néanmoins pas à rendre compte de l’ensemble des essais de naturalisation conduits à Paris, ou dans ses environs, pendant la Révolution. Comme au cours des dernières décennies de l’Ancien Régime, une place doit être faite aux initiatives privées des pépiniéristes et des grainetiers de la capitale524. Le plus important d’entre eux est sans doute Philippe-Victoire-Levêque Vilmorin525. Membre de plusieurs sociétés savantes et de la Commission d’agriculture et des arts sous la Révolution, il est, depuis les années 1770, propriétaire avec son beau-père Andrieux d’une pépinière à la périphérie de Paris et d’un magasin de semences quai de la Mégisserie, en plein cœur de la ville. Pendant trente années, Vilmorin multiplie les essais agronomiques et favorise la propagation de semences exotiques qu’il tire d’abord d’Angleterre où elles sont naturalisées, avant d’en faire venir directement d’Amérique septentrionale, opérant « la première importation de ce genre qui eut lieu en France par le commerce »526. Il entreprend ainsi l’introduction, la naturalisation et la diffusion commerciale d’arbres comme le robinier et de légumes comme le rutabaga, et propose, dans sa boutique, « un assortiment complet de graines et de plants pour toutes les branches de l’agriculture et du jardinage »527. En 1801, c’est encore à celui qui a réussi à « rendre vulgaires des espèces de plantes précieuses pour l’agriculture, et qui n’existoient encore que dans les jardins botaniques d’un petit nombre d’amateurs » que Thouin demande des graines pour la colonie d’Égypte528. S’attarder un peu longuement sur Vilmorin est aussi une manière de nuancer l’approche institutionnelle généralement adoptée dans les travaux touchant aux sciences en France. L’entreprise de naturalisation est certes d’abord théorisée au sein d’institutions de savoir, mais sa mise en œuvre pratique relève autant de l’activité des marchands que du travail des savants, au Muséum ou à Rambouillet.
LE MUSÉUM ET L’ACCLIMATATION DES PLANTES
8Le 10 juin 1793, le décret qui crée le Muséum en lieu et place des anciens Jardin et Cabinet du roi précise dans l’article 3 du titre IV : « Le professeur de culture sera chargé de faire parvenir dans les jardins de botanique, situés dans les divers départements de la France, les graines des plantes et des arbres rares, recueillies dans le jardin du Muséum : ces envois pourront être étendus jusqu’aux nations étrangères, pour en obtenir des échanges propres à augmenter les vraies richesses nationales »529. Le 30 mai 1794, l’abbé Grégoire reprend l’article du décret de fondation du Muséum à l’appui de sa demande de fonds pour la sauvegarde des jardins botaniques départementaux et précise que l’on a « déterminé l’objet de cette correspondance [entre le Jardin des plantes et les autres jardins botaniques] en la dirigeant vers le perfectionnement de l’agriculture, du commerce et des arts. Le Muséum est, pour ainsi dire, un réservoir commun »530. En décembre de la même année, Thibaudeau écrit encore qu’en conséquence du décret de fondation, « il faut entourer [le Muséum] de toutes les facilités pour rassembler les objets à distribuer, pour acclimater les végétaux & les animaux utiles et bons à multiplier dans nos jardins, nos champs, nos forêts & nos basses-cours »531. Le Jardin des plantes n’est pas qu’une institution botanique, c’est aussi le premier jardin d’acclimatation du pays. La chose n’est d’ailleurs pas neuve et les histoires institutionnelles rappellent à l’envi le rôle d’Antoine de Jussieu dans l’acclimatation du café aux Antilles après un bref passage au Jardin du roi ou le rôle de son frère, Bernard, dans l’introduction du cèdre du Liban au Jardin et, de là, sa naturalisation sur le territoire national532. En 1788, Thouin souligne que « depuis un siècle la majeure partie des végétaux introduits en France a eu pour berceau le Jardin du roi et il en est qui dans ce moment sont devenus l’objet d’un commerce considérable dont le produit rapporte à l’État plusieurs millions tel que celui que procure la culture du café »533.
9La principale nouveauté de la période révolutionnaire est peut-être d’avoir systématisé et rationalisé ces essais d’acclimatation. En 1804, Thouin présente le Jardin des plantes comme renfermant des « dépôts particuliers affectés à l’éducation, à la conservation et à la multiplication des végétaux de toutes les parties du globe »534. Au Jardin des semis, aussi appelé le « Séminaire », Thouin plante des graines de plantes exotiques avec l’espoir d’une levée qui pourrait « fournir […] de nouvelles ressources agricoles, économiques et commerciales pour tout un pays »535. Il décrit alors sa pratique méticuleuse et celle des garçons-jardiniers : « le semeur (qui est toujours le jardinier en Chef, lequel ne se repose sur personne de ce travail délicat et important), accompagné d’un aide et de deux garçons-jardiniers, arrive avec des tiroirs où sont rangés les sachets de graines, et des planchettes garnies de numéros disposés par dizaines dans l’ordre numérique »536. En l’espace de deux ou trois semaines, ils sèment à eux quatre entre 6 000 et 10 000 pots537. De là, les plantes passent ensuite dans les autres jardins, pépinières et serres du Muséum où elles continuent à croître538. De ces plantations, on tire alors des graines et des plants pour les différents jardins botaniques de la République, soit environ 15 000 individus et 70 000 sachets de semences pour la seule distribution de l’année 1801539. Plus tard, en 1821, on parle de plus de 5 tonnes de graines récoltées par 18 ouvriers540. Toutes ces espèces végétales ne sont certes pas exotiques ou rares, mais ces quelques chiffres donnent au moins une idée assez nette de l’ampleur de cette noria de semences axée sur le Jardin des plantes.
