Le Muséum
La capture des objets
p. 216-251
Texte intégral
1Le Muséum est à la fois un lieu où se rassemblent des objets et un espace où ils se distribuent. Pour décrire le Cabinet du roi à partir de ces deux termes, on pourrait partir d’un mal de crâne, celui éprouvé par Louis-Sébastien Mercier lors d’une visite à la fin de l’Ancien Régime. Il le décrit longuement dans son Tableau de Paris107 :
On y voit le squelette de l’éléphant confondu avec celui de la baleine ; et dans un frêle bâtiment, on retrouve ce qui est épars dans les quatre coins du monde ; mais quand je sors de ce magnifique cabinet, j’ai toujours mal à la tête ; pourquoi ? c’est que la multitude des objets a fatigué mon attention. Rien ne me paraît plus désordonné que cet assemblage savant, fait pour être dispersé sur la surface de la terre. Toutes ces différentes espèces qui se touchent et qui ne sont pas créées pour se toucher, réunies en un seul point, forment une dissonance en mon cerveau, et me donnent une sensation pénible. Cet ordre symétrique, ouvrage momentané de la main de l’homme, a quelque chose de factice et de bizarre qui blesse mon sens moral et intime. Ce n’est point là l’ordre dont j’ai l’image en moi. Enfin, rien ne trouble dans ma tête et ne bouleverse plus mon instinct que l’aspect des curiosités entassées au Cabinet du roi. Ces animaux qui peuplent les quatre éléments, non, je n’aime point à les voir rapprochés et confondus. Les quadrupèdes, les reptiles et les poissons, je ne puis les considérer côte à côte dans la même salle ; ainsi que je ne puis apprendre tout à la fois la botanique, la chimie, l’anatomie, l’histoire naturelle, que quatre professeurs y enseignent, dans quatre cours annuels ; la science m’écrase. J’y vois trop ma faiblesse et mon impuissance : sortons, car on me propose encore de voir un amas de pierres précieuses ; et comme on se dispute ces brillants, et que l’on commet des crimes pour les posséder, je ne veux point porter la vue sur ces riches, coupables et inutiles tiroirs. Puisse le soleil retirer ses rayons. Sortons.
2À cette soudaine fatigue nerveuse, Mercier donne deux raisons : l’accumulation des spécimens et leur bizarre ordonnancement. Le cabinet est d’abord le lieu où se rassemble une multitude d’objets, où s’entassent des curiosités et où s’amassent des pierres précieuses. Il est un minuscule point de réunion du monde naturel : « Ici l’art a réuni ce que la nature avait séparé par l’intervalle des mers » comme l’écrit Louis-François Jauffret108. Les objets sont ensuite distribués spatialement selon un ordre provisoire et toujours factice : « ouvrage momentané de la main de l’Homme », « l’assemblage savant » est aussi contre-nature, ne respectant ni la distribution géographique des êtres ni leur répartition au sein des éléments naturels. « La science m’écrase » ; « ce n’est point là l’ordre dont j’ai l’image en moi ». Vingt ans après cette description, au sortir de la Révolution, les collections du Jardin des plantes ne ressemblent plus à ce qu’elles étaient du temps de Buffon, le Muséum devenant au passage la principale institution naturaliste européenne. Il faut dès lors comprendre par quels processus s’est opérée cette rapide métamorphose dans le moment révolutionnaire : la collection nationale est d’abord devenue le grand dépôt du monde naturel avec l’augmentation du nombre de spécimens et des surfaces d’exposition et de culture ; la collection est ensuite imaginée comme un lieu panoptique par un architecte faisant de curieux rêves circulaires pour mieux cerner et disposer minéraux, plantes et animaux, et par des savants ambitionnant d’y rassembler toutes les espèces naturelles et tous les espaces géographiques en un lieu unique ; enfin, la collection est mise en ordre — et en scène — par les professeurs administrateurs distribuant tant bien que mal toutes les choses naturelles dans l’espace du jardin et du cabinet, la nature échappant parfois à leur autorité.
LE GRAND DÉPÔT DE LA NATURE
3Le Muséum national d’Histoire naturelle est souvent décrit, dans les sources révolutionnaires, comme le dépôt national des spécimens naturels. La métaphore qui voit dans la collection une sorte de dépôt — ou un emporium — est à la fois ancienne et commune109. Cependant, dans le moment révolutionnaire, le terme « dépôt » doit être compris dans son sens le plus littéral, la presque totalité des spécimens confisqués étant « transportés » au Muséum110. En l’absence d’un autre entrepôt spécialisé, celui-ci est, de facto, le dépôt central des naturalia et il peut légitimement être ajouté à la liste des quatorze sites parisiens placés en 1795 sous la surveillance de la Commission temporaire des arts111. Entre le Directoire et l’Empire, quantité de spécimens convergent vers le Muséum, soit pour compléter les collections nationales, soit en vue de redistributions en province112.
MAMMIFÈRES |
OISEAUX |
TOTAL |
|
Données détaillées |
|||
Confiscations |
23,8 % |
20,1 % |
21 % |
Collecte de terrain |
22,3 % |
30,9 % |
28,9 % |
Achats |
5,8 % |
12 % |
10,5 % |
Envois et dons |
10,5 % |
7,3 % |
8 % |
Échanges |
20,4 % |
24,6 % |
23,6 % |
Ménagerie |
17,2 % |
5,1 % |
8 % |
Données assemblées |
|||
Confiscations |
23,8 % |
20,1 % |
21 % |
Collecte de terrain |
22,3 % |
30,9 % |
28,9 % |
Dons, échanges, achats |
36,7 % |
43,8 % |
42,2 % |
Ménagerie |
17,2 % |
5,1 % |
8 % |
Modalités d’acquisition
des spécimens naturalistes (1793-1809).
4Dans la longue liste des acquisitions du Muséum, deux grandes phases se dessinent, les années 1796-1798 servant de transition : une phase idéologique et militaire marquée par l’épisode des confiscations en France, puis en Europe ; une autre, plus « pacifique », durant laquelle les accroissements résultent d’abord d’achats, de dons et de collectes de terrain.
5Les données sont cependant trop lacunaires pour esquisser une évaluation de la part relative des différentes modalités d’acquisition dans l’augmentation globale des collections du Muséum. Une étude partielle est cependant possible grâce à un tableau des « accroissements des collections zoologiques » rédigé par Geoffroy Saint-Hilaire, titulaire de la chaire de zoologie des oiseaux et mammifères, pour la période 1793-1809113. Une analyse statistique permet de repérer, à grands traits, les modalités des accroissements de la collection zoologique entre ces deux dates, de la refondation du Muséum à l’arrivée des spécimens saisis dans la collection portugaise d’Ajuda : 42 % des spécimens acquis pendant la période proviennent de dons, d’échanges et d’achats, 29 % des collectes de terrain — expéditions ou voyages —, mais seulement 21 % sont tirés des confiscations, celle du Stathouder en 1795 et celle du cabinet d’Ajuda sous l’Empire. Seul un cinquième de cet accroissement est donc lié aux saisies. C’est là, sans doute, la principale surprise de cette étude statistique compte tenu de l’exceptionnelle visibilité des confiscations dans nos sources, notamment dans la presse périodique, aussi bien que dans la littérature secondaire sur le Muséum. La chose est d’autant plus frappante qu’il s’agit de spécimens zoologiques, habituellement très présents dans les anciens cabinets d’histoire naturelle. Pour les plantes vivantes, les saisies ont, sans aucun doute, joué un rôle infime en comparaison des herborisations, en particulier celles effectuées lors des deux expéditions du capitaine Baudin.
Principales acquisitions du Muséum national d’Histoire naturelle entre 1793 et 1804
6Encore faut-il s’interroger sur l’ampleur de l’augmentation des collections du Muséum dans le moment révolutionnaire. Pour le règne minéral, d’après Pujoulx, « les salles destinées aux minéraux, aux fossiles, aux bois, aux fruits, etc., contiennent plus de 20 000 échantillons » en 1803114. Pour le règne végétal, les espèces de l’École de botanique sont au nombre de 6 000 avant comme après la Révolution115. En théorie, toutes les espèces de plantes vivantes du Jardin doivent être représentées dans l’École, tout du moins une place doit leur être réservée pour les démonstrations, mais il est possible qu’au sortir de la Révolution, toutes les espèces du Jardin n’aient pas encore été classées selon la méthode de Jussieu. Pour les herbiers, les données disponibles sont très imprécises, de l’ordre de 20 000 espèces entre les débuts de la Révolution et l’arrivée des spécimens collectés par Baudin aux terres australes116. Pour le règne animal, il est en revanche possible de proposer un ordre de grandeur de l’accroissement de la collection entre 1793 et 1804. Première pesée à partir d’un état des « accroissements successifs des collections de mammifères et d’oiseaux » rédigé à la fin du xixe siècle : entre 1789 et 1804, le nombre de mammifères empaillés conservés au Muséum passe de 75 à 443, soit un accroissement dans un rapport de 1 à 6117. Un autre recensement, celui de Geoffroy Saint-Hilaire déjà mentionné, est beaucoup plus précis mais intègre les premières années de l’Empire : entre 1793 et 1809, le nombre des mammifères et des oiseaux a augmenté dans un rapport de 1 à 8, soit de 1 à 13 pour les mammifères et de 1 à 7 pour les oiseaux118. Les deux sources concordantes permettent donc de proposer une estimation, celle d’une multiplication par sept des collections ornithologique et mammalogique entre 1793 et 1804. Cet accroissement, considérable, de la collection zoologique est à mettre en regard avec celui d’autres institutions centrales comme, par exemple, la Bibliothèque nationale119. Au Muséum national d’Histoire naturelle, un seuil a de toute évidence été franchi en l’espace de quelques années. En 1789, le cabinet n’était jamais qu’un très grand cabinet, c’est-à-dire qu’il demeurait comparable avec d’autres collections aristocratiques comme celles de Condé ou du Stathouder120. En 1804, à cause de ses accroissements et de la disparition des collections rivales, le Muséum apparaît comme unique à l’échelle européenne. Le sentiment en naît très tôt dans la presse périodique, comme en témoigne un article de la Décade philosophique du printemps 1794 qui présente le Muséum comme incomparable121. Moins de dix ans plus tard, ce discours de l’incommensurabilité de la collection nationale est repris par les visiteurs étrangers du Muséum, notamment par Gotthelf Fischer qui annonce dès le sous-titre de sa description de l’institution sa « splendeur actuelle »122.
7Du fait de l’augmentation brutale des collections, la conquête de nouveaux espaces devient un problème récurrent dans l’histoire du Muséum. Les projets d’agrandissement sont régulièrement rapportés par la presse périodique et suscitent parfois de vives réactions123. Commençons par le jardin. En 1794, les professeurs observent que « les divers établissemens formés ou projettés [sic] dans le muséum d’histoire naturelle exigent l’agrandissement de son local »124 : il faut faire face à l’afflux des plantes et animaux vivants comme des spécimens zoologiques et des morceaux minéralogiques ; il faut aussi réserver des espaces pour la culture des arbres étrangers « qui doivent être répartis dans les départements de la République » ainsi que pour les essais d’agriculture125. Sous la Convention, les projets d’agrandissement répondent à une urgence — faire de la place aux plantes et animaux confisqués — autant qu’ils relèvent d’une ambition, celle de transformer le Muséum en principal centre de redistribution botanique et agricole à l’échelle nationale. En 1788, la superficie totale du Jardin du roi est d’environ 15 hectares, après que Buffon a obtenu son prolongement jusqu’à la rue de la Seine — actuellement rue Cuvier — par l’acquisition de l’hôtel de Magny. En avril 1794, la Convention décrète l’extension du Jardin et le Comité de Salut public demande à l’architecte du Muséum, Jacques Molinos, de rechercher les moyens « d’agrandir ce Monument utile jusqu’au boulevard et au marché des chevaux d’un côté, jusqu’à la rue St. Bernard de l’autre » et d’y inclure la rivière de la Bièvre126. Enceint dans ces nouvelles limites, le Muséum aurait occupé une surface d’environ 59 hectares, ce qui correspond au quadruplement de la surface du Jardin de 1788. En quelques mois cependant, le projet d’agrandissement se réduit comme peau de chagrin et la Bièvre en est finalement exclue. L’extension, commencée en 1794, ne concerne finalement que la partie Nord du jardin ; elle se réalise progressivement soit par achats, soit par échanges et, en 1823, il reste encore des enclaves étrangères dans les terrains destinés au Muséum. En 1803, la superficie du jardin est de 23,5 hectares, parmi lesquels cinq semblent encore non aménagés : si la superficie du jardin n’a pas doublé depuis 1788 comme l’écrit Blagdon, le gain est néanmoins considérable, de l’ordre de 57 %127.