10Au Muséum, les essais d’acclimatation des plantes exotiques font partie des attributions du professeur de culture et jardinier en chef, André Thouin541. Son cours de culture, commencé en 1799, à son retour des différentes missions de confiscation à l’étranger, est terminé — ou couronné — par « la théorie de la culture des plantes des différentes zones de la terre et leur naturalisation »542. D’après son neveu, Oscar Leclerc, ses leçons sont suivies par un grand nombre d’auditeurs, du propriétaire améliorateur à l’ouvrier « jaloux de se perfectionner dans son art » en passant par l’étranger qui se veut utile à sa patrie543. C’est aussi Thouin, et lui seul, qui dirige les travaux réalisés dans les différentes parties du Jardin où il met en pratique ce que Jean Gayon appelle la « doctrine de l’amélioration des plantes par le semis »544. Thouin pense en effet que le meilleur moyen d’obtenir de nouvelles variétés de plantes et de perfectionner les espèces existantes est le triage des semis545. Surtout, c’est la voie de la naturalisation des plantes exotiques avec « l’idée d’une plasticité des propriétés héréditaires des semences sous l’effet de nouvelles conditions climatiques »546. Thouin écrit ainsi que les semis « procurent […] des races qui s’acclimatent plus aisément au sol sous lequel elles sont nées, que les pieds en nature transportés de leur pays natal. Sous tous les rapports, cette voie de multiplication doit être préférée pour la propagation des espèces et pour l’obtention de nouvelles variétés »547. Fourcroy, Thouin et Jussieu indiquent également que les variétés doivent être préférablement cultivées par « petites masses et non par touffes isolées » afin « qu’elles fournissent des graines dans une proportion assez considérable pour être répandues dans les différents départements de la République »548.
Distribution des productions végétales par le Muséum
Prairial an IX - an X. Tableau extrait des Annales du Muséum, vol. 1, 1802, p. 332.
11La pratique de Thouin repose sur une théorie mais également sur un réseau de correspondance. En 1825, Cuvier peut écrire que son collègue « devint par degrés le centre d’une correspondance qui s’étendait à toutes les parties du monde, et dont l’objet n’était pas moindre que d’en faire circuler de toutes parts et dans tous les sens les productions végétales. C’est ainsi du moins que M. Thouin conçut la nature de sa place, et d’après ce plan qu’il s’en traça les devoirs »549. Thouin est en effet au cœur d’un réseau épistolaire d’une ampleur rare, seulement comparable à ceux de Haller et de Banks pour le xviiie siècle550. Pour son projet de naturalisation, le jardinier du Muséum échange continuellement des sachets de graines depuis les années 1760 jusqu’à sa mort en 1824. À partir du registre de ses correspondants, Emma C. Spary a étudié le réseau de Thouin pour la première période, soit des années 1760 à 1791551. Le registre tient à la fois du bottin mondain et de l’annuaire savant : de grands aristocrates et des ambassadeurs y côtoient des gens de lettres, des naturalistes, des fleuristes et quelques indigents. Ses correspondants sont très dispersés : à l’échelle nationale, ils sont localisés sur tout le territoire de manière étonnement uniforme ; à l’échelle européenne, ils sont nombreux dans une zone allant de l’Angleterre à l’Italie du Nord en passant par la Hollande et l’espace germanique ; à l’échelle mondiale, ils sont surtout présents sur les littoraux des différents continents, dans les colonies et dans les comptoirs européens. Le réseau épistolaire de Thouin est remarquable, mais comme l’écrit James E. MacClellan III, il ne peut en aucun cas être confondu avec une correspondance privée552. Rédiger des lettres, recevoir et envoyer des graines, cela fait partie des devoirs de sa fonction — de sa « place » disait Cuvier — même s’il l’exerce, sans aucun doute, avec un zèle sincère. De fait, le jardinier du Muséum ne noue jamais correspondance en tant que simple particulier, mais en tant que détenteur d’une charge publique au sein d’une institution, d’abord comme officier du roi, puis comme fonctionnaire de la première République.
12Sous la Révolution, Thouin et le Muséum sont, plus encore que sous l’Ancien Régime, au centre de la circulation des espèces végétales exotiques comme le montre, exemplairement, le cas de l’arbre à pain polynésien (Artocarpus altilis). Les cheminements de cette plante peuvent être retracés méticuleusement depuis son origine polynésienne553. L’histoire de l’arrivée en France de l’arbre à pain de Polynésie est liée à l’expédition de d’Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse554. En mars 1793, aux Îles des Amis, Labillardière collecte des plantes de l’arbre à pain dont il souhaite « enrichir nos colonies ». L’année précédente, sous la conduite de Bligh, une expédition anglaise avait débarqué aux îles de la Société, également en Polynésie, « pour y prendre l’arbre à pain, et le transporter dans les colonies anglaises des Indes occidentales », c’est-à-dire dans les Antilles britanniques. À l’automne 1793, les navires de l’expédition française atteignent Java, où ils sont arraisonnés par la flotte hollandaise. Après la mort de d’Entrecasteaux, et avec la complicité du nouveau commandant, le royaliste D’Auribeau, les savants républicains sont emprisonnés et leurs collections confisquées par les Anglais comme prise de guerre. Dès lors, l’arbre à pain polynésien va emprunter deux routes différentes avant de rejoindre Paris. Première route : Labillardière, libéré en 1794, arrive à l’Île de France (Maurice) le 7 mai 1795 avec plusieurs pieds d’arbres à pain, soustraits aux Anglais et provisoirement confiés au jardinier Delahaye. Il les dépose au jardin colonial de Monplaisir — le Jardin des Pamplemousses dirigé par Jean-Nicolas Céré555, successeur de Poivre — avant de repartir pour la France avec trois arbres que Thouin tente d’acclimater au Jardin des plantes en 1796556. Seconde route : les collections de Labillardière saisies par les Anglais passent à Londres, mais Banks obtient bientôt leur restitution à la France, on l’a vu. Les arbres à pain arrivent finalement au Havre « sur un bâtiment anglais frété pour cet unique objet » à l’été 1796 et sont rapidement conduits à Paris557. Au Muséum, ces individus ne survivent pas longtemps au froid parisien et il faut attendre le début des années 1820 pour revoir cette espèce au Jardin558. Après être resté plus d’un an dans les serres du Muséum, un individu est envoyé à Cayenne, sans doute en 1797 ou 1798, où il fait, on le verra, l’objet d’une attention particulière du jardinier Joseph Martin qui le propage par marcottage559.