8Poursuivons par le cabinet d’histoire naturelle. En 1780, les successeurs de Dezallier d’Argenville remarquent que « la situation du local, qui paroît borné jusqu’à présent n’a pas permis de s’étendre davantage »128. Alors qu’à la veille de la Révolution le cabinet apparaissait déjà trop étroit, après les confiscations, il faut rapidement songer à l’agrandir ou, provisoirement, à allouer de nouveaux espaces aux collections : soit construire une galerie supérieure au dessus de l’ancien cabinet, soit occuper les locaux de la Maison Léger. Dès l’été 1794, les premiers travaux d’agrandissement de l’ancien cabinet sont entrepris, mais ceux-ci sont rapidement « suspendus faute du local dans lequel on puisse transporter les objets nombreux réunis dans un magazin [sic] supérieur qui doit être détruit pour faciliter le cintrement de la salle »129. En septembre, les professeurs demandent alors d’accélérer l’acquisition de la Maison des nouveaux convertis, achetée par Léger comme bien national : « ce terrain renfermant des bâtiments propres à servir de dépôt pour les divers objets d’histoire naturelle envoyés de toutes les nouvelles possessions nationales, devient absolument nécessaire dans la circonstance actuelle »130. La maison Léger est finalement acquise à l’été 1795131 : les collections minéralogiques et végétales qui n’entrent plus dans le grand cabinet sont alors déplacées aux deuxième et troisième étages ; puis, nouvel arrangement, on fait transférer les collections botaniques au premier étage et on place les spécimens zoologiques au second. Ces aménagements provisoires permettent surtout de disposer d’espaces pour l’ouverture des caisses arrivées au Muséum. Il faut en effet attendre 1801 et le ministère Chaptal pour que la galerie supérieure de l’ancien cabinet soit enfin achevée : à cette date, la surface d’exposition du cabinet est doublée.
Surface du jardin entre 1788 et 1803
D’après Deleuze, Histoire et description, 1823 (plan, 1788 et loi décembre 1794), Fischer, Nationalmuseum, 1802/1803 (plan, 1803) et AN, F/17/1229 (arrêté du Comité de Salut public, mai 1794 et projet Molinos, juin 1794) | Infographie Pierre-Yves Lacour.
9D’une narration méticuleuse de l’extension du jardin et du cabinet pendant la période révolutionnaire, on tirerait trois conclusions. D’une part, les surfaces d’exposition croissent considérablement, sans commune mesure toutefois avec l’augmentation du nombre de spécimens. On peut donc, sans risque, avancer l’hypothèse d’une densification des surfaces d’exposition. D’autre part, les permanents déplacements d’objets d’une pièce à l’autre, permettent de renvoyer dos-à-dos les lectures triomphalistes — celles qui ne voient que les « accroissements » — et décadentistes — celles qui insistent sur la « pénurie » des moyens. Dans le moment révolutionnaire, le Muséum traverse une importante crise de croissance. Enfin, et c’est sans doute le plus important, ce n’est que dans les toutes premières années du nouveau siècle que la réorganisation des collections du Muséum produit ses effets : en 1802-1803, Fischer publie Das Nationalmuseum der Naturgeschichte zu Paris, première description minutieuse de l’institution depuis l’Ancien Régime, description impensable quelques années auparavant quand les collections passaient encore d’un lieu à un autre132.
LE PANOPTIQUE DU MONDE NATUREL
10En histoire naturelle, le projet encyclopédique est ancien et on pourrait même dire qu’il est lié à la démarche d’un savoir d’abord conçu comme description raisonnée du monde naturel, c’est-à-dire comme recensement et classement de toutes les espèces des trois règnes. Un lieu encyclopédique a deux versants ou, plutôt, il admet deux points de vue : de son centre, il apparaît volontiers panoptique, découvrant à la vue la totalité de l’espace environnant ; du dehors, on l’imagine impérial, résumant le monde dans son enceinte serrée. Au milieu du siècle, l’Encyclopédie décrit ainsi un cabinet d’histoire naturelle idéal comme un « abrégé de la nature entière », présentant « toutes les sortes d’animaux, de végétaux, & de minéraux […] rassemblées dans un même lieu, & vues, pour ainsi dire, d’un coup d’œil »133. Dans l’espace parisien révolutionnaire, ce rêve de totalisation est répandu bien au-delà des seules collections naturalistes. À la bibliothèque de la Ville, rue Saint-Antoine, Maimieux offre des cours publics de « pasigraphie », « langue universelle » [qui] « s’écrit avec douze caractères, qui classent la nature physique et morale en genres, espèces et individus […]. Le dictionnaire est contenu dans un tableau de 30 pouces carrés ; c’est une espèce de carte géographique de toutes les idées humaines, indiquées par la combinaison des douze caractères ci-dessus »134. Vers 1799, un ancien interprète de la Bibliothèque nationale, Zalkind Hourwitz, propose pour une nouvelle nomenclature des rues de la capitale de « calquer sur une carte d’Europe, la carte de Paris, de donner aux rues et aux places principales les noms des grands États, et d’attacher aux rues secondaires ceux de leurs capitales »135. Au Mont Saint-Bernard, un café, l’Unique, rassemble des poupées représentant « les différentes nations », paysans français comme naturels du Pacifique136. De son côté, Cassas, peintre et auteur d’un voyage en Orient, ouvre, dans son appartement quai de Seine, « une galerie contenant une superbe collection de modèles de l’architecture des différens peuples anciens ; les monumens les plus curieux des quatre parties du monde y sont réunis et rapprochés »137. Ces quelques exemples glanés dans les récits et les guides de voyage témoignent de la dissémination du projet encyclopédique qui lie des choses aussi différentes que la décoration d’un café et un cabinet de modèles architecturaux ou qu’une nouvelle nomenclature des rues parisiennes et une langue universelle.
11À la fin du xviiie siècle, l’encyclopédisme désigne tantôt la réunion des sciences et des arts, tantôt l’ambition de totalisation d’une branche de savoir. Dans sa première acception, le mot comme le concept, est à la mode dans la période thermidorienne et directoriale : d’après les calculs de Patrice Bret, ce moment voit émerger la quasi-totalité des centres encyclopédiques parisiens, soit six des sept fondés dans l’intervalle 1788-1815 et, parmi ceux-ci, la réunion des anciennes Académies en un Institut national138. De même, entre le printemps 1794 et 1795, on assiste à la naissance ou à la renaissance de deux grands périodiques encyclopédistes, la Décade philosophique et le bien nommé Magasin encyclopédique. Les collections du Muséum ne relèvent pas du projet encyclopédiste sous cette acception puisqu’elles rassemblent exclusivement des spécimens naturalistes. Mais les professeurs administrateurs du Muséum comme les autorités politiques ont comme ambition d’y rassembler la totalité des espèces présentes sur la terre de même qu’on espère réunir des modèles de toutes les écoles de peinture au Musée central des Arts ou des exemplaires de tous les livres à la Bibliothèque nationale. Néanmoins, pour chacun de ces trois projets, le programme encyclopédique se déploie à une échelle particulière. Le Muséum des Arts rassemble des œuvres exclusivement européennes et la Bibliothèque nationale conserve des livres et des manuscrits du vieux continent, tandis que le Muséum d’Histoire naturelle rassemble les espèces de tout le globe. Les dimensions de « l’Universel » sont ainsi variables d’une institution à l’autre.
12En juin 1794, soit un an après la refondation du Muséum national d’Histoire naturelle, la Décade philosophique décrit l’avenir radieux de l’institution nouvelle : « On peut considérer ce point central et nécessaire des sciences, comme un temple où chacun pourra venir consulter la Nature, qui lui répondra toujours elle-même, en étalant ses richesses rassemblées, cette immense quantité de plantes et d’arbres de toutes espèces, ces animaux qui vivent dans l’eau, qui planent dans l’air, même les habit[ans] des forêts et des montagnes, les fossiles et les minérau [sic] alimens inépuisables pour tous nos arts »139. Le 21 du même mois, l’architecte Jacques Molinos, auteur de la coupole de la Halle aux blés, propose un vaste plan de restructuration du Jardin des plantes140. Il pense surtout au cabinet qui doit rassembler les collections du Muséum et « décorer Paris ». Étant placé « à l’extrémité du Jardin actuel du côté de la rivière, il annoncera dignement l’entrée de la ville, il se liera avec les boulevards du Nord et du Midi ». Le projet, tout imprégné de rhétorique romaine, mérite d’être cité longuement :
C’est sans doute une entreprise hardie que celle d’élever à la nature un palais ou plutôt un temple qui soit digne d’elle et qui puisse en quelque sorte la contenir toute entière : le génie de la liberté a pu seul inspirer cette idée Grande et Neuve aux Représentants d’une Nation qu’il régénère pour en former le premier temple de l’univers.
On sent que pour remplir un aussi vaste plan Rien de mesquin rien de forcé ne doit entrer dans la pensée ; comme aussi Rien de gigantesque et de Bisarre [sic] ne doit se montrer auprès des productions de la Nature.
Un stile [sic] pur et grand, un ordre facile et remarquable dans l’arrangement des Parties doivent distinguer ce monument de l’école des arts de la Philosophie des sciences : cette institution consacrée à l’étude, aux Bonheur des hommes.
La Nature en ce lieu recueillie, environnée de tout ce qu’elle a de plus étonnant, de plus rare, de plus utile permet à tous de venir admirer ses richesses, approfondir sa science et même divulguer ses secrets ; tels [sic] sont les données de l’ouvrage.
L’établissement actuel est loin de les remplir, cependant il est utile, il a fait sentir la Nécessité de les rendre plus complets et plus dignes enfin du sujet. Il faut donc se garder de commencer par le détruire, il faut seulement l’étendre, l’embellir, le présenter sous un Nouvel Aspect, il faut y lier les parties Nouvelles et ne faire disparaître celles qui ne peuvent figurer dans un tout harmonieux qu’après les avoir remplacées avec avantage par de Belles Masses et des formes grandes […]
Le temple de la Nature seroit dans une forme circulaire ; elle nous paru [sic] également caractéristique* et propre à son usage. Assis sur un plateau en terrasse où de larges rampes & douces conduiront, sa masse imposante s’élèveroit dans les airs et, placée [sic] avec précision à l’orient de la Ville, il recevra les premiers rayons du soleil. Le sistème [sic] céleste ornera l’intérieur de la voûte, on gravera sur son pavement la Géographie du globe, un soubassement revêtu en dehors de phénomènes curieux en différens genres laissera voir au dedans et comme à leur position primitive les diverses couches de la terre et ses nombreux prodiges de Minéralogie. Des fossiles, des pétrifications, des stalactites et des produits des volcans [...]
Au dessus de ce soubassement et au rez de chaussée du temple, une gallerie [sic] circulaire simbole [sic] de l’éternité, et du Cercle des saisons, offriroit une suite non interrompue d’armoires isolées et transparentes qui renfermeroient tous les objets précieux du Muséum. Cet isolement permettroit d’en jouir sous toutes les faces au moyen des jours qui seront ménagés dans les voûtes et satisferoit la curiosité d’un plus grand nombre de spectateurs à la fois. Au centre de la coupole céleste et sous la voûte immense reposera la statue colossale de la Nature. À ses pieds seront rangés tous les animaux divers dont la sculpture nous reproduira la forme exacte et les attitudes variées. Le rapprochement de cette famille innombrable aux pieds de la Mère commune doit faire paroître cette divinité dans toute sa grandeur.