Parcours des arbres à pain récoltés par Labillardière aux Îles des Amis (1793-1798) | Infographie Pierre-Yves Lacour.
13De la narration méticuleuse de l’histoire de l’arbre à pain, on peut tirer trois remarques. D’abord, la plante polynésienne est l’enjeu d’une course franco-anglaise entre les expéditions de d’Entrecasteaux et Bligh dans le but de la transplanter dans les espaces coloniaux des deux puissances560. Ensuite, les jardins coloniaux servent à la fois d’étapes sur la route qui les mène à Paris et de dépôts pour les plantes distribuées aux cultivateurs à l’échelle régionale561. Enfin, et surtout, les deux chemins empruntés par l’arbre polynésien se réunissent au Muséum, à la fois but du voyage des plantes et centre de redistribution des graines alors que la variété sauvage de l’arbre à pain, celle des Moluques, est peut-être passée d’une colonie à l’autre sans transiter par Paris dans les dernières décennies de l’Ancien Régime562.
RAMBOUILLET ET LA NATURALISATION DES MÉRINOS
14Rambouillet, à une quarantaine de kilomètres au Sud-Est de la capitale, est le principal centre de conservation et d’amélioration des races animales. On y réalise des expériences sur des variétés domestiques de vaches suisses, de buffles italiens, d’ânes toscans, de chèvres angoras, etc.563 Néanmoins, l’essentiel des travaux portent sur les « bêtes à laine », plus précisément sur les mérinos espagnols. En partant des travaux d’André Bourde et de Jean-Marc Moriceau, on peut retracer brièvement l’histoire de leur introduction en France au xviiie siècle564. Avant 1750, le souci améliorateur des races ovines est peu répandu malgré l’ambition colbertiste de développer les manufactures de draps. Les races françaises sont alors nombreuses et diversifiées, tandis que les tentatives d’importation de moutons anglais et espagnols par des particuliers, souvent aristocrates, demeurent rares565. Mais, dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, le perfectionnement des bêtes à laine devient une des questions centrales de la littérature agronomique, notamment grâce aux recherches de l’abbé Carlier. Les agronomes se partagent alors entre les tenants du croisement avec les races locales et les partisans de l’importation massive de mérinos. Dès la fin des années 1760, Trudaine, intendant des Finances, charge Daubenton de réaliser des expériences sur diverses races de bêtes à laine avec l’idée d’acclimater en France le mouton espagnol et, ainsi, de libérer le pays du « tribut » payé annuellement à l’Espagne par les importations de laine. La question est alors d’autant plus sensible que la demande de laine augmente régulièrement et que le ministre craint que les Espagnols mettent sur pied leur propre industrie lainière, réduisant d’autant leurs exportations vers la France. Pendant une quinzaine d’années, Daubenton multiplie les expérimentations sur les moutons comparant, à l’aide d’un « micromètre », les laines issues du croisement avec des béliers de race supérieure et celles issues des races espagnoles. À la fin de sa vie, il conserve d’ailleurs encore près de lui un petit troupeau de mérinos au Jardin des plantes566. En 1782, il publie une première fois son Instruction pour les bergers sous la forme de questions/réponses567. Quatre années plus tard, en 1786, un premier troupeau de 366 mérinos espagnols est installé à Rambouillet sous la direction de l’abbé Tessier avec un double objectif : maintenir un troupeau de race pure dans la bergerie ; vendre des reproducteurs surnuméraires pour améliorer les races indigènes568. Sous la Révolution, l’existence de la bergerie de Rambouillet est assurée malgré quelques craintes exprimées en 1794569. On lit alors dans la Décade philosophique : « La République possède encore à Rambouillet un troupeau nombreux de la plus belle race étrangère. Il étoit entretenu naguères pour l’amusement du dernier tyran, il va servir à la prospérité de la République. On confiera à des cultivateurs intelligens les fruits qui proviendront de cette souche précieuse, et on les répandra ainsi sur la surface de notre territoire »570. L’année suivante, en vertu des clauses secrètes du traité de Bâle, l’Espagne doit céder à la France 5 000 brebis et 500 béliers et, en 1798, François de Neufchâteau désigne François-Hilaire Gilbert, professeur à l’École vétérinaire, pour choisir et rapporter les mérinos d’Espagne. En 1800, peu après la mort de Gilbert, un millier de bêtes fatiguées arrivent à Perpignan dont moins de la moitié est répartie l’année suivante entre différentes bergeries, dont celle de Rambouillet où ils arrivent en juillet 1801.
15À partir de 1798, Henri-Alexandre Tessier et Jean-Baptiste Huzard, membres de la section Économie rurale et Arts vétérinaires de l’Institut national, rédigent régulièrement des rapports sur la ferme de Rambouillet571. Dans leurs rapports, ils analysent les résultats de leurs expériences et interprètent les chiffres des ventes annuelles des animaux. Les essais visent à détruire les « préjugés » nuisibles et les « détestables routines » sur la naturalisation des moutons espagnols572. Ils relaient d’autres observations comme celle de Lasteyrie qui remarque que malgré les rigueurs climatiques, les mérinos d’Europe septentrionale ne dégénèrent pas573 ; ou celles de Richard d’Aubigny qui, de retour auprès de son troupeau de mérinos après six années d’absence, constate que, malgré l’état déplorable du troupeau, les laines n’ont pas dégénéré574. Ces observations sont complétées par des expérimentations. Tessier et Huzard s’interrogent : la dégradation des conditions de vie des animaux entraîne-t-elle la dégénérescence des laines ? L’absence de tonte pendant une ou plusieurs années nuit-elle à la quantité et à la qualité des laines ? Une tonte bisannuelle des agneaux produit-elle davantage de laine et de meilleure qualité que deux tontes en deux années ? Un « mouton engraissé pour la boucherie, remis à la nourriture ordinaire » périt-il rapidement ?575 La démarche est toujours la même : les expériences portent sur quelques individus et le reste de la colonie est conservé comme population-témoin ; les essais qui n’ont pas réussi doivent être répétés ; on insiste sur les petites différences de protocole entre les deux troupeaux que l’on compare sont soulignées ; les preuves — les échantillons des différentes laines ou les peintures des différentes races de moutons réalisées par Nicolas Maréchal à la demande de Chaptal — sont conservées576.