Temple de la Nature Élévation géométrale, dessin de Jean-Jacques Lequeu (1787) | Cliché Bibliothèque nationale de France.
13Comment lire ce projet qui n’a jamais existé que sur le papier et dont aucun plan un peu précis n’a survécu ? Emma C. Spary l’interprète comme une manifestation du « panthéisme républicain » visant à « abolir les symboles de l’Église et de la Couronne », et son échec comme celui du Muséum jacobin141. Il conviendrait en fait de relire cette proposition architecturale dans son double contexte : celui, immédiat, de la question religieuse sous la Convention montagnarde ; celui, plus ancien, des utopies architecturales radicales des Lumières alors que le plan circulaire de Molinos fait écho au temple de la Nature dessiné par Jean-Jacques Lequeu en 1787.
Temple de la Nature
Profil du temple pris sur la largeur. Dessin de Jean-Jacques Lequeu réalisé en 1787 (plume, lavis, aquarelle ; 43,2 x 34,3 cm) Cliché Bibliothèque nationale de France
14Dans le jardin du Muséum, le poète Fontanes fait des vers en rêvant à l’Égypte ancienne, à ses autels et à ses prêtres142 :
J’irai dans ce jardin, où, calme et solitaire,
La science à toute heure ouvre son sanctuaire.
Que de fois en entrant dans ce séjour sacré,
J’ai cru revoir ce dieu par l’Égypte adoré ;
Ce Pan, qui du grand tout fut le visible emblème !
Sur les bords de la Seine il a porté lui-même
Loin des rives du Nil, son culte et ses autels
Et ses prêtres savants, bienfaiteurs des mortels.
Là, je vois rassemblés sous sa garde féconde,
Tous les germes ravis aux quatre parts du monde […].
15Dans le projet de l’architecte comme dans les vers du poète, il s’agit de faire du cabinet national d’histoire naturelle un temple de la Nature comme on ferait du Muséum central des arts un temple des Arts, moyennant, dans les deux cas, un transfert de sacralité143. Les deux institutions jumelles seraient alors transformées en sanctuaires, l’un dédié à la monstration des productions de la nature et l’autre à celle des œuvres des hommes. Dans les deux cas, l’entreprise de régénération nationale en passe par l’accroissement des sensibilités au travers du contact direct avec la bonté de la Nature ou avec le Génie de la liberté. Pour le nouveau temple de la Nature, seul convient une architecture majestueuse : un ensemble architectural « harmonieux », de « belles masses », un style « pur et grand », et non ces fioritures ornementales empreintes de bizarrerie qui rappellent trop le goût des despotes. Quelques semaines plus tôt, le 18 floréal an II, un décret, sur proposition de Robespierre, avait établi le culte de l’Être suprême144. Deux mois plus tard, en ce mois de juin 1794, la reprise en main par la Convention de la question religieuse, laissée un temps aux sans-culottes parisiens, est bien avancée : la mascarade parisienne qui avait vu les emblèmes de l’ancienne superstition tournés en dérision fait place au nouveau culte déiste, celui de l’Être suprême145. Le temple de la Nature est aussi le frère des temples de l’Être suprême qui remplacent les temples de la Raison, instaurés à partir de 1792 par le mouvement populaire146 : d’allure auguste, le temple néo-classique de Molinos sied bien à la nouvelle religion gagnée par cet esprit de sérieux qui se manifeste de manière exemplaire dans la grande fête du 8 juin 1794.
16Le plan de l’édifice de Molinos s’inscrit, quant à lui, dans le programme d’une « architecture parlante » pour reprendre l’expression même d’Étienne-Louis Boullée. Le temple de la Nature doit offrir au regard du visiteur un modèle en réduction de la totalité de l’univers, le bâtiment étant conçu comme un microcosme du macrocosme147. Dans son élévation, la voûte du bâtiment doit représenter le système céleste, le rez-de-chaussée doit rassembler les êtres terrestres, le sol doit figurer la carte du monde, et le sous-sol doit rendre compte de la stratification géologique. Dans son plan circulaire, la galerie du bâtiment doit présenter la suite ininterrompue des spécimens naturels disposés dans des armoires vitrées. La statue de la Nature, « Mère commune », est disposée à la verticale de l’Univers qui relie la voûte céleste au sous-sol ; elle est aussi au centre du cercle des êtres naturels. Elle occupe ainsi la position idéale du spectateur qui, d’un coup d’œil, peut englober la totalité du monde naturel. Dans les rêves circulaires des architectes des Lumières, ce dispositif panoptique occupe une place de choix : salon du roi dans la ménagerie de Versailles dessinée par Le Vau dans la seconde moitié du xviie siècle ; pavillon du directeur dans la cité circulaire de la saline d’Arc-et-Senans dessinée par Claude-Nicolas Ledoux à la fin du xviiie siècle ; tour centrale dans le projet pénitentiaire de Jeremy Bentham, le Panopticon, publié en 1791 etc.148 Mais au centre du temple de Molinos, au lieu d’un œil observateur — celui du souverain, du patron ou du maton — on trouve la figure de la Nature. Elle occupe ainsi la place du monarque absolu, de sa statue équestre au milieu d’une place royale ou de sa statue en pied dans le Musaeum Gallicanum projeté par Boullée en 1783149. Molinos donne bien quelques raisons analogiques au choix d’une architecture circulaire : rondeur de la terre, cycle des saisons, temps de l’éternité150. Mais le cercle, c’est aussi la figure géométrique de l’encyclopédisme : « ronde des savoirs » à la Renaissance ; chaîne des êtres naturels dans le projet de Molinos. Ici, le panoptique relève moins d’une fonction, celle d’une machine à surveiller les corps que d’une symbolique, celle d’un dispositif encyclopédique résumant l’Univers dans un hommage à la Mère Nature : « la Nature en ce lieu recueillie » écrit Molinos. Cette architecture circulaire est utopiste, car elle suppose le monde naturel fini et déjà ordonné quand le nombre de spécimens conservés au Muséum ne cesse de croître et qu’on discute encore de leur ordonnancement. En définitive, il ne s’agit jamais que du songe d’un architecte philosophe, non du programme d’un historien de la nature. Si ce projet ne se concrétise pas et sombre dans l’oubli, cela ne signifie pas l’échec du « Muséum jacobin ». Il en va bien sûr des circonstances, à commencer par l’état désastreux des finances publiques. Il en va aussi, et peut-être surtout, de l’inadéquation entre un projet utopiste et des attentes savantes. Au lieu d’un nouveau bâtiment circulaire, on décide de doubler dans sa longueur le cabinet d’histoire naturelle : le savant demande le prolonger des segments quand le philosophe rêve de boucler des cercles.
17Le Muséum est doté d’un programme encyclopédique de rassemblement de toutes les espèces naturelles sous la forme rêvée d’un lieu panoptique. Mais qu’en est-il de la mise en œuvre concrète de ce programme au sein de l’institution savante ? La confiscation de la collection du Stathouder constitue un cas d’école et un point de départ commode. L’objectif principal, et partout réaffirmé, des confiscations est de compléter les séries nationales du Muséum : dans le cabinet du Stathouder, parmi les animaux saisis, il « en est qui serviront au complément de la collection nationale »151. Thouin remarque que la plupart des spécimens ont été « apportés des Colonies hollandaises. Elles sont d’autant plus précieuses qu’il est difficile à un naturaliste des autres nations de pénétrer dans ces climats. Aussi sont-elles pour la plupart ou mal connues ou tout à fait nouvelles pour nous »152. Ainsi, les saisies peuvent partiellement se substituer aux voyages dans les pays lointains. Du discours du complément des séries, on glisse imperceptiblement à celui de la réunion des espaces géographiques au Muséum, pensé sous ces deux aspects comme un « abrégé du monde » naturel : « Le stathouder avait à La Haye un superbe cabinet d’histoire naturelle. Les établissements hollandais en Afrique et dans les Indes, leur avaient fourni les moyens de recueillir les productions des trois règnes, et de choisir les individus. Aussi, le cabinet de la Haye contenait-il beaucoup d’objets qui manquaient au Muséum d’Histoire naturelle de Paris ou qui sont d’un plus beau choix et mieux conservés »153. En 1780, dans leur description du cabinet stathoudérien, les successeurs de Dezallier d’Argenville font dire à Vosmaer, son directeur, que « l’accroissement journalier que prend ce cabinet, [s’opère] par le concours des colonies hollandoises des deux Indes, & par les échanges continuels »154. En 1795, Thouin dresse la liste des pièces exotiques les plus remarquables de la collection saisie : « Les oiseaux et les reptiles de Surinam, les quadrupèdes et les insectes du Cap de Bonne Espérance, les coquilles et les poissons des grandes Indes […], un sanglier du Cap, animal fort mal figuré par quelques voyageurs, trois petits quadrupèdes du même pays du genre des cerfs et qui n’ont point encore été décrits, un faisan aigraite [sic] de la Chine et le faisan perlé de Sumatra »155. De même, le cabinet de Seba, apothicaire hollandais et grand collectionneur, qui est réuni à celui du Stathouder, renferme des espèces qui pour la plupart ne sont connues que depuis soixante ans : « Les voyageurs, quelques recherches qu’ils ayent faites ne les ont point retrouvées […]. Il se trouve encore dans la collection parvenue au Muséum une très grande quantité d’objets entièrement nouveaux : en général on en sentira le prix quand on saura qu’elle est principalement riche en animaux propres à l’Afrique et aux Indes, tandis que la nôtre l’était surtout en espèces provenant d’Amérique, de Madagascar etc. »156. Les empires coloniaux sont alors complémentaires : les Hollandais sont implantés dans les îles indonésiennes, sur le littoral indien et à Ceylan, sur le littoral de l’Afrique australe et au Surinam, tandis que les Français sont établis au Sénégal, dans les îles orientales de l’océan indien, en Louisiane, en Guyane et aux Antilles. Par la confiscation de la collection stathoudérienne, le Muséum devient ainsi le point de réunion des deux espaces coloniaux.
Provenances des spécimens non européens entrés au Muséum entre 1793 et 1809 | Infographie Pierre-Yves Lacour.
18Les provenances des « animaux à sang chaud » acquis dans l’intervalle 1793-1809 peuvent être cartographiées grâce au recensement de Geoffroy Saint-Hilaire déjà mentionné157. Sans surprise, les spécimens d’origine non européenne sont très largement issus des colonies. La carte révèle ainsi, qu’en raison de la morphologie des empires coloniaux et en dépit de la prétendue universalité de la collection, les spécimens exotiques conservés au Muséum proviennent principalement des îles et des littoraux, presque jamais de l’intérieur des terres. De même que les collections aristocratiques disaient la puissance d’un prince dominant des espaces lointains, de même la réunion des espaces coloniaux au Muséum doit placer Paris à la tête de l’Europe naturaliste comme du monde naturel : la réunion de l’ancien cabinet du roi et du cabinet stathoudérien, « de ces deux collections, qu’on ne doit pas regarder comme semblables, va former un muséum tel que tous les efforts de tous les naturalistes d’Europe pendant vingt ans pourraient à peine en former une semblable »158 ; l’établissement agrandi « présenterait en petit des échantillons complets de la nature entière, il serait enfin l’abrégé du monde physique comme la France régénérée sera celui du monde moral »159. Au moins dans l’ordre du discours, Paris, est alors constituée en métropole impériale et capitale savante, Rome et Athènes tout ensemble160.
L’ORDONNANCEMENT DES SPÉCIMENS NATURALISTES
19Une fois les spécimens rassemblés au Muséum, il faut encore les distribuer dans l’espace du jardin ou du cabinet. C’est le second versant du projet encyclopédique, celui qui dispose les choses selon un ordre méthodique. La mise en ordre du monde naturel obéit à un premier principe, celui de la séparation des êtres donnés ensemble dans l’état de nature : le premier geste de la recréation de la nature et de sa domestication, c’est son démembrement. Pour mieux comprendre, il est possible de partir d’un cas exemplaire, le Jardin des semis créé en 1785 à proximité de la grande serre. Il est conçu comme le saint des saints de l’entreprise nationale de naturalisation et de régénération agricole : dans ce modeste enclos de 3 500 m2 poussent les graines de plantes rares qui, de là, passent ensuite dans le reste du jardin puis, par correspondance, dans les jardins botaniques de France et d’Europe. Le sanctuaire botanique est aussi le lieu le plus sécurisé du jardin, celui où les séparations prolifèrent comme l’indique Thouin dans le mémoire qu’il lui a consacré161 :
Quant à sa défense contre les animaux nuisibles, elle est aussi sûre qu’il est possible. Environné dans son pourtour par de bons murs de plus de 3 mètres 25 centimètres (10 pieds) de haut, et fermé par des grilles de fer dont les barreaux sont revêtus de grillages de fil-de-fer [sic] à petites mailles, aucun animal d’un volume au-dessus d’un campagnole [sic], ne peut s’y introduire, et les pièges tendus à ceux de cette taille et au-dessous, en ont bientôt purgé le terrain. […] Mais les oiseaux de toute espèce dont le jardin abonde, sont plus difficiles à écarter, et exigent une surveillance perpétuelle pour empêcher qu’ils n’occasionnent des pertes souvent irréparables. […] Ce n’est qu’en couvrant de cages grillées et de filets les plantes les plus précieuses, qu’on peut se procurer d’abondantes récoltes de graines.
Ce jardin des semis qui n’a rien d’attrayant pour le vulgaire, et qui n’est intéressant que par son objet, n’est point ouvert au public ; on ne pourroit l’y admettre sans exposer à un danger évident la conservation et la sûreté des plantes. Il suffiroit par inadvertance de mettre le pied sur la place où germe une graine unique, de renverser le vase qui la contient, de casser la tige d’une plante à l’époque où elle est en fleurs, pour la détruire et faire perdre avec elle l’espoir d’une reproduction qui eût pu augmenter les connoissances en botanique, et fournir peut-être de nouvelles ressources agricoles, économiques et commerciales pour tout un pays. Combien d’autres dangers n’y auroit-il pas encore !
Aussi est-ce pour prévenir tous ces inconvéniens, assurer les progrès de la science, et préparer au public des jouissances durables, que l’administration s’est interdit de donner les clefs de ce jardin à toute autre personne qu’au jardinier en chef, chargé de le cultiver, et aux professeurs de culture et de botanique dont ce lieu est le laboratoire particulier pour faire des expériences délicates, et pour observer et décrire avec tranquillité les productions nouvelles. […] Ainsi la sûreté de ce dépôt des semis est aussi grande qu’elle puisse être dans un établissement national.
20Thouin présente le Jardin des semis comme un espace traversé par une multitude de coupures : haut mur l’isolant du « jardin des naturalisations des végétaux des climats de quelques degrés plus méridionaux que celui de Paris » ; murs encore, mais aussi grillages de fil de fer à petites mailles contre les petits mammifères ; cages grillées et filets contre les oiseaux ; jeu de clefs réservé à André et Jean Thouin permettant de tenir à l’écart les visiteurs indisciplinés. Soit un ensemble de petites clôtures matérielles, redoublées par un dispositif de pièges, complétées par la « surveillance perpétuelle » des gardes et dont la finalité apparaît immédiatement : empêcher les mouvements intrusifs des animaux comme des humains. Il s’agit bien de maintenir chacun des règnes à sa place : les plantes sédentaires au-dedans et les animaux mobiles au-dehors.
21Les procédures d’isolement multipliées dans le Jardin des semis se rencontrent aussi, disséminées, dans l’ensemble du Muséum : répartition du mort et du vif entre le cabinet et le jardin ou la ménagerie ; séparation des règnes au sein du cabinet ; mise en cage des carnivores à proximité des parcs réservés aux ruminants ; mise sous verre des animaux naturalisés pour éloigner les insectes affamés162 ; grillages pour empêcher les cabrioles des chats comme les maraudes des oiseaux dans l’École de botanique163 ; éloignement des variétés de plantes dont les semences pures risqueraient de se polluer réciproquement164 etc. À travers ce jeu des répartitions, la domestication du monde naturel revêt deux aspects : aspect cognitif avec la mise en catégories, et donc en « places », de la nature ; aspect disciplinaire avec sa mise au pas, manière d’éviter les désordres en empêchant les mélanges165. Car, comme l’écrit Thouin, « lorsque la nature, malgré tous nos efforts, se refuse à nous laisser jouir de quelques-unes de ses productions, c’est alors qu’il nous faut recourir à l’art »166. C’est sans doute le propre de toute collection que de ménager des séparations, de confiner les choses et les êtres. Mais pendant la période révolutionnaire, cela soulève immédiatement des questions politiques : pourquoi empêcher les curieux de manipuler les spécimens, et pas seulement de les regarder, alors que l’accès au savoir doit être libre167 ? Comment maintenir en cage des animaux « innocens et paisibles » sans offrir au « peuple libre » les « images de la contrainte ou les apparences de l’esclavage »168 ? Thouin indique que « si dans un gouvernement despotique, les clôtures sont proscrites, sous un gouvernement républicain, elles sont encouragées et provoquées par tous les moyens qui s’accordent avec les droits inviolables de la propriété »169. Jauffret fait dire au garde Cassal que « la ménagerie est une prison où l’on n’enferme que les individus qui abuseroient de leur liberté »170. Le respect républicain du droit de la propriété ou les restrictions nécessaires à l’exercice de la liberté font ainsi office de justifications à l’érection de clôtures.
Le Jardin des semis au Muséum Gravure extraite des Annales du Muséum, vol. 4, 1804, pl. 62.
A Petite salle servant d’abri pour les travaux délicats.
B Ligne de huit châssis pour la culture des semis de plantes des zones chaudes et brûlantes.
C Châssis de maçonnerie, employés à la culture des plantes bulbeuses et tubéreuses du Cap de Bonne Espérance.
D Couches simples destinées aux semis des graines de plantes de la zone tempérée.
E Couches sourdes à l’exposition du nord pour les semis des végétaux des zones froides.
F Couches froides pour les transplantations des semis en pots des plantes des zones froides et tempérées.
G Couches sourdes pour les semis tardifs.
H Gradin employé aux semis et à la culture des plantes des zones glaciales et froides.
I Plate-bande pour les semis des plants vivaces et des arbustes des
zones froides et glaciales, et la culture première de ces végétaux. K Rangée d’auges de pierre de plantes aquatiques et de marais.
L Planches affectées aux semis et aux transplantations des plantes annuelles pour fournir des graines.
M Palissade de thuyas de la Chine formant un brise-vent.
N Emplacement pour la division des semis faits dans des vases, et pour les approvisionnemens des terres propres aux cultures en pots.
O Puisard qui reçoit les eaux pluviales de la terrasse supérieure et la répand dans la plate-bande indiquée par la lettre I.
P Passage voûté qui communique du jardin des semis à l’école de botanique générale.
Q Deux petits escaliers pour communiquer avec la terrasse de la grande serre tempérée.
R Mur d’appui qui sépare la terrasse de la grande serre tempérée du jardin des semis.
S Puits duquel on tire une partie de l’eau nécessaire aux arrosemens.
T Bassin pour recevoir l’eau du puits.
V Vases de marbre garnis de plantes étrangères qui ornent la terrasse.
W Ligne méridienne.
22Le Jardin des plantes n’est pas distribué uniformément selon une méthode ou un système naturel qui serait appliqué pareillement dans la douzaine de jardins, parcs ou pépinières qui le composent. Chacun des jardins est ordonné de manière singulière. On prendra trois exemples. Les plantes du Jardin des semis sont réunies par « séries de climats », selon la ressemblance des soins qu’elles requièrent171. Thouin, se bornant à « imiter les propriétés essentielles des principaux climats », répartit les végétaux selon les cinq zones « qui partagent le globe en deux hémisphères, en larges bandes […]. Ces zones sont la Glaciale, la Froide, la Tempérée, la Chaude et la Brûlante ». La distribution des semis n’est pas à proprement parler géographique ; elle s’opère selon le modèle ancien des zones climatiques. Il n’y a en effet nulle volonté de reproduire dans l’espace exigu du jardin la distribution végétale du globe, moins encore de « mettre en carte » le monde naturel. L’École des plantes d’usage dans l’économie rurale et domestique est, quant à elle, distribuée selon une « organisation méthodique » particulière, la « première de ce genre qui ait été établie en Europe » : « abandonnant tout système de botanique, nous avons cru devoir ranger les plantes qui la composent par ordre de propriétés »172. Thouin distingue alors trois classes, elles-mêmes divisées en « séries secondaires ou sections » : les « plantes utiles à la nourriture de l’homme », « celles qui sont propres à nourrir les bestiaux et autres animaux domestiques » et les « plantes employées dans les arts »173. Il donne aussi le motif de cette distribution : « cette école a pour objet spécial l’instruction des propriétaires de biens ruraux, des agriculteurs et des jardiniers, qui tous s’attachent moins à l’étude des plantes sous le rapport de la botanique, que sous celui de leurs usages dans l’économie rurale et le jardinage »174.
23L’École de botanique est classée selon la méthode des familles naturelles de Jussieu depuis 1774 et les plantes étiquetées selon la nomenclature binomiale de Linné175. Thouin indique la nécessité de ces écoles dans les jardins : « Il ne suffit pas de posséder dans un jardin public un grand nombre de végétaux répandus et dispersés çà et là dans différens endroits ; il faut encore, pour la facilité des études et le progrès des connoissances, que ces mêmes végétaux soient rassemblés et disposés dans un ordre méthodique qui puisse donner une idée nette et facile à saisir des espèces, des genres, des familles et des classes, enfin de l’ensemble des végétaux, qui seul fait le botaniste »176. Au milieu des années 1790, l’École est depuis longtemps plantée selon la méthode de Jussieu plus proche de l’ordre naturel que le système artificiel de Linné qui dispose côte à côte des plantes qui n’ont d’autre chose en commun que leur système sexuel, par exemple la pimprenelle et le chêne177. Le choix de la méthode des familles naturelles a aussi des motifs plus politiques : on connaît la violente rivalité qui avait opposé Buffon et Linné ; surtout, on peut y lire avec Millin en 1792 « l’orgueil national, l’esprit de corps & la répugnance que des Botanistes consommés avoient de quitter les idées auxquelles ils étoient attachés »178. Au final, les modes de classement de chacun de ces trois jardins dépendent d’abord de leur destination, c’est-dire de leur usage : le Jardin des semis est distribué de manière à assurer la survie de végétaux précieux ; l’École des plantes d’usage est ordonnée pour l’instruction du cultivateur ou du jardinier ; l’École de botanique est classée en vue de former le jeune botaniste.
24Classer la nature, cela revient à lui imposer un ordre contre-naturel car « la nature affecte partout un désordre sublime » comme l’écrivent les rédacteurs de l’Encyclopédie179. Mais ces « assemblages savants », selon les mots de Mercier, posent toujours des problèmes très concrets. L’École de botanique est ainsi rigoureusement ordonnée selon la méthode de Jussieu mais180 :
par un malheur attaché à la nature même de la chose, on n’a pu mettre à demeure dans ce terrain que les végétaux indigènes et étrangers qui viennent en pleine terre dans toute espèce de sol et à toute exposition : ceux qui sont plus délicats sont cultivés séparément dans les endroits qui conviennent le mieux à leur nature et à leur constitution. On est donc obligé de dégarnir l’école et de rompre la chaîne des études. Alors les trois quarts des places restent vides pendant toute l’année, et ce n’est qu’à la veille des démonstrations qu’on les remplit avec les plantes qu’on cultive dans des pots pour cet usage, ou avec des rameaux de celles qui sont éparses dans les différentes parties du jardin. La démonstration finie, les plantes en pots sont reportées dans les serres, les rameaux se flétrissent, et les places restent vides comme auparavant ; ce qui produit un effet aussi désagréable à l’œil que nuisible aux progrès des études.