16Les deux agronomes de Rambouillet analysent également les ventes aux enchères des bêtes de l’établissement. Le prix des laines du troupeau se rapproche tendanciellement de celui des laines espagnoles et le prix de celles de l’ancienne importation est supérieur à celui de l’importation Gilbert : c’est « une nouvelle preuve que la laine n’éprouve, aux yeux des acquéreurs mêmes, aucune dégénération dans la naturalisation ; et elle est une réponse positive à ceux qui prétendent encore que cette laine perd de ses qualités après plusieurs générations dans notre climat »577. Le succès commercial est ainsi une preuve de l’efficacité de la mérinisation. À l’appui de leur propos, Tessier et Huzard donnent les prix de la livre de laine en fonction du nombre de croisements entre les troupeaux de la Beauce et les béliers espagnols578. Plus un troupeau est mérinisé, plus les prix des laines sont élevés d’autant que les brebis métisses produisent davantage que les races beauceronnes. Ils comparent également le prix moyen des béliers et des brebis, observant un renversement tendanciel des prix vers 1800 : jusqu’en l’an VII, les riches propriétaires achetaient des brebis mérinos pour « former le fonds de leurs troupeaux » en espérant que le goût du public pour les laines fines se développe mais, à partir de l’an VIII, les cultivateurs, « plus éclairés sur leurs intérêts » viennent aux ventes et donnent la préférence aux béliers579.
Prix de la livre de laine En fonction du nombre de croisements avec des moutons mérinos.
17En l’an XI, les prix s’inversent à nouveau, Huzard expliquant que « cette différence en plus pour les brebis, et en moins pour les béliers, prouve deux choses remarquables : 1 ° c’est que les cultivateurs qui achètent aux ventes de Rambouillet, pour croiser les troupeaux communs, commencent à être suffisamment approvisionnés de béliers ; 2 ° c’est qu’ils cherchent à propager chez eux la race pure, et qu’ils veulent, par l’acquisition des brebis, se procurer les moyens de n’avoir plus besoin de recourir à l’Établissement national, pour renouveler leurs béliers régénérateurs »580. Dans leur obsession d’une analyse économique chiffrée, les deux agronomes offrent ainsi toujours l’interprétation la plus favorable au troupeau dont ils ont la charge. Il n’y a pourtant qu’une seule vraie certitude : en l’an XI, un mouton de Rambouillet rapporte cinq fois plus qu’un individu de la race beauceronne, pourtant une des plus productives du territoire national.
Prix moyen des béliers et brebis mérinos de Rambouillet An V-an XI.
18Dans leur rapport à l’Institut national de l’an X, Huzard et Tessier indiquent encore l’origine géographique des acheteurs de moutons de Rambouillet : « Il y avait lors de la dernière vente, vingt cultivateurs du département d’Eure-et-Loire, deux du Loiret, dixhuit de celui de la Seine-et-Oise, onze de celui de la Seine-et-Marne, deux de l’Aisne, un de l’Aube, deux de la Seine-Inférieure, un de l’Eure »581. Comme le remarque Jean-Marc Moriceau, « c’est donc le bassin parisien qui est le premier à se convertir » à la mérinisation582. Quelques noms d’améliorateurs sont connus : à Croissy, Jean Chanorier, correspondant de la Société d’agriculture de la Seine et associé de l’Institut national, est propriétaire d’un troupeau de mérinos, « le plus beau […] de la République après celui de Rambouillet »583 ; à Pontoise, Dumont et Grand-Maison possèdent deux troupeaux de « race espagnole, dirigés comme ceux de Rambouillet »584 ; près de Saint-Maur, dans le département de la Seine, Mallet-Manon est propriétaire de plus de 900 moutons issus de croisements avec les béliers mérinos de Rambouillet585 ; à Nogentsur-Vernisson, dans le Loiret, Billart possède un troupeau de métis et un autre de race pure586. Entre 1800 et 1803, ces deux derniers reçoivent des encouragements de la Société d’agriculture de la Seine pour l’exemplarité de leurs pratiques amélioratrices. Pour autant, l’amélioration des troupeaux ovins est lente à s’imposer. Ainsi, Jean-Marc Moriceau observe qu’en 1806, le département de la Seine-et-Oise ne compte que 2 900 mérinos purs (dont plus de 700 dans la seule bergerie de Rambouillet) et 6 100 métis contre plus de 147 000 moutons de races indigènes587.
19Plus tard, sous l’Empire, le processus de mérinisation connaît une impulsion décisive : en 1813, le département de la Seine-et-Oise compte 57 000 mérinos et métis contre environ 9 000 en 1806 ; en 1812, dans l’Eure-et-Loir, les deux-tiers des moutons de l’arrondissement de Chartres sont mérinisés588. À l’échelle nationale, entre 1799 et 1811, le nombre de moutons espagnols passe de 5 000 à presque 200 000, sans compter les deux millions de métis sur un cheptel ovin estimé à 25 millions de têtes vers 1800589. La mérinisation du cheptel français a été cartographiée par Tim J. A. Le Goff pour l’année 1813590. Sous l’Empire, mérinos et métis sont fortement implantés dans le large bassin parisien, sans doute en raison de la proximité de Rambouillet. La mérinisation, essentiellement grâce aux métis, a également progressé dans le Sud-Ouest, ce qui s’explique par la présence de la ferme de Perpignan, par les mélanges lors des transhumances des bêtes en Espagne et par les pratiques d’améliorateurs comme Bernard Journu-Auber qui dispose, à partir de 1799, d’un troupeau important sur le domaine de Tustal près de Sadirac591. Dans le quart Nord-Est du pays, la propagation des mérinos et des métis est surtout liée à quelques initiatives individuelles comme celle, ancienne, de Daubenton, le « berger de Montbard », en Côte-d’Or ou celle, plus récente, d’Antoine Bertier, propriétaire de la ferme de Roville près de Nancy, qui introduit en 1810 les premiers mérinos en Lorraine grâce à un envoi de Rambouillet592. L’acclimatation des moutons espagnols en France est ainsi un processus au long cours, entamé à la fin de l’Ancien Régime et bien avancé dans les dernières années de l’Empire. Dans ce processus de mérinisation du cheptel ovin français, la ferme de Rambouillet a joué un rôle essentiel — tout au moins dans le Nord du pays — mais jamais exclusif.