25La collection de plantes vivantes est un système artificiel de places : côte à côte sont disposées des plantes de « nature comme de climats très-différens », une plante du Kamchatka près d’une autre d’Afrique. Jussieu fabrique des familles naturelles ; il ne reconstitue pas un écosystème végétal ; et sa classification très savante pourrait s’avérer mortifère pour les plantes. Pour faire tenir ensemble la rigueur de la méthode et les rigueurs climatiques, les jardiniers bricolent des solutions. Habituellement, on emploie un système de places vides, certaines plantes empotées passant l’hiver dans des serres chaudes avant de rejoindre à la belle saison les carrés de l’École de botanique où elles sont démontrées par le professeur. Par boutade, on dirait que pour rendre immuables ces plantes exotiques, il faut les maintenir mobiles au sein du grand Jardin des plantes. Thouin préconise aussi une série de procédés techniques de conservation grâce à « plusieurs ustensiles de moderne invention » dont il offre les dessins au lecteur : des « contresols » pour protéger les végétaux du soleil de midi et du vent ; des « parapluies » en tôle pour ceux qui craignent l’eau ; des « châssis portatifs » ou des « cloches à facettes » qui, avec leurs vitres, fonctionnent comme de petites serres pour les plantes de la zone torride ; des baquets pour les plantes aquatiques etc181. Autrement dit, il présente un ensemble de dispositifs techniques qui reproduisent artificiellement les conditions naturelles des végétaux. Si déplacements et ustensiles ne suffisent pas à faire vivre les plantes dans l’École de botanique, il faut alors recourir à des « effigies de plantes », des substituts en plomb « modelés sur la nature », notamment pour les champignons182. Le jardinier en chef propose ainsi trois types de dispositifs — trois petites ruses — pour accorder la méthode de son collègue botaniste aux contraintes naturelles.
Le Jardin des plantes vers 1803
Plan extrait du Nationalmuseum Gotthelf Fischer (1802-1803) Infographie Pierre-Yves Lacour.
Jardins et parcs
A Parc boisé, partiellement occupé par les animaux ruminants (2, 8).
B Parc boisé, ordonné selon leur saisonnalité (2, 9).
C École des jeunes pousses, appelée parterres de Chaptal (2, 11).
D École des arbres et arbustes (2, 13).
E Pièce d’eau (2, 13).
F Parterre des doubles « où beaucoup de plantes destinées à l’étude ne sont point rangées méthodiquement » (2, 14).
G Jardin floral (2, 14).
H Parc boisé (2, 14).
I Pépinière des arbres étrangers (2, 14).
K École des plantes d’usage dans l’économie rurale domestique, ordonnée selon les usages (2, 15).
L École des arbres fruitiers, ordonnée selon la morphologie des fruits (2, 18).
M École de botanique, ordonnée selon la méthode naturelle (2, 19).
N Pépinière fermée pour les arbres d’orangerie (2, 20).
O Rampe d’accès à la terrasse (2, 21).
Q Cèdre du Liban, colonne de Daubenton, labyrinthe et belvédère, laiterie (2, 21).
Serres, orangeries et jardin des semis
1 Orangerie ancienne (2, 25).
2 Petites serres froides voûtées (2, 25).
3 Serres (2, 25).
4 Serres des plantes du genre Mesembryanthemum (2, 25).
5 Serres des palmiers (2, 26).
6 Serres chaudes (2, 26).
7 Serres froides (2, 26).
8 Serres tempérées (2, 26).
9 Serres de Buffon occupés par les plantes de l’expédition Baudin (2, 27).
10 Couches [Jardin des semis] (2, 27).
11 Grande serre nouvelle (2, 27).
Bâtiments
a Cabinet d’histoire naturelle (2, 29).
b Restaurant (2, 30).
c Logement de Faujas de Saint Fond (2, 31).
d Logis des gardes (2, 31).
e Logement de Thouin (2, 31).
f Ancien logement de Buffon. Logement de Lamarck, Van Spaendonck et Lucas (2, 31).
g Ancien cabinet de Daubenton. Logement de Fourcroy (2, 32).
h Salle de réunion de l’administration du Muséum. Premier étage, salle pour la préparation des animaux (empaillage, peinture etc.) et pour la réalisation des colis envoyés dans les Écoles centrales. Étage supérieur, magasin de minéraux et de végétaux, plantes sèches et graines (2, 32-33).
i Logements de Jussieu et Brongniart (2, 33).
k Logement de Desfontaines (2, 33-34).
l Logement du portier (2, 34).
m Logement de Portal et atelier de menuiserie (2, 34).
n Logement de Geoffroy Saint-Hilaire (2, 34).
o Logement du commandant des gardes (2, 34).
p Logement de Cuvier (2, 34).
q Cabinet d’anatomie comparée (2, 34).
r Logements des aides-naturalistes, Dufresne, Desmoulins, Rousseau, Deleuze (2, 35).
s Ménagerie, renfermant surtout les éléphants (2, 35).
t Logement de Mordant de Launay (2, 35).
u Logement de Maréchal (2, 35).
v Amphithéâtre, utilisé pour les leçons de Portal, de Cuvier, de Fourcroy, de Brongniart, Desfontaines et Thouin avec des laboratoires de chimie et d’anatomie et, dans un pavillon proche la table de marbre pour les dissections. Auparavant, occupé également par l’École normale (2, 35-37).
x Ancienne ménagerie (2, 38).
Ménagerie
α Parc des chèvres angora (2, 46).
β Parc des moutons espagnols (2, 46).
γ Parc des daims (2 46).
δ Parc des cerfs (2, 47).
ε Parc des buffles (2, 48).
ζ Parc des éléphants (2, 49).
χ Parc des dromadaires et des chameaux (2, 60).
λ Chantiers de la ménagerie des bêtes féroces (2, 61).
[Note : les chiffres entre parenthèses renvoient au volume et au numéro de la page de la description in Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum..., 1802-1803, 2 vol.]
26Comme le Jardin des plantes, le Cabinet national d’histoire naturelle rassemble plusieurs collections, chacune classée à sa manière et, chose rare, toutes ces distributions sont connues. En 1790, Lamarck juge durement l’organisation du cabinet de Buffon183 :
Il s’en faut de beaucoup que l’ordre dont je viens de faire l’exposition, comme étant essentiel à un cabinet d’histoire naturelle institué pour l’utilité des sciences, ait jamais été établi dans celui du Jardin des plantes. À la vérité, tous les individus qui composent la riche collection de ce cabinet y sont distingués par règnes, dans des salles particulières, de manière que la première salle en entrant comprend ce qui appartient au règne végétal ; la seconde renferme des minéraux : la troisième et la quatrième contiennent tout ce qui fait partie du règne animal. Mais, dans chaque règne, les êtres ne sont point classés systématiquement, comme il importe qu’ils le soient. Les genres n’y sont point distingués les uns des autres […]
27L’ordre ancien était bien imparfait, trop peu savant. Dans les dernières années du siècle, soit immédiatement après l’épisode des confiscations, les voyageurs observent que des collections entières sont encore en caisses et que le cabinet attend toujours d’être ordonné méthodiquement184. Il faut attendre les années 1801-1802 pour que toutes les collections soient enfin classées et que paraissent les premiers guides du Muséum, régulièrement mis à jour185. De chaque chaire professorale dépend une des collections du Cabinet national. Leur mise en ordre fait ainsi partie des attributions des professeurs-administrateurs : il revient à Faujas de Saint-Fond la géologie, à Haüy la minéralogie, à Lamarck et à Lacépède la zoologie et à Desfontaines la botanique au cabinet. La règle générale qui attache chaque collection à un professeur souffre cependant d’une exception : l’ornithologie dépend de la chaire de Geoffroy Saint-Hilaire, mais comme celui-ci ne revient d’Égypte qu’à la fin de janvier 1802, c’est Lacépède qui est chargé de classer les oiseaux186.
28En 1803, Jean-Baptiste Pujoulx publie, sous le titre Promenades au Jardin des plantes, un guide du Muséum destiné aux « gens du monde »187. Il y conduit le lecteur de salle en salle, armoire après armoire, et parfois étagère par étagère, si bien qu’il est possible de reconstituer précisément l’ordonnancement spatial des collections188. Le cabinet se déploie sur deux niveaux : le rez-de-jardin rassemble les échantillons botaniques et minéralogiques ; le premier étage, les spécimens zoologiques. Le jeune naturaliste allemand Fischer interprète d’ailleurs la descente de l’escalier comme un voyage dans l’intérieur de la terre189. Dans les salles du cabinet, la distribution générale des spécimens suit très méticuleusement les différentes méthodes que les professeurs exposent également dans des traités : les échantillons minéralogiques sont ordonnés comme le Traité de minéralogie de Haüy (1801) ; les invertébrés comme le Système des animaux sans vertèbres de Lamarck (1801) ; les oiseaux comme le Tableau des sous-classes, divisons, ordres et genres des oiseaux de Lacépède (1800-1801) ; les mammifères comme le Tableau des divisions, sous-divisions, ordres et genres des mammifères du même (1800-1801)190. Les collections sont distribuées spatialement « comme » et non « selon » les traités systématiques. Il n’y a pas de règle d’antériorité : Lamarck rédige son Système selon l’arrangement des spécimens dans la collection ; Haüy ordonne la partie minéralogique selon son Traité publié un peu avant sa nomination comme professeur. Entre le traité et la collection, on observe d’ailleurs des va-et-vient constants. Soit un menu détail de la classification des invertébrés : la classe des annélides. Elle est absente du Système des animaux sans vertèbres (1801) rédigé « suivant l’arrangement établi dans les galeries du Muséum d’Hist. Naturelle » tel que le présente Jaume Saint-Hilaire dans son guide de l’an IX (1800/1801)191. En 1802, dans l’ouverture de son cours au Muséum, Lamarck ajoute à sa classification des invertébrés le groupe des annélides et, en 1803, le guide Pujoulx mentionne les quelques bocaux de cette classe « nouvellement formée par le professeur » entre les crustacés et les mollusques192. Le réarrangement de la collection tient lieu de mise à jour du système imprimé.
Le Cabinet national d’histoire naturelle vers 1803 D’après Promenades… de Pujoulx (1803) | Infographie Pierre-Yves Lacour.
Premier étage
Fossiles (Faujas de Saint-Fond)
1 poissons
2 coquilles
3 animal de l’Ohio ; fossile de Maastricht
4 ? fossiles de Vérone
Règne minéral (Haüy)
Reconstitution incertaine
a I.1. Substances acidifères terreuses
b I.2. Substances acidifères alcalines
c I.3. Substances acidifères alcalino-terreuses
d II. Quartz
e III. Substances combustibles non métalliques
f IV. Métaux
[Note : les chiffres romains et arabes renvoient à la classification de Haüy in Haüy (René-Just), Traité de minéralogie, An X, 4 vol.]
g Appendice 1. Substance encore non connues
h Appendice 2. Agrégats
i Appendice 3. Produits volcaniques.
j « Pierres tombées de l’atmosphère »
1 modèles
2 marbres
3 artefacts
Règne végétal (Desfontaines)
1, 2, 3, 4 grands herbiers (Tournefort, Vaillant etc.)
a bois
b résines
c bois pétrifiés
d écorces
e racines
f fruits
g tiges
Second étage
Règne animal (Lacépède et Lamarck)
I Polypes (Lamarck)
II Radiaires (Lamarck)
III Vers (Lamarck)
IV Insectes (Lamarck)
V Arachnides (Lamarck)
VI Crustacés (Lamarck)
VII Annelides (Lamarck)
VIII Mollusques (Lamarck)
[Note : les chiffres romains correspondent à la classification modifiée que Lamarck expose d’abord in Lamarck (Jean-Baptiste), Système des animaux sans vertèbres…, 1801, 432 p.]
IX Poissons (Lacépède)
X Reptiles et Serpents (Lacépède)
XI Oiseaux (Lacépède)
a XI. 1.1.1. Grimpeurs
b XI. 1.2.1. Oiseaux de proie
c XI. 1.2.2. Passereaux
d XI. 1.2.3. Platypodes
e XI. 1.2.4. Gallinacés
f XI. 2.1.1. Oiseaux d’eau
g XI. 2.1.2. Oiseaux d’eau latirèmes
h XI. 2.1.3 Oiseaux de rivage
i XI. 2.2.1. Oiseaux coureurs
[Note : les chiffres romains et arabes renvoient à la classification de Lacépède in Lacépède (Bernard-Germain-Étienne), Tableau des sousclasses, divisions, ordres et genres des oiseaux…, An IX, 20 p.]
XII Quadrupèdes à mamelles (Lacépède)
a XII. 1.1. Quadrumanes
b XII. 1.2. Pédimanes
c XII. 1.3. Plantigrades
d XII. 1.4. Digitigrades
e XII. 1.5. Pachydermes
f XII. 1.6. Bisulques
g XII. 1.7. Solipèdes
h XII. 2.1. Cheiroptères
i XII. 3.1. Empêtrés
XII. 3.2. Cétacés (absents)
[Note : les chiffres romains et arabes renvoient à la classification de Lacépède in Lacépède (Bernard-Germain-Étienne), Tableau des divisions, sous-divisions, ordres et genres des mammifères, An IX, 18 p.]
Classification des mollusques dans le Système de Lamarck et dans le cabinet du Muséum.
29Entre la succession des espèces dans les traités de classification et l’enchaînement concret des spécimens dans le cabinet, on observe une somme de petites différences. L’écart le plus notable touche à la distribution des mollusques. Dans son Système, Lamarck propose une première division des mollusques en deux ordres — céphalés et acéphalés (avec ou sans tête) — à partir de « l’organisation même de ces animaux », les divisions secondaires s’opérant d’après l’examen des coquilles193. Mais, comme l’écrit Pujoulx, « on pense bien que cette méthode, toute exacte et naturelle qu’elle est, n’a pas pu être suivie dans l’arrangement des coquilles du Muséum »194. Au sein de la collection, la classe des mollusques est, en effet, divisée selon qu’ils sont ou non enfermés dans des coquilles : les mollusques nus sont conservés dans des bocaux ; suivent les conchylifères répartis selon la forme de leur coquille. Ainsi, la collection de mollusques dont Lamarck a la charge est essentiellement une collection de coquilles. Si Lamarck est encore conchyliologiste, s’il n’intègre pas les recherches anatomiques de Cuvier, c’est d’abord parce qu’il dispose d’un nombre considérable de coquilles et de très peu d’animaux, et aussi parce qu’il espère produire un système général intégrant les espèces vivantes et les coquilles fossiles.
30Sur un mode plus mineur, d’autres discordances peuvent être observées entre livres et collections. Elles tiennent d’abord au manque de place : dans la salle des végétaux, de gros reptiles sont exposés parce que l’espace est insuffisant dans la galerie des animaux ; dans les salles de minéralogie, les gros échantillons sont disposés au bas des armoires, sans respect pour la méthode ; dans la salle des quadrupèdes, l’éléphant, l’hippopotame, le zèbre, la girafe, ou les rhinocéros sont rejetés dans les grandes armoires d’angle ou au milieu de la pièce « sans égard à la série des genres »195. Pujoulx, comme les rédacteurs de l’Encyclopédie, justifie tous ces petits désordres en avançant invariablement l’argument des contraintes matérielles tout en observant que les professeurs essayent de les accorder aux nécessités de l’ordre méthodique : « lorsque nous traiterons d’un de ces grands animaux, il faudra aller devant l’armoire qui le renferme, laquelle est toujours le plus près possible du genre auquel il appartient »196. À deux reprises, il justifie encore une disposition non méthodique par des motifs pédagogiques ou d’agrément : de petits cristaux « précieux pour l’étude ont été mis en vue » de préférence à d’autres relégués haut dans les armoires ; le « genre des felis » est disposé selon « le désir d’accorder ce qu’on doit à l’étude avec un ordre agréable à l’œil »197. Deux exemples, c’est, nous semble-t-il, faire peu de cas des visiteurs. D’ailleurs le voyageur anglais Pinkerton n’est pas dupe. À propos de la collection minéralogique, il regrette l’immodestie de Haüy qui expose son système sans égard pour la nomenclature de Werner et déplore que contrairement au cabinet de Sage, l’exposition de certains échantillons se fasse sans souci des visiteurs198. Au cabinet, les professeurs-administrateurs exposent au public des classements avec toute la rigueur possible mais l’arrangement méthodique prime sur la recherche de plaisir ou même d’instruction des spectateurs.
*
31Un quart de siècle après son Tableau de Paris, dans la France post-révolutionnaire, Mercier donne une seconde description du Cabinet national d’histoire naturelle :
Où pourrait-il y avoir un homme (il faudrait alors qu’il soit tombé bien bas, au physique comme au moral) qui, en pénétrant pour la première fois dans ce sanctuaire splendide des merveilles de la Nature, ne se sentirait pas soudain saisi d’étonnement et d’admiration ? Là se déploie sous ses yeux et sur une page unique le Livre du Monde — Encyclopédie sublime s’il en est !
Entouré de ce cortège infini de quadrupèdes, d’oiseaux, de poissons, d’insectes, de vers, de coquilles, de roches, son imagination le transporte à l’instant même de la Création. Aussitôt il parcourt des yeux la collection d’échantillons de tout ce qui peuple le monde, de tout ce qui est vivant et de tout ce qui est inanimé, dispersé à foison sur la Terre. Il voit, il sent, il conçoit, il admire ; il électrise le cortège qui le suit et il l’entraîne dans son étonnement. Car ici tout est Secret, tout est Mystère, tout [est] Dieu !
Assurément, — et je le dis avec joie — le Cabinet d’histoire naturelle, ainsi qu’il est ordonné par les savants professeurs qui en ont la charge, est une source inépuisable de plaisirs pour l’homme simple et dénué de préjugés, et pour le sage éclairé qui, du lieu où il se trouve, aperçoit les limites de l’entendement humain dans chacune des œuvres de la Toute Puissance créatrice, et qui ne veut apprendre et reconnaître que ce que la nature lui ordonne de savoir. Assurément, cet entrepôt où s’accumulent tant d’objets est et sera toujours le point d’attraction pour tous ceux qui éprouvent le besoin de distinguer les principales branches [de l’histoire naturelle] et de déterminer la nature des choses d’après les relations qu’elles entretiennent entre elles.
Comment rester indifférent à la vue d’un simple grain de blé ? Qui peut regarder la rhubarbe, le quinquina, l’indigo, la cochenille sans être saisi d’un sentiment de reconnaissance envers ceux qui nous ont mis sur la voie de leur utilité ? Observez et étudiez dans la grande galerie de ce temple de la Terre les semences de toutes les plantes indigènes et exotiques ainsi que les organes des grands végétaux !
32Mercier invite son lecteur dans le « sanctuaire splendide » de Mère Nature. À sa bienveillance merveilleuse doit répondre l’admiration de l’homme moral et aux gardiens du « temple de la Terre », la patrie doit être reconnaissante. Appuyé sur une formidable machine à capturer les objets naturels, le Muséum est alors « l’entrepôt » où s’accumulent les « œuvres de la Toute Puissance créatrice », les échantillons de tout ce qui est « dispersé à foison sur la Terre » ; le cabinet est aussi le lieu où se déploie « sur une page unique le Livre du Monde » et où se donne à voir la « lisibilité du monde »199 ; la collection est ordonnée par de nouveaux prêtres, les professeurs-administrateurs qui guident les spectateurs « à l’instant même de la Création ». Au début de l’Empire, le mal de tête ressenti par Mercier dans les années 1780 à la vue d’un ordre contre-naturel s’est alors métamorphosé en délire mystique sur Dieu (ou la Nature) et sur l’ordre, pourtant bien humain, que les professeurs imposent aux créatures.
33Dans l’intervalle de ces deux décennies, le moment révolutionnaire produit un effet de seuil au Muséum. Cela pourrait s’observer au travers de l’évolution du montant des budgets, du nombre des chaires ou de leur cumul avec des positions extérieures200. Quant aux collections, leur accroissement est spectaculaire, au moins pour le cabinet, avec, pour corollaire l’augmentation des surfaces d’exposition. À la fin de l’Ancien Régime, le Jardin du roi est « un des plus riches de l’univers », c’est-à-dire qu’on peut encore lui comparer d’autres grands jardins et cabinets européens201. Quinze années plus tard, au sortir de la Révolution, le Muséum devient incomparable ou comme l’écrit Hoffmansegg, un brin flagorneur, « le plus célèbre Musée du monde », un « abrégé du monde terrestre » et « l’unique endroit où il est possible d’étudier l’ensemble de la Nature »202. Le naturaliste allemand avait certes de très bonnes raisons de faire l’éloge du Muséum — l’intercession de ses professeurs lui a permis de récupérer des collections laissées au Portugal — mais le sentiment qu’il exprime avec emphase semble presque unanimement partagé dans la République naturaliste européenne. Pourtant ce qui est dit du Muséum dans son ensemble, ne l’est pas nécessairement de chacune de ses collections spécialisées. Ainsi, dans sa hiérarchie des collections européennes de bruyères, Thouin place les collections françaises loin derrière celles d’Angleterre et de Hollande et, à l’échelle nationale, celle du Muséum après trois autres collections particulières dont celles de Malmaison et de Cels203. Alors que dans les toutes premières années du xixe siècle, la domination du Muséum semble acquise, on publie les premiers catalogues méthodiques des collections qui « manifestent une foi pédagogique et civique dans la visite de l’établissement »204. Il se sont longtemps fait attendre : dès 1798, l’Allemand Meyer annonce la publication d’un catalogue du Muséum, une fois les collections du cabinet mises en ordre205 ; encore en 1803, Thouin annonce que le « catalogue méthodique [de l’École de botanique] sera publié sous très-peu de temps »206. Les catalogues imprimés du Muséum sont publiés tardivement, les spécimens devant d’abord être ordonnés dans les collections. Produits de la combinaison entre un ordre de classification et une pratique d’inventaire, ils sont aussi une manière de rendre publiques les collections qu’ils décrivent.
Notes de bas de page
107 Mercier (Louis-Sébastien), Tableau de Paris, 1994 [1783], op. cit., vol. 2, pp. 1415-1416.
108 Jauffret (Louis François), Voyage au jardin des plantes…, An VI, op. cit., p. 197.
109 Par exemple Stagl (Justin), A History of Curiosity. The Theory of Travel. 1550-1800, Chur : Harwood Academic Publishers, 1995, pp. 121-122.
110 Par exemple Thibaudeau décrit le Jardin des plantes comme un « entrepôt d’une grande quantité de plantes & arbres rares » (Thibaudeau (Barthélemy), Rapport sur le Muséum national d’Histoire naturelle, 1794, op. cit., p. 3) ; Pujoulx parle du Muséum comme d’un « brillant dépôt des sciences naturelles » et d’un « magnifique dépôt » (Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 1, p. 10 et vol. 2, p. 129) ; Desfontaines décrit le jardin du Muséum comme « un dépôt où viennent se rendre toutes les richesses végétales que l’on peut se procurer des diverses parties du globe » (Desfontaines (René Louiche), Tableau de l’École de botanique du Muséum d’Histoire naturelle, Paris : J.-A. Brosson, 1804, p. vi).