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20L’acclimatation des espèces végétales et animales en vue de « l’amélioration agricole » en passe d’abord par Paris, au sein même de la capitale — le Muséum — mais surtout dans sa périphérie — Rambouillet, et les jardins de Cels ou Vilmorin. Sous la Révolution, la chaire de culture du Muséum est la principale innovation en matière agronomique. Jusqu’à sa mort en 1824, Thouin continue à occuper cette fonction, tentant encore en 1820, d’acclimater une variété de blé venue de Crimée593. Mais les rêves d’acclimatation de Thouin au Muséum sont un échec : la dominante céréalière continue au sortir de la Révolution, les Français demeurant panivores tandis que la technique des semis produit des résultats assez médiocres594. À la différence des recherches végétales menées au Muséum sous la Révolution, les essais d’acclimatation des mérinos dans la ferme de Rambouillet sont une réussite et, sous l’Empire, la mérinisation du cheptel ovin national est bien avancée.
21En 1805, Thouin a un projet de régénération agricole de la France reposant sur l’établissement d’autant « de fermes expérimentales qu’il existe de bassins naturels sur le sol de la France, ou tout au moins quatre principales, qui seroient placées vers le centre de chacun des quatre climats qui divisent le territoire de la République »595. Dans ces « écoles de pratiques et d’expériences », les animaux et les végétaux, « naturalisés ou perfectionnés, donneront les moyens les plus sûrs d’augmenter les produits du sol ». Thouin propose aussi de réunir de jeunes agronomes dans un « corps de voyageurs » que l’on enverrait parcourir le monde pour y observer les modes de culture et en rapporter des végétaux, des animaux mais aussi des outils agricoles inconnus en France. Il recommande enfin de destiner deux terrains à l’acclimatation des espèces étrangères : un jardin « dans la partie la plus méridionale de la France […] offrant des expositions et des sols de différentes natures, pour la naturalisation des végétaux et des animaux des Tropiques, qui peuvent être utiles aux progrès de l’économie rurale » et « une portion de chaîne de hautes montagnes couronnées par des glaces permanentes, pour y acclimater les animaux et les végétaux des hautes Cordillières [sic], du plateau de la grande Tartarie et du voisinage des pôles ». L’ensemble de ces établissements agronomiques serait chapeauté par un « bureau central d’économie rurale » doté d’une bibliothèque, de collections et d’un vaste réseau de correspondants et localisé « à peu de distance des faubourgs de la capitale ». Le projet de 1805 est démesuré et Thouin se contente de créer au Muséum l’année suivante une École d’agriculture pratique — ou École de culture — où sont disposés méthodiquement des exemples des différents procédés de culture mais qui ne présente « rien d’intéressant » pendant une quinzaine d’années, le temps de la pousse des arbres596. C’est là qu’il fait une partie de ses leçons, dans un terrain d’à peine mille toises carrées — soit environ 3 800 m2 — très éloigné des grandes fermes expérimentales et de la portion de montagne dont il rêve alors. La centralisation agronomique de Thouin semble ainsi échouer là où avait réussi la transformation de Paris en capitale des sciences naturelles.
Notes de bas de page
494 Roche (Daniel), Le Siècle des Lumières en province…, op. cit., vol. 1, p. 19.
495 Mornet (Daniel), Les Sciences de la nature…, op. cit, p. 244.
496 Blagdon (Francis William), Paris as it was and as it is…, 1803, op. cit., vol. 1, p. 395 : « The sciences have claimed and obtained in the public mind a superiority [over literature] resulting from the very nature of their object ; I mean utility. The title of savant is not more brilliant than formerly ; but it is more imposing ; it leads to consequence, to superior employments, and, above all, to riches ». Je traduis.
497 Langins (Janis), La République avait besoin de savants. Les débuts de l’École polytechnique : l’École centrale des travaux publics et les cours révolutionnaires de l’an III, Paris : Belin, 1987, 287 p. ; Gillispie (Charles Coulston), Science and Polity in France. The Revolutionary and Napoleonic Years, Princeton, NJ : Princeton University Press, 2004, chap. 6.
498 Pour ce qui suit, Denis (Gilles), « Éléments pour une histoire de l’agronomie », Histoire et Sociétés rurales, no 3, 1995, pp. 231-241, notamment pp. 234-236.
499 Cels (Jacques Philippe Martin), « Mémoire sur l’exacte signification des mots Agriculture et Économie rurale », Mémoires d’agriculture, vol. 1, 1800/1801, pp. 163-171.
500 Ibid., p. 170-171.
501 Thouin (André), « Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale… », 1805, art. cit., pl. 1 : « Parties de l’économie rurale ». Ce tableau et les autres qui composent cet Essai ne demeurent pas enfermés dans un livre ; ils sont accrochés et encadrés dans le local de la Société d’agriculture de la Seine en 1805 pour mieux « suivre les divisions et subdivisions de […] l’Économie rurale » (Lettre de la Société d’agriculture de Seine-et-Oise à Thouin. Versailles, le 4 frimaire an XIV ; cité in Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., pp. 581-582).
502 Cels (Jacques Philippe Martin), « Mémoire sur l’exacte signification… », 1800/1801, art. cit., p. 165.
503 Denis (Gilles), « Éléments pour une histoire de l’agronomie », art. cit., p. 236.
504 Crosland (Maurice), Science under Control…, op. cit., p. 157. Cela tient bien sûr d’abord à la longueur du titre de cette section.
505 Lacour (Pierre-Yves), « Encyclopédisme et distribution des savoirs dans le Magasin encyclopédique », art. cit., § 5.
506 Chabot (Hugues), Enquête historique sur les savoirs scientifiques rejetés à l’aube du positivisme (1750-1835), op. cit., pp. 283-284.