111 Tuetey (Louis), Procès-verbaux de la Commission temporaire des arts, op. cit., vol. 1, pp. xi-xii : en 1795, la Commission temporaire des arts surveille les deux grands dépôts des Petits-Augustins et de Nesle (rue de Beaune), mais aussi celui de physique (rue Bergère), celui des machines (rue de l’Université), celui de musique (rue Bergère) ainsi que huit dépôts littéraires (de la Culture, des ci-devant Capucins, des Élèves de la Patrie, des cidevant Cordeliers, de la rue Thorigny, de la rue Marc, de la rue de Lille et de l’Arsenal) et un dépôt des manuscrits (Maison d’Anisson). Notons toutefois que quelques rares spécimens se retrouvent dans d’autres dépôts (Voir Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris…, An VII, op. cit., pp. 199-200).
112 D’après Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit. ; Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum…, 1802-1803, op. cit. ; Bugge (Thomas), Travels in the French Republic…, 1801, op. cit. ; Weston (Stephen), The Praise of Paris, or A Sketch of the French Capital in Extracts of Letters from France, in the Summer of 1802…, London : C. & R. Baldwin, 1803, 186 p. ; Jaussaud (Philippe), « Dolomieu », in Brygoo (Édouard-Raoul) & Jaussaud (Philippe) (sous la dir.), Du Jardin au Muséum en 516 biographies, op. cit., pp. 188-190 ; Annales du Muséum (ici : AM) ; Magasin encyclopédique (ici : ME).
113 Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), « Sur l’accroissement des collections… », 1809, art. cit.
114 Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 1, p. 11.
115 D’après Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 250 et p. 261 ; Thibaudeau (Barthélemy), Rapport sur le Muséum national d’Histoire naturelle, 1794, op. cit., p. 4 ; [Morel (Jean-Marie)], Tableau de l’École de botanique du Jardin des plantes de Paris…, Paris : chez Méquignon, An IX [1801], p. 83 ; Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 1, p. 10 ; Desfontaines (René Louiche), Tableau de l’École de botanique..., 1804, op. cit., p. vi.
116 Décret sur le jardin national des plantes, le Cabinet d’histoire naturelle de Paris, du 10 juin 1793, l’an deuxième de la République, précédé du rapport du citoyen Lakanal…, Paris : Imprimerie nationale, 1793, 11 p. On sait qu’en 1778 Linné recense 8 000 espèces et Wildenow 25 000 vers 1801. En 1793, Grégoire demande à Thouin si 20 000 ou 25 000 espèces de plantes sont alors connues (Voir Letouzey (Yvonne), Le Jardin des plantes…, op. cit., p. 312).
117 MNHN, AM 614 : « Accroissements successifs des collections de Mammifères et d’oiseaux ». Sans lieu ni date [après 1880].
118 Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), « Sur l’accroissement des collections… », 1809, art. cit. Pour les mammifères, 78 spécimens (60 espèces) en 1793 pour 1 026 spécimens (587) espèces en 1809 ; pour les oiseaux, 463 spécimens en 1793 pour 3 411 en 1809.
119 Blagdon (Francis William), Paris as it was and as it is…, 1803, op. cit., vol. 2, pp. 327-328. Entre 1789 et 1803, la collection d’imprimés a presque doublé, passant de 180 000 à 320 000 volumes.
120 Par exemple Dezallier d’Argenville (Antoine-Joseph), La Conchyliologie…, 1780, op. cit., vol. 1, chap. x : les cabinets du Roi et du Stathouder y font tous les deux l’objet d’un traitement exceptionnellement long.
121 Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 519-521 : « Notice succincte sur le Muséum d’Histoire naturelle ». Surtout, p. 519 : « Ce grand monument élevé à la Nature, est tel dans ce moment, par le soin qu’a eu la Convention nationale de l’enrichir d’une multitude d’objets précieux dispersés dans divers cabinets, qu’on peut assurer qu’il n’est aucune nation dans le monde entier, qui puisse se glorifier de posséder une aussi vaste et aussi importante collection ».
122 Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum …, 1802-1803, op. cit., 2 vol.
123 Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 445-446 : « Muséum d’Histoire naturelle » ; ibid., vol. 3, septembre à novembre 1794, pp. 571-572 : « Augmentation du Muséum d’Histoire naturelle » ; ibid., vol. 10, juin à août 1796, p. 41 : « Embellissement du Muséum d’Histoire naturelle ». Sur les agrandissements, voir Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit., vol. 1, pp. 80-97. Sur les imprimés hostiles, voir leur recensement in Tourneux (Maurice), Bibliographie de l’Histoire de Paris pendant la Révolution française, Paris, Imprimerie nouvelle, 1900, vol. 3, p. 616.
124 AN, F/17/1229 : « Observation des professeurs administrateurs du Muséum d’Histoire naturelle sur la réunion ordonnée de la maison dite des nouveaux convertis à l’établissement du Muséum » par Jussieu, Portal et Van Spaendonck. Paris, le 22 fructidor an II.
125 AN, F/17/1229 : Lettre de Molinos à la Commission des travaux publics. Paris, le 5 vendémiaire an III.
126 AN, F/17/1229 : Extrait du registre du Comité de Salut public. Paris, le 27 floréal an II. Signé au registre : Billaud-Varenne, Barère, Carnot, Prieur, Robespierre, Collot d’Herbois, Couthon, Lindet. Repris dans Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 445-446 : « Muséum d’Histoire naturelle ». Voir aussi Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., pp. 264-265.
127 Blagdon (Francis William), Paris as it was and as it is…, 1803, op. cit., vol. 2, p. 448. Les calculs sont effectués à partir des deux plans du Muséum de 1788 et de 1803 sur la base d’une toise valant 1,95 m.
128 Dezallier d’Argenville (Antoine-Joseph), La Conchyliologie…, op. cit., vol. 1, 1780, p. 209.
129 AN, F/17/1229 : « Observation des professeurs administrateurs du Muséum d’Histoire naturelle sur la réunion ordonnée de la maison dite des nouveaux Convertis à l’établissement du Muséum » par Jussieu, Portal et Van Spaendonck. Paris, le 22 fructidor an II.
130 Ibid.
131 Deleuze (Joseph-Philippe-François), Histoire et description du Muséum…, op. cit., vol. 1, p. 85.
132 Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum…, 1802-1803, op. cit., 2 vol.
133 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné …, op. cit., vol. 2, 1751, entrée : « Cabinet d’Histoire naturelle ».
134 Blanvillain (J.-F.C.), Le Pariséum…, 1807, op. cit., p. 158.
135 Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris…, An VII, op. cit., pp. 226-228.
136 Kotzebue (Auguste), Souvenirs de Paris…, 1805, op. cit., vol. 2, pp. 130-131.
137 Blanvillain (J.-F.C.), Le Pariséum…, 1807, op. cit., pp. 210-211.
138 Bret (Patrice), « Sociabilités intellectuelles et centres du savoir. 1788-1815 », art. cit.
139 Décade philosophique, vol. 1, avril à juin 1794, pp. 519-521 : « Notice succincte sur le Muséum d’Histoire naturelle » ; pour la citation, p. 519.
140 AN, F/17/1229 : « Disposition générale pour le Muséum national d’Histoire naturelle » de l’architecte Molinos au Comité du Salut public. Paris, le 3 messidor an II ; Plan du Muséum national d’Histoire naturelle. Paris, le 3 messidor an II. Voir également Harten (Hans-Christian) & Harten (Elke), Die Versöhnung mit der Natur. Gärten, Freiheitsbaüme, republikanische Wälder, heilige Berge, und Tugendparks in der französischen Revolution, Reinbeck : Rowohlt, 1989, pp. 57-63 ; Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., pp. 288-291.
141 Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., p. 291.
142 Le poème Sur les fleurs est reproduit dans un chapitre sur le Muséum in Mercier de Compiègne (Claude-François-Xavier), Manuel du voyageur à Paris…, An VII, op. cit., pp. 129-132 ; ici, p. 131.
143 Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., p. 262.
144 Robespierre (Maximilien), Œuvres de Maximilien Robespierre, vol. X : Discours. 27 juillet 1793 - 17 juillet 1794, Ivry : Société des études robespierristes & Phénix, 2000, p. 463.
145 Aulard (François-Alphonse), Le Culte de la Raison et le culte de l’Être suprême. 1793-1794. Essai historique, Aalen : Scientia Verlag, 1975 [1892], pp. 280-281.
146 Ibid., p. 293 : Lazare Carnot loue le décret du 18 floréal en rappelant qu’« invoquer l’Être suprême, c’est appeler à son secours le spectacle de la nature ».
147 Voir notamment Steckner (Cornelius), « Museen im Zeichen der Französischen Revolution. Vom evolutionären zum revolutionären Museum », in Grote (Andreas) (sous la dir.), Macrocosmos in Microcosmos. Die Welt in der Stube. Zur Geschichte des Sammelns 1450 bis 1800, Opladen : Leske & Budrich, 1994, pp. 817-853.
148 Foucault (Michel), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris : Gallimard, 1975, p. 176 et pp. 197-229 (Bibliothèque des histoires).
149 Steckner (Cornelius), « Museen im Zeichen der Französischen Revolution… », art. cit.
150 AN, F/17/1229 : « Disposition Générale pour le Muséum national d’Histoire naturelle » de Molinos au Comité de Salut public. Paris, le 3 messidor an II. En marge, Molinos ajoute : « la forme ronde étoit par analogie avec celle de la terre consacrée chez les anciens aux temples de Vesta la même que Cibelle [sic] déesse de la terre et de la nature ».
151 AN, AJ/15/836 : Lettre de Thouin au Muséum d’Histoire naturelle. La Haye, le 30 germinal an III.
152 AN, F/17/1276 : Lettre de Thouin au Comité [d’Instruction publique ?]. La Haye, le 4 ventôse an III.
153 Décade philosophique, vol. 5, mars à mai 1795, pp. 534-537 : « Objets d’histoire naturelle recueillis en Hollande » ; pour la citation, p. 536.
154 Dezallier d’Argenville (Antoine-Joseph), La Conchyliologie…, 1780, op. cit., vol. 1, p. 339.
155 AN, F/17/1276 : Lettre de Thouin au Comité [d’Instruction publique ?]. La Haye, le 4 ventôse an III.
156 AN, AJ/15/836 : « Examen sommaire de la collection de quadrupèdes et oiseaux qui font partie du cabinet conquis sur le ci-devant Stathouder de Hollande ». Sans lieu ni date.
157 Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), « Sur l’accroissement des collections… », 1809, art. cit.
158 AN, AJ/15/836 : « Examen sommaire de la collection de quadrupèdes et oiseaux qui font partie du cabinet conquis sur le ci-devant Stathouder de Hollande ». Sans lieu ni date.
159 MNHN, Ms 457 : « Second rapport de la Commission des Travaux publics au Comité de Salut public relativement au Jardin des plantes ». Paris, 1795. Cité in Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., p. 265
160 Sur Paris comme nouvelle Athènes, voir par exemple Décade philosophique, vol. 12, décembre 1796 à janvier 1797 : « Extrait d’un voyage du comte de Benincasa », pp. 80-87, puis pp. 147-156, puis pp. 207-216 ; ici, p. 151. À propos du Muséum central des Arts, le voyageur peut s’écrier : « Paris ressemble à la florissante Athènes de Périclès : hors d’ici, à quoi ne pourrait-on pas le comparer ? »
161 Thouin (André), « Description du Jardin des Semis du Muséum d’Histoire naturelle, de sa culture et de ses usages. Partie 1 », Annales du Muséum, vol. 4, 1804, pp. 263-288 ; ici, pp. 267-269.
162 AN, F/17/1229 : Lettre de Jussieu au ministre de l’Intérieur. Passy, le 4 ventôse an IV. Jussieu demande des vitres pour les armoires des quadrupèdes « qui faute de fermeture, reçoivent toute la poussière et laissent un libre accès aux insectes au grand détriment des objets renfermés dans ces armoires ».
163 Thouin (André), « Description et usage de plusieurs ustensiles de moderne invention, propres à la culture d’un grand nombre de plantes dans les écoles de botanique », Annales du Muséum, vol. 6, 1805, pp. 250-251.
164 Thouin (André), « Description de l’École des plantes d’usage dans l’économie rurale et domestique, établie au Jardin national des plantes de Paris », Annales du Muséum, vol. 2, 1803, pp. 159-161. Thouin se méfie des « individus métis » issus des « fécondations croisées » d’espèces voisines ou, plus souvent, des variétés d’une même espèce végétale et propose de faire parvenir régulièrement au Jardin des graines de race pure de régions où « elles sont cultivées presque isolément » et, à défaut, de « semer des porte-graines dans les différentes parties d’un grand jardin, en éloignant, autant qu’il est possible, les espèces et variétés congénères ». Il définit les porte-graines comme des « individus destinés à fournir des semences d’élite propres à la reproduction des végétaux ».
165 Sur la question de l’ordre et des désordres au Muséum, voir Burkhardt (Richard W.) « The Leopard in the Garden… », art. cit.
166 Thouin (André), « Description et usage de plusieurs ustensiles… », 1805, art. cit., p. 251.
167 Lamarck (Jean-Baptiste), Mémoire sur les cabinets d’Histoire naturelle et particulièrement sur celui du jardin des plantes, 1790. [Disponible sur : www.lamarck.net].
168 Lacépède (Bernard-Germain-Étienne), « Lettre relative aux établissemens publics destinés à renfermer des animaux vivans, et connus sous le nom de ménageries », Décade philosophique, vol. 7, septembre à novembre 1795, pp. 459-462. Sur la ménagerie : Hamy (Ernest-Théodore), « Les Derniers jours du jardin du roi… », art. cit., pp. 59-61 ; Burkhardt (Richard W.), « La ménagerie et la vie au Muséum », art. cit. ; Laissus (Yves), « Les Animaux du jardin des plantes. Brève histoire de la ménagerie. 1793-1934 », in Laissus (Yves) & Petter (Jean-Jacques), Les Animaux du Muséum. 1793-1993, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 1993, pp. 88-89. Dix ans après Lacépède, le voyageur anglais Forbes ironise encore sur les cages des animaux féroces surmontées d’un portail où, en lettres d’or, on lit les mots « Liberté, Égalité, Fraternité » (Forbes (James), Letters from France Written in the Years 1803 & 1804. Including A Particular Account of Verdun and the Situation of the British Captives in that City, London : J. White, 1806, vol. 2, p. 193).
169 Thouin (André), « Essai sur l’exposition et la division méthodique de l’économie rurale… », 1805, art. cit., p. xi.
170 Jauffret (Louis François), Voyage au jardin des plantes…, An VI, op. cit., pp. 124-125.
171 Thouin (André), « Description du Jardin des semis… Partie 1… », 1804, art. cit., pp. 274-275. Je mets en italique.
172 Idem, « Description de l’école des plantes d’usage… », 1803, art. cit., pp. 143-145. Je mets en italique.
173 Ibid., p. 145.
174 Ibid., p. 144.
175 Jussieu (Antoine-Laurent), Genera plantarum secundum ordines naturales disposita juxta methodum in Horto regio Parisiensi exaratam anno MDCCLXXIV, Paris : Imprimerie Herissant, 1789, 499 p. Pour ce qui suit, voir Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., p. 143 et p. 150 ; Duris (Pascal), « L’Enseignement d’Antoine-Laurent de Jussieu au Muséum face au renouveau des doctrines de Linné sous la Restauration et la Monarchie de Juillet », in Blanckaert (Claude), Cohen (Claudine), Corsi (Pietro) & Fischer (Jean-Louis) (sous la dir.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, op. cit., p. 46. Le 13 avril 1774, A.-L. de Jussieu fait à l’Académie l’Exposition d’un nouvel ordre des plantes adopté dans les démonstrations du jardin royal. Peu avant, Buffon a obtenu les fonds nécessaires pour la réorganisation de l’École de botanique. La méthode de Tournefort jusqu’alors adoptée avait « besoin de réforme » et « le principal mérite de celle de M. Linnaeus [consistait] dans ses genres & sa nomenclature ». A.-L. de Jussieu fait donc replanter l’École de botanique selon sa méthode entre l’automne 1773 et le printemps 1774 sur un modèle proche de celui déjà adopté au Trianon en 1759 par son oncle Bernard de Jussieu. Néanmoins, il ne faut pas s’y tromper, Jussieu, comme presque tous les botanistes de la fin du siècle, ne rejette pas Linné. En 1789, alors qu’il accepte de devenir membre étranger de la Société linnéenne de Londres, il écrit : « J’espère qu’elle [la Société linnéenne de Londres] voudra bien me pardonner si je ne suis pas tout-à-fait Linnéen ; je m’écarte de ce grand homme dans sa partie systématique, qui me paroit éloigner la science de son vrai but ; mais je fais grand cas de sa nomenclature, de ses genres, de ses espèces […] ».
176 Thouin (André), « Description et usage de plusieurs ustensiles… », 1805, art. cit., pp. 237-238. Je mets en italique.
177 Sur les classifications, Daudin (Henri), De Linné à Lamarck. Méthodes de classification et idée de série en botanique et en zoologie. 1740-1790, Paris : Édition des archives contemporaines, 1983 [1926], 264 p.
178 Cité in Duris (Pascal), Linné et la France…, op. cit., pp. 134-136.
179 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné…, op. cit., vol. 2, 1751, entrée : « Cabinet d’Histoire naturelle ».
180 Thouin (André), « Description et usage de plusieurs ustensiles… », 1805, art. cit., p. 238.
181 Ibid., pp. 238-251.
182 Ibid., p. 252.
183 Lamarck (Jean-Baptiste), Mémoire sur les cabinets d’Histoire naturelle et particulièrement sur celui du jardin des plantes, 1790 [Disponible sur : www.lamarck.net].
184 Meyer (Friedrich Johann Lorenz), Fragments sur Paris, 1798, op. cit., vol. 2, pp. 64-65 ; Bugge (Thomas), Travels in the French Republic…, 1801, op. cit., p. 160.
185 Jaume Saint-Hilaire (Jean-Henri), Notice des principaux objets d’histoire naturelle…, An IX, op. cit., p. 5 : « J’ai pensé qu’en attendant une description complette et générale de ces belles Galeries, qui ne pourra être faite que lorsque l’arrangement sera entièrement terminé, une Notice abrégée serait utile au Public. La Galerie supérieure existe depuis peu de temps ; plusieurs objets que l’on peut voir, n’étaient pas exposés au regards du Public, faute d’emplacement ».
186 Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 2, pp. 133-134 ; Geoffroy Saint-Hilaire (Isidore), Vie, travaux, et doctrine scientifique d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire…, op. cit., p. 110.
187 Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., 2 vol.
188 Ibid., vol. 2, pp. 7-8.
189 Fischer (Gotthelf), Das Nationalmuseum…, 1802-1803, op. cit., vol. 1, p. 20.
190 Haüy (René-Just), Traité de minéralogie, An X, op. cit. ; Lamarck (Jean-Baptiste), Système des animaux sans vertèbres. Ou Tableau des classes, des ordres et des genres de ces animaux présentant leurs caractères essentiels et leur distribution, d’après la considération de leurs rapports naturels et de leur organisation, et suivant l’arrangement établi dans les galeries du Muséum d’Hist. Naturelle, parmi leurs dépouilles conservées, Paris : Deterville, An X [1801], 432 p. ; Lacépède (Bernard-Germain-Étienne), Tableau des sous-classes, divisions, ordres et genres des oiseaux, [Paris] : [Plassan], [an IX (1800/1801)], 20 p. ; Lacépède (Bernard-Germain-Étienne), Tableau des divisions, sous-divisions, ordres et genres des mammifères, Paris : Plassan, An IX [1800/1801], 18 p.
191 Jaume Saint-Hilaire (Jean-Henri), Notice des principaux objets d’histoire naturelle…, An IX, op. cit., pp. 103-149.
192 Lamarck (Jean-Baptiste), « Discours d’ouverture, prononcé le 27 floréal an X au Muséum d’Histoire naturelle », Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, Paris : Rue d’Ulm, 1907, p. 56 ; Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 2, pp. 75-76. Voir aussi Landrieu (Marcel), Lamarck, le fondateur du transformisme. Sa vie, son œuvre, Paris : Société zoologique de France, 1909, pp. 230-231.
193 Lamarck (Jean-Baptiste), Système des animaux sans vertèbres…, 1801, op. cit., pp. 51-142, notamment, p. 55. Sur la classification des mollusques et le débat entre Lamarck et Cuvier, voir Daudin (Henri), Cuvier et Lamarck. Les classes zoologiques et l’idée de série animale. 1790-1830, Paris : Édition des archives contemporaines, 1983 [1926-1927], vol. 1, pp. 233-237.
194 Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 2, pp. 77-79 ; ici, pp. 77-78.
195 Ibid., vol. 1, p. 176, n., p. 204 et vol. 2, pp. 320-324.
196 Ibid., vol. 2, p. 323-324, n. Je mets en italique ; Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné …, op. cit., vol. 2, 175, entrée : « Cabinet d’Histoire naturelle ».
197 Pujoulx (Jean-Baptiste), Promenades au Jardin des plantes…, 1803, op. cit., vol. 1, p. 204 et vol. 2, p. 323, note.
198 Pinkerton (John), Recollections of Paris…, 1806, op. cit., vol. 1, pp. 96-97.
199 Stierle (Karlheinz), La Capitale des signes. Paris et son discours [trad. par Rocher-Jacquin Marianne], Paris : Maison des sciences de l’Homme, 2001 [1993], pp. 104-117 ; notamment, p. 110.
200 Limoges (Camille), « The Development of the Muséum d’Histoire naturelle of Paris, c. 1800-1914 », in Fox (Robert) & Weisz (George) (sous la dir.), The Organization of Science and Technology in France. 1808-1914, Cambridge : Cambridge University Press ; Paris : Maison des Sciences de l’Homme, 2009 [1980], pp. 214-221.
201 Cité in Spary (Emma C.), Le Jardin d’Utopie…, op. cit., p. 9.
202 Hamy (Ernest-Théodore), « La Mission de Geoffroy Saint-Hilaire… », art. cit., p. 7.
203 Thouin (André), « Notice sur l’introduction des Bruyères en Europe, et sur leur culture dans les jardins », Annales du Muséum, vol. 3, 1804, pp. 326-342.
204 Poulot (Dominique), « Surveiller et s’instruire »…, op. cit., p. 325. Pour les catalogues du Muséum, voir Morel (Jean-Marie), Tableau de l’école de botanique du Jardin des plantes de Paris, ou Catalogue général des plantes qui y sont cultivées et rangées…, Paris : Didot le jeune, An VIII [1799/1800], 107 p. [réédition en l’An IX] ; Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), Catalogue des Mammifères du Muséum national d’Histoire naturelle, Paris : Muséum national d’Histoire naturelle, 1803, 272 p. ; Cuvier (Georges), Lacépède (Bernard-Germain-Étienne) & Geoffroy Saint-Hilaire (Étienne), La Ménagerie du Muséum…, An XII, op. cit., 2 vol. ; Desfontaines (René Louiche), Tableau de l’École de botanique …, 1804, op. cit. ; Lucas (Jean-André-Henri), Tableau méthodique des espèces minérales, présentant la série complète de leurs caractères, et la nomenclature de leurs variétés, extrait du Traité de minéralogie de M. Haüy, et augmenté des nouvelles découvertes ; auquel on a joint l’indication des gisemens de chaque espèce et la description abrégée de la collection de minéraux au Muséum d’Histoire naturelle, Paris : D’Hautel, 1806-1813, 2 vol.
205 Meyer (Friedrich Johann Lorenz), Fragments sur Paris, 1798, op. cit., vol. 2, p. 67.
206 Thouin (André), « Description de l’école des plantes d’usage… », 1803, art. cit., p. 144.
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