507 Thouin (André), « Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale… », 1805, art. cit., pl. 2.
508 McClellan III (James E.) & Regourd (François), The Colonial Machine : French Science and Overseas Expansion in the Old Regime, Turnhout : Brepols, 2011, pp. 84-90.
509 Crosland (Maurice), Science under Control…, op. cit., p. 157.
510 Du Verdier (Philippe), « Les Procès-verbaux des séances de la Commission d’agriculture et des arts. An II – an III », Bulletin d’Histoire économique et sociale de la Révolution française, année 1970, pp. 11-20. Voir aussi Festy (Octave), L’Agriculture pendant la Révolution française, vol. 1 : Les Conditions de production et de récolte des céréales. Étude d’histoire économique. 1789-1795, 5e éd., Paris : Gallimard, 1947, pp. 432-440 (Nouvelle Revue Française).
511 Décade philosophique, vol. 9, mars à mai 1796, pp. 524-535 : « Bibliothèque britannique » ; ici, p. 527.
512 Décade philosophique, vol. 18, juin à août 1798, p. 47 : « Création de la Société d’agriculture et d’économie rurale ».
513 Mémoires d’agriculture, vol. 1, 1800/1801, pp. 7-14 : « Règlement de la Société [en date du 16 pluviôse an VII] ». Outre les 60 membres résidents du département de la Seine, le règlement prévoit un maximum de 150 membres correspondants « républicoles » dont au moins un par département. Pour être élu il faut avoir réalisé des expérimentations agricoles ou avoir rédigé un ouvrage réputé utile. Sur son rôle d’expertise, voir Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 643.
514 Mémoires d’agriculture, vol. 1, 1800/1801, pp. 5-6 : « Arrêté du préfet du département de la Seine du 8 fructidor an VIII ».
515 Mémoires d’agriculture, vol. 1 (1800/1801), pp. 45-64 : « Compte-rendu des travaux de la Société pendant l’an VII. Par le C. Silvestre, secrétaire » ; ici, p. 50.
516 Pour les Trimestres publiés entre 1785 et 1791 (22 volumes) : 5,9 % pour l’acclimatation des plantes et 2,6 % pour les mérinos ; pour les Mémoires publiés entre l’an IX et 1805 (8 vol.) : 2,8 % pour l’acclimatation des plantes et 7,4 % pour les mérinos ; pour les Mémoires publiés entre 1806 et et 1810 (5 vol.) : 5,9 % pour l’acclimatation des plantes et 11,8 % pour les mérinos. Sur les Trimestres, Regourd (François), « La Société Royale d’Agriculture de Paris face à l’espace colonial. 1761-1793 », Bulletin du Centre historique des espaces atlantiques, 1998, no 8, pp. 155-194.
517 Cité in Chassagne (Serge), « Une institution originale de la France post-révolutionnaire et impériale : la Société d’encouragement pour l’industrie nationale », Histoire, économie et société, 8e année, no 2, 1989, pp. 147-165 ; ici, p. 158.
518 Ibid., p. 151.
519 D’après Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, vol. 1-4, An XI - an XIII. Néanmoins, de nombreux articles publiés dans le Bulletin sont en fait des reprises de textes publiés ailleurs.
520 Sur ces rivalités, voir Bourde (André J.), Agronomie et agronomes en France au xviiie siècle, Paris : SEVPEN, 1967, vol. 3, pp. 1305-1313 (Les Hommes et la Terre ; 13) ; Gillispie (Charles Coulston), Science and Polity in France at the End of Old Regime, Princeton : Princeton University Press, 1980, pp. 379-383.
521 McClellan III (James E.) & Regourd (François), « The Colonial Machine… », art. cit. ; McClellan III (James E.) & Regourd (François), The Colonial Machine, op. cit.
522 Société d’agriculture : « Liste par ordre alphabétique des membres composant la Société depuis son établissement », Mémoires d’agriculture, vol. 1, 1800/1801, pp. 15-21 ; Commission d’agriculture et des arts : Tessier (Henri-Alexandre), « Notice relative à l’Établissement d’économie rurale de Rambouillet », Mémoires d’agriculture, vol. 8, 1805, p. 13 ; Du Verdier (Philippe), « Les Procès-verbaux des séances de la Commission d’agriculture et des arts. An II - an III », art. cit. ; Société d’encouragement pour l’industrie nationale : Magasin encyclopédique, 8e année, vol. 2, 1802, pp. 102-105 : « Société d’encouragement pour l’industrie nationale » ; Institut national : http://www.academie-sciences.fr/academie/membre.htm, consulté le 14 juin 2013.
523 Cuvier (Georges), « Éloges historiques de Parmentier et de Rumford. Lus le 9 janvier 1815 », Recueil des éloges historiques…, op. cit., vol. 2, pp. 3-55 ; ici, pp. 7-25.
524 Easterby-Smith (Sarah), Cultivating Commerce…, op. cit., chap. 1.
525 Silvestre (Augustin-François), « Notice biographique sur Philippe-Victoire-Lévêque Vilmorin », Mémoires d’agriculture, vol. 10, 1807, pp. 310-329.
526 Ibid., p. 311.
527 Ibid., pp. 313-316 ; pour la citation, p. 316.
528 Ibid., p. 311 pour la citation ; Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 546.
529 Décret de la Convention nationale relatif à l’organisation du Jardin national des Plantes & du Cabinet d’Histoire naturelle, sous le nom du Muséum d’Histoire naturelle. Séance du 10 juin 1793, titre IV, art. 3.
530 Grégoire (Henri), « Rapport [sur les jardins botaniques] fait au nom des Comités des Finances, des Domaines et d’Instruction publique, par Grégoire. Séance du 11 prairial l’an 2e de la République une et indivisible », in Guillaume (James), Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique…, op. cit., vol. 4, pp. 509-511 ; pour la citation, pp. 510-511.
531 Thibaudeau (Barthélemy), Rapport sur le Muséum national d’Histoire naturelle, 1794, op. cit., pp. 7-8.
532 Cap (Paul-Antoine), Le Muséum d’Histoire naturelle, Paris : Curmer, 1854, p. 13 et p. 16.
533 Cité in Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., p. 153.
534 Thouin (André), « Description du Jardin des semis… Partie 1… », 1804, art. cit. p. 263.
535 Ibid., pp. 263-288. Pour la citation, pp. 267.
536 Thouin (André), « Description du Jardin des semis du Muséum d’Histoire naturelle, de sa culture et de ses usages. Partie 2 », Annales du Muséum, vol. 6, 1805, p. 174.
537 Ibid., p. 175.
538 Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum…, 1802-1803, op. cit., vol. 2, pp. 8-20.
539 « Tableau des productions végétales distribuées par le Muséum d’Histoire naturelle, pendant les quatre derniers mois de l’an 9 et l’année dernière », Annales du Muséum, vol. 1, 1802, p. 332.
540 Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., pp. 622-623.
541 Voir notamment Kury (Lorelai), « André Thouin et la nature exotique… », art. cit.
542 Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 576.
543 Ibid., p. 581.
544 Gayon (Jean), « Le Muséum national d’Histoire naturelle et l’amélioration des plantes au xixe siècle », in Blanckaert (Claude), Cohen (Claudine), Corsi (Pietro) & Fischer (Jean-Louis) (sous la dir.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, op. cit., p. 388.
545 Ibid., p. 385.
546 Ibid., p. 398.
547 Thouin (André), « Semis », in Rozier (François), Cours complet d’agriculture, op. cit., vol. 12, 1805, pp. 551-561 ; ici, p. 551.
548 Gayon (Jean), « Le Muséum national d’Histoire naturelle et l’amélioration des plantes… », art. cit., p. 375.
549 Cuvier (Georges), « Éloge historique de Thouin… », art. cit., p. 360.
550 Bungener (Patrick), « Un Botaniste dans la République des sciences… », art. cit., p. 167. Haller compte 1 200 correspondants, André Thouin 1 900 et Joseph Banks 3 000 contre seulement 570 pour Linné.
551 Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., pp. 75-125. L’étude pourrait être prolongée de quelques années par : MNHN, Ms 313 : État des envois faits aux correspondants depuis 1790 jusqu’à 1798.
552 McClellan III (James E.), « Patronage versus Institutions. Review Work : Utopia’s Garden… », art. cit., pp. 324-329.
553 Décade philosophique, vol. 9, mars à mai 1796, pp. 398-412 puis pp. 454-464 : « Voyage à la recherche de La Peyrouse ».
554 Richard (Hélène), Une grande expédition au temps de la Révolution française. Le voyage de d’Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse, Paris : Éditions du CTHS, 1986, 376 p.
555 Voir aussi Magasin encyclopédique, 7e année, vol. 5, 1801, pp. 548-550 : « Lettre du c. Riedlé, jardinier de l’expédition Baudin ». Riedlé, jardinier de l’expédition Baudin, écrit en avril 1801 que Céré lui a fait « manger des fruits de ses arbres à pain [qu’il a] trouvé délicieux [et] en a distribué aux principaux habitans de la colonie pour le faire goûter et inspirer le désir de le cultiver ». Le jardin colonial de Monplaisir est, à l’échelle locale, un centre de distribution de graines aux cultivateurs.
556 Voir aussi MNHN, Ms 569 : « Graines étrangères semées en l’an VI » ; « Graines étrangères semées en l’an VII ». À partir de 1798, Céré envoie des graines au Jardin des plantes de Paris, passant notamment par le général d’Houdetot. Parmi celles-ci, on trouve très probablement l’arbre à pain.
557 Décade philosophique, vol. 10, juin à août 1796, pp. 566-567 : « Restitution anglaise de la collection de Labillardière ».
558 Magasin encyclopédique, 6e année, vol. 6, 1801, pp. 382-383 : « Sur l’arbre à pain » ; Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit., vol. 1, p. 297, n. ; Touchet (Julien), Botanique & colonisation…, op. cit., p. 303.
559 Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit., vol. 1, p. 122.
560 Magasin encyclopédique, 6e année, vol. 6, 1801, pp. 382-384 : « Sur l’arbre à pain ». Voir aussi Bret (Patrice), « Le Réseau des jardins coloniaux : Hypolite Nectoux (1759-1836) et la botanique tropicale, de la mer des Caraïbes aux bords du Nil », in Laissus (Yves) (sous la dir.), Les Naturalistes français en Amérique du Sud. xvie - xviiie siècles, Paris : Éditions du CTHS, 1995, p. 190.
561 Bonneuil (Christophe) & Bourguet (Marie-Noëlle), « De l’inventaire du monde et de la mise en valeur du globe. Botanique et colonisation. Présentation du dossier thématique », Revue française d’Histoire d’Outre-Mer, vol. 86, no 322-323, 1999, p. 17.
562 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, p. 188. Les individus de la variété sauvage envoyés à Cayenne en 1788 ont peut-être transité par Rochefort dans les années 1770 (Allain (Yves-Marie), « Des jardins pour la Marine. Nomenclature et classement ou comment organiser un jardin botanique et les échanges de graines à la fin du xviiie siècle », in Gallozzi (Arièle) & Roussel (Claude-Youenn) (sous la dir.), Jardins botaniques de la Marine en France. Mémoires du chef-jardinier de Brest Antoine Laurent (17441820), [s. l.] : Coop Breizh, 2004, pp. 35-55 ; ici, pp. 40-41).
563 Magasin encyclopédique, 1804, vol. 5, pp. 111-116. : « Extrait du rapport fait à l’Institut national sur l’état actuel de la ferme de Rambouillet de M. Huzard » ; ici, p. 113.
564 Bourde (André J.), Agronomie et agronomes …, op. cit., pp. 795-879 ; Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage français. xve - xviiie siècles, Paris : Fayard, 2005, pp. 147-164.
565 Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage français…, op. cit., p. 151.
566 Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum…, 1802-1803, op. cit., vol. 2, p. 46 ; Guillaume (James), Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique…, op. cit., vol. 4, p. 316.
567 Daubenton (Louis-Jean-Marie), Instruction pour les bergers et pour les propriétaires de troupeaux, Paris : P.-D. Pierres, 1782, 414 p. L’ouvrage est réédité en 1793-1794, en 1802 et en 1810. Voir Gillispie (Charles Coulston), Science and Polity in France at the End of Old Regime, op. cit., p. 167.
568 Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage…, op. cit., p. 157.
569 Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 397-401 : « Réflexions sur la nécessité et la possibilité d’améliorer les laines en France, par M. A. Giraud, député de la Charente-Inférieure à la Convention ».
570 Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 210-225 : « Analyse du rapport d’Echasseriaux sur l’économie rurale » ; ici, p. 213.
571 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 6 messidor an V, p. 227 ; séance du 11 ventôse an VI, p. 353 ; séance du 16 messidor an VI, p. 429 ; séance du 6 floréal an VII, p. 560 ; séance du 1er messidor an VII, p. 588 ; vol. 2, séance du 21 prairial an VIII, p. 175 ; séance du 11 messidor an VIII, p. 185 ; séance du 21 prairial an IX, p. 359 ; séance du 1er messidor an IX, p. 364 ; séance du 16 fructidor an IX, p. 392 ; séance du 24 messidor an X, p. 520 ; séance du 6 thermidor an XI, p. 688 ; séance du 20 thermidor an XI, p. 689. Ces rapports ne sont pas reproduits dans les procès-verbaux mais, selon une pratique courante, ils remplissent les pages des périodiques savants et notamment du Magasin encyclopédique.
572 Décade philosophique, vol. 3, septembre à novembre 1794, p. 14-17 : « Économie rurale. Bêtes à laine » ; ici, p. 15 ; Magasin encyclopédique, 7e année, vol. 2, 1801, pp. 122-124 : « Sur le troupeau de Mellinos [sic] » ; ici, p. 122.
573 Magasin encyclopédique, 5e année, vol. 5, 1799, pp. 256-260 : « Société philomathique » ; ici, pp. 259-260.
574 Magasin encyclopédique, 6e année, vol. 6, 1801, pp. 98-100 : « Travaux de la Société d’Agriculture ».
575 Ibid. ; Magasin encyclopédique, 7e année, vol. 2, 1801, pp. 122-124 : « Sur le troupeau de Mellinos [sic] » ; ici, pp. 123-124 ; Magasin encyclopédique, 1804, vol. 5, pp. 111-116. : « Extrait du rapport fait à l’Institut national sur l’état actuel de la ferme de Rambouillet de M. Huzard » ; ici, pp. 112-113 ; Tessier (Henri-Alexandre) & Huzard (Jean-Baptiste), De la vente des laines et des bêtes à laine provenant du troupeau national de Rambouillet, Paris : Baudouin, [An X], pp. 11-13.
576 Tessier (Henri-Alexandre) & Huzard (Jean-Baptiste), De la vente des laines et des bêtes à laine…, op. cit., pp. 14-15.
577 Magasin encyclopédique, 1804, vol. 5, pp. 111-116 : « Extrait du rapport fait à l’Institut national sur l’état actuel de la ferme de Rambouillet de M. Huzard » ; ici, pp. 112-113.
578 Tessier (Henri-Alexandre) & Huzard (Jean-Baptiste), De la vente des laines et des bêtes à laine…, op. cit., pp. 3-4.
579 Ibid., pp. 8-9.
580 Magasin encyclopédique, 1804, vol. 5, pp. 111-116 : « Extrait du rapport fait à l’Institut national sur l’état actuel de la ferme de Rambouillet de M. Huzard » ; ici, p. 113.
581 Tessier (Henri-Alexandre) & Huzard (Jean-Baptiste), De la vente des laines et des bêtes à laine…, op. cit., p. 9, n.
582 Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage…, op. cit., p. 160.
583 Institut de France, Académie des sciences. Procès-verbaux des séances…, op. cit., vol. 1, séance du 16 brumaire an VI, pour la citation, p. 294 ; Mémoires d’agriculture, vol. 1, 1800/1801, pp. 22-33 ; Magasin encyclopédique, 5e année, vol. 4, 1799, pp. 98-100 : « Expériences du citoyen Chanorier sur la laine des troupeaux de race pure qui sont en France » ; Décade philosophique, vol. 22, juin à août 1799, pp. 306-308.
584 Blanvillain (J.-F.C.), Le Pariséum…, 1807, op. cit., p. 390.
585 Magasin encyclopédique, 9e année, vol. 3, 1803, pp. 237-262 : « Paris. Société d’agriculture » ; ici, pp. 255-257.
586 Magasin encyclopédique, 6e année, vol. 2, 1800, pp. 536-553 : « Société d’agriculture du département de la Seine » ; ici, pp. 547-548.
587 Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage…, op. cit., p. 160.
588 Farcy (Jean-Claude), Les Paysans beaucerons au xixe siècle, Chartres : Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1989, pp. 202-203.
589 Moriceau (Jean-Marc), Histoire et géographie de l’élevage…, op. cit., p. 160.
590 Le Goff (Tim J. A.), « Intensifications et mutations. 1801-1817 », in Béaur (Gérard) & Minard (Philippe) (sous la dir.), Atlas de la Révolution française, vol. 10 : Économie, Paris : Éditions de l’EHESS, 1997, p. 68.
591 Bulletin polymathique du Muséum d’Instruction publique de Bordeaux, vol. 4, 1806, p. 241, n.
592 Bonnefont (Jean-Claude), « Les Agronomes de la Société royale des Sciences et Belles-Lettres de Nancy (1750-1793) : les précurseurs de Mathieu de Dombasle en Lorraine », Annales de l’Est, 2006, no 1, p. 66 ; Knittel (Fabien), Mathieu de Dombasle. Agronomie et innovation. 1750-1850, thèse de doctorat [Mazauric Simone, dir.], Nancy : Université Nancy II, 2007, p. 206.
593 Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes …, op. cit., p. 646.
594 Gayon (Jean), « Le Muséum national d’Histoire naturelle et l’amélioration des plantes… », art. cit., p. 399.
595 Pour ce qui suit Thouin (André), « Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale… », 1805, art. cit., p. xl-lv.
596 Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit., vol. 1, pp. 257-263.
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